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Daniel Fabre, anthropologue et historien du Languedoc
Daniel Fabre (1947-2016) est un anthropologue né à Narbonne dans une famille occitanophone et catalanophone. Maître de conférences à l’université de Toulouse, il fonde en 1978 avec l’archéologue Jean Guilaine, le Centre d’Anthropologie des Sociétés Rurales devenu ensuite le Centre d’Anthropologie de Toulouse. Il collabore avec de nombreuses revues scientifiques.
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Gérald Thomas
Gérald Thomas est un chercheur québécois qui a travaillé sur le patrimoine oral des « franco-canadiens » québécois et acadiens, et en particulier les traditions occitanes qui sont encore véhiculées par ces communautés.
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Bruno Cécillon
Caucat, Domenge

Bruno Cecillon es un comedian, membre fondator de La Rampa, companhiá de teatre, que co-fondèt en 1974 cotria Joan Loís Blenet a Montpelhièr. La Rampa, d’en primièr d’expression francesa, s’engatja dins lo movement del teatre regional (Action Jeune Théâtre Languedoc-Provence) e ven tre los ans 1980 una companhiá importanta pel desvolopament del teatre en occitan e ven La Rampe - TIO (Teatre interregional occitan).
Bruno Cecillon es tanben lo director de Ràdio Lengadòc Montpelhièr.

Nascut fa 68 ans al Brasil e vengut a Montpelhièr a l’atge de 7 ans i va seguir tota son escolaritat esperlongada per d’estudis de medecina. A l’atge de 30 ans descobrís l’occitan, mercé lo teatre, e passa de tèxtes diches de còr sus l’empont a l’apréner a de bon per anar un pauc mai a l’encontre del public. Es dins una enfantesa passada entre doas lengas, francés e portugués que Bruno Cécillon enrasiga son afeccion per l’occitan de las sonoritats latinas tan parièiras, es aquela lenga que decidís puèi de passar a son filh coma lenga pairala « aquela que dona d’agachar la vida d’un autre biais, amb saique un pauc mai de relèu » [Entrevista Bruno Cécillon per Passadoc]

Bruno Cécillon es tot primièr una votz, la votz d’Occitània dins sos recampaments bèlses mas tanben a travèrs las ondas de ràdio Lengadòc, un mèdia que n’es un dels fondators e qu’afecciona tot particularament. Li devèm milliassadas de reportatges o d’entrevistas e l’òme a lo gaubi per se faire desvelar los mai paucparlas de sos convidats. Fondator e cepon del teatre de la Rampa, actor de la preséncia scenica fòra nòrma, dins quin registre que siá, es a el que sovent son fisats los ròtles mai trucalunas e extravagants.

Cal apondre a aqueste retrach un comedian manifacièr amb de collaboracions regularas dins de realizacions de Michel Gayraud, de segonds ròtles dins de filmes o telefilmes, e mai recentament de doblatges en occitan.

D’unas de sas participacions

Teatre :

Vida vidanta, escritura J.C. Forêt, La Rampa TIO, 2016.
Molière d’Òc, escritura M. Esquieu e mesa en scèna J.L. Roqueplan, La Rampa TIO, 2013.
Espanhòl d’aquí, escritura e mesa en scèna M. Cordes, La Rampa TIO, 2006 e 2015.
Sèm fòrça, escritura e mesa en scèna C. Alranq, La Rampa TIO, 2012.
Catharsis sound maquina, Mesa en scèna C. Alranq, La Rampa TIO, 2009.
Folies vigneronnes, escritura e coordinacion B. Cécillon, La Rampa TIO, 2007.
Aristofanada, las femnas au poder, tèxt M. Esquieu, mesa en scèna C. Alranq, La Rampa TIO, 2008.

Teatre pels enfants :

Pichon nanet, Quesaquò e Mascomprés (2005), Mèfi al Belut.

Filmes :

Le Hussard sur le toit, J.P. Rappeneau, 2016.
L’Orsalhèr, J. Fléchet, 1984.
Poesia, M. Gayraud, 2004.
Protestantes, M. Gayraud, 2000.
Cathares, M. Gatraud, 1999.
Crosada, M. Gayraud, 1997.
Flamenca, M. Gayraud, 1994.
Le pays de Tejedor, M. Gayraud, 1990.

Doblatges :

Heidi, Alain Gasponer, 2017.
Padmington, Paul King Paul, 2016.
Lo Hussard sus lo teit, J.P. Rappeneau, 2016. (doblatge d’el meteis)

   

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Action Jeune Théâtre (A.J.T.)

L’Action Jeune Théâtre (AJT) Languedoc-Provence est une association créée en 1977 comme un collectif des jeunes compagnies qui ont émergé dans le sillon de mai 1968, particulièrement en zone occitane autour du Teatre de la Carrièra et de Claude Alranq, de la Nouvelle Compagnie d’Avignon-Théâtre des Carmes et d’André Benedetto, du Centre Dramatique Occitan de Toulon et d’André Neyton. La section  régionale « Languedoc-Roussillon-Provence-Alpes » de l’AJT constitua en réalité la part active et la plus marquante du mouvement. [imatge id=169]

1969-1970 : Le Teatre de la Carrièra crée un théâtre populaire, social et occitan

Par « jeune théâtre », il faut entendre le théâtre indépendant qui se développe dans le sillage de Mai 68, en rupture avec le théâtre académique soutenu par les institutions, ouvert sur de nouvelles formes, notamment par l’intervention dans l’espace public, et prenant pour sujet les réalités sociales, économiques et culturelles des populations auxquelles il souhaite s’adresser. 
Ce mouvement connaît une dynamique particulière dans l’espace occitan où convergent deux mouvements, celui d’une évolution théâtrale générale vers un théâtre populaire et social, explorant des formes loin du théâtre conventionnel (rue, cirque, danse, musique, etc.) et celui d’un mouvement de revendication sociale, politique et culturelle autour du mouvement « Volèm viure al país », à son apogée au milieu des années 1970 en Occitanie.

Le théâtre populaire, social et occitan naît avec le Teatre de la Carrièra autour du metteur en scène et acteur Claude Alranq dès 1969-1970 et une pièce « fondatrice » pour la rencontre entre le mouvement du jeune théâtre régional, le mouvement occitan et les mouvements sociaux languedociens, Mort et Résurrection de M. Occitania. Cette pièce, farce tragique jouée sur les places des villages languedociens devant des milliers de spectateurs, fait le procès du « mal méridional » en pleine crise de la viticulture. Elle est emblématique d’une prise de conscience et d’une revendication massive contre le « colonialisme intérieur » et pour le droit à « vivre et travailler au pays » pour reprendre deux mots d’ordre qui dominent l’Occitanie des années 1970. [imatge id=111]

Les origines d’un collectif pour le théâtre populaire occitan : les Rescontres occitans d’Avignon (1973)

À Avignon, André Benedetto et la Nouvelle Compagnie d’Avignon (Théâtre des Carmes) entament une réflexion sur les conditions d’un théâtre populaire qui doit être un théâtre « enraciné » dans son territoire, son environnement social et culturel. En Provence, André Neyton avait entamé dès 1966 une collaboration avec Robert Lafont pour créer un théâtre bilingue militant qui s’adresse au public provençal, entreprise qui le conduit à fonder dès 1970 une compagnie, le Centre Dramatique Occitan, à Toulon.
En 1973, lors du Festival d’Avignon, une première convergence des acteurs culturels occitans a lieu avec les « Rescontres Occitans » initiés par André Benedetto qui met à disposition son théâtre des Carmes : écrivains, éditeurs, artistes, compagnies de théâtre, intellectuels et militants mettent le Festival d’Avignon à l’heure d’une Occitanie culturelle engagée dans un combat de « libération ». [imatge id=166][imatge id=167]

1977 - Création de l’Action Jeune Théâtre (AJT) et de l’Accion culturala occitana (ACO)

En 1977, la convergence des acteurs culturels s’organise autour de l'ACO (Accion culturala occitana) d’un côté, regroupant chanteurs, musiciens, plasticiens, poètes, cinéastes et acteurs, et de l’AJT (section Languedoc-Provence) pour les revendications spécifiques des compagnies de théâtre en français et en occitan qui ne se reconnaissaient pas entièrement dans le syndicalisme artistique national trop tourné sur les problématiques du théâtre institutionnel.

L’AJT Languedoc-Roussillon-Provence-Alpes regroupe 37 compagnies et organise le 17 novembre 1977 une « Grande marche du Théâtre Régional » à Montpellier autour des deux mots d’ordre, l’un social - « Vivre et travailler au pays » - et l’autre théâtral - « Les théâtres en Occitanie vivront ».
En 1978, l’AJT produit un rapport de réflexion Pour que se développe le théâtre en Languedoc-Roussillon-provence : la régionalisation culturelle et interpelle le Ministre de la Culture sur la situation des théâtres indépendants en région en demandant une réforme des moyens alloués au théâtre en France. En juillet 1978 lors du festival d’Avignon, l’AJT organise une journée d’action pour le jeune théâtre.

Le début des années 1980 voit le déclin et la disparition de l’AJT, confrontée à la crise générale du mouvement « Volèm viure al país » et à l’évolution de la politique culturelle nationale désormais davantage favorable aux formes théâtrales populaires et en région.
Pour le théâtre occitan, les compagnies continuent leur production, qui tend à évoluer dans ses formes scéniques, ses thèmes, et la place de la langue. Les années 1980 voient une forme de sécurisation des compagnies autour de structures ou de projets désormais subventionnés. C’est le cas du Centre Dramatique Occitan de Toulon d’André Neyton et de la Carriera qui se rapproche d’une jeune compagnie montpelliéraine, le théâtre de la Rampe. La Carriera et la Rampe vont proposer plusieurs projets structurants pour le développement du théâtre occitan (projet de Centre de création et d’expansion du théâtre occitan dès 1981, Estudios d’actors occitan en 1982, etc.) et qui aboutissent notamment à la création du La Rampe-TIO (Teatre interregional occitan) à Montpellier.

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Institut d'Estudis Occitans


Fondé en 1945 par des résistants occitanistes, l’IEO est une association visant à promouvoir la culture occitane à travers différents secteurs, de la musique à l’édition en passant par les arts plastiques ou la linguistique. L’association centrale est elle-même divisée en plusieurs sections régionales et départementales.
L’IEO jouera notamment un rôle décisif dans la normalisation de la langue, et la diffusion de nombreuses oeuvres littéraires.
Au début des années 1980, l’IEO connaît une importante crise interne, qui voit s’opposer deux conceptions du fait occitaniste, divisé entre actions culturelles et propositions politiques.

Ecouter la conférence de Yan Lespoux sur l'histoire de l'IEO, de sa naissance jusque dans les années 1980.
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Jean Mouzat

Jean Mouzat naît à Tulle le 24 novembre 1905. Très tôt, il est influencé par l’oeuvre majeure de Joseph Roux, La Chansou Lemouzina, « légende des siècles du Bas-Limousin» qui, sur le mode lyrique, fait renaître la grande époque des troubadours et celle des papes limousins d’Avignon. Marqué de cet exemple littéraire, le jeune Jean Mouzat baigne par ailleurs dans le parlé limousin, tullois en particulier. C’est toutefois la langue et la culture anglaises qui baliseront son parcours professionnel dans un premier temps : promu professeur d’anglais en 1925 dans la Sarthe puis à Revel (Haute-Garonne), il part deux ans plus tard comme assistant de langue française à l’université de Belfast. Là-bas, il compose ses premiers poèmes en langue d’oc autant qu’en français, publiant déjà les Chansós de davans lo jorn qui obtiendront un prix de l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse.[imatge id=21649]

C’est ensuite le retour en France avec l’agrégation d’anglais qui portera Jean Mouzat jusqu’à Lyon puis Paris, non sans avoir été entre-temps mobilisé pour le service militaire d’abord, puis pour la « drôle de guerre » entre avril 1939 et juillet 1940. Mais c’est la recherche universitaire qui l’attire : en 1949, le voilà inscrit sur le registre des thèses de la Faculté des lettres de Paris pour La vie et l’oeuvre de Gaucelm Faidit, une étude critique et traduction des poèmes de Gaucelm Faidit, troubadour du XIIème siècle dit « d’Uzerche ». La thèse sera finalement soutenue - et publiée en 1965.

Il explique lui-même l’évolution de sa pensée :

« Lorsque j’entrai à la faculté, je choisis l’anglais comme premier sujet d’étude, peut-être pour mieux courir le monde. Aussitôt après mes premiers certificats de licence, j’abordai l’ancien provençal et la littérature médiévale de langue d’Oc. Tout d’abord parce qu’elles m’ouvraient un passionnant domaine, avec l’attrait d’une poésie étrange et belle et de cette civilisation disparue du cheval, de l’épée et du luth qui enchante si fort l’esprit romanesque et romantique de la jeunesse. De plus, ces études me rattachaient à mon pays natal, car pour le Limousin cette époque fut l’âge d’or de ses plus belles gloires. Né et nourri à la jonction des terres de Ventadour, de Turenne et de Comborn, à la croisée des chemins que parcoururent Guillaume IX, le premier troubadour, et Bernart de Ventadour dans ses voyages, près du tombeau de Marie de Ventadour dans l’abbaye de Tulle, les troubadours et leurs inspiratrices sont l’archéologie de la ville et de ma province. La langue qu’ils chantaient, toujours reconnaissable, toujours vivante, je l’entendais résonner dans ma famille, dans les rues, dans les hameaux. Serait-il blâmable de se rattacher à son lignage ? »

Il expose cette idée forte, déjà, dans l’Apel a la jòinessa intellectuala de Lemosin en 1943 : « alumar un rotal de fe et d’amor » (allumer un brasier de foi et d’amour) pour défendre et illustrer « lo país patrial », développer « l’espression espirituala de la patria », « la saviessa d’un vielh pòple de laboraires e de bargiers » (la sagesse d’un vieux peuple de laboureurs et de bergers), accomplir « lo dever d’onor en gardar l’eiretatge », et enfin « reviscolar l’Occitanía, la comunautat miegjornala e mediterrana de nòstras raças de solelh » (la communauté méridionale et méditerranéenne de nos races de soleil)...[imatge id=21650]

Suite à la publication de sa thèse, différentes conférences lui permettent de faire mieux connaître, en France et à l’étranger, la littérature limousine et occitane du Moyen  Âge. Ses travaux le porteront jusqu’à l’université du Minnesota aux États-Unis, où il occupe le poste de maître de conférence de juillet 1966 à juin 1967. C’est en 1968 qu’il sera finalement titularisé à la Faculté des lettres et sciences humaines de Limoges. Élu en 1969 président de la Société des Lettres, Sciences et Arts de la Corrèze, il se consacrera ensuite à ses activités bénévoles jusqu’à la fin de sa vie.

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Bernard Lesfargues, fondateur des éditions Fédérop
Assié, Benjamin

Bernard Lesfargues (1924-2018), Abel-Bernard Lesfargues à l’état civil, est né à Bergerac dans le quartier populaire où son père était marchand de bois et de charbon. S’il a passé une grande partie de sa vie à Paris puis à Lyon où il était professeur agrégé d’espagnol, il demeura attaché à la langue et à la culture de son Périgord natal où il revient à la fin de sa vie.
Élève en hypokhâgne-khâgne à Paris au sortir de la guerre, le sentiment d’exil le rapproche des cercles occitanistes présents dans la Capitale (les Amis de la Langue d’Oc où il fait la connaissance de personnalités importantes du mouvement occitan en pleine reconstruction : Pierre-Louis Berthaud, Jean Lesaffre, Jean Mouzat, Henri Espieux, Bernard Manciet), participe à l’aventure de l’Institut d’estudis occitans nouvellement créé à Toulouse et rencontre Robert Lafont qui s’affirme vite, en tant qu’écrivain autant que militant, comme une personnalité centrale de la jeune génération.

Après avoir obtenu l’agrégation d’espagnol il enseigne à Paris puis à Lyon où, dans le sillage de Mai 1968 il ouvre un cours d’occitan.
Dès 1946, il crée une éphémère mais importante revue poétique qui fait la part belle à la poésie et à la critique littéraire, Les Cahiers du Triton bleu, dans lesquels il publie des poèmes en occitan de la jeune génération et surtout une Anthologie de la jeune poésie occitane qu’il codirige avec Robert Lafont (Les Cahiers du Triton bleu, Paris : J. Chaffiotte, 1946). À la fin des années 1970, il anime avec son ami et complice Jean-Marie Auzias, Philippe Gardy, Jean-Paul Creissac ou encore Joël Meffre, la revue de création et de critique littéraires occitanes Jorn, dirigée par l’écrivaine Roseline Roche.

C’est à Lyon qu’il crée en 1975 la maison d’édition Fédérop qui le suivra ensuite en Périgord. Fédérop édite des écrivains du monde entier, et notamment ses compagnons de littérature occitane comme Max Rouquette, Bernard Manciet ou Philippe Gardy.
Il est également reconnu comme un traducteur pionnier en ayant traduit en français les plus grands écrivains castillans ou catalans du XXe siècle.
Comme écrivain occitan il publia plusieurs recueils poétiques à la suite de Cap de l’aiga (coll. « Messatge »,IEO, 1952).

Une partie de ses archives sont conservées à l’Universitat autonoma de Barcelona où une bibliothèque porte son nom.

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Mort et résurrection de M. Occitania
      Mort et résurrection de M. Occitania est, historiquement, la première pièce de Claude Alranq pour le Teatre de la Carrièra. Elle est le fruit de ses engagements et de ses rencontres : en 1968, alors qu’il travaille à Lyon comme « métallo pour survivre » selon ses propres dires, il fonde avec quelques amis un tout nouveau type de théâtre de rue, pensé pour être joué sur les « places de marché, [les] sorties d’usines et [les] foyers sociaux. »

Dans le même temps, il fait la connaissance de Bernard Lesfargues, poète du Périgord, qui lui révèle « les tenants et les aboutissants de “notre accent” ». Fort de toutes ces réflexions, il écrit en 1969 Mort et résurrection de M. Occitania, à propos duquel il déclarera plus tard : « pour un coup d’essai, ce ne fut pas pour moi un coup de maître mais un plongeon dans l’utérus du pays natal. »

La pièce raconte l’histoire d’un pauvre vigneron, inspiré par la figure du père de Claude Alranq. Il meurt, mais une sorcière le ressuscite, et il a trois jours pour trouver les causes de sa mort, sans quoi il disparaîtra pour de bon… Souffrirait-il du mal méridional, étouffé par les profiteurs qui asphyxient le pays ? Faut-il faire appel aux renforts culturels et aux résistances d’hier et d’aujourd’hui, d’ici et d’ailleurs ?

Le propos sert de prétexte à un théâtre de situation, de combat, de débat, où chaque représentation donne lieu à un échange avec le public pour améliorer la pièce et mieux coller à la réalité du terrain.
En 1972 paraît, éditée par 4 Vertats, une édition de la pièce préfacée collectivement par le Teatre de la Carrièra. Voici le contenu de cette préface :

« Aqueste montatge es la resulta d’un trabalh collectiu. Es estat jogat mai de 200 còps dins los vilatges del miègjorn mas tanben en Bretanha e un pauc pertot dins l’hexagòn per las diferentas equipas que trabalhèron dins lo Teatre de la Carrièra. Aquela tresena edicion es lo fruch de totes las transformacions fachas dins l’espectacle, pauc a pauc al filh de las parladisas amb lo public. Aquela peça es estat montada per una equipa de lyceans de Besièrs en 1972 e per la tropa del Teatre Universitari Occitan de Montpelhièr. A suscitat tanben qualques initiativas d’aquel tip en Occitània. Tot comencèt per una enquista qu’avèm facha en Occitània dins l’idèa de portar pèira, e mai modestament, a la luta de liberacion del pòble occitan contra l’Estat capitalista. L’espectacle que n’es sortit, partís donc dels problèmas que cada jorn e concretament, se pausan al mond. S’aquel montatge deviá esser représ, aquesta exigéncia demorarà primièira : es pas lo texte escrich e aicí estampat que dèu comptar, aquò’s l’endrech e la situacion economicò-sociala de l’endrech ont serà jogat. Cada endrech e cada situacion. En consequéncia ÒM POT E ÒM DEU faire totas las adaptacions utilas tocant las situacions, los personatges, lo jòc, los fachs. Lo tèxt es sens cap de pretencion de cap de mena. Se deu plegar a las exigéncias del endrech. Totes los personatges apartenon al còr impersonal. Ne’n sortisson pas que per prene un ròtle donat, mai personalizat. De ròtls doncas ne pòdon téner mai d’un, levats los actors que jògan los ròtles mai en vista. »

Traduction :

« Ce montage est le résultat d’un travail collectif. Il a été joué plus de 200 fois dans les villages du Midi mais aussi en Bretagne et un peu partout dans l’Hexagone, par les différentes équipes qui travaillent au sein du Teatre de la Carrièra. Cette troisième édition est le fruit de toutes les transformations faites dans le spectacle, peu à peu, au fil des discussions avec le public. Cette pièce a été montée par une équipe de lycéens de Béziers en 1972, et par la troupe du Théâtre Universitaire Occitan de Montpellier. Elle a suscité aussi quelques initiatives de ce type en Occitanie. Tout a commencé par une enquête que nous avons faite en Occitanie avec l’idée d’apporter notre pierre, même modestement, à la lutte de libération du peuple occitan contre l’État capitaliste. Le spectacle qui en est sorti part donc des problèmes qui, chaque jour et concrètement, sont posés aux gens. Si ce montage devait être repris, cette exigence demeurera primordiale : ce n’est pas le texte écrit et ici imprimé qui compte, c’est l’endroit et la situation économico-sociale de l’endroit où il sera joué. Chaque endroit et chaque situation. En conséquence ON DOIT ET ON PEUT faire toutes les adaptations utiles touchant les situations, les personnages, le jeu, les faits. Le texte est sans prétention aucune. Il doit se plier aux exigences de l’endroit. Tous les personnages appartiennent au choeur impersonnel. Ils n’en sortent que pour prendre un rôle donné, jamais personnalisé. De ces rôles, donc, plus d’un peuvent les remplir, à l’exception des acteurs qui jouent les rôles les plus en vue. »

Sources :

- Claude Alranq, « Mai 68 en Occitanie » blog de Mediapart, article publié le 30 mai 2018 : https://blogs.mediapart.fr/paul-allies/blog/300518/mai-68-en-occitanie (consulté le 11 octobre 2019)
- Teatre de la Carrièra, Mort et résurrection de M. Occitania, 4 vertats, 1972, 66 p.
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Amiras (Aix-en-Provence)

La revue Amiras, publiée de 1982 à 1990 par Edisud (Aix-en-Provence), est née sous l'impulsion d’universitaires et d’intellectuels occitanistes autour de l’écrivain, universitaire,  homme de pensée et d’action qui a fortement marqué la seconde partie du XXe siècle occitan, Robert Lafont (1923-2009). Elle est la grande revue intellectuelle occitane de la période.
Amiras, qui signifie « repères » en occitan, reprend le flambeau de revues critiques et de débats intellectuels qui se sont succédés depuis les années 1960, parallèlement au développement d’un mouvement intellectuel et militant occitan qui a souhaité questionner, depuis le fait occitan, la réalité sociale, linguistique et culturelle contemporaines. Tous les champs du savoir et de la pensée (histoire, sociolinguistique, géographie, littérature, etc.) sont ainsi convoqués.

Amiras s’inscrit dans un contexte particulier, celui de la crise du mouvement occitan après deux décennies d’impact important sur la société - les « 20 Glorieuses de l’occitanisme » selon la formule de Robert Lafont - et la désillusion progressive face à l’alternance politique de gauche portée au pouvoir en 1981 autour d’une promesse d’aggiornamento de la politique française en matière de reconnaissance et de soutien à la vie des langues et des cultures régionales : « Discours de Lorient » du candidat François Mitterrand en mars 1981, proposition 56 des 110 propositions pour la France, programme « La France au pluriel » du Parti socialiste, Mission et Rapport Giordan en 1981-1982.
Au sein du mouvement occitan, le début de la décennie 1980 est marquée par une rupture au sein de l’Institut d’estudis occitans et le départ de plusieurs figures intellectuelles et universitaires, derrière Robert Lafont, mises en minorité lors de l’Assemblée générale de l’IEO à Aurillac (novembre 1980).

Le premier numéro de la revue, qui paraît moins d’un an après l’arrivée de la gauche au pouvoir, consacre son dossier à « Décentralisation an 1 » et affiche un certain optimisme sur l’avenir de la question occitane au sein de la politique nationale française. En 1990, le dernier numéro titre « Enseigner l’occitan : le tableau est-il si noir ? » et révèle une évolution vers l’inquiétude et la reprise d’un rapport de force entre mouvement occitan et politiques nationales. 

Dirigée par Robert Lafont puis Philippe Martel, comptant de nombreux contributeurs issus des universités françaises et étrangères, Amiras est la grande revue intellectuelle occitane des années 1980.

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Dire : revista de critica occitana
Biggi, Christiane
Dire, revista de critica occitana était une revue généraliste en occitan qui a paru en 1976 en Avignon. Des auteurs de la nouvelle vague de l’écrit occitan et de la recherche, comme Philippe Gardy, Robert Lafont, Philippe Martel, Claude Barsotti ou Hélène Girard, y ont contribué. La revue n’a toutefois duré que trois numéros avant de disparaître.  Entièrement rédigée en occitan, la revue a tenté de combler le vide laissé par Viure et en présentait les mêmes caractères.
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