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Eric Fraj canta los grands autors
CIRDOC-Mediatèca occitana
Eric Fraj, nascut en decembre de 1956, es un cantaire e autor occitan contemporanèu que tanben canta qualquas cançons en catalan o castelhan. Entamenèt sa carrièra musicala a Bordèu en 1971 qu'aviá pas encara quinze ans en primièra part d'un concèrt de Claudi Marti. 

Canta de poèmas de grands autors occitans coma Joan Bodon o d'escrivans André du Pré o Josa-Maria Caballero Bonald qu'a mes en musica amb sa guitarra. Interprèta tanben de tèxtes personals. Sa musica s'enrasiga e s'endralha dins un mond mediterranèu e sa votz s'inspira del cant liric.

Trabalha e demòra dins lo país tolosan (Murèth), ont ensenhèt l'occitan e la filosofia al licèu. En 2000, interpretèt lo ròtle del trobador Jaufre Rudèl dins L’Amour de Loin, espectacle escrich e mes en scèna pel guitarrista Vicente Pradal.

En genièr de 2005 cantèt amb Lluís Llach la cançon A força de nits a Tolosa. En 2010, crèa l'espectacle Pep el Mal, basat sus l'istòria del seu grand-paire, imigrat valencian (Alcoi) a L'Avelhanet, e que trasmetèt lo gost del cant e de las lengas a son pichon-filh.
Eric Fraj es acompanhat per divèrses musicians coma Guilhem Lopez,  Jean-Raymond Gélis, Morgan Astruc... La riquesa son son trabalh es miralhada per son site web :  www.ericfraj.com

Eric Fraj anoncièt en 2017 son ultima creacion, Rendez-vous, mas s'arrestarà pas çaquelà de cantar, a la damanda.
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Jean Fléchet, réalisateur occitan
Né à Lyon en 1928, Jean Fléchet, est auteur et réalisateur de films, diplômé de l'IDHEC (Institut Des Hautes Études Cinématographiques). Après avoir débuté au Maroc et à Paris, il est depuis bientôt soixante ans réalisateur de longs métrages, d'émissions télévisuelles, de films de recherche et d'œuvres de commande.
En 1961, il fonde dans le Vaucluse la société de production Les Films Verts, qui lui permet de produire le tout premier long métrage tourné en provençal, La Fam de Machugas. Si la culture occitane apparaît pour lui comme une révélation, cette dernière lui doit aussi beaucoup à travers son travail et son engagement pour un cinéma occitan : au-delà et en complément de sa maison de production, il co-fonde en 1977 l'association Tecimeoc, ainsi que la revue du même nom. Cette dernière, dédiée à la promotion et au développement de la télévision et du cinéma méridional et occitan, devient au fil des années un référent incontournable pour la défense et promotion des cinémas dits « de pays », mais aussi le porte-parole de la cinéphilie au sens large.
Engagé pour l'existence d'une télévision en occitan ambitieuse et de qualité, Jean Fléchet anticipe l'histoire et crée, dès avant 1981 (date où la télévision publique, à travers la chaîne FR3, commence à intégrer dans ses grilles de programme quelques timides contenus en langue dite « régionale »), le tout premier Magasine Occitan, journal d'actualité et de création diffusé sur support VHS à défaut de relais sur les chaînes hertziennes.
Côté cinéma, si l'œuvre la plus célèbre de Jean Fléchet est sans doute L'Orsalher - présentée au Festival de Cannes en 1983, sa production est foisonnante, tant du côté des longs-métrages que des courts.

Filmographie :

Long-métrages :

- L’Orsalher (Le montreur d’ours) (100 min)
- Traité du rossignol (100 min)
- L'école des femmes de Molière (100 min)
- La Sartan suivi de La faim de Machougas (70 min)
- La soupe populaire (80 min)
- Onze fragments minéraux en Luberon (59 min)
- Brahim ou le collier de beignet (long métrage sur le Maroc indépendant)

Court-métrages :

- La Sartan (20 min)
- La faim de Machougas (52 min)
- Le Mont Ventoux (26 min)
- Lo ferre vielh (26 min)
- Jòrgi Reboul (30 min)
- Bordilhas (20 min)
- Photographes du quotidien (26 min)
- La fête d’Orange (26 min)
- Lipetarias provençalas (20 min)
- L’ours brun des Pyrénées (20 min)
- Luberon, mars 70 (13 min)
- L’aubre vielh (13 min)
- La naissance de Langue Peille (26 min)
- Ne tirez pas ! C’est Saint-Ex (10 min)
- Cinq fragments pour un vitrail (13 min)
- Manosque, pays de Jean Giono
- Trois films d’initiation au film (42 min)
- Underground again (10 min)
- Cinétracts d’Avignon 68
- Le festival d’Avignon 1967
- Sept petits sketches de grammaire
- L’Archéologie racontée aux enfants
- Ductus
-Je marchais
- Film sur Hans Bellmer
Occitania Libertaria
Peiregòrd es pas a vendre : la contèsta fàcia als promotors immobiliaris
Escarpit, David
Bertrand, Aurélien

Les années 1970 sont marquées par la contestation sociale et économique d’un certain modèle de l’état. De 1968 et la contestation de la France gaulliste aux chocs pétroliers et ses conséquences économiques et sociales, la période est un foisonnement de mouvements contestataires, alternatifs, à travers toute l’Europe, parfois favorables à l’usage de la violence.
Dans les pays d’Oc, cette période correspond au fameux borbolh créatif et idéologique qui voit la naissance de la Nouvelle chanson occitane, mais aussi la théorisation de certains concepts comme le Colonialisme intérieur, un des thèmes développés par Robert Lafont et largement repris par de nombreux théoriciens de la pensée occitane.

L’idée que dans le contexte étatique français, les pays d’Oc soient traités comme des pays colonisés - en plus de ce que l’on peut considérer comme une colonisation culturelle - sur le plan du développement économique, se répand. La stratégie économique des pays du Midi serait limitée à en faire des nids à touristes, envahis par l’industrie hôtelière et les promoteurs immobiliers, servant de jardin à Paris et sa banlieue. Des pays sans économie propre - détruite par les politiques agricoles françaises - tout juste bons à être placés sous tutelle.

Cette idée, associée à un contexte d’intense militantisme occitan, donne naissance à des comités d’action, des groupes de petite taille décidés à passer à la vitesse supérieure dans leur quête de reconnaissance de l’identité occitane, quitte à envisager l’action directe et le recours à la force.

Deux régions sont particulièrement touchées par ce phénomène. Le Languedoc, en proie à la crise viticole et possédant une tradition « rouge » de contestation sociale et le Périgord, pays hautement touristique. Tous deux se sentent dépossédés de leur patrimoine. Dans une moindre mesure Bordeaux, base arrière des groupes occitanistes, recrute beaucoup dans les milieux associatifs occitans et universitaires. Le Périgord notamment fait partie des régions occitanes où la langue et la culture sont demeurées vivantes, avec un Félibrige actif sans être politisé et une vie musicale et poétique occitane intense.

C’est dans ce contexte qu’apparaît le Comité d’Action Sarladais (CAS), autour de slogans comme « Le capital croque le Périgord » ou « Lo Perigòrd es pas a vendre » (le Périgord n’est pas à vendre). Ce dernier fait référence au rachat de fermes abandonnées et de terres par de riches « colons » empêchant l’installation de jeunes agriculteurs. On recense aussi l’utilisation plus marginale du slogan « Lo vent a bufat, l’Estat a pas paiat » (le vent a soufflé, l’État n’a pas payé) qui fait référence à une tempête ayant saccagé des noyers et aux promesses d’indemnisations des agriculteurs non tenues. De petits groupuscules fleurissent : outre le CAS apparaît également le « Front de Liberacion de la Val de Dròpt », tous deux tentés par l’action directe et les opérations coup de poing. Au sein de ces groupes, chaque membre ne connaît qu’une partie des autres membres, la clandestinité est de règle. Ils seront bientôt réunis dans la mouvance de « Volèm Viure Al País », qui prône alors l’action directe et une certaine forme de violence, en particulier dans le Sarladais et du côté de Sainte-Foy-la-Grande, avec des ramifications à Bordeaux, en Lot-et-Garonne et en Sud-Gironde. Il existe aussi un « Moviment Anarquista Occitan » (mouvement anarchiste occitan) en particulier en Périgord. Quelques petits journaux satiriques occitans sont également imprimés, comme Lo Pelharòt à Bergerac.

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10 mai 1980 : la Marche sur Montpellier
Nombreuses sont les sources - articles, photographies, enregistrements - qui documentent ce que fut la marche conjointe du Parti Communiste Français et du mouvement occitan sur Montpellier, et l'ampleur qu'elle prit tant dans le monde occitan que dans l'imaginaire collectif de la région. Du manifeste «Mon país escorjat » aux photos de Jean-Louis Estève, ce dossier apporte un éclairage sur cet événement qui a fait date.
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La MARPOC
Marion Cornet
      L’histoire de la MARPOC (pour Maison pour l’Animation et la Recherche Populaire Occitane) est intimement liée à celle de l’Université Occitane d’Été de Nîmes.
Initialement cette dernière voit le jour à Montpellier en 1972, sous l’impulsion de Robert Lafont. Se voulant un espace d’échanges et de réflexion pour les chercheurs du domaine occitan, l’Université Occitane d’Été est dès ses débuts ouverte à toutes les disciplines : langue, linguistique, ethnologie, anthropologie, sociologie, histoire mais aussi théâtre, étude de la presse et étude du milieu pédagogique. Ce n’est qu’à partir de 1977 qu’elle se fixe à Nîmes.
Trois ans plus tard est créée la MARPOC, sous le statut d’association loi 1901, dans le but d’en assurer le support juridique et l’organisation.
Au fil des années toutefois, l’activité de la MARPOC se diversifie : au-delà de l’organisation de l’UOE, elle se consacre à la mise en place et à l’animation d’une offre de cours d’occitan, de colloques, conférences et spectacles tout au long de l’année.
En lien avec l’IEO 30 (Institut d’Études Occitanes du Gard), elle a également une activité éditoriale avec d’une part la collection « Mar e monts » consacrée aux oeuvres de fiction, et d’autre part la collection «Documents » consacrée aux monographies sur la culture occitane.
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De la Ligue pour la langue d’oc à l’école à la FELCO : groupes et collectifs pour l’enseignement de l’occitan
Escarpit, David (1980-....)

1875-1923 : les prémisses de la revendication d’Oc pour l’école : la revendication félibréenne

1875
Mistral publie dans l’Armana Prouvençau un article dans lequel il demande que les enfants provençaux - occitans - puissent bénéficier d’un enseignement dans leur langue, et même bénéficier d’un cursus scolaire complet en occitan. C’est la première prise de position publique du Félibrige sur la question.

1876
Joseph Lhermite (en religion frère Savinien), professeur et frère des Écoles chrétiennes, se fait un des tenants de l’usage de l’occitan comme méthode pour aider les enfants des pays du Midi à acquérir le français. Dès lors apparaissent deux lignes idéologiques antagonistes de défense de l’occitan à l’école : enseigner l’occitan pour enseigner le français ou l’enseigner pour lui-même. Il publie cette année-là son Recueil de versions pour l’enseignement du français en Provence par un professeur. Troisième partie qui passera à la postérité sous le nom de Méthode Savinienne.

1876-1883
Sous l’influence du Félibrige et de la récente Société pour l’étude des langues romanes, plusieurs chaires de langue et culture occitanes (sous des intitulés divers) sont ouvertes dans les universités des villes du Midi. C’est ainsi que Léon Clédat est nommé à Lyon en 1876, Camille Chabaneau à Montpellier en 1878, Achille Luchaire à Bordeaux en 1879 et Antoine Thomas à Toulouse en 1883 à des chaires d’études romanes. Tous sont plus ou moins spécialisés dans les études occitanes.

1878
Dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, Michel Bréal, futur inspecteur général de l’Instruction Publique pour l’enseignement supérieur, harangue 1.500 instituteurs venus de toute la France, se positionnant en faveur d’une présence des langues minoritaires à l’école, jugeant que d'un point de vue pédagogique, c’est toujours une chose dangereuse d’apprendre à l’enfant à mépriser ce qu’il doit à la maison paternelle. Ses propos sont applaudis.

1886
Antonin Perbosc lance et entretient un long débat sur l’usage des « patois » à l’école dans les colonnes du journal La Tribune des instituteurs.

1889-1893
En 1889, Alfred Jeanroy succède à Antoine Thomas à Toulouse, ancrant fermement et développant grandement les études occitanes dans l’établissement toulousain. En 1893 une chaire de « langue et littérature du Sud-Ouest » est ouverte par la ville de Bordeaux à la faculté de Lettres. Elle est confiée au romaniste Édouard Bourciez.

1894
L’instituteur agenais P.-Émile Boudon publie son Manuel élémentaire de linguistique pour l’enseignement du français par les idiomes locaux. Dans le débat qui agite  les tenants de l’occitan à l’école, l'application au sous-dialecte agenais positionne l'auteur dans le camp de ceux qui plaident l’usage de l’occitan comme outil pour faciliter l’apprentissage du français (en opposition à ceux qui pensent que les langues minoritaires doivent être enseignées pour elles-mêmes).

1898
Henri Oddo fait paraître De l'Utilité des idiomes du Midi pour l'enseignement de la langue française, dans la ligne de Frère Savinien. Frédéric Mistral lui répond de façon cinglante dans l’Aiòli, argumentant sur l’apprentissage de la langue d’Oc pour elle-même et fustigeant les « cireurs de bottes » de l’apprentissage du français.

1900
Sylvain Lacoste, félibre membre de l’Escolo Gastou Fébus et instituteur en Béarn, fait paraître l’ouvrage Du patois à l’école primaire (Pau, Vignancourt). Il y milite pour que l’occitan soit enseigné à l’école de la République aux côtés du français et pour lui-même. Les deux premières parties sont publiées dans la revue Reclams de Biarn e Gascougne.

1901
Le Consistoire du Félibrige adresse au ministre de l’Instruction publique, le Lot-et-garonnais Georges Leygues, une lettre demandant expressément la fin de la politique hostile à l’occitan dans l’école française. Elle restera sans réponse.

1902
Une modification du règlement scolaire dans le département des Basses-Pyrénées (Pyrénées Atlantiques) autorise des exercices de traduction du béarnais et du basque en français, dans la limite du nécessaire et uniquement en vue de faciliter aux enfants l’étude de la langue nationale.

1905-1908
Série d’articles de Bernard Sarrieu, professeur de philosophie, dans Era bouts dera mountagno sur “l’utilité pédagogique du gascon”, adressés aux enseignants de la région.

1909-1911
Jean Jaurès publie dans la Dépêche de Toulouse une série d’articles dans lesquels il se déclare favorable au savinianisme, c’est à dire à l’utilisation de l’occitan pour aider les écoliers méridionaux à apprendre le français.

1910
Gaston Doumergue, ministre de l’Instruction publique, dépose à la Chambre un projet de loi interdisant absolument l’usage d’une autre langue que le français dans l’enseignement. Tollé chez les félibres. Valère Bernard, capoulié, adresse au ministre une lettre de protestation au nom du félibrige, qui reprend les termes de celle de 1901.

1911
Le majoral du félibrige Maurice Faure est nommé ministre de l’Instruction publique à la place de Gaston Doumergue. Sa nomination entraîne une vague d’espoir et même d’enthousiasme dans les milieux félibréens. Son ministère se soldera néanmoins par une déception : la position du gouvernement et du parlement ne permettent pas au majoral de faire passer de vraies mesures, malgré une position clairement affichée en faveur de la langue d’Oc à l’école.

1919
Lors de la Conférence de la Paix, la question bretonne est posée à l’appel du député Régis de l’Estourbeillon. Un million de citoyens français, de Bretagne et d’ailleurs, signent une pétition en faveur de la reconnaissance et de l’enseignement du breton. L’ampleur du mouvement atteint, par ricochet, les consciences des défenseurs de l’occitan. La question des minorités linguistiques devient centrale. Ainsi, des enseignements d’occitan sont ouverts dans quelques lycées de Provence et de Gascogne. Ils sont prodigués par des félibres, comme le majoral Pierre Fontan au lycée de Toulon et Frédéric Mistral neveu à l’École primaire supérieure et au lycée d’Avignon ou encore Jean-Victor Lalanne à l’École normale de Pau.

1923-1928 : la Ligue pour la langue d’oc à l’école : un projet prometteur tué dans l’œuf

1923
La Ligue pour la langue d’oc à l’école est créée par les félibres Jean Bonnafous, Jean Charles-Brun et l’universitaire toulousain Joseph Anglade. La revue Oc d’Ismaël Girard relaie ses revendications. Sous l’égide de Bonnafous, la Ligue lance un appel national aux membres de l’Enseignement, avec le soutien du ministre de l’Instruction publique, le félibre gascon Léon Bérard. Dans cet appel, il est exigé que les enseignants n’inculquent plus le mépris de la langue d’Oc aux enfants et ne punissent plus ceux qui la parlent, qu’ils l’utilisent comme appui pour l’enseignement du français, du latin, etc., qu’ils l’enseignent aussi pour elle-même comme “langue de civilisation”, qu’ils intègrent la littérature d’Oc à leur enseignement et fassent travailler les élèves sur des textes occitans, si possible du même “terroir” qu’eux. Dans Oc, Bonnafous développe ses visions pédagogiques pour l’occitan.

1924
Au printemps, l’appel de la Ligue est un succès : on recense près de deux cents adhérents. On trouve parmi eux des académiciens, des doyens de facultés, des inspecteurs de l’Instruction publique, des professeurs d’École Normale. Novembre : le ministre François Albert autorise la tenue de conférences sur la langue d’Oc dans les établissements secondaires et les Écoles Normales du Midi. Lors de la présentation du budget de l’Instruction publique pour l’année 1925, le rapporteur Ducos précise qu’il est important de laisser une place à la langue d’Oc.

1925
Coup d’arrêt à la progression de l’enseignement de la langue d’Oc à l’école : voulant aller trop loin, Bonnafous cosigne avec d’autres acteurs et enseignants de langue d’Oc (dont Alfred Jeanroy et Édouard Bourciez) une lettre au nouveau ministre Anatole de Monzie - originaire de Cahors - afin qu’il fasse une circulaire autorisant formellement l’enseignement de la langue occitane dans les écoles. Monzie réagit négativement, non seulement en refusant de faire la circulaire, mais en plus en en rédigeant une autre le 14 août qui remet en cause fondamentalement la présence de l’occitan à l’école, revenant presque à l’interdire. En novembre, le Béarnais Jean Bouzet dresse un bilan de l’échec de la Ligue qui est en train de se dessiner. Membre actif de la Ligue pour la langue d’Oc à l’école, Bouzet tire pourtant à boulet rouge sur les méthodes employées, sur "l’enthousiasme félibréen” mais aussi sur “l’incompétence” et “l’amateurisme” et conclut à un constat d’échec. Le nouveau ministre, Édouard Daladier, ancien maire de Carpentras et ami de la langue d’Oc, interpellé par les députés bretons et alsaciens, rejette tout droit aux langues minoritaires à être enseignées à l’école, même pour enseigner le français.

1928
Le premier août, la Ligue tente un nouvel appel aux enseignants dans les colonnes de la revue Oc. Ce sera un échec.

1943-1951 : le Groupe Antonin-Perbosc : vers des pédagogies nouvelles pour l’occitan

1943
Hélène Gracia-Cabanes, jeune institutrice héraultaise, se met en relation avec Charles Camproux pour réfléchir à la construction d’une pédagogie nouvelle pour l’enseignement de l’occitan : la méthode Freinet.

1945
Création de l’Institut d’Études Occitanes. Autour d’Hélène Gracia-Cabanes se crée une section enseignement et pédagogie. Autour de l’IEO gravite un groupe d’enseignants versés dans les nouvelles pédagogies, qui prend le nom de Groupe Antonin-Perbosc. Ce n’est toutefois pas un groupe occitaniste, et la sauvegarde de l’occitan est moins son projet que le travail sur les pédagogies nouvelles de l’École moderne, même s’il intègre l’occitan de plein droit dans son projet. Il publie à partir de 1947 un bulletin, Escòla e Vida. De son côté l’IEO possède un Centre de l’Enseignement, peu actif.

1951 à nos jours  : le temps des lois : la prise en charge par les pouvoirs publics de l’enseignement de l’occitan

1951
11 janvier : loi Deixonne, qui autorise l’enseignement facultatif du basque, du breton, du catalan et de l’occitan. Des enseignements sont organisés à Bordeaux, Montpellier, Toulouse, Paris et Aix (ainsi que Rennes pour le breton). L’action de Pierre-Louis Berthaud, élu et journaliste parlementaire, a joué un rôle important dans l'adoption de la loi. Félix Castan présente au conseil d’administration de l’IEO un rapport intitulé Le sens d'une pédagogie occitaniste dans lequel il insiste, au terme d’une longue correspondance avec Robert Lafont, sur la nécessité d’intégrer une section pédagogie à part entière au sein de l’IEO, projet repris par Lafont lors de l’AG de l’IEO la même année. Première parution du Bulletin pédagogique de l'Institut d'études occitanes qui sera un échec, du fait de son trop faible nombre de lecteurs. Premiers stages pédagogiques de l’IEO. Parution de Per jòia recomençar, premier manuel scolaire occitan, sous l’égide des rectorats de Toulouse et Montpellier.

1952
Création officielle de la Section Pédagogiques de l’IEO autour d’Hélène Gracia-Cabanes, Robert Lafont, Félix Castan entre autres. Elle existait toutefois déjà de façon informelle. Elle édite le Bulletin pédagogique de l’IEO. Parution de la version gasconne de Per jòia recomençar.

1956
Les Cahiers pédagogiques, plus tournés vers le grand public, succèdent au Bulletin pédagogique.

1958
Création du Mouvement Laïque des Cultures Régionales (MLCR) à Uzès lors d’un stage pédagogique de l’IEO. Il se donne pour but de promouvoir et développer les langues et cultures régionales dans l'enseignement public. Sa laïcité affichée lui attire la bienveillance des syndicats enseignants, dont la Fédération de l'Éducation nationale (FEN) qui fédère plusieurs syndicats.

1969
Création des CREO, Centre Régionaux des Enseignants de l’Occitan qui réunissent les enseignants du premier degré, du second degré et de l’université de l’enseignement public des académies concernées par la langue d’Oc. D’abord rattachées à l’IEO, ils s’en détachent peu à peu.

1975-1976
La loi Haby (loi 75-620 du 11 juillet 1975 relative à l’éducation) précise dans son article 12 qu’« un enseignement des langues et cultures régionales peut-être dispensé tout au long de la scolarité ». Les 21 novembre 1975 et 29 mars 1976, des circulaires viennent appuyer le texte en organisant des stages de langues et de cultures « régionales » dans les académies concernées.

1979
La première école Calandreta voit le jour à Pau. Premières écoles bilingues français-occitan, les Calandretas proposent un enseignement en immersion linguistique précoce et suivent les programmes de l'Éducation nationale. La pédagogie y est inspirée des techniques pédagogiques de Célestin Freinet.

1981
Dans la 56e de ses 110 propositions pour la France, lors de sa campagne présidentielle, François Mitterrand indique que : « la promotion des identités régionales sera encouragée, les langues et cultures minoritaires respectées et enseignées ».

1983
Circulaires n°82-261 (Circulaire Savary) et 83-547 du 30 décembre 1983 (Texte d’orientation sur l’enseignement des cultures et langues régionales), établies sur la base d’un rapport de Pierre Lagarde, enseignant d’occitan et d’espagnol, de l’IEO Foix. Ces textes instaurent trois axes : un engagement officiel de l’Etat en faveur de cet enseignement, la création d’un véritable statut de cet enseignement dans l’Education Nationale, le volontariat des élèves et des enseignants. Elle assure notamment une continuité entre le primaire et la 4ème en créant une option facultative d’une heure hebdomadaire en 6ème et 5ème, crée des groupes d’inspecteurs chargés de mettre en œuvre sur le terrain les mesures prévues, et surtout lance l’idée de créer des classes expérimentales bilingues.

1987
Création de la Fédération des Enseignants de Langue et Culture d’Oc (FELCO) qui regroupe les associations régionales d’enseignants d’occitan de l’Éducation nationale. Création de la FLAREP (Fédération pour les Langues Régionales dans l'enseignement public).

1991
Création du CAPES d’occitan.

1994
Ouverture d’Aprene, centre de formation des enseignants des écoles Calandreta. Convention de partenariat entre le Rectorat et la région Midi-Pyrénées pour le développement de l’édition pédagogique par l’attribution de fonds nécessaires.

1995
Aprene est conventionné par l’Éducation nationale. Publication de la Circulaire Bayrou, qui reprend l’essentiel de la circulaire Savary dont l’application a été plus compliquée que prévu. En effet, dans le courant des années 1980, des baisses de moyens dans les budgets alloués à l’enseignement des langues régionales et minoritaires sont enregistrées de façon très nette.

1997
Le premier collège Calandreta ouvre en septembre 1997 à Lattes (Hérault).

2001
Circulaire Jack Lang qui réaffirme l’intérêt du bilinguisme à parité horaire, et aussi celui de l’immersion.

2002
Mise en place d’un concours spécial d’occitan pour le primaire.

2018
Création de l’agrégation d’occitan.

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Le Manifeste multi-culturel (et anti-régionaliste) de Félix Castan
Castan, Félix-Marcel (1920-2001)

En 1984, le poète et penseur occitan Félix Castan publie à Montauban, aux éditions Cocagne dont il est le fondateur, son Manifeste multiculturel (et anti-régionaliste).

Fondements du castanisme

Ce texte  posera les principes d'un nouveau courant de pensée à la fois politique et culturel, le castanisme, qui tente de reconsidérer le concept d’Occitanie en lui confrontant celui de décentralisation culturelle.
Selon cet instituteur de village devenu professeur de collège,  l’occitanisme tel qu’il s’est construit depuis l’époque de Mistral fait fausse route. Au fédéralisme, à l’ethnisme de François Fontan, fondateur du PNO, au régionalisme (tels que les pensent les groupes félibréens de l’Entre-deux-Guerres ainsi qu’une partie de l’occitanisme moderne dont Robert Lafont), Castan oppose une Occitanie comme culture dans une France plurielle.
Selon lui, l’urgence est de rémédier au fait que, hors de Paris, il se trouve des terres coupées de la culture, de l’art et du débat qui s’y rattache.

De l'anticentralisme en France

L’anticentralisme est différent de la décentralisation économique ou politique, ainsi que du régionalisme : il s’agit de lutter contre une névrose inscrite en chaque citoyen français, d’accepter le diktat culturel du centre, sans penser qu’il existe des territoires, des langues, des espaces créatifs réduits au silence. La défense non pas de la langue ou du peuple occitan, mais de l’écriture en occitan et, plus largement, de l’art pensé comme partant d’Occitanie et non pas de Paris ou de ses satellites est au cœur du projet castanien.

Cela implique de substituer à l’occitanisme politique une décentralisation culturelle. Félix Castan s’est trouvé en marge du mouvement occitaniste de par cette prise de position qui rejetait des façons de voir les choses fermement ancrées dans l’occitanisme. Exclu de l’Institut d’Études Occitanes, opposé frontalement aux options politiques occitanistes dominantes (ethnisme, fédéralisme, régionalisme), il tente alors de créer sa propre dynamique, à Montauban et à Toulouse, proposant un regard posé sur le monde depuis l’Occitanie rurale : Mòstra del Larzac, Centre International de Synthèse du Baroque de Montauban qui publie la Revue baroque en sont de parfaits exemples.

Castan considère que l’Occitanie est une composante de la nation française, mais entend repenser entièrement cette nation dans la pluralité.

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Occitanie 1970 : les poètes de la décolonisation
CIRDOC
Cette anthologie bilingue occitan-français parue aux éditions Honfleur P.J. Oswald en 1971 marque une étape importante dans l'Occitanie du XXe siècle : elle dessine les contours d'une nouvelle poétique occitane.
Une nouvelle poétique avec sa dynamique propre, un mouvement, en somme, une fois mises côte à côte les créations.  
Transgenre, elle prend forme en concomitance avec un renouveau chansonnier militant. Consciente, elle épouse et travaille en profondeur les grandes questions sociales qui traversent le devenir occitan.

La notion de « colonialisme » apparaît dans le domaine occitan dès le début des années 1960 à travers l'analyse de Serge mallet portant sur la situation économique des mineurs de Decazeville, alors en grève. Il y est, plus précisément, question de « colonialisme intérieur ». A Robert Lafont d'en dessiner ensuite plus en détail les contours à travers la fenêtre économique, notamment.

Ici, la notion de colonialisme se veut tout à la fois économique et culturelle. Se décoloniser signifie donc, dans le cas présent et en premier lieu, s'émanciper pleinement en tant qu'occitans.

L'ouvrage est divisé entre un texte contextualisant signé par Marie Rouanet et une sélection de poèmes et chansons de Jean Larzac, Silvan-Marc Seguran, Yves Rouquette, Jean-Marie Petit, Henri Espieux, Bernard Lesfargues, Roland Pecout, Georges Reboul, Philippe Gardy, Serge Bec, André Combettes, Gilbert Suberroques, Colette Derdevet, Roseline Roche, Maryse Roux, Jean David, Jean-Baptiste Seguy, Robert Lafont, Alan Ward, Michel Decor, Raymond Tabarca, Christian Rapin, Vazeilles, Jean-Baptiste Seguy, Jean-Louis Racouchot, Robert Allan, Gilbert Suberroques, Jean-Jacques Fraisse, Claude Marti, Jean Boudou, Robert Lafont, Pierre-André Delbeau, Mans de Breish, Lapassade, Patric.

« Dans cette province asphyxiée qui ne crée plus, dont tous les créateurs fuient vers Paris, il est incroyable que des jeunes poètes ou chanteurs prennent la parole, en occitan, pour dire les vérités vitales. »
Marie Rouanet
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Maurice Andrieu : pionnier de l'occitan à la télévision
Maurice Andrieu (1933-2011) est natif du Rouergue, en Aveyron. Débutant sa carrière comme médecin anesthésiste à Paris, il décide rapidement de se consacrer à « réaliser cette envie qu’[il] avait dans la peau », comme il le dit dans une interview donnée à la revue Tecimeoc à l’hiver 1980. Cette prise de conscience de la nécessité de s’engager sur la voie du théâtre est parallèle à celle de sa culture occitane. Il indique :
« Car si, grâce à ma grand-mère qui m’a élevé intégralement, je peux dire que l’occitan est ma véritable langue maternelle, comme à tous les enfants de ce pays qui ont fait quelques études, on m’a appris à renier ce « patois » infâmant qui est pourtant une des grandes langues de civilisation, comme on le sait, et qui est notre langue. Et je crois qu’on ne peut pas s’exprimer au mieux en dehors de sa langue, de sa langue véritable. Voilà comment je suis devenu comédien et occitaniste. »

Les débuts à la radio

Installé à Toulouse dès 1973, juste après la parenthèse parisienne de son début de carrière, il est engagé par l’Académie des Jeux Floraux pour écrire le scénario d’un feuilleton de 26 minutes, qui sera diffusée par la Maison de la Radio de Toulouse. Puis, au moment de l’éclatement de l’ORTF en 1975, il est pressenti pour animer en langue d’oc l’émission L’Heure occitane sur Radio Toulouse. La portée de cette dernière s’avère bien plus large que les frontières de la Ville rose, puisque, étant diffusée sur ondes moyennes, elle est entendue jusqu’en Catalogne Sud et aux Baléares. Très vite, les auditeurs écrivent d’un peu partout : Provence, Limousin, Gascogne et Languedoc.
Parallèlement, Maurice Andrieu rencontre la chanteuse Jacmelina, pour laquelle il écrit de nombreux textes de chansons. Viendra ensuite une collaboration fructueuse avec Rosina de Pèira.

L’homme de théâtre

Mais c’est sur les planches que Maurice Andrieu s’épanouit réellement, de par le rapport direct qui se crée avec le public. Pour lui, là où la télévision et le cinéma sont affaire de technique, le théâtre porte un enjeu artistique autrement plus fort. Il fonde ainsi en mars 1978 la Comèdia Occitana Tolzana, avec le musicien Eric Fraj, la productrice Noëlle Veriac et la comédienne Maria-Elèna Gellis. Cette troupe, composée d’une quinzaine de comédiens professionnels, est la première à se vouer au théâtre intégralement en langue occitane. Elle se donne aussi pour but de former de jeunes comédiens d’expression occitane. De son côté, Maurice Andrieu n’hésite pas à traduire Molière en occitan languedocien, considérant qu’il n’existe malheureusement pas à ce jour de grand auteur de théâtre occitan : ce sera Lo Mètge per Fòrça (Le Médecin malgré lui).

Présence à la télévision

Pour autant, la télévision fait aussi largement appel à lui. En tant qu’acteur, il participe à des productions télévisées nationales et réalise de nombreuses voix-off pour différents programmes. Mais les places sont chères :
« Il faut voir, et c’est un problème très vaste, que les comédiens « de province » sont utilisés comme des appoints. Alors en général, le rôle importe peu : ce sont des rôles de bouche-trou, plus ou moins exploités financièrement… Encore que la télévision paie beaucoup plus correctement que la radio. Je m’excuse de parler de finances, mais c’est ce qui permet de vivre ! Nos problèmes, notre lutte, se passent aussi sur le plan matériel. [...] Ce qu’il faut dire, c’est que les comédiens, les réalisateurs d’ici ont très peu droit à la parole. Pourtant il faut continuer à se battre, être présent, se perfectionner sans cesse dans son travail. »
Cet engagement pour une télévision telle qu’il la rêve, des programmes de qualité en langue occitane, trouvera son aboutissement lorsque, en 1981, en application des promesses électorales de François Mitterrand pour une représentation des langues régionales à la télévision publique, la chaîne FR3 aménage ses grilles de programmation.
C’est à lui qu’on fait appel pour présenter le tout premier programme télévisé en langue d’oc : Per Jòia Recomençar, diffusé le 25 septembre 1981. Produite par Maurice Andrieu lui-même et réalisée par Jean Fléchet, cette émission propose de découvrir l'originalité d'une culture à travers le regard qu'une jeune femme, une certaine Jacmelina, porte sur les pays occitans et catalans.
Un mois plus tard est diffusé L’erba d’agram (« le chiendent », en français) où il met en scène, avec le comédien Claude Alranq, la confrontation entre un professeur de l’école républicaine avec un ancien élève, puis avec un viticulteur.
S’ensuit, juste après ces deux productions de type « docufiction », le lancement du tout premier magazine hebdomadaire occitan, Viure al Pais, qu’il présentera pendant dix-sept années, jusqu’à sa retraite en 1998. Initialement programmé le samedi et durant un peu plus d’une demi-heure, il atteindra les 40 minutes d’antenne dans les années 1990 avant d’être ramené à 26 minutes à la fin de la décennie. Avec près de quarante années d'existence, c'est à ce jour le plus ancien programme télévisuel en langue occitane qui soit toujours à l'antenne. Il en inspirera de nombreux autres.
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Miquèla
Miquèla (nom d'artiste de Michèle Bramerie) est une des chanteuses emblématiques de la Nòva cançon occitana des années 1970.
Provençale, elle a sorti deux disques vinyles en solo chez Ventadorn dans les années 1970 : Magali (45 tours, 1974) et I a de sers (33 tours, 1978) puis deux autres disques dans les années 1980 avec son groupe Miquèla e lei Chapacans, trio féminin : Siau pas poèta (33 tours, 1981) et Au jardin (33 tours, 1984).
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