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Occitania Libertaria
Peiregòrd es pas a vendre : la contèsta fàcia als promotors immobiliaris
Escarpit, David
Bertrand, Aurélien

Les années 1970 sont marquées par la contestation sociale et économique d’un certain modèle de l’état. De 1968 et la contestation de la France gaulliste aux chocs pétroliers et ses conséquences économiques et sociales, la période est un foisonnement de mouvements contestataires, alternatifs, à travers toute l’Europe, parfois favorables à l’usage de la violence.
Dans les pays d’Oc, cette période correspond au fameux borbolh créatif et idéologique qui voit la naissance de la Nouvelle chanson occitane, mais aussi la théorisation de certains concepts comme le Colonialisme intérieur, un des thèmes développés par Robert Lafont et largement repris par de nombreux théoriciens de la pensée occitane.

L’idée que dans le contexte étatique français, les pays d’Oc soient traités comme des pays colonisés - en plus de ce que l’on peut considérer comme une colonisation culturelle - sur le plan du développement économique, se répand. La stratégie économique des pays du Midi serait limitée à en faire des nids à touristes, envahis par l’industrie hôtelière et les promoteurs immobiliers, servant de jardin à Paris et sa banlieue. Des pays sans économie propre - détruite par les politiques agricoles françaises - tout juste bons à être placés sous tutelle.

Cette idée, associée à un contexte d’intense militantisme occitan, donne naissance à des comités d’action, des groupes de petite taille décidés à passer à la vitesse supérieure dans leur quête de reconnaissance de l’identité occitane, quitte à envisager l’action directe et le recours à la force.

Deux régions sont particulièrement touchées par ce phénomène. Le Languedoc, en proie à la crise viticole et possédant une tradition « rouge » de contestation sociale et le Périgord, pays hautement touristique. Tous deux se sentent dépossédés de leur patrimoine. Dans une moindre mesure Bordeaux, base arrière des groupes occitanistes, recrute beaucoup dans les milieux associatifs occitans et universitaires. Le Périgord notamment fait partie des régions occitanes où la langue et la culture sont demeurées vivantes, avec un Félibrige actif sans être politisé et une vie musicale et poétique occitane intense.

C’est dans ce contexte qu’apparaît le Comité d’Action Sarladais (CAS), autour de slogans comme « Le capital croque le Périgord » ou « Lo Perigòrd es pas a vendre » (le Périgord n’est pas à vendre). Ce dernier fait référence au rachat de fermes abandonnées et de terres par de riches « colons » empêchant l’installation de jeunes agriculteurs. On recense aussi l’utilisation plus marginale du slogan « Lo vent a bufat, l’Estat a pas paiat » (le vent a soufflé, l’État n’a pas payé) qui fait référence à une tempête ayant saccagé des noyers et aux promesses d’indemnisations des agriculteurs non tenues. De petits groupuscules fleurissent : outre le CAS apparaît également le « Front de Liberacion de la Val de Dròpt », tous deux tentés par l’action directe et les opérations coup de poing. Au sein de ces groupes, chaque membre ne connaît qu’une partie des autres membres, la clandestinité est de règle. Ils seront bientôt réunis dans la mouvance de « Volèm Viure Al País », qui prône alors l’action directe et une certaine forme de violence, en particulier dans le Sarladais et du côté de Sainte-Foy-la-Grande, avec des ramifications à Bordeaux, en Lot-et-Garonne et en Sud-Gironde. Il existe aussi un « Moviment Anarquista Occitan » (mouvement anarchiste occitan) en particulier en Périgord. Quelques petits journaux satiriques occitans sont également imprimés, comme Lo Pelharòt à Bergerac.

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10 mai 1980 : la Marche sur Montpellier
Nombreuses sont les sources - articles, photographies, enregistrements - qui documentent ce que fut la marche conjointe du Parti Communiste Français et du mouvement occitan sur Montpellier, et l'ampleur qu'elle prit tant dans le monde occitan que dans l'imaginaire collectif de la région. Du manifeste «Mon país escorjat » aux photos de Jean-Louis Estève, ce dossier apporte un éclairage sur cet événement qui a fait date.
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De la Ligue pour la langue d’oc à l’école à la FELCO : groupes et collectifs pour l’enseignement de l’occitan
Escarpit, David (1980-....)

1875-1923 : les prémisses de la revendication d’Oc pour l’école : la revendication félibréenne

1875
Mistral publie dans l’Armana Prouvençau un article dans lequel il demande que les enfants provençaux - occitans - puissent bénéficier d’un enseignement dans leur langue, et même bénéficier d’un cursus scolaire complet en occitan. C’est la première prise de position publique du Félibrige sur la question.

1876
Joseph Lhermite (en religion frère Savinien), professeur et frère des Écoles chrétiennes, se fait un des tenants de l’usage de l’occitan comme méthode pour aider les enfants des pays du Midi à acquérir le français. Dès lors apparaissent deux lignes idéologiques antagonistes de défense de l’occitan à l’école : enseigner l’occitan pour enseigner le français ou l’enseigner pour lui-même. Il publie cette année-là son Recueil de versions pour l’enseignement du français en Provence par un professeur. Troisième partie qui passera à la postérité sous le nom de Méthode Savinienne.

1876-1883
Sous l’influence du Félibrige et de la récente Société pour l’étude des langues romanes, plusieurs chaires de langue et culture occitanes (sous des intitulés divers) sont ouvertes dans les universités des villes du Midi. C’est ainsi que Léon Clédat est nommé à Lyon en 1876, Camille Chabaneau à Montpellier en 1878, Achille Luchaire à Bordeaux en 1879 et Antoine Thomas à Toulouse en 1883 à des chaires d’études romanes. Tous sont plus ou moins spécialisés dans les études occitanes.

1878
Dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, Michel Bréal, futur inspecteur général de l’Instruction Publique pour l’enseignement supérieur, harangue 1.500 instituteurs venus de toute la France, se positionnant en faveur d’une présence des langues minoritaires à l’école, jugeant que d'un point de vue pédagogique, c’est toujours une chose dangereuse d’apprendre à l’enfant à mépriser ce qu’il doit à la maison paternelle. Ses propos sont applaudis.

1886
Antonin Perbosc lance et entretient un long débat sur l’usage des « patois » à l’école dans les colonnes du journal La Tribune des instituteurs.

1889-1893
En 1889, Alfred Jeanroy succède à Antoine Thomas à Toulouse, ancrant fermement et développant grandement les études occitanes dans l’établissement toulousain. En 1893 une chaire de « langue et littérature du Sud-Ouest » est ouverte par la ville de Bordeaux à la faculté de Lettres. Elle est confiée au romaniste Édouard Bourciez.

1894
L’instituteur agenais P.-Émile Boudon publie son Manuel élémentaire de linguistique pour l’enseignement du français par les idiomes locaux. Dans le débat qui agite  les tenants de l’occitan à l’école, l'application au sous-dialecte agenais positionne l'auteur dans le camp de ceux qui plaident l’usage de l’occitan comme outil pour faciliter l’apprentissage du français (en opposition à ceux qui pensent que les langues minoritaires doivent être enseignées pour elles-mêmes).

1898
Henri Oddo fait paraître De l'Utilité des idiomes du Midi pour l'enseignement de la langue française, dans la ligne de Frère Savinien. Frédéric Mistral lui répond de façon cinglante dans l’Aiòli, argumentant sur l’apprentissage de la langue d’Oc pour elle-même et fustigeant les « cireurs de bottes » de l’apprentissage du français.

1900
Sylvain Lacoste, félibre membre de l’Escolo Gastou Fébus et instituteur en Béarn, fait paraître l’ouvrage Du patois à l’école primaire (Pau, Vignancourt). Il y milite pour que l’occitan soit enseigné à l’école de la République aux côtés du français et pour lui-même. Les deux premières parties sont publiées dans la revue Reclams de Biarn e Gascougne.

1901
Le Consistoire du Félibrige adresse au ministre de l’Instruction publique, le Lot-et-garonnais Georges Leygues, une lettre demandant expressément la fin de la politique hostile à l’occitan dans l’école française. Elle restera sans réponse.

1902
Une modification du règlement scolaire dans le département des Basses-Pyrénées (Pyrénées Atlantiques) autorise des exercices de traduction du béarnais et du basque en français, dans la limite du nécessaire et uniquement en vue de faciliter aux enfants l’étude de la langue nationale.

1905-1908
Série d’articles de Bernard Sarrieu, professeur de philosophie, dans Era bouts dera mountagno sur “l’utilité pédagogique du gascon”, adressés aux enseignants de la région.

1909-1911
Jean Jaurès publie dans la Dépêche de Toulouse une série d’articles dans lesquels il se déclare favorable au savinianisme, c’est à dire à l’utilisation de l’occitan pour aider les écoliers méridionaux à apprendre le français.

1910
Gaston Doumergue, ministre de l’Instruction publique, dépose à la Chambre un projet de loi interdisant absolument l’usage d’une autre langue que le français dans l’enseignement. Tollé chez les félibres. Valère Bernard, capoulié, adresse au ministre une lettre de protestation au nom du félibrige, qui reprend les termes de celle de 1901.

1911
Le majoral du félibrige Maurice Faure est nommé ministre de l’Instruction publique à la place de Gaston Doumergue. Sa nomination entraîne une vague d’espoir et même d’enthousiasme dans les milieux félibréens. Son ministère se soldera néanmoins par une déception : la position du gouvernement et du parlement ne permettent pas au majoral de faire passer de vraies mesures, malgré une position clairement affichée en faveur de la langue d’Oc à l’école.

1919
Lors de la Conférence de la Paix, la question bretonne est posée à l’appel du député Régis de l’Estourbeillon. Un million de citoyens français, de Bretagne et d’ailleurs, signent une pétition en faveur de la reconnaissance et de l’enseignement du breton. L’ampleur du mouvement atteint, par ricochet, les consciences des défenseurs de l’occitan. La question des minorités linguistiques devient centrale. Ainsi, des enseignements d’occitan sont ouverts dans quelques lycées de Provence et de Gascogne. Ils sont prodigués par des félibres, comme le majoral Pierre Fontan au lycée de Toulon et Frédéric Mistral neveu à l’École primaire supérieure et au lycée d’Avignon ou encore Jean-Victor Lalanne à l’École normale de Pau.

1923-1928 : la Ligue pour la langue d’oc à l’école : un projet prometteur tué dans l’œuf

1923
La Ligue pour la langue d’oc à l’école est créée par les félibres Jean Bonnafous, Jean Charles-Brun et l’universitaire toulousain Joseph Anglade. La revue Oc d’Ismaël Girard relaie ses revendications. Sous l’égide de Bonnafous, la Ligue lance un appel national aux membres de l’Enseignement, avec le soutien du ministre de l’Instruction publique, le félibre gascon Léon Bérard. Dans cet appel, il est exigé que les enseignants n’inculquent plus le mépris de la langue d’Oc aux enfants et ne punissent plus ceux qui la parlent, qu’ils l’utilisent comme appui pour l’enseignement du français, du latin, etc., qu’ils l’enseignent aussi pour elle-même comme “langue de civilisation”, qu’ils intègrent la littérature d’Oc à leur enseignement et fassent travailler les élèves sur des textes occitans, si possible du même “terroir” qu’eux. Dans Oc, Bonnafous développe ses visions pédagogiques pour l’occitan.

1924
Au printemps, l’appel de la Ligue est un succès : on recense près de deux cents adhérents. On trouve parmi eux des académiciens, des doyens de facultés, des inspecteurs de l’Instruction publique, des professeurs d’École Normale. Novembre : le ministre François Albert autorise la tenue de conférences sur la langue d’Oc dans les établissements secondaires et les Écoles Normales du Midi. Lors de la présentation du budget de l’Instruction publique pour l’année 1925, le rapporteur Ducos précise qu’il est important de laisser une place à la langue d’Oc.

1925
Coup d’arrêt à la progression de l’enseignement de la langue d’Oc à l’école : voulant aller trop loin, Bonnafous cosigne avec d’autres acteurs et enseignants de langue d’Oc (dont Alfred Jeanroy et Édouard Bourciez) une lettre au nouveau ministre Anatole de Monzie - originaire de Cahors - afin qu’il fasse une circulaire autorisant formellement l’enseignement de la langue occitane dans les écoles. Monzie réagit négativement, non seulement en refusant de faire la circulaire, mais en plus en en rédigeant une autre le 14 août qui remet en cause fondamentalement la présence de l’occitan à l’école, revenant presque à l’interdire. En novembre, le Béarnais Jean Bouzet dresse un bilan de l’échec de la Ligue qui est en train de se dessiner. Membre actif de la Ligue pour la langue d’Oc à l’école, Bouzet tire pourtant à boulet rouge sur les méthodes employées, sur "l’enthousiasme félibréen” mais aussi sur “l’incompétence” et “l’amateurisme” et conclut à un constat d’échec. Le nouveau ministre, Édouard Daladier, ancien maire de Carpentras et ami de la langue d’Oc, interpellé par les députés bretons et alsaciens, rejette tout droit aux langues minoritaires à être enseignées à l’école, même pour enseigner le français.

1928
Le premier août, la Ligue tente un nouvel appel aux enseignants dans les colonnes de la revue Oc. Ce sera un échec.

1943-1951 : le Groupe Antonin-Perbosc : vers des pédagogies nouvelles pour l’occitan

1943
Hélène Gracia-Cabanes, jeune institutrice héraultaise, se met en relation avec Charles Camproux pour réfléchir à la construction d’une pédagogie nouvelle pour l’enseignement de l’occitan : la méthode Freinet.

1945
Création de l’Institut d’Études Occitanes. Autour d’Hélène Gracia-Cabanes se crée une section enseignement et pédagogie. Autour de l’IEO gravite un groupe d’enseignants versés dans les nouvelles pédagogies, qui prend le nom de Groupe Antonin-Perbosc. Ce n’est toutefois pas un groupe occitaniste, et la sauvegarde de l’occitan est moins son projet que le travail sur les pédagogies nouvelles de l’École moderne, même s’il intègre l’occitan de plein droit dans son projet. Il publie à partir de 1947 un bulletin, Escòla e Vida. De son côté l’IEO possède un Centre de l’Enseignement, peu actif.

1951 à nos jours  : le temps des lois : la prise en charge par les pouvoirs publics de l’enseignement de l’occitan

1951
11 janvier : loi Deixonne, qui autorise l’enseignement facultatif du basque, du breton, du catalan et de l’occitan. Des enseignements sont organisés à Bordeaux, Montpellier, Toulouse, Paris et Aix (ainsi que Rennes pour le breton). L’action de Pierre-Louis Berthaud, élu et journaliste parlementaire, a joué un rôle important dans l'adoption de la loi. Félix Castan présente au conseil d’administration de l’IEO un rapport intitulé Le sens d'une pédagogie occitaniste dans lequel il insiste, au terme d’une longue correspondance avec Robert Lafont, sur la nécessité d’intégrer une section pédagogie à part entière au sein de l’IEO, projet repris par Lafont lors de l’AG de l’IEO la même année. Première parution du Bulletin pédagogique de l'Institut d'études occitanes qui sera un échec, du fait de son trop faible nombre de lecteurs. Premiers stages pédagogiques de l’IEO. Parution de Per jòia recomençar, premier manuel scolaire occitan, sous l’égide des rectorats de Toulouse et Montpellier.

1952
Création officielle de la Section Pédagogiques de l’IEO autour d’Hélène Gracia-Cabanes, Robert Lafont, Félix Castan entre autres. Elle existait toutefois déjà de façon informelle. Elle édite le Bulletin pédagogique de l’IEO. Parution de la version gasconne de Per jòia recomençar.

1956
Les Cahiers pédagogiques, plus tournés vers le grand public, succèdent au Bulletin pédagogique.

1958
Création du Mouvement Laïque des Cultures Régionales (MLCR) à Uzès lors d’un stage pédagogique de l’IEO. Il se donne pour but de promouvoir et développer les langues et cultures régionales dans l'enseignement public. Sa laïcité affichée lui attire la bienveillance des syndicats enseignants, dont la Fédération de l'Éducation nationale (FEN) qui fédère plusieurs syndicats.

1969
Création des CREO, Centre Régionaux des Enseignants de l’Occitan qui réunissent les enseignants du premier degré, du second degré et de l’université de l’enseignement public des académies concernées par la langue d’Oc. D’abord rattachées à l’IEO, ils s’en détachent peu à peu.

1975-1976
La loi Haby (loi 75-620 du 11 juillet 1975 relative à l’éducation) précise dans son article 12 qu’« un enseignement des langues et cultures régionales peut-être dispensé tout au long de la scolarité ». Les 21 novembre 1975 et 29 mars 1976, des circulaires viennent appuyer le texte en organisant des stages de langues et de cultures « régionales » dans les académies concernées.

1979
La première école Calandreta voit le jour à Pau. Premières écoles bilingues français-occitan, les Calandretas proposent un enseignement en immersion linguistique précoce et suivent les programmes de l'Éducation nationale. La pédagogie y est inspirée des techniques pédagogiques de Célestin Freinet.

1981
Dans la 56e de ses 110 propositions pour la France, lors de sa campagne présidentielle, François Mitterrand indique que : « la promotion des identités régionales sera encouragée, les langues et cultures minoritaires respectées et enseignées ».

1983
Circulaires n°82-261 (Circulaire Savary) et 83-547 du 30 décembre 1983 (Texte d’orientation sur l’enseignement des cultures et langues régionales), établies sur la base d’un rapport de Pierre Lagarde, enseignant d’occitan et d’espagnol, de l’IEO Foix. Ces textes instaurent trois axes : un engagement officiel de l’Etat en faveur de cet enseignement, la création d’un véritable statut de cet enseignement dans l’Education Nationale, le volontariat des élèves et des enseignants. Elle assure notamment une continuité entre le primaire et la 4ème en créant une option facultative d’une heure hebdomadaire en 6ème et 5ème, crée des groupes d’inspecteurs chargés de mettre en œuvre sur le terrain les mesures prévues, et surtout lance l’idée de créer des classes expérimentales bilingues.

1987
Création de la Fédération des Enseignants de Langue et Culture d’Oc (FELCO) qui regroupe les associations régionales d’enseignants d’occitan de l’Éducation nationale. Création de la FLAREP (Fédération pour les Langues Régionales dans l'enseignement public).

1991
Création du CAPES d’occitan.

1994
Ouverture d’Aprene, centre de formation des enseignants des écoles Calandreta. Convention de partenariat entre le Rectorat et la région Midi-Pyrénées pour le développement de l’édition pédagogique par l’attribution de fonds nécessaires.

1995
Aprene est conventionné par l’Éducation nationale. Publication de la Circulaire Bayrou, qui reprend l’essentiel de la circulaire Savary dont l’application a été plus compliquée que prévu. En effet, dans le courant des années 1980, des baisses de moyens dans les budgets alloués à l’enseignement des langues régionales et minoritaires sont enregistrées de façon très nette.

1997
Le premier collège Calandreta ouvre en septembre 1997 à Lattes (Hérault).

2001
Circulaire Jack Lang qui réaffirme l’intérêt du bilinguisme à parité horaire, et aussi celui de l’immersion.

2002
Mise en place d’un concours spécial d’occitan pour le primaire.

2018
Création de l’agrégation d’occitan.

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Mort et résurrection de M. Occitania
      Mort et résurrection de M. Occitania est, historiquement, la première pièce de Claude Alranq pour le Teatre de la Carrièra. Elle est le fruit de ses engagements et de ses rencontres : en 1968, alors qu’il travaille à Lyon comme « métallo pour survivre » selon ses propres dires, il fonde avec quelques amis un tout nouveau type de théâtre de rue, pensé pour être joué sur les « places de marché, [les] sorties d’usines et [les] foyers sociaux. »

Dans le même temps, il fait la connaissance de Bernard Lesfargues, poète du Périgord, qui lui révèle « les tenants et les aboutissants de “notre accent” ». Fort de toutes ces réflexions, il écrit en 1969 Mort et résurrection de M. Occitania, à propos duquel il déclarera plus tard : « pour un coup d’essai, ce ne fut pas pour moi un coup de maître mais un plongeon dans l’utérus du pays natal. »

La pièce raconte l’histoire d’un pauvre vigneron, inspiré par la figure du père de Claude Alranq. Il meurt, mais une sorcière le ressuscite, et il a trois jours pour trouver les causes de sa mort, sans quoi il disparaîtra pour de bon… Souffrirait-il du mal méridional, étouffé par les profiteurs qui asphyxient le pays ? Faut-il faire appel aux renforts culturels et aux résistances d’hier et d’aujourd’hui, d’ici et d’ailleurs ?

Le propos sert de prétexte à un théâtre de situation, de combat, de débat, où chaque représentation donne lieu à un échange avec le public pour améliorer la pièce et mieux coller à la réalité du terrain.
En 1972 paraît, éditée par 4 Vertats, une édition de la pièce préfacée collectivement par le Teatre de la Carrièra. Voici le contenu de cette préface :

« Aqueste montatge es la resulta d’un trabalh collectiu. Es estat jogat mai de 200 còps dins los vilatges del miègjorn mas tanben en Bretanha e un pauc pertot dins l’hexagòn per las diferentas equipas que trabalhèron dins lo Teatre de la Carrièra. Aquela tresena edicion es lo fruch de totes las transformacions fachas dins l’espectacle, pauc a pauc al filh de las parladisas amb lo public. Aquela peça es estat montada per una equipa de lyceans de Besièrs en 1972 e per la tropa del Teatre Universitari Occitan de Montpelhièr. A suscitat tanben qualques initiativas d’aquel tip en Occitània. Tot comencèt per una enquista qu’avèm facha en Occitània dins l’idèa de portar pèira, e mai modestament, a la luta de liberacion del pòble occitan contra l’Estat capitalista. L’espectacle que n’es sortit, partís donc dels problèmas que cada jorn e concretament, se pausan al mond. S’aquel montatge deviá esser représ, aquesta exigéncia demorarà primièira : es pas lo texte escrich e aicí estampat que dèu comptar, aquò’s l’endrech e la situacion economicò-sociala de l’endrech ont serà jogat. Cada endrech e cada situacion. En consequéncia ÒM POT E ÒM DEU faire totas las adaptacions utilas tocant las situacions, los personatges, lo jòc, los fachs. Lo tèxt es sens cap de pretencion de cap de mena. Se deu plegar a las exigéncias del endrech. Totes los personatges apartenon al còr impersonal. Ne’n sortisson pas que per prene un ròtle donat, mai personalizat. De ròtls doncas ne pòdon téner mai d’un, levats los actors que jògan los ròtles mai en vista. »

Traduction :

« Ce montage est le résultat d’un travail collectif. Il a été joué plus de 200 fois dans les villages du Midi mais aussi en Bretagne et un peu partout dans l’Hexagone, par les différentes équipes qui travaillent au sein du Teatre de la Carrièra. Cette troisième édition est le fruit de toutes les transformations faites dans le spectacle, peu à peu, au fil des discussions avec le public. Cette pièce a été montée par une équipe de lycéens de Béziers en 1972, et par la troupe du Théâtre Universitaire Occitan de Montpellier. Elle a suscité aussi quelques initiatives de ce type en Occitanie. Tout a commencé par une enquête que nous avons faite en Occitanie avec l’idée d’apporter notre pierre, même modestement, à la lutte de libération du peuple occitan contre l’État capitaliste. Le spectacle qui en est sorti part donc des problèmes qui, chaque jour et concrètement, sont posés aux gens. Si ce montage devait être repris, cette exigence demeurera primordiale : ce n’est pas le texte écrit et ici imprimé qui compte, c’est l’endroit et la situation économico-sociale de l’endroit où il sera joué. Chaque endroit et chaque situation. En conséquence ON DOIT ET ON PEUT faire toutes les adaptations utiles touchant les situations, les personnages, le jeu, les faits. Le texte est sans prétention aucune. Il doit se plier aux exigences de l’endroit. Tous les personnages appartiennent au choeur impersonnel. Ils n’en sortent que pour prendre un rôle donné, jamais personnalisé. De ces rôles, donc, plus d’un peuvent les remplir, à l’exception des acteurs qui jouent les rôles les plus en vue. »

Sources :

- Claude Alranq, « Mai 68 en Occitanie » blog de Mediapart, article publié le 30 mai 2018 : https://blogs.mediapart.fr/paul-allies/blog/300518/mai-68-en-occitanie (consulté le 11 octobre 2019)
- Teatre de la Carrièra, Mort et résurrection de M. Occitania, 4 vertats, 1972, 66 p.
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Mouvement des mineurs de Ladrecht
Verny, Marie-Jeanne

Ladrecht (en occitan, l’adrech est le versant nord d’une montagne) désigne un gisement de charbon au nord d’Alès, dont le principal puits s’appelait Destival. Au moment où cette vidéo est tournée, les charbonnages de France ont décidé la fin de l’exploitation du gisement auquel Destival permettait d’accéder, provoquant une lutte qui a un énorme impact régional. Le film montre ici une marche régionale organisée par la CGT à Alès. C’est l’un des épisodes de cette mobilisation qui sera documentée notamment grâce à l’ouvrage de Claude Mazauric et Jacques Dartigue, Ladrecht (Éditions sociales, 1982). Cet ouvrage revient sur l’histoire du bassin et des luttes ouvrières qui l’ont marqué jusqu’en 1981. Il rappelle en écho les luttes de Decazeville (décembre 1961- février 1962). Justement, l’un des animateurs de la grève de Decazeville, Francis Iffernet, est également engagé dans la lutte de Ladrecht. 

Les occitanistes y prennent une part active, notamment lors de l’Université Occitane d’Été de 1980, qui comprend un déplacement à Ladrecht, ou par l’acte symbolique de Robert Lafont posant au fond de la mine le drapeau occitan à côté du drapeau français. La date d’écriture du livre de Mazauric et Dartigue ne leur permet pas de rendre compte de la fin malheureuse qui se produira fin 1984 : après le bassin minier de Decazeville, l’exploitation du charbon cessera en Cévennes comme ailleurs. Et les quelques tentatives de reconversion industrielle n’auront pas empêché le désastre économique et démographique qui a touché toute une région.

La mémoire de la lutte reste vive cependant. La fresque réalisée par des artistes sur les murs de l’entrée du puits a permis pendant longtemps de lire le « Parlez de nous ». Au moment de la fermeture du dernier puits cévenol, une grande course baptisée « Les foulées de Ladrecht » est organisée pour soutenir les mineurs qui perdent leur emploi. Plus de trente ans plus tard, ils sont toujours des centaines à courir chaque année en mémoire de cette épopée ouvrière.

Revenons-en à la mobilisation autour de Ladrecht. Mazauric et Dartigue écrivent que, « treize mois durant [du 5 mai 1980 au 11 juin 1981], du fond du puits de Destival, à Alès, des mineurs soutenus par toute une région vont tenir tête à la direction alors giscardienne des Charbonnages de France et au gouvernement dont elle était l’exécutante, se battre pour obtenir la mise en exploitation du gisement de Ladrecht. » L’ouvrage donne également la chronologie des événements. En voici les grandes lignes :


1979

Décembre : création de Radio-Castagne par la CGT d’Alès

29 décembre– 2 janvier 1980 : première occupation du puits de Destival

30 décembre : refus des Charbonnages de France de la proposition CGT d’exploitation de Ladrecht

1980

janvier-mars : débats au Conseil Régional, vote d’un crédit de 11 millions de francs

21/02 : le Comité Régional du PCF décide un rassemblement de masse pour le 10 mai


10/05 : marche « Viure » sur Montpellier

19/07 : rassemblement sur le carreau de Destival à l’appel du PCF, participation des animateurs du manifeste Mon País escorjat, double baptême du mur de Ladrecht par un drapeau français et un drapeau occitan

24/10 : grève nationale dans les mines, marche sur Paris à l’appel de la CGT, marche sur la Préfecture de Nîmes

29/11 : marche régionale CGT sur Alès. C’est cette marche que montre la vidéo, avec un gros plan sur la banderole de tête « Vivre, travailler et décider au Pays », sur des visages d’élus, dont Émile Jourdan, maire communiste de Nîmes.

1981

13/03 : rassemblement CGT à Montpellier, grève générale

22/05 – 11/06 : une négociation CGT/charbonnages de France se conclut par un protocole d’accord qui marque la victoire

13/06 : immense fête à Ladrecht avec un spectacle pyrotechnique offert par la CGT devant la fresque réalisée par des artistes locaux affichant « Parlez de nous ».

1984 : fin de l’exploitation minière des Cévennes. 

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Pèire Pessamessa, figura atipica de l'occitanisme provençal
Bertrand, Aurélien
Escarpit, David (1980-....)

Pèire Pessamessa (1931-2018), es un autor provençal de lenga occitana, engatjat tant del costat de l’Institut d’estudis occitanas (I.E.O) que de lo del Felibritge.

Eissit d’una familha vauclusenca que pratica l’occitan al quotidian, descobrís los movements associatius occitans sonque a la debuta de las anadas 50, fa alara lo ligam entre son « patés » e la lenga d’autors prestigioses coma Frederic Mistral. Pauc de temps aprèp, descobrís la revista literària Oc tenguda per la novèla generacion dels occitanistas ligada a l’IEO e menada per Robèrt Lafònt. Es aquela generacion que sauprà atisar la curiositat e l'interès de Pèire Pessamessa, engatjat tant dins la creacion literària coma dins la pensada teorica, politica e militanta. Aital, a l'excepcion de son primièr recuèlh Li graio negro (Lei gralhas negras), que coescriu amb Sèrgi Bèc, una granda partida de son òbra es redigida dins la grafia de l’IEO e editada per l’Institut.
Apassionat per las lengas, licenciat d’alemand, son engatjament militant es marcat per una defensa permanenta de la lenga d’òc, tant a títol personal qu’a aquel de cònse de sa comuna dels Buòus (Vauclusa) que dirigirà pendent 28 ans. Es a aquel títol que pairinarà en 1974, la candidatura regionalista de Robèrt Lafònt e l’eleccion presidenciala francesa. Es tanben un dels membres istorics del PEN club de lenga d’òc, seccion occitana del PEN club internacional, associacion d'escriveires internacionala qu'a per tòca de « recampar los escriveires de totes païses estacats a las valors de patz, de tolerància e de libertat sens las qualas la creacion deven impossibla ». Es tanben estat entre 2002 e 2018, lo president de la seccion occitana del Comitat d'afrairament occitanocatalan (CAOC), associacion qu'a per tòca de desvolopar las relacions entre las culturas occitanas e catalanas. Es a partir de la segonda mitat de las annadas 2000 qu’amòrça un retorn dins lo felibritge, coronat en 2012 per lo títol de « Mèstre en Gai Saber ». Es pendent aquel periòde que se rapròcha del PNO (Partit de la nacion occitana), publica mantunes tèxtes dins Lo Lugarn, la revista del partit sens pasmens jamai i aderir.
Serà enfin un actor de l’activitat de l'Associacion Internacionala d’Estudis Occitans (AIEO) fins a sa mòrt.

Personalitat marcanta e iconoclasta, autor d’una òbra literària originala, plan assabentat de las consideracions literàrias de son temps, tant francesas qu'occitanas, Pèire Pessamessa es un dels escriveires provençals de lenga occitana mai important e atipic de la generacion d’aprèp-guèrra. Compta demèst los primièrs prosators de sa generacion.
Sas presas de posicions trencadas e son trabalh sovent provocator an poscut de còps li valer, d'enemistats tant del costat dels pensaires que dels militants, quinas que sián lors tendéncias, politicas coma culturalas, felibres coma occitanistas.
Rèsta son òbra literària, d’una qualitat indenegabla, totalament inscrita dins le renovèlament e lo questionament de son temps. A aquel títol se pòt relevar lo roman Nhòcas e bachòcas (1957), que conta le quotidian d’un joine al sortir de la Segonda guèrra mondiala amb en trama de fons la fractura viscuda per los joines occitans dins una societat rurala tradicionala parcialament occitanofòna e una societat modèrna, plurilingüa e cosmopolita. Enfin, son triptic De fuòc amb de cendre (1973, 1976, 1978) que conta lo percors de dos joines occitans engatjats dins las fòrças SS per idealisme, demòra una pèira angulara de la literatura occitana de la segonda mitat del sègle XX per totas las tematicas e problematicas que joslèva.

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Chant : La Cochilís
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)

Votre question :


Je recherche une chanson que j'ai entendu lorsque j'étais enfant à Colombiers. Voici le premier couplet et les paroles : 

Un jorn la Marineta 
Me disiá d'un air coquin 
Mon enfant de qu'es aquò la cochilís 

Repic: 

La cochilís es una bèstia 
Una canilha, un parpalhòl 
Chuca rasim, chuca protinha 
Chuca tot 
Mas jamai chuca la marrana 
Que nos escana 


Auriez-vous plus d'informations sur cette chanson et pourriez-vous me faire parvenir les paroles ?

Notre réponse :

Nous avons trouvé trace de cette chanson dans un collectage sonore réalisé dans la région de Lodève par Pierre Bec et Eliane Gauzit en 1964. Dans cette enquête aujourd'hui conservée par le COMDT (Voir la notice du collectage sonore sur le catalogue du COMDT), le témoin, Étienne Barral interprète cette chanson qu'il a appris à Béziers alors qu'il était jeune garçon de café. 

Elle a également été collectée dans la commune de Lunas (34) par les mêmes enquêteurs, auprès de Jacques Blaye (Voir la notice du collectage sonore sur le catalogue du COMDT).

La cochylis est une chenille qui se nourrit des feuilles et fruits de la vigne. Elle se développe plus particulièrement dans les régions méditerranéennes.

Nous avons tenté d'identifier le ou les auteurs de cette chanson, mais n'avons trouvé aucune occurence pour le moment.


Suite à cette enquête, une transcription de cette chanson a été publiée dans l'ouvrage Lodeva, ciutat occitana, Lodève, cité occitane : patrimoine occitan en Lodévois, contributions groupées et harmonisées par Eliane GauzitToulouse : Presses universitaires du Midi, impr. 2015.

Voici les paroles de la chanson :

L'autre jorn, la gròssa Marièta L'autre jour la grosse Mariette
M'espia ambe sos uèlhs coquins ; Me regarde avec ses yeux coquins
Me demandèt la voes doceta :

Elle me demanda d'une voix doucette :

« de qu'es aquò la cochilís ? ».

« Qu'est-ce que la cochylis ? ».

« La cochilís, li responguèri,

« La cochylis, lui répondis-je,

Es una bèstia, un parpalhòl, Est une bête, un papillon

Doas alas jaunas, doas alas brunas,

Deux ailes jaunes, deux ailes brunes

Las patas blancas e lo cuòl gris.

Les pattes blanches et le cul gris

Es una garça que s'espandís

C'est une pie qui s'étale

Dins nòstra vinha, chuca-rasim,

Sur notre vigne, suce-raisin

Chuca-brostinha, chuca sulfata,

Suce-grapillon, suce-sulfate

Chuca-sabor e chuca-tot.

Suce-saveur et suce-tout.

Mas jamai chuca la marrana

Mais jamais elle ne suce la maladie (marasme / poisse)

Que nos escana ».

Qui nous étouffe ».
   
La cochilís, mai d'un l'aganta

La cochylis, plus d'un l'attrape,

Tot en tetant un plen sadol Tout en tétant jusqu'à plus soif
Aquel bon vin que nos encanta

Ce bon vin qui nous enchante

Siague muscat o picapol.

Qu'il soit muscat ou picpoul.

Ieu, avant ièr tròp ne tetèri, Moi, avant-hier, j'en tétai trop,
Tanben prenguèri la cochilís. Aussi je pris la cochylis.
Lo lum dançava, lo nas brilhava,

La lumière dansait, le nez brillait,

La pèl susava, lo cuòl pesava,

La peau suait, le cul pesait,

Los uèlhs iglauçavan, lo cap virava.

Les yeux lançaient des éclairs, la tête tournait.
Se m'aviatz vist, trampoligèri,

Si vous m'aviez vu, je trébuchais,

M'espandiguèri, fasiái paissièira

Je m'affalais, je ruisselais

Dins lo rajòl, mes aquò rai

Dans la raie, mais peu importe,
Es pas un crime, siái pas lo sol,

Ce n'est pas un crime, je ne suis pas seul,

Sem una banda

Nous sommes une bande

Que teta lo jus de la trelha

Qui tête le jus de la treille

Dins la botelha

Dans la bouteille

   

La cochilís es la canilha

La cochylis est la chenille

Del malur que sus nautres plòu.

Du malheur qui pleut sur nous.

Es la decha que nos espía

C'est la dèche qui nous regarde

Quand tanben ela a pas lo sòu.

Quand avec elle tu n'as pas le sou. 

La cochilís nos envaís,

La cochylis nous envahit,

Nos espotís, nos adalís.

Nous écrase, nous anéantit, 

Jamai fugís dins la borseta.

Jamais elle ne fuit dans la boursette. 

L'avem sovent un còp per jorn.

Nous l'avons souvent une fois par jour.

Sem argentats coma una pala.

Nous sommes argentés comme une pelle.

Los deputats l'an pas jamai, 

Les députés ne l'ont jamais ;

Los electors l'an a molon.  

Les électeurs l'ont à foison.

Se ieu aicí vene far l'ase

Si moi ici je viens faire l'âne,

Ieu siái forçat, mas un vièt d'ase

J'y suis forcé ; mais une verge d'âne

S'aviái d'aiçò(t), m'auriatz pro vist.

Si j'avais ça, vous m'auriez assez vu.

E ieu tanben, aime la vida

Car moi aussi j'aime la vie

La bidòrsaire e lo bon vin

La «bistronquette» et le bon vin,

Los escursions, las distraccions

Les excursions, les distractions

E los teatres e las femnetas

Et les théâtres et les petites femmes

E tot çò z-autres ; de tot aquò

Et toutes les autres choses ; de tout cela

Me'n cal brossar, adiussiatz totes,

Je dois m'en brosser, au revoir à tous

Ie tornarai e cantarai

J'y reviendrai et je chanterai

Tant que la garça de canilha

Tant que la garce de chenille  

Tendrà l'estrilha.

Tiendra l'étrille.

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Les Aveyronnais de Pigüé
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)

En 2012, le retrait de la présidente Cristina Kirchner pour raisons médicales, conduisait le vice-président Amado Boudou aux plus hautes fonctions de l'État argentin. Comme son patronyme le laisse supposer, l'homonyme du célèbre auteur occitan Jean Boudou possède bien des racines aveyronnaises. Il est l’un des descendants des colons de Pigüé, ville fondée par des migrants aveyronnais en 1884. 

L’identité pigüense, aujourd'hui argentine mais encore fortement matinée de culture aveyronnaise (expressions et toponymie occitane, gastronomie, culture, etc.) nous rappelle que l’Occitanie fut autant terre d’immigration que d’émigration au cours de son histoire. De ces migrations d’occitanes demeure une diaspora qui conserve une part de son occitanité, ici en Argentine ou là en Calabre. 

L'Eldorado argentin

Au XIXe siècle, les problèmes que connaît la viticulture aveyronnaise conduit de nombreux habitants à rechercher des cieux plus cléments en France, en Europe ou à l'étranger. L'Argentine et ses grands espaces constituent une terre d'élection pour les migrants, dont l'installation est d'ailleurs favorisée par le tout jeune État.

Ancien militaire français ayant participé à des campagnes en Argentine, l'aveyronnais Clément Cabanettes fait partie des pionniers de la colonisation. Fondateur de la première compagnie téléphonique du pays, ce natif de Lassouts fait l'achat de terrains au lieu-dit Pigüe, en plein cœur de la pampa argentine. Des terres qui aux alentours de 1880, sont encore à l'état sauvage, et qu'il lui faut dès lors valoriser.

Faisant la traversée jusqu'à son pays natal, il convainc sur place plusieurs dizaines de familles de quitter un quotidien particulièrement difficile pour tenter l'aventure de l'Eldorado argentin. Après trois mois de voyage, une quarantaine de familles aveyronnaises s'installent ainsi le 4 décembre 1884 à Pigüé.

La jeune colonie prend place dans une zone semi-désertique, ancienne terre des Indiens mapuches à l'origine de son nom. C'est donc dans un espace vierge de l'influence espagnole que les premiers colons aveyronnais fondent leur cité nouvelle. Les débuts s’avèrent particulièrement difficiles. Les colons découvrent des conditions climatiques et de culture très différentes de celles qu'ils connaissaient en Aveyron. Mais ces obstacles ne freinent pas l'arrivée continue de nouveaux migrants attirés par les promesses du Nouveau Monde, et la population croît de façon exponentielle. La situation des habitants de Pigüé va par ailleurs s'améliorer dès les débuts du XXe siècle.


Pigüe l'occitane ?

Les premières décennies de Pigüé sont marquées par une forte endogamie au sein de la communauté aveyronnaise. Celle-ci favorise d'autant la transmission de la culture et de la langue occitanes, encore confortée par le flux constant de nouveaux migrants aveyronnais jusqu'au début du XXe siècle. Les veillées, cérémonies et réunions de famille sont autant d'occasion de se remémorer le pays quitté, à travers récits et chansons en occitan, au rythme de la bourrée. La présence d'une paroisse et d'une institutrice françaises dès les premiers temps de la fondation puis, la création d'associations viennent conforter la permanence de cette langue et, dans une moindre mesure, celle de l'occitan.

La langue d'oc est en effet la première victime de l'assimilation progressive à la société argentine des colons aveyronnais, tout particulièrement celle des seconde et troisième générations. Une acculturation favorisée par de nombreux facteurs : politique assimilatrice de l'État argentin sous la présidence Sarniento, proximité linguistique, mais également, ici comme ailleurs, rejet plus ou moins conscient des jeunes générations d'un « patois domestique »  jugé incompatible avec la progression sociale dont bénéficient peu à peu la plupart des Pigüenses.

Cartes de l'Aveyron et de Pigüé sur un mur de la ville. Photographie de Jiròni B. CC-BY-SAAvant même la rupture provoquée par la première guerre mondiale entre colons de Pigüe et leurs familles demeurées en France – la réussite affichée par les cousins argentins mais surtout la démobilisation lors du conflit sont alors sources d'amertume - l'occitan va progressivement être abandonné par les Rouergats au profit d'abord du français puis du castillan. Ainsi, si la langue perdure quelques années encore dans la sphère publique, apparaissant çà et là dans la presse locale qui publie ponctuellement mais de plus en plus rarement des textes en occitan (cf. El Independentie du 13 octobre 1901, « Fraire Bourtoumiéu de Louiset »), elle est progressivement reléguée aux grands temps de la vie familiale et fêtes traditionnelles, sans disparaître complètement.

Dans les années 1970, une équipe de chercheurs toulousains se rend à Pigüé pour se pencher sur l'histoire et l'évolution de cette ancienne enclave aveyronnaise en Argentine. L'ancienne colonie est depuis devenue une ville et compte alors près de 12 000 habitants, dont 30 à 40% attestent des origines aveyronnaises. Surtout, près de 90 ans après sa fondation, une grande part de la population de Pigüé parle encore l'occitan (12% - une tranche uniquement composée d'individus de plus de soixante ans) et beaucoup la comprennent (70%).(cf. Les Aveyronnais dans la pampa, fondation, développement et vie de la colonie aveyronnaise de Pigüé de 1884 à 1992, Éditions Privat, Toulouse, 1977, p.265).

Pigüe et la France

Pigüé n'est plus aujourd'hui à proprement parler une enclave occitane ou même française. Les liens entre la France et ses « cousins » d'Amérique, demeurent malgré tout étroits, en dépit de la parenthèse de l'entre-deux-guerres. En 1984, un groupe d'Aveyronnais se rend ainsi à Pigüé pour célébrer les cent ans de sa création par ces colons originaires de leur département, et dont le rôle est aujourd'hui encore inscrit dans la pierre, sur les plaques de rue comme celle de la « C. de Rodez ».

Si les exemples de migrants de pays d'oc installés en Argentine sont légions, Béarnais et Mazamétains notamment, Pigüé demeure un exemple rare d'une colonie occitane organisée au cœur de la pampa.

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Presse et revues anciennes occitanes et catalanes en Languedoc-Roussillon
CIRDOC - Institut occitan de cultura
Emportées dans un mouvement général de revendications culturelles lié au Printemps des peuples européens, les élites occitanophones et catalonophones de France et d’Espagne animent à partir des années 1850 deux mouvements renaissantistes : la Renaixença en Catalogne espagnole et la Renaissance d’oc dominée par le Félibrige provençal autour de l’écrivain Frédéric Mistral.
Langues-sœurs parfaitement intercompréhensibles, le catalan et l’occitan partagent un brillant héritage littéraire, celui des troubadours et de la littérature courtoise du Moyen-Âge. Face à une relégation officielle des deux langues dans le domaine de l’oralité, les félibres comme les catalanistes vont engager une bataille de l’écrit qui donne lieu à une floraison de publications périodiques : almanachs, revues, journaux, etc.

Les premières revues occitanes du Languedoc-Roussillon



Pour le Félibrige naissant les journaux et revues vont constituer un moyen privilégié de propagation de normes d’écriture, d’une pensée de l’unité de la langue malgré la diversité des dialectes régionaux, de la valeur esthétique et littéraire de l’expression d’oc, de revendications pour la reconnaissance officielle face à une politique “d’éradication des patois” à son apogée sous la IIIe République.
Proche culturellement et linguistiquement de la Provence, c’est Nîmes qui est la première tête de pont de la renaissance félibréenne en Languedoc-Roussillon, et voit paraître dès 1876 un journal hebdomadaire, Dominique qui devient La Cigalo d’or en 1877. Il s’impose comme une des plus importantes revues littéraires occitanes et fait connaître les textes de grandes plumes de la fin du XIXe siècle, comme Théodore Aubanel, le “Musset provençal”, qui y publie pour la première fois les sensuelles Fiho d'Avignoun, qui lui valent une condamnation de l'Église.
Fleurissent également dans toute la région des revues d’intérêt plus local, organes de défense et illustration de chaque “petite patrie” de la grande Occitanie rêvée et chantée par les écrivains de la renaissance occitane. Ces revues qui mêlent littérature, arts et traditions populaires sont aussi les organes d’information des activités du mouvement félibréen, elles sont publiées par des “escolos” (écoles) locales. Pour la région de Montpellier, c’est La Campana de Magalouna, qui publie 437 numéros entre 1892 et 1933. Béziers prend naturellement son animal totémique pour emblème avec Lou Camel créé en 1904 tandis que Narbonne aura de 1911 à 1949 sa Cigalo Narbouneso.
Le Roussillon catalanophone connaît quant à lui la double influence de la Renaixença et de l’activité félibréenne. C’est d’ailleurs dans le plus pur schéma félibréen, que “l’escola del Canigó” (école du Canigou) fonde la revue Montanyes Regalades : revista tradicionalista del rosselló à partir de 1915 en opposition à la Revue catalane, déjà engagée dans le modernisme catalan parti de Barcelone. 

Titre numérisés accessibles sur La Plateforme de la Région Languedoc-Roussillon : 

  • Camel (Lou)

Journal risoulhè è artistiqué, bado cado quinzéno
Lou Camel est un journal bimensuel publié à Béziers de 1904 à 1906 puis de 1922 à 1927. Le journal est publié en occitan, son premier directeur est Laurent Hot, les principaux collaborateurs sont René Fournier, Jean Laurès, Pierre-J. Bédard, Melchior Barthes, Félix Niel.

Emile Barthe (1874-1939), félibre majoral, en devient directeur en 1922 et installe son siège chez lui au Café des félibres sur les allées Paul Riquet.
Lou Camel est le journal humoristique, littéraire et artistique des félibres biterrois. Il contient des chroniques, feuilletons, pièces, actualités, brèves et extraits des œuvres d’auteurs biterrois. Il contient des publicités. Tiré à 300 exemplaires à sa parution, il atteint 3000 au bout de 2 ans.


  • Campana de Magalouna (La) / Lou Souc de Nadau

Journal poupulàri que parei lou 1è e lou 15 de toutes lous meses
Journal bimensuel publié à Montpellier de 1892 à 1933, soit 437 numéros, (avec plusieurs interruptions) par François Dezeuze (1871-1949, dit l’Escoutaïre) et Edouard Marsal (1845-1929). La Campana de Magalouna est un journal populaire, Lou Souc de Nadau est le titre de son supplément de Noël.

Chaque numéro, entièrement rédigé en occitan, contient une chronique, des poèmes, des textes sur l’histoire littéraire de la région, des chansons, des devinettes ainsi que des publicités.
Max Rouquette y publiera son premier texte à l’âge de 19 ans, en 1927, Lou paure ome e la Crous sous le pseudonyme de Max Cantagril.


  • Cigalo narbouneso (La)

Revisto artistico, literario e risouliero
Revue mensuelle publiée à Narbonne de 1911 à 1949 par l’école félibréenne “La Cigalo Narbouneso”. Fondée par Paul Albarel (1873-1929), ses principaux contributeurs sont Charles Pelissier, Etienne Barraillé, Jules Azema.


  • Dominique (devient La Cigalo d’or)

Journau dóu Gai-Sabé espelissént lou dimenche, publica pèr li felibre de l’escolo de Nimes
Journal hebdomadaire publié à Nîmes en 1876, Louis Roumieux (1829-1894) en est le rédacteur en chef. La publication, suspendue pendant plusieurs mois en raison de démêlés avec la censure, reprend en avril 1877 sous un autre nom : La Cigalo d'or. Le journal disparaît en septembre 1877, au bout de 52 numéros, pour des raisons financières. Alcide Blavet et Albert Arnavielle avec le concours de Louis Roumieux remontent La Cigalo d'or en avril 1889. Elle devient alors l'organe officiel des Maintenances de Languedoc et d'Aquitaine et est publiée à Montpellier.

C'est dans la Cigalo d'or que Li Fiho d'Avignoun de Théodore Aubanel parait pour la première fois. De nombreux félibres de renom y collaborèrent. Il contient de la poésie, des contes, pièces de théâtre, des proverbes, des billets d'humour, des chansons, des fables, etc. Des débats émaillent certains numéros entre les partisans de la terminaison provençale en « o » et les partisans de la terminaison languedocienne en « a ». Les principaux contributeurs sont : Louis Roumieux, Albert Arnavielle, Alcide Blavet, Antonin Glaize, Théodore Aubanel.


  • Montanyes Regalades

revista tradicionalista del rosselló
Perpinya, 1915-1923

Publication en catalan et en français de l’Escola del Canigó (école felibréenne)


>> Consultez l'ensemble de ces revues sur la Plateforme Languedoc-Roussillon

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L'aficha « Òme d'òc, as dreit a la paraula, Parla ! »
CIRDÒC-Mediatèca occitana

Cette affiche, devenue célèbre, est née de la rencontre des étudiants des Beaux-Arts de Paris et du mouvement viticole audois au lendemain de mai 1968. Première affiche occitane conçue en sérigraphie, elle fut à l'origine d'un vaste mouvement de documents revendicatifs qui marqua l'occitanisme des années 1970.

Description matérielle

Affiche, sérigraphie, 115 × 76 cm.

Exemplaires conservés

CIRDÒC, Département Iconotèca.

Histoire et contexte

Les conditions de production de cette affiche sont bien connues grâce au témoignage du chanteur Claude Marti, publié dans son récit autobiographique Homme d'Oc (Paris : Stock, 1975) :
« Un jour, je suis appelé chez Claude Rives [cultivateur, actif dans les mouvements viticoles audois]. Avec lui, plusieurs camarades viticulteurs et quelques jeunes des Beaux-Arts, je crois, qui étaient venus me proposer leurs services. On me dit : "Voilà : le moment est venu de lier la révolution et l'occitanisme. On va faire une affiche." […] Les gens des Beaux-Arts expliquent ce qu'est la sérigraphie, et puis nous disent : "Pour la première, on va vous faire le dessin que vous voudrez." Et nous avons décidé de représenter simplement une silhouette d'homme debout avec ces mots : Òme d'Òc, as dreit a la paraula, parla ! […] Nous l'avons tirée à des centaines et des centaines d'exemplaires, que nous avons répartis entre les différents groupes qui s'étaient créés spontanément, et c'est ainsi qu'elle a été collée un peu partout dans l'Aude. Elle a eu un effet multiplicateur immédiat : plusieurs autres groupes se sont créés, qui ont pris le nom de Comités d'Action Occitans (C.A.O.) et ces CAO à leur tour ont commencé à peindre, à coller des affiches, à faire des articles dans les journaux. »

C'est en 1968, à Alzonne, chez Claude Rives, que fut réalisée la première affiche Òme d'Òc, as dreit a la paraula, Parla ! Elle fut tirée à des centaines d'exemplaires.

La sérigraphie demande peu d'investissement : un cadre de bois tendu de soie, un vernis obturateur, de l'encre sérigraphique, une raclette et du papier. Des objets que les militants trouvaient facilement dans les tombées des imprimeries de journaux.

Postérité de l’œuvre

L'affiche Òme d'Òc, as dreit a la paraula, Parla ! bénéficie encore d'une grande notoriété. Son message, repris en chanson par Claude Marti et plus récemment Philippe Vialard, est régulièrement utilisé par les partis régionalistes et associations revendicatives et se décline en plusieurs variations (Òme et Femna d'Òc …).
L'affiche sérigraphiée fut le média occitan par excellence des années 1970, popularisant les concerts des chanteurs et des chanteuses de la « Nòva cançon occitana », les représentations du théâtre populaire occitan du Teatre de la Carrièra, et surtout rendant visible une parole occitane au sein des grands mouvements sociaux et politiques de l'époque, de la lutte des paysans du Larzac aux premières mobilisations antinucléaires lors de la construction de la centrale de Golfech près de Toulouse en passant par les manifestations des viticulteurs du Bas-Languedoc. Ces affiches ont joué un rôle important pour l'audience des mouvements occitanistes dans les années 1970, pour la socialisation des termes « occitan » et « Occitanie », et aussi pour la découverte par les locuteurs traditionnels de normes d'écriture de l'occitan, avec la graphie dite classique, mises au point au cours du XXe siècle. À partir de 1968, l'Occitanie se couvre d'affiches de revendications qui rappellent, par leur style et leur technique, celles qui avaient été diffusées à Paris pendant les événements de mai 1968.

Critiques et réception de l’oeuvre

En mai 1968, de nombreux mouvements étudiants et syndicaux ont agité les villes et régions occitanes. Cependant, les revendications en occitan ou pour l'occitan sont restées très marginales dans les manifestations, les tracts, les affiches. Mai 1968 n'en demeure pas moins le point de départ d'un mouvement qui a popularisé auprès des habitants des régions occitanes les mots même d'« occitan » et d' « Occitanie », transformant considérablement les conceptions de la langue et de la culture occitanes dans un contexte de crise de la transmission linguistique.

Ressources numériques

Accéder à l'atelier pédagogique "La lenga s'aficha"
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