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Bernadau, Pierre (1762-1852)
Dès les débuts de la Révolution française des députés provenant de circonscriptions de langue occitane, flamande, bretonne, basque, etc. ont proposé de traduire dans les « idiomes qu'on parle dans les différentes parties de la France » les lois et décrets de la nouvelle Assemblée constituante afin d'obtenir l'adhésion du peuple non francophone. Ces initiatives, en rupture avec la politique linguistique de l’Ancien régime, aboutissent à l'adoption du décret du 14 janvier 1790 prévoyant la traduction systématique des lois et décrets.
Si cette « politique des traductions » a été dans les faits très laborieuse dans sa mise en œuvre, très imparfaite dans ses réalisations, et au final assez peu soutenue, elle produisit cependant un important corpus de traductions des textes officiels en langues de France, en particulier en occitan, vaste domaine géolinguistique, massif en termes de nombre de locuteurs. Cette politique prend fin en 1793-1794 avec la mise en place d’une politique « d’éradication des patois » autour du fameux Rapport de l'abbé Grégoire.

La traduction de Pierre Bernadau

Cette traduction de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen par le bordelais Pierre Bernadau (1762-1852), si elle est la plus connue, n'est donc pas la seule. Elle doit sa célébrité pour avoir été envoyée en réponse à l’enquête de l’abbé Grégoire. Elle est cependant assez classique dans ses intentions et ses choix linguistiques : sur le plan politique il s’agit de rendre intelligible pour le peuple, en particulier paysan, les progrès et droits octroyés par l'Assemblée afin d’obtenir son adhésion ; sur le plan linguistique, le traducteur recherche une langue occitane assez largement compréhensible en dépit des variations locales. Pour Bernadau, ce sera l'occitan parlé autour de lui sur les quais du port girondin, un gascon très influencé de languedocien, sorte d’occitan unifié intercompréhensible dans tous les pays de Garonne. Le texte français est donné en interligne afin de pouvoir vérifier sa fidélité à l’original.  Pour autant, la traduction de Bernadau est considérée peu fidèle, en tout cas assez libre, par rapport au texte original
Bernadau n’avait sans doute pas établi cette traduction pour le seul Grégoire mais devait l’avoir préparée pour le public bordelais puisque l’on sait qu’il s’engagea pour la politique des traductions.

Le manuscrit 

Le manuscrit conservé est celui envoyé à l'abbé Grégoire en réponse à son enquête préparatoire au Rapport qui scellera la politique « d’éradication des patois » à partir de 1793-1794.
Il est probable que Bernadau, patriote bordelais et poète occitan occasionnel, n'entretenant pas les mêmes représentations que Grégoire sur les « idiomes » en usage dans le pays, ait fait preuve d'ironie voire de provocation dans sa réponse en envoyant cette traduction occitane de la « sainte Déclaration » pour reprendre ses propres termes.
Dans sa réponse au questionnaire - les questions de Grégoire sont pour beaucoup orientées défavorablement pour les « patois » - Bernadau indique qu'il transmet ses réponses bien qu'il n'ait « saisi qu’imparfaitement le sens des questions [posées] aux patriotes ».

Le manuscrit est conservé dans le fonds de l’abbé Grégoire à la Bibliothèque de la Société de Port-Royal (ms. REV 222) qui a aimablement fourni cette reproduction. 

Il a été publié par Augustin Gazier dans : « Lettres à Grégoire sur les patois de France », revue des langues romanes (1874-1879).
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Bibliothèque nationale de France - Département des manuscrits - NAF 2798
Centre inter-régional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)

Histoire du fonds

 

 

 

 

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Description du fonds

“Papiers de Henri GRÉGOIRE, curé d'Embermesnil, depuis évêque de Blois, sur les patois de la France.”

Recueil factice de 121 f. manuscrits contenant une partie des réponses à la circulaire de l’abbé Grégoire sur les “patois” et de nombreuses pièces en langue de France envoyées avec les réponses, notamment la pièce « Jammeto et Ramoun”, comédie en six actes, en occitan, très populaire dans la région de Carcassonne au XVIIIe siècle.

Ce recueil de manuscrits complète la documentation sur l’enquête Grégoire conservée à la Bibliothèque de la Société de Port-Royal (REV 222 et 223). Il était inconnu d’Augustin Gazier, qui publia à partir de 1874 dans la Revue des langues romanes les matériaux rassemblés par l’enquête Grégoire : RLR. t. V, 1874 ; articles rassemblés en monographie : Augustin Louis GAZIER, Lettres à Grégoire sur les patois de France, 1790-1794 : documents inédits sur la langue, les moeurs et l’état des esprits dans les diverses régions de la France au début de la Révolution ; suivi du Rapport de Grégoire à la Convention… Paris : A. Durand et Pedone-Lauriel, 1880 (reprint : Genève : Slatkine, 1969).

 

 

 

 

 

 

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Bibliothèque de la Société de Port-Royal. Paris - Abbé Henri Grégoire : Enquête sur les patois (1790-1794)
Bibliothèque de la Société de Port-Royal. Paris
Centre inter-régional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)

Histoire du fonds

La bibliothèque de la Société de Port-Royal est une bibliothèque privée spécialisée dans l’histoire religieuse de la France moderne. La collection est constituée au cours du XVIIIe siècle par des fidèles du jansénisme. Passée de mains en mains, la collection est vendue et dispersée à la Révolution. C’est en 1802 qu’une société est fondée pour faire vivre le patrimoine et le souvenir du jansénisme et de Port-Royal des Champs. L’important fonds de livres et de manuscrits provenant de la collection de l’abbé Henri Grégoire a été transmis par son secrétaire, l’abbé Jean-Louis Rondeau puis par Gabriel Girard, prêtre de la paroisse Saint-Séverin. La Société Saint-Augustin, ancêtre de la Société de Port-Royal l'a reçu en 1840.

Le fonds de l’abbé Henri Grégoire conservé à la Bibliothèque de la Société de Port-Royal rassemble des imprimés et des manuscrits provenant de l'abbé révolutionnaire et représente une importante documentation sur la Révolution française. Les manuscrits du fonds Grégoire comprennent de nombreuses correspondances reçues par l’abbé Grégoire pendant la Révolution, dont une partie concerne l’Enquête sur les patois de 1790-1794, première grande enquête menée en France sur la situation sociolinguistique.

Modalités d'entrée :

Legs

Accroissement :

Fonds ouvert (le fonds s’accroît régulièrement de documents sur la Révolution française)

Description du fonds

La Bibliothèque de la Société de Port-Royal conserve une grande partie des matériaux produits par l’enquête de l’abbé Henri Grégoire sur les « patois » entre 1790 et 1794. L’autre partie est conservée à la Bibliothèque nationale de France (BnF- Dpt des manuscrits - NAF 27981). Contenu :

- Ms. REV 222 : recueil factice contenant les réponses à la circulaire de l’abbé Grégoire.

- Ms. REV 223 : recueil factice contenant des pièces imprimées en « patois » envoyées à Grégoire en même temps que les réponses à la circulaire.

La plupart des documents réunis dans ces deux recueils ont été publiés par Augustin Gazier dans la Revue des langues romanes à partir de 1874 (t. V) puis en monographie : Augustin Louis GAZIER, Lettres à Grégoire sur les patois de France, 1790-1794 : documents inédits sur la langue, les mœurs et l’état des esprits dans les diverses régions de la France au début de la Révolution ; suivi du Rapport de Grégoire à la Convention… Paris : A. Durand et Pedone-Lauriel, 1880 (reprint : Genève : Slatkine, 1969). En revanche, Augustin Gazier n’avait pas connaissance du recueil BnF-NAF 2798, resté inédit.

Dates extrêmes :

- réponses à l'enquête de l'abbé Grégoire : 1790-an III

- pièces justificatives : 1687-an II

Langues représentées dans le fonds :

français, alsacien, basque, breton, occitan (tous dialectes), dialectes de langue d'oïl (berrichon, bourguignon-morvandiau, franc-comtois, picard, poitevin-saintongeais, wallon)

Importance matérielle :

2 recueils factices : 100 + 22 ms.

Supports représentés :

Manuscrits, imprimés

Pour le consulter

Identifiant du fonds :

Ms. REV

Instruments de recherche disponibles :

Sur le site de la bibliothèque

Répertoire national des bibliothèques et fonds documentaires (RNBFD)

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ladialectologiea01popsuoft_0393.jpg
La dialectologie : Aperçu historique et méthodes d'enquêtes linguistiques / Sever Pop
Pop, Sever (1901-1961)
Sever POP (1901-1961) est un linguistique roumain, spécialiste de la dialectologie et de la géographie linguistique.

En 1950, il publie cet ouvrage de synthèse qui demeure une des rares histoire générale et complète des enquêtes linguistiques et études dialectologiques.

Cet ouvrage fait une grande place aux enquêtes linguistiques et travaux dialectologiques en France de la Révolution jusqu'au XXe siècle et en particulier sur les travaux concernant la langue occitane. 

La Dialectologie : aperçu historique et méthodes d'enquêtes linguistiques représente un manuel accessible sur l'histoire de la dialectologie, l'évolution des méthodes d'enquête mais aussi sur les représentations des élites et des institutions concernant les langues minorisées en Europe. 

>> Accéder au document  sur Archive.org
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Rapport sur la nécessité et les moyens d'anéantir les patois / par l'abbé Grégoire (1794)
Grégoire, Henri (1750-1831)
France. Convention nationale. Comité d'instruction publique
Rapport de l'abbé Henri Grégoire présenté à la Convention nationale le 16 prairial an II (4 juin 1794). Le Rapport de l'abbé Grégoire a été préparé par la première grande enquête nationale sur la situation sociolinguistique de la France. Il marque le début d'une politique d'uniformisation linguistique.
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Enquêtes linguistiques sur l'occitan en France de 1790 à nos jours

Cet article "Corpus" propose une synthèse historique sur les grandes enquêtes linguistiques intéressant la langue occitane menées depuis la Révolution française jusqu’à nos jours. Il décrit et signale également la documentation et les archives liées aux différentes enquêtes et vous donne accès à la documentation disponible en ligne. 

1/ « L’Enquête sur les patois » ou « Enquête de Grégoire » (1790-1794)


Source : http://www.bib-port-royal.com/gregoire.htmlL'enquête menée de 1790 à 1794 par l'abbé Henri Grégoire (1750-1831), député de l'Assemblée constituante puis de la Convention nationale n'est pas une enquête administrative de statistique officielle, même si elle est soutenue par les institutions révolutionnaires. L’abbé Grégoire mène un projet à visée politique et dont le but est clairement un « inventaire avant disparition » (Merle, 2010). Le questionnement sur les « patois » s'accompagnait d'ailleurs de nombreuses demandes relatives aux mœurs et à la moralité du peuple. Pour autant, l’entreprise de l’abbé Grégoire est bien la première enquête s’intéressant à la sociologie linguistique de la France, avec un questionnaire comportant quarante-trois rubriques. L'enquête Grégoire sollicitait les sociétés patriotiques des Amis de la Constitution et non les administrations.
Elle donna lieu au Rapport sur la nécessité d’anéantir les patois et d’universaliser l’usage de la langue française, présenté par l’abbé Grégoire au nom du Comité d’Instruction publique devant la Convention nationale le 16 prairial an II.

> Sources et fonds documentaires :

Les matériaux et documents produits pour l’enquête (réponses à la circulaire de l’abbé Grégoire, envoi d’imprimés en langues de France) sont répartis entre deux fonds documentaires :

- Bibliothèque de la Société de Port-Royal - Fonds de l’abbé Henri Grégoire >> fiche de fonds

- Bibliothèque nationale de France, NAF 2798 >> fiche de fonds

> Documentation en ligne sur Occitanica :

Voir tous les documents sur l’enquête Grégoire disponibles sur occitanica

> Bibliographie :

Voir tous les documents ayant pour sujet l’enquête Grégoire dans le Trobador, catalogue collectif de la documentation occitane.


2/ Enquête impériale sur les patois, aussi appelée « Enquête de Coquebert de Montbret » (1807-1812)

 

Source : Page de titre des Mélanges sur les langues, dialectes et patois (coll. CIRDÒC-CAC 7763) L'Enquête impériale sur les patois, menée entre 1807 et 1812, est la première enquête de linguistique officielle, organisée par le bureau de la Statistique du ministère de l'Intérieur. Elle a été conduite par le savant Charles-Etienne Coquebert de Montbret et son fils Eugène, grands érudits et spécialistes des langues. La méthode de l'enquête est très différente de celle de l'enquête de l’abbé Henri Grégoire qui poursuivait un but politique plus que sociolinguistique ou scientifique, celui de prouver « la nécessité » et de trouver « les moyens d'anéantir les patois et d'universaliser l'usage de la langue française ». L’enquête impériale met en place une méthode proche de la dialectologie moderne en demandant, commune par commune via l’administration départementale, la traduction systématique d’un même texte, la Parabole de l'enfant prodigue. Interrompue en 1812, elle est resté inachevée.

Une partie des traductions de la Parabole de l’enfant prodigue en langues de France recueillies au cours de l’Enquête impériale a été publiée par Eugène Coquebert de Montbret dans les Mélanges sur les langues, dialectes et patois  : renfermant, entre autres, une collection de versions de la Parabole de l'enfant prodigue en cent idiomes ou patois différens, presque tous de France… Paris : Delaunay, 1831.

Les archives de l’enquête ont été dispersées, une partie semble perdue. La documentation sauvegardée se trouve pour une bonne partie au sein du fonds Charles-Etienne et Eugène Coquebert de Montbret à la Bibliothèque municipale de Rouen, à la Bibliothèque nationale de France, aux Archives nationales et dans plusieurs Archives départementales.

> Sources et fonds documentaires

- Bibliothèque Municipale de Rouen, Fonds Coquebert de Montbret … >> fiche de fonds

- Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, «  Notes et documents sur les patois de la France » : NAF 5910-5914 >> Fiche de fonds

- Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, Collection Coquebert de Montbret (volumes « Linguistique ») : NAF 20080-20081 >> Fiche de fonds

- Archives Nationales, F/17/1209 :  “Enquête sur les patois”

> Documentation en ligne sur Occitanica :

Voir tous les documents sur l’Enquête impériale sur les patois disponibles sur occitanica

> Bibliographie :

Voir tous les documents ayant pour sujet l’Enquête impériale sur les patois dans le Trobador, catalogue collectif de la documentation occitane.


3/ Enquête du Ministère de l'Instruction publique, dite « Enquête de Victor Duruy »


Victor Duruy, ministre de l’Instruction publique sous le Second Empire de 1863 à 1869, lance en 1864 une enquête statistique destinée à mieux connaître la situation de l’enseignement primaire en France. L’enquête de 1864 se démarque des enquêtes précédentes par le degré de précision du questionnaire, destiné à dresser un tableau très précis de la situation de l’enseignement primaire en France. Par la circulaire du 28 mai 1864, le ministre Duruy adresse aux préfets un questionnaire qui devait être renseigné par les inspecteurs primaires, les inspecteurs d’académie et les recteurs, devant y ajouter un rapport d’ensemble concernant leurs circonscriptions scolaires.

Pour la première et la seule fois dans l’histoire de la statistique scolaire en France, le questionnaire comprend une rubrique sur les “idiomes et patois en usage” :

“ Existe-t-il des écoles où l’enseignement est encore donné en patois exclusivement ou en partie ? Nombre des écoles où l’enseignement est donné en totalité en patois ? En partie seulement ? Combien d’enfants savent le parler sans pouvoir l’écrire ? Quelles sont les causes qui s’opposent à une prompte réforme de cet état de choses ? Quels sont les moyens à employer pour le faire cesser. Joindre au rapport un fragment du patois ou de l’idiome avec la traduction littérale.” (circulaire du 28 mai 1864, publiée dans : Bulletin administratif du ministère de l’Instruction publique, nouvelle série, t. I, Paris, 1864).

Les directives données en font une enquête statistique particulièrement précise et développée et surtout, en intégrant dans un questionnaire précis sur les usages linguistiques dans les écoles et parmi les enfants, l’enquête Duruy produit jusqu’à l’enquête INSEE “Étude de l’histoire familiale” de 1999, la seule matière documentaire permettant une connaissance statistique assez précise de la situation sociolinguistique à l’échelle de la France.

> Sources et fonds documentaires :

Archives Nationales F/17/3160 : Instruction publique : “Statistique. États divers.” Ce dossier donne le résumé par département des réponses données à l’enquête du Ministère de l’Instruction publique de 1864. Les réponses à l’enquête du Ministère de l’Instruction publique de 1864 semblent ne pas avoir été conservées.


4/ La mission Tourtoulon-Bringuier (1873-1875)


En 1873, Charles de Tourtoulon et Octavien Bringuier, deux philologues félibres de l’école de Montpellier entreprennent une mission pour la Société pour l'étude des langues romanes, soutenue par le ministère de l’Instruction publique (arrêtés ministériels du 2 mai et du 11 juin 1873) en vue de déterminer la limite entre la langue française et la langue occitane ou domaine d’oïl et domaine d’oc. La mission Tourtoulon-Bringuier est la première grande enquête linguistique nationale fondée sur une enquête de terrain armée d’une méthodologie scientifique : les études sont menées sur les lieux mêmes, par les mêmes personnes, afin que le même esprit préside à l'ensemble des recherches, et aussi pour que les nuances phonétiques, si difficiles à noter exactement, le soient par les mêmes personnes. Ils mettent au point un alphabet phonétique et des critères linguistiques déterminés par avance.

L’Enquête Tourtoulon-Bringuier est menée au cours de deux missions : la première de l’embouchure de la Gironde jusqu’en Creuse, puis une seconde de la Creuse jusqu’en Allier. Seule la documentation de la première enquête est connue et accessible. Elle concerne 150 communes d’enquête et environ 500 personnes interrogées.

Les résultats de l’enquête Tourtoulon-Bringuier, publiés en 1876 dans un rapport au Ministre de l’Instruction publique intitulé “Étude sur la limite géographique de la langue d'oc et de la langue d'oïl” amèneront à repenser la conception des frontières linguistiques de façon non linéaires mais forcément approximatives.

L’école philologique de Paris dirigée par Gaston Paris et Paul Meyer lancent une contre-enquête dans le département de la Creuse, menée par Antoine Thomas (40 communes du sud de la Creuse).

La mission Tourtoulon-Bringuier, menée sous l’égide de la Société pour l’étude des langues romanes, qui s’oppose à l’école philologique de Paris, et dont les membres étaient proches, voire actifs dans la renaissance occitane félibréenne, se démarque également dans ses motivations idéologiques, comme l’a noté Guylaine Brun-Trigaud : “Son but officiel consistant à déterminer la limite oc-oïl pour toute la France, mais on peut penser qu’il s’agissait par ce biais d’évaluer le territoire que pourraient légitimement revendiquer les félibres, qui, depuis 1854, prônaient un retour de la langue et de la culture occitanes, autour de la personnalité de Mistral” (“Les enquêtes dialectologiques sur les parlers du Croissant : corpus et témoins”, Langue française. Vol. 93, n°1, 1992. En ligne)

> Documentation publiée :

Étude sur la limite géographique de la langue d'oc et de la langue d'oïl Premier rapport à M. le Ministre de l'Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts. Extrait des Archives des Missions scientifiques et littéraires, troisième série - tome troisième, Paris, Imprimerie Nationale, 1876. >> En ligne

> Sources et fonds documentaires :

Archives nationales F/17/2943 : Ministère de l’Instruction publique : Octavien Bringuier - Dossier sur la mission en France ayant pour but d’étudier la limite entre les parlers d’oc et les parlers d’oïl.

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Letras a Gregoire sus los pateses de França
Grégoire, Henri (1750-1831)
Gazier, Augustin (1844-1922)
De 1790 a 1794, l'abat Henri Grégoire, deputat a la Constituenta puèi a la Convencion, mena la primièra granda enquèsta sus las lengas parladas en França. Adreça lo 13 d'agost de 1790 una letra-circulara a las diferentas societats patrioticas que conten cuarenta tres questions relativas als usatges lingüistics e a las costumas dels estatjants de las províncias. Se l'entrepresa de Grégoire s'inscriu clarament dins un projècte politic d'uniformizacion lingüistica e « d'anientament dels pateses », la documentacion produsida per Grégoire per l'enquèsta representa una sorsa importanta per la coneissença de la situacion sociolingüistica de França al moment de la Revolucion. L'enquèsta abotiguèt al Rapport sur la nécessité d’anéantir les patois et d’universaliser l’usage de la langue française, presentat per l’abat Grégoire al nom del Comitat d'instruccion publica davant la Convencion nacionala lo 16 de prairial de l'an II.

A partir de 1874, Augustin Gazier (1844-1922), mèstre de conferéncia a la Sorbonne, dirigís la bibliotèca de la Societat de Port-Royal a París que consèrva una granda part de las correspondéncias e dels archius de l'abat Grégoire (ne saber + sul fons de l'abat Henri Grégoire conservat a la Bibliotèca de la Societat de Port-Royal). Entrepren la publicacion de las responsas mandadas a l'abat Grégoire dins lo quadre de son enquèsta Lingüistica. Las « Lettres à Grégoire sur les patois de France » son estadas publicadas per Augustin Gazier dins la Revue des langues romanes en quinze liurasons de 1874 (seria 1, t. V) fins a 1879 (seria 3, t. I) puèi publicadas en monografia en 1880 :
Augustin GAZIER, Lettres à Grégoire sur les patois de France, 1790-1794 : documents inédits sur la langue, les moeurs et l’état des esprits dans les diverses régions de la France au début de la Révolution ; suivi du Rapport de Grégoire à la Convention… Paris : A. Durand et Pedone-Lauriel, 1880 (reprint : Genève : Slatkine, 1969).

Consultar las « Lettres de Grégoire sur les patois de France » (Revue des langues romanes, 1874-1879)

[1] RLR, 1874, série 1, t. V : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k19828x/f422
Conten : introduction d'A. Gazier ; réponse d'Auguste RIGAUD, Montpellier, 28 janvier 1791 ; réponse de la Société des Amis de la Constitution, Carcassonne, s. d.

[2] RLR, 1874, série 1, t. VI : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k198298/f581
Conten : réponse de la Société des Amis de la Constitution, Carcassonne, s. d. (suite).

[3] RLR, 1875, série 1, t. VII : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k19830g/f111
Conten : réponse de la Société des Amis de la Constitution, Carcassonne, s. d. (suite et fin ; réponse de François Chabot, Saint-Geniès, Aveyron, 4 septembre an II [1792].

[4] RLR, 1875, série 1, t. VIII : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k19831t/f71
Conten : réponse d'aun anonyme, s. l., s. d. [Bas-Languedoc, Roussillon ou Cerdagne] ; réponse de Sénard, Toulouse, 1er septembre 1790 ; réponse de la Société des Amis de la Constitution d'Auch, département du Gers, s. d.

[5] RLR, 1876, série 2, t. I : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k198325/f276
Conten : réponse de la Société des Amis de la Constitution d'Auch, département du Gers, s. d. (suite)

[6] RLR, 1876, série 2, t. II : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k19833h/f28
Conten : réponse de la Société des Amis de la Constitution d'Auch, département du Gers, s. d. (suite et fin) ; réponse de Grégoire curé des Palais, Valence-d'Agen, 27 février 1791 ; réponse de Chaudon, Mézin (Lot-et-Garonne), 30 messidor an II [18 juillet 1794].

[7] RLR, 1877, série 2, t. III : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k19834v/f178
Conten : réponse de Pierre Bernadau, Bordeaux, 4 septembre 1790 (et aussi : traduction en occitan par P. Bernadau de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, 10 septembre 1790).

[8] ibid. : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k19834v/f230 
Conten : réponse de Pierre Bernadau, Bordeaux, sept. 1790-janvier 1791 (suite) ; réponse de la Société des Amis de la Constitution de Mont-de-Marsan (dépt. des Landes), s. d.

[9] RLR, 1877, série 2, t. IV : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k198356/f213
Conten : réponse de la Société des Amis de la Constitution de Mont-de-Marsan, s. d. (suite) ; réponse de la Société des Amis de la Constitution du club de Périgueux (Dordogne), Périgueux, 28 novembre 1790 ; réponse du citoyen Dithurbide (sur le basque), Lectoure, 1er messidor an II [19 juin 1794] ; réponse de la Société des Amis de la Constitution de Maringues (Puy-de-Dôme), s. d. ; réponse de la Société des Amis de la Constitution, Limoges, 6 novembre 1790.

[10] RLR, 1878, série 2, t. V : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k19836j/f9
Conten : réponse de Colaud de la Salcette, district de Dire (dépt. de la Drôme), 12 janvier 1792 ; Claude-François Achard, « Syntaxe de l'idiome provençal » présentée au Comité d'Instruction Publique, 1794.

[11] ibid. : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k19836j/f237
Conten : Claude-François Achard, « Syntaxe de l'idiome provençal » (suite) ; réponse de Lorain fils, district de Saint-Claude (dépt. du Jura), 14 septembre 1790 (dialectes bourguignons) ; réponse de Joly, Saint-Claude (dépt. du Jura), 7 septembre 1790 ; réponse de M.-J.-P. Rochejean (Jura ; Ardèche), 15 mars 1791.

[12] RLR, 1878, série 2, t. VI : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k19837w/f51
Conten : réponse de M.-J.-P. Rochejean (Beaumarchais, Seine-et-Marne ; Sully, Loiret), 15 mars 1791 ; (notes de Grégoire) patois de Maconnais, Dombes, Bresse ; (notes de Grégoire) Bourguignon ; réponse de Bernardet, Mazille (Saône-et-Loire), 28 décembre 1790 ; réponse d'Oberlin, Strasbourg, 28 août 1790 (dialecte d'Alsace) ; réponse d'Aubry curé de Bellevaux (duché de Bouillon, région wallonne), 26 février 1792.

[13] ibid. : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k19837w/f169
Conten : réponse d'Aubry curé de Bellevaux (duché de Bouillon, région wallonne), 26 février 1792 (suite : Dictionnaire du patois du duché de Bouillon ; Conjugaison des verbes wallons).

[14] RLR, 1879, série 3, t. I : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k198387/f53
Conten : réponse de J.-B. Hennebert, Saint-Omer, 21 novembre 1790 (dialectes de l'Artois) ; réponse de Vincent Poupart, Sancerre, 9 septembre 1790 (dialectes du Berry) ; réponse de Pressac, curé, Saint-Gaudent (dialectes du Poitou, dépt. de la Vienne), s. d.

[15] ibid. :  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k198387/f183 
Conten : réponse de Pierre Riou, laboureur à Plougonoil, 17 octobre 1790 (breton) ; réponse de [Lequinio ?], s. l., s. d. (breton) ; Appendice : Rapport de Grégoire à la convention ; lettres reçues par Grégoire après 1791.

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Les Français et leurs langues / Brigitte Horiot
Horiot, Brigitte
Texte de la conférence prononcée le 27 septembre 2011 à l'ENS de Lyon par Brigitte Horiot, professeur émérite de l'Université Lyon-III qui retrace les grandes étapes de la connaissance des langues de France et des études dialectologiques, de l'enquête de l'abbé Grégoire jusqu'aux atlas linguistiques régionaux.


Lire l'article :  en cliquant iciCapture d'écran de l'article sur http://cle.ens-lyon.fr/  ©Brigitte Horiot



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