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29c473405e77fb3a3cc503bfe428d3ba
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
RPCO : Repertòri del patrimòni cultural occitan
Repertòri : Òbra
Région Administrative
Languedoc-Roussillon
Graphie
Graphie classique / Grafia classica
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Jorn
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Jorn
Subject
The topic of the resource
Poésie occitane -- Périodiques
Littérature occitane -- Périodiques
Publisher
An entity responsible for making the resource available
CIRDÒC-Mediatèca occitana
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
2019-07-05
Rights
Information about rights held in and over the resource
© CIRDÒC-Mediatèca occitana
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Relation
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Format
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Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
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Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://occitanica.eu/items/show/20959
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
19..
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;"><em>Jorn</em> est une revue trimestrielle publiée de 1980 à 1986 sous la direction de Roselyne Roche. Revue littéraire de création et de critique, les quatorze numéros publiés ont largement contribué au renouveau de l'écriture littéraire en occitan.<br />La publication est née de la rencontre des écrivains Jean-Paul Creissac, Jean-Marie Auzias et Bernard Lesfargues, les principaux collaborateurs seront Philyppe Gardy, Roland Pécout, Jean-Yves Casanova, Françoise Joana, Marie-Jeanne Verny. <br />Revue de création, chaque numéro présente un choix de textes : poèmes, extraits de romans, nouvelles, chroniques. C'est aussi un lieu d'échanges, d'analyse et de critique.<br /><br />Parallèlement à la revue, Jorn publie, en co-édition avec les éditions Fédérop, plusieurs ouvrages parmi lesquels <em>Lo paisatge endemic</em> de Philippe Gardy, <em>Elena</em> de Bernard Manciet, ou encore <em>Médée</em> de Max Rouquette. <br /><br />En 1995, alors que la revue a cessé de paraître, les trois écrivains, Jean-Paul Creissac, Jean-Claude Forêt et Philippe Gardy, prennent la suite de Roselyne Roche à la direction des éditions Jorn. Dans la continuité du projet initial, ils vont publier les plus grands noms de la poésie occitane contemporaine : Max Rouquette, Bernard Manciet, Robert Lafont, Bernard Lesfargues... tout en défrichant de nouveaux territoires en diffusant de nouvelles voix et des talents méconnus.</div>
Occitanica
Jeu de métadonnées internes a Occitanica
Type de Document
Le type dans la typologie Occitanica
Œuvre ou corpus
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Le portail dans la typologie Occitanica
Enciclopèdia
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La catégorie dans la typologie Occitanica
Encyclopédie
Contributeur
Le contributeur à Occitanica
CIRDOC - Institut occitan de cultura
Poesia occitana = poésie occitane
-
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058f99a9df2799df4461169957371594
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52dd65e5356d7f5d9cab95c05895bd3e
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292abdf6c9600ccce1e4fcf0d40e8d8a
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Text
LES FEVILLETS
OCCITANS
LANGVEDOC ROVSSILLON PAYS D'OC
MONTAGNE
NOIRE
Pa r Jean Lebrau
LA RACE OCCITANE
L'ENCLAVE. .
(Suite) Par E. Littré
Par François Desbrosse
MARIUS ANDRÉ — CH. PÉLISSIER
Par Jean Camp
LES LIVRES
Par Fr édéric Saisset et Georges Ville
LES DEUX TÉMOINS (Poème) Par Lo'ys Labèque
PROMENADES
EN OCCITANIE
ARTISTIQUES
Par Paul-Sentenac
BIBLIOGRAPHIE
Par 'Paul-Louis
BOIS
GRAVES
OCCITANE
Grenier
Par Gaspard £%Caillol
Achille l^ouquet, Auguste bouquet.
ORGANE DU GROUPE OCCITAN
3,
RUE
RÉCAIIIER
—
e
PARIS- 7
�Les Feuillets Occitans
Organe Régionaliste des Pays d'Oc
3,
RUE
RÉCAMIER
—
PARIS
VIIE
TÉLÉPHONE : LITTRÉ 53-33 - Compte de Chiques Postaux: Pari» 739-10
Le Siège Social du Groupe Occitan et des Feuillets Occitans étant transféré au
n° 3 de la Rue Récamier, Paris VIIe, toute correspondance y devra désormais être adressée
Pour éviter toute erreur ou retard de transmission, les communicatives destinées
à nos collaborateurs nominativement désignés devront porter en outre la mention en
sous-titre du Groupe ou des Feuillets.
Les réunions hebdomadaires du Groupe auront lieu dans ces nouveaux locaux
chaque Jeudi de 18 à 13 h. 30
Secrétariat Général :
Cros-Mayrevieille — M. Favatier — P. L. Grenier — Paul-Sentenac — Laurent Roques —
Auguste Rouquet — Frédéric Saisset
Les Feuillets Occitans constituent la revue la plus vivante et la plus complète du
mouvement intellectuel et artistique des pays d'Oc, on les trouve dans les Salons des
paquebots de nos principales Compagnies de navigation maritime.
DEPOT
ET
VENTE
A Paris : Librairie " Occitania ", 6, Passage Verdeau ; Hall
des Grands Régionaux, boulevard Montmartre ; Bossard,
126, Boulevard St-Germain ; Librairie Franco-Italienne, 24. rue
du 4-Septembre; Agence des Théâtres 30, avenue de l'Opéra;
Librairies Flammarion et Vaillant ; Librairie Berger Levrault,
boulevard St-Germain; Presses Universitaires de France place de
la Sorbonne; Floury, boulevard Si-Denis;Le Soudier, boulevard
St-Germain; Action Française, rue de Rome. etc.. etc..
En Province : " Occitania " 7, Rue Ozenne à Toulouse ; Librairie Albagnac, boulevard Carnot à Agen ; Librairie Vinas,
Avenue de la République à Béziers ; Michel Jordy père, Editeur
Cité de Carcassonne ; Mme Raynaud, Cité de Carcassonne ;
Librairie Raymond Picquot à Bordeaux; Librairie Baron, Librairie Bousquet, Librairie Caillard à Narbonne ; Librairie Coulet ; Librairie Julia; Librairie Cros; Librairie Palaisac-Valat à
Montpellier ; Librairie Jo-Fabre à Nîmes ; Librairie Ricard ;
Librairie Meyzenc, à Cahors ; Librairie Vertuel à St-Céré. etc..
Aux Colonies : Librairie principale Joannot; Librairie Céréà
Rabat (Maroc) etc.. etc.
Correspondants
Régionaux :
MM. Morini-Comby, à Nîmes; Alida et Pierre Calel, à Gourdon; Brin, au
Caire (Egypte) ; Gaston Vinas, à Béziers ; Docteur Girou, à Carcassonne ;
Maurice Chauvet, à Montpellier; Poujol, à Lodève.
Publicité :
A. Dabadie, 19, rue de Bellefond. Paris Tél. Trudaine 22-13 et à l'imprimerie
des Feuillets : M. Roux 5, rue Saulnier, Paris.
�C.I.D.O.
BÉZIERS
S
O
M
FL
M
t
MONTAGNE
JE$L
E
NOIRE
Par Jean Lebrau
LA RACE OCCITANE
L'ENCLAVE . .
(Suite)
Par E. Littré
Par François Desbrosse
MARIUS ANDRÉ — CH. PÉLISSIER
Par Jean
LES LIVRES
Camp
Par Frédéric Saisset et Georges Ville
LES DEUX TÉMOINS (Poème) Par Lo'ys Labèque
PROMENADES
EN
OCCITAN IE
ARTISTIQUES
Par Paul-Sentenac
BIBLIOGRAPHIE
Par
BOIS
'Paul-Louis
GRAVES
Achille T^ouquet,
Par
OCCITANE
Grenier
Gaspard 3fàaillol
Auguste 'pouquet.
�Notre Enquête
ro ccitanie
x our
Une
Renaissance? de
l esprit occitan et~> de
l'Occitanie, est-elle
possible ?
Le moment est-il venu de procéder à une Organisation du M.idi?
Quels
doivent être l orientation de cet esprit et
le programme de
cette organisations ?
Aussi
bien, devant l inquiétude spirituelle
enquête répond à ce besoin de
nos origines.
de notre
époque,
logique et de clarté que nous
Pourquoi ne pas prendre une conscience plus
cette
tenons de
nette
du
cJiamp illimité qu il offre à notre activité et ne pas envisager une plus
audacieuse
conception
de « l esprit occitan^ >> et de son rôle historique
dans la vie de la natioru ?
Pour nous qui pensons que
l heure est venue de grouper, d orga-
niser et d agir ; pour nous qui voulons, de
producteur
l intellectuel au sportif,
du
à l artiste, donner l expression la plus complète de l âme
et
de la civilisation occitane; pour nous qui voulons que la langue de notre
terroir retrouve son droit de 'cité et ses lettres de noblesse ; pour nous
enfin qui voyons dans cet
c< esprit occitans »
comprendre, de créer et de vivre,
une manière de
sentir, de
une façon d exalter le lyrisme dyna-
mique de notre race; nous apporterons de tout cœur notre pierre à l édifice
en poursuivant l inventaire que nous avons entrepris
de
nos
ressources
intellectuelles et économiques.
Jtfous commencerons dès notre prochain numéro à publier les nombreuses réponses qui nous sont parvenues ainsi que des extraits des articles
qui ont été publiés dans la Presse sur notre enquêtej notamment dans
VA ction Française;
1 Express
du .M.idi; Oc;
1 Éclairenr
de Nice; etc..
Pour concrétiser le mouvement occitan moderne, nous consacrerons
des numéraux spéciaux aux expressions -diverses de notre grand JMiidi :
du Vin et de
roirvier,
fruit de la terre, aux Sports qui renouvellent
sur les stades le geste grec et romain : de la Poésie à la Peinture ;
de la Route par laque lie l étranger chemine sur ce so l l oura
de
son
histoire aux Sites et
aux Villes du
Passé; les
Feuillets Occitan<u passeront en revue toutes les formes
de la vie méridionale, intellectuelle et économique.
A
Y œuvre pour
« VOccitanieJ » 1
■—■ Les Feuilleta^ ■
�Plateau Central-Sud-Ouest
Sous ce titre, rwus parlerons des écrivains, des artistes, des tentatives et réalisations régionalistes, touristiques, économiques, des études d'art, des études de linguistique, des travaux d'hUl»ire, d'érudition, de critique, de toute l'activité OCCITANE ayant
son origine dans les départements suivants : Cantal — Corrèze — Haute-Vienne— Dordogne — Gironde — Lot-4-Garonne — Lot — Aveyron — Tarn — Tarn-&-Garonne — Gérs —
Landes — Basses-Pyréné&s— Hautes-Pyrénées^- Haute-Garonne — Ariège.
Nous signalerons ce qui, dans les journaux, livres et revues qui nous seront envoyés, aura importance particulière pour les FEUILLETS OCCITANS, soit parce que les
avteurs seront de notre 'région, soit parce que les sujets traités intéresseront notre région,
Nous ne manquerons pas de faire place, selon le nombre de pages dont nous disposerons, aux idées et discussions essentielles qui nous seront soumises.
Nous prions nos
jets à :
lecteurs d'envoyer publications et communications sur ces su-
ALIDA et PIERRE CALEL Gourdon (Lot)
'
■
*
* *
VACANCES ET TOURISME. — Les vacances ont fini. Les touristes aussi. Les avons-nous assez appelés î Avons-nous assez attendu d'eux la fortune, la gloire, la renaissance de nos régions ? Ils sont venus en foule, malgré le temps mauvais. Ils sont
venus à pleins trains, à pleines autos. Ils ont découvert le pays . Ils l'ont admiré parfois.
Quelques uns sont armés à le comprendre. Mais quelle cohue certains jours, et quels
piopos devant les plus émouvantes merveilles ! Enfin ! nous l'avons voulu ; nous le voulons encore. Espérons cpue ces invasions estivales feront la fortune des auberges et ne
rendront pas insupportables, pendant trois mois au moins, pour les artistes, pour les
connaisseurs, pour les fervents du pays natal, les campagnes, villes et villages, églises
et châteaux, bois et bonis les fleuves et jusqu'aux abîmes, gouffres et grottes préhistoriques. Il faudrait apprendre la discrétion, le silence à ces hôtes, qui seraient alors désirables.
' SUD-OUEST — SUISSE ET BELGIQUE. — Il en est qui furent et seront toujours
désirables, qui furent généreux, compréhensifs et enthousiastes, attentifs (comme des
poètes quiis sont, que touchèrent notre pays, qui le firent comprendre à leurs lecteurs
des grands journaux et des grandes revues de Suisse et de Belgique. Nous leur devom
admiration, reconnaissance, amitié. Il faut lire les pages lyriques, cordiales, consacrées
par Pierre Deslandes k nos régions dans La Gazette de Lauzanne, dans la revue suisse illustrée Mon chez-mal, dans les plus importants périodiques de ce pays qu'on peut
appeler le poste' d'écoute- âu Monde. Il est impossible de mieux comprendre, décrire,
faire aimer nos pays.
Il faut
Belge, ( belge
ouest français,
mand Praviel,
lire les articles de Paul Prist dans L'Indépendance Belge, dans La Bévue
et française, aussi, comme la Belgique elle-même et, par surcroit, du sudpuisque nous voyons à ses sommaires les noms aimés du toulousain Ardu limousin Jean Nesmy).
Paul Prist et Tiare Deslandes qui ont séjourné chez nous, en écrivant sur notre
pays des études qui méritent de rester, qui resteront, nous ont rendu grand et affectueux service. Quand nous, qui sommes ses fils, célébrons nôtre terre nous sommes justement suspects de pwtialité filiale comme si, sans modestie, nous nous glorifions nousmème*. L'enthousiasme des étrangers, a une double valeur : il vient d'admirateurs .désintéressés ; fait connaître notre région hors de France au lieu de la faire connaître
dans notre région elle naême, ce qui n'est certes pas toujours inutile il est vrai.
LES ADAPTES. — Le résultat de cette publicité enthousiaste et bénévole est que
des étrangers fortunés deviennent acquéreurs de châteaux et de beaux domaines chez
�nous, ainsi que vient de faire M. Slalpurt maintenant propriétaire dun des plus délicieux refuges périgourdins, à l'éperon de Domine, dominant les^merveilleux paysages de
Dordogne. M. et Mme Stalfort sont belges. Ils savent aimer nos régions. Ils seront bons
périgourdins.
Nos châteaux, parcs, terres quasi seigneuriales peu à peu passent aux mains des
grands seigneurs de la finance, de l'industrie, du commerce, de la chirurgie. A dire
les noms des châtelains on évoque les gloires du bistouri, de la banque, de la bijouterie, logées, à titre fixe, pendant l'été, dans les palais épiscopaux, les demeures à donjon
crénelé aes plus vieilles familles de France.
Résignons-nous, ou mieux, assimilons ces puissants nouveaux-venus, par la cordialité, par l'apostolat d'amour de la petite patrie dont nous devons leur faire comprendre le charme, leur dire l'histoire, leur faire connaître la langue pour susciter en eux
de vrais compatriotes. N'oublions pas que, dans bien des cas, sans eux, grand nombre
de nos splendeurs ne seraient que monceaux de ruines. Faisons bon acceuil, aussi, à ces
belges qui viennent en grand nombre, avec grand succès, travailler nos terres comme
fermiers ou métayers, qui y viennent avec leur famille, enfants, grands parents, fonder
des foyers durables. Nous ne devons pas les éloigner de nous, anciens de cette terre.
Lapérouse
Sa Cuisine
Sa
Cave
illllllllllllllllllllli!
51, Quai des Grands-Augustins, PARIS "
Auberge du Navigateur
49, Quai des Grands-Augustins, PARIS
Ijéléphone : Fleurus 62-78
DANS
DES
METS
UN
CADRE:
ORIGINAL
DÉLICATS
DES VINS
UN
SÉLECTIONNÉS
SERVICE
IMPECCABLE
^
Fleurus 44-03
�Puisque, par suite du triste dépeuplement de nos campagnes, nous avons besoin d'eux,
faisons-les nôtres. Ne les laissons pas se grouper entre eux, hors de nous. Qu'ils fusionnent avec nous, comme ont fait, au cours des siècles, tant de races qui se sont installées
sur nos coteaux, dans nos plaines, le long de nos fleuves.
Il est d'autres adaptés : les artistes, peintres, écrivains, qui, séduits par la beauté, la magnificence ou la douceur de nos campagnes, y sont venus, y restent, longtemps,
les célèbrent dans leurs œuvres. Pierre' Benoit est si bien conquis ou si bien conquérant
du Quercy, qu'il y veut dit-on, conquérir la députation. André Lamandé, en Tolosie, prépare des romans du cru, riches en locutions occitanes^ Ils suivent la tradition des Loti,
Coppée, Lavedan qui aimèrent, chantèrent ces régions, y devinrent propriétaires.
ET CEUX DU PAYS ? — Ils y viennent nombreux et fidèles : Gustave Guiches ;.
Léon Lafage, le poète Algerter, l'érudit Abbé Calvet et Bichard et le Père Bessières et
Roger Bastide s les peintre Louis Icart, de Malleville
les romanciers et critiques : Cahuet, Monjauze, de Noussaime dans leur Limousin, Sorbets dans ses Pyrénées, le Maître
Henri Brémond, provençal, installé à Arthez d'Asson.
Ceux qui n'ont pas quitté le pays : Robert Benoit et Aublant à Périgueux ; Verlhac, Vialle, Tourneyrie dans la région de Brive, l'Abbé Cubaynes, Armand Lagaspie
FA B
LINE
MARSEILLE
15, Rue Beauvau
PARIS
- Télégr. Française-Marseille
2, Rue Edouard-VII
Lignes
MARSEILLE-ORIENT
VAPEURS
Départs de
Marseille
MIOI
Alexandrie
MADONNA
CANADA esc. de N.-Y.
SINAIA
PROVIDENCE
CANADA
PATRIA esc. de N.-Y.
ASIA
CANADA
PATRIA
CANADA
Sam. 3 Sept.
Mar. 20 Sept.
Sam. 24 Sept.
Mar. 4 Oct.
Jeudi 13 Oct.
Mar. 25 Oct.
Ven. 28 Oct.
Sam. 5 Nov.
Mer. 16 Nov.
Mar. 29 Nov.
Jeudi 8 Sept.
Sam. 24 Sept.
Jeudi 28 Sept.
Sam. 8 Oct.
Lun. 17 Oct.
Dim.30 Oct.
Mer. 2 Nov.
Mer. 9 Nov.
Dim. 20 Nov.
Sam. 3 Déc.
ARRIVEE
Beyrouth
Sam.
Mar.
Dim.
Lun.
Mer.
Mer.
Sam.
Sam.
- Télégr. Fafcrel ine-Paris
10 Sept.
27 Sept.
2 Oct.
10 Oct.
19 Oct.
2 Nov.
5 Nov.
12 Nov.
A
jlïfa
Dim. 11 Sept.
Lun. 26 Sept.
Mar. 4 Oct.
Mar. Il Oct.
Jeudi 20 Oct.
Mar. P' Nov.
Lun. 7 Nov.
Ven. 11 Nov.
Mar. 6 Déc. Lun.
5 Déc.
de New-York
et
de la Méditerranée
-*-
ORIENT- MARSEILLE
VAPEURS
SINAIA .'
MADONNA
CANADA
PROVIDENCE
ASIA
CANADA
PATRIA
CANADA
X
CANADA
SINAIA
ASIA
DEPART
DIE
Beyrouth
Jaffa
Mer. 7 Sept.
Dim. ! 1 Sept.
Mer. 28 Sept.
Lun. 10 Oct.
Mar. ! 1 Oct.
Ven. 21 Oct.
Mer. 2 Nov.
Sam. 12 Nov.
Mar. 15 Nov.
Mar. 6 Déc.
Dim. Il Déc.
Ven. 13Jan.
Mar. 6 Sept.
Sam. 10 Sept.
Lun. 26 Sept.
Mar. 11 Oct.
Lun. lOOct.
Jeudi 20 Oct.
Mar. 1 Nov.
Ven. 11 Nov.
Lun. 14Nov.
Lun. 5 Déc.
Sam. 10 Déc.
Jeudi I2jan.
Arrivée
Alexandrie à Marseille
Ven.
Ven.
Ven.
Mer.
Jeudi
Dim.
Lun.
Lun.
Jeudi
Jeudi
Mar.
9 Sept.
9 Sept.
30 Sept.
12 Oct.
13 Oct
23 Oct.
31 Oct.
14 Nov.
17 Nov.
8 Déc.
13 Déc.
?
Mer. 14 Sept.
Sam. 17 Sept.
Mer. 5 Oct.
Lun. 17 Oct.
Mar. 18 Oct.
Ven. 28 Oct.
Mar. 8 Nov.
Sam. 19 Nov.
Mar. 22 Nov.
Mar. 13 Déc.
Dim. 18 Déc.
Jeudi 19 Jan.
Lignes
de Marseille
à la
Côte Occidentale
d'Afrique
Services Postaux -:- Services Commerciaux
�Lafont, Calmels, Sahuc, Malrieu dans le Lot, Vital Mareille à Bordeaux, Albe à Sarlat,
Gasperi en Limousin !
Ceux-là sont, avec tant d'autres, bons mainteneurs, .bons ouvriers de l'œuvre occitane. Ils sauront grouper autour de leur action les exilés, les adaptés, les conquis. Jls
le font dans leurs revues : Divona de Bergon, La Brise de Vialle, Lou Bourna cVAublan.
Ils le font dans leurs manifestations artistiques : les Amis des Arts de /. et J.-B. Nouyrit.
Ils le feront dans les Feinllets Occitans.
Aideront au succès les recrues du féminisme : Marguerite Grepon du Quercy, Isabelle Sandy de VAriège, la Comtesscde Maleville de la Dordogne, Mlle Vialle au Limousin ; Mlle Severin qui passe des bords du Lot, aux rives de Gironde.
Aideront encore les réunions d'été, banquets et discours semblables à ceux qui
"eurent lieu à Cahors sous la. présidence de M. de Momie,, animateur prodigieux qui
veut sa cité de Cahors parée des chef s d'œuvre d'Henri Martin, qui fait renaître tout le
Quercy, qui réunit, en des agapes succulentes et passionnées, les artistes de vive volonté : notre cher Bonnafous affronté à Gracias, l'auteur de La Coquette au soleil et le vibrant Aède arverne Gandilhon Gens d'Armes et le savant Occitan Perbosc, tous déclamant ou discutant avec ardeur les graves questions occitanes.
Bon et v ivant travail, énergiquement réalisateur !
. Que de tous 'ces apports, fidélités, enthousiasmes, talents,
précieuses, grandisse le solide bloc occitan !
vivacités
diverses
Alida et Pierre CALEL.
VIEUX GRENACHE
du
1 2 francs la Bouteille, franco domicile
(échantillon Qratuit
JEAN
DUPUY,
A
PROPRIÉTAIRE
MAURY
DU
(Pyrénées-Orientales)
MAS
AMIEL
et
�Bois gravé de Auguste et Achille Rouquet
Pour J.-E. Jalabert
|ARCE que les pins craquent comme des galères sous la lune et
sur l'océan de la tristesse, parce qu'en leurs orgues s'éplore le
die* irae d'un vent d'équinoxe, parce que j'ai rouvert Pascal
et qu'en lui c'est ton inquiétude qui m'obsède, je songe, ô mon
ami, à l'accueil de ta mère sous le toit montagnard dont le vent
d'une nuit de lune faisait gémir l'ardoise, je songe à tous ces
livres de poète, présidés par un buste de Victor Hugo, face auxquels je dormis ; je songe à la petite malle de carton, coloriée comme un châle de nos
grand'mères, qui renferme des documents d'un jaune de trésor, testaments ou
contrats de mariage de ceux des tiens qui vécurent dans les temps depuis
Henri IV, livres de raison par lesquels se lègue de génération en génération
le témoignage d'existences droites et simples comme un trait tiré au carrelet
par un écolier de village ; je songe à la douceur forte de l'amitié et à tout le
prix que l'homme devrait y attacher.
I mm
Le lendemain il neigeait un peu. C'était le dimanche sept mars. Monsieur le Curé eut une puce dans le dos pendant la messe, mais les filles de
ton village chantent mieux que celles du mien. Sur l'air de leur Ave Maris Stella je me chantais le cantique d'une adolescence que le parfum des tilleuls d'un
couvent passionnait, ô tendres écolières aux belle tresses dans le dosT... Mais
�— 138 —
je revenais à mon chapelet. Les filles chantaient d'une âme aussi paysanne
que leurs joues. J'aurais voulu que la foi fût en l'homme comme la bonne santé sur ces visages.
Tandis que nous sortions de la pénombre à l'odeur d'eau bénite pour
entrer dans la blancheur du dehors, je me disais que les morts quittant ce
monde en leur habit du dimanche imprégné de cette odeur fade doivent entrer
dans une blancheur pareille à celle de la neige éclairant les intérieurs si étrangement pour qui n'y est pas accoutumé.
Je n'oublie pas ce repas de midi à la droite de ta mère, face à toi que
cette lumière par moment transfigurait. Ainsi sans doute en est-il en nous
quand opère la grâce.
Elle restera aussi gravée dans mon souvenir l'eau-forte de Lacombe à
trois heures du soir, lorsque, la neige ayant cessé de tomber nous descendîmes
jusqu'à la prise d'Alzau(l) où les premières jonquilles ne savaient que penser du temps, inclinant au penchant des talus leur grâce couronnée d'un front
un peu lourd comme Ophélie. Du clocher, de la maison d'école pareille à une
forteresse, des chaumines, c'étaient les façades cuirassées d'ardoise, l'aspect
d'hiver qui s'offraient à nos regards à travers les noires ramures fourrées de
blanc, tandis que nous revenions. Mon goûtpour Durer y trouvait son compte.
De ta chambre au contraire la fenêtre, reflétant le bel ordre intérieur, s'ouvre
du côté de l'espoir en une saison moins inhumaine. Telle était du moins mon
illusion à chaque fois, et ce fut souvent, qu'au lieu de regarder par la fenêtre
du salon je revenais à celle de l'orient.
Le surlendemain il neigeait à flocons pressés d'une grosseur d'amande.
Le vent du nord-ouest, le cers, le bardânis du folklore, était sauvage comme
une horde de loups. Il enrageait aux fenêtres et tu me contais des histoires
d'où il surgissait, humain, descendant par la cheminée avec des yeux hallucinatoires et dans un manteau de voyageur légendaire, le voyageur du poème
de Bataille, peut-être :
Voyageur, voyageur de jadis qui t'en vas
A l'heure où les bergers descendent des montagnes...
ce poème où
Le bruit des luzernes
Vient de si loin qu'il ferait peur.
Mais le feu lui brûlait les pieds et il hurlait de plus belle dans cette cheminée où il s'engouffrait irrésistiblement et au fond de laquelle un ennemi
insaisissable comme lui le martyrisait, lui, Bardânis, l'inspirateur des fous, le
chevaucheur des plus indomptables cavales, le maître de bal des croix dans
les cimetières pauvres. De celui de ton village, si dénué, sans la moindre architecture de rameaux, le naufrage s'accomplissait sous la fenêtre du salon.
Je me demandais si je pourrais jamais regagner la plaine, quitter cette
solitude à l'âpreté de laquelle je n'étais pas préparé. En proie à l'idée fixe,
qui n'est parfois qu'une manifestation exaspérée de l'égoïsme, j'en oubliais
douloureusement l'empressement de l'accueil que j'avais reçu pour ne songer
qu'à l'évasion. On agit souvent ainsi envers Dieu. Comment serait-on meilleur
vis-à-vis d'un ami, même des plus chers ?
(i) Origine du Canal du Midi.
�— 139 —
Aucune petite fille n'était venue à l'école. Je n'avais vu dehors, sous les
steppes noires du ciel, sur l'immensité de la neige, qu'un paysan en train de
ramener une poule égarée.
Vers trois heures pourtant nous décidâmes d'appareiller. La neige ne
tombait plus et même un soleil verdâtre transparaissait par moment, encore
que le vent toujours déchaîné fit courir sur ces hauteurs des tourbillons de
neige comme la poussière sur les routes de la plaine quand les cigales s'exaspèrent dans les platanes de juillet. C'était tolstoïen. J'avais envie de chanter
ma joie, cette joie que l'on éprouve à lutter contre les éléments. Il t'arriva
plusieurs fois d'enfoncer jusqu'à la ceinture et notre descente s'acheva par la
vision dans le paysage de Saint-Denis de deux rouges-gorges au gilet éclatant
parmi les reflets de la neige. Ils signaient, à la manière égyptienne, l'ineffaçable impression de vieil hiver, d'hiver de l'ancien temps, d'hiver de folklore, à
laquelle tu m'avais innocemment convié chez ta mère en ces termes : « Nous
pourrions visiter la Loubatière, Alzau... peut-être animés déjà d'un sourd
éveil printanierTT.»
Mais de cette soirée de Saint-Denis je veux encore me remémorer tout
le charme rythmé par le balancier de la pendule à caisse et perpétué aux feuillets de mon vieil eucologe par ces deux primevères cueillies, le samedi soir, à
l'abri de la neige, dans le jardin du patrimoine. Il y avait aussi les petits yeux
candides des myosotis, la jacinthe blanche ou bleue qui s'accommode si bien
de fleurir dans un verre bulbeux comme sa racine, il y avait l'amitié et mon
espoir de revenir quand les cerises sont éclatantes, et non plus les gilets des
rouges-gorges, quand au sein du feuillage abondant et qui luit une sombre joie
dévore le cœur de l'homme, mon espoir de revenir m'asseoir là, dans l'atmosphère des vieux meubles paysans cirés avec soin et du cuivre, cette fleur de
toute cuisine honnête aux vitres de laquelle le reflet se balance d'un lilas ou
d'un fusain, oui revenir m'asseoir entre ta mère et toi, amitié de poètes dont le
balancier de la pendule à caisse berçait la douceur. Cependant nous attendions que les bûches soient consumées pour aller prendre au lit la place du
« moine» précieux engin dont le nom vient peut-être de ce qu'à la vérité il soulève les draps d'une prestance de chanoine, sinon de moine.
Après une promenade de lampes dans la maison, tout s'ensommeilla sauf
la pendule. En moi se posait sur des primevères étranges comme une douce
neige, celle de la douceur que j'éprouvais àm'endormirdans un de ces villages
vers lesquels montèrent si souvent mes désirs de détente à l'ombre, aux murmures des eaux-vives, tandis que l'été forge sur Moux un implacable airain.
Je gravissais alors, comme je le fais encore, un coteau tout proche du village.
Là le lierre se complaît en un deuil éternel, mais que sa fleur dore et
où l'abeille multiplie sa rumeur. Là l'iris est royal et le pâle romarin grise de
son arôme le cognassier en son printemps de jeune dieu quand les cloches de
Pâques voyagent parmi les nuages semant de leurs écueils bouclés l'azur nouveau. Là le chèvrefeuille n'est que chair, le cyprès n'est qu'un cri. Là, me couchant à demi sous la magnifique ombrelle d'un pin de campagne romaine, je
contemplais la Montagne Noire comme une Terre Promise, un mirage du désert. Et puis je regagnais, en bas, le jardin brûlant de la maison où je ne pouvais plus me supporter; je ne rencontrais que des chèvres dans la poussière,
le long des cyprès étalés que les enfants ébranchent et derrière lesquels ceux
�— 140 —
du cimetière pointent finement, parmi les blancheurs fantômales des nécropoles plus ou moins encombrantes. C'est en remuant toutes ces souvenances
que je m'endormis comme un roi ayant conquis pour une nuit droit de cité
dans ce village vers lequel j'avais si souvent tendu en vain les bras.
Sous les étoiles incrustées et une lune prise dans le sombre gel du ciel,
j'ouvris les volets à cinq heures du matin. J'étais content d'ouvrir les volets
de ta chambre de Saint-Denis à cinq heures du matin, sous les étoiles, au mois
de mars, par un temps de décembre. Pour te prouver ma bonne humeur, malgré le froid aux doigts et un vague regret du lit, je te lançai à travers la porte
un sonore : « Torro, la bielho, torro?» (Gèle-t-il, la vieille, gèle-t-il?)
Cefut trop vite le triste bruit des tours de clef dans le quartier endormi...
quelques paroles... l'éloignement de nos pas sur la terre gelée. Une étoile fila.
Le vent n'avait pas désarmé ; il était le maître du village ; personne ne lui en
disputait la possession, et nous ne savions où nous abriter jusqu'à l'heure où
le tramway du retour s'ébranlerait dans un fracas de ferraille, lorsque jaunit.comme une auberge de Bethléem, la porte basse et vitrée d'une pauvre
hôtellerie où des voyageurs faisaient chauffer eux-mêmes leur café. Un chat s'étirait, arqué et baillant
Sur la chaise de paille au fond de la cuisine...
Le feu s'étirait comme lui ; c'était tout ce que nous désirions. Les pieds
aux bûches, je mis à profit ce suprême répit pour me recueillir une fois de
plus en notre amitié, plus forte de ne faire qu'un avec ce village dont le nom
est doux comme le cri d'une chouette au sein d'un bleu châtaignier pendant les
veillées de l'été.
Jean LEBRAU
(D'un livre à paraître : Pays d'Avide)
�— 141 —
LA RACE OCCITANE
(Voir le numéro a des Feuillets)
LES
SARDANA
La mer rapproche tôt ou tard les populations qui vivent sur ses bords.
C'est un truisme que la Méditerranée, qui borne au Sud-Est notre pays, a été
le véhicule de la civilisation. Sachons donc quelles races ont fréquenté cette
mer et tout d'abord ce quelle était aux diverses époques.
A regarder une carte planimétrique, c'est une nappe d'eau continue
allant du Détroit de Gibraltar à la mer d'Azow. Mais si l'on consulte une
carte bathymétrique, on voit que cette nappe recouvre trois bassins distincts, unis seulement en surface, à savoir : la mer Noire, la mer du Levant et
le bassin Occidental. Dans les temps antérieurs ces bassins ont été trois
lacs, très séparés et qui se sont successivement rejoints.
Au début du Pliocène, le Détroit de Gibraltar s'ouvre, et le bassin Occidental communique, dès lors, assez largement avec l'Océan, pour mériter
le nom de mer. Mais ce bassin est plus réduit que de nos jours. A l'emplacement de la mer Tyrrhénienne existe une Tyrrhénie, c'est-à-dire, une terre joignant Corse et Sardaigne à l'Italie actuelle; la déchirure entre les deux
Sicile n'existe pas; et les terres se prolongent au Sud, englobant Malte, la Tunisie et les îles littorales jusqu'au milieu de la Syrte.
Le mouvement orogénique, qui a déterminé l'effondrement Tyrrhénien,
a donné à la mer Tyrrhénienne-de grandes profondeurs, allant jusqu'à 3.732
mètres, tandis que les fonds ordinaires du bassin Occidental sont de 2.000.
Par contre, l'ancien pont Italo-Africain subsiste sous l'eau (1) à faibles profonfondeurs atteignant au plus 400 mètres.
Tyrrhénie, Sicile et Afrique (ce nom désignant proprement pour les
Anciens la Tunisie), quand elles étaient toutes exondées et contigues, ont
constitué l'heureux domaine de Saturne et de Rhée, chanté par les poètes.
Le mouvement orogénique qui les a disloquées ne s'est produit qu'assez tard
dans le quaternaire. Certains indices permettent de le fixer à cinq mille ans
avant nous. Auparavant nous n'avons eu, pour co-riverains que des Hispaniques, des Tyrrhéniens et des Berbères.
Mais jusqu'à cette époque, une communication par terre a existé entre
l'Occident Européen et la Libye et, par suite avec l'Égypte. Vers la fin du
IVe millénaire (A. C.) l'effondrement s'est produit. Mais on connaissait déjà,
en Occident, une pratique de navigation par cabotage, à l'aide de bateaux
utriculaires. La communication, quelque temps interrompue, a pu être bientôt rétablie par ce moyen, de la Sicile à l'île Pantellaria, qui est en vue, et
de celle-ci à la côte Tunisienne, suivie jusqu'à la Syrte, où l'on rejoignait
l'ancienne piste.
C'est à l'inverse, l'itinéraire indiqué par Homère pour son héros Ulysse,
que Borée a rejeté des îles Ioniennes vers la Syrte. C'est la même voie que
(1) Explorations organisées par la Commission Internationale de la Méditerranée.
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Virgile prête à Énée; et on peut remarquer que ce héros contourne la Sicile
par son Ouest pour se rendre en Ausonie.
Les Anciens redoutaient en effet le Détroit de Messine à cause des écueils
de Charybde et de Scylla. « Le Père des Dieux et des Hommes permet que
Scylla ne m'aperçoive pas; — s'écrie Ulysse — sans quoi je n'eusse pas évité
une mort affreuse ! »
Par cette voie, et déjà quand elle était continentale, des relations existaient entre notre pays et l'Égypte, on en a des indices matériels (2). Dans les
tombes de la Ve Dynastie des pharaons, on a trouvé des grains d'ambre, qui
venaient des bords de la Baltique; d'autre part dans des tombes de la XVIIP
Dynastie (vers 1600 av. J.-C.)on a recueilli des bijoux en étain pur, provenant
de la région de Cadix. Hérodote (III 115) dit d'ailleurs, qu'il y avait connexion du commerce de l'ambre et de celui de l'étain.
Où pouvait se faire la concentration des deux commerces, sinon en
Ligystique ? Car les Alpes, longtemps abruptes et couvertes de glaces, ne
laissaient d'issue que près de la mer.
Les fouilles de Monaco et de diverses stations préhistoriques de la vallée
du Rhône, ont montré qu'il se faisait, dès les temps néolithiques, un commerce
incessant pour le sel avec les salines du Jura ; et pour les silex, avec les carrières de la Basse-Loire, d'où le silex s'expédiait aussi vers le Nord. Le commerce terrestre pouvait donc atteindre la Baltique, et en rapporter de l'ambre
Au reste, Plutarque, dans son récit, de la bataille d'Aix, raconte que des Ambrons, venus de la Baltique, s'étaient très anciennement établis en Ligurie, et
que les consanguins se retrouvèrent face à face aux premières lignes des
deux camps.
Quant à l'étain, son emploi en Égypte pour la fabrication de bijoux
dénote que ce métal était rare en ce pays. Sa source commerciale était Cadix:
mais il provenait des Açores, dont le nom celtique était Cassitérides, d'où
les Grecs tirèrent xoKJoiTspoç pour désigner l'étain (3). Mais avant d'être apporté en Ègypte et plus tard connu des Grecs, l'étain de Cadix était utilisé en
notre Orient Européen; il était naturel qu'il fût joint au commerce de l'ambre.
Le commerce ne se limitait pas à des bijoux. Darwin a remarqué que,
sur les cinq variétés de blé cultivées en Europe, celle que l'on a recueillie
autour des palafittes était le froment Égyptien. De Morgan a constaté qu'une
meule à bras d'époque néolithique, trouvée à l'île d'Holyhead (Galles), et une
autre à Monsheim (Hesse-Rhénane), était de modèle identique à celles vues
par lui au Dahchour et remontant à la IIP Dynastie pharaonique.
Enfin la même voie Italo-Tunisienne était suivie et fréquentée pour
d'autres fins que le commerce.
*
Les inscriptions Égyptiennes montrent que depuis Séti Ier, chef de la
Dynastie (env. 1400 ans av. J.-C.) des Sardana figurèrent pami les mercenaires des rois d'Égypte. Sous les successeurs de ce Pharaon, jusqu'à la
XXe Dymastie, les Sardana sont devenus de plus en plus, les noyaux des armées Égyptiennes.
XIXe
(2) CF. Salomon Reinach : Le Mirage Oriental dans Anthropologie 1893.
(3) Le nom sanscrit Kastira est un dérivé de Cassiteros et non son origine. Un texte
Egyptien du III" siècle avant notre ère montre que l'Inde recevait son étain d'Alexandrie.
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Ce sont de robustes guerriers qui, sur les inscriptions, se distinguent
au premier coup d'œil des Égyptiens, nettement plus petits, et d'un armement
différent. Eux, ils ont la lourde épèe pointue, le grand bouclier, et un casque
qui porte un bouton et deux appendices en forme de cornes, disposés comme
un croissant. Cet armement, le casque surtout, rappelle les Gaulois, nos
Pères.
D'où venaient ces Sardana? Quelques-uns peut-être, de la Sardaigne,île
peu fertile, peu peuplée, et qui passe pour avoir été colonisée par des Sardons
issus du Roussillon. Mais la plupart venaient de ce grand pays Pyrénéen des
Cérètes, Cerdans, ou Sordons, qui occuppaient les hautee vallées du Tech, de
la Têt, de l'Aude, de l'Ariège, du Sègre et du Ripart. Toutes les variantes
de désignations correspondent au même radical S. R. T., le son des voyelles
n'étant pas très défini à ces époques. De nos jours, les affiches pour la fête
locale de Puycerda comprennent, dans les divertissements, des danses Sardana, avec la même orthographie qu'en Égypte.
Le Pharaon Séti Ier (1315 av. J. - C.) fut un vigoureux monarque, et l'un
des grands adversaires des Hethéens (Hittites, ou Khiti) dont l'Empire s'était
étendu du Bosphore au Sinaï. Il marcha contre eux avec une puissante armée,
les refoula et les vainquit dans une grande bataille en Syrie. H érigea pour
commémorer sa victoire, un monument que le service des Antiquités Syriennes vient de retrouver. Cette trouvaille est, en particulier pour nous Occitans,
un souvenir ancestral.
Sous Ramsès II, qui fut le grand Sesostris, une moitié des bataillons de
la garde permanente du souverain était composée de ces Sardana ; et le reste
de l'armée comprenait aussi des Libyens, et des Masouasha venant des rives
de la Syrte.
Sous Ménéphtah, treizième fils de Sésostris, les Lybiens s'insurgent,
en faisant appel à l'arrière ban de leurs frères de race, les Sicules, les Tyrrhéniens, les Cerdans et même les Achéens. Le Pharaon, menacé, se porte audevant d'eux avec toutes les forces qu'il peut réunir; cessant de guerroyer
avec les Syriens et les Khiti, contre lesquels il luttait jusque là, il s'allie à
eux, en leur demandant des contingents. Après une rencontre qui fut très dure
les Libyens succombèrent, et une fois rompus, furent exterminés.
La crise avait été grande pour l'Ègypte. C'est le moment dont les Hébreux ont profité pour effectuer leur exode. Le récit de la mer Rouge qui s'ouvre pour eux et se referme aussitôt après leur passage, peut être pris pour
une métaphore très exacte de la situation politique du moment.
Dans la longue inscription où Ménéphtah célèbre sa victoire, il félicite
ses Sardana, qui ont fait prisonnières leurs propres tribus. Il se vante
aussi d'avoir défait en même temps « les peuples de la mer ».
Mais son triomphe n'eût pas des effets bien durables. Sous Séti II, son
fils, l'Empire Égyptien se disloqua une fois de plus. Toutes relations suivies
cessent dès lors entre le nouveau cahos Égyptien et l'Occident Méditerranéen,
qui se relève lentement du désastre (4).
Cette phase héroïque de notre passé n'a pas manqué d'imprimer sa trace
obscure mais indélébile, dans la conscience de la race occitane.
(4) CF. Maspero : Histoire de l'Orient classique et Bénédite : Article Égypte dans l'Encyclopédie générale.
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On peut se demander si la conception, bien imprévue, qui poussa Bonaparte en Egypte et en Syrie, n'est pas dûe à quelque réminiscence atavique,
transmise avec le sang d'un Sardana.
Et peut-être, à l'inverse, certaines rondes hiératiques, figurées sur les
monuments de l'Egypte, rappellent-elles la présence "antique de nos montagnards dans la vallée du Nil.
En l'honneur de ces grands souvenirs, dansez toujours, Pyrénéens,
du Capsir à Barcelone, dansez vos nationales sardanes ï
Vos frères Alpins, ceux de Gap et de Barcelonnette, ont chez eux, leurs
lentes Gavottes inspirées de la gravité des grands monts qui les dominent.
Pour vous, les enlacées dans une grande ronde, qui se meut sur place,
ainsi que l'imposaient les rudes pentes de vos habitats primitifs, ployez vos
corps en cadence. Le maëstro du Lauragais, Déodat de Séverac, venu à Céret,
a compris votre âme; et il a adopté à vos gestes ancestraux des rythmes propices, revêtus de tons harmonieux.
Dansez de plus belle, Cerdans, en évoquant vos grands aïeux, qui furent
les soldats de Sésostris, et les artisans de sa gloire!
TARTESSE et CARCASSO
Le prophète Ezéchiel, qui vers l'an 580 (av. J.-C.) annonce la ruine future
de l'opulente et orgueilleuse cité de Tyr, s'écrie, en s'adressant à elle :
« Tes vaisseaux sont construits avec les sapins de Sanir;
Les cèdres du Liban ont fourni tes mâts; les chênes de Bazan, tes
[rames ;
Tes matelots se reposent sur le buis de Chypre, orné d'ivoire;
Et tes demeures sont construites avec les bois des îles de l'Italie.
Le lin d'Égypte a tissu tes voiles et tes pavillons...
LTonie, Thubal et Masoch t'amènent des esclaves et des vases d'airain ;
... Tarsis (c.-à-d. Tartesse ou Cadix) remplit tes marchés d'argent, de
[fer, d'étain, de plomb ;
... Les vaisseaux de Tarsis servent à tes courses dans l'Océan...
... Tu as été comblée de gloire et de richesses. »
Les différents traits de ce tableau montrent comment, au 6me siècle
avant notre ère, est dominée la scène maritime, de Tyr à l'Océan. On voit
incidemment combien pèse peu, à ce moment, cette Ionie qui ne fournit que
des esclaves et ce qu'a pu être ce coin de l'Ionie, qui s'appelle Phocée, et dont
quelques coureurs vinrent à Marseille.
L'apparition des Phéniciens dans la mer du Levant est alors, déjà ancienne. Le nom de Fenuku était déjà répandu en Égypte sous Thoutmés III
(1600-1550) On peut penser que c'est au moment du grand bouleversement
des populations Levantines, consécutif à l'invasion des Hycsos, que ces Phéniciens, sortes d'Hycsos maritimes, vinrent de la mer d'Érythrée dans celle du
Levant. Ils s'installèrent sur la côte abrupte de la Phénicie, proprement dite.
Ils apportaient un nouveau moyen de navigation. « Ce sont les premiers
— dit le poème d'Avienus — qui, portés sur la plaine liquide, ont parcouru les
flots, ont appris à porter dans les flancs des navires, le commerce du monde,
et les premiers ont observé les étoiles suspendues à la voûte des cieux.»
�— 145 —
��— 147 —
Avant eux il n'existait en Occident, comme pratique de navigation,
qu'un cabotage par utriculaires, pratique honnête, qui a besoin du jour pour
se guider. Les Phéniciens venaient d'un pays où l'on avait appris, dans les
déserts, à marcher de nuit, en se dirigeant par les étoiles. Cette même pratique
appliquée à la mer, permettait de parcourir les flots hors de la vue des côtes
et la nuit, ce qui se prête aux surprises et à la piraterie. Le type de leurs
navires fut d'abord celui du bateau que l'Odyssée (ch. v) fait construire par
Ulysse, lequel d'ailleurs, quitte l'île d'Ogygie en se réglant par les constellations. C'est une manière de radeau, pourvue d'un bordage élevé, pour tenir
la cargaison à l'abri des paquets de mer ; et le plancher est formé de troncs
d'arbres équarris et tirés au cordeau, pour être jointifs. Mais cela est insuffisant si l'on n'y ajoute le calfatage des joints : Or, ce calfatage dont
Homère ne parle pas, était connu et pratiqué en Orient depuis le Déluge
Mésopotamien (2415 av. J.-C.) Les Phéniciens sûrement, ne l'ignoraient pas.
Outillés de la sorte, ces Phéniciens ont d'abord écume à loisir les côtes
et les îles de l'Égée et de la mer du Levant. Mais la piraterie est contagieuse,
la défense oblige à étudier les moyens de l'attaque, de manière à y parer et,
bientôt, à la prévenir par la contr'attaque. Puis à cette lutte intestine, des. tructive pour tous, succède dès qu'on sait le comprendre, l'entente et l'union
pour l'action en commun qui, alors, peut être profitable pour tous. Ainsi
s'est constituée cette Association englobant des éléments empruntés à tous les
rivages, désignée dans les inscriptions de l'Égypte sous le nom de « Peuples
de la mer ».
E. LITRÈ
�Boia gravé de Auguste et Achille Rouquet
ILncla veJ)
ame
assier-ÎMagnan
ANS un paysage de murs de cyprès et de roseaux avec des rues
bordées de mas s'étend la ville immense des Jardins de SaintJacques (1). Parmi les plants déchiquetés des artichauts naissent
de magnifiques arbres à fruits sans que le verger nuise au potager.
Certaines propriétés comme le mas Carrère adossées aux coteaux de la route
de Lassus sont plantées de vignes dans les parties sans eau. Pareille richesse
ne peut que rendre ces campagnes fortunées, aussi chacun est-il heureux dans
sa chacunière.
« Pas toujours », me répondit Madame Carrère devant qui j'exaltais la
douceur de vivre dans un décor si bien fait pour réjouir la vue et les sens.
Un homme qui passait dans le chemin nous salua :
« Tenez, cet homme que voilà, m'a causé bien des misères à la mort de
Monsieur Carrère, mon mari. »
Madame Carrère poursuivit :
« Il se nomme Monsieur Xafador. Il a, comme vous avez pu voir,
bonne figure et riche santé. Méfiez-vous de la bonhomie des hommes ronds.
Donc, mon pauvre mari était sur son lit de mort. Une pensée le tortarait :
cette cave, qui est là, contre la maison. Elle appartenait à Monsieur Farroy.
Cette enclave, au beau milieu de notre propriété, nous gênait. Monsieur
Carrère était sur le point de s'entendre avec Monsieur Farroy pour l'acheter
D
(1) Jardins des environs de Perpignan.
�— 149 —
lorsqu'il s'alita. L'affaire restait en suspens. Vous savez comment sont les
malades, une chose inachevée qui les tracasse devient vite une idée fixe, et
ce fut le cas pour mon défunt mari. J'envoie mon fils Jacques trouver Monsieur
Farroy. Monsieur Farroy dit qu'il tiendra la promesse faite à Monsieur Carrère. Mon fils revient tout joyeux au mas, — il avait huit ans, mon petit
Jacques, — et nous annonçons à mon mari qu'il est propriétaire de la cave.
« Et l'acte de vente ? » demande-t-il ? — Nous lui disons que le notaire est
parti pour quinze jours dans ses vignes, mais qu'on signera dès son retour:
je ne voulais pas fatiguer inutilement mon pauvre mari par des discussions
d'argent.
A quelques jours de là, nous entendons du bruit dans la cave, des tonneaux qu'on roule, des chants. Et mon mari me demande : « Julieï Qui donc
fait ce tapage d'enfer dans notre cave ? » J'y vais et je trouve Monsieur Xafador : « De quel droit, Monsieur Xafador, travaillez-vous dans la cave de
Monsieur Farroy?». «C'est que, Madame Carrère, me répond-il d'un air
arrogant, je suis ici chez moi. » C'était vrai. Il faut vous dire que mon mari
et moi avions vécu avec insouciance : la propriété était grevée d'hypothèques.
Monsieur Farroy, pris de peur, avait préféré vendre à Monsieur Xafador.
Monsieur Xafador, bien renseigné lui aussi sur notre situation de fortune,
espérait se rendre propriétaire de nos terres à bon compte et se tailler ainsi
un beau domaine qu'il rattacherait au sien, tout proche. Acheter la cave,
c'était déjà mettre un pied chez nous.
Je reviens près de mon mari : « Eh bien, interroge-t-il plein d'anxiété,
que fait-on dans ma cave ? »
« Le granger y range la futaille, suivant l'ordre que tu as donné. »
Mon mari s'endormit tranquille. Il mourut quelques jours après.
Un matin, mon granger me dit :
«Madame, Monsieur Xafador est entré par la porte de votre jardin qu'il
a traversé en entier pour gagner sa cave. C'est plus court, pardi, que de
faire le tour par la route. »
Je vais aussitôt à la cave:
« — Monsieur Xafador, je vous ai vu traverser mon jardin tout à l'heure.
Vous devez bien savoir que vous n'avez aucun passage par là ?
— Madame, je ne savais pas.
— Vous êtes pourtant allé aux hypothèques et je vous croyais mieux
renseigné que moi-même sur les droits et les servitudes de la propriété.
Puisqu'il n'en est rien, je vais vous les apprendre. »
Mon Xafador ne savait où se mettre.
« — Ce chemin, par lequel vous êtes entré, m'appartient en entier. Vous
devez par conséquent faire le grand tour, sinon, procès... Cette fenêtre de
votre cave donne chez moi. Vous avez le droit de l'ouvrir, du dedans. Vous
n'avez pas le droit de venir la fermer, du dehors, sinon, procèsI Cet olivier
m'appartient aux trois-quarts. Si vous y attachez votre âne, et vous ne pouvez l'attacher que de ce côté, car ici, c'est chez moi, vous prendrez garde de
ne pas le secouer de peur que les olives ne tombent, sinon, procès! La pompe
que voici est chez moi ; deux fois par semaine, vous avez le droit de vous en
servir, mais il faut poser les seaux de ce côté-ci, car ici, c'est chez moi;
sinon, procès T Ce n'est pas encore tout, Monsieur Xafador. Le couloir qui
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sépare ma maison de votre cave m'appartient par moitié. Il est dit dans l'acte
qu'on ne doit y pénétrer qu'avec un barillet...
— C'est entendu, me répondit-il, je n'y ferai pas passer de gros
tonneaux.
— Il ne s'agit pas de cela, Monsieur Xafador, il est dit dans l'acte qu'on
ne doit y pénétrer qu' « avec » un barillet. On ne peut donc y pénétrer « sans »
barillet. Si vous y entrez ou si vous en sortez les mains dans les poches, je
me verrai dans la triste obligation de vous faire un procès. J'ai, comme
vous, Monsieur Xafador, le respect des droits qui s'attachent à la propriété.
J'ajouterai enfin, Monsieur Xafador, que tant que Madame Carrère sera vivante, et je suis en bonne santé, Dieu merci, le mas Carrère restera la propriété de Madame Carrère. »
Et je laissais mon homme abasourdi. Le soir même, Monsieur Xafador
revendait sa cave à Monsieur Llépafils.
A quelque temps de là, mon granger m'avertit que Monsieur Llépafils
venait de traverser mon jardin pour aller à la cave. Je m'y rends aussitôt :
«— Monsieur Llépafils, je vous ai vu traverser mon jardin tout à l'heure.
Vous devez bien savoir que vous n'avez aucun passage par là.
— Madame, j'ignorais, fait-il avec la meilleure foi du monde.
— Monsieur Xafador ne vous a pas averti des inconvénients de cette
propriété ?
— Non Madame.
— Je vais donc vous les apprendre. »
Je lui montre le détour qu'il faut faire pour aller à la cave, la fenêtre
qu'on ne doit pas fermer du dehors, l'olivier dont les olives m'appartiennent,
la pompe avec l'emplacement des seaux, le couloir qu'on ne doit traverser
qu'avec un barillet dans les bras...
— Madame Carrère, me dit Monsieur Llépafils, je comprends ce qui s'est
passé et comment Monsieur Xafador s'est moqué de moi. Dès aujourd'hui,
la cave est à vendre. A prix égal, je vous donne la préférence.
— Dans ce cas, Monsieur Llépafils, vous pouvez passer par mon
jardin, ouvrir la fenêtre du dehors, secouer l'olivier, vous servir de la pompe
quand il vous plaira, et passer dans le couloir en fumant une cigarette. »
Quinze jours après j'étais propriétaire de la cave. »
François DESBROSSES.
�MARIUS ANDRÉ
Un des meilleurs humanistes vient de mourir avec lui. Il était un des
maîtres de la poésie provençale depuis son «Ploù e Souleio» qui l'avait fait
proclamer, en 1892, poète lauréat des Jeux floraux septénaires du Félibrige ;
il connaissait parfaitement l'Espagne populaire, mystique et précieuse; peu
avaient pénétré mieux que lui Fétincelante obscurité de Gôngora et bientôt
paraîtront des Copias andalouses qui semblent nées duFolk-lore le plus ingénu. Il venait enfin de faire paraître, après tant d'études sur l'Amérique latine,
son Christophe Colomb démasqué dont le grand succès, après tant de luttes
et de traverses, le remplissait d'une grande et légitime joie.
Étrange destinée que la sienne! comme Paul Arène, plus qu'Arène
même, il a connu les angoisses intimes d'un destin contraire. Lui aussi en
fit des poèmes vibrants et chauds d'une humanité'si poignante qu'elle place
La gldri d'Esclarmoundo tout près du Calendau de Mistral.
Marius André est un de ceux qui ont le mieux connu et pénétré la pensée
du Maître de Maillane ; pendant neuf ans, en Avignon, ils collaborèrent étroitement à l'Aïoli et il est pénible de penser que la disparition d'André entraîne
la perte d'une foule de souvenirs mistraliens que lui seul aurait pu évoquer
un jour.
Poète en français, en oc, en espagnol, en catalan, il s'était permis en
ce domaine toutes les hardiesses et toujours avec un égal bonheur. Nul n'a
surpassé l'art et la souplesse de sa technique provençale qu'il enrichissait
au contact des littératures sœurs. Son dernier recueil Emé d'arange un
cargamen émerveille par la variété, l'originalité des rythmes, une grâce
tour à tour subtile, précieuse et naïve où se fondent tous les courants qui
circulent à travers les lettres des pays latins.
Sec et brun comme un cep de vigne, il était l'image même de ces laboureurs castillans, aux mâles traits de médaille. Mais il gardait, dans sa noble
étrangeté, le regard amusé d'un enfant. Quelle joie n'apportait-il pas, nouveau
Quichotte, à réhabiliter les héros impossibles, à renverser les fausses
gloires T
Colomb n'a point sujet de se plaindre d'être dépossédé de sa magique
auréole d'inventeur de mondes neufs; car André le sacre un des plus
parfaits poètes que son âge ait connus. Imaginer l'homme de la nature, sentir
et décrire les beautés étonnantes de ces îles surgies d'un océan encore vide
de caravelles, n'est-ce pas un lot plus désirable que la gloire misérable d'un
conquérant avide de terres, d'esclaves et d'or brut ?
Personne ne connaissait comme Marius André l'Amérique latine qu'il
avait parcourue, étudiée et aimée au cours d'une carrière consulaire féconde.
Il a laissé là-bas les amis les plus éminents parmi les conducteurs de peuples.
Sa mort n'aura pas été moins ressentie, de la Colombie au Venezuela par
exemple, qu'en cet Avignon de sa jeunesse où il avait fait le rêve de revenir
un jour.
�— 152 —
Humaniste, poète et philosophe, il avait la tête bouillonnante de projets
et avait amassé, pendant ses studieuses recherches à la Bibliothèque nationale, la matière de plusieurs ouvrages dont il aimait à entretenir ses amis.
La fortune lui a manqué au moment où il pensait la saisir, de même
que la renommée qui semblait l'attirer définitivement à elle.
Les dernières-heures de Marius André ont dû être faites de douloureux
renoncements ajoutés à ceux qu'il avait virilement acceptés depuis un tiers
de siècle. C'est en stoïque, avec un beau sourire que rien ne put jamais effacer
dans ses yeux et sur ses lèvres, qu'il a vu arriver la mort, comme s'il songeait
intérieurement à ces beaux vers d'Esclarmonde :
E, sèns bestour ni chancello,
Lou cor gonfle de baudour,
Vau vers ma PivelarelloT
Jean CAMP
LE DOCTEUR CH. PÉLISSIER
Un des meilleurs prosateurs d'Oc vient de disparaître avec le Dr. Pé.
lissier, collaborateur de la Cigalo Narbouneso dont il fut un des fondateurs,
il laisse deux ouvrages dont l'un, la Cloto, fut couronné aux grands jeux
floraux septennaires de 1920, ce qui valut à son auteur l'honneur de désigner
pour les sept ans qui viennent de s'écouler, la reine du Félibrige, MLLE Vinas.
Dans ce roman qui est un essai de reconstitution de l'époque romaine
dans la Narbonnaise, le Dr. Pélissier réalisa ce tour de force d'exprimer
avec une langue accessible à tous les choses et les faits qui paraissent les
plus difficilement traduisibles dans notre languedocien appauvri d'aujourd'
hui.
Aussi éloigné du plaqué archaïque que de la platitude galliciste le Dr Pélissier avait réussi à manier un style dru et net, évocateur exact des horizons
à arrêtes et des paysages découpés de ses Corbières natales. Avec la même
maîtrise, il avait publié, l'an dernier un long récit fantastique « L'Elh de la
Pounso » d'une verve richement évocatrice et d'une tenue littéraire remarquable.
Il fut un des meilleurs artisans de la renaissance félibréenne dans le
Bas-Languedoc et ceux qui ont bénéficié de son exemple, de ses conseils et
de ses encouragements voueront un culte pieux à sa mémoire.
J. C.
�— 153 —
LIVRES ET REVUES
Gaston Chérau, (de VAcadémie Goncourt) l'Égarée sur la Route
(J. Ferenczy et fila — Paris.)
L'auteur de ces romans célèbres qui ont établi sa réputation : Champi-tortu, la Prison
de verre, Valentine Pacquaut etc., est des nôtres par ses origines méridionales, et de plus il
a dans ses oeuvres, dépeint la vie provinciale avec une âpre exactitude et un sens psychologique remarquable. Il nous est donc doublement cher etnous sommes fiers de le compter parmi les collaborateurs de nos Feuilleta. Ce qui caractérise l'art sobre et émouvant de Gaston
Chérau qui continue la tradition des Flaubert, des Maupassant, des Zola, avec un accent si
personnel pourtant, c'est l'intensité de l'émotion contenue, la vigoureuse touche de ses
tableaux, la réalité palpable de ses personnages. Tous vivent vraiment et parlent. Nous entendons leur marche et leur voix, nous voyons leur visage, ils sont, non pas des entités, des
figures vagues, mais des êtres de chair et d'os, des êtres musclés, des créatures humaines qui
souffrent, palpitent, crient de joie ou de douleur.
Le thème de l'Égarée aur la Route, roman dont le succès grandit de jour en jour, exigeait une grande délicatesse puisqu'il traite de la jalousie d'une jeune fille, Gertrude, amoureuse de l'amant de sa mère, le peintre Bertrand Gallois. Les pages d'amour passionnées où
s'étreignent les deux amants ont cette violence et ce lyrisme voilé qui nous emporte nous
mêmes dans ce vertige de deux chairs et de deux coeurs éperdus. Car le véritable amour, c'est
la communion de la chair et de l'âme : sens et cœur unis emportent l'être humain hors du
petit train-train journalier, vers les sphères qu'atteignent seuls les amoureux et les penseurs.
Et il ne faut pas croire que les vertigineuses hauteurs du rêve et de la méditation soient
atteintes par l'esprit seul, le corps, le corps mystérieux avec ses mouvements secrets y a
sa part. C'est Vorganiame tout entier qui pense.
Ce qui fait l'originalité du thème de Gaston Chérau, c'est que l'amante passionnée,
Madame Againe, la mère de Gertrude, est aussi la mère la plus aimante et la plus attentive,
c'est qu'elle sent, c'est qu'elle devine la passion inquiète de sa fille et qu'elle ne voudrait pour
rien au monde perdre l'affection de son enfant chérie. Il faudra donc que les deux amants
ramènent cette âme égarée vers un fiancé qui l'adore et ils y parviendront parce que tous
ceux qui aiment savent trouver les paroles qui consolent et guérissent. C'est là une belle
oeuvre de plus à l'actif de ce maître romancier que l'Académie Goncourt a voulu compter
parmi ses membres; elle ne pouvait faire un meilleur choix.
Léo Larguler : Le peintre Georges Michel
(1763-1843)
(André Delpeuch, Éditeur, Paris.)
C'est une étude très vivante et très colorée que publie Léo Larguier dans cette collection des peintres, présentée avec le plus grand soin par l'éditeur André Delpeuch. Le peintre
Georges Michel, que l'on a appelé le Ruysdaël de Montmartre, a trouvé en Léo Larguier un
biographe qui a su lui faire rendre justice en nous expliquant son âme et son cœur, nous
faire mieux comprendre cet art qui se rapproche de celui d'Hobbema et de Huysmans, et,
par ses tons de ciel, de Ruysdaël.
La vie de Georges Michel est émouvante par sa simplicité même et par ses humbles
débuts. Il fut d'abord marchand de bric-à-brac et de vieille peinture et il commença à peindre
pendant ses moments de loisir. Il acquit la maîtrise à force de patience et de labeur assidus
et ses toiles sont aujourd'hui recherchées. Nous devons remercier Léo Larguier, le poète,
que ses origines Nîmoises rapprochent encore de nous, d'avoir écrit un livre plein de vie,
d'humour et d'émotion et d'avoir su éviter, par la magie même de son style ardent, la sécheresse de l'érudition. Remercions-le aussi d'avoir dressé à la fin du volume une liste très
complète des oeuvres retrouvées de ce peintre tenu longtemps dans un si injuste oubli I
�— 154 —
Hélène Picard : Pour un mauvais garçon. (Poème)
(A. Delpeuch Éditeur, Paris)
Hélène Picard qu'Èmile Faguet appelait si gentiment la bergère latine, vient de publier un nouveau livre de vers qui est un long poème et a pour titre: Pour un mauvais garçon. L'auteur de l'Instant éternel, de Province et Capucine et de tant d'autres volumes de
vers vibrants d'un fougueux lyrisme, a pour ainsi dire renouvelé sa manière dans ce récent
ouvrage. Hélène Picard a traité avec cette délicatesse secrète et ce sens du mystère que possèdent les rêveurs un sujet réaliste.
Elle a su percevoir, dans la banalité quotidienne des rencontres, l'étrange et invisible
halo qui entoure les êtres humains. Elle a jeté sur la fange l'étincelle lyrique qui la fait
flamboyer tout à coup comme fait le soleil sur l'ordure.
Alors, ô ma beauté, dites à la vermine,
Qui vous mangera de baisers
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De nos amours décomposés.
Ce» vers de Baudelaire chantent en nous et pourraient servir d'épigraphe à ce livre^
Ils disent assez le pouvoir qu'a le poète de transposer, comme la nature même, les objets les
plus vils, de tirer des êtres et des choses vulgaires des accents éperdus, des rayons de clarté.
Par ces vers d'Hélène Picard que je cueille au hasard de l'ouvrage, on comprendra
mieux ma pensée :
Mystère de la chair et de la plus sensible,
Périlleuse candeur d'une enfant sans péché...
Tout est piège et douceur, tout est tendre et terrible.
Ahl tout est signe... et rien ne peut être empêché.
Oui, sans doute déjà, dans la jungle des chambres
Et bien avant l'amour, le danger, le combat,
Je découvrais tes yeux de guet, de soleil, d'ambre,
O mon mauvais garçon, ô fauve délicat.
Les âmes que la souffrance a purifiées et qui ont bu le calice des amertumes comprendront, mieux que toutes les autres, ce que peut découvrir d'innocence et de lumière
un poète dans l'être le plus vulgaire.
Il faut féliciter Hélène Picard d'avoir su renouveler sa manière en conservant son
pur lyrisme, et de s'être rapprochée du génie de Charles-Louis Philippe, celui de Bubu de
Montparnasse.
*
« *
On nous annonce pour le 15 Octobre, la publication d'une nouvelle revue CatalaneRoussillonnai.se qui portera ce beau titre : Vallespir. Elle paraîtra à Céret, et sera dirigée
par deux hommes de goût, nos excellents amis Michel Aribaud et Charles Roussillon. Nous
saluons avec joie Vallespir en lui assurant que le concours des Feuillets Occitans lui est pleinement acquis.
Frédéric SAISSET
Gabriel TALLET : Au Seuil de la Maison (Poème)
(Aux Éditions d'Art Radot, Paris.)
« Une rose d'automne est plus
qu'une autre exquise »
Votre livre, Tallet, je voudrais ne pas l'aimer à cause de son accent qui est celui de
la désespérance. Mais c'est bien ici le cas de se rappeler le vers de Musset. Oui, Tallet,
votre livre est beau et l'un des plus beaux.
Je ne crois pas que le regret de la jeunesse lointaine, lointaine avec toute sa richesse
de foi, d'amour et d'ambition, ait jamais trouvé dans aucun langage rimé, une expression
�plue pénétrante ni plus pure que dans les poèmes que vous nous offrez. Ils mordent au plus
sensible du cœur et tout à la fois le caressent. Ahl que je voudrais leur échapper! Mais je ne
le puis pas. Il faut que je leur revienne sans cesse, et que je savoure, ô sorcier, l'amère et
délicieuse volupté des larmes qui les a trempés, comme une rosée d'octobre limpide les premiers chrysanthèmes.
Des larmes, Tallet, qui ne sont pas les vôtres seulement, mais aussi les miennes, mais
aussi les nôtres de nous tous qui sommes nés de la même terre, sous la même étoile ardente,
et dans le même temps que vous.
Ce « beau dimanche bleu» dont le rayonnement nous accueille au seuil même de votre
maison, il fut aussi jadis notre beau dimanche, et comme le port illuminé de notre enfance
d'où — pour quelles mers et quelles saisons — nous sommes tous, un jour, avec vous, partis.
Votre maison, l'antique maison où s'anime toujours — mais hélas! seulement pour le
souvenir — le sourire indulgent de l'aïeule prudente, cette maison, tendre poète fraternel,
elle est toute pareille à celle qu'autrefois j'ai connue et qui me reconnaît toujours, dans ce
vallon des Pyrénées où mon adolescence arcadienne essaya ses premières flûtes et qui m'enseigna les Dieux.
Anch'io, mon cher Tallet. Il m'a été donné comme à vous-même de chérir longtemps
cette mère deux fois maternelle qui jusqu' « aux limites de l'âge » et maintenant même que
je ne la vois plus de mes yeux mortels, fut et demeure souveraine sur ma vie. Avec quelle
pieuse émotion et quel trouble je vous accompagne dans votre chemin de retour vers celle
dont chaque jour vous évoquez « le nom et le visage » :
« Je te voyais descendre, alerte, l'escalier,
« Tu cueillais, au verger, un fruit mûr sur la branche,
« Et ta coiffe mettait partout la tache blanche
« Dont rêvait tristement mon âme d'écolier.
« Mais j'accourais, l'été, quand sonnaient les vacances,
« Mon cœur battait, j'avais deux mois pour te chérir,
« Deux mois qui me semblaient ne pas devoir finir,
« Pour revivre par toi, ma radieuse enfance.
« Je retrouvais mon lit, ma chaise, mon bureau
« Que paraît ton souci d'élégance soigneuse,
« Et je n'étais heureux que de te voir heureuse,
« Le jour de mon retour te semblait le plus beau.
« Hélas! tu vis mourir les nôtres, toi, l'aïeule..
« Ce fut ta destinée après quatre-vingts ans,
« Que tes yeux desséchés pleurent sur tes enfants
« Dans la maison, trop grande, où tu demeurais seule.
Il n'est pas une ligne de ce poème où, comme sur une corde tendue au point de se
briser, ne frémisse mon cœur d'enfant. C'est par ce poème que s'exerce sur moi le plus âprement ce douloureux génie qui enchante tout votre livre.
Et, nulle part rien de contraint ni d'obscur. Partout le naturel de l'âme et du paysage. Vos vers vont droit où ils veulent toucher. Ils ne vous condamnent pas, ainsi que tant
d'autres, aux détours incertains d'une exégèse qui est le triomphe de Bélise.
J'admire la profondeur transparente de ce torrent qui s'apaise, à l'heure de la plaine
tandis que sur l'horizon clair du soir frissonne infiniment une ligne bien ordonnée de peupliers de France et de cyprès du Languedoc.
Georges VILLE
�PAUL LACOMBE
Paul Lacombe, compositeur, membre correspondant de l'Institut et
doyen des musiciens Français, vient de s'éteindre à Carcassonne où il était
né le 11 Juillet 1837. Alors que l'Allemagne a publié sur notre compatriote de
sérieuses et substantielles monographies, la presse française a annoncé sa
mort en cinq lignes, confondant même Paul Lacôme, auteur aimable avec
Paul Lacombe, grand Artiste I...
Lorsque en 1906, je quittai brusquement la maison paternelle pour
tenter « la belle aventure » musicale , je me réfugiai d'abord à Carcassonne.
J'y vécus quelques mois entrecoupés par quelques visites au compositeur
Dêodat de Sêverac. Il habitait alors son S'- Félix-de-Caraman natal, près
de Revel. Il me reçut cordialement, me rassura sur mes dons et me conseilla
de voir à Carcassonne, Paul Lacombe, musicien célèbre, quoiqu'il n'eut
guère quitté le chef-lieu de l'Aude.
Je me rendis souvent le cœur heureux, dans la belle maison du Boulevard du Musée, où demeurait l'auteur de la Rapsodie sur des airs du Pays
d'Oc. Je lui soumettais avec une foi ardente (même avec une ardente bonne
foi!) des devoirs d'harmonie, des petites compositions. Il me dispensait
ses précieux conseils ; et puis, il interprêtait au piano, avec un art simple et
lucide, toutes sortes d'œuvres anciennes, modernes, contemporaines, avancées, voire révolutionnaires. Il avait alors près de 70 ans! Je l'admirais.
Aujourd'hui, je le vénère et j'affirme qu'aucun homme de son âge n'a jamais
mieux compris ni plus aimé les grands novateurs, à commencer par le français Claude Debussy...
C'est que Paul Lacombe était un vrai musicien.
Ses études ? il avait beaucoup lu, beaucoup retenu. L'exercice du clavier
lui était d'un grand secours. Plus tard, il avait compris que les facilités, les
dons nes'étayaient que sur une sévère discipline. Il devint l'élève chériet l'ami
de Georges Bizet, l'auteur de Carmen, et de VArtésienne. Bizet instruisit
Paul Lacombe, l'encouragea, le soutint, le prôna. De Carcassonne, Lacombe
obtint pour des symphonies, de la musique de chambre, des récompenses
officielles enviées : le Prix Cressent, entre autres. Dans la suite, l'Institut
choisit Paul Lacombe comme correspondant français en même temps qu'elle
désigna pour l'Allemagne le célèbre Max Bruch. Joué fréquemment à Paris
entre 1880 et 1900, Lacombe n'y venait que pour la mise au point de ses œuvres.
La musique évolue : les modes changent : Paul Lacombe ne se déplaçe plus
que rarement. La guerre arrive : Paul Lacombe ne quitte plus le Boulevard
du Musée...
Fantassin volontaire au 143me, je retrouvai certain soir le maître : « Alors
mon cher Raynal... encore une fugue... après tant d'autres ï — Oui, cher Maître
je ne suis plus que le vulgaire « 2me classe » qui, hier encore, montais en haut
de la Tour Narbonnaise, une garde seulement utile à mes rêveries! — C'est
bien T Et vous partez bientôt ? — Dans quelques jours! comme tout le monde î
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A lors le vieillard se pencha vers moi. Il m'étreignit, répétant à mi-voix : « BienT
Bien! BienT »
Ce jour-là, la conversation n'alla pas plus avant...
Je ne devais pas revoir Paul Lacombe. Il m'écrivit souvent au front —
De grands Artistes de passage, malades, blessés furent « soignés » à Carcassonne, tels Carlos Salzedo, roi de la harpe, pianiste et compositeur remarquable qu'hier encore, le tout-Paris artistique acclamait. Salzedo fit la connaissance de Lacombe qui l'étonna par son talent et son érudition. De son
côté, Paul Lacombe me racontait leurs entrevues, me décrivait des œuvres
nouvelles, me parlait musique. Et, pour un temps rasséréné, je comprenais
que le vieux maître aimait à faire le bien.
Son caractère? Tout de bonté et de franchise... beaucoup de finesse
ironique... Des élans généreux... De l'humour, de cet humour débordant si
bien défini ici-même par le sérieux et subtil Benjamin Crèmieux... Dans le
salon familier, je vois encore Paul Lacombe chanter en dansant et rythmant
ses pas des mains entre-choquées, les couplets du « célibataire » qu'il développa si bien dans la Rapsodie du Pays d'Oc. Il se délectait de la langue
mi-française, mi-pâtoise...
« La bie (la vie) d'un garçon est la plus jolie, quand il n'a pas d'argent
pour se mariéT (se marier). Au cabaret, boire et dansé, (danser) toujours
caressant les filles, sans jamè songé (jamais songer) à se mariéII»
L'élève de Bizet était gai et sans rancune! Quand il fit jouer aux Concerts
Colonne, une fresque symphonique intitulée : Le Camp des Croisés, Willy,
l'ouvreuse, toujours à l'affût de calembredaines pour garçons-coiffeurs,
jugea en ces termes « Ce camp des Croisés nous donne envie de le f... par
les fenêtres!» Ce soir-là Willy dut dormir fièrement: il avait fait un triple jeu
de mots!.., Plus tard, il eut besoin pour achever un livre sur Bizet de la volumineuse correspondance de Bizet et Paul Lacombe. Celui-ci lui envoya tout
les documents demandés, avec ces simples mots :
« Très heureux que votre envie de f... le camp ne vous ait amené
que jusqu'à Carcassonne! »
Des traits spirituels de ce genre abondent chez Paul Lacombe, mais
« l'Anecdote, déclarerait notre Prosper Montagné, n'est que le condiment
de l'Analyse », et j'ai hâte d'arriver à l'œuvre du maître carcassonnais.
Il est innombrable : pièces d'orchestre, de piano, études transcendantes
pour l'instrument, sonates, trios, quators, rapsodies, symphonies, mélodies
instrumentales et vocales, Paul Lacombe a tout abordé avec un égal bonheur.
Pourtant ce musicien passionné dédaigna le Théâtre lyrique; il en avait
senti instinctivement les tares... Et puis, il lui eut été impossible à Carcassonne, d'user des démarches, visites, salamalecs et compromis, de tout ce
matériel indispensable à l'arrivisme dramatique!... J'ai déjà dit que Paul
Lacombe était très au courant de la production contemporaine. Par ailleurs
Saint-Saëns, Fauré, d'Indy étaient ses meilleurs amis. Certaines mélodies
du maître Carcassonnais, parues entre 1900 et 1910 semblaient écrites par un
ieune, tant elles utilisaient intelligemment l'actualité... Mais, au fond, Paul
Lacombe appartient à l'école classique. «Classique? écrivait un jour Jules
Lemaître, cela comporte une idée d'excellence. Cela implique aussi la clarté
la sobriété, l'art de la composition; cela veut dire enfin que la raison, avant
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l'imagination et la sensibilité préside à l'exécution de l'œuvre et que l'écrivain domine sa matière»... Parfois, certains classiques bondissent en des
élans grandioses. Chez eux, la science et l'ardeur sont unies pour le plus
grand bien de la clarté et de l'équilibre. Ce sont des Classiques enthousiastes
Paul Lacombe s'y rattache. Sa musique fougueuse, harmonieuse, bien proportionnée, fait songer à un Saint-Saëns mieux portant, moins atrabilaire
à un Saint-Saëns méridionalT.. Paul Lacombe ignorait le parti-pris. Il saluait
avec joie la beauté sous toutes ses formes. Son cœur était très grand, son humeur très égale. Comment en eut-il été autrement ? Ce rêgionaliste (au sens
élevé du mot) respirait à Carcassonne un air préservé de tous miasmes... Ah I
les promenades fécondes!.. Que de fois Paul Lacombe descendait le Boulevard
du Musée!.. Il marchait, rêvant... A ses yeux levés, la Cité, véritable sphinx
aux aspects toujours renouvelés, s'imposait. Les yeux abaissés contemplaient
les sinuosités du Lampy fluide et cristalin!..
Comment Paul Lacombe n'eut-il pas aimé les hommes et les choses!
Tel Déodat de Séverac, il a été le vrai Rêgionaliste. Il n'a pas constamment
puisé dans le Folk-lore et traitédes sujets purement locaux, mais, apportant
à des matières générales ses qualités essentiellement méridionales et audoises
il a travaillé pour cette petite Patrie à laquelle il demeura si fidèle !
Il y a loin de ce magnifique régionalisme inconscient au régionalisme
conscient et organisé des « petits grands hommes dans un rond », si habitués,
à l'encens local que la véritable gloire venue d'ailleurs les blesse naturellement!.. Fausse grandeur? faux régionalisme? Paul Lacombe les ignorait.
Aux sentiers tortueux de l'arrivisme, il a préféré la large route de la paix. Ce
choix lui a valu une vieillesse extraordinairement lucide. Il lui a permi d'écrire des pages fort belles qui, en dépit de la mode, resteront. Beaucoup de
productions sentent aujourd'hui la hâte et empoisonnent l'acétylène. Celles
de Paul Lacombe « fleurent bon ». Elles seront une immortelle aubade
printanière I
Maître, vous voilà revenus pour toujours à la terre natale. Prenez
paisiblement le grand repos bien mérité. Vous avez été pur; vous avez été
sage... Le sort vous préserva de la nostalgie du pays lointain. Vous avez sans
cesse vu nos paysans se recueillir aux sons des Angélus, creuser avec courage des sillons amples et droits et, le soir venu, babiller, rire, chanter,
danser sainement!.. Vous avez toujours participé aux rondes ensoleillées des
vendangeurs sonores!.. Vous avez pu rêvasser pendant que la nuit envelop"
pait la Terre, votre Terre, notre Terre, la plus grande amie! Quels regrets
sont les nôtres!.. Qu'il est dur de ne pas quelquefois, laisser son esprit monter
caracoler, retomber, reprendre et s'assoupir enfin avec la flamme de la
grande cheminée ancestrale!..
Vous, cher Paul Lacombe, vous avez été heureux! — En souvenir de ce
bonheur, de grâce, conservez-nous la ferveur et la sérénité! — ...Qui sait!.,
peut-être en ce moment dans un coin perdu de l'Aude, une digne paysanne
guide les pas irréguliers d'un enfant qui deviendra un grand artiste comme
Paul Lacombe, notre dernier disparu, comme Joseph Delteil, notre dernière
«conquête » occitane... Car, à point nommé, surgissent, chez nous, des héros,
�- 159
BAIGNEUSE. — (Bois de Gaspard-Maillot)
�)
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des savants, des écrivains, des artistes puissants et racés qui prouvent à beaucoup d'autres provinces étonnées, la fécondité inépuisable des flancs de
notre Aima Mater.
ADRIEN-RAYNAL
Compositeur et Chef d'orchestre.
Lauréat de l'Institut,
Violoncelliste, Membre du Jury du Conservatoire National.
N. B.— 11 serait normal qu'on élevât, dans le square du Musée à Carcassonne, un
monument à Paul Lacombe. Sans doute, la Municipalité de Carcassonne approuverait ce
projet. Mais comment le réaliser?
A R.
LES DEUX TÉMOINS
Dans les cavernes des montagnes
Qui sont autour du Paradis
— Enoch et ElieT —
Deux grands prophètes il y a...
Et ils dorment là,..
A travers les anciens déluges.
Allons les réveiller, ma sœur,
Car c'est bientôt l'heure
Où viendra le Seigneur Jésus...
Ah! ne tardons plus!
Nous irons chanter à leur porte
La ronde de la Fin-des-Temps...
— Chante, ma sœur, chante T —
Et les dormeurs s'éveilleront
A notre chanson!
Nous leur dirons que l'heure est proche
Et que le soleil s'est levé...
Nous leur dirons qu'il faut qu'ils sortent...
Et ils sortiront!
Car ce sont eux les candélabres,
Les olives et les témoins
Qui doivent sans crainte
Prêcher aux Églises l'Avent
De la Fin-des-Temps!
Loys LABÈQUE
�Bois original de Gaspard Maillot
PROMENADES ARTISTIQUES
EN OCCITANIE
Au M.usée de NarhonneJ
E connais bien le Musée de peinture de Narbonne pour y être
allé maintes fois. Mais il est rare que je passe dans l'antique
cité latine sans errer quelques heures dans son Musée. Heures
de calme rêverie, dans l'appaisante atmosphère des salles.
Narbonne est une vieille cité d'art. La cathédrale de St-Just
reste célèbre par son architecture gothique du XIIIme siècle.
Le musée lapidaire réunit en grand nombre, des sculptures et bas-reliefs romains. Celui qui abrite la peinture possède d'uniques collections de faïences,
ainsi que de médailles, statuettes, d'objets usuels antiques. La peinture ancienne s'y trouve assez bien représentée, quelques primitifs, quelques hollandais de valeur. Le dix-huitième siècle y affirme son goût pour les portraits
avec deux frères Rigaud, une jeune fille sentimentale de Greuze, un délicat
�— 163 —
Chardin, un pastel de Rosalba, une expressive tête de vieillard glabre, à
l'ovale distingué par Vien, un peintre de ses élèves et un dauphin par Louis
David, xin dieu par Oudry veille sur tous ces séduisants personnages. Le
paysage de cette même époque revit dans un Panini et surtout dans un Hubert Robert, L'arrivée des Pêcheurs, d'une délicieuse blondeur.
Mais de la Révolution à nos temps actuels, le catalogue qui a été établi
naguère avec beaucoup de soin par le conservateur M. Berthomieu, mentionne
peu de toiles intéressantes. Un site provençal, d'assez grandes dimensions,
de Léon Fabre, un chemin de charretons, des genêts de Gustave Fayet, quelques autres petits paysages. Voilà pour l'art moderne. C'est peu.
Le Musée de Narbonne toutefois s'est enrichi dernièrement de plusieurs tableaux de Dehodencq, à la suite du legs Joseph Romain. Alfred Dehodencq, n'est pas un peintre négligeable du dix-neuvième siècle. Son arrestation de Charlotte Corday, ses scènes espagnoles ou marocaines ont de
la couleur, de la vigueur de la vie. Son portrait du poète Théodore de
Banville a de l'esprit dans la solidité de la matière. Des peintures de Dehodencq qui ont été léguées au Musée de Narbonne enferment toutes les
qualités de cet artiste en qui s'allient assez curieusement le romantisme d'un
Delacroix et le réalisme d'un Manet. Le départ des mobiles en 1870, avec la
foule sur les boulevards, l'omnibus les moblots qu'accompagnent des femmes
élégantes ou des femmes du peuple appartiennent au réalisme. De même
l'intérieur de ferme que le soleil traverse et où des paysans sont attablés dans
un coin. De même la procession avec le cortège des jeunes filles en blanc.
Mais la troupe des Bohémiens au retour d'une fête, la gitane au tambour
de basque devant la carriole sent le pittoresque romantique. Ce legs constitue
un apport intéressant pour une époque qui était mal représentée. Joseph Romain a légué, en outre, une somme assez importante au même Musée. La commission archéologique de Narbonne, qui est une des plus renommées par ses
travaux, aurait l'intention d'affecter une partie de cette somme à l'agrandissement des locaux et à l'achat de peintures modernes. L'une et l'autre de ces
destinations seraient également opportunes.
Domergue-Lagarde à À/Lontaubaru
Domergue-Lagarde vient de réunir à Montauban une petite exposition
chez M. Verdier, rue de la République, à côté des Galeries-Modernes. Nous
tenons à la signaler eomme nous l'avons fait il y a quelques mois, pour l'ensemble que ce même coloriste avait exposé à la Galerie Chappe, à Toulouse, et
qui lui avait valu des articles compréhensifs de nos compères Louis Gatias
et Louis Lacroix. Domergue-Lagarde est de Tarn-et-Garonne. Il passe une
partie de son année à Valence d'Agen où il travaille dans le calme du provincial, si favorable à l'effort. La région de Montauban compte un groupe important d'artistes et des plus robustes, des plus vivants. Il les imagine groupés
autour du grand Bourdelle, ainsi que dans un grand tableau de Courbet ou de
Fantin-Latour. J'y vois Marcel Lenoir, le peintre dont le mysticisme se vêt
d'une facture plastique ; Abbol, le sculpteur de taille directe qu'Armand Praviel et Doujau ont évoqué dans un récent article, d'un relief saisissant, occupé
à inscrire dans la pierre les bas-reliefs du monument aux morts de Toulouse
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J'y vois encore les peintres Desnoyer, Cadène, Andrieux. Mlle Andrée Pouvillon, et quelques autres. Une importante place doit être réservée à DomergueLagarde dans cet « atelier » montalbanais.
Ce sont principalement des natures mortes que le peintre a montrées à
ses compatriotes. En rapportant dans une toile de fruits, des pêches occitanes
si savoureuses qui rivalisent pour les colorations avec des oranges, des citrons
des bananes mûries sous des cieux de chaleur, en rapprochant des bouquets
de fleurs, surtout ces chrysanthèmes dont les chevelures chatoient comme des
coulées de tubes de couleurs. Domergue-Lagarde a cherché surtout à juxtaposer
des taches colorées. J'ai eu l'occasion, au cours de nombreux articles dans la
Presse quotidienne et même dans ces « Feuillets », d'affirmer que l'on était
véritablement un peintre que si l'on aimait la couleur. Celui qui emploie
avarement la couleur, qui broie du noir sur son tableau ne peut pas connaître
la joie de peindre. Domergue-Lagarde ne craint pas de coucher sur sa toile
des tons francs, vifs et de les bien nourrir. Et le goût qu'il y arde pour la
couleur ne l'empêche pas de modeler les formes. Bien au contraire, cet artiste
dessine avec la couleur, et il s'applique à bien opposer les surfaces de lumières, aux surfaces d'ombres, ce qui donne à ses productions une plénitude
savoureuse. La nature morte permet la liberté de combiner des voisinages
de taches en juxtaposant les objets les plus divers. Domergue-Lagarde s'est
complu dans ces jeux des tonalités. Et nous savons que lorsqu'il s'agit de brosser un grand panneau ou de décorer une surface, cet ardent coloriste témoigne de réelles qualités de composition. Il l'a prouvé avec sa décoration pour
le pavillon de l'Afrique occidentale française, en 1925, et avec d'autres, antérieurement. Il exécute en ce moment des travaux de grande envergure, dont
les tableaux qu'il a exposés sont un délassement tout autant qu'une préparation.
Hanicotte à CollioureJ
J'ai parlé dans une précédente chronique de ces curieuses aquarelles ou
gouaches faites par les gosses de Colliour e, garçons et fillettes de pêcheurs et de
paysans sous la direction du bon peintre Hanicotte. J'avais répondu à ce
moment-là à une objection que je devinais, au sujet des productions de ces
enfants. Ce maître bénévole n'allait-il pas éveiller chez ses petits élèves des
ambitions picturales qui les pousseraient à venir augmenter dans leur province ou à Paris, le bataillon toujours plus nombreux des artistes ? Le but
d'Hanicotte était moins d'en faire des artistes que des artisans, capables de
donner à leur existence l'agrément d'un peu décadré artistique. L'œuvre poursuivie à Collioure est entrée dans la voie des réalisations. J'ai eu sous les yeux,
ces temps derniers, des petits carrés de tapisserie, dûs aux gosses de ce pittoresque port d'après le dessin qu'ils en avaient composé. La curieuse tour
aux tons jaunis, la masse de la mer bleue, la nappe du ciel d'un bleu plus
adouci, les maisons claires en constituent le thème habituel. Mais il est interprêté avec tant d'imagination, de souplesse, de variété dans l'arrangement et
le coloris qu'aucun de ces sacs, — car ces tapisseries ornent des sacs à ouvrage ou à bonbons, — ne ressemble à celui qui le suit ou le précède dans cette
intéressante collection. Le peintre Hanicotte, qui a fait de Collioure son sé-
�— 165 —
jour de prédilection, s'est consacré à ces travaux d'enfants avec une foi, un
zèle vraiment rares. Rien cependant n'a été négligé de la part de certains
petits fonctionnaires locaux pour mettre des bâtons dans les roues de ses
projets. Hanicotte a connu l'ingratitude.
Il a cependant négligé ses œuvres personnelles pour décorer les murs
de l'école de panneaux représentant quelques sujets de fables de La Fontaine qu'il a situés dans les sites du Roussillon. Et cela, pour l'amour de l'art de
ses gosses. Hanicotte a des dons de décorateur. Ils les a manifestés dans son
grand tableau du Luxembourg et dans plusieurs autres toiles. Il allie assez
curieusement un sens décoratif dans le groupement des personnages, sous la
disposition des paysages à un réalisme, à une observation spirituelle des
attitudes. Dans une suite de panneaux brossés pour la salle à manger d'un
particulier, il a repris le thème des saisons, en animant des figures jeunes et
enjouées, des décors naturels d'une agréable fraîcheur de tons. Cet artiste,
d'une générosité et d'une bonhomie bien françaises, continue la tâche qu'il
s'est imposée à Collioure. Au reste, il a su gagner la sympathie de ses petits
élèves, pour lesquels il personnifie l'artiste par excellence, si bien qu'un
maître d'école leur ayant proposé comme sujet le portrait d'un peintre, ils
ont esquissé des têtes de «Monsieur Hanicotte». Et j'ai un profil de celui-ci
tout à fait curieux, tracé par un jeune crayon.
Il faut souhaiter que ces travaux d'art appliqués exécutés par les gosses
de Collioure soient encouragés par les amateurs. On devra acheter en souvenir du pittoresque port roussillonnais, un sac avec une tapisserie dûe à un
enfant de pêcheur; cela vaudra mieux que les affreux objets en coquillages
fabriqués pour toutes les plages et qui puent le bazar.
Hanicotte et ses gosses font du bon régionalisme!
PAUL-SENTENAC
Dans Paris-Midi, une enquête a été ouverte dernièrement sur l'utilité de la Critique
d'Art, par notre confrère M. Gros, auprès des écrivains et des artistes les plus connus de la
Capitale. Notre collaborateur Paul-Sentenac consulté, a répondu longuement dans son article
du Carnet de l'amateur d'Art à la Renaissance où il assure chaque semaine la Rubrique
Artistique. Et c'est la réponse de Paul-Sentenac, dans laquelle 11 affirme que l'essentiel pour
le critique est d'être indépendant et d'avoir la foi qui a été prise comme conclusion par l'enquêteur. Nous en félicitons notre collaborateur et vice-président.
�— 166 —
BIBLIOGRAPHIE OCCITANE
A TRAVERS LES REVUES
Ssptimanie.— Rédaction, administration, direction : 34 Rue Turgot, Narbonne. Directeur, Rédacteur en chef : Docteur Paul Duplessis de Pouzilhac. — 5° année N° 44.
Septimanie donne à ses lecteurs avec de beaux bois gravés inédits de Claudel et de
Devaux, La plus belle légende des pays de langue d'Oc par Buriot Darsiles.
L'auteur nous conte l'histoire et la légende de Jaufré Rudel prince de Blaye. En dehors
de sa participation à la deuxième croisade, on ignore tout de sa vie, mais il nous a laissé
trois-cents vers de huit syllabes, six chansons au charme prenant, malgré quelques obscurités.
Dans la seconde, il chante un amour en terre lointaine, une femme si belle que nulle autre
ne la surpasse en beauté ; et dans la troisième, il nous dit qu'il ne pourra la voir jamais.
Cent ans plus tard, Hugues de S'-Cirl, qui composa les premières biographies des
troubadours, nous narre que cette princesse lointaine était la comtesse de Tripoli d'Asie,
dont le poète se serait épris, sans l'avoir vue, uniquement à cause du bien qu'en disaient les
pèlerins venus d'Antioche. Jaufré Rudel se serait croisé pour voguer en mer jusqu'à son
amour. Tombé malade au cours du voyage, il serait mort dans les bras de la comtesse de
Tripoli, qui, après l'avoir fait ensevelir, aurait pris le voile pour mourir au monde avec sa
douleur, Jean de Notredame, (le frère du fameux Nostradamus) qui vivait au XVI" siècle,
ajoute que la Comtesse fit mettre le prince de Blaye « en riche et honorable sépulture de
porphyre et lui fit engraver quelques vers en langue arabesque». D'après les uns la Comtesse
aurait été Mélisande, fille de Raymond I", Comte de Toulouse, d'après d'autres Odierne, sa
femme. Mais pour Gaston Paris, le roman de Jaufré Rudel a tout entier ses origines dans
la mort du troubadour en Orient, et dans ses chansons. L'histoire de Jaufré Rudel, n'est
hélasl paraît-il, qu'une légende, bien que le Moyen-Age et la Renaissance aient cru fermement
à sa réalité. Pétrarque, lui-même, dans ses Triomphes n'a garde d'oublier le prince de Blaye
et à sa suite tous les historiens des troubadours en ont fait autant.
C'est d'outre-Rhin que sont venus les premiers doutes et Gaston Paris, avec sa haute
autorité, les confirma en concluant que cette admirable et touchante histoire n'est qu'une
simple fiction. Mais fiction ou réalité, grâce aux poètes qui savent rendre hommes et choses
immortels, Jaufré Rudel et la Comtesse de Tripoli vivent d'une vie éternelle au ciel de la
Beauté.
En 1810, Uhland, un jeune avocat souabe, venu à Paris pour se perfectionner en Droit,
passait son temps dans les bibliothèques à compulser et à copier les manuscrits de nos troubadours. Dés 1814, il consacrait à Rudel un poème qui a son charme malgré ses erreurs sur
les origines de la poésie méridionale. Ce n'est pas en Provence comme l'a dit avec juste
raison M. Buriot Darsiles mais dans le Limousin et le Poitou que la poésie lyrique méridionale a pris naissance. L'Italien Léopardi, le grand poète du pessimisme a dès 1821, apporté
lui aussi, l'hommage de ses réminiscences à l'ombre de Rudel ainsi qu'à celle de la princesse
de Tripoli.
En 1842, Robert Browning, le poète anglais parfois si mystérieux et si étrange, a consacré à Rudel un court poème où il prête la voix de ses vers au prince de Blaye. Et cette
pièce contient quelques-uns dés plus beaux vers de Browning qui font entendre « une musique profonde et émouvante, des notes de violoncelle » dont aucune traduction ne peut donner
idée.
Henri Heine, le « plus Français des Allemands » a consacré dans son Romanzero
d'admirables vers à Jaufré Rudel et à Mélisande de Tripoli. — M. Buriot Darsiles nous en
donne une traduction excellente : « Dans le Château de Blaye aux murs — est pendue la
tapisserie — que broda de ses mains habiles — la Comtesse de Tripoli. — Toute son âme elle
y broda. — Et plus d'une larme d'amour — de vertus magiques dota — le tissu de soie où l'on
voit — comment Rudel lui apparut — sur la plage expirant et comme — en ses traits elle
reconnut — aussitôt l'objet de ses rêves. — Rudel aussi, pour la première — et la dernière
fois, vit là, — dans sa réalité la dame — qui souvent le ravit en songe. — Toutes les nuits à
�— 167 —
Blaye, parmi — des craquements, des bruissements, — voici de la tapisserie, — que soudain
vivent les figures! — ... Et les deux fantômes se parlent : «Jaufré, en cette salle où, calme, —
brille la lune, qu'il fait boni —je nevoudrais plus aux rayons — du soleil, dehors m'en aller.»
— « O chère folle, Mélisande — tu es toi-même le soleil — et les délices du printemps — et de
l'amour tu les fais naître. »—Ainsi se parlent tendrement —ces deux fantômes parcourant—
les salles, tandis qu'aux fénêtres — ogivales, la lune luit. — Mais mettant fin à ces tendresses, — Voici venir l'aurore hélas! — Et tous deux , effrayés regagnent — leur mur et leur
tapisserie.
Swinburne, un des plus grands poètes de l'Angleterre contemporaine, a lui aussi,
évoqué en des vers magnifiques notre troubadour. Et songeant à Jaufré Rudel, il s'écrie :
Advienne que pourra, ceci seul a sa valeur : — avoir eu, dans la vie sur terre, un bel amour —
et l'avoir gardé jusqu'à la nuit dans son cœur, — tandis que les cieux étaient bleus, les
lèvres rouges.
Mary Robinson, la poétesse anglaise qui est maintenant madame Duclaux a traité le
même sujet mais dans l'esprit des vieilles ballades écossaises. Malgré la beauté de l'inspiration et des vers, on peut néanmoins lui reprocher d'avoir presque rendu méconnaissable la
pure et traditionnelle figure du prince de Blaye.
Un des plus beaux poèmes de la littérature italienne a été consacré par Carducci à
Jaufré Rudel. Le poète a même enchâssé, comme des pierres précieuses, dans ses strophes,
plusieurs fragments des chansons du troubadour.
Et il faut le dire avec M. Buriot Darsiles, c'est en langue française que l'évocation
de Jaufré Rudel fut certainement la moins heureuse. Rostand, dans La Princesse Lointaine
a commis l'erreur de vouloir porter à la scène en quatre actes un sujet exquis mais qui n'est
qu'un sujet de court poème. Et après tout, si l'histoire de Rudel n'est qu'une fiction de poète
il y a peut-être comme le dit M. Buriot Darsiles plus de simple beauté que partout ailleurs
dans le vieux texte qui la créa : « Et ainsi il mourut entre ses bras... et puis, ce même jour,
elle se fit nonne pour la douleur de la mort de lui. »
*
* *
Oc. — Direction, Villa Peyrat, chemin de l'Espinet à Toulouse.
Le Majorai Joseph Loubet publie dans Oc (N" 68 et 69) une étude fort documentée sur
les lettres d'Oc à Montpellier. L'auteur examine seulement dans son étude les œuvres écrites
dans l'idiome du Clapas. Il constate que peu de départements offrent moins d'unité linguistique que celui de l'Hérault. Le Montpelliérain est en effet enclavé entre le provençal rhodanien et le languedocien de la Narbonnaise ou du Rouergue. Le Montpelliérain qui fut toujours
employé par des auteurs de mérite bénéficie néanmoins d'un puissant rayonnement.
Le dialecte de Montpellier a reçu une forte empreinte catalane. Jacme le Conquérant
qui naquit en 1208, unit le royaume de Majorque à la seigneurie de Montpellier et à la
couronne d'Aragon. Montpellier fut jusqu' à la fin du XV" siècle un des plus importants marchés de l'univers et Joseph Loubet voit dans ces circonstances toutes particulières la cause
de l'extrême richesse du vocabulaire du Montpelliérain. Au dire de Benjamin Tudèle, rabbin
fameux, on entendait à Montpellier toutes les langues de l'univers. Joseph Loubet nous
parle aussi d'un auteur, Isaac Despuech, dont on connaît depuis peu le vrai nom. Ses œuvres
en dialecte vulgaire portent un titre singulier : Les folies du Sage de Montpellier. Ce poète
vécut de 1567 à 1642. Il fut très populaire en son temps, avait lu Rabelais et vivait dans l'intimité de joyeux compères, coureurs de tripots. Bien que le talent de Despuech ait été parfois
discuté, Joseph Loubet ne le lui conteste pas et admire sa sincérité et sa truculence.
Il note qu'à la fin de 1678 on célébra la paix de Nimégue à Montpellier en adaptant
au languedocien VAminte du Tasse et le Pastor fido de Guarini. La musique était faite d'airs
populaires. Cette pièce magnifiquement montée eut un réel succès. Son auteur était Nicolas
Fizes, docteur en droit, avocat et professeur de sciences à l'université de Montpellier. C'est
cependant seulement au XVIII" siècle que se dessine vraiment la renaissance de la littérature
populaire d'Oc. C'est à cette époque que nous trouvons l'abbé Favre, l'auteur du Siège de
Caderousse qui jouit très vite d'une popularité méritée.
Par contre, Fabre d'Olivet, philologue, historien, philosophe et poète, occupe en son
temps une place à part, il est de la lignée des grands chercheurs qui, par des chimères, con-
�— 168 —
duisent aux « vérités éternelles ». Joseph Loubet donne ensuite d'intéressants détails sur les
patoisants montpelliérains qui furent nombreux au XIX" siècle et il termine son article si
documenté en nous parlant du baron Charles de Tourtoulon dont le collaborateur fidèle
à ses travaux philologiques fut le beau poète qui s'appelait Octavien Bringuier. « Nous avons
vu dit Joseph Loubet, le baron de Tourtoulon en relation avec les amis de Mistral. C'est une
des personnalités qui président aux destinées de la nouvelle société (la société des langues
romanes) et c'est un félibre enthousiaste, un patriote occitan.
De son collaborateur Octavien Bringuier, il a pu dire qu'il est le premier poète ayant
osé élever à l'ode le langage de Montpellier... Aux fêtes de Pétrarque, il a soulevé l'émotion
enthousiaste des auditeurs; il a jeté son appel à l'union des races latines... Malheureusement
le cygne montpelliérain mourait la même année ayant à peine commencé le dictionnaire
du dialecte montpelliérain, travail que d'autres avaient déjà tenté et qui n*a été ni continué
ni repris. Et ce fut un grand deuil. Oui, ce fut un grand deuil, pour Montpellier et pour
l'Occitanie I
Paul-Louis GRENIER.
Une revue littéraire venait de naître à Narbonne, il y a quelques mois à peine,
Anadyoméné, atteste dès ses premiers numéros des progrès surprenants et un effort
particulièrement digne d'intérêt. Des jeunes de vrais jeunes, également amoureux du fond
et de la forme, y témoignent de leur enthousiasme pour le coin de terre, un souci remarquable de présentation et le respect de la langue. Qu'ils y joignent d'aventure quelques pages
en Oc (n'ont-ils pas les conseils bienveillants et pleins de compétence du majorai Albarel?),
qu'ils gardent leur pleine indépendance, se défient de toute main-mise.et leur œuvre grandira parce qu'elle le mérite à tous égards.
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Sur la terrasse de Castelnaudary Fourès, l'ardent et lyrique poète occitan a maintenant son buste ; il regarde vers Faujaux-la Catharre, menace Prouille-la Dominicaine
et domine la grande plaine Lauraguaise où le drame albigeois s'est joué.
Des fêtes présidées par le grand capoulié du Félibrige, Marius Jouveau, glorifièrent l'inauguration du monument d'Auguste Fourrés ; organisées par Prosper Estieu,
l'Abbé Salvat, M. Georgius, le Docteur Baïsset, elles eurent un plein succès et attirèrent
majoraux, félibres, mainteneurs des jeux Floraux, Occitans. Fernand Cros-Mayrevielle
avait amené avec lui tout son groupe : Joseph Delteil, Paul Sentenac, Jean Lebrau,
Henri Duclos, Jean Camp, Jean Girou et tant d'autres. Cette fête n'eut que le regret de
déplorer T'absence de Charles Brun qui au dernier moment ne put venir apporter son
autorité à cette manifestation occitane.
Après Fourès, le chantre magnifique de l'indépendance occitane, le héros de ce
jour fut le sculpteur Malacan qui dans le marbre de St Beat a taillé les traits fiers et
énergiques du poète des. Grilh , les Cants des Souleil .
L'œuvre de Malacan est déjà importante et ce sculpteur trop peu connu mérite
notre attention dafis le mouvement artistique occitan. C'est un enfant de Castelnaudary ;
c'est un de ces fils du peuple qui apportent à la race le renouvellement de son énergie et
de sa bauté. Son premier maître fut son père, sculpteur-ébéniste, établi à Béziers où il
faisait du modelage et de l'ornementation ; à 17 ans il est éjève de l'école des beaux Arts
à Toulouse, il" passe à Montpellier et va à Paris où il suit les cours des Beaux-Arts ; en
1905 il est logiste pour le Prix de Borne et Arsène Alexandre, subtil découvreur de talents
proteste dans le Figaro que Malacan n'ait pas la grande récompense. De ce passage officiel-il restera à l'artiste toujours quelque survivance académique ; il est pourtant passé
dans le creuset du grand Maître : Bourdelle ; il a travaillé à cette dure Ecole ; il fut un de
ses collaborateurs pour le Théâtre des Champs-Elysées.
Malacan a donné déjà de belles compositions : Le Baiser de la Sirène, bas relief
au Musée de Béziers, La Curieuse, acquise par le Musée de Castelnaudary ; un beau
morceau en taille en pierre directe est -la Nymphe Echo ; la vie, la force, l'harmonie
détachent le corps de l'emprise de la pierre ; attentive, tendre elle écoute : l'écho ! Avec
stylisation et sobriété, il a traité plusieurs monuments commémoratifs de la Grande
Guerre : Cabrières, Fontes, Villasavary, \zille, Castelnaudary ont ainsi ae ses œuvres.
Nous retenons surtout le nom de Malacan depuis 1924 où il exposa aux Artistes
Français une vitrine de statuettes en pierre et marbre de l'Aude traitées en taille directe; il
a en effet découvert près de Castelnaudary des marbres de couleur rose; des rhodonites
La Semaine Historique de la Cité de Carcassonne
Dans le riche patrimoine historique et archéologique de la France,
la Cité de Carcassonne, qui reçoit, bon an mal an, 80.000 visiteurs étrangers,
était toute désignée pour servir de cadre, unique et grandiose, à un cycle
annuel de fêtes d'un retentissement mondial.
Le Comité qui s'est constitué, à cet effet, sous la présidence du Docteur Sempé, avec l'appui des autorités, et notamment du maire de Carcassonne, le Docteur Tomé, a eu l'heureuse idée de faire coïncider la
première semaine historique de la Cité avec le bi-millénaire de "La Ville
du Passé " les fêtes auront lieu, avec un éclat tout particulier du 9 au 16
Juillet 1928. Nous aurons l'occasion de revenir sur l'organisation et le programme de ces manifestations auxquelles nous comptons apporter notre
concours le plus entier, en raison du but élevé qu'elles poursuivent.
�d'un bel effet décoratif ; avec une extrême originalité et une intelligence subtile ue !a
pierre il sculpte et grave dans ces marbres polis de petits sujets d'où le corps précieux
de la femme vit et s'anime comme son Ariane endormie ou La Diane à l'arc. Il expose
actuellement à Castelnaudary ; et il a ciselé une Sœur Thérèse de l'Enfant Jésus, fleurie
de roses, d'une charmante candeur.
Le nom de Malacan est à retenir dans le groupe des artistes qui illustrent l'Occitanie.
Jean GIROU
COMITÉ DIRECTEUR DU GROUPE OCCITAN :
MM.
Président : F. CROS-MAYREVIEILLE, ifc, #»
é,
Vice-Présidents : Paul SENTENAC, ^| ; lî. GUITARD ; Frédéric SAISSET.
Secrétaire général : Auguste ROUQUET.
Archiviste : P.-L. GRENIER. 1f|
Archiviste adjoint : Marcel CLAVIÉ.
Trésorier : Maurice FAVATIER,
^> >fr.
Chef des Etudes économiques et agricoles : Docteur GRANEL, ijjt, ^ I.
Membres : Léon AURIOL,
I. ; J. BONNAFOUS ; Jean CAMP; Emile COMET,
i£r,
Fernand CRÈMIEUX, ^ ; FRISSANT ; Jo GINESTOU,
^ ; J. LOUBET; Henry NOELL,
; Albert
PUJOL 1 iyi ; Georges VILLE,' 4j£ ; LAURENT ROQUES,
Délégués régionaux : J. MORINI-COMBY (Nimes), Gaston VlNAS (Béziers), Pierre et Alida
CALEL (Gourdon), M. BRIN (Le Caire), Léon JULIA (Montluçon).
COMITÉ DE PATRONAGE
Délégation permanente des Groupements Régionaux et Locaux auprès du Comité-Directeur
LA VEILLÉE D'AUVERGNE : M. Boudon, Secrétaire général.
LE GROUPE D'ÉTUDES LIMOUSINES : M. de Clarix de Nussac,
Secrétaire
général.
LE CERCLE D'ÉTUDES ROUERGATES : M. Jean Cotereau, Secrétaire général.
LE ROUSSILLON (Pyrénées-Orientales) : Général Caloni, Président.
LES ENFANTS DE L'AUDE A PARIS : Docteur Digeon, Président.
LES ENFANTS DU GARD A PARIS : M. A. F. Martin, Président.
LES ENFANTS DU TARN A PARIS : M. Selves, Président.
LA GRAPPE DU QUERCY : M. Vialle, Président.
LA SOCIÉTÉ INGRES : Marcel Clavié, Vice-Président.
LES ENFANTS DE L'HÉRAULT : M. Coudougnan, Secrétaire général.
LA CIGALE MÉRIDIONALE A STRASBOURG : M. Pujo, Président.
AMICALE DU LANGUEDOC et FÉDÉRATION OCCITANE DU MAROC : M. Lalï'ont,
Président.
LIGA GUIANA E GASCONIIA : M. Lajoinie, Président.
LA LIGUE DE LA CULTURE FRANÇAISE EN ORIENT : M. Brin,
Président.
Bibliographies
A. Albert-Petit : Les vieilles provinces de France.
Collection de volumes publiés sous la direction de M. A. ALBERT-PETIT, format
in-8 écu, illustrés de planches hors texte.
« V unité d'une nation, a écrit M. Gabriel Monod, n'est pas celle d'un amas de
grains de sable, tous égaux, tous semblables et qu'un coup de vent emporte, mais celle
d'un corps vivant, où chaque organe doit jouer son rôle original, accomplir ses fonctions
particulières en se subordonnant à l'ensemble sans se sacrifier à lui. » C'est précisément
le rôle de chaque province dans la formation de l'ensemble que cherche à mettre en valeur la collection d'Histoires Provinciales publiées sous le titre général « Les Vieilles
Provinces de France ». Il s'agit, sans appareil d'érudition, sous une forme accessible
�à tous, d'intéresser le grand public à l'histoire largement comprise, de son ancienne individualité régionale. Au point de vue historique, le simple récit des événements qui ont
peu. à peu entraîné dans l'orbite royale les grands fiefs d'humeur indépendante, jette sur
notre histoire nationale une lumière plus pénétrante que les dissertations les plus érudites.
La collection que nous publions répond donc à un besoin ; nous l'avons établie
de notre mieux, et si le public a bien woulu l'accueillir favorablement, il faut en rapporter le mérite aux maîtres éminents qui ont rédigé les premières monographies.
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Histoire de Roussillon, par J. CALMETTE, professeur à la faculté de Toulouse et P.
bibliothécaire de la ville de Perpignan 1 vol. broché
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Histoire de Languedoc, par P.
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L'Auvergne littéraire, artistique et félibréenne (Clermont-Ferrand)
Le Beffroi de Flandre (Dunkerque)
Biou y Toros (Nimes)
La Bretagne Intégrale (Rennes)
La Brise (Brive)
La Bourgogne d'Or (Chalon-sur-Saône)
Lou Bournat (Périgueux)
Bulletin de la Société Archéologique ~de
Narbonne.
Bulletin de la Société des Sciences, Arts et
Belles Lettres du Tarn.
Le Cadet de Gascogne (Paris)
Causses et Cévènes (Paris)
Le Cercle du Goût Français (Paris)
Ceux qui viennent (Paris)
La Chaumière (Rouen)
La Cigalo Narbouncso (Narbonne)
La Cigalo Languedouciano (Béziers)
La Cobreto (Aurillac)
Contimporanul (Bucarest)
Le Courrier Catalan (Paris)
Le Divan (Paris)
Divona (Cahors)
Le Domaine (Foix)
Notre Droit National (Strasbourg)
L'Ermitage (Paris)
L'Escola Fclibreena (Montpellier)
L'Escolo de las pireneos (Montauban)
L'Essor (Dijon)
L'Etendard Piscënois (Pézenas)
L'Est Dramatique (Troyes)
Les Etoiles Poétiques (Paris)
L'Eveil Catalan (Perpignan)
Le F'eu (Aix-en-Provence)
La Feuille de Choux (Paris)
La Feuille en 4 (I'écamp)
Le Flambeau du Nord (Tourcoing)
Le Fédéraliste (.Courbevoie)
Franche-Comté et Monts-Jura (Besançon)
Le Fleuve (Lyon)
France-Orient (Paris)
La Frontière (Belfort)
Le Gard à Paria (Paris)
Le Grand Tourisme (Paris)
Lo gai Saber ( Toulouse)
Le Grenier (Orléans)
Les Humbles (Paris)
L'Idéale Jeunesse (Biars, Lot)
Idées (Paris) '
L'Idée Neuve (Lyon)
L'Information Régionale (Toulouse)
Le Languedoc (Alger)
Le Limousin (Paris)
Méditerranea (Nice)
Le Mercure de Flandre (Lille)
Le Mietjoun (Rabat)
Minerve (Oran)
La Houle (Lyon)
La Nouvelle Revue du Midi (Nimes)
Oc (Toulouse)
Les Pages Critiques (Paris)
Le Pampre (Reims)
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Paris-Provence (Paris)
Le Parihénon (Paris)
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Les Pyrénées Littéraires (Toulouse)
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(Lamalou-les-Bains)
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La Revue de la Nièvre et du Centre (Paris)
La Semaine Vinicole (Paris)
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La Science Historique (Paris)
Bulletin de la Société des Arts et Sciences
(Carcassonne)
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Le Bulletin de la Société Centrale d'Agriculture de l'Aude (Carcassonne)
Le Rouergue (Paris)
La Science Historique (Paris)
Bulletin île la Société d'Etudes Scientifiques
de l'Aude (Carcassonne)
La Semaine à Paris (Paris)
Le Semeur de Normandie (Falaise)
Le Soleil d'Oc (Toulouse)
Le Tarn à Paris (Paris)
Là Terre d'Afrique (Alger)
La Terre d'Oc (Toulouse)
La Tramontane (Perpignan)
Les Tablettes de la Cote d'Azur (St-Raphaél)
Le Touring-Club (Paris)
Le Trait-d'union (Paris)
La Tribune Régionaliste (Paris)
U Laricciu (Marseille)
Le Bulletin de l'Union des Fédérations des
Syndicats il'Initiatire (Paris)
La Vie Economique des Soviets (Paris)
La Vie Française (Le Caire, Egypte)
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Téléphone : 124
Le Dieu sans Couronne à St-Quentin
La représentation du Dieu sans couronne, la belle pièce héroïque en trois actes en vers,
de nos amis et compatriotes Pierre Jalabert et Etienne Arnaud, musique de Marc Delmas,
grand prix de Rome, que nous avons annoncée dans notre dernier numéro, a été donnée le
dimanche de Pentecôte au théâtre de verdure de Saint-Quentin qui est actuellement le plus
vaste théâtre de plein air qui soit au monde. Favorisé par un temps splendide, le succès du
Dieu sans couronne a été aussi grand, si ce n'est plus, qu'aux Arènes de Béziers, lors de sa
création. Quarante-sept mille spectateurs, chiffre officiel contrôlé et publié par le Syndicat
d'initiative et la municipalité de Saint-Quentin, se pressaient dans son admirable enceinte
ombragée d'antiques frondaisons. Huit haut-parleurs permettaient aux places les plus éloignées de l'immense scène d'entendre avec la plus parfaite netteté.
Madame Madeleine Roch, MM. Joubé, Ledoux, Henry Mayer, Ravet, de la ComédieFrançaise; Mmes Mag. Baunat, Lucie Collin; M. Philippe "Rolla, de l'Odéon; MM. Mayeux
et Lue Dhurtain ont été à de fréquentes reprises l'objet d'unanimes ovations auxquelles
furent associés les auteurs qui, à la fin du troisième acte, durent paraître sur la scène et
saluer le public.
Le spectacle se termina par le Couronnement de la Muse de Haute-Picardie et le
ballet de Laïs dansé par les gracieuses ballerines de l'école de danse de M"' Jeanne Ronsay.
La musique du 46% sous la direction de M. Froment, prêtait son concours à cette solennité.
�Principaux Collaborateurs
Lettres Françaises : J. F. Paul ALIBERT; Jean AMADE ; Louis ANDRIEU; J. ANGLADE;
Achille ASTRE ; Jean AZAÏS ; Jean BADOUA ; Daniel BAQUÉ ; A. BAUSIL ; Adrienne BLANCPÉRIDIER ; BOYER-D'AGEN ; J.-J. BROUSSON; Pierre et Alida CALEL ; Jean CAMP; Paul
CASTELA ; CHARLES-BRUN ; G. CHÉRAU, de l'Académie Goncourt ; Marcel CLAVIÉ ;
M. COULON ; Benjamin CRÈMIEUX ; Fernand CRÉMIEUX ; Joseph DELTEIL ; DENYS-AMIEL;
François DESBROSSES ; Henri DUCLOS; Raymond ESCHOLIER ; L. ESTÉVE ; Lucien FABRE ;
Henri FESCOURT ; Ernest GAUBERT ; H. GAUTIER du BAYL ; Jo GINESTOU ; Jean GIROU ;
Henry de GORSSE; Charles GRANDO; Jehan d'ARVIEU; Vincent HYSPA ; Pierre JALABERT;
Docteur JULIA ; LOYS LABEQUE ; Jean LEBRAU; Antoine de LÉVIS-MIREPOIX; LUGNÈPOE ; P.-E. MARTEL; J. MORINI-COMBY; H. MUCHART; Henri NOELL; Marcel OURADOU;
Ch. PHALIPPOU; J.-S. PONS; Armand PRAVIEL ; Albert-Marie POUJOL ; Albert PUJOL;
Docteur RAMA IN ; Paul REDONNEL ; Laurent ROQUES; A. ROUQUET ; Ch. ROUSSILLON ; J.
ROZÈS de BROUSSE; Frédéric SAISSET; PAUL-SENTENAC; Léon SOULIÉ; G. TALLET;
TOUNY-LERYS ; F. TRESSERRE ; Suzanne TESSIER ; Paul VALÉRY, de l'Académie Française ; Georges VILLE ; Jules VERAN ; etc...
Lettres Occitanes : Professeur ANGLADE; Jules AZÉMA; Docteur Paul ALBAREL ; Léon
AURIOL; Abbé DAMBIELLE ; Prosper ESTIEU; Adolphe FALGAIROLLE ; M. FRISSANT ;
Ismaël GIRARD ; P.-L. GRENIER ; E.-H. GUITARD ; Léon JULIA ; J. LOUBET ; Antonin PERBOSC; Jean PUEL; Emile RIPERT; Abbé Joseph SALVAT ; Docteur SOULA; G. VINAS; etc.
Beaux-Arts : BAUSIL ; BERNARD ; BOURGAT ; Auguste CHABAUD; CALMON; Louis
CLAUDEL ; DESNOYERS ; G. DEVOS ; DOMERGUE-LAGARDE ; L.-C. AYMAR ; H. FAVIER ;
FONTBERNAT ; Mme GAUDION ; A. GUENOT ; Gaspard MAILLOL ; A. LAGARRIGUE ; Pierre
LAPRADE ; Jean MAGROU ; Jean MARSEILLAC ; MAX-THERON ; PARAYRE ; RAMEY ;
RAMOND ; Adrien RAYNAL ; E. REY-ANDREU ; Achille ROUQUET ; Auguste ROUQUET, etc..
Études économiques : G. COMBELERAN ; Emile COMET ; L. DOUARCHE ; Jean DUPUY ;
Aimé GRANEL ; A. PASSERIEUX ; Pierre du MAROUSSEM, etc..
Histoire, Archéologie, Fok-Lore : Fernand CROS-MAYREVIEILLE ; Pierre DESPEZEL ; E.
ROUX-PARASSAC; L. LAGARDE; E. LITRÈ; Prosper MONTAGNÉ; FOIX; Abbé SABARTHÉS.
Chroniques de l'Amérique Latine : Jean CAMP ; de SAINT-VINCENT-BRASSAC.
Chroniques Italiennes : SILVAGNI.
Chroniques Roumaines : Mlle URSU.
Chroniques Portugaises : PEREIRA da SILVA.
�iroisieme
Anne e
Cinquième
Feuillet
Je la iSTouvelle
Série
Septembre - Octobre - Novembre
Ce présent numéro est vendu au prix
de 3 francs pour 1 édition ordinaire
et de j frs 5o pour 1 édition sur montval
lia été tiré du présent numéro 2 o exemplaires
de luxe numérotés, hors commerce, sur papier
de Montval, de G. Madlol.
Exemplaire n°
�
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Patrimoine écrit occitan:périodiques
Description
An account of the resource
Ce set contient les périodiques numérisés par le CIRDÒC issus des collections des partenaires d'Occitanica
Revista
Item type spécifique au CIRDÒC : à privilégier
Variante Idiomatique
Languedocien
Région Administrative
Languedoc-Roussillon
Aire Culturelle
Languedoc
Roussillon
Type de périodique
Revistas d'estudis localas = Revues d’études locales
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Les Feuillets occitans : Languedoc, Roussillon, pays d'Oc. - 1927, N.S., n°05 (Septembre-Octobre-Novembre)
Subject
The topic of the resource
Littérature occitane -- Périodiques
Mouvement occitan -- Périodiques
Régionalisme -- Périodiques
Régionalisme (littérature) -- Périodiques
Description
An account of the resource
Les Feuillets occitans. - 1927 - N° 5
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Cros-Mayrevieille, Fernand
Lebrau, Jean (1891-1983)
Littré, E.
Saisset, Frédéric
Desbrosse, François
Grenier, Paul-Louis (1879-1954)
Sentenac, Paul (1884-1958)
Rouquet, Auguste (1887-19..)
Maillol, Gaspard (1880-1945)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Groupe occitan (Paris)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1927-09
1927-10
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public/Domeni public
Relation
A related resource
Vignette : http://occitanica.eu/omeka/files/original/d9fa50012cc53906358b3f36057b9da6.jpg
http://www.sudoc.fr/127555161
Is Part Of
A related resource in which the described resource is physically or logically included.
Les Feuillets occitans (<a href="http://occitanica.eu/omeka/items/show/12808">Accéder à l'ensemble des numéros de la revue</a>)
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol. (p. 138-168)
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
Text
publication en série
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
http://occitanica.eu/omeka/items/show/12833
FRB340325101_M3_1927_05
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
19..
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence ouverte
Date Issued
Date of formal issuance (e.g., publication) of the resource.
2016-03-29 Françoise Bancarel
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Les Feuillets occitans. - 1927, N.S., n°05 (Septembre-Octobre-Novembre)
Source
A related resource from which the described resource is derived
Mediatèca occitana, CIRDOC-Béziers, M 3
Occitanica
Jeu de métadonnées internes a Occitanica
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Le portail dans la typologie Occitanica
Mediatèca
Sous-Menu
Le sous-menu dans la typologie Occitanica
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Type de Document
Le type dans la typologie Occitanica
Numéro de revue
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Documents
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Le contributeur à Occitanica
CIRDOC - Institut occitan de cultura
Art
Illustracion dels periodics=Illustration des périodiques
Literatura occitana = littérature occitane
Movement occitan=Mouvement occitan
Novèlas=Nouvelles
Poesia=Poésie
-
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Text
LE S FEVILLETS
OCCITANS
LANGVEDOC ROVSSILLON EAYSffOC
41, BOULEVARD DES CAPUCINES, PARIS
Boia de A. Rouquet
LE PROBLÈME OCCITAN
ESSAI D'UN PROGRAMME POUR UNE ORGANISATION DU* MIDI
par JOSEPH DELTEIL
VUES HÉRÉTIQUES SUR L'OCCITANIE par BENJAMIN CRÉMIEUX
LE RÉGIONALISME EN MARCHE ET NOUS
par FERNAND CROS-MAYREVIEILLE
POÈMES ET CHRONIQUES DE : FRÉDÉRIC SAISSET ;
PAUL SENTENAC ; CHARLES ROUSSILLON ;
MARCEL CLAVIË; LOUIS ESTÈVE ; LAURENT ROQUES; FERNAND CRÉMIEUX;
BOIS ORIGINAUX DE GASPARD
MAILLOL; ACHILLE ROUQUET; AUG. ROUQUET
�Les Feuillets Occitans
Organe Régionaliste des Pays d'Oc
AI,
BOULEVARD
DES
CAPUCINES
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TÉLÉPHONE : 9UTEN8ER6 78-19 - Compta de Chèques Postaux : Paris 739-10
Comité de Rédaction :
Le Comité de Rédaction des "Feuillets Occitans" est seul juge des manuscrits et illustrations
qui lui sont présentés soit par les membres du groupe occitan soit par les collaborateurs
étrangers au Groupe.
Les manuscrits doivent être adressés au Secrétaire général : Â. Rouquet, 159, Rne de Flandre, Paris
Les Feuillets Occitans constituent la revue la plus vivante et la plus complète du
mouvement intellectuel et artistique des pays d'Oc, on les trouve dans les Salons des
paquebots de nos principales Compagnies de navigation maritime.
DÉPÔT
ET
VENTE
A Paris : Librairie " Occitania ", 6, Passage Verdeau ; Hall
des Grands Régionaux, boulevard Montmartre ; Bossard ,
126, Boulevard St-Germain ; Librairie Franco-Italienne, 24. rue
du 4-Septembre; Agence des Théâtres 30, avenue de l'Opéra;
Librairies Flammarion et Vaillant ; Librairie Berger Levrault,
boulevard St-Germain ; Presses Universitaires de France place de
la Sorbonne; Floury, boulevard Si-Denis;Le Soudier, boulevard
St-Germain ; Action Française, rue de Rome. etc.. etc..
En Province : " Occitania" 7, Rue Ozenne à Toulouse ; Librairie Albagnac, boulevard Carnot à Agen ; Librairie Vinas,
Avenue de la République à Béziers ; Michel Jordy père, Editeur
Cité de Carcassonne ; Librairie Valmigère, à Carcassonne; Mme
Raynaud, Cité de Carcassonne ; Librairie Raymond Piequot à
Bordeaux; Librairie Baron, Librairie Bousquet, Librairie Caillard
à Narbonne ; Librairie Coulet; Librairie Julia; Librairie Cros; Librairie Palaisac-Valat à Montpellier ; Librairie Jo-Fabre à Nîmes ;
Librairie Ricard ; Librairie Meyzenc, à Cahors ; Librairie Vertuel
à St-Céré. etc.. etc..
Aux Colonies : Librairie principale Joannot; Librairie Céréà
Rabat (Maroc) etc.. etc..
Correspondants Régionaux :
MM. Morini-Comby, à Nîmes; Alida et Pierre Calel, à Gourdon ; Brin, au
Caire (Egypte) ; Léon Combes, à Montpellier ; Gaston Vinas, à Béziers.
Docteur Girou, à Carcassonne.
Publicité :
A. Dabadie, 19, rue de Bellefond. Paris Tél. Trudaine 22-13 et à l'imprimerie
des Feuillets : M. Roux 5, rue Saulnier, Paris.
�IC.I.0.0.
; 9 ÊZ1E R S
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POUR L'OCCITANIE
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Ônquête par les Feuillets
ESSAI D'UN PROGRAMME POUR
UNE ORGANISATION DU MIDI
Par
Joseph
Del te il
VUES HÉRÉTIQUES sur L'OCCITANIE
Par {F}enjamin
Crémieux
Le RÉGIONALISME en MARCHE et NOUS
Par Fernand Cros-Mayrevieille
LES
LIVRES
ET
LES
REVUES
Par F. Saisset et L. Roques
LÉON
Par
CLADEL
Marcel
Clavié
CHRONIQUE DU THÉÂTRE OCCITAN
Par
Fernand
PROLOGUE
.
POEME
.
LES
Par Louis Estève
ARTISTIQUE
Pau l - Sentenac
LETTRES
Par
BOIS
Par Paul-Sentenac
.
CHRONIQUE
Par
Crémieux
OCCITANES
'Paul-Louis
GRAVÉS
Achille T^puquet,
Par
Grenier
Gaspard Maillai
Auguste T^puquet.
�A propos du mot
Occitan"
Nous avons reçu de notre ami Paul Redonnel, directeur du "Voile d'Isis", la lettre
suivante, à propos du vocable occitan dont nous avions dit qu'il avait été sorti de l'oubli
par les Estieu, les Perbosc, les Vermenouze :
« Vous informez vos lecteurs que les Estieu et les Perbosc ont "sorti" de l'oubli le mot
"occitan".
Avant eux, MM. Charles-Brun, Johannés Plantadis, Paul-Redonnel, Paul Rëy et Han
Ryner, qui fondèrent la Ligue Occitane, en 1896, employèrent ce mot de préférence à Occitanien,
Occitanique, etc..
Il est donc de toute justice, que la création du mot Occitan leur soit attribuée à
jnoins que nos bons amis Perbosc et Estieu ne l'aient employé avant eux et antérieurement
à 1895».
Pour fixer ce petit point d'histoire fèlibréenne, nous posons la question à nos bons
amis Estieu, Perbosc et les Eélibres. A quel moment le mot Occitan fut-il employé pour la
première fois ?
Le Conseil Supérieur des Colonies et ses antécédents
Par HENRI JOUCLA, avocat, docteur en droit
Un des 'jeunes maîtres du barreau parisien, M. Henri Joucla, que son origine créole et
ses attaches coloniales prédestinaient à cette œuvre, publie aux Editions du Monde Moderne
l'histoire et la réglementation des Assemblées Consultatives Coloniales de France et de tous
les pays Colonisateurs.
Le Conseil supérieur des Colonies et ses antécédents, tel est le titre de cet ouvrage de
800 pages qui authentique les lettres de noblesse de l'institution. Certains^ bien à tort ne
voyaient-ils pas en celle-ci un produit de nos idées modernes sur la Colonisation ?
Moins ancien que la Junte consultative d'outre-mer portugaise, doyenne incontestée
des Assemblées Consultatives Coloniales (Juillet 1642), notre Conseil supérieur des Colonies
peut cependant se glorifier d'une antique lignée.
Henri Joucla décèle sa naissance vers 1674 dans nos «Isles» jusqu'alors soumises au
régime « propriétaire » et désormais « royal ». Sous Louis XV, l'institution locale trouve accès
auprès du Souverain par l'envoi en France de délégués qui prennent le nom de députés.
Ceux-ci subsistent tant bien que mal jusqu'à l'aube de la Révolution. Puis, il n'y a plus, à
proprement parler de Conseil des Colonies; mais plusieurs s'établissent « de facto», soit comme Comités des Colons résidant à Paris, soit comme clubs particuliers. Ces réunions mettent
àl'ordre du jour de la Révolution les questions coloniales (esclavage, commerce exclusif, autonomie, etc.). Vient ensuite la représentation des Colonies par des députés aux États-Généraux et à la Constituante. Un Comité Colonial est créé dans l'Assemblée Nationale en 1790.
Nous y saluons les noms illustres de Barnave, de Gouy d'Arsy Malouet, Alexandre de Lameth
Dillon, Moreau de Saint-Méry. Ces personnages revivent dans les procès-verbaux du Comité
Colonial jusqu'à présent inédits et qu'Henri Joucla, avec un soin pieux, a exhumés de la
poussière des archives, et dont il a annoté le texte avec la plus sûre érudition. Les documents
inédits foisonnent, d'ailleurs, dans les chapitres consacrés à l'époque révolutionnaire ainsi
qu'à celles de l'Empire, et de la Restauration. Ils nous révèlent les mobiles avoués ou occultes
des Amis des Noirs, des Philanthropes, des francs-maçons, des insurgés de Saint-Domingue,
des planteurs émigrés. Il faut lire les offres faites par ces derniers à S.M. Britannique en vue
de lui livrer nos Antilles à condition qu'Elle les rende après la guerre «à la branche
française de la « Maison de Bourbon (à l'exception de Philippe d'Orléans, dit Égalité, et de sa
Race, qu'on entend formellement et à jamais exclure » ).
L'étude d'Henri Joucla conduite avec une maîtrise parfaite va de l'an de grâce 1642
jusqu'au début de 1927 et rien de ce qui touche à la réglementation des Conseils supérieurs des
Colonies et à leur histoire ne peut nous échapper. Un important chapitre est consacré à la
législation comparée ( Angleterre, Belgique, Hollande, Italie, Espagne, Portugal, Japon). Un
grand nombre de textes en langues étrangères y sont mis à contribution, traduits ou analysés.
La documentation est absolument à jour.
L'ouvrage d'Henri Joucla trouvera donc sa place dans toutes les bibliothèques, surtout chez les coloniaux de tous pays et chez tous ceux déplus en plus nombreux que l'histoire
et de la législation coloniale ne laissent pas indifférents!
(1) Pour paraître en Novembre. Un fort volume . . .
Frs. 60
�Les Revues
La lecture des Revues de province est, en général, fort intéressante et instructive. Des
mouvements d'idées comme des mouvements d'art se manifestent dans la plupart des contrées
et il est certain que mon excellent ami Charles-Brun qui parle avec véhémence et conviction
des efforts intellectuels des Provinces françaises, a maintes fois raison.
J'ai là, sous les yeux, un nombre important de publications du plus haut intérêt apportant chacune avec une personnalité bien distincte, des efforts nouveaux qui méritent non
seulement d'être appréciés, mais aussi d'être encouragés.
L'Action corporative (mai), bulletin des membres de l'Enseignement laïque du SudOuest, comme toujours, soutient avec ardeur les revendications légitimes des membres de
l'Enseignement.
Aquitania, organe de la ligue Félibréenne ( Guyenne et Gascogne) numéro d'Avril- '
Mai-Juin, sous une couverture artistique, rend compte des Jeux Floraux d'Aquitaine. Ce
numéro est consacré à cette manifestation littéraire. Après trois rapports excellents mais trop
concis d'Edouard Bouriez sur le concours de poésie en langue d'oc, sur le concours de poésies
en langue française par A. Chérel, et sur le concours d'histoire locale par M. Curteault, il faut
lire des poésies dues à des talents variés et signées par MM. Adrien Dupin, A. Vayssières,
Roger de Cardeval, Alice Héliodore, Marcel Jung, Emmanuel Lagarde, R. d'Anglade, etc..
Dans la Bourgogne d'Or (juin) il faut lire une intéressante étude d'Etienne Rome au
sur Notre histoire vue d'Alésia.
La Rusé (juin-juillet) qui, depuis plus de vingt-sept années, produit un effort littéraire
intéressant, contient une poésie délicate et tendre de Odette Vauchelet. Dans ce même numéro
Eglantine de Valrose donne sous le titre général de : Légendes et Contes Périgourdins, un
conte intitulé : Le roi Asson plein d'observation.
Le Flambeau du Nord (N° 35) sous la signature de Charles Couvreur, nous invite aux
beautés artistiques du Musée de Lille.
L'Est Dramatique, bulletin officiel des sociétés d'art dramatique (N* 13) ouvre une enquête sur le répertoire des sociétés théâtrales d'amateurs qu'il est intéressant de suivre et
de commenter.
Le N° de France-Orient (Avril-Mai) contient des articles d'économie politique des plus
documentés avec des illustrations.
Franche-Comté et Monts-Jura (Mai) rend compte des Sociétés savantes et des Sociétés
Comtoises
Le Grand Tourisme continue la série de ses études touristiques avec une brillante
collaboration.
Dans Lemouzi, revue régionaliste et félibréenne (Mai) à lire des poésies charmantes
de Amédée Muzac, Albert Pestour, Félix Rabès et un curieux article de Martial Peyrichon
sur Les Femmes de Lettres d'aujourd'hui.
Le Musée Social (mai-juin) contient deux intéressantes conférences sur : 1° L'immigration ouvrière est-elle organisée en France? — 'ï° La France deviendra-t-elle un Pays de
minorités nationales ?
,
La Pensée Française est devenue une revue documentaire et critique de l'activité
intellectuelle et économique. Dans son numéro d'Avril, il faut lire un article plein d'observations de André Faillet sur le Problème des naturalisations.
Poésie est une revue qui mérite vraiment d'être encouragée. Un grand effort artistique
et littéraire est fait par Octave Charpentier et ses collaborateurs. Aussi faut-il souhaiter
qu'une semblable publication, présentée avec un grand goût, s'impose au public lettré, amoureux de beaux vers et de belles illustrations.
La revue Les Primaires (juin) qui a une fort belle tenue littéraire est consacrée, à
Henry Poulaille. Il faut donc lire les articles consacrés à cet écrivain, par Henri Barbusse,
Albert Morvan, Robert Laurent, Tristan Rêmy, Marius Bouquinet, Henri Rohre. Deux pages
inédites de Henry Poulaille complètent ce numéro remarquable.
Dans La Revue du Centre (mars-avril) illustrée de curieux dessins de Jeanne Timés
et d'excellents bois de Auger Stève, il est intéressant de lire l'étude que Maurice Genevoix
consacre au dernier roman de Gaston Préard : Un pur amour en Nivernais.
La Semaine Limousine consacre son numéro du 1" juin à la grande semaine du
Limousin. Ce numéro est copieux avec une nombreuse collaboration et de nombreuses illustrations.
La Revue des Provinces de France qui paraît tous les deux mois et qui est tout à fait
nouvelle, se présente au public avec un premier numéro qui réunit des collaborateurs distin-
�gués : Camille Jullian, Charles Brun, Léon Bocquet, Emile Ripert, Edmond Pilon, Jacques
Meurgez. Nous souhaitons à cette publication le succès auquel elle a droit.
La Science historique, bulletin de la société archéologique de France qui se publie à
Paris, donne, dans son numéro de juin, le compte rendu par Maitrat des Congrès de l'Association française pour l'avancement des Sciences.
Le Bulletin de la Société pour la protection des paysages de France (juin) publie des
études de Vesniy, et donne le compte rendu des Commissions départementales des Sites :
Haute-Garonne, Landes, Pas-de-Calais, Var.
La Revue du Touring-Cluh (juin). A côté d'une abondante illustration sous la signature
de M.'Meunier, continue l'étude consacrée &V Ile-de-France Septentrionale.
Enfin, pour terminer, citons : l'Arc-en-Ciel, Le Cadet de Gascogne que dirige toujours
avec compétence Raphaël Larquier; Ésope; Les études poétiques ; La Frontière qui contient
dans son numéro du 15 juin une fort intéressante étude sur Léon Deubel due à la plume
alerte de Georges Gobert.
Au sujet du poète Léon Deubel que nous avons particulièrement connu et estimé, certains poètes se remuent beaucoup ; peut-être même un peu trop, attendu que la plupart de
ceux qui s'intéressent aujourd'hui à Léon Deubel, sauf Léon Bocquet et deux ou trois autres,
n'ont jamais connu l'auteur de Chants des routes et des déroutes.
Nous comptons publier bientôt sur Léon Deubel des souvenirs avec des poésies
Lapérouse
Sa Cuisine
Sa
51, Quai des Grands-Augustins, PARIS -
Auberge du Navigateur
49, Quai des Grands-Augustins, PARIS
"Céléphone : Fleurus 62-78
DANS UN CADRE
ORIGINAL
DES METS DÉLICATS
DES VINS SÉLECTIONNÉS
UN SERVICE IMPECCABLE
Cave
Fleurus 44-03
�et des autographes inédits et nous ne manquerons pas de dire quelques bonnes vérités.
A parcourir également : Le Limousin, La Picardie, La Renaissance provinciale, Le
Rouergue, Le Semeur, etc...
Comme on peut s'en rendre compte aisément à la lecture sommaire des publications
dont nous venons d'entretenir nos lectrices et nos lecteurs, les provinces de France ne
chôment pas et l'on constate, au contraire, un grand mouvement en faveur des lettres, des
sciences et des arts comme en faveur des arts pratiques et du tourisme.
Marcel CLAVIÉ
— La place dont nous disposons pour la chronique des revues ne nous permet pas de
parler de toutes les publications que nous recevons, dans un même article.
C'est ainsi que nous étudierons successivement l'œuvre accomplie par des Revues
comme Le Feu, représentative du mouvement Provençal; Mediterranea, de Nice qui concrétise l'esprit méditerranéen; et d'autres qui fleurissent dans d'autres provinces comme La
Bretagne Touristique de Saint-Briene, etc.. etc..
Les CHRONIQUES ÉTRANGÈRES. — Nous commencerons dans notre prochain Feuillet
la série des « Chroniques Roumaines » de Mlle Ursu, et des « Chroniques Italiennes » de
Silvagni.
FA B R E
LINE
MARSEILLE
PARIS
15, Rue Beauvail - Télégr. Française-Marseille
2, Rue Edouard-VII - Tél égr. Fabreline-Paris
MARSEILLE-ORIENT
VAPEURS
Départs de
Marseille
MIDI
Alexandrie
MADONNA
CANADA esc. de N.-Y.
SINAIA
PROVIDENCE
CANADA
PATRIA esc. de N.-Y.
ASIA
CANADA
PATRIA
CANADA
Sam. 3 Sept.
Mar. 20 Sept.
Sam. 24 Sept.
Mar. 4 Oct.
Jeudi 13 Oct.
Mar. 25 Oct.
Ven. 28 Oct.
Sam. 5 Nov.
Mer. 16 Nov.
Mar. 29 Nov.
Jeudi 8 Sept.
Sam. 24 Sept.
Jeudi 28 Sept.
Sam. 8 Oct.
Lun. 17 Oct.
Dim. 30 Oct.
Mer. 2 Nov.
Mer. 9 Nov.
Dim. 20 Nov.
Sam. 3 Déc.
|
ARRIVEE
Beyrouth
Sam.
Mar.
Dim.
Lun.
Mer.
Mer.
Sam.
Sam.
10 Sept.
27 Sept.
2 Oct.
10 Oct.
19 Oct.
2 Nov.
5 Nov.
12 Nov.
A
Lignes
.
Jaffa
Dim. 11 Sept.
Lun. 26 Sept.
Mar. 4 Oct.
Mar. 11 Oct.
Jeudi 20 Oct.
Mar. 1" Nov.
Lun. 7 Nov.
Ven. 11 Nov.
Mar. 6 Déc. Lun.
de New-York
et
de la Méditerranée
5 Déc.
ORIENT- MARSEILLE
VAPEURS
SINAIA
MADONNA
CANADA
PROVIDENCE
ASIA
CANADA
PATRIA
CANADA
X
CANADA
SINAIA
ASIA
DEPART
Beyrouth
Jaffa
Mer. 7 Sept.
Dim. 1 1 Sept.
Mer. 28 Sept.
Lun. 10 Oct.
Mar. 11 Oct.
Ven. 21 Oct.
Mer. 2 Nov.
Sam. 12 Nov.
Mar. 15 Nov.
Mar. 6 Déc.
Dim. 1 1 Déc.
Ven. 13Jan.
DE
Mar. 6 Sept.
Sam. 10 Sept.
Lun. 26 Sept.
Mar. 1 1 Oct.
Lun. 10 Oct.
Jeudi 20 Oct.
Mar. 1 Nov.
Ven. 1 1 Nov.
Lun. I4Nov.
Lun. 5 Déc.
Sam. lOîDéc.
Jeudi I2jan.
Arrivée
Alexandrie à Marseille
Ven.
Ven.
Ven.
Mer.
Jeudi
Dim.
Lun.
Lun.
Jeudi
Jeudi
Mar.
9 Sept.
9 Sept.
30 Sept.
12 Oct.
13 Oct
23 Oct.
31 Oct.
14 Nov.
17 Nov.
8 Déc.
13 Déc.
?
Mer. 14 Sept.
Sam. 17 Sept.
Mer. 5 Oct.
Lun. 17 Oct.
Mar. 18 Oct.
Ven. 28 Oct.
Mar. 8 Nov.
Sam. 19 Nov.
Mar. 22 Nov.
Mar. 13 Déc.
Dim. 18 Déc.
Jeudi I9Jan.
Lignes
de Marseille
à la
Côte Occidentale
d'Jlfrique
Services Postaux -:- Services Commerciaux
�VIEUX GRENACHE
du
12 francs la Bouteille, franco domicile
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DISTILLERIE
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LAMBERT
28, Rue des Fossés-Safht-Bernard
PARIS-Ve
�Bois original de Auguste Rouquet
our
1 Occitanie
Une Renaissance de l esprit occitan^ et de l Occitanie,
possible?
est-elle
Le moment est-d venu de procéder aune organisation du Àïidi?
Quels doivent être l orientation de cet esprit et le programme de
cette organisation?
Tel est le vaste problème a la solution duquel et Les Feuillets
Occitans » entendent convier aujourd Jiui leurs collaborateurs et lecteurs.
Sous la plume de JosepL Delteil, Benjamin Crémieux et Fernand CrosjM.ayrevieille, ils posent le problème dans toute son ampleur.
Aussi bien, devant l inquiétude spirituelle de notre époque, cette enquête
répond à ce besoin de logique et de clarté que nous tenons de nos origines.
Cros-JMLayrevieille, le dévoué président de notre Groupe occitan,
présente ici l état actuel du régionalisme méridional.
Pourquoi ne pas prendre une conscience plus nette du champ illimité
qu il offre à notre activité et ne pas envisager une plus audacieuse conception de «-1 esprit occitan
nation ?
9
et de son rôle historique dans la vie de la
�— 106 —
Tentative séduisante que Benjamin Crémieux esquisse fort oppor~
tunément dans le temps même ou une emprise nordique tend à gagner
TAmérique Latine.
Et puis, s il faut voir des manifestations conscientes ou inconscientes
de cet esprit dans les efforts méritoires qui se multiplient, mais naissent
et meurent sans lendemain, le moment n est-il pas venu, ainsi que le pense Josepli DelteiL de recueillir ces flammes passagères, de les assembler, de les co~
ordonner, de les discipliner, pour en projeter la clarté concentrée suri avenir?
Tel est le problème, digne de tenter l élite a laquelle s adressent les
e Feuillets Occitans >>
Pour nous qui pensons que l lieure est venue de grouper, d organiser
et d agir; pour nous qui voulons, de l intellectuel au sportif, du producteur
à l artiste, donner l expression la plus complète de l âme et de la civilisation
occitane ; pour nous qui voulons que la langue de notre terroir retrouve son
droit de cité et ses lettres de noblesse ; pour nous enfin qui voyons dans cet
s esprit occitan» une manière de sentir, de comprendre, de créer et de
vivre, une façon d exalter le lyrisme dynamique de notre race; nous ap~
porterons de tout cœur notre pierre à l édifice en poursuivant l inventaire
que nous avons entrepris de nos ressources intellectuelles et économiques.
Pour concrétiser le mouvement occitan moderne, nous consacrerons
des numéros spéciaux aux expressions diverses de notre grand M^idi : du
V m et de TOI îvier, fruit de la terre, aux Sports qui renouvellent sur
les stades le geste grec et romain ; de la Poésie à la Peinture ;
de la Route par laquelle l étranger cJiemine sur ce sol lourd
de son histoire aux Sites et aux Villes du Passé; les
Feudlets Occitans passeront en revue toutes les formes de la vie méridionale, intellectuelle et économique, A
œuvre pour e
ccitanieJ>9!
r
ro
Les Feudleteu.
,
�LA VALLÉE DE
L'AUDE
Bois original d'Auguste Rouquet
I
«
SSSL1
e
Pro gramme
pour une
JLl y a un problème du Midi, il y a un esprit du Midi, une pensée du
Midi, une philosophie du Midi.
Il y a un Midi.
On a le droit d'être soi. Dis Aup i Pirenéu, le Midi a le droit d'être.
Des signes montent à l'horizon. Amis, regardez l'Alsace...
Formule : Tout ce qu'on donne, tout ce qu'on donnera à l'Alsace, le réclamer pour le Midi.
a) La vertu intellectuelle du Midi. Chercher et définir l'âme du Midi,
analyser son essence et son rôle, voilà, à l'heure où tout s'épuise, de nobles
excitants de l'esprit.
b) Sa vertu sentimentale. Il faut à tout homme une foi. Croire au Midi,
�— 108 —
se dévouer au Midi, voilà du pain sur la planche pour toute une ardente
génération.
c) Sa vertu sociale. A l'heure où l'on scrute tous les horizons, où l'on
cherche la sagesse jusqu'en Orient, sachons que le Midi est sagesse, équilibre,
paix.
Programme
Que faut-il? Des hommes à poigne et une organisation. Hommes à
poigne, sur ce chapitre il faut parler net. On m'a reproché de décrier le
Félibrige. Le Félibrige est : il ne faut pas le tuer, mais le vacciner. Je reproche
aux Félibres de dormir. Je leur reproche de s'endormir dans les moules.
Et je leur reproche de faire les enfants. Toutes les fêtes à tambourin, Mistral
y voyait un moyen ; eux ils en font un but. Eh bien non, il faut battre le
tambour, mais un tambour à piques. Il faut s'assembler mais pour agir.
Que voulons-nous ? Créer un Midi, un Midi intellectuel. (Plus tard nous
parlerons de fédéralisme, d'ailleurs le plus loyalement du monde, dansle beau
cadre de la France ; pour l'instant, s'en tenir au pur terrain intellectuel). Que
manque-t-il au Midi? Vautoconnaissance. Se connaître, c'est être. S'il pense
il est.
Pour être, il faut :
1° Des Organes. Formule : la Presse est tout. Et d'abord :
a) une Revue, une grande Revue, l'équivalent de la N. R. F. ou de la
Revue des deux Mondes. Titre tout désigné « Le Grand Midi » (Nietzsche)
b) Ensuite, une grande librairie, une grande maison d'Édition, à Toulouse par exemple, qui paraît devoir être la capitale naturelle du Midi.
c) Enfin Journal hebdomadaire d'abord, quotidien dès que possible.
Nota: Pour commencer, employer le français; peu à peu, il faudra
obtenir que chaque journal du Midi, chaque revue du Midi ait une page en oc
Plus tard enfin, créer des périodiques en oc. Car notre principe est que pour
penser juste, il faut penser dans sa langue.
2° Une organisation.
Pour tout cela il faut des capitaux. Il faut faire appel aux mécènes et
aussi aux hommes d'affaires. Car nous envisageons toutes ces organisations
comme des œuvres vivantes, et la maison d'Edition notamment comme une
bonne affaire. Il faut faire appel aussi au dévouement, à l'esprit de propagande
et de foi.
a) Créer le trust de toutes les Revues existant en pays d'oc.
b) Créer un comité dans chaque ville, un comité dans chaque collège.
c) Créer un Prix annuel (le Prix Mistral). Un seul mais costaud.
d) Conférences, Expositions.
e) Surtout théâtre. Surtout théâtre. On ne prendra le menu peuple, le
peuple d'Oc que par le théâtre. (Et, bien entendu, le théâtre-farce, le théâtrenature, le vrai théâtre quoi!)
Surtout, théâtre.
Joseph DELTEIL
P.S. Ceci n'est pas un manifeste (pas encore). C'est une causerie avec
les fils du Midi, avec les amis de la langue d'oc. Nous attendons, nous réclamons critiques, suggestions, conseils... Nous faisons appel à tous.
�Composition d'Aug. Rouquet gravée par Achille Rouquet
vues Hérétiques sur l'O ccitame
'OCCITANIE, dont il m'arrive de rêver, l'esprit occitan tel qu'il
m'apparaît et tel que j'essaie parfois de me le définir risquent
de choquer beaucoup de bons esprits. Si je me hasarde à confier
au papier ces quelques « vues hérétiques », c'est uniquement
pour ne pas me dérober à l'obligeante insistance de notre ami
Auguste Rouquet.
Un mouvement occitan à fins purement régionalistes ne saurait, je
l'avoue, m'intéresser en aucune façon. Il ne m'intéresse que s'il est permis,
(comme je le crois) de lui assigner raisonnablement une mission, sinon universelle du moins nationale.
Une résurrection de l'esprit occitan ne saurait se limiter au maintien de la langue d'Oc, à la renaissance de vieux costumes, de vieilles
danses ou de vieilles musiques. Je ne suis même pas sûr que ce maintien et
cette renaissance soient indispensables pour ranimer l'esprit occitan, En tout
cas, cette résurrection n'aura de sens et de portée, que si elle apporte un remède ou un palliatif à la crise spirituelle de la France d'après-guerre.
On ne remonte pas le cours de l'histoire. Dans la France unitaire, la
notion de «petite patrie» n'a plus de valeur que secondaire. L'Occitanie est
l'une des plus anciennes régions de la vieille France, l'une des plus ferventes
de la France révolutionnaire « une et indivisible». Le Midi ne se contente plus
de jouer sa partie dans le concert ; il s'est taillé la part du lion dans le gouvernement et l'administration de la France. Les Albigeois vaincus gouvernent
leurs vainqueurs. La capitale politique de la France, à en croire certains, serait
à Toulouse plutôt qu'à Paris. S'il est permis de souhaiter pour nos provinces
comme pour le reste du pays les bienfaits d'une intelligente décentralisation,
on ne peut même plus concevoir l'idée d'un séparatisme occitan.
�— 110 —
Un esprit occitan qui aurait pour unique objet de nous distinguer du
reste de la France, de nous isoler, de nous «retrancher sur notre différence
essentielle » me semblerait un non-sens. L'esprit occitan doit avoir cours dans
la France entière et même au-delà. En d'autres termes une renaissance de l'esprit occitan ne mérite d'être encouragée et tentée qu'en vue d'un impérialisme
occitan.
Mais pour cela, il faut d'abord renoncer au faux esprit occitan et remettre au jour le vrai.
Le faux esprit occitan, (et voilà un des points sur lesquels je vais
sans doute m'alièner le plus de gens) me paraît dériver en grande partie
du Félibrige. Le Félibrige n'a eu de raison d'être et n'a réussi qu'en Provence, (1) autour du grand Mistral, et en Catalogne espagnole pour des raisons
politiques. Partout ailleurs ce fut une parodie, un échec ou le prolongement
sans importance profonde d'un folk-lore assez vulgaire, ou pour mieux dire un
déchaînement de pur romantisme.
Il m'est arrivé souvent de me demander quel aurait pu être le développement de la poésie française méridionale si la croisade contre les Albigeois
n'avait pas soumis les terres d'Oc aux rois de l'Ile-de-France et toujours je
me répondais que la poésie populaire, nationaliste et romantique du Félibrige
languedocien n'en n'aurait certainement pas été l'aboutissant. C'est une poésie
aristocratique et philosophique qu'aurait, sans aucun doute, continué à produire
la civilisation albigeoise. La preuve en est dans celle qui, sous l'influence de
nos troubadours exilés, se développa en Sicile et à Naples, passa en Toscane,
devint le dolce stil nuovo que pratiquèrent Dante, puis Pétrarque et tous les
poètes du XVe siècle florentin : Politien, Laurent le Magnifique. De nos jours
Paul Valéry a renoué, par delà notre XVIe siècle et les grands Italiens, avec
la poésie occitane de la grande époque albigeoise. C'est lui, l'authentique, le
pur représentant de la tradition occitane, et non pas les faiseurs de chansonnettes ou de fragments épiques romantico-parnassiens.
Il existe, selon moi, un miracle occitan. L'Occitanie est le seul pays de
«marche» qui ignore la peur. Que ce soit la civilisation phénicienne, héllénique ou romaine, que ce soit plus tard la civilisation chrétienne, juive, arabe,
ou espagnole, l'Occitanie leur ouvre tranquillement ses portes, s'en imprègne,
les absorbe en les filtrant. Tous les courants qui ont sillonné la Méditerranée,
elle les a accueillis jadis l'un après l'autre.
Le rôle traditionnel de l'Occitanie en France serait (comme en Italie, la
Sicile) de devenir un lieu d'échange entre Orient et Occident. C'est par le
circuit de l'Afrique et de l'Espagne que longtemps l'Asie a abordé en terre
d'Oc. Marseille accueille l'héllénisme et la romanité ; le pays narbonnais les
accueille aussi, mais les mélange à tous les autres esprits de la Méditerranée :
hébraïsme, islamisme, espagnolisme.
Le véritable esprit occitan est donc avant tout un esprit méditerranéen,
mais dans l'acception la plus large. Il est en contact avec tous les éléments
orientaux de la Méditerranée et non pas seulement avec le double élément
(1) C'est une question de savoir si la Provence ressortit au véritable esprit occitan.
La Provence est toute grecque et latine, ce que du moins n'est pas (ce que n'est pas uniquement) l'Occitanie.
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grec et latin. L'hélléno-latinisme est pour l'Occitan un élément formel, la matière et l'âme lui sont fournies par les éléments orientaux.
Cette liaison étroite de l'Occitanie et de l'Orient, il suffit d'un voyage
en Afrique du Nord pour s'en assurer. La colonisation de l'Algérie et même
de la Tunisie a été en grande partie l'œuvre de Languedociens. Une renaissance de l'esprit occitan doit et ne peut atteindre à sa plénitude qu'en s'appuyant sur les Occitans d'Afrique du Nord.
On aperçoit peut-être maintenant la tâche principale qu'on pourrait
rêver pour l'esprit occitan ; ce serait de rendre à l'esprit méditerranéen son
ampleur et sa profondeur, de le dissocier de l'exclusivisme, du schématisme
gréco-romain, de lui annexer, non pas l'Orient bouddhiste et négateur de la
personnalité, mais un Orient plus proche, plus humain, d'ailleurs multiple,
un Orient africain et asiatique à la fois, la joie de vivre nègre, la sagesse
musulmane, l'avidité juive dépouillée de son inquiétude.
L'esprit français souffre de sécheresse, de rationalisme, de formalisme.
Il s'égare et perd ses meilleures qualités dès qu'il se retourne vers le slavisme
ou l'hindouisme. Cette soif de concret, de vie, d'inconscient qui le brûle, à
l'Occitanie de l'étancher en renouvelant la notion de méditerranéisme.
Mais ce rôle d'antenne vers l'Orient, à travers la Méditerranée, se double pour l'Occitanie d'un autre rôle non moins important. La plaine alluviale
où viennent aborder sans obstacles les idées portées par l'eau marine s'adosse
au pays montagnard. L'Ariège, les Cévennes, le Roussillon sont là pour
éprouver tous ces apports et les tamiser. Terre d'accueil, l'Occitanie est tout
naturellement aussi terre de filtrage.
Mais la vertu de l'Occitanie me paraît aussi capitale sur un troisième
point. La crise spirituelle de l'après-guerre se caractérise par une obnubilation
du sentiment du réel. On n'y est plus sûr desa personnalité ni de celle d'autrui;
on hésite à décider si les rêves ne sont pas plus vrais que les pensées d'un homme éveillé. Restituer ce sens du réel, du concret, tant charnel que spirituel,
enseigner à ne plus douter de la vie, redonner confiance dans la réalité des
choses et des êtres, voilà une des missions essentielles de l'occitanisme. Et comment ne pas remarquer que c'est à cette tâche que sur des plans différents, se
sont attelés les trois purs Occitans qui se nomment Paul Valéry, Paul Raynal,
Joseph Delteil. L'un par la connaissance, le deuxième par la passion, le troisième par la sensualité recréent et affirment le monde. Tous trois renouent les
liens rompus de l'âme et du corps.
Cette réhabilitation du corps, support de l'esprit, nulle part elle n'est
plus à l'honneur que dans l'Occitanie sportive et sportive d'une façon nettement .anti-individualiste. Le sport d'équipe, le rugby y est roi. Encore un
signe de renaissance à ne pas négliger.
Dernière notion occitane, la plus importante peut-être, purement autochtone, héritée de l'albigéisme, fille des Cathares et la plus féconde en conséquences possibles, la notion de dualisme.
Pour combattre l'instabilité, le mobilisme, le matérialisme d'aujourd'hui,
partout on prêche la recherche de l'unité : unité catholique pour les néo-thomistes, révolutionnaire pour les communistes, nationale pour le fascisme. L'occitanisme, lui, fait reposer l'esprit de l'homme sur le dualisme. La vie lui apparaît comme une lutte incessante entre des forces opposées, antagonistes. La
�- 112 sagesse n'est pas pour lui dans le repos, dans l'élimination de l'une ou l'autre
de ces forces, mais dans un équilibre entre elles. L'occitanisme ne rejette
rien, il accepte l'homme tout entier et le domine.
On voit le rôle quadruple que l'esprit occitan, s'il redevenait fidèle à ses
traditions, pourrait se montrer apte à soutenir :
1°) rôle d'agent de liaison avec l'Orient asiatique et africain, rénovateur de l'esprit méditerranéen ;
2°) rôle de filtreur et d'assimilateur aristocratique pour le compte de
l'Occident ;
3°) rôle de restaurateur du réalisme, en réaction contre le mysticisme et
le nihilisme idéalistes ;
4°) rôle d'apôtre du dualisme en opposition avec les unitéismes et les
universalismes tant conservateurs que révolutionnaires.
Or précisément s'approfondir et se rafraîchir par un contact avec l'Orient,
ne pas se laisser dominer par l'Orient, mais l'assimiler, reprendre confiance
dans la réalité, trouver à la vie morale et spirituelle une autre base que d'impossibles unitéismes, tels sont les vœux profonds et urgents de la France et
de tout l'Occident que la résurrection occitane pourrait au moins en partie
combler. Voilà pourquoi la mise en branle d'un mouvement occitan a de
quoi séduire des esprits sérieux. Les moyens pour y parvenir sont, il faut
l'avouer, à peu près inexistants. Tous les embryons actuels de vie
occitane sont en marge, ou même en contradiction avec l'esprit
occitan tel qu'il vient d'être sommairement figuré. Si je
n'étais pas seul — comme j'ai tout lieu de le redouter, à
rêver tel l'avenir occitan, rien ne serait plus tentant, un
jour prochain, que d'ébaucher un premier programme de réalisation. — Benjamin CRÈMIEUX.
�Bois original d'Auguste Rouquet
Le Régionalisme
en
marche
et
nous
'ARDENTE déclaration de Joseph Delteil, peut surprendre certains,
elle ne saurait étonner ceux qui, comme nous, se sont imposés la
tâche de suivre le mouvement de renaissance régionaliste au travers de ses multiples manifestations et surtout des éclosions de
revues qui en marquent le mieux les étapes et la vitalité. Pour
nous en tenir à notre région, le Rabelais (f) vient de voir le jour à
Montpellier, avec une brillante pléiade de collaborateurs et une
impeccable présentation, tandis qu'à Narbonne, un groupe de jeunes, réagissant contre la tendance un peu trop exclusive des sports, vient de fonder sous
le nom de Anadyomènè (2) une fort agréable revue poétique. Et il ne faut pas
oublier que le bon Narbonnais Castéla, après avoir conduit Septimanie à la
gloire, a créé à Nice, une luxueuse revue « Mèditerranêa » (3) à laquelle nous
unissent de puissants liens d'amitié, tandis qu'à Bordeaux l'actif Lajoinie
a fondé Aquitania (4).
Enfin il n'est pas jusqu'au Maroc et en Algérie où le mouvement ne se
dessine, avec Mietjoun (5) et le Languedoc (6).
Encore n'ai-je voulu parler que des nouveaux-nés, car il y a à côté, les
anciens à la santé vigoureuse, Le Feu, La Tramontane, La Nouvelle Revue
L
(1) Le Rabelais, MM. Viguier et Camot directeurs, 21, rue des Deux-Ponts, Montpellier
(2) Anadyomènè, carnet poétique mensuel, J. Carel, directeur, 4, rue Auber, Narbonne
(3) Mèditerranêa, Castéla, directeur, 16, rue de Châteauneuf, Nice
(4) Aquitania, Revue de Félibrige, Lajoinie directeur, 5, rue des Menut», Bordeaux
(5) Mietjoun, Laffont, directeur, Avenue Foch, Rabat
(6) Le Languedoc, 16, rue Bal-ed-Oued, Alger
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du Midi... et les nombreuses Cigales qui chantent aux quatre coins de notre
terre Languedocienne.
Pour l'œil le moins exercé , une telle activité est un symptôme, car elle
répond à une aspiration, à un besoin. Il est donc vrai de dire que l'idée régionaliste est en marche, qu'elle tend vers sa réalisation, et voilà, certes, de quoi
réjouir le cœur de notre ami Charles-Brun, qui lutta toute sa vie—souvent
sans espoir — pour un tel idéal.
Mais, il ne suffit pas d'avoir déchaîné les vents, encore faut-il être prêt
à en discipliner et coordonner les efforts.
Pour exprimer tant d'idées généreuses, toute une terminologie est née
que d'aucuns manient d'une main inhabile, d'autres au contraire, avec une
insidieuse habileté. Décentralisation, régionalisme, fédéralisme, autonomisme
autant de termes qu'il convient de bien définir pour y voir clair, pour dissiper
les équivoques et pour parler le même langage.
La fixation d'une telle doctrine et la recherche de la forme la mieux adaptée au tempérament et au développement de la France dans le cadre de l'unité
nationale ne constituent-elles pas la tâche la plus urgente de la Fédération
Régionaliste Française aux destinées de qui préside Charles-Brun?
J'en étais là de mes réflexions quand nous sont parvenues deux nouvelles revues qui tendent à répondre à ces préoccupations : La Revue des Provinces Françaises CD et Notre Droit Régional (8).
La première se propose de réaliser pour l'ensemble de la France la liaison
que les « Feuillets Occitans» poursuivent dans leur champ d'action. Comme
nous, mais dans un plan différent, la Revue des Provinces Françaises n'entend
se substituer à aucune fédération provinciale, ni remplacer aucune revue régionale existante, mais, tout au contraire, contribuer à leur épanouissement
et suppléer à une dispersion qui tient à l'ordre naturel des choses, en faisant
« connaître dans son ensemble et dans son détail le mouvement intellectuel des
« Provinces et des Pays d'outre-mer de langue française, sociétés littéraires
« et artistiques, groupements scientifiques et économiques, revues... produc« tion féconde et précieuse, cependant, par le nombre, la variété et la valeur. »
La Revue des Provinces de France qui n'a pas que ce point commun
avec nous, mais compte encore parmi ses collaborateurs bon nombre de nos
amis, tels que Charles-Brun, Ripert, Balmelle, Jean Camp, Grenier et
Morini-Comby, compte aborder la mise au point du Régionalisme en tant que
doctrine littéraire et historique.
Que nos efforts trop souvent désunis incitent les régions de France à
prendre conscience de leurs ressources en hommes et choses, qu'ils exaltent
pour la plus grande gloire et le plus grand profit de la France, leur puissance
de production intellectuelle et économique, encore faut-il qu'on trace la route
devant ce régionalisme en marche. C'est ce à quoi s'est appliqué dans ce
premier numéro, notre ami Charles-Brun, dont il faut méditer les conclusions :
« On a dit que le régionalisme était une tendance, un système, un essai
« d'organisation. Et tout cela est juste. Il est très vrai, par exemple, qu'il
« désire décharger l'Etat d'une infinité d'attributions qui ne le concernent pas,
« équilibrer, grâce à la connaissance des variétés provinciales, les diverses
« forces économiques dont la résultante est la prospérité du pays, « substi« tuer l'ordre à une centralisation tout à fait anarchique ettyrannique» comme
« l'a écrit Paul-Boncour. Mais, pour nous, le régionalisme est d'abord une
« méthode. Questions d'art, de littérature, d'enseignement, questions politiques
« économiques ou sociales, le régionalisme, quand il en traite introduit toujours
« dans son étude le facteur « diversités ». Il érige en postulat cette vérité de
« fait qu'à des conditions différentes correspondent des besoins différents, à des
« besoins différents, des solutions différentes, lapalissades, dira-t-on. Que l'on
(7) La Revue des Provinces Françaises, 5, Place de la Sorbonne, Paris
(8) Notre Droit Régional,
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« veuille bien considérer, néanmoins, que l'organisation française toute
« entière repose sur l'uniformité.
« Autre uniformité, qui n'est pas l'unité, qui n'en est qu'une contre-façon
« assez grossière, il propose de substituer la variété dans l'unité. Il esti« me que la France, si elle est une, n'est pas uniforme et que la nature et
« l'histoire y ont, de longue date, constitué des groupements dont le bon ordre
« de l'Etat exige que l'on respecte les diversités essentielles. Ces groupements
« sont ce qu'il appelle « régions ».
D'une allure plus doctrinale, Notre Droit Régional, s'attaque dès son
remier numéro aux problèmes juridiques et administratifs posés par le
égionalisme. Organe de l'Office d'Information en Alsace-Lorraine, cette
revue entend se garder aussi bien de « l'extrémisme autonomisme » que du
«fanatisme assimilateur» déclarant que le « problème alsacien-lorrain est
un problème français qui ne comporte qu'une solution française et doit être
étudié dans un esprit strictement national. Et du coup, voilà la question
nettement située. « Notre Droit Régional » dont le programme développé par
M. Riedinger s'autorise des déclarations d'hommes politiques d'opinions les
plus diverses, de Paul-Boncour à Charles Mauras en passant par PaulDeschanel, Alexandre Varenne, Clémenceau, Herriot, Briand, Flandin,
Poincarè, Clèmentel, Maurice Barrés, rappelle à propos la pensée de
Lamennais : « avec la centralisation, vous avez l'apoplexie au centre et la paralysie aux extrémités », pensée que complète le corollaire de Charles-Brun :
« Vouloir la vie et la prospérité de chaque région de France est un dessein
patriotique au premier chef, si l'ensemble, comme il apparaît doit sa vigueur
à la vigueur de chacune de ses patries... »
En souhaitant que ces deux revues, qui ont abordé les problèmes généraux du Régionalisme par des routes différentes unissent leurs efforts vers
un but commun, nous ne pouvons nous empêcher de souligner que là, comme
ailleurs, les indices se multiplient marquant nettement à la Fédération Régionaliste le rôle actif et fécond que peut être appelé à jouer son Comité de
Direction.
Enfin, transposant ces notions dans un cadre plus vaste, le « Collège
libre des Sciences Sociales » — qui a toujours si amicalement accueilli notre
Groupe, grâce à son dévoué Secrétaire Général notre collègue et ami de
la Fédération Régionaliste, M. Joseph Bergeron — a eu l'heureuse idée de
réunir sous le titre « l'Europe Fédéraliste » (9) l'ensemble des remarquables
conférences qu'il a organisées. On y trouve de très belles pages de nos collaborateurs Charles-Brun et Jean Bonnafous. On ne saurait tenter, ici,
l'analyse, même succincte d'une œuvre aussi importante consacrée à un
sujet aussi vaste et aussi complexe, mais elle est toute entière dominée par
ce passage de la préface écrite par M. Jean Hennessy, ambassadeur à Berne,
cet endroit d'où l'on voit mieux le monde : « Nul ne peut prévoir l'avenir ;
« mais il peut apparaître déjà, à des yeux avertis des transformations écono« miques, sociales et politiques qui modifient les autres continents, que l'ex« trémité du continent européen qui s'étend de l'Océan Atlantique aux bords
« de la Vistule, soit appelé à rechercher pour sa sauvegarde l'application du
«principe fédératif».
Et nous?
Nous, qui avons voulu ajouter le chaînon de notre beau Midi à la chaîne
déjà riche tressée au travers de la France par d'actifs et importants cercles
régionalistes, tels que le Groupe d'Études Limousines de notre vieil ami
de Nussac, ou la Veillée d'Auvergne de Boudon, il nous a suffi de nous conformer au programme que nous nous étions tracé dès le début, pour marquer
nettement la place que nous entendons occuper.
« Cercle d'études régionalistes, se tenant de propos délibéré éloigné
« de toute question politique, religieuse, d'école ou de parti appliquant
« toute son activité à une meilleure utilisation des ressources intellectuelles,
E
(9) L'Europe Fédéraliste, aspirations et réalités, Marcel Giard, éditeur, Paris 1927
�— 116 —
« morales et économiques du Languedoc — Roussillon, le Groupe Occitan
« s'attache à retracer le passé de ce pays au sol lourd des vestiges des civili« sations qui s'y sont succédées et dont l'histoire vit encore gravée sur tant
« de pierres; il s'efforce de recueillir et de conserver pieusement les traditions
« locales, les vieilles coutumes, les chansons, les costumes, les métiers dispa« rus et de faire briller d'un éclat nouveau sa langue d'Oc, si riche, si expres« sive et si imagée ».
« Dans le présent, portant tous ses soins au mouvement artistique, litté« raire, scientifique et économique, il s'applique à poursuivre l'inventaire et
« l'étude des ressources en hommes et choses que le Languedoc et le Roussillon
« possèdent soit sur place, soit dispersées en France et hors de France».
« Cercle d'Études, le Groupe Occitan est aussi une association d'action.
« Il souhaite que de ses travaux, en tous ordres d'activité, intellectuelle ou
« économique, découlent des conclusions pratiques à la réalisation desquelles
« il s'appliquera dans la mesure de ses moyens ».
Depuis trois ans, pour réaliser son programme le Groupe Occitan a oranisé des conférences et des expositions et donné son concours à de nomreuses manifestations. Il a avant tout appliqué son activité à la création et
au développement d'un organe de liaison, « Les Feuillets Occitans » qui loin
de vouloir supplanter ou concurrencer les autres revues ou publications régionales, a précisément pour' objet de les faire connaître et de les mettre en
valeur.
Attachant le plus grand prix à une politique d'interpénétration régionale
Groupe et Feuillets ont saisi toute occasion d'établir des liens étroits avec les
Groupements ou publications qui représentent les autres régions de France.
Enfin n'ayant garde d'oublier les devoirs imposés à ces pages que
Benjamin Crémieux a si heureusement qualifiés de « Marches Latines », nos
Feuillets Occitans ont tenu à constituer l'un des traits d'union entre la France
et les Pays Latins.
Et le succès est venu.
Contre vents et marées, Groupe et Feuillets ont grandi et prospéré,
élargissant chaque jour leur rayon d'action, s'attirant de nombreuses et précieuses sympathies.
Certes, ils avaient sous les yeux d'encourageants exemples, telle cette
« Bourgogne d'Or, de Chalon-sur-Saône, fondée en 1903 par le poète Gustave
Gasser et actuellement dirigée par une jeune femme de lettres Lylhète Lemoine
revue aussi vigoureuse que les ceps de vignes du pays qu'elle représente et
qui a exercé une indéniable influence sur le mouvement littéraire et artistique
de cette belle province. Mais encore fallait-il compter avec les mille dangers
qui guettent l'enfant au berceau. De tous les obstacles, nous avons peu à peu
triomphé grâce à notre volonté inébranlable d'atteindre les buts que nous
nous étions impartis, grâce surtout à l'union chaque jour plus étroite et à la
foi plus ardente des ouvriers de la première heure, des Rouquet, des Saisset,
des Paul-Sentenac, des Grenier et de quelques autres qui, n'hésitant pas souvent à sacrifier leurs préférences personnelles, voire même leur intérêt, à
l'unité et à la grandeur de l'œuvre poursuivie en commun, lui ont apporté le
précieux apostolat de leur expérience, de leurs connaissances techniques,
ainsi que la diversité de leurs tempéraments.
Et l'œuvre a déjà porté ses fruits. Notre action a suscité des énergies
nouvelles. Avec une louable émulation, les Groupements locaux à Paris ou
ailleurs, ont pris plus nettement conscience de leurs ressources et de leurs
)OSsibilités et, empruntant à notre programme ce qui répondait le mieux à
eurs propres aspirations, ils ont à leur tour apporté leur pierre à l'édifice.
Un tel résultat n'est point pour nous déplaire.
Dans le régionalisme en marche, notre rôle est tout indiqué, c'est celui
des élites auxquelles nous faisons appel : frayer le chemin.
Fernand CROS-MAYREVIEILLE
f
I
�LA CITÉ DE CARCASSONNE
Linoléum gravé de G. Devos
Le Carnaval en Roussillon^
ES cerisiers n'ont pas encore frémi cette année. Les vergers couvrant
les collines maigres et dorées du Ventous qui ceignent notre ville ne
sont pas encore auréolés d'essaims neigeux, et cependant Père Carnaval a été incinéré sous les hauts platanes de la place du Barri. A
l'habitude ce printemps du Vallespir toujours précoce coïncidait avec l'arrivée
du monarque. Le premier frisson des sèves annonçait la marée de joie et
d'allégresse qui déferle pendant plus d'un mois jusque dans nos plus petits
villages. Mais cette année même les mimosas ont boudé.
En jetant un regard en arrière sur ce Canaval défunt, il faut se féliciter
d'aVoir vu renouer sous son règne certaines vieilles traditions pittoresques.
Tandis que le Carnaval perpignanais se vautre de plus en plus dans les danses
modernes, se rue vers les dancings aux jazzs épileptiques, les campagnes semblent revenir vers le passé. A Banyuls sur Mer c'est la figaretta qui a été
ressuscitée, on a dansé le tio-tio et Vencadanat à Prats de Mollo, la vieille capitale du haut Vallespir, que des barbares ont découronnée de ses remparts.
A Arles sur Tech, pays des espadrilleurs et des muletiers, les jeunes gens ont
exécuté la cascabellada, cette danse si curieuse du grelot qu'ont apporté les
premiers meneurs de mules :
« Mireù sin tinch
de diners à la butxaca
a Mireù sin tinch
que fan catrinch, catrinch.»
A Prades on n'a pas oublié le matar de l'oca, tandis qu'à Céret, dans
la vieille ville aux neigeuses arènes, la corrida du bou roig développait ses
écarlates et ses ors sous un ciel doré d'Attique.
Carnavals de Perpignan avec ses foules en liesse, ses redoutes trucu-
L
�lentes, ses rues gorgées de masques, Canavals de Céret avec les filles aux bouches lourdes, aux hanches agressives, et la phrase rauque et triste d'une Sardane qui traîne toujours dans quelque rue. Carnavals d'Amélie trop passionnés, trop fiévreux, comme si les malades voulaient se hâter de saisir cette
joie. Carnavals d'Arles où les cris joyeux des bandes nocturnes font raisonner les vieilles rues froides et mortes, qu'animent vers six heures les sonnailles
des mules de retour de la douellière. Carnavals de Prades enfin qui ont le goût
de notre jeunesse. Dix ans après je retrouve l'odeur de cette salle — acidités
d'orange et sueur humaine mêlées — qui vous étourdissait, vous plaquait un
baiser de feu sur le visage. La musique à la fois aigre- et douce de la cobla
tombait comme une pluie d'or dans la cuve où bouillonnait la foule des masques. Aussitôt entré on était entraîné, roulé dans cette marée qu'endiguait à
grand peine un cordon de vieilles femmes en coiffe blanche ou en fichu noir,
assises tout autour de la salle. Et sans cesse l'escalier vomissait de nouvelles
bandes. Au-dessus de la salle il y avait un café où l'on montait boire des limonades avec les filles, afin de les obliger à lever leur masque. Le balcon était
désert. La nuit entrait à pleines fenêtres, et l'on devinait le jardin mouillé qui
frémissait au-dessous, comme pâmé dans l'ombre. Avec quelle palpitation
secrète on épiait à travers les trous du masque de sa compagne la blancheur
luisante des dents pâles, le lac d'ombre des prunelles où chaviraient des houles
dorées. D'en bas montait le grondement du bal, le piétinement lourd des couples, les rires aigus des filles — immense et puissante rumeur d'où sourdait
lancinante et têtue le gémissement de la prima.
Dans la journée la fête avait lieu sur la place de l'Eglise. En ces semaines de février, le Canigou sculptait sa masse neigeuse dans un ciel pur et
vif, pareil à une blouse bleue, bien tendue sur la vallée. Quelquefois la tramontane soufflait — vent et soleil mêlés — et cette amosphère de flamme
ardait sa volupté jusque dans les moëlles. Autour des baraques des marchands de berlingots s'agglomérait une foule intense. Des bandes de masques
passaient en sautillant, égrenant des « me counexes, me counexes », glissaient
une rosserie dans l'oreille d'un promeneur, s'enfuyaient en éclatant de rire.
Mais un homme vêtu de bure apparaissait muni d'une ligne. Au bout
du fil frétillait une figue ou un morceau de boudin noir. Et toutes les bouches
des garçons se tendaient avidement vers l'appât, hâppant, mordillant la figue
insaisissable. Quand l'un des garçons essayait d'attirer la figue avec la main,
un coup de bâton le punissait. C'était la Figaretta. Plus loin, un homme au
visage barbouillé surgissait au milieu des groupes, brandissant un pot de
raisiné. Joan del Riu, Joan del Riu criaillaient les filles. Sur la place, des
masques déferlaient de plus en plus nombreux, de plus en plus bruyants —
catalanes en coiffes de dentelle, espagnoles en mentilles, barratinas rouges —
toute une gamme de couleurs violentes qui hurlaient sous le soleil cru.
Ce que nous aimions beaucoup également c'était le matar de l'oca.
Entre deux platanes des allées on suspendait une oie par les pattes. Armés
d'un sabre, les hommes passaient en courant, essayant de décapiter le volatile, qui revenait au plus habile. Il fallait entendre ces cris, ces huées à
l'adresse du maladroit, les applaudissements saluant les vainqueurs. La
malheureuse bête férocement tailladée perdait son sang. Des plumes, des
morceaux de chair pleuvaient sur la foule.
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Nous étions là — petits grimauds en culotte courte — surveillant la
tête, prêts à nous précipiter sur le lambeau sanglant, aussi avides de ce
trophée que le matador vainqueur de l'oreille de la brute qu'il vient d'abattre.
Mais hélas I les jours passaient, le déclin du Monarque arrivait. Je me
rappellerai toujours ces cérémonies funèbres sur la place avec ses porteurs
de torches, ses pleureuses, et la potence noire dressée sur le ciel. Etait-ce
l'appréhension des jours arides de Carême? Je ne sais, mais véritablement la
foule se prenait à son propre jeu. Et lorsque le bourreau approchait la
flamme du mannequin, un lourd silence stupéfait pesait sur la populace. Puis
tandis que le brasier grondait une triste mélopée s'élevait vers les étoiles :
Adiou père, pobre père
Adiou père Carnaval »
Tout cela est bien loin maintenant, et la marée sanglante de la guerre
est passée là dessus. On ne parle plus que de dancings, de jazzs, et il n'est pas
rare en entrant dans les bals d'aujourd'hui de voir les hanches harmonieuses
de nos filles se disloquer en de grotesques charlestons. Même en Vallespir,
au cœur même de la tradition, les oliviers de Saint-Paul ne frémissent plus
sous les souffles sacrés de la Sardane. Il faut aller jusque dans les hauts
cantons, au pied de la montagne, pour entendre quelques uns de ces vieux
airs agrestes, que lance la voix dorée de la cobla. Ahl puisqu'il est encore
temps,opposons de toutes nos forces une barrière à cet envahissement étranger. Lorsque notre Carnaval sera semblable à celui de Paris ou de Nice, ne
sentez-vous pas que le Roussillon aura perdu quelque chose.
Charles ROUSSILLON.
REY-ANDRFM AUX CONCERTS PASDELOUP
Monsieur Rhené Bâton a eu l'heureuse inspiration de donner au mois de Mai, aux
Concerts Pasdeloup une première audition de La Chanson du Vin due au compositeur occitan
Rey-Andreu. La chanson du Vin. La fête des Vendanges ! Le départ des Vendangeurs I Les cris
et les chants ! Le bruit des grelots et des roues de charrette ! L'ardeur du soleil sur les chemins ! Toute la frénésie méridionale, s'exprime dans cette œuvre, d'une riche imagination musicale, d'une hardiesse dans la composition, qui n'exclut pas la science de la technique. Cette
première audition, chez Pasdeloup, d'un compositeur déjà apprécié à Paris, a obtenu un
réel succès.
Cette musique a apporté dans le programme une note d'une éclatante nouveauté. Toute
la presse parisienne, les grands quotidiens, Le Temps, Le Journal, Le Petit Journal, Le Gaulois,
Le Soir, Comœdia, Chicago Tribune, les Revues littéraires et musicales, L'Opinion, La
Renaissance, La Semaine à Paris, Le Courrier Musical, Le Ménestrel ont été unanimes à
constater la chaleur, la couleur et la maîtrise de la Chanson du Vin. Nous sommes heureux
de cette réussite dans un des grands concerts de la Capitale d'une œuvre de notre compatriote
Rey-Andreu, dont nous avons déjà plusieurs fois parlé et dont nous suivons avec un réel intérêt les brillantes étapes.
Cette audition chez Pasdeloup s'affirme une nouvelle consécration du grand talent
musical de Rey-Andreu. Et nous devons le féliciter d'exalter notre terroir languedocien, avec
une ardeur et une intensité vraiment méridionales, de célébrer le vin, source de joie de notre
plaine Parmi
occitane.
les amis de Rev-Andreu, Monsieur Edouard Renard, le nouveau directeur de la
Sûreté Générale, n'a pas dû'être le dernier à se réjouir de ce succès. Lorsqu'il était sousPréfet de Narbonne, Monsieur E. Renard, qui a écrit un remarquable ouvrage sur Louis Blanc,
et qui est très averti des choses de l'art moderne, tant en peinture qu'en musique, aimait entendre la dernière création du Narbonnais Rey-Andreu.
L'audition de Pasdeloup aura des lendemains. Rey-Andreu n'a certes pas fini sa vendange.
P- S.
�Boia original de Gaspard Maillol
LIVRES ET REVUES
Henry Muohart : Le Miel Sauvage (Poèmes)
(Edition* de la Revue des Poètes. — Perrin, Paris)
Voici un noble et beau livre, longuement mûri, passionnément ouvragé et depuis longtemps attendu par tous ceux que l'amour des vers solides et harmonieux charme encore. Il
y en a plus qu'on ne croit, mais ils ne sont pas riches, sans doute, car les livres de vers ne
se vendent pas. On lit les poèmes dans les Revues et on n'achète pas un livre de vers.
Pourquoi ? Personne n'en sait rien. Il semblerait pourtant que les financiers, les brasseurs
d'affaires, les industriels, après s'être colletés des journées entières avec le» chiffres, avec la
plate et morne réalité, aient besoin de se demander s'il n'y a pas un autre but dans la vie que
d'amasser de l'argent, s'il n'y a pas une voix aux accents profonds qui exalte les beautés de
la nature, la douceur du ciel, la grâce des bois devant la mer, le murmure des forêts sur la
montagne, une voix qui chante :
Je me vois, chevrier aux regards éblouis,
Longeant les rivages de l'île,
Cependant que j'émeus, de ma flûte de buis,
Un soir limpide de Sicile...
Et cette voix est celle d'un vrai poète qui a lui aussi le sens des réalités, mais qui sait
d'un coup d'aile s'enlever en plein azur.
Dans ce livre fort, aux lignes pures, aux vers strictement charpentés : « Le Miel
sauvage » d'Henry Muchart, l'âme se plonge avec joie, sans vouloir remonter à la surface et
reprendre contact avec le réel, qu'elle n'en n'ait épuisé la substance.
Le Roussillon coloré, dru, rutilant, avec ses parfums chauds et amers, avec ses arômes
montagnards, ses vagues sonores, ses sommets purs où se plaisent les bergers, ses jardins et
ses eaux, ses abeilles, son ciel et son soleil qui énivrent, tout le Roussillon, toute l'âpre et
douce Catalogne avec ses inoubliables souvenirs de Majorque, châtoie, vibre, vit intensément
dans les vers lumineux d'Henry Muchart. Et je n'ai garde d'oublier la belle pièce «Le Marchand
de Neige * publiée dans le premier numéro des nouveaux Feuillets, d'un lyrisme si élevé,
et d'un symbolisme non nébuleux certes, mais transparent comme l'eau des cimes.
Tout dans ces parties du livre : l'Art des abeilles, l'Essaim sur l'Olivier, Les Jardins
et les Eaux, Sous le ciel rouge et noir, Dans l'âpre et douce Catalogne, Le Miel d'Automne,
tout est à citer, tellement le livre est d'une beauté dense, écrit avec ce soin d'un artiste probe
qui ne laisse rien au hasard.
Henry Muchart est des nôtres et il sait que nous ne sommes pas prodigues d'éloges en
Roussillon, bien qu'on nous croit exagérés, excessifs et gesticulants. Non. Nous admirons pro-
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fondément ce qui est beau, mais nous cherchons quelques mots sobres qui traduisent notre
enthousiasme intime et lorsque nous disons «c'est un maître livre» il y a bien dans ces mots
notre pensée complète, sans réticence.
Louis Codet : César Capéran
(N. R. F. Paris)
Les Éditions de la Nouvelle Revue Française nous donnent un nouveau tirage de ce
chef-d'œuvre d'esprit de Louis Codet : César Capéran, augmenté de nombreux poèmes en
prose, de contes, d'impressions de voyage et d'études admirables sur Rembrandt, L. de Vinci,
Ingres, Manet, Gustave Moreau, Puvis de Chavannes. C'est dans ces pages que Paul Codet, avec
un soin pieux a rassemblées et qui étaient dispersées dans des Revues ou même inédites que
nous retrouvons toutes les nuances de cet art de son regretté frère. Le Tuilier de Finestret,
L'Archiduchesse, les impressions sur Barcelone, et les études d'art sont d'un artiste incomparable, d'une finesse de touche, d'une originalité de ton et de dessin, et parfois d'une puissance
d'évocation entièrement personnelles. Tout cela est vu par des yeux neufs, rien n'est pris
dans les livres, c'est le contact direct de la chair, de la sensibilité et de l'intelligence avec le
monde extérieur. C'est exquis et profond.
Pierre Chardon : L'Épopée de l'Aile
(Editions Sansot, Paris)
Poème en six parties, émouvant par son bel accent de sincérité, dialogue habilement
mené, La Muse, La Source, Le sacrifice, L'attente, L'aurore, Le Retour, où alternent et se
reflètent les sentiments humains, où passe le chant de l'éternelle illusion, où se noue et se
dénoue le drame de l'amour et de la mort, où l'on voit mourir le poète, bercé par les souvenirs
lumineux d'autrefois et par celle qu'il aime.
Aimé Julien : Il était une fois...
Un opuscule où l'auteur célèbre « la chanson qui jaillit de l'Adour » dans un sonnet sur
Les Landes, et la beauté méridionale dans Nîmes et Castelsec.
Witfred Lucas : La Cité Bleue (Poèmes)
(En vente aux Messageries Hachette)
En épigraphe, ces paroles de Bossuet : « Dieu a mis quelquechose dans les créatures
pour leur donner le moyen de retourner à leur source; et cela, c'est l'Amour. » Wilfred Lucas
l'auteur de La Syrène, et des Roses s'ouvrent, a une haute conception de l'Amour et son livre
est bien « tout entier jailli du cœur ». Il est la paraphrase de cette pensée pure : Poète qui
contemples — la splendeur de la terre — malgré l'effort, la lutte — ou le soupir d'Antan —
l'aile de la pensée — c'est toujours l'espérance — et le divin amour — la suprême croyance —
La Cité Bleue, aux vers substantiels en ses rythmes variés, est bien l'œuvre d'un
poète et d'un penseur.
Eugène Figuière : Poèmes Choisis
(Eug. Figuière éditeur, Paris.)
Ce choix de poèmes intimes est présenté avec un « Antélude de George Aubault de la
Haulte Chambre » dans lequel l'ami du poéte-éditeur rappelle les œuvres charmantes qu'il a
fondées : Le jardin de Jenny, Les Amis des gardiens de Phares, Les Vacances du Poète
et tout récemment le concours du Meilleur Camarade.
Sitka parmi les Colonnes et le poème de Baleka par A. Pareja de MIJarès
(Eug. Figuière Éditeur, Paris.)
M. A Pareja de Mijarés qui est un grand écrivain péruvien et l'auteur d'un livre de
vers plein d'originalité et de lyrisme « Rythmes Fervents », nous donne aujourd'hui un roman
d'une belle élévation de pensée et qui se rattache plutôt au poème en prose par le ton et le
rythme des phrases qui sont bien d'un poète lyrique.
LES REVUES
Le Rouge et le Noir
(Henri Lamblin directeur, 186 Bd. de la République à la Madeleine-Lez-Lille, Nord.)
Cette nouvelle publication qui se place sous le patronage stendhalien et s'interdit
tout dogmatisme est d'une présentation très soignée. On y lit de remarquables études et de
beaux poèmes et le sommaire d'avril 1927 que nous donnons ci-dessous engagera certainement
nos lecteurs à vouloir connaître « Le Rouge et le Noir ».
5
Henri Martineau : Stendhal biographe
André Salmon : Locutions
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Philippe Soupault : Noyade
Jules Supervielle : Le Geste
Henri Deberly : L'expérience du vin
André Lebey : Zinc idéal express
Pierre Mac Orlan : L'homme qui viole l'infini
Enquête sur la culture européenne par Maurice Betz, M. Dufrène, Noël du Guy,
Daniel Rops Gonzague, Truc.
La Bibliophilie par Renée Dunan, le style par Pierre Courthon, Le théâtre par E. Martin
l'Art du mouvement par P. Leprohon. Une étude sur François Mauriac par Henri Lamblin et
des chroniques par Jean Ott, René Laporte, Maurice Acremant etc..
La Revue Poésie, toujours présentée avec le plus grand souci d'art par l'excellent poète
Octave Charpentier nous donne dans son numéro d'avril, de beaux poèmes de Philéas Lebesgue, une chanson d'un très joli rythme : chanson des pêcheurs de sable (rives de la Garonne)
de Maurice Audubert-Botissat, extraite des « Sonatines du soir », en préparation, une série de
poèmes émouvants de M'" A. de Meixmoron de Dombasle, de Victor jBarat, Charles Ecila, Octave Charpentier, Louis Moreau, Jean de Poitiers etc., et des hors-texte très vigoureux, bois
originaux de R Y. Creston.
Nous ne saurions trop recommander la lecture de cette revue entièrement consacrée à
la poésie, ce qui est, par ces temps de mercantilisme à outrance, d'un rare courage et d'un
beaxi désintéressement, et assez féliciter Octave Charpentier de la ferveur qu'il met à faire
connaître les poètes de chaque région de France et de l'étranger.
L'Ermitage (2° année, fil, rue de la Tour, Paris-16')
Cahier de Poésie nous donne dans son numéro, 17, des poèmes inédits et d'une lecture
très attachante de François-Paul Alibert, Philippe Chabaneix, Charles Derennes, André Fontainas, Georges Heitz, Francis Jammes, Guy Lavaud, Jean Lebrau, Xavier de Magallon, Fernand Mazade, Amélie Murât, Edmond Pilon, Ernest Raynaud, Henri de Régnier, Viélé Griffin
etc.. etc.. Nous nous excusons de ne pouvoir les citer tous, car ils le méritent, et le choix
judicieux de cette sorte de petite anthologie poétique est à la louange des directeurs : Georges
Heitz, Jean-Albert Sorel et Yves Paté.
La Dépêche — Hommes et Choses — Roussillon — par Edmond Haraucourt.
Nous avons lu dans la Dépêche du 12 Mai, un magnifique article d'Edmond Haraucourt,
sur le Roussillon où il est allé passer le mois d'Avril :
« Au pied des Albères nous étions en Grèce et je reconnaissais les Collines de Delphes,
criblées des rayons que Phoïbos darde pour indiquer le chemin de son temple ; le soir du
même jour, nous étions en Suisse, lançant des boules de neige, commes des gosses àFont-Romeu
pour faire aboyer les chiens dans l'écho blanc et noir des pentes où les conifères se découpent
sur le névé ; pour y atteindre nous avions traversé la Bretagne, semée de granits bleus ; un peu
au-dessous, l'aride plateau espagnol de l'Escurial; le lendemain prés de Céret nous retrouvions
la Grèce, avec la vallée de Tempe, et vingt minutes après, l'Écosse dans les gorges d'Amélie-les
-Bains, et tout de suite, dans celles de Montbolo, les Latomices de Syracuse ; les désertiques
montagnes de Syrie, au-dessus de Tautavel, et, dans le parc de Pia, la villa Médicis de Rome ;
de Collioure au Cap Cerbère, nous faisions le Var et ses Calanques, la Corse et sa promenade
des Grecs; dans la forêt des Fanges, nous retrouvions les Vosges... »
On ne saurait avec plus d'exactitude lyrique montrer la variété extraordinaire de ce
Roussillon que l'on commence aujourd'hui à mieux connaître et où les grands voyageurs qui
ont parcouru le monde, retrouvent des aspects de toutes les patries.
Frédéric SAISSET
LATOUCHE TRÉVILLE A
NAPLES
par De Lévis-Mirepoix
Auteur de romans estimés qui connurent le succès, honoré, entre autres distinctions,
d'un prix littéraire de l'Académie française pendant la guerre, le duc de Levis Mirepoix, qui
compte parmi les collaborateurs éminents des feuillets, a écrit depuis l'armistice : «Le Baiser
de l'antéchrist » prélude éloquent de nombreuses publications récentes qui ont symbolisé
l'esprit du mal ;
« Le Seigneur inconnu » où la puissance de la tradition s'affirme avec une force si singulière, si émouvante ;
« Monségur » témoignage vivant de l'hérésie albigeoise (Cathare) où l'érudition ]le dispute à la beauté d'un roman d'amour cornélien;
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« Le Voyage de Satan » romanesque et réaliste à la fois qui se poursuit en pages de
savoureuse couleur locale dans la région de Limoux.
Il a publié en outre, l'année darniére, dans la Revue de France, un article remarquable
Sur le Duc d'Orléans.
C'est une personnalité militaire de l'ancien régime, ralliée librement à la révolution,
qu'il nous présente aujourd'hui.
Ancien constituant, ayant déjà servi dans les armées de terre et de mer avant la révolution, Latouche Tréville, désireux de reprendre le métier des armes, reçut au printemps 1792,
à la suite de démarches pressantes, par l'intervention de Dumouriez auquel il était lié, le commandant du vaisseau «Languedoc» en armement à Brest et de quatre autres unités. Le champ
qui s'offrait à l'activité, au zèle du nouveau chef ne manquait pas d'ampleur. Le désarmement de l'escadre avait dû être ordonné en 1791 par suite de l'indiscipline des équipages. Il
s'agissait de rétablir l'autorité et de regagner la confiance des pouvoirs publics, choses particulièrement difficiles à un représentant de l'ancien régime. Latouche Tréville y parvint par
sa décision.
Le 26 Août il reçoit l'ordre de rallier à son pavillon : Le Vengeur, l'Entreprenant,
l'Orion, et de passer en Méditerranée pour se joindre à l'armée navale en voie de concentration dans la région de Nice, Gênes.
La réunion de nos forces et leur ravitaillement terminés, Latouche Tréville, après
avoir participé au bombardement de l'enclave Sarde d'Oneille, fut chargé de la mission à
Naples qui fait plus spécialement l'objet de l'étude du Duc de Lévis Mirepoix.
Les raisons de cette mission?
Monsieur de Sémonville, Ministre de France à Gênes s'était, par ses intrigues, par ses
menées, rendu suspect au gouvernement de ce pays.
„
Successivement la cour de Turin et la république de Venise, dont on avait demandé
l'agrément, avaient refusé de le recevoir.
La Porte pressentie à son tour, s'y était opposée.
De ce dernier échec le conseil exécutif rendait, en partie, responsable le général Acton
personnage cosmopolite né en France, où il avait servi dans la marine, et dont le roi de Naples
avait fait son premier misnistre.
La signature Dacton figurait au bas d'une pièce (surprise par nos services d'espionnage) qui mettait en garde le gouvernement Turc contre l'action dangereuse, plusieurs fois
dénoncée de M. de Sémonville, maintenant discrédité dans toute la péninsule.
Il s'agissait d'exiger du roi de Naples le désaveu de la lettre de son premier ministre
et de livrer ce dernier au gouvernement français jusqu'au moment où cette déclaration serait
parvenue à Constantinople.
Latouche Tréville saisit avec une satisfaction bien compréhensible l'occasion qui lui
est donnée de manifester ses aptitudes au commandement d'une force indépendante et de
faire valoir ses qualités personnelles indéniables, 10 vaisseaux, 2 frégates, 2 bombardes.un e
tartane, passent sous son commandement.
Mais autant les instructions officielles étaient comme nous l'avons vu, impératives,
rigoureuses, autant celles de l'Amiral Truguet étaient discrètement réticentes, temporisatrices.
Un mois s'écoula ainsi au cours du quel le gouvernement de Naples fut avisé de nos
desseins.
Des pourparlers diplomatiques furent engagés entre Naples et Gênes. L'Amiral en eut
connaissance ; mais ne s'en ouvrit pas à son subordonné auquel il continuait à conseiller la
prudence, la modération.
Bref au moment où Latouche Tréville fit voile vers le Sud, l'arrivée de nos vaisseaux
était préparée, attendue à Naples. « Ce que leurs équipages croyaient de leur part une manœuvre de surprise, fut transformé à leur issue en une sorte de visite officielle », On touche
ici le ridicule de la situation.
Mis au courant des événements par le Consul de France à son arrivée devant Naples,
Latouche Tréville qui avait déjà rédigé un ultimatum retentissant dut en atténuer profondément les termes de concert avec notre représentant. Nos demandes étaient acceptées d'avance.
L expédition devenait sans objet. Latouche Tréville prenait assez philosophiquement son
parti de ce dénouement imprévu et se disposait à rejoindre l'armée navale lorsque le mauvais
temps causa de telles avaries au «Languedoc» qu'il dut, à son corps défendant, entrer dans
le port de Naples et procéder aux réparations urgentes indispensables, Il ne gardait avec lui
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que l'Entreprenant (ordre avait été donné aux unité» de rallier l'armée navale) «pour le
secourir et le remorquer au besoin ».
Cette situation n'était pas sans dangers. Après ce qui s'était passé « Latouche Tréville
se trouvait forcé de suivre dans une sorte d'équivoque pénible à son ambition : passer pour
un ami du roi de Naples ou perdre, en ne le ménageant point, le bénéfice de son hospitalité...
Il choisit un procédé préconisé plus tard par Tallerand, non dans sa vie, mais dans ses négociations : agir avec franchise dans une voie constante «t bien déterminée. »
Pendant ce séjour à Naples, un nouveau champ d'activité s'ouvre à Latouche Tréville.
Il s'inquiète de la situation politique et économique de la contrée, de ses ressources et de ses
moyens de construction navale. Ue cette enquête favorable sortira une proposition d'alliance
basée, par ailleurs, sur la protection intéressée que nous pouvions assurer à ce pays.
Une adresse qu'il avait destinée au peuple napolitain, au cas où nos demandes n'auraient pas été acceptées, lui valut de» réponses ironiques fort curieuses.
Après le meurtre de Basseville, envoyé en mission officieuse à Rome, Latouche qui
avait déjà proposé au gouvernement de Naples de remonter le Tibre « afin de renverser le lama
des chrétiens » se fit plus pressant auprès du général Acton. Cette expédition lui tenait à coeur.
Mais il ne fut pas écouté.
«Ici, comme en beaucoup d'autres endroits, Latouche se déclare, franchement contre
la politique du clergé romain avec une sincérité qui «emble plus profonde que sa haine de
l'ancien régime. D'ailleurs un certain scepticisme religieux qui s'augmenta bientôt de la
haine contre l'église, considérée à tort ou à raison, comme la cheville ouvrière de toutes les
oppositions aux idées nouvelles était le propre de bon nombre d'hommes de cette époque ».
Lorsque le « Languedoc » fut en état de prendre la mer, Latouche rejoignit l'armée
navale qui allait éprouver un échec devant Cagliari.
Rentré en France, il ne put malgré ses sentiments de loyalisme et sa nomination de
contre-amiral, signé du ministre Monge, obtenir d'autre commandement. Son ancien chef, qui
était aussi son rival, l'amiral Truguet, devenait Ministre de la Marine alors qu'un décret excluant l'ancienne noblesse de tous les services publics, lui retirait son commandement. Il fut
même arrêté et emprisonné et risqua la guillotine.
Ce n'est qu'en 1802 qu'il lui fut donné de reprendre du service et de participer à l'expédition de Saint-Domingue.
Une étude aussi subtentielle que l'est celle du duc de Levis Mirepoix ne saurait être
résumée sans présenter des lacunes inévitable».
Nous avons voulu simplement en marquer les étapes pour en faire apparaître l'intérêt
et montrer comment le choix remarquable d'une monographie (si attachante par elle-même)
peut devenir une contribution précieuse à la compréhension de l'histoire générale.
L'aisance et la sûreté d'information avec lesquelles l'auteur se meut à travers les
questions d'ordre militaire, politique, diplomatique, la disposition des pièces originales, font
«r de Latouche Tréville à Naples », sur des points généralement inexplorés de l'histoire révolutionnaire, un document de premier ordre.
Laurent ROQUES
LÉON CLADEL
C'est le samedi 21 mai, à 15 heures, sous la présidence de M. Édouard Herriot, ministre
de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, et en présence de M. Paul Doumer, président du
Sénat, que le monument Léon Cladel a été inauguré dans les jardins du Luxembourg.
C'est Cladel, fils du maître écrivain, qui a sculpté le monument qui est fort beau et
qui sera, en tant qu'œuvre de statuaire, l'une des plus respectables de ce jardin du Luxembourg où tant d'illustrations y ont déjà pris place.
En fêtant Léon Cladel, en inaugurant un monument en l'honneur de son œuvre, «ou»
la présidence de M. Edouard Herriot, qui est l'ami des Lettres françaises, le comité a tenu
à donner une juste, quoique bien tardive réparation à un écrivain indépendant, à un écrivain
régionaliste de race, qui a souffert non seulement pour son idéal littéraire, mais aussi pour
son idéal démocratique. Car, Léon Cladel, auteur comme on sait de nombreuses œuvres telles
que, par exemple: Le Bouscassié, La Fête votive de Saint-Bartholomè-Porte-Glaiv e, Les Va
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Nu-Pieds, L'Homme de la Croix-aux-bœufs, Bonshommes, Ompdrailles le Tombeau des Lutteurs, Crête-Rouge, N'a qu'un œil, Kerkadec garde-barrière, Urbains et Ruraux, Léon Cladel
et sa kyrielle de chiens, Effigies d'inconnus, Racca, Seize morceaux de littérature, etc., etc..
a toujours poursuivi dans son œuvre importante, personnelle et humaine, un idéal essentiellement démocratique, car pour lui — et il était tenace dans ses idées — tout était peuple.
Et pour ceux qui ont connu, aimé et apprécié l'auteur de Montauban-tu-ne-le-sauraspas, c'est avec une réelle émotion que l'on a vu arriver enfin ce jour, où sa physionomie fière
et généreuse avec ses traits énergiques, est apparue pour la première fois aux regards des
foules, ces foules qu'il aimait tant.
Léon Cladel, dur ant toute sa vie, a toujours été un combattif. En parcourant ses œuvres
nombreuses, ses œuvres écrites en pleine indépendance, en pleine fièvre et surtout en pleine
lutte pour le pain quotidien et pour les idées républicaines qui commençaient à s'infiltrer
dans les mœurs de l'époque, on peut constater aisément que ce grand travailleur, « le plus
infatigable des ouvriers en style», comme l'a écrit très judicieusement Anatole France, ce
grand artiste n'a jamais voulu faire la plus petite concession aux fausses idées et au faux art,
parce qu'il était un vrai prêtre de l'art.
Léon Cladel a déjà un buste sculpté par le maître Émile-Antoine-Bourdelle, qui orne
le petit square de la place de la Préfecture, à Montauban, patrie de Jean-Dominique Ingres.
C'est en 1894 que l'inauguration de ce buste eut lieu. Ah! comme cette manifestation
fut simple et touchante, malgré l'absence d'un membre du gouvernement d'alors qui n'avait
même pas cru devoir se faire représenter, car pour l'époque, les idées démocratiques de
Léon Cladel étaient trop avancées.
Nous nous souvenons de cette inauguration, qui eut lieu par une journée ensoleillée et
à laquelle assistaient les personnalités suivantes, dont la plupart sont hélas! aujourd'hui disparues : Émile-Antoine-Bourdelle, Camille Delthil, François Fabié, Clovis Hugues, Henry
Lapauze, l'animateur de cette belle manifestation, Catulle Mendès, Emilie Pouvillon, Auguste
Quercy, Maurice Rollinat, Armand Silvestre et toute une pléiade de jeunes écrivains, poètes
et artistes. Ah! comme tous les écrivains d'alors, qui apportaient à Léon Cladel l'hommage
de leur amitié et de leur admiration, furent troublés de constater qu'en pleine démocratie
un grand écrivain démocrate n'était pas « personna grata » près des hautes sphères gouvernementales.
Heureusement, pour la mémoire de Léon Cladel, pour son œuvre et pour les Lettres
françaises, que les temps sont changés et que la présence de M. Èdouard Herriot, ministre
de l'Instruction publique, a donné à la manifestation littéraire un caractère particulier et
surtout a montré aux foules recueillies et admiratives que l'œuvre d'un grand fils de la terre
latine était enfin reconnue comme étant belle et comme devant figurer dans les grandes anthologies françaises.
« La vérité est en marche », a dit un jour, avec un accent magnifique de foi et d'enthousiasme, notre vénéré maître Émile Zola. Eh! oui, elle est toujours en marche, cette vérité
qui est vieille comme le monde et qui se rajeunit d'après les moments et les circonstances!
Et la plupart de ceux qui ont critiqué l'œuvre de Léon Cladel ont disparu de la carrière des
lettres sans laisser aucune trace, tandis que l'œuvre du maître styliste suivait son petit bout
de chemin, sa route difficile mais magnifique, et s'imposait petit à petit à ceux qui savent honorer aujourd'hui les dignes représentants de notre langue, de notre littérature et de nos
divins clochers.
Même dans les grandes batailles littéraires de son époque, Léon Cladel s'est toujours
distingué des autres écrivains par une originalité si particulière que tousses confrères d'alors
ceux qui l'aimaient et ceux qui l'admiraient, l'ont toujours considéré comme un écrivain de
grande envergure, comme un écrivain, de race. Aussi, l'hommage tardif que l'on vient de
rendre à son libre talent, à ses conceptions politiques et sociales comme à son grand cœur
d'homme de lettres, prend aujourd'hui une signification très curieuse et très particulière,
puisque Léon Cladel, en digne fils du Quercy qu'il affectionnait, en digne fils d'une terre
féconde et généreuse qui a donné naissance à Lefranc de Pompignan, à Ingres, à Emile
Pouvillon et à tant d'autres, et dont les paysages et les couchers de soleil sont de toute beauté,
par ses œuvres vigoureuses et d'une personnalité bien définie, fortifie le culte du clocher
familial. Il fortifie également le culte si cher et si prenant de la petite Patrie, cette petite
Patrie, qu'aux heures graves et parfois douloureuses de la vie on évoque avec des larmes
dans les yeux, avec un cœur reconnaissant et un amour fervent et admiratif qui ne disparait
qu'avec nous-mêmes.
Marcel CLAVIÈ
�Ck ronique du
Tliéâtre Occitan
LE SOL COMMANDE
au Théâtre de verdure de Coursait
E nous est personnellement une joie, mais surtout un devoir d'équité de pouvoir
constater — sans flagornerie, mais sans réticence, — le succès triomphal qui
a accueilli, au théâtre de verdure de Coursan, le dimanche 10 Juillet, Le Sol
commande, de nos amis Jean Camp et José Fontbernat. A la fin du spectacle
l'émotion du public s'est muée en délire : tonitruantes salves de bravos, acclamations méridionalement frénétiques, profusions de gerbes de fleurs du pays,
hommages de gens du pays, accolades, embrassement général. On se serait
cru, tant s'épandaient l'enthousiasme et le frémissement populaires, aux premières tentatives,
siée latantes, des arènes de Béziers, à la fin du dernier siècle (Déjanire, Prométhée, SaintSaëns, Jean Lorrain, Gabriel Fauré, Segond-Weber, de Max, Cora Lapercerie, Castelbon de
Beaux hôtes) I
Mais cette constatation affectueuse serait vaine, si nous nous bornions à l'agrémenter
d'un compte rendu anodin, où l'amitié serait complice, ou même de considérations purement
critiques qui risqueraient de porter à faux. Ce que nous voudrions, dans ces Feuillets où s'épanouit l'idée occitane, c'est tirer du spectacle de Coursan, en ce qui touche l'effort méridional,
un enseignement, un exemple et comme une émulation.
Certes, et il faut nous entendre, les auteurs n'ont pas prétendu se placer à l'avant-garde
de l'art dramatique. Jean Camp, le poète, ne s'est pas un instant attaché à susciter un frisson
littéraire nouveau, ni à déceler l'inquiétante diversité de l'âme humaine ou la chimère de
quelque rêve insensé, dans le crépuscule de la conscience ou de l'inconscience humaine.
L'ombre d'Hamlet n'a pas plané sur cette fête. Et la musique de Fontbernat, qui se soucie
peu des grandes lignes architecturales, ignore aussi ou veut ignorer la nostalgie de l'inexprimable.
Le Sol commande, exempt délibérément de tout modernisme, appartient à la tradition post-romantique, encore imprégnée de bon mélodrame, toute chargée néanmoins de
lyrisme et de chaud coloris. Volontiers, nous situerions la pièce entre l'Artésienne et le
Cheminean de Jean Richepin. Mais la flamme passionnelle du héros de VArtésienne bien
qu'irrésistible, est anormale; et le Chemineau reste en marge de la vie réelle avec ses reflets
d'opéra-comique.
Ici, nous avons aussi un drame rustique, mais un drame bourgeois, dans le sens dixhuitième siècle : un conflit de forces morales qui agite des âmes candides, saines et probes,
conflit qui se déroule et se dénoue avec simplicité, avec sérénité, sans fièvre sexuelle, sans
acoup psychologique, sans imbroglio désordonné.
La belle Martoune vit au village natal, auprès de sa mère, Bénilde, propriétaire d'un
riche vignoble ; elle a grandi avec, au cœur, l'amour pour son camarade d'enfance Paul, le
gars solide et franc, attaché depuis sa naissance, peut-on dire, à la terre des parents de Martoune, puisqu'ils furent les maîtres de son père et qu'ils sont devenus les siens. Mais la jeune
fille, poussée par sa mère qu'exalte l'espoir d'un patrimoine accru, étourdie plus encore par
�— 12? —
l'appel joyeux des plaisirs de la ville, cède à l'hommage de Simon, fils dégénéré du père
Jacques, le maitre de l'immense domaine voisin. Les jeunes époux désertent le village, renégats
à leur origine, à leur destinée, au sol nourricier mais jaloux. Simon, épuisé par la ville perverse, revient, mais trop tard, plein de contrition et de repentir, les bras désespérément
tendus vers ce sol pour qui il n'eut qu'ingratitude, mais dont il espère encore le salut. Martoune, la mort dans l'âme, pleurant elle aussi son existence gâchée, ne sait résister à l'étreinte
de Paul, le fils du terroir, dont elle sent qu'elle eût dû partager le sort.
Anéanti par ce spectacle qu'il surprend, Simon va, d'un pas rapide et sûr vers la
mort; à sa décrépitudé, à sa détresse morale, le sol trahi ajoute une expiation ultime : la grêle
dévaste la récolte; l'inondation ravage le vignoble. C'est la ruine, si le miracle ne se produit
et si la terre ne pardonne. Et Simon qui, dans son agonie, et malgré sa certitude de n'avoir
pas été vraiment bafoué, ne rêvait que vengeance, Simon, au bord de la tombe, sent que la
régénération ne peut venir que du sacrifice suprême dont il sera la consciente holocauste :
cédant à la plus noble, à la plus haute résignation que lui suggère la terre maternelle, il unit
Paul à Martoune, après leur avoir légué ses biens, dont ils assureront le salut et la prospérité.
Ainsi se développe, avec quelque lenteur d'abord, ce poème idyllique dont le public,
d'emblée, adopta la teneur et le rythmé.
Il faut bien y insister en effet, ce qui frappa dès l'abord, dans le spectacle de Coursan
ce fut l'adaptation de la pièce au public et du public à la pièce, l'absolue communion d'âmes
vibrantes qui, sans effort, s'identifièrent à la vie des personnages. Elan d'adhésion, de crédibilité, de foi : comme si le conflit eût été en puissance chez les uns, pour ainsi dire à fleur de
nerfs et eût chez les autres éveillé de chères réminiscences; comme s'il se fût agi, en un mot,
du drame type de cette race de terriens de chez nous, des seules joies exaltantes qui aient su
jamais troubler leur cœur, des seules navrances qui les aient pu bouleverser. C'est dire que
Le Sol commande à tendances si peu symbolistes, a une grande portée symbolique. Ce qui, —
Jules Lemaître y insista naguère, j— fit la grandeur des tragédies antiques, notamment de la
légende d'Œdipe et des Atrides, et la faveur où les tenait le public, ce fut la croyance d'un
peuple entier dans la force du fatum qui terrassait les héros, c'était l'adhésion quasi religieuse
de l'auditoire à la nécessité du sacrifice ou de l'expiation. L'émotion des cinq mille personnes
qui se pressaient au théâtre de Coursan ne fut pas d'un autre ordre: tous acceptaient, les larmes aux paupières et comme s'il se fût agi d'eux, la leçon de la terre et la voix du Destin.
Et qu'importe l'objection que nous sentons venir, que le poète, cédant avec facilité à
l'inspiration mélodramatique — mais la tragédie antique n'était aussi que mélodrame — ait
pris pour mesure l'âme moyenne et un peu fruste de ses auditeurs, sans les élever au-dessus
d'eux, sans les conduire à de plus hautes cimes; mais ce recueillement, ce repliement sur
soi-même, cette résurrection de sentiments intimes ou latents ne sont-ils pas déjà suffisam
ment lourds de grandeur et de richesse lyriques, même s'il arrive (mais nous nous expliquerons sur ce point) que défaille parfois le lyrisme des mots.
Cette grandeur, reconnaissons-le, confine par endroits à l'épopée. Surtout la résignation de Simon, au seuil du tombeau, (Joubé fut admirable dans cette scène T) est d'une noblesse
grave et farouche, qui nous fait soudain songer à la sublime sérénité du roi Marke au troisième acte de Tristan. Mais qu'on veuille bien mesurer la portée de cet éloge : une idylle ravissante du romancier suisse Gottfried Keller s'intitule « Roméo et Juliette au village ». La
fin du Sol commande pourrait loyalement s'appeler : «Tristan et Yseult au village».
Car nous ne devons pas l'oublier, nous sommes ici au village et, qui plus est, dans
un village du Bas-Languedoc : Voilà qui achève d'expliquer l'emprise de l'œuvre sur un public
paysan et languedocien. Le décor à lui seul rappelle le spectateur à sa vie quotidienne; c'est
la cour du mas, avec la treille qui étend sur le seuil son lacis de branches; d'innombrables
vignes à l'entour; dans le fond, la cave et le chais aux lourdes portes rouges et la bordure
de maisons amies, harmonieuses et blanches et qui s'unissent l'une à l'autre comme une
chaîne de vierges juvéniles au cours de leurs ébats; plus loin, la garrigue et la mer et le ciel
lumineux d'un azur presque grave.
A ce décor familier aux couleurs crues s'ajoute, de par la grâce vive de Fontbernat,
le décor musical (c'est lui qui l'a désigné ainsi), non pas, nous l'avons signalé, une composition
logique qui évolue, mais une paraphrase sonore, toute en impressionnisme, tissée d'ardents
motifs populaires, avec des chœurs joyeux et graves qui s'égrènent ; aux moments
pathétiques, le vieux mélodrame musical crée l'ambiance; puis encore des chants, des
danses, des airs de fête, inspirés d'anciennes chansons du pays, s'enchevêtrant dans l'action,
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faisant corps avec elle, — enchaînement sentimental, subtil et évocateur, tout le cœur du pays
qui exulte et qui sanglote, sous la baguette magique de l'animateur qu'est Fontbernat.
Dans ce cadre à la fois visuel et auditif, le poète n'aura qu'à élever la voix pour évoquer
l'âme de cette terre lumineuse et chanter, avec sa piété attendrie :
La garrigue, la mer, la vigne et la maison.
Son chant sera en toute certitude entendu et compris.
Et comme les artistes qui honorèrent le théâtre de verdure de Coursan sont des fils
fervents et éloquents de ce Languedoc qu'on exaltait (Joubé, Méric, Sentès) ou des acteurs sensibles et compréhensifs qui surent se créer une âme méridionale (Madeleine Rolland* Neith
Blanc, Claude Ritter, Gitenet), leur interprétation de l'œuvre ne pouvait qu'être à l'unisson.
Les comparses, vignerons et vigneronnes, filles et garçons des champs, furent recrutés dans
le pays, à pied-d'œuvre, peut-on dire. Et la Cobla, de Géroni, qui vint renforcer l'orchestre
local, et le groupe catalan qui vint danser de pittoresques sardanes, témoignèrent d'un art
et d'une pensée fraternels.
Nous sera-t-il permis, ici, de présenter aux auteurs deux réserves amicales ?
Etait-il indispensable, pour amplifier ce drame familier et familial, et quelque peu
terre à terre dans son rudiment, de faire appel de bout en bout à la forme versifiée, et qui,
pis est, à l'alexandrin. Le pathétique d'une telle œuvre est intérieur et s'impose au cours de
l'action. Si le choix des mots, à certains moments, importait pour le rendre sensible et plus
éclatant, la forme poétique continue ne pouvait, trop souvent que s'appliquer à des états
prosaïques et créer en tout état de cause une certaine discordance. Pourquoi ne pas s'en
tenir à une prose musicale et solidement rythmée, ou pourquoi tout au moins, comme l'essaya
avec succès le dramaturge allemand Kleist, dans une œuvre similaire, ne pas faire alterner
le langage en prose courante avec la forme soutenue du vers.
N'aurait-on pu éviter en second lieu, de recourir, pour illustrer le drame plastiquement et musicalement, à l'intrusion de danses et de scènes catalanes dans cette ambiance de
bas-pays languedocien ? Le mélange des deux folklores est, pour les initiés, assez imprévu
et quelque peu décevant. N'insistons pas d'ailleurs sur ce point : on saura nous répondre que
ce drame est destiné à être représenté en des coins multiples du pays d'Oc et notamment en
Roussillon et qu'au fond le Midi rejoint toujours le Midi.
Quoi qu'il en soit, nous nous sommes efforcés, dans cette chronique, de préciser ce
qu'ont voulu et ce qu'ont pu réaliser les auteurs.
En définitive, Le Sol commande nous offre une formule de drame honnête et rustique,
d'une parfaite santé morale, à la psychologie un peu rudimentaire, mais humaine néanmoins,
et à portée d'une humanité moyenne.
Elle est en outre traversée de parfums, de lumière, de danses et de chansons de chez
nous, ce qui ajoute à son charme particulier. C'est donc une œuvre d'inspiration et d'exécution purement locales, qui ne saurait, croyons-nous, devenir sans péril un article d'exportation. Mais l'âme du Midi paysan y bouillonne, et chaque spectateur tressaille de s'y
retrouver.
De sorte que de pareils ouvrages, émanations du terroir, sont les seuls qui nous paraissent pouvoir figurer efficacement sur les théâtres de plein air de notre Midi lumineux,
après les grandes œuvres classiques, dont le magique prestige qu'elles suscitent, reste sensible aux foules de tous les pays et de tous les âges. Mais plus qu'aux copies des drames
antiques ou aux parodies des tragédies du grand siècle, c'est à de telles entreprises qu'ira,
n'en doutons pas, la complaisance des auditoires du pays d'Oc.
Pourquoi ne pas céder à cet engouement en de nouvelles et prochaines tentatives ?
De telles pièces d'ailleurs, ne seraient pas nécessairement « larmoyantes » — pour
parler avec Diderot —. Elles peuvent et doivent (certaines scènes du Sol commande nous
l'ont prouvé) éveiller le rire et soulever des instincts de jovialité. Et nous imaginerions
volontiers, sur le même mode familier et paysan, une grosse bouffonnerie populaire, chargée
elle aussi, d'esprit occitan et de verve truculente, à laquelle il ne serait pas non plus interdit
d'atteindre à la grandeur épique.
A quand le tour du grand poète comique, dans les théâtres de verdure de notre
Occitanie ?
Fernand CREMIEUX
P. S. — Il serait injuste de ne pas mentionner la belle allure du clair poème de PaulSentenac, qui servit de prologue. Mais Paul-Sentenac, nous assure-t-on, nous réserve pour
Coursan de prochaines surprises
�Bois original de Gaspard Maillot
APRÈS VÊPRES
Après vêpres, l'été, quand l'auto, d'une traite
De quatre à cinq, prend la vallée en enfilade
(60 à l'heure, un kilomètre à la minute)
Viennent à la rencontre, un à un, les villages,
Chacun avec sa haute promenade de platanes,
Hall d'ombre bleue,
Chacun avec ses promeneuses en toilettes claires.
Les villages sortent des vêpres,
De l'un à l'autre à peine deux, trois minutes,
Entre les vignes aux noms patois.
Elles viennent les filles de Trêbes, de Fontiès,
De Floure, Douzens, Capendu, et celles
De Moux que connut Bataille
(Ce fut dans la torpeur d'anciens dimanches
Avant d'aller danser les valses surannées)
Vient celle-ci à la peau noire, et deux yeux d'azur I
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Et quand tourne Nevian, au doux chanter de son nom romain,
Viennent du fond du temps, brunes colombes,
Sabinula, Laeta, Caïa, Sulpicia,
Et là-bas, devant les pures collines de la mer, au bout du regard,
Les Narbonnaises.
Elles viennent à la suite, elles viennent;
Elle sort des vêpres tout le long de la route
L'unique théorie adolescente,
En groupe (fille seule craint les commères)
Ensemble (oh entend leurs noms anonymes)
Marie, Àdrienne, Thérèse, Jeanne,
Toutes chanteuses des vêpres et à la nuit danseuses,
Et jusqu'au bal ardemment désœuvrées
A notre passage, quatre ont éclaté de rire ; elles passent,
Elles deviennent des souvenirs
Et ces deux
S'arrêtent soudain de chanter...
Andromède, A haïr, Véga, Cassiopée,
Défileront ce soir sur des yeux sans sommeil...
Admire leur démarche harmonieuse le long des vignes,
Leur cortège rieur qu'arrêtent des conciliabules,
Tandis que tu savoures la paresse d'être assis à 60 à l'heure,
Humecté de la chaleur lourde de ce dimanche,
Et que t'aspirent au loin dans l'huile du soleil,
La vallée avec ses grands domaines et ses villages,
Et les souvenirs de ta jeunesse hélas T
Fanés comme les vieilles affiches des portails...
Ainsi de quatre à cinq après vêpres,
Défilent les adolescentes.
Elles sont noires mais belles ;
N'en riez pas, fille de Narbonne,
Le soleil les a regardées
Louis ESTÈVE
Prologue pour le Tnéâtre en plein air Je Coursan
Pour célébrer Coursan et la terre Narbonnaisc, notre Collaborateur Paul-Sentenac 1
a composé le prologue que voici, en l'honneur de l'azur et du soleil méditerranéens, des fils
et des filles de notre race. Ce poème a été dit sur le théâtre de Coursan, au cours des fêtes
qui s'y sont déroulées en Juillet dernier avec un si vif succès. Nous ne doutons pas que
taccueil fait aux strophes de notre poète, par un public enthousiaste, ne soit pour PaulSentenac une indication ; et qu'il nous donne sur ce théâtre, l'œuvre importante que nous
attendons de lui.
Coursan va s'animer bientôt dans les vendanges.
Les groupes en chantant partent sur les chemins,
Et, durant que s'emplit la comporte, on échange
Des mots vifs et railleurs, aux saveurs de raisins.
r
�De ces mots de soleil naquit la Comédie
Chez les Romains, fêtant Bacchus, leur jeune dieu,
Dans les vergers de Rome et dans leur colonie,
Narbonne où l'on faisait de la pourpre et des jeux.
Et nous, ne pouvant pas mentir à notre race,
Fils de la Narbonnaise et du peuple latin,
Nous aimons le théâtre et la danse des Grâces,
La cadence des sons et des alexandrins.
Notre Muse se plaît aux costumes, aux masques.
Elle a, sous la tunique, un corps svelte et nerveux.
Elle a des pampres verts à son tambour de basque,
Des grappes de bacchante autour de ses cheveux.
Mais elle est fille aussi de notre douce France,
La France de Molière, et Racine, et Rousseau.
Elle reste sensible à l'humaine souffrance,
Et de Musset meurtri partage les sanglots.
Elle sent vivement notre époque et ses fièvres;
La hâte des cités et le calme des champs.
Elle chemine auprès du vieux meneur de chèvres,
Accompagne les paysannes dans leurs chants.
Disons, pour obéir à cette Muse amène,
Notre cœur inquiet dans un ordre latin.
Enguirlandons le cou de la louve romaine
De larges roses France écloses au jardin.
Nous voulons exalter l'azur toujours intense
De notre ciel pareil au ciel italien,
Et la voile latine à l'aile qui s'élance
Sur le bleu de la mer méditerranéen.
Nous voulons exalter le soleil sur les vignes,
La blancheur de nos murs, les parasols des pins
Comme ceux dont Watteau silhouetta les lignes
Près de Gilles debout, génial baladin.
Nous voulons exprimer nos tendre rêveries
Devant le long profil des monts à l'horizon.
Et le clocher carré de l'église qui prie,
Rousse comme le miel, au-dessus du vieux pont ;
Devant les coins déserts des pierreuses garigues
Où pâtres et troupeaux s'harmonisent en gris,
Où mûrissent les micocoules et les figues :
Exprimer l'âme enfin des gens et du pays.
Chantons notre midi, près de la route blanche,
Sur cette scène de plein air, où, fonds mouvant,
Au lieu de décors peints, de véritables branches
Ajoutent leurs chansons aux nôtres sous le vent.
PAUL-SENTENAC
�Bois gravé de Achille Rouquet
Les
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LE CINÉMA DES ARTS
^JIAMATS il n'y a eu tant d'expositions que ces mois derniers.
^kJ^»^!ui
fêjjMrS^Kft^i GrandsSalons, expositions dans les galeries, dans les musées,
&BHHM dans les bibliothèques, dans les jardins même. Allusion à l'exNaSMtSIllsn Position
des sculpteurs en taille directe de La Douce France,
nt/ffîwMÏÏ%a dans un jardin de Vaugirard. L'idée d'ailleurs, est opportune,
(lllli
^^Ogû^MsSk
et
d'un poète. C'est un poète Em. de Thubert qui dirige les
*vfàï5S4S5fffaÊà destinées de La Douce France. On ne peut trouver de cadre
mieux approprié que celui des verdures pour mettre en valeur
les statues. Il y a eu tant d'expositions que force m'est d'adopter un mode
rapide dans cette chronique, même en la bornant aux peintres de chez nous
ou aux artistes qui se sont inspirés des sites de chez nous. Les images peintes ou sculptées seront présentées sur un rythme saccadé, avec des transitions
un peu imprévues. Un vrai cinéma de la peinture et de la sculpture.
Le Salon, composé de la réunion des Artistes Français et de la Nationale
ne s'est jguère montré différent de celui de l'année dernière. La Nationale
cependant a paru en progrès, plus picturale dans l'ensemble, au lieu que sa
grande voisine a continué d'aligner sur les cimaises la même quantité de platitudes, de pauvretés, de vieilleries, d'anecdotes de mauvais goût, à l'exception
de quelques jeunes coloristes que l'on ya retrouvés toujours avec satisfaction.
Le triptyque d'Henri Martin, destiné à la Préfecture du Lot, Les Vendanges,
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nous a retenu particulièrement par son sujet languedocien, par la fraîcheur et
l'harmonie des tonalités, par le rythme savant dans les attitudes simples des
paysannes et des vendangeurs. Un autre grand panneau : celui de Zo, pour la
série des provinces des Gobelins. Il représentait l'Eskual Herria, le pays basque, avec un coloris très vif et une grande diversité de personnages. 11 s'opposait, à ce point de vue, à celui de René Piot, qui était exposé, dans le même
temps, au Salon des Tuileries et qui figurait, dans la même série, la Provence. Moins de bariolage dans la composition de René Piot, plus de choix, un
esprit plus élevé un sens vraiment décoratif. Mais revenons au Grand Palais,
et aux artistes de notre midi. Un petit panneau de Didier-Tourné, sorte de fête
galante, selon la manière de ce peintre d'Agen. Quelques portraitistes manifestaient dans des figures féminines des sentiments différents : Cyprien Boulet,
pimpant, Pierre Laurens, grave; Sibra, romantique dans le portrait deProsper
Estieu à Montségur; Font, Pascau. Nous devons citer encore Rigal, auteur
d'un nu d'une présentation assez personnelle ;Bascoulès, orientaliste, de Montcabrier; Martin-Ferrières, Jaudon. A la Société Nationale il nous plaît de
signaler, avec les paysages d'Hourtal, le nu allongé dans une alcôve, avec des
tons adoucis, des gris, des roses, des bleus, d'un dix-huitième siècle modernisé, par Guirand de Scevola, de Cette.
Cette nous a ramené encore Vallette qui a sculpté un buste de bronze,
sobre autant qu'expressif, de Paul Valéry, également à La Nationale. Parmi
les statuaires des Artistes Français, nous avons reconnu nos compatriotes
Magrou, Moncassin, Sarrabezolles.
Le Salon des Tuileries a eu lieu encore au Palais de Bois, à la PorteMaillot, à la lisière verdoyante du Bois de Boulogne. Exposition vivante où
étaient représentées les diverses tendances les plus caractéristiques de notre
art. Toutefois les exposants nouvellement recrutés nous ont semblé alourdir
et encombrer inutilement ce Salon, sans en augmenter la portée. Il faut le regretter, alors que des peintres et des sculpteurs mériteraient de participer à
cette manifestation et en demeurent absents. Ces réserves faites, il nous suffit
de redire que voisinent au Palais de Bois : Albert Besnard, Aman Jean, Flandrin, Matisse, Valtat, le regretté Ottmann, Charles Guérin, Jaulmes, Zingg,
Klingosr, Dresa, Chariot, Balande, M1"5» Jouclard, Dufau, Dayot, Mmes Marval
et Crissay, Asselin, Picard Le Doux, Feder, Chavenon, Capon, Caries Raymond
Quelvée etc., pour indiquer toute la valeur d'une exposition qui rassemble de
tels noms. Et d'autres noms qui nous restent chers et qui sont dignes des précédents ont prouvé une fois de plus la qualité de l'apport Occitan dans ce
vivant foyer artistique. Nous avons revu là non sans une juste fierté, les quatre
peintures de Pierre Laprade : la nature morte à la statue de l'ange aux ailes
déployées et la nature morte aux faïenceset auxmasques, où ce délicat coloriste
fait jouer de subtiles tonalités de blanc et de gris ; la fenêtre ouverte sur un
coin de Paris, si aéré, avec la tache moelleuse d'un "bouquet de roses rouges au
premier plan ; enfin la vue de la cathédrale. Nous avons revu Chabaud, avec
ses deux figures de marins, d'une large facture, d'un coloris franc ainsi que
savoureux ; Lucien Maillol, avec ses deux danseuses, en des gammes argentées
et grises, dans quoi les tons de la chair prennent un modelé singulièrement ferme et séduisant ; Marcel Lenoir, décorateur mystique ; Verdilhan
Mathieu, toujours plein d'envergure ; Desnoyer enthousiaste et audacieux;
enfin Bernard Grasset lequel peut dire sans se tromper : Et moi aussi je suis
peintre, puisqu'il sait couvrir la toile d'un empâtement consistant, de couleurs
claires, harmonieuses, avec un sûr métier. Si les artistes de chez nous tenaient
là une place importante, les sculpteurs n'avaient rien à leur envier. Bourdelle,
notre Bourdelle avec son épopée polonaise à Mickiewick dominait toute la section de la sculpture de sa force lyrique et de son ampleur sculpturale, architecturale. Auguste Guénot montrait son monument à Gasquet d'une simplicité
toute latine dans la présentation, d'une solide plénitude dans les formes de la
femme allongée, aux lignes calmes. Et noublions pas Costa.
Les coloristes qui sont attirés par le pittoresque des paysages méridionaux se rencontrent toujours nombreux. La visite des ateliers comme des ga-
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leries nous a permis de le constater une fois de plus les paysages méridionaux
frais et colorés, André Fraye en a rapporté de son récent voyage en Roussillon. Lui aussi il a accompli le pittoresque pèlerinage de Collioure, mais il en
a traduit les différents aspects avec une mise en page personnelle. La tour
rousse s'élève ici sur la mer, au milieu de l'angle renversé que tracent sur le
ciel les toits d'ocre des humbles maisons. Là, la tramontane verdit et soulève
les flots bleus. La place aux grands platanes, les rues aux habitations peinturées, les prairies des environs sont retracées fidèlement en visions neuves.
Le peintre s'est arrêté à Port-Vendres dont il a décrit les quais blanchoyants ;
à Sigean oiï il a été tenté par les étangs argentés à Carcassonne. Partout il a
mis à peindre notre pays son talent de coloriste amène, solide et délicat à la
fois.
Achille Laugé, né dans un village de l'Aude et qui y a passé une partie
de sa vie, travaillant dans le recueillement devant la nature, a exalté jusqu'ici
avec une palette lumineuse, en héritier des impressionnistes attentif, à fixer
l'intensité et les papiilotements du soleil, les campagnes du Bas-Languedoc,
les chemins blancs bordés de genêts en fleurs, les pêchers enfleuris dans les
prés, les terres blondes. Lui aussi, Laugé, a séjourné en Roussillon, et il a exposé chez Georges Petit en juin dernier, avec des sites auiois, des vues de
Collioure et de la côte méditerranéenne, vibrantes de luminosité. Antoine
Bourdelle a écrit dans Çomœdia un article empli d'enthousiasme sur Achille
Laugé, Bourdelle a intitulé son article, l'annonce d'un maître nouveau. Et de
fait "Laugé vivant loin des intrigues n'a pas la place qu'il mérite. Cependant
quelques écrivains, Gustave Geffroy et Achille Astre, notamment, le connaissaient bien et lui ont consacré d'importantes études. Et M. Albert Sarraut,
collectionneur averti, a donné le bon exemple en achetant les toiles de ce
paysagiste, voici quelques années, et en continuant de le faire à sa dernière
exposition.
Seyssaud, lui, avait une manière vigoureuse mais massive et lourde. Les
dernières peintures qu'il a produites à la Galerie Druet manifestent qu'il a allégé son faire. Les paysages provençaux, champs de blés où se courbent les
moissonneurs, ports soleilîeux accusent du relief et des tons corsés. Au milieu
de ces paysages, Auguste Guénot a réuni, dans la même galerie, un ensemble
de sculptures. Nous y avons retrouvé, Le Bacchus adolescent à la grappe de
raisin, la bacchante à l'enfant et toutes ces nudités déjeunes femmes, allongements de formes souples, torses dressés, où le sculpteur montre une sûre connaissance de la ligne féminine. Guénot possède cette fermeté de modelé, cette
netteté de conception qu'il tient de sa race latine ainsi que nous venons de le
souligner. Mais il se souvient aussi des traditions de grâce françaises : ce qui
ne veut point signifier que Guénot ne soit pas de son époque. Son style a une
élégance décorative toute moderne.
Ce sculpteur, né à Toulouse, y participait, voici plusieurs lustres, aux expositions de la Société des Artiste Méridionaux. Celle-ci, diminuée d'anciens
éléments, augmentée de nouveaux, poursuit ses manifestations annuelles. La
dernière a eu lieu en ce coin bien toulousain du quai de la Daurade. Les métiers
y avaient leur place, à côté des tableaux et des statues. Paul Ramond demeure
l'un des plus originaux de ces peintres restés fidèles à Toulouse. Il a figuré aux
Méridionaux avec une vue de ce paisible canal du Midi, et il vient de rassembler, en la cité d'Isaure, un nombre important deses peintures,d'un coloris
si hardi, d'une intensité si lumineuse à la galerie Gonet-Ousset (14, rue Payras).
Dans son livre, Quelques chansons du Ménestrel Colin Muset, notre
compatriote Emile Grandjean, de Montpellier, a fait œuvre d'artiste autant
que d'artisan. Avec patience, il en a gravé les images médiévales, coloriées de
tons éclatants : le ménestrel inspiré, la châtelaine, la rue nocturne. Lui-même
a gravé aussi les caractères de l'ouvrage. Lui-même a tiré planches et texte.
Un vrai labeur digne de cette époque du moyen-âge qu'il a interprétée avec
ferveur dans ses gravures.
PAUL-SENTENAC
�BIBLIOGRAPHIE OCCITANE
GASTON VINAS.— Nostï-a Dama £ial Grau « Notre Dame du Grau. » Poème languedocien. Bèziers , Au Gay Scavoir. —
Ce volume forme le N" 1 de la collection des éditions du Gay Scavoir qtii, malgré ses
modestes moyens parvient grâce à son grand désintéressement à publier les œuvres occitanes
des auteurs originaires de la région bitterroise. M. Gaston Vinâs a accompagné son texte
languedocien d'une traduction française qui permettra aux non initiés de goûter en pnrtie
le charme de ce livre consacré à la fête de la Vierge qui se déroulait en grande pompe le 15
Août à Notre Dame du Grau où les confréries d'Agde se rendaient solennellement, portant
leurs saints patrons sur des pavois. Une partie du poème est consacrée :i une tempête miraculeusement apaisée par Notre Dame du Grau.
GASTON VINAS. — L'Égassier (Le Gardeur de cavales.) Texte languedocien et traduction. Béziers Au Gay Scavoir
Ce poème couronné par l'Académie des Jeux floraux, chante le derniers des gardeur
de ces cavales qui, tournant sur l'aire au milieu des gerbes, battaient le blé au temps déjà
lointain où le machinisme moderne n'avait pas commencé à envahir la vie des champs. M.
Joseph Anglade, professeur à l'université de Toulouse, a justement honoré le livre d'une préface où il apprécie l'ouvrage en des termes excellents: « Ce qui en fait l'intérêt dit-il, c'est
d'abord le pittoresque des descriptions. L'auteur connaît la campagne méridionale; il en aime,
le charme pénétrant et parfumé, les mots expressifs et imagés, rares mais populaires, font
image. Les descriptions sont brèves et discrètes, leur concision n'enlève rien à leur couleur;
mais ce qui donne à l'œuvre son principal charme, c'est la vie qui y circule d'un bout à l'autre.
L'unité du poème est due au personnage de l'Egassier, personnage hautain et distant dans
sa simplicité. Il vieillit, lui aussi, puissant et solitaire, portant dans sa misère mélancolique
tous les regrets d'un passé lointain. Il n'est pas hostile au progrés, mais il voit le machinisme triomphant, et de cela lui vient une tristesse infinie.
Aussi, quand il meurt, voit-il dans le ciel apparaître non pas les Saintes
comme Mireille, mais ses blanches juments... » M. Gaston Vinas nous conte, en ses vers,
comment il sut l'histoire de Raymond le brun, le vieux gardeur de cavales, chargé d'ans et
de savoir. Il nous dit l'amour de Raymond pour la chevrière de la ferme de Mingau et les
causeries du soir où pâtres, chevriers, meneurs de bœufs et lavandières devisent de leurs
jeunes années. Il déroule devant nos yeux la vision chère qu'eût un soir l'Egasxier qui vit
son troupeau de cavales « en un défilé prodigieux jouer dans les constellations comme si Eoîe
leur avait donné des ailes. » Et il nous montre le vieil homme lui racontant le battage du
blé, le dépiquage d'autrefois.
« Nous venions, fit le vieillard, en bande... C'est alors en temps de moissons, que moi
revenu des prés, je faisais envie! J'arrivais, avec mon troupeau, au milieu de l'aire, où était
épandu le gerbier — source de vie — épais et souple comme un lit. Et vite mes bêtes de
tourner en rond, le fouet claque et le grain de blé est hors de son corselet d'or. Et dès l'heure
du repos et de la «bégude», sur le sol ensoleillé la paille sèche n'a plus un grain. Alors de
mon blanc troupeau, je prenais la tète et d'une envolée, vers l'étang profond comme le ciel,
piétinant menthes sauvages et joncs, parmi des vols de chardonnerets, je le menais boire.
Chaque jour, entre le poète et l'Egaseier, c'est une causerie nouvelle où le vieillard évoque
son lointain passé; le temps des vendanges où «le tourdre malin, caché dans le feuillage»
guettait les baisers s'échangeant et « s'envolait conter dans une trille » aux autres vendangeurs ce qu'il avait vu. Et le poète clot son livre en nous contant la mort de son vieil ami :
« Il s'assit sur l'herbe... Il songea... puis se dressant dans tout son orgueil il parut
rassembler terre et ciel dans son regard; cependant qu'un sanglot brûlait ma poitrine, je
recevais sur mon sein le pauvre et noble vieux... Je l'assis sur l'herbe épaisse. Dans ses yeux
il y avait une caresse, et souriant : « Il fait bon mourir, dit-il, lorsque dans la vie l'on n'a pas
fait d'eeuvre mauvaise... Je m'en vais ami, je m'en vais... Un astre est là-haut où le bonheur
parfait attend un jour l'homme de bien! Ne pleure pas... Sois de race forte... La mort?... c'est
un grand portique qui s'ouvre dans l'air serein. » Et dans une vision suprême Végaxsier
aperçoit au ciel la chevrière qu'il aima. « Oui, je la vois, murmure-t-il,... Elle a gardé sur sa
poitrine la croix d'or et de perles fines... que je lui donnai... et elle me soxirit. »
�— 136 —
H. DAMBIELLE. — Countes de Priou. (Contes du Prieur) Edition de l'imprimerie Occitane à Samatan. M. l'abbé Dambielle, l'animateur de l'Editorial Occitan, dont le talent et
la persévérance égalent la modestie, nous donne dans les Contes du Prieur le premier numéro
de toute une série de contes gascons recueillis par lui et mis en valeur avec jbeaucoup d'art
si l'on en juge par ce premier recueil dont les courts récits sont pleins d'une grâce et d'une
bonhommie légère. M. l'abbé Dambielle a l'intention de publier ensuite les contes animaliers
les contes de l'apothicaire, les contes de la Maître-Valette, les contes du bordier, les contes
du curé, les contes du médecin, les contes du grand-père, les contes du pâtre, les contes de la
jeune fille qui va se marier. Il a précédemment publié des chansons gasconnes, et plusieurs
séries de proverbes gascons, contribution très précieuse au folk-lore de sa province
natale. Dans son avant propos aux Contes du Prieur, il nous explique le but de son
livre: «En glanant sur les lèvres de nos bons vieux, les contes gascons, j'ai fait souvent, dit-il,
cette réflexion : quel dommage que tant de belles choses soient oubliées, quel dommage! Tout
y est dans nos jolis contes gascons, la forme brillante comme un manteau de fleurs, l'idée
sage et forte. J'ai pu grâce à Dieu, en trouver une ample provision. Voici la première série.
Tous ces contes ne nous enseigneront rien de nouveau, mais il nous feront plaisir tout de
même, et en les lisant, vous y trouverez cachés sous les mots un peu de notre jeunesse, un
coin de foyer, une bordure de jardin, un parfum de fleurs de champ, tout cela fait vibrer et
remonte le cœur.» On ne saurait mieux dire, et en termes plus simples et plus exquis. Ecoutez
ce joli conte cueilli dans la gerbe fraîche que nous apporte M. l'abbé Dambielle : « Notre Seigneur et St-Pierre étaient descendus du ciel sous prétexte de se promener sur la terre. Il faisait
une mauvaise chaleur il tombait du feu, la cigale chantait et les lézards allongeaient leur*
pattes sur les rebords et les tertres. Ramounet, qui se tenait à l'ombre sous l'emporche, les
voyant passer trempés de sueur, en eut pitié. Venez ici, braves gens, il y fait bon! En disant
cela Ramounet avait l'air si bon enfant que St-Pierre en eut le cœur attendri. Notre Seigneur
lui dit : Ça te plaît d'y aller, allons-y. Ils se mirent à causer. Ramounet voulait savoir qui ils
étaient ? d'où ils venaient ? où ils allaient ? St Pierre voulait parler. Notre Seigneur lui dit
de se taire. — Vous êtes muets tous deux dit Ramounet. S'il en est ainsi vous êtes bien à
plaindre, vous me faites pitié... moi je préférerais être mort. — Notre Seigneur parla alors
et lui dit : Si nous autres sommes muets, toi Ramounet tu ne l'es pas!... Grâces à Dieu... C'est
la vérité... je ne le suis pas... mon père et ma mère ont bien réussi pour me donner une langue... une bonne langue et bien me vaut si je sais m'en servir. — Trop bien!—Jamais trop.—Si —
Il faut se défendre... mois je me défends avec la langue... alors, vous pouvez vous imaginer le
reste. — Tais-toi malheureux, dit St-Pierre, tais-toi, tu parles à Notre Seigneur.—Je vous fais
mes excuses, dit Ramounet,| si vous êtes Notre Seigneur; pour en avoir entendu parler,
je vous connais, mais qui diable aurait pensé que c'était vous?—tu vas blasphémer maintenant, dit St. Pierre. Tais-toi te dis-je. — Eh bien je vais te quitter dit Notre Seigneur, ne sois
pas méchant ainsi... et pour nous avoir accueillis ici, sous cet emporche, je veux te donner
quelque chose. Que veux-tu?— Demande le ciel, lui dit St-Pierre dans le creux de l'oreille...
— Que j'aie beaucoup de blé, beaucoup de vin, beaucoup de maïs, et pour en finir plus tôt que
j'aie de tout... parce que, je ne sais pas si vous me comprendrez je me fais vieux et puis cette
maudite sciatique me ronge les os me broie les nerfs. — Malheureux, demande l'éternité,
reprend St-Pierre. — Je sais ce qu'il me faut: l'éternité, arrivons y d'abord et ensuite nous
verrons... Et toujours d'après le récit que nous rapporte M. l'abbé Dambielle, Ramounet eut
tout ce qu'il voulait, et Ramounet mourut. En un rien de temps, poursuit le conteur, il fut
dans le filet de la mort. Et pendant qu'on portait son corps en terre sainte, les anges enlevaient
son âme au ciel. Et là, ça ne se passa pas comme il l'aurait désiré. Lorsque St-Pierre
entendit voleter les anges il jeta un coup d'œil et vit l'âme de Ramounet. Il ferma la porte
avec le verrou et mit la tète à la fenêtre. — Au Purgatoire dit-il— Ily fait bien chaud... laissez
moi me mettre au frais sous l'emporche seulement. Je ne sais ce qu'aurait fait St-Pierre
mais Notre Seigneur passa et le prit par la main — Viens avec moi, sous ton emporche il
faisait bon, ici il fera meilleur. Et il l'introduisit dans le ciel. » Ainsi se termine ce charmant
conte, qui suffirait à prouver que les gascons ont de l'esprit et M. l'abbé Dambielle du talent.
Paul-Louis GRENIER
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�Les Feuillets Occitans sont heureux de faire connaître à leurs lecteurs l'intelligente
initiative prise par l'active Société «La Colla del Rossello» de Perpignan et de souhaiter
que se multiplient dans toutes nos régions du midi des créations de ce genre, destinées à conserver les précieuses reliques de notre passé.
Musée Catalan (Casa Payral)
Organisé par la Colla del Rossello
Le Bureau de la Colla del Rossello, a décidé de créer à Perpignan un Musée régional
sur le modèle de ceux qui ont été fondés à Arles-sur-Rhône, Toulon, Lourdes, Pau, etc., et qui
attirent la foule des étrangers.
Il prendra le nom de « Musée catalan (Casa Payral) » et sera installé au second étage
du donjon du Castillet, que la Municipalité de Perpignan a bien voulu mettre à la disposition
de la Colla del Rossello.
Le Musée ne sera ouvert au public que lorsqu'il sera possible aux organisateurs de
présenter un ensemble de collections susceptibles de reconstituer la vie de la province.
A ce moment sera désigné un Conseil d'Administration dont seront appelés à faire
partie un délégué du Conseil général des Pyrénées-Orientales, un délégué du Conseil Municipal
de Perpignan et un délégué du Syndicat d'initiative.
Pour le moment, la Colla del Rossello fait appel au concours de tous ceux qui sont
détenteurs de quelque vestige du passé, tel que :
Coiffes de dentelles et pièces de costume catalan. Châles. — Meubles catalans. —
Bijoux catalans .— Instruments catalans. — Objets mobiliers —(faïences, poteries rurales,
ferrures,etc,). — Ustensiles de cuisine. — Outillages ruraux. — Industries locales. — Industries
disparues (laines, cuirs etc.}. — Gravures, stampes, dessins, photographies, livres, cartes
et documents. — Jouets catalans. — Vieilles enseignes d'auberges, d hôtelleries et de maréchaux-fer rants. — Et cœtera.
Il est question, en un mot, de recueillir tout ce qui concerne l'histoire, l'ethnographie
la vie rurale, la vie familiale, l'économie domestique, les traditions populaires, les coutumes
et la bibliographie des régions qui constituaient l'ancienne province du Roussillon.
Il y a urgence à procéder a un tel inventaire car chaque jour les vieilles mœurs disparaissent. Des objets très répandus il y a 25 ans sont déjà introuvables aujourd'hui.
Tout ce qui, dans cet ordre d'idées, sera offert au Musée et jugé digne d'y figurer y
prendra sa place, sous le nom du donateur. Les noms seront publiés dans les journaux. Un
registre d'entrée est d'ores et déjà ouvert. A défaut de dons en nature, la Colla del Rossello,
La Revue de Viticulture
Journal de la Viticulture Française et Mondiale
NMIIIIIIIIIIIIIMIII1IIIIIIIIMIIIIII
Fondée et dirigée par P. VIALA, Membre de l'Institut,
Membre et ancien Président de l'Académie d'AgrlcuU
ture,
Professeur
à
l'Institut
National
Agronomique,
Inspecteur=Général de l'Agriculture.
C
P.
MARSAY,
Rédacteur en
Chef
35, Boulevard Saint-Michel
TARIS
�4
sollicite des libéralités. Les fonds ainsi recueillis serviront à enrichir les collections du Musée
et à en rendre la présentation aussi parfaite que possible.
Enfin, la Colla del Rossello demande à tons ses amis de lui signaler les objets pouvant
l'intéresser.
C'est parfois faute d'un renseignement de ce genre qu'on risque de laisser échapper
une pièce rare. Il n'en coûte que la peine d'écrire une lettre, et la moindre indication sera
reçue avec reconnaissance.
11 s'agit d'accomplir une belleœuvre de décentralisation qui intéressera au plus haut
point les hôtes du Roussillon, favorisera le tourisme et sera un nouvel effort pour la mise
en valent de notre département.
Le Musée Catalan (Casa Payral) offrira aux étrangers l'image en raccourci du vieux
Perpignan, du vieux pays catalan et sauvera des trésors qui «ont fatalement appelés à disparaître.
On peut adresser les dons à M. Ch. Dalies droguiste, 5, r. de la République; Perpignan.
Le Président de la Colla del Rossello: II. CHAUVET.
COMITÉ DIRECTEUR DU GROUPE OCCITAN :
MM.
Président : F. CROS-MAYRKVIEILLE, Ijji.
Vice-Présidents : Paul SENTENAC, f„| ; E.
Secrétaire général : Auguste
Archiviste : P.-L.
GRENIER.
Archiviste adjoint : Marcel
1
Ǥ, $.
>J«,
GUITARD
; Frédéric
^
CLAVIÈ.
Trésorier : Maurice FAVATIER,
Chef îles Etudes économiques et agricoles : Docteur
Membres : Léon
Fernand
CRÊMIEUX,
%
AURIOL,
ijjt, ^ I. ; J.
; FRISSANT
SAISSET.
ROUQUET.
; Jo
BONNAFOUS;
GINESTOU,.
GRANEL,
Jean
Ifit, ^ ; J.
CAMP
LOUBET
ifc.
I.
; Emile
; Henry
4t<
COMET,
NOELL,
>î<'.
% ; Albert
1 fj§ ; Georges VILLE, éjjt ; LAURENT ROQUES,
Délégués régionaux : J. MORINI-COMBY (Nîmes), Gaston VINAS (Béziers), Pierre et Alida
CALEL (Gourdon), M. BRIN (Le Caire), Léon JULIA (Montluçon), Léon COMBES (Montpellier).
PUJOL
COMITÉ DE PATRONAGE
Délégation permanente des Groupements Régionaux et Locaux auprès du Comité-Directeur
VEILLÉE D'AUVERGNE : M. Boudpn, Secrétaire général.
LE GROUPE D'ÉTUDES LIMOUSINES : M. de Clarix de Nussac,
L.v
Secrétaire
général.
LE CERCLE D'ÉTUDES ROUERGATES : M. Jean Cotereau, Secrétaire général.
Lu ROUSSILLON (Pyrénées-Orientales) : Général Caloni, Président.
LES ENFANTS DE L'AUDE A PARIS : Docteur Digeon, Président.
LES ENFANTS DU GARD A PARIS : M. A. F. Martin, Président.
LES ENFANTS DU TARN A PARIS : M. Selves, Président.
LA GRAPPE DU QUERCY : M. Vialle, Président.
LA SOCIÉTÉ INGRES : Marcel Clavié, Vice-Président.
LES ENFANTS DE L'HÉRAULT : M. Coudougnan, Secrétaire général.
LA CIGALE MÉRIDIONALE A STRASBOURG : M. Pujo, Président.
AMICALE DU LANGUEDOC et FÉDÉRATION OCCITANE DU MAROC : M. Lafïbnt,
Président.
LIGA GUIANA E GASCONIIA : M. Lajoinie, Président.
LA LIGUE DE LA CULTURE FRANÇAISE EN ORIENT : M. Brin,
Président.
En Guyenne
L'Ecole Félibréenne «Guiana e Gasconha » de Bordeaux a tenu, cette année, sa félibréc
le 29 Mai à Ba/.as, choix heureux, car Bazas, ancienne capitale d'une riche région voisine du
Bordelais, des Landes et de l'Agcnai.s est une des villes du Midi qui ont le plus souffert de la
centralisation et qui ont le mieux conservé, malgré cela leur attachement à la langue et aux
traditions du passé. C'est pourquoi les félibres bordelais ont trouvé chez clic un chaleureux
accueil. La veille, M. R. l'Angladé a fait une conférence sur l'histoire de la ville et M. A, Lajoinie, Président et Fondateur de l'École «Guyenne et Gascogne » a exposé la question de l'Enseignement de la langue d'Oc dans les Ecoles. Le lendemain, après la réception des Félibres
par la Municipalité à l'antique porte des Gisqucs que dominaient deuN oriflammes aux armes
de Guyenne et de Gascogne, une messe félibréenne a été dite devant une Assemblée visible-
I
�ment émue dans la vaste et magnifique cathédrale. Un sermon en dialecte bazadais de M.
l'abbé Blis a été particulièrement goûté. Au dîner qui groupait plus de 350 convives, se sont
succédés les pittoresques cansouns de laule, les chants gascons, et enfin celuide la Coupo Santo.
Après le dîner, un magnifique et long cortège de personnes revêtues des costumes
gascons et précédé de joueurs de vielles, de bouloures, de fifres, a parcouru, comme le matin,
les vieilles rues de l'antique cité au milieu d'une foule innombrable et enthousiaste.
La séance des Jeux floraux d'Aquitaine et la Cour d'Amour ont occupé le reste de la
journée. Poésies occitanes et françaises, chants, danses gasconnes chantées, etc.. ont donné
à l'immense Assemblée, l'occasion de manifester son attachement filial à la terre gasconne, et
son admiration pour tout ce qui fait la grandeur et la beauté de l'âme occitane.
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Les Prochains Cahiers
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des "Feuillets Occitans"
Dans les prochains cahiers, Aug.
reprendra la série des Têtes
Occitanes avec les masques de FRÉDÉRIC SAISSET et BENJAMIN CRÉMIEUX.
Nous donnerons une étude sur
Nouant, chroniques d'un ancien village papetier par CLAUDE DAVRAINES,
et sur Dans l'ombre des trois Vallées d'HENRi POURRAT; deux œuvres
qui magnifient la renaissance de ces
beaux papiers d'auvergne, papiers
sur lesquels, avec ceux de G. MAILLOL
devrait s'éditer toute édition d'art
occitane.
Nous publierons également dans
le prochain Feuillet la suite de la
Race Occitane de E. LITRE, et l'intéressante chronique d'AciiiLLE ASTRE:
Arts et Curiosités.
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D'ÉCHANGE
L'Action Corporative (Quercy)
L'Activité Nord-Africaine & Coloniale (Paris)
Anadyomènè (Narbonne)
Les Ann,ales du Musée social (Paris)
Aquitania (Bordeaux)
Arts i Lletres (Barcelone)
L'Aude à Paris (Paris)
L'Aude à Toulouse (Toulouse)
L'Auvergne littéraire. artistique et félibréenne (Clermont-Ferrand)
Le Beffroi de Flandre (Dunkerque)
Biou y Toros (Nimes)
La Bretagne Intégrale. (Rennes)
La Brise (Brive)
La Bourgogne d'Or (Chalon-sur-Saône)
LOIÎ Bournat (Périgueux)
Bulletin de la Société Archéologique de
Narbonne.
Bulletin de la Société des Sciences, Arts et
Belles Lettres du Tarn.
Le Cadet de Gascogne (Paris)
Causses et Cévènes (Paris)
Le Cercle du Goût Français (Paris)
Ceux qui viennent (Paris)
La Chaumière (Rouen)
La Cigalo Narbouneso (Narbonne)
La Cigalo Languedouciano (Bëziers)
La Cobreto (Aurillac)
Contimporanul (Bucarest)
Le Courrier Catalan (Paris)
Le Divan (Paris)
Divonft (Cahors)
Le Domaine (Foix)
Notre Droit National (Strasbourg)
L'Ermitage (Paris)
L'Escola Félibreena (Montpellier)
L'Escolo de las pireneos (Montauban)
L'Essor (Dijon)
L'Etendard Piscéhois (Pèzenas)
L'Est Dramatique (Troyes)
Les Etudes Poétiques (Paris)
L'Eveil Catalan (Perpignan)
Le Feu (Aix-en-Provence)
La Feuille de Choux (Paris)
Le Flambeau du Nord (Tourcoing)
Le Fédéraliste (Courbevoie)
Franche-Comté et Monts-Jura (Besançon)
Le Fleuve (Lyon)
France-Orient (Paris)
La Frontière (Belfbrt)
Le Gard à Paris (Paris)
Le Grand Tourisme (Paris)
Lo gai Saber (Toulouse)
Le Grenier (Orléans)
Les Humbles (Paris)
Idées (Paris)
L'Idée Neuve (Lyon)
DES REVUES
L'Information Régionale (Toulouse)
Le Languedoc (Alger)
Le Limousin (Paris)
Mèditerranea (Nice)
Le Mercure de Flandre (Lille)
Le Mietjoun (Rabat)
Minerve (Oran)
La Houle (Lyon)
La Nouvelle Revue du Midi (Nimes)
Oc (Toulouse)
Le Pampre (Reims)
Paris-Critique (Paris)
Paris-Provence (Paris)
Le Parthénon (Paris)
La Pensée Française (Paris)
La Pensée Latine (Paris)
Poésies (Paris)
Les Primaires (Paris)
Le Prisme (Lyon)
La Province (Paris)
Les Pyrénées Littéraires (Toulouse)
Les Rayons (Bordeaux)
La Renaissance Provinciale (Paris)
La République des Lettres (Paris)
La Revue des Autodidactes (Toulouse)
La Revue des Indépendants (Asniéres)
La Revue Latine (Paris)
La Revue Limousine (Limoges)
La Revue de la Nièvre et du Centre (Paris)
La Semaine Vinicole (Paris)
Septintanie (Narbonne)
La Science Historique (Paris)
Bulletin de la Société des Arts et Sciences
(Carcassonne)
Le Sol Sacré (Toulouse)
Le Bulletin de la Société Centrale d'Agriculture de l'Aude (Carcassonne)
Le Rouergue (Paris)
La Science Historique (Paris)
Bulletin de la Société d'Etudes Scientifiques
de l'Aude ^Carcassonne)
La Semaine à Paris (Paris)
Le Semeur de Normandie (Falaise)
.Le Soleil d'Oc (Toulouse)
Le Tarn à Paris (Paris)
La Terre d'Afrique (Alger)
La Terre d'Oc (Toulouse)
La Tramontane (Perpignan)
Les Tablettes de la Côte d'Azur (St-Raphaël)
Le Touring-Club (Paris)
Le Trait-d'union (Paris)
La Tribune Régionaliste (Paris)
U Laricciu (Marseille)
Le Bulletin de l'Union des Fédérations des
Syndicats d'Initiatire (Paris)
La Vie Economique des Soviets (Paris)
La Vie Française (Le Caire, Egypte)
Le Voile d'feis (Paris)
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déclare souscrire un abonnement d'un an à
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Les Bulletins de Souscription doivent être adressés à M. Maurice FAVATIER, Trésorier,
7, Square du Champ-de-Mars, Paris — Compte de Chèques Postaux : Paris, 7:ii)-10.
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secrétariat de l'Académie, hôtel d'Assezat et de Clémence Isaure à Toulouse.
L'importance de ce prix n'échappera à aucun de nos lecteurs.
On peut demander le programme détaillé au secrétariat de l'Académie
qui se fera un plaisir de l'envoyer gratis et franco.
�Principaux Collaborateurs
Lettres Françaises : J. F. Paul ALIBERT ; Jean AMADE ; Louis ANDRIEU ; J. ANGLADE ;
Achille ASTRE ; Jean AZAÏS ; Jean BADOUA ; Daniel BAQUÉ ; A. BAUSIL ; Adrienne BLANCPÉRIDIER ; BOYER-D'AGEN; J.-J. BROUSSON ; Pierre et Alida CALEL ; Jean CAMP; Paul
CASTELA; CHARLES-BRUN ; G. CHÉRAU, de l'Académie Goncourt ; Marcel CLAV1É ;
M. COULON ; Benjamin CRÈMIEUX ; Fernand CRÈMIEUX ; Joseph DELTEIL ; DENYS-AMIEL;
François DESBROSSES ; Henri DUCLOS; Raymond ESCKOLIER ; L. ESTÉVE ; Lucien FABRE ;
Henri FESCOURT ; Ernest GAUBERT ; H. GAUTIER du BAYL ; Jo GIXESTOU ; Jean GIROU ;
Henry de GORSSE; Charles GRANDO; Jehan d'ARVIEU; Vincent HYSPA ; Pierre JALABERT;
Docteur JULIA ; LOYS LABEQUE ; Jean LEBRAU; Antoine de LÉVIS-MIREPOIX; LUGNÈPOE ; P.-E. MARTEL; J. MORINI-COMBY; H. MUCHART; Henri NOELL; Marcel OURADOU;
Ch. PHALIPPOU ; J.-S. PONS ; Armand PRAVIEL ; Albert-Marie POUJOL ; Albert PUJOL ;
Docteur RAM AIN ; Paul REDONNEL ; Laurent ROQUES ; A. ROUQUET ; Ch. ROUSSILLON ; J.
ROZÈS de BROUSSE; Frédéric SAISSET; PAUL-SENTENAC ; Léon SOULIÉ; G. TALLET ;
TOUNY-LERYS ; F. TRESSERRE ; Suzanne TESSIER ; Paul VALÉRY, de l'Académie Française ; Georges YILLE ; Jules VERAN ; etc.
Lettres Occitanes : Professeur ANGLADE ; Jules AZÉMA; Docteur Paul ALBAREL ; Léon
AURIOL; Abbé DAMBIELLE; Prosper ESTIEU; Adolphe FALGAIROLLE ; M. FRISSANT ;
Ismaël GIRARD ; P.-L. GRENIER ; E.-H. GUITARD ; Léon JULIA ; J. LOUBET ; Antonin PERBOSC;Jean PUEL ; Emile RIPERT; Abbé Joseph SALVAT ; Docteur SOULA; G. VINAS; etc.
Beaux-Arts : BAUSIL ; BERNARD ; BOURGAT ; Auguste CHABAUD ; CALMOX ; Louis
CLAUDEL; DESNOYERS; G. DEVOS; DOMERGUE-LAGARDE ; L.-C. AYMAR; H. FAYIER ;
FONTBERNAT ; Mme GAUDION ; A. GUENOT ; Gaspard MAILLOL ; A. LAGARRIGUE ; Pierre
LAPRADE ; Jean MAGROU ; Jean MARSEILLAC ; MAX-THERON ; PARAYRE ; RAMEY ;
RAMOND; Adrien RAYNAL; E. REY-ANDREU ; Achille ROUQUET ; Auguste ROUQUET, etc..
Études économiques : G. COMBELERAN ; Emile COMET ; L. DOUARCHE ; Jean DUPUY ;
Aimé GRANEL ; A. PASSERIEUX ; Pierre du MAROUSSEM, etc..
Histoire, Archéologie, Fok-Lore : Fernand CROS-MAYREVIEILLE ; Pierre DESPEZEL ; E.
ROUX-PARASSAC; L. LAGARDE; E. LITRÈ; Prosper MONTAGNE ; FOIX ; Abbé SABARTHÉS.
Chroniques de l'Amérique Latine .-Jean CAMP; de SAINT-VINCENT-BRASSAC.
Chroniques Italiennes : SILVAGNI.
Chroniques Roumaines : Mlle URSU.
Chroniques Portugaises : PEREIRA da SILYA.
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Patrimoine écrit occitan:périodiques
Description
An account of the resource
Ce set contient les périodiques numérisés par le CIRDÒC issus des collections des partenaires d'Occitanica
Revista
Item type spécifique au CIRDÒC : à privilégier
Variante Idiomatique
Languedocien
Région Administrative
Languedoc-Roussillon
Aire Culturelle
Languedoc
Roussillon
Type de périodique
Revistas d'estudis localas = Revues d’études locales
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Les Feuillets occitans : Languedoc, Roussillon, pays d'Oc. - 1927, N.S., n°04 (Juillet-Août)
Subject
The topic of the resource
Littérature occitane -- Périodiques
Mouvement occitan -- Périodiques
Régionalisme -- Périodiques
Régionalisme (littérature) -- Périodiques
Description
An account of the resource
Les Feuillets occitans. - 1927 - N° 4
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Cros-Mayrevieille, Fernand
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Groupe occitan (Paris)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1927-07
1927-08
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public/Domeni public
Relation
A related resource
Vignette : http://occitanica.eu/omeka/files/original/0cd95dc71769285f8230e27338c9dc4c.jpg
http://www.sudoc.fr/127555161
Is Part Of
A related resource in which the described resource is physically or logically included.
Les Feuillets occitans (<a href="http://occitanica.eu/omeka/items/show/12808">Accéder à l'ensemble des numéros de la revue</a>)
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol. (p. 106-136)
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
Text
publication en série
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
http://occitanica.eu/omeka/items/show/12832
FRB340325101_M3_1927_04
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
19..
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence ouverte
Date Issued
Date of formal issuance (e.g., publication) of the resource.
2016-03-29 Françoise Bancarel
Date Modified
Date on which the resource was changed.
2016-06-08
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Crémieux, Benjamin
Saisset, Frédéric
Roques, Laurent
Crémieux, Fernand
Sentenac, Paul (1884-1958)
Rouquet, Auguste (1887-19..)
Estève, Louis (1876-1955)
Grenier, Paul-Louis (1879-1954)
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Les Feuillets occitans. - 1927, N.S., n°04 (Juillet-Août)
Source
A related resource from which the described resource is derived
Mediatèca occitana, CIRDOC-Béziers, M 3
Occitanica
Jeu de métadonnées internes a Occitanica
Portail
Le portail dans la typologie Occitanica
Mediatèca
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Bibliotèca
Type de Document
Le type dans la typologie Occitanica
Numéro de revue
Catégorie
La catégorie dans la typologie Occitanica
Documents
Contributeur
Le contributeur à Occitanica
CIRDOC - Institut occitan de cultura
Art
Illustracion dels periodics=Illustration des périodiques
Literatura occitana = littérature occitane
Movement occitan=Mouvement occitan
Novèlas=Nouvelles
Poesia=Poésie
-
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2c2000f8392f3d8cde9a6dbbf599ee40
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0eab2e4cf86eaeedd3101443ef28c4af
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2682a78ca3f4c2969f08918ec4bb84f2
PDF Text
Text
LES FEVILLETS
OCCITANS
LANGVEBOC ROVSSILLQN PAYS D'OC
41, BOULEVARD DES CAPUCINES, PARIS
PROSPER
JO
GINESTOU ;
AUGUSTE FOURÈS;
MONTAGNÉ
ADOLPHE
FALGAIROLLE ;
JEAN CAMP;
ALIDA ET
PIERRE CALEL; J.-J. BROUSSON; M" J.SENTENAC; GASTON VINAS ; M'" H.AZAIS;
ALBERT PUJOL ;
A.
PERBOSC ;
LOUIS
RIEUX ;
J.-F.
PIERRE JALABERT ;
ALBERT BAUSIL ; MARCEL
LOUIS MERLET ;
A. BOGHEN ;
ANATOLE
SILVAGNI ;
OURADOU ; J. ROUVIER ;
FRANCE ;
TIVOLIER ;
F. CRÉMIEUX ;
PAUL DE CASSAGNAC ; DOCTEUR ALBAREL ; ACHILLE ROUQUET ;
GASPARD
MAILLOL ;
BOURGAT;
AUGUSTE
MAXTHÉRON;
CHABAUD ;
L.
CADÈNE ;
AUGUSTE ROUQUET.
�Les Feuillets Occitans
Organe Régionaliste des Pays d'Oc
BOULEVARD
DES
CAPUCINES
—
PARIS
TÉLÉPHONE : GUTENBERG 78-19 - Compta do Choquas Postaux: Paris 739-IO
DÉPÔT
ET
VENTE
Librairie " OCCITANIA", 6, Passage Verdeau, Paris, et
7, Rue Ozenne à Toulouse ; Librairie ALBAGNAC, boulevard Carnot à Agen ; Librairie VINAS, Avenue de
la République à Béziers ; Hall des Grands Régionaux à Paris ; Editions Michel JORDY, Cité de
Carcassonne ; Librairie VALMIGÈRE, Rue de la Gare
à Carcassonne ; Librairie BARON à Narbonne ; Librairie BOUSQUET à Narbonne; Librairie CAILLARD à Narbonne ; Librairie Raymond PICQUOT à Bordeaux ;
Librairie COULET à Montpellier; Librairie JULIA à
Montpellier ; Librairie CROS à Montpellier ; Librairie
PALAISAC-VALAT à Montpellier ; Librairie JO-FABRE à
Nimes; M. RICARD à Cahors; M. MEYZENC à Cahors;
M. VERTUEL à St-Céré ; MMI RAYNAUD, Cité de Carcassonne ; M. CÉRÈ à Rabat (Maroc) ; Librairie FRANCOITALIENNE, rue du 4-Septembre, Paris, et dans les
principales Librairies de Toulouse, Carcassonne,
Narbonne, Perpignan, Montpellier, Nîmes,
Marseille, Nice, etc.
Comité de
Rédaction :
Le Comité de Rédaction des "Feuillets Occitans" est seul juge des manuscrits et illustrations
qui lui sont présentés soit par les membres du groupe occitan, soit par les collaborateurs
étrangers au Groupe.
Les manuscrits doivent être adressés au Secrétaire général : A. Rouquet, 159, Rue de Flandre, Paris
Correspondants
Régionaux :
MM. Morini-Comby, à Nimes; Alida et Pierre Calel, à Gourdon; Brin, au
Caire (Egypte) ; Léon Combes, à Montpellier ; Gaston Vinas, à Béziers.
�NOTRE
NUMÉRO
Le
SPÉCIAL :
JMLICII
Gastronomique
Une bonne cuisine est un beau poème. Prosper M-ontagné, ce poète
du Cassoulet, était tout désigné pour présider aux splendeurs de notre délectation gastronomique. Ne fleure-t-il pas toutes les herbes de la Saint-Jean
Occitane ? Un consacrant un numéro spécial à
la gastronomie
méri-
dionale, les « Feuillets Occitans » ont voulu renouer la bonne tradition.
est-ce pas autour d un bon cassoulet que l on comprend, et que l on aime
mieux toute notre littérature occitane ?
Auguste Fourès prétendait que l ail avait
donné à notre langue
son accent et sa saveur I
Le nombre important d études et d articles que nous avons reçus, nous
incite à publier, par la suite, un second numéro gastronomique dans lequel
seront traités les rapports de la cuisine avec le F oh-lore, et les considérations d ordre général. C est dans cet esprit que nous avons plus spécialement
consacré le premier cahier gastronomique aux recettes de cuisine; notre
deuxième cahier devant être plus particulièrement d érudition.
Dans ce deuxième cahier nous donnerons une présentation des vins
du Languedoc et du Roussillon ; un glossaire des termes de cuisine ; une
importante étude du Dr'Romain : Pathologie et Tliérapeutique de la
Gueule
en
1927, où
notre savant collaborateur étudie avec esprit les
plaies gastronomiques et leur compensation. Nous donnerons également
l étude de M. I abbé Salvat, notre érudit ami sur La Cuisine enLauraguais
où l on trouvera la chanson de Prosper F,stieu sur leC assoulet ; nos lecteurs
pourront encore apprécier la précieuse contribution de M. Bonnel du
Syndicat d Initiative de Saurat (Ariège) sur la cuisine à Saurat, et la
savoureuse étude de Paul-Sentenac sur les peintres occitans de nature
morte autrement dit la gastronomie artistique.
Ils pourront se réjouir aux fantaisies extra-Occitanes de A. Marie
Poujol : Parrain et la .M-ohambe illustré par Max Théron. etc.. etc..
FONSJOUVEAU
�Ainsi sera complété avec de nombreuses recettes qui n ont pu trouver place
dans ce numéro, notre Inventaire de la Cuisine Occitane.
La bonne cuisine de chez nous a toujours préoccupé nos meilleurs
écrivains. « Le Coq Catalan » d Albert Bausil a déjà consacré à la Cuisine Catalane un remarquable numéro spécial. Le M.ajoral Simm Palay
a publié un livre excellent sur La Cuisine en Béarn ; et nous savons
qu Antonin Perbosc, a dans ses dossiers, tous les éléments d une étude qu il
publiera un jour.
Nos amis n ont donc plus qu à suivre les bons conseils de Prosper
Alontagné et de ses nombreux collaborateurs!
LES FEUILLETS
.
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Janvier
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déclare souscrire un abonnement d'un an à
Signature :
Les Bulletins de Souscription doivent être adressés à M. Maurice FAVATIER, Trésorier,
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POÉSIE
INVITATION A LA GOURMANDISE
La cuisine est une délectation tout comme la poésie. Maints Cuisiniers se doublent d'excellents poètes; les exemples sont nombreux. Nous avions demandé à M. J. Casenave, le
cuisinier-poète de la rue Boissy-d'Anglas — qui joint un beau brin de plume à sa broche —
un de ses poèmes embaumés de toutes les herbes de la Saint-Jean, et voici ta lettre que
nous avons reçue de lui en réponse :
« Il m'est impossible de vous envoyer une poésie n'étant pas poète comme on voudrait
le croire.
Il y a un métier pour écrire avec art et un instinct pour sentir ce qui est beau ; je ne
connais que le métier qui a fait la joie de ma carrière car j'y ai appliqué ce que je sentais
de beau et de bien. C'est tout ce que je peux vous dire simplement, car je comprends mieux
que je ne l'exprime ; il y a un art de savoir organiser une table de composer un dîner et c'est
toute une poésie ; je m'applique à la traduire aussi bien que possible, et si quelqu'un- de vos
lecteurs veut mon sentiment net et simple, il en jugera en toute liberté à la table de Jean
Casenave. »
La Vie à Montpellier
EXPOSITION INTERNATIONALE
Montpellier, capitale du Bas-Languedoc, ville intellectuelle, artistique et universelle,
a ouvert en Mai sur son magnifique jardin-promenade de l'Esplanade, son Exposition Internationale où figurait dans un pavillon (à côté des productions de tous ordres de la Région Méditerranéenne réparties dans une quinzaine de « palais») une importante exposition consacrée
aux peintres et sculpteurs de la Région Occitane.
Pendant l'Exposition, qui a duré du 26 Mai au 26 Juin de nombreuses réunions, conférences furent faites par toutes les organisations du Midi sur la Viniculture, l'horticulture,
l'aviculture, l'apiculture, le Commerce, l'Industrie, l'Artisanat, les Lettres et les Arts, etc.
dans le Languedoc,en des «journées qui réunirent les personnalités de chacune de ses organisations régionale et la foule de leurs adhérents.
UNE SOCIÉTÉ LITTÉRAIRE va se fonder l'hiver prochain à Montpellier qui comprendra
les poètes et écrivains connus du Bas-Languedoc. Citons parmi les poètes : le doyen Maffré
de Baugé (Marseille) Yves Blanc (Montpellier) Charles Guéret (Cette) Arthur Verdier (Montpellier) et notre collaborateur Léon Combes (Montpellier); et parmi les romanciers et journalistes critiques : Gaston Pastre, Raoul Dairy, Édouard Perrin, Maurice Brun, Denis Sounae
Cette société se propose de créer un mouvement littéraire libre, par des conférences
et des auditions de poèmes d'Occitanie; nous disons libre, pour la différencier de l'Académie
des lettres et sciences de Montpellier recrutée parmi les Universitaires professeurs, aux diverses Facultés, et d'esprit quelque peu académique.
UNE INAUGURATION ARTISTIQUE
I
'
'
...
'v
Le 2 Mai dernier, à été inauguré par un concert sur l'Esplanade devant 30.000 personnes
un magnifique kiosque à musique, véritable monument style néo grec, élevé sur colonnes de
lî mètres de hauteur, qui a été offert, à la ville par le compositeur parisien bien connu Auguste
Bosc, auteur delà « Marche des Petits Pierrots », « Rose Moune », etc.
M. Auguste Bosc qui est né à Montpellier a fait ce magnifique cadeau de 300,000 frs- à
sa ville natale, pour la remercier de lui avoir octroyé des bourses pour suivre les cours du
Conservatoire de Paris, alors qu'il n'était qu'un humble débutant dans l'Art Orphique.
Ce monumental kiosque, unique en France par ses dimensions et son galbe, tout en
lignes cubiques, est construit en béton armé (architecte: M. Marcel Bernard, un habitant de
Paris, entrepreneur : M. Èmile Fages de Montpellier) et réalise un très curieux spécimen de
l'Architectonique du XX* siècle.
C. L.
�VICTOR
CASENAVE
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UN
REGAL !
De même que la poétesse Lucie Delarue-Mardrus trouve le parfum de son pays normand
dans une pomme, de même le gourmet trouvera tout le Périgord dans le fumet du
plat préparé par Chaussade
Un Gastronome.
�ART
ET
CURIOSITES
Il y aura une réaction, clamait Willette vers 1907-08, en voyant les fauves, les futuristes, les dadaïstes, les cubistes, accaparer les expositions de peinture pour y étaler des
toiles stupéfiantes, considérées par certains amateurs comme d'extraordinaires merveilles,
provoquant des éclats de rire chez d'autres, mais prônées par leurs auteurs comme le véritable art de demain. Depuis, ces mêmes artistes, dont quelques-uns doués d'un talent
appréciable, qui voulaient se frayer un chemin à travers la popularité, ont acquis à tort ou à
raison une valeur marchande; on se rendra compte néanmoins, que les plus en vogue ont
modifié leur méthode ramenée vers la belle tradition. Conversion heureuse. Il est important
de signaler à ce sujet un article judicieux écrit par le remarquable artiste Pieabia « Retour
à la raison » qui parut le 18 Mars dans Comœdia.
Et l'on applaudira au succès triomphal des artistes-dessinateurs de la période romantique, quelques-uns caricaturistes, dans une vente qui eut lieu le 21 Janvier à la salle Drouot où
Ed. Petit et Léo Delteil vendaient collections de journaux illustrés; albums, dessins, lithographies, gravures sur bois, livres...
La Caricature, années du 4 novembre 1830 ou 27 août 1835 faisait 6.000 francs. La collection complète de cette illustration reliée en 10 vol. avec les planches en noir sur chine 29.000 frs
La Caricature provisoire de 1838 à 1843 réalisait 20.000; elle est composée de lith. de
Daumier, Gavarni et autres.
13 années du Charivari de 1833 à 1835, de 1838 à 1847 se vendaient 4.000 frs
9 lithographies des Représentants représentés de Daumier 1.300 frs
23
—
—
—
—
4.800 frs
7
—
—
—
—
3.000 frs
3
—
de l'histoire ancienne
—
1.650frs
71
—
des Boris bourgeois
2.400 frs
121
—
de la série des Robert Macaire .... 3.250 frs
12
—
de Gavarni de différentes séries. . . . 1.410 frs
43
—
des Enfants terribles de Gavarni . . .
400 frs
25
—
des artistes, actrices
—
3151rs
184
—
de séries mélangées
—
1.000 frs
217
—
—
—
1.850 frs
On se disputa même à des cours assez élevés des estampes de caricaturiste de cette
période d'un intérêt moindre.
Un dessin de V. Adam, Carnaval
850 frs
t
—
de Delacroix, étude de tètes de chats . . . . . . 950 frs
deux dessins de Constantin Guys, Grisette et Lorette . 7.800 frs
un dessin de Gavarni, Mlle Monarchie
1.800 frs
—
Grandville,
—
380 frs
un dessin de G. Doré, types d'originaux
1.750 frs; ce dessin
avait été fait par Doré à l'âge de treize ans et demi.
De Doré — La ménagerie parisienne, suite de titrect 24 lith. 1.000 frs
—
Folies gauloises 20 lithographies
750 frs
Un livre de Mary Lafon, Les aventures du Chevalier Yaufre, avec les bois de Doré 850 frs
L'histoire de la Sainte Russie
600 frs bois de Doré
Les Contes de Perrault (1862)
LlOOfrs
—
Les aventures du Baron de Munchhlausen
720 frs
—
Des caricatures de Doré, Randon, Bertell Nadar, Maurisset, Marcellin, Lefils, Ed. de
Beaumont, Morin, Damourette en un lot de fumés sur bois 1050 frs.
En notant les prix atteints par ces gravures sur bois en estampes ou dans les livres, j'ai
songé à toi Auguste Rouquet qui es passé maître dans cet art devenu une passion pour les
amateurs. Ton dessin souple et nerveux précise les massivités de monuments, de maisons,
joue avec beaucoup d'esprit dans les compositions où vivent les personnages, les animaux,
mais tu nous dois une nouvelle édition augmentée de la superbe ville du passé, la Cité de
Carcassonne, œuvre admirable, conçue avec le concours de ton cher Père et de ta chère Sœur
aussi bons artistes que praticiens.
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La Vinho (poème) Par le Docteur ALBAREL
Prosper Montagné Bois gravé d'Auguste ROUQUET
Dessins et Bois gravés de Achille ROUQUET, Gaspard
MAILLOL ; A. CHABAUD ; CADÈNE ; Max THÉRON ;
BOURGAT; Auguste ROUQUET
��Bois original d'Auguste Rouquet
Hors JŒ uvre
UEL splendide festin occitan que celui que vous allez déguster
en lisant les pages qui suivent, pages qu'en ma qualité de
maître queux, je suis chargé de préfacer.
Ce beau menu tout exprès pour vous, ô gastronomes, des
écrivains de choix l'ont composé avec amour. C'est que le
beau langage et la bonne cuisine sont choses faites pour
aller ensemble, puisque, Brillât-Savarin l'a dit, les hommes
de lettres sont gourmands et même, ajoute le professeur, ils sont au tout
premier rang des gourmands, par prédestination.
Aussi pour régaler les gens de goût, de bons écrivains de chez nous se
sont-ils mués en professeurs du bien-manger. Coiffés pour la circonstance, du
bonnet blanc symbolique, ils ont préparé le plus savoureux des repas fait de
prose et de vers savamment combinés et congrument assaisonnés.
Bien entendu, ce festin méridional est tout parfumé à l'ail. Aussi bien
le parfum du bulbe qu'exécrait Horace n'est pas pour déplaire à ceux du Carcassès, du Roussillon, de l'Albigeois et de toutes les autres régions du pays
d'Oc. Au surplus, l'ail d'Occitanie est bien moins acre que celui qui mûrit audessus de la Loire.
Donc les beaux morceaux que vous allez savourer sont parfumés à l'ail.
Ils sentent aussi la truffe. N'est-elle pas également, celle que le Marquis de
Cusy a appelée « Impératrice souterraine », n'est-elle pas fille du sol, ou, du
moins du sous-sol Occitan.
Mais au pays d'Oc il n'y a pas que la truffe et l'ail. Enumérer toutes les
bonnes choses de cette région serait tâche bien longue. Dans toutes les provinces formant la vaste contrée qui, au XVIP siècle fut désignée sous
le nom d'Occitanie, on trouve en abondance les comestibles, les plus variés
et les meilleurs. Dans cette terre bénie des dieux qui président aux choses de
la table, on trouve la gamme gastronomique la plus parfaite qui soit, gamme
où se marient harmonieusement les mets et les vins les plus exquis.
�— 60 —
Tout cela, notre nouveau Prince des Gourmands, le bon Maître Curnonsky
le sait bien, lui qui, avec Marcel Rouff, le père spirituel de l'épique Dodin-Bouffant, a dressé le répertoire de gueule de ce pays de Cocagne qu'est la terre d'Oc.
Et devant les richesses du garde-manger Occitan, les auteurs de la France
Gastronomique se sont émerveillés.
Mais l'infinie variété des comestibles d'une province, et leur succulence,
ne seraient rien si, pour préparer toutes ces bonnes choses, cette province n'avait pas, issus aussi de son terroir des maîtres en l'art des« fricassures »et des
cordons bleus experts.
Sous ce rapport, le pays d'Oc, on peut le dire, a de tout temps été favorisé.
Bien longue, en effet, est la liste des bons praticiens occitans, d'hier et d'aujourd'hui qui ont servi ou qui servent fidèlement Cornus, dieu des festins.
Est-il nécessaire de rappeler ici les noms de deux de ces maîtres queux,
aujourd'hui disparus hélas I glorieux enfants de l'Aude tous les deux, le grand
Pierre Cubât qui, longtemps, dirigea les services de bouche de S. M. l'Empereur de toutes les Russies, et le non moins grand Gastilleur, qui, en 1870, au
moment de la déclaration de guerre, était chef des cuisines de l'Ambassade de
France à Berlin.
De ces deux Occitans, je parlerai plus longuement un jour prochain.
Mais d'ores et déjà, il me plaît de placer leurs noms au seuil de ce cahier où
tant de bons écrivains de chez nous racontent les fastes de la cuisine de notre
petite patrie.
Je dirai aussi l'histoire de tous les Occitans d'aujourd'hui qui, tant dans
les grandes maisons de bouche de France que dans celles de l'Etranger exercent avec amour un art dont ils ont appris les premières règles en pays d'Oc.
Mais il est temps de conclure. Mon hors-d'œuvre, si je continue ainsi,
sera plus copieux qu'il ne convient en l'occurrence. Et le repas Occitan qu'on
va vous offrir est d'une qualité si rare que j'ai hâte de vous le faire déguster. Mangez donc, Occitans, mes frères, les meilleurs plats
de chez nous, accommodés par nos bons écrivains;
buvez les vins généreux de notre vigne,
magnifiés par nos poètes T
Prosper MONTAGNÉ
�PROSPER MONTAGNÉ
Par Auguste Rouquet
��Une Cuisine à Lodève par Max Thëron
rosper _ivxon
ne
par Jo Gmestou
Sémillant trotte-menu, rondouillard, l'œil malicieux derrière la lunette en écaille,
accueillant d'un geste sobre et mesuré, le Maître Queux Prosper Montagné, pur produit
quintessencié du Midi sonore, règne sur le Tout-Paris gourmand, César de la cuisine savante
Un diner en l'hostellerie du Maître est un grand opéra en plusieurs actes.
L'acte de chère ne consommera que chez Montagné seulement.
Salle élégante dans un décor original, ouverture triomphale des hors-d'œuvre, solo de
l'entrée raffinée, duo des rôts succulents, chœur des salades relevées, mélodie d'un foie gras
voluptueux, ballets d'entremets étourdissants, apothéose d'une pléiade de desserts, la pièce
est complète chez le Roi du Palais.
C'est pour lui certainement que Boileau, avec cette étonnante prescience de l'avenir,
écrivit ce vers fameux :
«Chaque acte dans sa pièce est une pièce entière».
Traiteur qui ne maltraita jamais le client, Prosper Montagné n'entrouve son huis
qu'aux estomacs capables de comprendre ce qu'ils mangent. Gloutons et goinfres ne furent
jamais reçus à son agrégation culinaire ; seuls les gourmets et les gastronomes éduqués se
voient décerner par le Maître le diplôme de haut goût.
Car ce méridional célèbre au-delà des Pacifiques, qui fut le Vatel de tètes couronnées,
a réalisé cette chose prodigieuse de récréer l'art de la cuisine en faisant manger les gens par
les yeux, le nez et les oreilles autant que par la bouche.
�— 62 —
Par les yeux : coloria des sauces bariolées, mouchetures des rôts brillants sous
l'averse des jus dorés, enluminures des gratins coucher de soleil, tonalités adoucies des
drémes arc-en-ciel.
Par le nez : fumets émoustillants des casseroles, relents lourds et troublants des cassoulets onctueux, bouquets des vins souples et chauds, odeurs étranges de mélanges mystérieux et raffinés.
Par les oreilles : tintements des cristaux fins, glouglous des pichets bedonnants, chantonnement des carafes légères, explosion des Champagnes mousseux.
On ne mange pas chez Prosper Montagné ; on communie et cette communion donne
l'impression d'être toujours la première.
En artiste consommé, — c'est le cas de le dire — le Maître vit entre ses fourneaux et ses
éditions rares, car le cuisinier — paradoxe scintillant — se double d'un lettré averti et d'un
intellectuel délicat.
La chère est faible de nos jours !
L'Ecclésiaste n'aurait pas écrit cette formule lapidaire s'il était entré en l'hostellerie
de Prosper Montagné, Grand-Maltre-Queux des Maîtres-Queux de France.
Lorsque Dieu eut créé Adam, il sortit Eve
D'une très plate côte, et, d'un air renfrogné
Il dit : mon œuvre est belle, il faut que je l'achève,
D'une côte première, il tira Montagné.
Tu vois, autour de toi, lui dit-il, comme on mange,
Au restaurant du ciel — Paradis des gourmets —
Les mets si renommés sont les mets de mes anges
Et les gourmets sont mes aimés, les bien-aimés.
Ton œuvre, ordonna-t-il, doit être un sacerdoce ;
Aux hommes tu diras l'art subtil des rôtis,
L'énigme d'un foie gras, le secret d'une sauce.
Et la gamme des bouillons d'or, aux abattis.
Tu
Le
Le
Et
leur diras le flamboiement des bouillabaisses
charme étrange et blanc d'un chaux-froid de poulet,
velouté d'un pet d'un nonne ou bien d'abesse,
la splendeur formidable d'un cassoulet.
Tu leur diras encor la magnifique histoire
D'un gigot cuit à point, sans geste trop hâtif,
D'un gigot farci d'ail ; ail du Midi —ta gloire!
Ail du Midi, ail du Midi î Beau L'ail — Motif!
Or Montagné, prenant sa toque et ses lunettes,
Sans oublier l'accent — quitta le Paradis —
Comme tout maître-queux, qui connaît sa planète,
Naquit dans Carcassonne en mil... je n'ai rien dit.
Puis il ouvrit auberge, artiste et calme gîte
Où l'on mange, où l'on boit, presque dévotement ;
Or quinze jours après, le Bon Dieu fit faillite
Et tout le Paradis est sur terre à présent.
Jo. GINESTOU
�Bois gravé de Auguste Rouquet
L'ACCENT
L'Ail
L'ail est sain et réconfortant; il contient, d'après les chimistes, une huile
volatile irritante, du soufre et du sucre. Les Egyptiens en firent un dieu. Joseph
Méry l'a chanté dans une ode célèbre, en Janvier 1844. S'il faut en croire certain pâtre tyrolien, qui affirme, devant les savants, que les odeurs ont une
couleur, l'odeur de l'ail serait d'un jaune orange.
Dans son Histoire des plantes, le botaniste Gaspard Bouhin a écrit un
curieux chapitre sur l'ail : «... L'ail est bon aux gens de grand travail et qui
boivent de l'eau. Il est admirable contre les venins, et ce n'est pas sans raison
qu'on le nomme la thériaque des paysans : il profite encore contre les suffocations...»
Le 23 Août, la foire aux aulx s'ouvre à Toulouse. Tous les jardiniers des
environs de cette ville en encombrent la place du Salin et celle de Saint-Barthélémy de cargaisons d'aulx qui débordent dans les rues de l'Inquisition,
Pharaon, du Vieux-Raisin et dans la grand'rue Nazareth.
Les bottes de deux-cents têtes (las gardos) s'empilent sur les trottoirs et
sur les pavés de la chaussée, devant les revendeuses en caraco d'indienne et
en grand chapeau de paille aux ailes recourbées et au large velours noir.
Les têtes blanches, striées légèrement de violet par endroits et leurs
tiges d'un roux fané, prestement nouées ensemble, ont un aspect assez bizarre ;
on les prendrait pour des chapelets de crônes lilliputiens.
�— 64 —
« Qui bol d'al T » crient les revendeuses. Les gousses de cette liliacée
sont indispensables à nos ménagères; et, pendant plusieurs jours les tramways qui vont de Saint-Michel au Capitole et aux allées Lafayette, et vice-versa
transportent d'innombrables cuisinières qui sont chargées d'acheter de l'ail.
L'ail le plus estimé nous vient de Grenade, (Haute-Garonne) Vive l'ail
du midi que les hommes des pays d'oïl ne peuvent sentir — sans jeu de mots I
Vive l'ail T Je crois, ma parole d'honneur I que c'est l'ail qui a fait la langue d'oc
si énergique et si vibrante T Qui bol d'al T
Dans la sauce à la catalane, on met des grains d'ail bouillis encore entiers. Un gigot piqué d'ail est on ne peut plus savoureux. Certains jettent
des grains d'ail dans les haricots en train de bouillir, et qui sont destinés au
cassoulet.
Nous avons la sauce à l'ail : bouillon, râpure rouelle de citron, grains
d'ail bouillis, avec le cœur, le foie et la crête d'un poulet (menudalhes), que
l'on sert en même temps que la volaille rôtie.
On frotte d'ail des morceaux de croûte de pain que l'on mêle à la salade
de chicorée endive, — et cette gradalhado est encore comme sous le nom,
de capon (chapon)
L'ail est un tue-vers pour les enfants — remède bien connu en Lauraguais. Les poupons, qui sont tracassés par la vermine, portent un collier de
grains d.ail. On oignit d'un grain d'ail, fraîchement divisé en deux parts, les
lèvres du fils de Jeanne D'Albret dès qu'il fut né.
Et l'aïoliI Et la mayonnaise! A l'ail T Vive l'Ail!
Auguste FOURÈS
Revue Méridionale 1888
L'ail n'est pas un plat mais l'ingrédient commun aux meilleurs plats.
On déguste l'ail par l'odorat avant d'entrer dans la salle à manger, en se
promenant à travers champs dans le Vaucluse, en flânant dans les ruelles
d'Antibes dont les murs et les poivières ont le rebondissement et l'ivoire de
ses gousses.
L'ail, comme la nèfle, est divisé en compartiments. Ils vont par quatre.
Un pour l'Amérique, un pour l'Asie, un pour l'Afrique, un pour l'Australasie. Il
n'en est point pour l'Europe, dont les peuplades demandent à l'alcool de les
mettre en appétit, à ce point qu'elles attendent du vinaigre le montant pour
leurs sauces.
Sur les cartes de la géographie du goût, la seule saine classification des
terrains et des hommes, les consommateurs d'ail apparaissent dès le Midi de
l'Europe et cela établit bien que l'ail est propre aux peuples exotiques : Slovènes, Arméniens, Biterois, Valenciens.
Quatre gousses pour l'Asie, l'Amérique, l'Afrique, l'Australie. Non que
celles-ci l'utilisent. Ils ont heureusement pour eux une grande variété de condiments. L'ail leur a réservé une gousse symbolique.
Car l'ail, doit par sa seule candeur lutter avec la pourpre du piment, le
damas rouge du safran, et glisser son point d'exclamation entre les points de
suspension du clou de girofle, la virgule de la vanille et aventurer son pot de
chair innocente dans la lutte contre le pot de fer de la noix muscade.
���— 65 —
L'ail est la larme des orientaux d'Europe, des potagers de Chateaurenard
ou de Tivoli qui se désolent de ne pas nourrir d'autres denrées coloniales.
Ah T la mouche Tsé-Tsé ne viendra jamais roder autour des mangeurs de
plats à base d'ail. Elle aurait bien trop peur d'être fusillée la garce T
Mets impérieux, qui commande que devant son fumet tous les arômes disparaissent. Le menu qui indiquerait : « gigot à l'ail », ou « morilles à l'ail »,
errata que le gourmet rectifie ainsi : « ail circonvenu de près-salé », «ail caché
sous fleurs de morilles ».
Un personnage de la cuisine appétissante et naturelle, mais pas un serviteur, pas un ravigoteur de viandes flasques :
L'AIOLI, plat de l'ail pour l'ail, poésie pure de l'arôme culinaire, quinte
essence du potager méditerranéen.
Dans ce tronçon de paros, évidé par la goutte du temps, ou dans cette
paume de main en bronze, la poigne de l'éternelle Spartiate broie l'ail. On voit
bien sa race, alors et qu'il n'a point de filaments comme la groseille, cette girl
des potagers du Nord ; on voit se fondre sa chair puérile, sa substance d'éphèbe, et se mêler ce cervelet joyeux à l'huile d'olive, l'éternel fruit de la
sagesse.
L'aïoli, l'aïoli, l'aïoli I farandole de mots-lucioles, farandole de bras sentant le romarin et qui mêlent au fond du mortier la cellule du fruit pur à l'huile
du soleil. Aioli, bière des Dieux mâles partant à la bataille contre les chimères baltiques.
Adolphe FALGAIROLLE
AL GRA D'AL
Al Mestre MOUNTAGNÉ
Tu qu'as engourmandit lou pople miechjournal,
Al, benesit pertout de Baiouno a Beucaire,
Toun orgo m'embriago, amo de moun terraire,
Salde nostros cansous, flou dal pais, gra d'alT
Es tout lou terradou que mounto a ma nasico
Quand te flaïri dins lou gigot,
Es tu que fas trapa lou juc de la barrico
Pla mai.goustous al founs dal got;
Es tu que fas fusa la joio a la taulado,
La galejado e lou varal,
Coumo s'escampo e gisclo aissi qu'uno fusado,
Lou vi tout nouvèl dal barrai.
Es tu que fas flouri sus pots de la menino
Un sourire agradiu quand ne frétosoun pa
E te barréjo amé l'endèbio per soupa ;
Es tu qu'embaumes la cousino,
i
�— 66 —
Tu què fas pla milhou lou rasin fresc coulit,
Per vendémio, a la primo souco,
Que casses lous mouissals a vingt pas de ma bouco
E fas un plat de rei dal mai triste boulitT
Sans tu 1' grand cousiniè de nostro tèrro maire
Mountagné qu'a sapiut cultiva tabountat,
Dais mestres parisiens sario pas l'emperaire
E lou filh glorious de la vielho Citât;
Sans tu, sarion malauts aurion tristo coudeno,
Aimarion pas de rire e de canta,
Countarion pas floureto a Jano, a Mataleno,
S'abion pas pouscut te tasta.
Te saludi, gra d'al dount l'orgo rebiscolo
Lou vielhot e lou jouvencél,
Perfum de nostro terro e lum de nostro cèl
Lou que te caris pas, que s'en angue a l'escolo I
Car tout nostre pais tèn dins aquel simbolo :
Lou gra d'al de moun orte lou vi dal vaissel!
Jean CAMP
TRUFFEQUERCY

à Prosper MONTAGNÉ
De la truffe c'est l'histoire,
De la truffe, Dieu merci,
Qui vient dans le Haut Quercy.
Quand vous la voyez si noire,
Comme la peau de Satan,
Vous pensez que c'est du diable
Que vient cette délectable.
Elle vient de Dieu pourtant,
Pierre suivait à la trace,
Il traînait très fort le pied,
Geignant à faire pitié,
Ventre vide, tête basse.
C'est qu'il n'apercevait pas,
Affligeante destinée,
De fumée de cheminée.
Annonçant quelque repas.
De Jésus au doux visage
Qui passait par le pays
Un jour. Mais il avait mis,
Au début de ce voyage,
Tellement trouaient les os
Nos pièrrailles si aiguë6,
Pour protéger sa chair nue,
Une paire de sabots.
Mais sous une roche dure,
Ils virent, tout cependant,
Une vieille de cent ans
Debout devant sa masure.
Elle dit : « Bien le bonsoir. »
Et, dans sa triste demeure,
Suintant comme des yeux pleurent,
La vieille les fit asseoir.
�En prenant bien de la peine,
Elle réveilla le feu,
Puis s'en fût fouir un peu
Près d'un misérable chêne,
Chétif, mince, rabougri
Et, rapportant des racines
Qui n'avaient pas bonne mine,
Sous la cendre elle les mit.
« C'était toute ma fortune.»
« L'hiver a beaucoup gelé : »
«Je vous donne ce que j'ai, »
« Il ne m'en reste plus une,»
D'assez piètre réflexion,
Pierre remuait la tête.
Cependant un air de fête
Rayonna dans la maison.
La vieille paraissait folle
De bonheur, n'en pouvait plus
Car voici que de Jésus
Elle écoutait la parole,
La parole ouvrant les cieux,
La parole simple et douce,
Comme de l'eau sur la mousse,
Comme un baiser sur les yeux,
La parole qui vous laisse
Un cœur neuf au paradis,
Par dessus fautes, mépris,
Laideur, pauvreté, vieillesse,
De tous les humbles déchus
La parole d'espérance,
La parole de jouvence,
La parole de Jésus I
Bien longtemps l'heureuse vieille
Ecouta. En vérité,
Pendant une éternité
Elle eut ouï ces merveilles.
Quand Pierre, annonça d'un ton
De malédictions hurlées :
« Les racines sont brûlées! »
« Ça n'est plus que du charbon ! ! »
« Femme, mets dans tes écuelles »
« Ces racines, dit Jésus »
Et, tendant ses mains dessus :
« Qu'aujourd'hui, il naisse d'elles, »
« Car tu as su m'écouter, »
« Sous ce charbon, dans tes pierres»
« Les plus beaux fruits de la terre ! »
« Femme, il ne faut pas pleurer. »
Lors, un parfum si céleste
Des écuelles s'éleva !
Pierre cria : « Hosanna I »
C'est depuis ce jour que reste
Au sein du pierreux pays
La merveille incomparable :
Jésus avait, d'un miracle
Fait la Truffe du Quercy.
Alida et Pierre CALEL
4 Mai 1927, (Gourdon, Lot).
�Bois gravé de Auguste Rouquet
Les Escargots à
la S ommeroise
E vous ai promis, mon cher confrère, pour les frémissants
«Feuillets Occitans», une recette démon village : celle des
escargots à la sommeroise. La voici à peu près telle que je
l'entendis réciter en chaire à Aubais, petit village sur les
confins du Gard et de l'Hérault par l'abbé Ginouilhac, curé du
lieu et originaire comme l'abbé Fabre, de Sommières.
Comme M. Sistre, le héros du Rabelais languedocien, l'excellent curé
prêchait, moitié patois, moitié français. Rubicond, gaillard, paillard, dans ses
propos, mais, exemplaire dans sa vie, il mettait l'Evangile en aïoli. Il frottait
d'ail le pain des anges. Et pour tout dire, il accommodait le dogme, à la provençale. Il ne s'inquiétait ni du cèdre, ni de l'hysope, qui ne sont point communs
dans nos garrigues.
Mais il allait cueillir ses comparaisons, dans les vignes et dans les olivettes, à la cave, à la cuisine du mâs. Aussi, les graves préceptes frisés en apologues, devenaient familiers, souriants, profitables...
C'est en Carême, que l'abbé Ginouilhac, d'Aubais, servait à ses ouailles
le plat salutaire de l'escargot. Il commençait : «Li Cagaraulo...» Le mot le dit
en patois comme en grec, c'est la plus foireuse des bestioles. Elle fait les cornes
à tout le monde, et passe son temps à baver sur le voisin. Non contente de
voler dans les jardins les fraises, les salades, elle salit tout ce qu'elle touche.
Ah! il n'en manque pas de cagaraules dans ma paroisse d'Aubais. J'en vois
���d'ici et de la belle espèce ! Vous me direz mes frères : Pourquoi le bon Dieu àt-il créé ces fienteuses, ces baveuses?... Pouvait-il pas les laisser dans le néant?
Que vous êtes simples! Dieu fait bien ce qu'il fait. Il sait où il va, tandis que
nous, nous trébuchons jusqu'à la tombe. Il a fait les cagaraules, pour nous
donner une leçon. Il les a faits aussi, pour que nous les mangions.
Voyez, ingrats: il a pensé à la fois à notre âme et à notre corps. Ah! c'est
un bon père!
Vous êtes allés, un jour de pluie, à la chasse aux cagaraules. Vous en
avez rapporté cinq ou six cents à la ménagère. Qu'est-ce qu'elle fait ? Vous
les servira-t-elle tout de suite ? Mais elle s'en donnera bien garde. Le diable
sait où vous avez ramassé ces puantes baveuses !
Elles aiment les ordures, comme certains de mes paroissiens. Il faut
d'abord qu'elles jeûnent, qu'elles se mortifient. Et il vous le faut aussi,
chrétiens, pendant cette sainte quarantaine ! Avec le printemps, la chair regimbe. Si vous donnez trop d'avoine à la bête, elle prendra le mors aux dents.
Suivez l'exemple de la ménagère. Elle fourre les escargots dans une aile bien
couverte elle les laisse se mortifier pendant quarante jours.
Quand elle les en sort, à Pâques, les chieuses sont purifiées. Elles ont
rejeté toutes les immondices. Elles sont allégées comme des religieuses à la
manière des Carmélites, elles portent un voile. Elles ont une grille devant
leur coquille: les bestioles vous donnent une leçon.
Pendant ce mois, plus de café, plus de bouteilles — Laissez la côtelette!
Jeûnez ! Mortifiez-vous !...
Quand les cagaraules ont bien jeûné, ce n'est pas assez encore. Vous les
passez par plusieurs eaux, vous les saupoudrez de sel, vous les arrosez de vinaigre, pour extirper jusqu'au plus petit scrupule de malice — Ça, mes frères,
c'est le confessional — Je m'y tiendrai avec le vinaigre et le sel, tous les soirs
jusqu'à Pâques, de six à sept pour les femmes, et de huit à neuf pour les hommes. Qu'on se le dise !
Les escargots lubrifiés, on les jette, d'une main impitoyable dans la marmite d'eau bouillante, avec toutes les herbes de la Saint-Jean; le thym, le laurier
le basilic, un petit bout d'écorce d'orange, une couenne de lard un peu sûrie...
Et tourne que tu tourneras! Ça, vous l'avez deviné, c'est la pénitence, c'est
le Purgatoire. Les herbes de la Saint-Jean, la couenne, la peau d'orange,... ce
sont les mérites infinis des Saints. Sans ces épices, péchère ! Nous ne valons
guère. Nous sommes toujours de pauvres vermisseaux, bons à rien. Mais la
sauce fait avaler l'escargot ï
La sauce; après le Carême, Pâques... Après le jeûne, le gras-fondu.
Qu'elles sont heureuses, maintenant, les cagaraules, dans la casserole! Mijotant dans cette bonne huile dont on fait le Saint Chrême du Bon Dieu, dont
jadis, on sacrait les rois, à Reims. Elles se trémoussent, elles gloussent. Elles
deviennent rousses. Et toutes les grâces du ciel giboulent sur elles! Passé, le
temps des mortifications! Vous avez faim mes petites cornues? Tenez voici
des épinards, et du fin lard bien haché, maigre et gras, des noix bien pilées,
avec des anchois. Et puis pour lier la contredanse, un échaudé blond et rond,
comme un ange, fripé d'une main vigoureuse. Le plat est prêt. Il n'est que de
prendre l'épine pour sortir du sépulcre pareil à une agathe, ces âmes pénitentes et magnifiées. Les corps humiliés seront exaltés.
�— 70 —
Et descendant de chaire, l'abbé Ginouilhac s'en allait achever le divin
bouquet, puis, gobait deux-cents cagaraules, préparées à la Sommèroise par
Sourdette, sa gouvernante canonique. Il mâchait quelques centimètres de son
bréviaire, dormait deux heures, et chantait vêpres.
Dieu lui fasse paix, dans l'autre monde et que la terre lui soit légère.
Sur sa tombe, l'autre été, je dénichai un escargot effronté, qui bavait et
faisait les cornes...
Jean-Jacques BROUSSON
scargots à la ^farhonnaise
Plat d'hiver ; les escargots ne sont vraiment bons que lorsqu'ils sont fermés dans leur
coquille pour hiverner.
Ramassés lorsqu'ils marchent ils doivent subir un jeûne de huit jours dans une caisse
percée de trous en dessus avant d'être préparés. Ainsi ils ne risquent pas d'être nuisibles.
Fermés ou au bout du jeûne, les escargots sont mis dans une eau tiède avec force sel
et vinaigre pour leur faire rendre leur bave gluante. Changer l'eau trois ou quatre fois, la
dernière froide et toujours avec sel et vinaigre.
Les cuire alors dans une casserole avec de l'eau, du sel, du poivre et une feuille de
laurier jusqu'au point où on peut les retirer de la coquille ; les égoutter.
Remettre la casserole sur le feu avec de l'huile d'olives pas d'autre ! l'eau nécessaire
à la sauce, sel poivre, trois ou quatre gousses d'ail écrasées au pilon — nos aïeux mettaient
une tête entière — Laisser cuire un peu, puis y jeter les escargots et les faire sauter souvent pour les chauffer également.
Pendant ce temps, on a monté trois jaunes d'œuf pour cent escargots environ avec de
l'huile, puis ajouté de la farine jusqu'à rendre la mayonnaise consistante, une poignée
d'amandes auparavent bouillies pelées et pilées au mortier, puis délayer le tout avec un peu
de lait et d'eau tiède.
Verser cette liaison sur les escargots, faire sauter constamment sans jamais laisser
bouillir. « Chaque escargot doit porter sa sauce » C'est la tradition.
M,UJ. SENTENAC
La Cargolada
Le nettoyage des escargots — l'opération consiste surtout à enlever avec la pointe
d'un couteau la pellicule blanchâtre formée pendant le jeûne, à l'orifice de la*coquille.
Au fur et à mesure qu'ils sont nettoyés, les escargots sont alignés sur de larges grils
dont les verges sont placées parallèlement à une faible distance les unes des autres pour
empêcher leur chute à terre.
On prépare pendant ce temps le sel dit en Roussillon « le sel de cardona » dans un
grand mortier de marbre on jette une grosse poignée de sel en grain et des piments desséchés
d'une teinte rouge et à grand renfort de biceps, le tout est broyé ensemble, jusqu'à obtenir
une poudre qui ressemble à de la tuile pilée. Le piment employé s'appelle bit-xou en catalan
et il appartient à la classe des folls, c'est-à-dire « enragés » !
On sale les gastéropodes cornus, qu'on aligne sur les grils le ventre en l'air. On pose
les grils sur un brasier de sarments secs. Les Escargots chantent enécumantune écume rouge
qui se teinte du « sel de Cardone »■
Quand l'escargot a bien chanté qu'il est cuit à point, on le « baptise », l'opération consiste en ceci : On enveloppe dans un papier blanc une belle tranche de lard planté au bout
d'une broche de fer; on allume le papier, le lard fond et tombe en pluie grésillante sur
chaque mollusque.
Ce plat hautement épicé doit être largement arrosé de Rancio, Cosperons, Rivesalte
ou Maury.
/
�Le 15 Avril, je recevais ce télégramme :
« Arriverons neuf heures, goûter plat du pays. — Pierre et Jean ».
Pierre et Jean sont deux Parisiens... du Languedoc, qui depuis de longues années ont, pour des raisons diverses élu domicile dans la Capitale. Ils
n'en n'aiment pas moins la terre natale... est-il besoin de le dire ?
Le télégramme me parvint à huit heures trente. Je n'avais que le temps
de courir attendre mes amis à la gare ; ce que je fis, sans toutefois omettre
de prévenir mon ami Alliés, qui devait selon un programme arrêté depuis
longtemps, nous faire visiter cette petite ville dont il est l'âme, et qu'il a si
justement fait connaître «Une ville d'Etats», Pèzénas.
Partis en auto de Béziers, nous étions trente minutes après dans la riante
cité de Molière. Alliés était prêt. Il se laissa arracher à l'affection de ses archives et, nous partîmes. J'avais mon projet.
Aux questions de mes deux amis parisiens, je répondais : « Mais oui,
nous dînerons !
— Mais où ?
— Dans un champ T
— Dans un champ T et tu n'as pas emporté de repas froid T
— Et puis un repas froid, est-ce ce qu'on appelle ici un plat du pays ?
J'avais quitté la grand'route et maintenant l'auto s'engageait dans un
chemin étroit, entre deux tertres couverts de fleurs minuscules et d'un mauve
très clair, puis, plus de tertres, un vaste champ inculte « Fermas » mais toujours les petites herbes mauves : la férigoule était en fleurs.
Arrivés sur une hauteur, nous découvrîmes le mas que je cherchais ; le
vieux mas de Font-couverte, placé au bord de la route où passèrent jadis les
Légions romaines...
Sur la terrasse, au-dessus des deux grands arceaux romans où s'appuyait à gauche l'escalier; entre les colonnes de pierre qui soutiennent un
large auvent, le «mazetier » (gardien du mas) et sa brave femme, Mariette, accoururent heureux de reconnaître ma voiture. Nous les saluâmes d'un « adiussiats » retentissant et deux minutes après nous étions à leurs côtés.
— Et donc ? Quel bon vent Monsieur, me dit Jean;
— Je ne viens pas voir mes èrmes et mes maigres vignes, lui dis-je. Nous
venons mes amis et moi prier Mariette de nous faire dîner.
— Bonne idée, je vais avec votre permission descendre à la garenne et...
— Pas plus de lapin que de poulet; ce que nous mangerions avec
plaisir serait un plat d'escargots.
— Un « cagaraulat », dit Mariette en levant ses bras, mais ce n'est pas
possible...
— Vous n'avez donc pas d'escargots ?
— Des escargots, Monsieur, j'en ai cinq-cents qui «jeûnent» depuis trois
mois dans la frigoule, c'est le temps qu'il faut pour les « préparer » qui me
chagrine, vous dînerez tard...
— Tant pis, donnez-nous de ce bon « Cagaraulat » Mariette ; vous le
faites si bien, et si c'est tard, nous dînerons de meilleur appétit. » x
Mariette et le mazetier rentrèrent dans la cuisine et se mirent à L'œuvre.
« Vous comprendrez les hésitations démon brave Jean dis-je, à mes deux
amis, quand vous saurez les soins que l'on doit apporter au ragoût d'escargots
�— 72 —
Les escargots doivent tremper une bonne heure dans l'eau fraîche, dans
laquelle on a ajouté un peu de vinaigre pour faciliter le rejet de la bave, ensuite lavage répété des escargots, jusqu'à disparition de toute trace de bave.
Après avoir bien égoutté, on fait bouillir dans l'eau légèrement salée.
La cuisson étant jugée suffisante on égoutte encore, puis on fait roussir les escargots dans de l'huile d'olive, sans cesser de les agiter, afin que dans chaque
coque pénètre un peu d'huile.
Puis on prend des noix, plusieurs grains d'ail, du persil, un peu de
menthe, un peu de thym (férrigoule) que l'on hache menu. On délaye cette pâte
dans un peu d'eau et l'on verse le tout sur les escargots de façon qu'ils soient
à peine couverts par la sauce.
Ceci fait, on broyé un peu de chapelure que l'on ajoute encore avec l'eau
jusqu'à consistance convenable.
Enfin on « monte » un jaune d'œuf, qu'on délaye ensuite avec un peu
d'eau fraîche et dont on arrose le tout, au moment de servir.
...De la terrasse où nous étions restés notre regard se perdait à travers
les fûts hauts et lisses des pins parasols, vers les plaines aux champs infinis
de vignes, vers la mer immensément bleue, où glissaient les voiles latines,
blanches dans l'air léger; le Canigou apparaissait tout proche sous une cape
légère de neige...
Nous fûmes tirés de notre contemplation par la voie du « masetier ». La
table était dressée.
Nous commençâmes par goûter aux petits pâtés de Pézénas, que M.P.
Alliés avait glissés en cachette à Mariette et que celle-ci avait faits chauffer au
bain-marie. Exquis ; ces petits pâtés furent créés, nous dit Alliés, à Pézénas,
vers 1765...
Et le« Cagaraulat »fit son apparition T
Vous devinez l'honneur qu'il reçut.
Puis, Mariette alla quérir un pot de grès, on l'ouvrit : un parfum envahit
la maison. Il contenait ce brave pot de grès, des fromages de chèvres à lui confiés depuis trois mois, et qu'il avait très bien conservés sur leur lit de feuilles
de noyer imbibées de trois-six de vin... Dessert exquis !
Oh, le bon dîner languedocien!...
Et si je vous disais de quels vins furent arrosés Petits Pâtés, Escargots
et fromages T...
Mais ce sera pour une autre fois...
Gaston VINAS
Escargots à la Languedocienne
Dans notre beau Midi, on n'est qu'à moitié gourmet et amateur d'escargots, lorsqu'au
plaisir de les manger, on ne joint pas celui non moins vif de les ramasser, comme on dit chez
nous, ou mieux, de les « cueillir » soi-même.
Les escargots recueillis aux derniers jours de septembre ne demandent pas à être
« purgés » par un jeûne préalable, comme l'exigent ceux que l'on trouve dans les haies et
sur les talus et qui peuvent s'être nourris du suc plus ou moins amer de certaines plantes.
Ces derniers sont d'abord emprisonnés dans un baquet ou une corbeille.
Ils sont condamnés pendant huit jours à une diète sévère ; après quoi, on les saupoudre d'un nuage léger de farine ou de pain émietté.
Ce régime doit être continué pendant prés de quinze jours. Après ce laps de temps,
les escargots, dûment purifiés et engraissés, sont à point pour figurer sur la table.
Il les faut minutieusement visiter et soigneusement débarrasser de leurs impuretés.
Dans un chaudron de dimensions respectables on versera de l'eau jusqu'à mi-hauteur
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et l'on y plongera les dits mollusques. Le chaudron sera posé sur un trépied au centre de la
grande cheminée et chauffé progressivement à un feu très doux de sarments secs. Bientôt,
trompés par la tiédeur de l'eau, les escargots croient à l'action bienfaisante d'une pluie de
printemps : leur corps sort presque tout entier de la coquille et leur tête se dresse et se balance à la recherche d'un point d'appui ; c'est le moment psychologique... Vite, un nouveau
sarment et la flambée pétille joyeuse, les escargots sont saisis immobilisés. C'est là le point
difficile et la pierre d'achoppement des cuisinières maladroites.
En effet, une seconde de retard ou d'inattention laisse aux escargots le temps de rentrer
dans leur coquille, ce qui rend leur extraction difficile, et les convives ne prennent point
plaisir à cette conquête trop laborieuse.
Procédons à l'assaisonnement. On mettra dans le chaudron où cuisent les escargots,
une ou deux poignées de gros sel, deux ou trois graines de poivre, un bouquet de thym romarin persil et feuilles de laurier. Laissons-les mijoter pendant une demi-heure dans cette
eau parfumée, puis retirons:les et mettons-les égoutter dans un grand tamis.
Pendant leur cuisson on a confectionné la sauce que voici. Une assez grande quantité
de fine graisse d'oie, (la meilleure) une large tranche de jambon nouveau coupée en petits dés
(nos ménagères prétendent que chaque escargot doit avoir son morceau de jambon), un oignon haché menu, ail et persil également hachés, tels sont les premiers ingrédients. Quand
le tout est rissolé, on ajoute trois à quatre grandes cuillerées de farine et on remue vivement jusqu'à ce qu'elle ait pris une belle couleur dorée. On sale et on poivre légèrement.
On ajoute encore quatre ou cinq clous de girofle, un peu de muscade râpée, quelques baies de
genièvre, deux citrons coupés en tranches et une forte pincée de safran.
La sauce ayant bouilli quelques minutes, est prête à recevoir les escargots bien égouttés.
Il faut éviter de briser les coquilles; aussi les prend-on très délicatement à l'aide d'une écumoire, pour les noyer dans la sauce déjà onctueuse et odorante. On fait bouillir encore pendant une heure.
Et comme il faut toujours que la fin couronne l'œuvre, les convives, ce plat absorbé,
dégustent un bon petit verre de rancio ou de fine Champagne, parce que, dit-on, « les escargots aiment à boire ».
Les escargots peuvent être préparés de bien d'autres manières : à la sauce piquante
à la sauce tomate, avec un aiolloli ou bien encore à une sauce verte froide. D'autres les
mangent simplement trempés dans l'huile et le vinaigre, au fur et à mesure qu'ils les
retirent de la coquille. Dans l'Hérault, on amalgame à leur sauce des noix et des
échaudés pilés, ainsi qu'une grande variété d'herbes finement hachées,
telles que laitue, chicorée, cerfeuil, céleri, origan, basilic, etc..
A mon humble avis la première recette est de beaucoup
la plus délectable ; essayez-en et vous m'en direz
des nouvelles.
—
Henriette AZAIS.
�Composition de Max Théron
Introduction à la Sympnome Gastronomique
E Français « ondoyant » de Montaigne est devenu ce bon François-le-Moyen, qui, tous les matins, se paie un dada avec son
café crème. Dadamanie ou dadaïsme, peu nous chaut. C'est
surtout une question d'épiderme et de température. Cela
dépend aussi des saisons.
Tour à tour, saint-simonien, boulangiste, cyranesque, FranÇois-le-Moyen est devenu, aujourd'hui, gastronome. Il a mis à son chapeau
une plume de dinde. C'est encore du panache. En tout cas, la fourchette est,
présentement, l'article qui se porte. On la trouve partout. Elle tient le milieu
entre la belotte et le ballon ovale. L'homme l'a montée en épingle, la femme
lui a donné une place de choix, entre le bâton de rouge et la petite glace de
son sac. Il est de bon ton de dire : «je suis une fourchette», «j'ai un bon coup
de fourchette », « ma fourchette, mon hispano, mon pékinois. »
Chacun passe aujourd'hui parles fourchettes caudines - ou «claudines» de cette mode qui, tous les jours, fait sortir du pavé parisien deux ou trois auberges et « hostelleries, » où il est loisible de manger son blé en herbe à la
« Saulce verde de légière coucoction », si vertement recommandée par Rabelais
Le Parisien doit pouvoir dire à l'ami de province : « Paris est devenu la
capitale du Bien-Manger, l'école des Fins Becs, le temple du Cassoulet, le sanctuaire du Canard au sang. »
À quoi l'ami de province répliquera «Vive la cuisine de chez nous! la simple
et vieille cuisine française ! C'est chez nous qu'on mange le mieux. La bonne
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recette pousse avec nos aulx, s'inspire de nos oies et s'imprègne de nos truffes. »
Et ces mots sont cueillis avidement par quotidiens et périodiques. Ils
circulent de bouche en bouche. Ils pointent avec les langues. Ils déclenchent
des enquêtes à la graisse d'oie, des confessions sauce Périgueux, des mots
persillés etverjutés, que c'est une bénédiction T
La gourmandise, péché essentiel, est devenue le péché mignon de la
divette et le péché d'orgueil du matador des lettres ou de la finance.
Il n'est pas rare de voir un « plein aux as », à qui l'on en a mis plein la
vue, qui s'en met plein la lampe.
Pour conclure ce mot lapidaire d'un nouveau gastronome : « Boxe, noble
art ; gastronomie, art divin. N'hésitons pas : il vaut mieux manger des marrons
que les recevoir. »
*
* *
L'âme de la bonne auberge se trouve dans la coquelle inélégante et
grasse. Le cadre Louis XV importe peu. Ce n'est pas la garniture qui fait le
plat.
* *
A beau cuisiner qui vient de son pays. Le cœur y est. Sa simplicité
est déjà un parfum. Dans tous les cas, elle nous rassure. Elle a forcé la Chimie
à repasser le Rhin.
*
* *
Encore une fois, les Midis ont bougé, les trois, les vrais : l'occitan, le
gascon, le provençal, partis à la conquête de Paris, après avoir mobilisé
toques blanches et lardoires. Et la bannière toulousaine flotte, avec les frémissements d'un ténor applaudi, sur un Panthéon de haricots.
*
* *
Le pavillon couvre la marchandise. Le Cassoulet couvre la production
littéraire de toute notre époque. Et cela a des résonnances imprévues.
*
* *
Geoffroy de S* Hilaire disait : « Je suis le génie de la synthèse ».
L'ail dit : «Je suis le Midi synthétique. »
Toute une école, toute une époque, dans ces deux affirmations.
*
* *
L'homme primitif « noble et fin », suivant l'expression des préhistoriens
voyait un « esprit » dans le souffle sortant des naseaux de la bête.
Le civilisé, sait-il bien voir cet autre « esprit » qui se dégage, avec son
fumet, du mets qui l'affriande ? Rien de moins certain. Toujours est-il que
l'éducation du gastronome reste imparfaite, s'il ne considère la pensée comme
faisant fonction, à une minute donnée, d'appareil digestif.
* *
La bataille des changes, les grandes enquêtes, « l'exploit de Lindbergh »
les femmes coupées en morceaux ont détourné notre esprit d'un fait autrement
significatif : l'offensive de l'ail. Attaque de grand style : gaz, mines à retardement, pillonnage de nos estomacs, torpillage de nos palais. C'est une expé-
�—11 —
dition qui est sortie de la guerre, comme les escargots de la Haute-Chevauchée
et du Mort-Homme sont nés des amours du tank et de la grenade.
L'ail stratège, l'ail impérialiste : qui l'eût dit ? Ce bon petit ail de province
qui ne s'était risqué à Paris que sur le «quignon» de pain du petit déjeuner
élyséen, sous le septennat de M. Fallières.
L'ail, aujourd'hui, prétentieux, arrogant, déchirant les anciens traités
d'élégance, dictant sa loi aux nouveaux snobs, a fini par s'imposer, à l'auberge
comme au salon, de la Montagne Ste Geneviève à l'Arc de Triomphe.
La femme elle-même, est conquise, depuis qu'elle ne craint plus les odeurs
d'un « Caporal » plus ou moins supérieur.
Aujourd'hui, ostensiblement, effrontément, au nez de tous, nos modernes
Récamiers sentent l'ail — et allez donc! — comme hier, elles sentaient l'origan
ou le Chypre. C'est le fifre qui manquait à l'orchestre, l'air qui manquait à
« l'ambiance ».
Féminisme intégral, enfin te voilà dans ta tenue de forgeronne, bras nus,
poitrine couleur brique, nuque couleur limaille, la lèvre ponctuée d'un mégot
dédaigneux!
Où cet ail nous mènera-t-il?
A Austerlitz ou a Thoiry ?
*
* *
Le veau sauté « Marengo » fut, à n'en pas douter, une victoire française.
Il nous ouvrit, toutes grandes, les portes de la brasserie. Heureusement, nous
avons mieux, depuis la Marne.
Albert PUJOL
Foie
Porc salé aux
Tel un Rhamsès momifié,
Entre le lard et l'andouillette.
Après un long bain saumuré,
Ton foie, ô porc, pend entouré
De bandelettes !
Mais l'été vient, on le dépend,
On le dépouille de sa toile,
Puis coupé symétriquement
Dans l'huile, on le fait un moment
Frire à la poêle.
De la poutrelle du plancher
Saucisses, boudins et fressure
Moururent avant de sécher,
Et lui, dans sa toile empoché,
Pend sans blessure.
Filet de vinaigre, radis,
Oignons aux chairs fermes et fraîches
Font un lit à ce plat exquis,
Qui réveille les appétits
Les plus revêches.
Louis RIEUX, d'Albi.
�Bois original d'Auguste Rouquet
e
\^assou
C'est le Dieu de la Cuisine Occitane. Un Dieu en trois personnes. Cette
trinité gourmande est ainsi composée : Dieu le Père qui est le cassoulet de
Castelnaudary, Dieu le Fils qui est celui de Carcassonne et le Saint-Esprit
qui est celui de Toulouse.
Quelques ignorants — ou, pour mieux dire, quelques mécréants puisqu'ils
ne croient pas à Cornus, — nient cette trinité et assurent qu'il n'y a qu'un seul
Cassoulet, celui de Castelnaudary.
Il est d'autres personnes qui affirment que le Cassoulet peut se faire avec
des haricots rouges. Pourquoi pas avec des lentilles ?
Les vrais gourmands savent bien qu'il existe trois modes d'apprêts de
ce plat légendaire.
Cela, Joseph Favre le dit expressément dans son « Dictionnaire Universel de Cuisine » : Toulouse, Castelnaudary et Carcassonne ont la spécialité de ce mets.
Urbain Dubois, dans son livre « La Cuisine de tous les pays », dit que
le Cassoulet est un plat très en vogue dans les régions languedociennes, et principalement dans l'Aude, la Haute-Garonne et jusqu'aux confins des HautesPyrénées. Et Urbain Dubois ajoute que la méthode de Carcassonne est caractérisée par « le gigot de mouton, la perdrix et le confit d'oie »
i
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L'origine de ce plat grandiose se perd dans la nuit des temps. Quelques
historiens prétendant queles haricots n'ont été importés en France que longtemps après la découverte de l'Amérique, disent que le Cassoulet ne date
guère que du 15e siècle.
Il nous semble que l'on peut faire remonter à une époque bien antérieure
la découverte de cet apprêt.
Nous croyons qu'on peut situer son origine au 8e siècle de notre ère, et
qu'il dérive du « Ragoût de Mouton aux fèves blanches » que les Sarrasins
firent connaître aux habitants du Carcassès vers l'an 720. C'est de la même
époque que daterait donc la culture des haricots ou fèves blanches dans ce
qui, avant l'occupation Sarrasine constituait la Province Narbonnaise (1)
Une légende du Folklore Castelnaudarien semble démontrer que, bien
avant la découverte de l'Amérique, les haricots blancs étaient connus dans
les provinces Narbonnaises. Cette légende assure que c'est lors de la guerre
de Cent ans, c'est-à-dire entre 1337 et 1453, et, par conséquent bien avant 1492
que fut confectionné, devant les Anglais qui assiégeaient la ville, le premier
« estouffat » qui , par la suite devint le célèbre Cassoulet, gloire de la cuisine
languedocienne.
Voici comment on prépare ce plat succulent, lequel, nous dit l'histoire
anecdotique de la cuisine, était très apprécié par Victor Hugo et Leconte de
Lisle et aussi par Paul Marguerite qui, enthousiasmé a écrit : «J'honore souvent
mes amis d'un Cassoulet sorti des Cuisines de maître Bouyssou de Castelnaudary, un Cassoulet onctueux exhalant l'âme des haricots ou la fleur
du saucisson cuit. »
Notre recette d'abord :
(Pour six personnes) : 1° Mettez à cuire un litre de haricots blancs, préalablement misa tremper pendant quatre heures, avec 300 grammes de lard de
poitrine, 200 grammes de couennes fraîches, une carotte, un oignon, un bouquet garni et trois grains d'ail. Assaisonnez de sel (pas trop, le lard de poitrine étant salé), le tout mouillé d'eau en quantité suffisante pour que les
haricots soient bien couverts.
Cuisez doucement.
D'autre part, faites revenir au saindoux, ou à la graisse d'oie, 500 grammes de haut de carré de mouton désossé et ficelé et 750 grammes- d'échine de
porc, l'un et l'autre bien assaisonnés de sel et poivre. Lorsque ces viandes sont
bien rissolées de toute part, mettez dans le sautoir 200 grammes d'oignon
haché, un gros bouquet garni et deux grains d'ail écrasés. Cuisez à couvert,
en mouillant de temps en temps de quelques cuillerées de bouillon.
Les haricots étant cuits — ils doivent, bien que très cuits, rester intacts —
retirer les légumes et le bouquet garni. Mettez dans ces haricots (dont le mouillement ne doit pas être trop abondant) le mouton, le porc et un quartier de
confit d'oie ou de canard.
Ajoutez aussi 250 grammes de saucisse de ménage préalablement cuite,
à moitié, à la graisse d'oie.
Faites mijoter doucement pendant une heure environ. (Cette dernière
cuisson peut être faite au four.)
Egouttez toutes les viandes qui sont dans les haricots. Détaillez en escalopes de même grosseur le mouton, le porc, l'oie. Détaillez les couennes et le
(1 ; En 719, les Visigoths qui s'étaient établis dans la région Narbonnaise, furent
attaqués par les Sarrasins.
Ces derniers s'emparèrent de la ville de Carcassonne. Ils la perdirent et s'en rendirent
maîtres de nouveau. Ils la gardèrent jusqu'en 759, époque où Pépin les refoula vers les Pyrénées
et les obligea à abandonner successivement, Béziers, Carcassonne et toute la Province
Narbonnaise.
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lard en rectangles, le saucisson en tranches et la saucisse en petits tronçons.
Mettez une couche de haricots dans un grand plat creux en terre. Disposez sur ces haricots une assise de viandes de garniture. Recouvrez de haricots
et achevez de remplir le plat en alternant les éléments et en saupoudrant
chaque couche de poivre fraîchement moulu. Mettez sur la dernière couche
de haricots des morceaux de lard, de couennes et de saucisson.
Saupoudrez de chapelure, arrosez de graisse d'oie. Faites gratiner au
four à chaleur douce. Servez dans le plat de cuisson.
Voici une « simple » recette que nous envoie un gourmand de Castelnaudary :
«Faire cuire à l'eau, dans un pot en terre vernissée (dit «toupi ») des
haricots ronds (ceux de Pamiers ou deCazères sont les meilleurs) avec l'assaisonnement et les légumes habituels.
Les égoutter lorsqu'ils sont bien cuits, mais conservés entiers, les mettre
dans la terrine spéciale en terre d'Issel dont le6 parois auront été tapissées de
couennes fraîches (cuites dans les haricots).
Ajouter du jambon maigre, un jarret de porc, du saucisson (tous ces
articles cuits dans les haricots mais notre gourmand ne le précise pas) du
confit d'oie; bien assaisonner et épicer.
Mettre la terrine dans le four du boulanger et laisser cuire quelques
heures »
%
Pendant que nous écrivons ces lignes, un Occitan qui les lit par dessus
notre épaule, nous dit : « Mais vous oubliez l'essentiel ! Premièrement le four
où le Cassoulet est mis à gratiner doit être chauffé avec des ajoncs de la
Montagne Noire; deuxièmement lorsqu'une première croûte s'est formée audessus de l'Estouffat, il faut l'enfoncer à l'aide d'une cuillère et en faire faire
une deuxième et souvent même une troisième. Alors, alors seulement, vous
aurez un Cassoulet !»
Prosper MONTAGNÈ
En 1 Honneur des Cuismie
Je ne serais pas Méridional si je n'étais pas gourmand.
J'avoue humblement ce défaut dont j'ai quelquefois payé l'exagération,
mais sans regrets.
Au dire de mes amis, je me tiens convenablement à table. D'aucuns prétendent, qu'ayant pris avec l'âge un indéniable embonpoint, ce n'est pas en
léchant les murs ou par abstinance, que je l'ai acquis.
C'est un fait : La cuisine a toujours été en honneur chez les écrivains et
Brillât-Savarin, magistrat et gastronome, bon poète à ses heures, restera, surtout, l'auteur de la Physiologie du Goût.
Par pudeur, Brillât-Savarin, qui avait publié sous son nom des "Vues
d'Economie politique", ne signa pas la "Physiologie du Goût, Méditations
de Gastronomie transcendante, dédiée aux gastronomes parisiens, par un
professeur membre de plusieurs sociétés, littéraires et savantes.
�— 81 —
Et c'est précisément la "Physiologie du Goût, dont on démasqua l'auteur, qui rendit Brillât-Savarin célèbre.
Je suis, personnellement, de l'avis de Charles-Brun, " La Gastronomie
n'est pas un luxe, mais une richesse pour un pays tout entier, et peut être
— car la chair est faible — le plus vif attrait du touriste.
Pour l'instant, ne nous occupons pas de tourisme, mais mettons-nous
à table.
Voulez-vous que nous fassions un rêve ? Un rêve de gourmands? Nous
sommes Amphitrion, et pour plaire à nos amis, nous évoquerons familièrement les maîtres de la poêle et du gril, ceux qui jugèrent qu'un plat bien
fait vaut peut-être, autant qu'un sonnet, un long poème.
Vatel, écuyer, Maître d'Hôtel de Monsieur le Prince de Condé, nous
apportera la marée, cette marée arrivée en retard et qui provoqua le funeste
désespoir que l'on connaît.
Nous verrons se dresser autour de la table les aimables fantômes de
André, Officier de bouche du Sultan, Verdier, apprécié par les Grands Ducs,
Driessens, Ozonne et Urbain Dubois, l'ancien Chef de Cuisine du Roi de
Prusse.
Enfin saluons Carême, qui fut un homme exquis, plus illustre qu'un artiste. Il nous répétera cette phrase célèbre : "Je n'ai jamais risqué ma santé et
j'ai fortifié celle de mes contemporains."
Nous n'inviterons pas les Chefs modernes, à participer à notre réunion,
car il est bien entendu que chacun de nous doit faire un plat.
Ce n'est pas une mode, mais le goût se généralise de savoir préparer
un mets.
La Cuisine régionale tend, de plus en plus, à figurer sur les menus des
restaurants de la Métropole. La daube du pays Audois et du Narbonnais, deviendra aussi familière que l'onctueux cassoulet, plat préféré des consciences
tranquilles ou la piquante bouillabaisse, gloire provençale.
Au cours de mes longues randonnées, j'ai mangé partout du plat du
pays. J'avais horreur que l'on me servit l'irritante côtelette ou bifteck aux
pommes, que je trouvais partout, sous prétexte que j'étais l'étranger. Et c'est
pour avoir goûté à toutes les cuisines que je me félicite, à part moi, d'être
resté gourmand. J'ai ainsi mieux apprécié nos talents nationaux, étant sur
ce point tout-à-fait de l'avis de notre illustre Maître Anatole France : La cuisine Française est la meilleure du monde, et cette gloire éclatera par dessus toutes les autres le jour où l'humanité plus sage placera la broche audessus de Vèpèe.
Certes T Autour d'un bon repas, comment avoir l'humeur belliqueuse?
Comment ne pas être indulgent, enclin à la bonté et ne pas rendre hommage
à notre bon Maître François Rabelais, qui nous permit de croire que le gril
avait peut-être autant d'importance que la lyre.
J'ai mangé le couscous en Afrique; les fruits magnifiques des Antilles;
mangues, sapotilles et pommes-cannelles, la pimentade de poissons en
Guyane; je connais toutes les spécialités de la vieille Europe, depuis le traditionnel "beef anglais", jusquaubordj russe, en passant par le pilaf hongrois.
J'en oublie et des meilleurs! J'ajoute que je n'ai dédaigné aucune des spécialités culinaires des pays dans lesquels je passais. J'ai remarqué que partout
�— 82 —
les hommes étaient sensibles aux plaisirs de la bouche, et que, sous toutes
les latitudes, les femmes, soucieuses de la paix de leur ménage, surveillaient
la cuisine, afin que la table fut agréable et savoureuse.
Mais je reviens à notre douce France et plus particulièrement à un
pays que j'aime beaucoup, la Montagne noire, l'Aude, où je sais qu'une
petite maison fume sur une colline.;.
C'est là que j'ai mangé le meilleur cassoulet, et je ne résiste pas à
vous indiquer la manière de le préparer, parce que les recettes ordinaires
des restaurants ou des tables renommées n'exhalent pas le parfum du pays.
Dès la veille au soir, faire tremper les haricots dans de l'eau légèrement salée. Au matin, on les fait cuire, dans un pot de terre, près d'un feu
doux de bois, additionnés de carottes, oignons, ail, et de couennes fraîches.
A mi-cuisson, assaisonner avec delà graisse, de l'huile, sel, poivre, épices,
et vers 10 heures, pour midi, faire frire des côtelettes de porc, de la saucisse et des tranches de saucisson. Placer dans une "grésale" (vase en terre)
par couches, (des haricots et des morceaux de côtes, saucisse et saucisson
mêlés) aux couennes grasses. Saupoudrer de chapelure et mettre au four chauffé avec des herbes de la Montagne noire, thym, serpolet, fenouil, etc..
Et lorsque le plat est porté sur la table, c'est le parfum du pays auquel
personne ne reste indifférent I
Enfin, saluons au passage les vins de France.
Il n'est plus de bonne cuisine, sans l'imposante procession des bouteilles
aux cols cachetés d'ècarlate et de violet comme les cardinaux et les archevêques.
Si vous le voulez bien, nous chanterons ensemble la litanie des vins...
J. F. Louis MERLET
et le
Je vais vous mener dans un petit bouchon, de la rue Vavin, chez Clémence,
qui ne fait qu'un plat, mais un plat prodigieux : le Cassoulet de Castelnaudary,
qu'il ne faut pas confondre avec le Cassoulet à la mode de Carcassonne, simple
gigot de mouton aux haricots. Le Cassoulet de Castelnaudary contient des
cuisses d'oie confites, des haricots préalablement blanchis, du lard et du petit
saucisson. Pour être bon, il faut qu'il ait cuit longuement sur un feu doux. Le
Cassoulet de Clémence cuit depuis vingt ans. Elle remet dans le poêlon tantôt
de l'oie ou du lard, tantôt un saucisson ou des haricots, mais c'est toujours le
même cassoulet. Le fond reste : et ce fond antique et précieux lui donne la
saveur que, dans les tableaux des vieux maîtres vénitiens on trouve aux chairs
ambrées des femmes. Venez, je veux vous faire goûter le Cassoulet de Clémence.
Anatole FRANCE
Histoire Comique
(1) L'auteur de V* Histoire Comique» ne dédaignait point un bon Cassoulet ; mais
s'il avait connu Prosper Montagné, il n'aurait point pris le Cassoulet à la mode de Carcassonne pour un simple gigot de mouton aux haricots I
�LO FARS
Estropat e cozut dins una brava pola,
lo fars, res de melhor jamai coira dins l'ola.
De mica del cantèl e d'ious del galinier,
un talhon de porquet acô del mangonier
cauzitdel bon endrech, —amb'una bona onchura
finas èrbas, persil, sal, pebre e gôlsas d'al :
trisat, picat menut, amarvit per mezura,
aqui tôt sô que cal.
Lo qu'a tastat d'acô per solencas e votas,
à Paris pôd anar : se s'i lèca las pôtas
d'un sadolmai gostos, me n'asabentara.
Pecaire! sabi pron que plan se n'gardara.
Abèm d'espèrtas cozinièras
que sabon farsir quicôm mai
fôra las polas, acô rai.
Las carpas de nôstras ribièras
viran al aste, mai d'un côp,
lo ventre uflat d'un fars que n'es pas per las gâtas.
Que dizètz d'aquelas tomatas
que s'espatarran, morre chôp,
rosas coma de grols daurats, dins lapadena?
E qu'es aquel qu'es pron codena
per inhorar que l'estrop cardinal
d'un fars subremannat, acô 's un domegal
mèch-dubèrtque, bodol coma unpapach de rita,
à fôc dos, de nonent se bristôla e chirrita ?
Acô n'empacha pas que, dins nôstre païs,
quand se parla de fars, es d'aquel que farsis
las polas e los pois, de Bordèus à Narbona ;
acô 's d'aquel que s'atalhona
à bèls talhons copats de tal biais que cadun
n'aje sa lèima part sens far tôrt à degun.
En tôt cas, es d'aquel que parla lo proverbe,
— un provèrbe d'ostal qu'es cap de pauc badôc...
lo sabètz pas ? Que donc vôstra aurelha se dièrbe
Lo vos vau dire abans de plantar broc.
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Lo fars es la mitât d'un bèl sadol campèstre.
Aquel que dis: bon fars dis: bon ostal, bon mèstre.
Lo cap d'ostal que sab son drech de capolier,
es el que copa l'fars, e non pas sa molher ;
aquesta lo fa côire : acô sol la regarda.
Lo queten sal en coja, es el — qu'iprengue gardai —
que diu menar la barcae que diu far las parts;
e s'ôc fa pas, tant pis per el : cadun s'acôrda
à dire en se 'n trufant : « Lo paure ômeî à la bôrda,
« n'es pas elque copa lo farsT »
A. PERBOSC
LA FARCE
Enveloppée et cousue dans une grosse poule,
la farce, jamais rien de meilleur ne cuira dans le pot.
De la mie du chanteau et des œufs du poulailler,
un morceau de porc frais chez le charcutier
choisi du bon endroit, — avec un bon assaisonnement,
fines herbes, persil, sel, poivre et gousses d'ail :
pilé, haché menu, bien préparé et dosé,
voilà tout ce qu'il faut.
Celui qui a tâté de ça aux fêtes votives, aux solenques,
il peut aller à Paris : s'il s'y pourléche les babines
à un repas plus savoureux, qu'il me le fasse savoir.
Le pauvre! je sais assez qu'il s'en gardera bien.
Nous avons d'expertes cuisinières
qui savent farcir autre chose
que les poules, certes oui.
Les carpes de nos rivières,
tournent à la broche, plus d'une fois,
le ventre gonflé d'une farce qui n'est pas pour les chattes.
Que dites-vous de ces tomates
qui s'étalent et se prélassent, le mufle onctueux,
rousses comme des crapauds dorés, dans la poêle à frire
Et quel est celui-là qui est assez couenne
pour ignorer que l'enveloppe la plus exquise
d'une tarce nonpareille, c est une oronge
mi-ouverte qui, replète comme un jabot de cane,
à feu doux, petit à petit se rissole en chirritant ?
Cela n'empêche pas que, dans notre pays,
lorsqu'on parle de farce, c'est de celle qui farcit
les poules et les coqs, de Bordeaux à Narbonne ;
c'est de celle-là que l'on partage
en belles tranches coupées de telle sorte que chacun
en ait sa légitime part sans faire tort à personne.
En tout cas, c'est de celle-là que parle le proverbe,
— un proverbe de maison qui n'est pas du tout sot...
Vous ne le savez pas ? Que votre oreille s'ouvre donc :
je vais vous le dire avant de fermer caquet.
La farce, c'est la moitié d'un bon régal rustique.
Celui qui dit: bonne farce dit: bonne maison, bon maître
Le chef de maison qui connaît son droit de chef,
c'est lui qui coupe la farce, et non pas sa femme ;
celle-ci la fait cuire : cela seul la regarde.
Celui qui tient sel en courge, c'est lui, — qu'il y prenne garde ! —
qui doit mener la barque et qui doit faire les parts ;
et s'il ne le fait pas, tant pis pour lui : chacun s'accorde
à dire ironiquement : « le pauvre homme I à la maison,
ce n'est pas lui qui coupe la farce! »
A. P.
�Bois original d'Achille Rouquet
La Bouillalaisse
Bietaze T... On se consolera en s'occupant de la mangeaille.
Ses yeux se tournent vers la mer. Une flotille de bateaux, survenue pendant notre guet, s'aligne le long de la côte. Cette vue l'exalte soudain.
— Monsieur Jean, voici les pêcheurs. Nous allons avoir du poisson.
— Mais oui, c'est l'heure de la traîne.
— Je ne voudrais pour rien au monde manquer un spectacle pareil.
— Allons-y vite, Garrigou.
Et plantant là notre cabane, confiée aux soins du bon Dieu, nous nous
dirigeons vers la mer.
Des hommes jambes et bras nus, des femmes, les jupons retroussés, la tête
chapeautée de toile — telle une cornette de sœur — et tout un fouillis de marmots vont et s'agitent sur Je sable. La traîne, c'est l'heure bénie (la trahino,
en languedocien). C'est la récolte désirée, la moisson des belles écailles, le gain
d'un périlleux labeur. Immergés encore sous les vagues, les filets plombés
gardent dans leurs prisons à jour le peuple affolé des poissons. La traîne, est
l'acte qui consiste à « tirer au sec » ces filets : travail pénible et délicat.
Déjà, mi-corps dans les flots, les plus robustes des hommes ont pris le
bout de ces filets, les halent en arrière, aidés des jeunes et des vieux. Nous
nous attelons nous aussi et, sous nos efforts conjugués ; les filets « sortent »
peu à peu. Nous formons un étrange monôme, aux gestes, aux mouvements
égaux, et qui s'avance à reculons.
C'est beau comme une fresque antique tous ces êtres disciplinés, solides,
(1) Extrait du roman « Garrigou, joyeux philosophe » Edition du Monde Moderne,
79 bis rue de Vaugirard, Paris. Prix 9 francs.
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pleins de vie, œuvrant selon le même rythme sous l'immense chape du ciel.
Allons T la pêche sera bonne ; les filets viennent lentement ; des perles
d'eau coulent de leurs mailles ; de longues herbes chevelues les parent de rubans verts.
Et voici les premiers poissons...
Les ouïes prises dans les rêts, ouvrant leurs yeux inexpressifs, donnant
des coups de nageoires, ils cherchent à se dégager. Le soleil qui joue sur leurs
écailles, les irise de tons changeants. Toute la gamme des couleurs les habille
de ses lumières : ardoise, gris-clair, feuille-morte, jonquille, orangé, nacarat lilas, mauve, prune, opalin, bleu-barbeau, turquoise, argent-pâle... C'est
une fête de rayons I
Les enfants travaillent aussi; ils les jettent dans des corbeilles; tout à
l'heure on fera le tri ; mais c'est un grouillement sans fin ; un amas de chair
pantelante qui meurt et ne veut pas mourir.
Voici des congres, des barbues, des daurades, au croissant d'or, des
maquereaux, des limandes, des merlans, au ventre gris-vert, des plies en
dos de porc-épic, des seiches aux bras en ventouse, des « capelans », des
rougets avec leur barbe en double arête et leurs yeux de guerriers chinois,
des soles à face de vipère, des turbots et même des thons gros comme de petits
requins.
Il se dégage de ces tas une odeur d'algues et d'eau fraîche ; la bonne
nourrice — la mer — n'est pas avare de ses dons. Des museaux s'ouvrent et
se closent, crénelés de dents aiguës ; des ventres se gonflent, s'aplatissent
dans les sursauts des agonies.
On estime la marchandise, on jette des chiffres, on l'évalue. Les hommes
crient, les femmes piaillent, pour le seul plaisir d'être bruyants, dans leur
splendide exubérance, leur trop-plein de sève et de vigueur.
Et la besogne continue, méthodique, ardente, tenace. Le ruban de filets
sort des entrailles de la mer. On le couche sur le sable et le treillis de ses réseaux semble un long serpent étalé. Des crabes fuient parmi les groupes,
cahin-caha, gauches et lourds... C'est d'un incroyable pittoresque, d'un pittoresque à la Téniers.
Au milieu de ces braves gens il faut voir mon Garrigou.
Son ancien métier lui remonte au cœur ; il gesticule comme douze ; il est
heureux ; il a vingt ans. C'est pour lui un jour de fête. Je puise ma joie
dans sa joie.
— Hein T Garrigou, la belle pêche...
— Ne m'en parlez pas, Monsieur Jean. Je crois qu'ils ont vidé la mer.
Quelle bouillabaisse on va faire...
J'achète un panier de poissons. Nous prenons congé des pêcheurs ; et
tels deux gamins en maraude qui semblent ravir un trésor, nous l'emportons
vers la cabane.
— Pardieu oui, quelle bouillabaisse!... Vous allez voir ça, Monsieur Jean
et comme nul n'en peut manger même chez Basso à Marseille. A la hutte, j'ai
ce qu'il faut : du vin blanc, des oignons, de l'ail, du persil, du laurier, du
poivre, de l'huile et du safran, sans oublier tomate et sel. Dans une heure tout
sera prêt, et si vous avez les dents longues... baï, vous pourrez y faire honneur.
— Je n'en doute pas, Garrigou.
Nous arrivons à la cabane.
Pendant qu'il nettoie les poissons, je vais glaner des herbes sèches et
des branchettes de bois mort: l'entretien du feu me concerne, je m'acquitte de
cet ouvrage avec un soin religieux, selon les rites ancestraux ; l'âme des antiques vestales revit en moi, pieusement.
Les flammes crépitent ; je les alimente de varech. Déjà la casserole chante
et d'inexprimables parfums plus suaves à mon odorat que le nard, la myrrhe
ou l'encens, montant sous le toit de roseaux, s'exhalent des flancs du « toupi »
Je me sens mollir de tendresse. Je prends Lucullus en pitié.
Grave comme un officiant, Garrigou surveille la sauce ; il en dose l'ébullition ; il sait le temps exact qu'il faut. Tout entier aux soins de ce culte, il en
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oublie d'être bavard ; je me garde de le troubler : son œuvre pourrait en dépendre, et je me fais petit... petit...
Dans un plat de terre brune, il taille des tranches de pain larges comme
un journal plié ! le feu crépite de plus belle ; et de son « creux» de ventriloque
le « toupi » nous adresse un discours ronronnant, bredouilleur, confus, mais
que je saisis clairement. Ah! l'éloquence de la chère.
— Attention, voilà que ça y est.
Mon hôte a recouvré la voix.
— Zou, maintenant passons à table.
(C'est une façon de parler, la table étant un escabeau). Sur les tranches
de pain lentement il verse la sauce. Des jets de vapeur tourbillonnent. La
bouillabaisse est cuite à point.
Oh! le plus onctueux des mets! Je m'en sers une pleine assiette. Il y a là,
selon la coutume, les cinq variétés de poissons dont les différentes saveurs
harmonieusement mêlées donnent le maximum de goût. D'abord la juteuse
« rascasse » — certes ! à tout seigneur tout honneur — puis des loups, des maquereaux, des merlans et des rougets. Des crabes nagent dans la sauce; ils
composent le superflu.
Criquou, attiré par l'odeur, nous revient crotté jusqu'aux yeux ; en
brave chien du Bas-Languedoc il a flairé la bouillabaisse.
Mais le déjeuner n'attendant pas, tous trois alors, graves et dignes, nous
savourons silencieusement.
Garrigou a porté sa gourde : sa panse, amplement rebondie, contient
' trois litres de vin blanc ;nous buvons à la régalade, nez en l'air et bras tendus,
car le safran, l'ail et le poivre mettent le feu dans nos gosiers; mais le vin
n'en est que meilleur ; il coule en petit filet mince comme un rais de soleil
ambré. Seul, Criquou refuse le vin: il ne sait ce qu'il perd, le pauvre!
Malgré l'énormité du plat nous l'attaquons d'un cœur si ferme que nous
en viendrons bien à bout. Nous avons un tel appétit! Pensez donc, depuis le
matin... et cette coquine de brise qui vous creuse jusqu'aux talons.
Je me sens empli de bien-être. Je trouve un tel charme à la vie que je
ne saurais mieux l'aimer. Cette cabane de roseaux me semble un palais magnifique ; Garrigou, un esprit divin. Je ne puis comprendre qu'ici-bas il existe des pessimistes; ils sont de quelque monde à part, fourvoyés sous notre
soleil. Ainsi, bercé d'illusions, les yeux mi-clos, le rire aux lèvres, je goûte
au suprême degré l'enchantement de vivre heureux.
C'est maintenant l'heure des pipes.
Sur quelques tisons qui rougeoient, le café « chauffe » lentement.
Je félicite mon ami de ses merveilles culinaires :
— 'Quel maître-queux vous auriez fait!... Qui donc vous a si bien appris ?
— Hou, là, là! c'est toute une histoire et pardieu! si vous y tenez, pendant qu'on boira le café, je m'en vais vous la conter au long.
Pierre JALABERT
�THÉOPHILE GAUTIER, GASTRONOME
Les gens de lettres d'ailleurs deviennent de plus en plus gourmands et
nombre de gastronomes se révèlent parmi eux. Dans leurs œuvres, il est
facile de suivre cette évolution.
Théophile Gautier, visite en compagnie de Mlle Maupin, quantité
d'auberges. Elles ne sont pas aussi nombreuses et aussi renommées que les
hostelleries de nos jours, mais leur qualité est bien supérieure.
Le Capitaine Fracasse et la belle Isabelle mangent de succulents perdreaux
les jours de bonne fortune et du pain sec les jours où l'argent fait défaut. Mais
Fracasse est un gentilhomme gascon très fier et un peu vantard, il lui déplait
d'avouer qu'il n'a pas confortablement dîné. Aussi un jour, longtemps avant de
faire la rencontre de Théophile Gautier a-t-il imaginé de baptiser « Chapon »
un croûton de pain consciencieusement frotté d'ail, ce qui lui a permis de
déclarer d'un air satisfait à des amis « J'ai dîné d'un chapon et d'une salade »
Le mot a fait fortune, la chose aussi et vous savez comme moi que rien n'est
aussi délectable et parfumé qu'une salade bien accompagnée de chapons.
Mais Théophile Gautier est un gourmand, aux goûts un peu exotiques
peut-être, qui ne se contenterait pas d'un pareil repas.
Il a une prédilection marquée pour le risotto à la milanaise, le riz au gras
dont les grains cuits à point ne forment pas une pâte gluante, mais onctueux
sont seulement liés par le beurre et le fromage de parmesan finement râpé.
Il aime aussi le macaroni tordant dans le plat ses anneaux dorés de
beurre et grumelés de parmesan. Il en mange tous les jours et son gros appétit
ne se calme qu'après en avoir repris.
Un autre plat dont il se montre friand est la truite saumonée. Sa fille
Judith monte alors elle-même une mayonnaise épaisse à couper au couteau et
d'un beau jaune d'or. Le poète ne laisse que les arêtes du poisson.
D'ailleurs il est un peu cuisinier à ses heures, et aime régaler ses invités
de plats exotiques préparés par lui.
Émile Bergerat dans ses souvenirs nous dit :
Il devait à ce talent d'avoir conquis la protection particulière du cuisinier
de l'Empereur de Russie. Ce maître queux d'ailleurs professait pour le poète
une admiration particulière dont l'origine est plaisante.
« Ayant un jour servi sur la table impériale un mets très apprécié du tsar
et dans la composition duquel il entrait des amandes pilées, il en avait reçu
des compliments unanimes. Seul Théophile Gautier s'était montré froid pour
l'artiste. Il voulut connaître la raison de cette réserve. « Mon ami, lui dit
gravement le Maître, je m'attendais à des amandes, je n'ai trouvé que des maccarons pilés. Vous trompez la confiance du tsar ».
Le chef rougit et avoua sa supercherie innocente, mais à partir de ce jour
il ne travailla plus que pour Théophile Gautier, qui lui apprit le risotto.
Théophile Gautier n'aimait pas le pain.
« T'expliques-tu l'habitude, disait-il dé manger du pain avec chaque mets
et de mélanger une bouchée de cette colle fade et insipide à chaque portion nouvelle d'aliments que nous ingurgitons? Si le pain est un mets, pourquoi ne pas
le manger seul?»
_
A BOGHEN
�Composition de Silvagni
LA CUISINE OCCITANE A ROME
Artichauts a la JuiveJ?
Quand de chaque cour monte vers le ciel profond, une chanson.
Quand les géraniums du troisième tendent leurs corolles à l'œillet d'endessous. Quand les hirondelles tissent sans repos, des symboliques dentelles
blanches et noires; léger, comme l'harmonie nostalgique des mandolines frémissantes, monte au ciel peuplé du son de cloches l'arôme de la verte olive
franciscaine.
Rome, je ne dirais des impérissables choses sur tes pâtes tentatrices et
persuasives comme des chevelures flamboyantes. De même que dans les toisons bleuâtres de tes filles trop d'étrangers ont trempé leurs lèvres arides aux
assiettes festonnées par la somptueuse tomate ou l'évomescente sauce au parmesan et beurre.
Mais pour les bouches qui s'arrondissent sur ton nom, ô Rome dans le
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sonnant idiome de tes citadins tu réserves la charnalité de l'artichaut, présenté sur un plat comme une belle fleur exotique, et préparé selon la parcimonieuse et savante recette du pauvre fils de Sem.
Voici, pour ceux qui comme moi cherchent dans un parfum d'humble
cuisine populaire la synthèse d'un pays et d'un passé.
Prenez donc, un bel artichaut, dépouillez-le de ses pétales plus dures
coupez-le à un tiers de l'ogive, laissez-lui l'intérieur de la tige, faites blanchir.
Préparez dans un plat un lit de persil, oignon, et ail haché finement, mettez au
four pour quinze minutes, après copieux arrosages d'huile et attendez confiants.
SILVAGNI
Vous désossez un ortolan très gras, salez et poivrez ; vous désossez une caille très
grasse, salez et poivrez; vous désossez un perdreau jeune bien en chair salez et poivrez.
Vous faites cuire une belle truffe grosse comme un œuf avec de la glace de viande et
un peu de madère, une pointe muscade et sel, ainsi que quelques lames épaisses de truffes.
Vous faites une farce de foies gras mêlée avec un peu de duxelle et granit de truffes ;
vous ajoutez l'extrait des carcasses de vos trois gibiers que vous aurez assaisonnés, fait piler
et passer.
Vous bâtissez votre plat ainsi :
Vous prenez l'ortolan désossé avec lequel vous enveloppez la grosse truffe déjà cuite.
Vous enveloppez ensuite l'ortolan avec une légère couche de votre farce de foies gras
vous le mettez ainsi enveloppé dans l'intérieur de la caille que vous enveloppez à son tour
avec une légère couche de farce, vous mettez cette dernière dans l'intérieur du perdreau que
vous aurez tapissé de lames de truffes déjà cuites.
Vous cousez alors la peau de ce dernier d'un seul trait de fil de façon à pouvoir l'enlever facilement sans le déformer dès qu'il sera cuit.
Mettre ce perdreau ainsi façonné dans un double boyau gros de charcutier bien propre, attacher fortement ce boyau de chaque côté de façon à ce que l'eau n'y entre pas pendant
l'ébullition.
Mettre dans une casserole profonde pouvant bien se clore de l'eau salée et faire pocher à petite ébullition tenir de côté pendant 35 à 40 minutes ce perdreau ainsi emballé après
avoir bien clos la casserole.
Vous déballez ensuite votre perdreau et récoltez le jus qu'il aura rendu et qui sera
dans l'intérieur du boyau.
Vous le dressez sur un fond de plat en pain frit au beurre et vous l'environnez avec
des canapés au foies gras assaisonnés et recouverts d'une lame de truffes.
Vous ajoutez au jus un peu de glace de viande et vous le servez à part; il possédera
ainsi un fumet parfait.
Ce plat peut se multiplier pour un grand dîner.
« Au Grand Maître Laguipiére, Hommage respectueux et reconnaissant de son
admirateur. »
TIVOLLIER
�Boie d'Auguste Rouquet
La Cuisine Catalane
L'homme
L'homme
mange,
d'esprit sait manger.
BRILLÂT-SAVARIN
L'esprit d'une race se manifeste dans sa cuisine autant que dans sa langue ou dans son art.
Il a suffi d'un plat local, d'une boisson, d'un vin, pour caractériser une
province dans l'imagination populaire, mieux que n'aurait pu le faire l'œuvre
de son sol ou de sa littérature.
Sans nous en réjouir immodérément, nous pouvons bien constater que
la Bouillabaisse et l'Aïoli ont plus fait pour populariser Marseille et la Provence que tous les poèmes de Mistral. La Normandie doit plus à son cidre et à
ses soles qu'à Flaubert et qu'à Jean Lorrain. Un pruneau fourré éclipse en
Touraine l'ombre charmante de Rabelais. Qui se souvient, hélas I de La
Fontaine, quand pétille ce mot : Champagne ?
Et si le Roussillon n'avait pas ses vins, quel peintre du grand Roy, quel
astronome de génie pourrait synthétiser dans le souvenir des hommes le pittoresque d'un pays où — pour que les rivalités s'égalisent — le soleil lui-même
se condense en grappes d'or dans la plaine où Joffre naquit I
Mais le Roussillon n'a pas que ses vins. Il a ses mets qui, pour être
moins illustres, ne sont pas moins savoureux.
Un esprit plus ingénieux que le mien pourrait même chercher dans le
caractère de nos plats le reflet de notre caractère. Dis-mois ce que tu manges :
je te dirai ce que tu es.
Il est certain, par exemple, que dans la saveur à la fois délicate et violemment épicée de notre, « Bouillinade », de notre « Picoulat » et de notre
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« Astofat », on retrouve le fumet de la race brutale et tendre qu'est la nôtre.
Mon atavisme ibérique et latin, je le retrouve entier quand je savoure, un soir de
vendange, ce «Pa ambgradaillat» où la douce essence de l'olive virgilienne atténue sur la mie, d'une arabesque blonde, le réalisme vigoureux de l'ail d'Espagne T — Et n'est-elle pas la fête charmante, le bouquet sauvage de notre esprit
cette « Soupe de thym», cette « Soupe de menthe », où l'imagination raffinée de
nos grand'mères unit à l'ail espagnol et à l'huile latine, pour la délectation de
nos palais, toute la symphonie des herbes de montagne dont s'aromatisent, les
soirs d'été, les pentes bleues du Canigou ?...
Il nous a paru que, parmi toutes les traditions qui se meurent et qu'on
essaye pieusement de sauver, celles de nos fourneaux n'était pas la moins
précieuse.
Une « Cargolade » au soleil est une œuvre d'art aussi belle qu'une toile
de Terrus ou qu'un chant de Séverac T
Voici le temps où le Tourisme régénéré va conduire chez nous des troupes
enthousiasmées de visiteurs de tous les pays.
... Je rêve de l'auberge catalane, où l'on pourrait, les soirs d'été, assis à
l'ombre de nos treilles, devant un de ces paysages de vigueur, de lumière et
de poésie comme on n'en découvre que dans notre Cerdagne ou dans notre
Valespir, goûter avec des amis à toutes ces choses délectables que recèlent
jalousement la cave et le garde-manger de nos ménagères de village...
Il me semble qu'on aimerait mieux, qu'on comprendrait mieux mon
Roussillon, si, après en avoir admiré les horizons, écouté les romances et respiré les parfums, on communiait physiquement en son âme savoureuse, sous
les espèces de son «Perdreau Catalane» et de son rancio d'or T
Albert BAUSIL
Ohî c'est fort peu compliqué, mais très démocratique, très catalan...et très connu.
Voici : Vous prenez un crouston doré dont le volume doit être en rapport avec votre
matutinal appétit. Vous choisissez une tête d'ail à grosses gousses. Vous les épluchez avec
soin, puis vous frictionnez énergiquement le crouston doré avec les gousses, et cela jusque
dans ses recoins les plus inaccessibles. Usez autant d'ail que vous le jugerez utile : c'est une
question de tempérament...
Quand la croûte a pris une belle apparence luisante et que de votre pain monte le parfum très spécial qui fait se dilater vos narines, cessez les frictions.
Saupoudrez légèrement le tout de sel très fin. Puis, versez par place, sur la croûte
quelques larmes d'huile d'olive pure du pays, de cette huile onctueuse et parfumée, d'une belle
couleur vieil or, où se jouent des reflets verts. D'un doigt agile et délicat, oignez soigneusement le crouston tout entier pour que l'union étroite de l'ail et de l'huile se fasse partout.
Encore une pincée de sel, très légère et c'est fini : El pâ y ail est prêt. Monsieur est servi !
Vous pouvez mordre à belles dents la miche odorante et savoureuse. Un raffinement :
Si vous êtes en automne — au moment des vendanges — et si, depuis l'aube, vous avez couru
à travers vignes et garrigues, choisissez au retour, parmi l'offrande d'un vieux cep croulant
�de fruits, quelque grappe dorée de muscat aux gros grains craquants, sur l'épiderme velouté
desquels s'irisent des gouttes de rosée fraîche. Dégustez à la fois, pour votre déjeuner, el rim
y el pa y ail ...
Amalgamez la fraîcheur exquise du raisin et la chaleur violente du crouston, et ar
rosez largement... Comme vin, les Salanques ne sont pas indiqués. Prenez plutôt quelque
vieille bouteille de les Ascasasses ou de Tautahull... Vous serez mieux dans la note.
Cela vous semble un peu barbare ? essayez T je vous affirme qu'il y a tout le Roussillon et tout son soleil, dans cette frugalité savoureuse.
Un conseil, pourtant, avant de finir : Durant la digestion permettez-vous seulement
d'embrasser votre belle-mère!...
Marcel OURA.DOU
ALL CREMAT
Mettre dans une casserole ou un pot en terre un peu d'huile d'olives, saindoux, sel et
piment rouge, ail haché. Faire roussir jusqu'à presque brûler, saupoudrer de farine, mouiller
avec de l'eau.
Dans cette sauce, ajouter le poisson de bouillabaisse nécessaire, couvrir et faire cuire
à grand feu, servir des tranches de pain grillé et frotté d'ail cru.
ALL Y OLI A LA CATALANE
Ail cru pilé au mortier et monté avec de l'huile d'olives du Roussillon, pincée de sel.
Se mange le matin, étendu sur le pain, au petit déjeuner, lorsqu'on tue le porc l'ailloli
est le condiment indispensable des viandes indigestes que l'on mange ce jour-là.
ANGUILLE A LA CATALANE
Mettre dans une casserole des anguilles coupées en tronçons, de l'huile d'olive, une
persillade.
Faire revenir, saupoudrer de farine, mouiller, assaisonner fortement avec piment,
faire cuire.
Au moment de servir on peut lier cette sauce avec un peu d'aiolli négat.
TRIPES SAUCE BLANCHE
Prendre la quantité de tripes que l'on désire. Mettre dans un pot avec bouquet garni
(carottes, poireaux, céleri) saler et faire cuire pendant quatre heures.
Préparer une sauce blanche, la cuire, ajouter une demi-heure avant de servir, les tripes
les câpres et les cornichons en rondelles.
CARBASSOUS A LA CRÈME
Faites roussir dans une casserole en terre, quatre gros oignons blancs et autant de
petites courges vertes dites «œhez nous» carbassou» pelés et hachés en menues rondelles. Quand
ils sont cuits, assaisonnez, liez avec une béchamel, soignée, mettez dans un plat à gratiner,
aux parois prématurément beurrées, saupoudrez de chapelure, gratinez.
Le plat pour être réussi doit, sous la croûte gratinée, être onctueux, parfumé et présenter une belle couleur rousse.
FOQASSE DE GRASSILLOS
Prendre un morceau de pâte à pain ordinaire, hacher très finement les grassillos, les
incorporer à la pâte, laisser reposer, dresser la fogasse et enfourner.
�D'UN
PEU
PARTOUT
Les Huîtres Je Caphretoio
« Les huîtres de Capbreton sont encore l'un des meilleurs plats du département des
Landes. Il s'en consomme une quantité énorme à Bayonne et à Biarritz. Elles deviennent
fort belles, et constituent une partie importante de l'élevage des marennes vertes. Elles sont
en effet expédiées à Marennes lorsqu'elles ont atteint une certaine grosseur et là, par l'effet
des eaux spéciales de Marennes, elles deviennent vertes et tiennent leur place parmi les
meilleures. On donne improprement à cette huître le nom de Capbreton ; elle est élevée en effet
dans l'admirable étang de Hosséger, entouré de pins majestueux; ou le flux de la mer, à deux
pas, vient deux fois par jour, apporter son onde fraîche et toujours renouvelée. Capbreton est
de l'autre côté du canal.
On nomme communément garbure toute soupe de légumes divers cuits au bouillon
avec graisse de porc ou d'oie, lard haché ou non, et dans lequel on a jeté du pain coupé en
tranches minces. Mais la garbure doit avoir reçu avec les légumes, de la viande confite à la
graisse ou tout au moins salée, jambon, côtes séchées, saucisson ou goula. Voici donc plusieurs recettes :
1° dans un pot de terre vernissé intérieurement (les pots de fonte ou de fer donnent
un goût manquant de finesse) mettez de l'eau à bouillir; quand elle bout, jetez-y des pommes
de terre épluchées et coupées en gros morceaux et autres légumes frais de saison : fèves,
poisouharicots. Saler et poivrer; servez-vous de piment rouge si le poivre manque ; adouber
avec ail, une branche de thym, du persil ou de marjolaine frais. Laissez cuire, avisez que l'eau
ne cesse de bouillir.
Ayez d'autre part des choux verts bien tendres : taillez -les aussi finement que possible en lanières sur la largeur de la feuille, après avoir enlevé les côtes trop grosses.
Le reste étant bien cuit, jeter les choux dans le bouillon bouillonnant, couvrir le pot
afin qu'ils restent verts et demi- heure avant de servir plonger dans le tout un morceau de
viande confite : lou trèbuc ; la graisse qui adhère suffira.
Si la viande est de porc, un peu de graisse d'oie donnera plus de finesse à la préparation. Tailler du pain bis et rassis en minces tranches et jeter dessus bouillon et légumes.
Le mélange doit être assez consistant pour que la louche se tienne debout quand on l'a plantée
au milieu de la soupière.
2° On peut faire de bonne garbure sans trèbuc ; toutefois, il est nécessaire de mettre
dans l'eau froide un bout d'os de jambon ou un saucisson ou, tout au moins, du petit lard
(hampe ou hampetè) Le chou blanc peut remplacer le chou vert.
3° Pour la garbure quotidienne, de tout die, on se contente le plus souvent d'un morceau de lard ou de gras de jambon ou encore d'un hachis de lard avec de l'ail écrasé.
Selon la saison, on ajoute quelques tranches de rave rose, des châtaignes grillées. En
hiver les haricots, étant secs, on les fait cuire au préalable et l'on jette l'eau dé cette cuisson
dont le goût ôterait à la garbure son parfum particulier.
Pour épaissir le potage on écrase parfois les haricots qui sont passés à la grosse passoire.
Une bonne goudale est le complément indispensable de toute garbure.
Il va de soi que la viande est servie à part, comme le bouilli du pot-au-feu, soit seule,
soit avec des légumes. Certaines cuisinières passent le trèbuc à la poêle avant de le mettre
dans le bouillon. Il faut dans ce cas ajouter la graisse nécessaire mais non celle qui est restée
dans la poêle.
Simin PALAY (La Cuisine en Béarn)
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Ouliat~> ou Tourri
Mettez à cuire dans un poêlon de terre, avec graisse et huile d'olive, de l'oignon
haché, quand l'oignon a pris de la couleur, ajoutez de l'ail écrasé et faites cuire. Versez l'eau
chaude en quantité nécessaire, mettez un bouquet de thym et de persil, poivre et sel, faites
bouillir une demi-heure puis versez sur des tranches de pain à travers la passoire. On se
sert parfois de bouillon de haricots, de pois secs, de fèves ou d'asperges. On peut ajouter, au
moment où l'on jette dans la soupière un œuf et un filet de vinaigre. L'œuf peut être remplacé par du gruyère râpé. A la saison on met à cuire avec l'oignon des tomates épluchées et
coupées en tranches.
Ce potage est délicieux et très appétissant.
Cette préparation est particulière au Montanérez et au Vie Bilh.
Prenez du sang de veau cuit, du maigre des joues de veau, du gras double, de la rate,
le tout cuit d'avance à l'eau salée et poivrée. Coupez en dés et faites revenir à la cocotteCela fait mettre un oignon haché fin et tourner, ne pas laisser brûler l'oignon. Quand l'oignon
est cuit ajoutez un hachis d'ail et de persil. Donnez un tour. Saupoudrer de deux cuillerées
de farine, tourner et bien mélanger. Verser doucement en tournant toujours deux verres
d'eau ou de bouillon. Laissez mijoter une bonne demi-heure.
Un quart d'heure avant de servir ajouter cornichons ou câpres.
La Demandade de Benejacq se prépare de la même façon.
Le jMiêlsat^>
Le Melsat est une façon de gros boudin blanc qui mériterait d'être plus connu qu'il ne
l'est. A Paris, jusqu'à ces derniers temps, on ignorait totalement l'existence de cette délicieuse
charcuterie si appréciée en Albigeois.
Voici comment se prépare le Melsat :
1° Détaillez en tranches minces 500 grammes de pain de ménage rassis. Mettez ce pain
dans une terrine et versez dessus 30 œufs battus en omelette. Remuez pour bien mélanger et
laissez macérer le mélange pendant 24 heures, en le tenant dans un endroit frais.
Ajoutez à ce mélange 2 kilos de chair de porc à saucisse hachée désossée coupée en
morceaux carrés de 2 centimètres de côté. Assaisonnez de sel fin et de poivre.
2° Remplissez de ce mélange de gros boyaux de porc (en ayant soin de ne les remplir
qu'à moitié, pour éviter qu'ils n'éclatent pas en pochant).
Plongez les mélsats dans une grande chaudière remplie d'eau en ébulition.
Laissez pocher à simple frémissement de l'eau pendant 3 heures.
Egouttezies mélsats, mettez-les sur un linge, recouvrez-les d'un autre linge et laissez-les
refroidir. Le Mélsat se mange froid, tel quel, ou on le met à chauffer dans une soupe aux
haricots ou aux choux.
à la
Voici comment on prépare les fameux Ortolans des Landes. C'est notre ami M. Félix
Campagne, qui il y a quelques années dirigeait l'Hôtel de France à Paris, qui nous dévoile le
secret de cette préparation.
«Je dois avouer, dit-il, qu'au cours de quelques belles randonnées automobiles dans les
immenses solitudes des Landes, en compagnie de quelques amis doués comme moi d'une
bonne fourchette, il nous est arrivé d'en manger chacun une bonne demi-douzaine. Ils avaient
d'ailleurs été précédés eux-mêmes d'une bonne douzaine d'autres plats plus ou moins copieux.
Et voici comment on nous les préparait : La bonne aubergiste chez qui nous avions coutume de les savourer, les troussait avec beaucoup d'art, et les plaçait tout simplement
chacun dans sa petite caissette de papier écolier bien blanc. Ils étaient alignés ainsi côte à
côte, dans une lèchefrite et cette lèchefrite était placée, dans une grande cheminée, devant
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un grand feu de bois. On massait tout autour et au-dessous la braise même du feu de bois
et on les regardait mijoter dans leur graisse fondante.
Chacun pouvait à la vue, les laisser cuire selon son goût. On les salait, on les rehaussait d'un tour de moulin (à poivre) et on les mangeait du bout des doigts. C'était divin I »
Escargots à la LoJévoiseJ
Après un jeûne assez prolongé et un nettoyage fait en règle, faites cuire les escargots
dans un court-bouillon à l'eau, assaisonné de sel et aromatisé avec thym, laurier, serpolet.
D'autre part, faites revenir à l'huile deux oignons et un morceau de jambon; ajoutez
de l'ail haché et un hachi composé des herbes suivantes : épinards, bettes, chicorée, persil,
cerfeuil et quelques feuilles de bonhomme (sorte de menthe dont le revers de la feuille a une
teinte violacée).
Mouillez ce mélange avec du bouillon. Laissez cuire à petite ébullition pendant 2 heures
Ajoutez dans cette sauce les escargots bien égouttés, assaisonnez de haut goût (ce plat
doit être très relevé) Faites bien mijoter.
Un quart d'heure avant de servir, liez de deux jaunes d'oeuf; ajoutez un échaudé réduit
en poudre et deux noix finement hachées.
La sauce doit être très courte, chaque escargot étant juste recouvert de la sienne.
J. ROUVIER
Propriétaire du Grand Hôtel du Nord
Lodéve
CabassoltLs
Sous ce nom patois on désigne les pieds, la tête et la tripe dite « Fraisette » des déli.
cieux agnelets du Larzac que l'on abat en grande quantité à la saison pour être expédiés à
Toulouse et à Bordeaux.
Ces abats sont préparés, à la façon du pot-au-feu, avec du jarret de veau, du jambon
et les légumes aromatiques habituels.
Le potage produit par ces viandes et qui a un goût spécial est très apprécié des Lodèvois.
Les viandes se mangent avec une vinaigrette dans laquelle on ajoute la cervelle de
l'agneau écrasée.
J. ROUVIER
Les manouls se composent .de petits paquets de tripes de veau (ou de mouton) garnis
, d'une farce faite avec jambon, mie de pain, persil, ail, liée à l'œuf et bien assaisonnée.
On fait cuire les manouls comme les cabassols, c'est-à-dire dans un pot-au-feu.
J. ROUVIER
Le Cep
Le Cep de petite taille et ferme est ordinairement frit à l'huile dans un poêlon de terre.
Le cep mieyé, moyen est cuit à la poêle d'acier. Le grand cep est parfois cuit sur
le gril, avec de nombreuses bardes de lard gras, parfois dans la poêle, taillé en tranches
minces.
Chacune de ces préparations reçoit un abondant hachis d'ail et de persil.
Les queues saines des champignons sont coupées en lamelles et mises à sécher. Elles
trouveront leur emploi dans les sauces.
Après le cèpe, c'est à la lécassine, le morille, que le béarnais donne la préférence. La
lécassine, frite à l'huile ou à la graisse, est souvent incorporée à l'omelette. Comme elle possède un grand pouvoir absorbant et qu'il faut dès lors, de l'huile, ou de la graisse en quantité, on dit : « gourmand comme lécassine ».
Les autres espèces de champignons — comparons, camparoles — sont presque dédaignés
on n'en consomme que faute de mieux. Aussi n'est-ce pas en manière d'éloge qu'on qualifiait
les gens d'Aurions en Vic-Bilh de « camparoulès ».
Simin PALAY. (La Cuisine en Bèarri)
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Omelette aux Pignons
Conservez les pignes ou pommes de pins à pignons que vous aurez récoltées pendant
vos vacances de Pâques et ne les ouvrez que lorsque vous voudrez faire votre omelette.
Faites-les alors ouvrir tout doucement auprès du feu et secouez-les pour en faire tomber les pignons dont vous cassez la coque avec précaution pour les conserver bien entiers.
Pelez-les. Réservez-en une partie que vous pilez ou hachez menu.
Cassez vos œufs, salez légèrement et battez fort. Passez vivement vos pignons entiers
à la poêle dans la graisse, de l'huile ou au beurre, peu importe, pourvu que l'un ou l'autre
soit d'extrême fraîcheur.
N'attendez pas que les pignons se colorent, il suffit qu'ils soient à peine blondis. Reprenez vos œufs dans lesquels vous avez incorporé vos pignons pilés et tout en les battant, versezles dans la poêle sur les pignons entiers et procédez ensuite comme pour une omelette ordinaire. Vous pouvez aussi faire cette omelette au sucre, salez alors très légèrement, saupoudrez de sucre vanillé avant de la plier et recouvrez encore de sucre avant de servir.
Henriette AZAIS
Flaunes ou Flauzonnes de Lodève
Cette vieille pâtisserie était jadis très en vogue à Lodève. Elle mériterait d'être
remise en vogue.
La pâte se prépare avec -8 livres de farine, 48 œufs, 12 petits fromages de brebis,
1/2 litre d'eau de fleur d'oranger, 100 grammes de sel.
Après avoir été travaillée selon la méthode habituelle, cette pâte est couchée sur
plaque à la poche ou à la cuillère, comme les choux à la orème et cuite au four.
J. ROUVIER
A PROSPER MONTAGNE
O ! gourmets du temps de nos pères,
Humeurs de piots fort réputés,
Balthazar, monarque éphémère,
Lucullus, Brillât, Rabelais,
Vous, fervents des joies de la terre,
— OT délices des jours fanés,
Votre âme en ce jour nous est chère :
Nous avons Prosper Montagné.
Car c'est à lui que nos grand'mères,
Sœurs incomparables des fées,
Vinrent confier les mystères
D'un talent demeuré secret.
Oui, le miracle culinaire
Dont nos aïeux furent charmés
Ce soir renaît, le charme opère :
Nous avons Prosper Montagné,
L'Occitanie peut être fière
De voir ainsi ressuscité
Par vous, fils d'une telle mère,
Le génie des siècles passés.
Ainsi les vieux mets qu'ils chantèrent,
Espoirs si longtemps caressés,
Ne sont plus pour nous des chimères :
Nous avons Prosper Montagné,
ENVOI
Et ceux d'Occitan ie, vos frères,
Viennent boire à votre santé,
O I Prince de la bonne chère :
Nous avons Prosper Montagné.
Fernand CRÈMIEUX
{Ballade» pour la Soirée du 8 Mars 1927)
�Bois gravé d'Achille Rouquet
L'ESPRIT
Les Vin eu du JS/Liài
Le Midi produit en grande quantité des vins d'ordinaire : cela ne doit
pas faire oublier qu'il donne aussi des vins de choix, notamment en Gascogne
et en Languedoc.
Les crus renommés de la Gascogne sont parmi les plus anciens de France.
Certains sont connus de tous, le Jurançon par exemple. Pratiquement, on en
boit peu. Ce n'est pas que les Gascons taisent le mérite de leurs vins, leur
modestie ne va pas jusque-là. Tout simplement, ils les boivent entre eux, et
comme la production est limitée. On ne les exporte guère.
Il y a deux grands crus de vins blancs : Jurançon et Portet, et un grand
vin rouge, le Madiran. A vrai dire, on fait aussi du Jurançon rouge, mais de
mérite secondaire.
1°— Jurançon — Les vignes de Jurançon recouvrent les coteaux qui font
face à la célèbre promenade de Pau, et s'étendent au-delà, jusqu'à Monein.
Le viticulteur, soucieux d'obtenir le meilleur vin, laisse mûrir ses raisins et ne
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les cueille qu'aux derniers jours de l'automne, lorsque la pourriture noble,
qu'on appelle dans le pays « passerillage,» les a recouverts. On n'agit pas
d'autre manière en Sauternes.
Le plus souvent, le Jurançon jeune est jaune clair et légèrement sucré.
Lorsqu'il vieillit, il prend de la couleur et souvent de la sécheresse. Les vieilles
bouteilles de grandes années ont un fumet prodigieux, qui dépasse de loin
les meilleurs vins du Rhône. On croira que nous exagérons ; il n'en est
rien. Mais il est donné à si peu d'amateurs de goûter ces réussites merveilleuses que quelques propriétaires gardent jalousement au fond de leurs caves T
Avant la guerre, vivait à Pau, une excellente femme, la Mère P... C'était
la forte femme dont parle l'Écriture, avec une paire de moustaches et même
un peu de barbe.
Son accent était retentissant et elle accueillait ses bons clients avec
une amabilité débordante de tendresse.
J'y avais mes habitudes et chaque fois que j'allais à Pau, dont notre maison de campagne n'est pas éloignée, elle me recevait à bras ouverts : «EhTmon
Fi, qu'est-ce que je vais te donner aujourd'hui?» disait-elle. « Té I veux-tu
une belle truite du Gave, et puis un perdreau rouge, et puis des cèpes, et
puis un foie de canard, et puis... » il y avait comme cela une litanie fort agréable à décliner. Et, par dessus tout, la splendeur d'un Jurançon 1865 dont
aucune parole ne peut donner l'idée. J'ai fini par acheter toute la provision.
Elle a été bue religieusement. Et les Gascons qui l'ont connue gardent un
souvenir attendri à la Mère P... que Dieu a rappelée à lui.
Mais il faut bien se garder de confondre le vrai Jurançon avec les imitations que fait le commerce. Celui-ci n'offre que trop souvent des vins provenant de cépages inférieurs et auxquels par des procédés divers tels que le
mutage, on a donné arbitrairement un excès de liqueur. C'est par de tels procédés qu'on a discrédité le Jurançon.
2° — Pacherenc ou Portet— Les Portet sont les cousins des Jurançon.
Ils sont moins connus, mais de qualité à peu près égale. Parfois on les appelle
« Pacherenc ». C'est qu'aux environs de Portet, on laisse monter la vigne très
haut : les ceps ont parfois deux mètres, et les sarments s'enroulent autour
des arbres ou bien sont portés par des piquets appelés « Pachettes ». D'où
Pacherenc, vin des Pachettes.
Le défaut du Portet est d'offrir souvent de l'acidité. Cela ne tient qu'à
une vinification trop lente. Le vin s'oxyde très vite au contact de l'air ; d'où
une sorte de madérisation. Il serait bien souhaitable que les propriétaires
adoptassent la promptitude et la dextérité des Champenois, dont les pressoirs
électriques traitent le raisin rouge si vite qu'ils en obtiennent un jus presque
incolore.
*
* *
Jurançon et Portet sont des vins blancs que l'on peut boire tout au long
du repas. Ils accompagnent à merveille les rôtis et plus particulièrement le
gibier. Une rôtie de perdreaux rouges, de bécasses ou de grives, un civet de
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lièvre sont magnifiquement auréolés par ces vins d'une générosité et d'une
richesse illimitées.
L'auteur de ces lignes possède encore dans sa cave quelques bouteilles
de Pacherenc et de Portet anciens qui sont des modèles du genre.
Lorsqu'ils sont de grande année, ils se conservent presque indéfiniment.
En moyenne, Jurançon et Portet ont vraiment toute leur qualité après une
vingtaine d'années.
3°—Madiran— Les Madiran sont des vins rouges. Ils proviennent
d'une région peu étendue dont le centre est le chef-lieu de canton de ce nom.
A Madiran, se trouve une petite Vierge de bois qui a fait un premier
miracle : celui de se conserver pendant des siècles sans se détériorer. C'est
Notre-Dame des Vignes. Nous avons en sa personne une ancêtre directe de
Notre-Dame de Lourdes dont on peut regretter qu'elle ait éclipsé par son
immense notoriété la célébrité de son aïeule. Notre-Dame des vignes se contente d'être la plus efficace ; et ce n'est là diminuer en rien les mérites de
la Vierge de Lourdes. Mais quoi d'étonnant? L'une a le vin, et l'autre n'a que
l'eau. Les miracles de la Vierge de Madiran sont quotidiens, originaux et considérables. On lui doit une moyenne d'existance humaine prodigieusement
élevée (70 ans), des filles sages et magnifiques, un soleil vigoureux.
Les vins de Madiran se distinguent par un excès de tannin, qui tient
à la déplorable habitude des cultivateurs de la région. Ceux-ci laissent cuver
leur vin presque indéfiniment : trois semaines, et plus. On comprend, que
dans ces conditions, le vin se charge d'éléments qui le dénaturent et que loin
d'y gagner, il y perde. Et pourtant, malgré ce lourd handicap, les vins de
Madiran trouvent le moyen de s'imposerpar leur qualité : n'est-ce pas le signe
le plus évident d'un terroir béni ?
Quelques propriétaires qui connaissent bien leur profession ont tenté
de réagir et de cuver de cinq à sept jours : ils obtiennent des résultats admirables.
On trouve dans les caves de larégion des vins très anciens. La coutume
est de les conserver en bonbonnes et de les mettre en bouteilles à mesure des besoins. Le procédé mérite attentions. On sait que plus la dimension des bouteilles augmente, plus longue et meilleure est la conservation du vin. Tant et si
bien qu'il existe des vins de Madiran dont la vigueur est restée intacte, et si
anciens pourtant qu'ils ont perdu leur couleur. Il s'est formé un précipité et
le liquide est devenu blanc pâle. Il a l'odeur d'un vin rouge et le goût d'un vin
blanc. Tels sont les 1848 du Clos des Tuileries, qui appartiennent à MM.
Nabonne.
*
En résumé, le Bassin de l'Adouroffre des vins d'une qualité remarquable
mais que l'on ne produit qu'en petite quantité. Ils sont presque tous consommés sur place, et font des délices des amateurs qui ne sont point tentés
de les exporter.
C'est grand dommage; ils méritent d'être connus. Il est à souhaiter
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d'une part que les amateurs les demandent, et d'autre part, que les propriétaires de la région, portant tous leurs soins à une vinification meilleure,
cessent de se confiner dans un superbe isolement, se constituent en syndicat
et fassent connaître, mieux que par le passé, des vins véritablement dignes
de figurer au tout premier rang dans l'admirable production française.
Paul de CASSAGNAC
Le vin qui fait l'orgueil des populations Landaises, c'est le fameux « vin de sable ».
Comme son nom l'indique, les vignes qui le produisent sont disposées le long des dunes et des
monticules sablonneux qui courent très près de la mer de Capbreton par Soustons jusqu'à
Mimizan et Parentis en Born. Il en est de blancs, il en est de rouges. Je les déclare tout simplement excellents mais c'est aux blancs que je donne la préférence.
Ils sont bien secs, francs de goût, d'un bouquet vigoureux et suave, d'une délicatesse...
encourageante pour le palais. Je les comparerai volontiers aux vins de Pouilly, aux Chablis,
certains mêmes, les meilleurs parmi ceux qui restent, donnent absolument l'impression des
grands vins^de Champagne non champagnisés.
F. CAMPAGNE
�LA VINHO
I
III
LOU BOURROU
LOU RASIN
La primo rits, l'ivèr s'amago,
Dins soun cos la souco ramudo
Lou renouvèl pertout bruzits;
Sentits courri lou sang d'agoust ;
La souco endourmido fruzits
Lou rasin se couflo de moust
Joust lou soulel qui l'amanhago.
E sa raubo d'estiu se mudo.
Un lum de reviscol, dal cèl
Roussèlo, lablanqueto rits,
Davalho jusqu'à sa racino
Lou picopoul met gaunho fresco,
E dal founs de l'es curesino
Lou muscat se vestits de bresco,
Mounto a soun bras un punt roussèl.
La carinhano s'ennegrits.
Lou bourrou se desencatèlo,
Lou mes de septembre s'aubouro,
Al soulel alando soun cor,
Espèrto-te, trabalhadoul
Lou clar mati lou vestits d'or
Pren lou paniè vendermiadou,
E sus soun cap met uno estèlo.
Dal grand prefait a picat l'ouro.
II
IV
LA RAMO
LOU VI
Sus la garrigo e dins la piano,
Dins lou vaissèl lou soûle lcanto :
Dins lou Miechjour encantarèl
« Evohe I Glôrio al dius Bacus
La vinho espandits soun mantèl
« Que dins lou sang dal divenc jus
Coum'uno bèlo castellano
<< A mes soun amo estrambourdanto.
La cigalo canto Julhet,
Que « lou vin pur de noste plant »
Pertout lou campestre verdejo ;
A plen rajol giscle e s'asounde
Las fèlhos ount lou vent fadejo
Per, dins lou cor, mètre en abounde
En tremoulant fan risoulet.
Lou foc ardent e lou balan.
Meutre que de tout lou terraire
Poutounejem a pleno bouco
Un sant espèr mounto e creissits
Lou vi, nostre grand majoural ;
Dount l'agradin ressou'nhusits
Vièlhs, jouvents, al tôt dal barrai
Lou cor dal brave trabalhaire.
Tetem lou lait de nostro souco I
Doctou P. ALBAREL
Majoural dal Fèlibrige
�LA
VIGNE
i
LE BOURGEON
Le printemps rit, l'hiver se cache, le renouveau partout
frissonne sous le soleil qui la caresse. Une lumière de résurection,
racine et du fond de l'obscurité monte a son bras un point jaune.
soleil il ouvre son cœur ; le clair matin le revêt d'or et sur sa tête
bruit; la souche endormie
du Ciel, descend jusqu'à la
Le bourgeon se déploie, au
met une étoile.
II
LES FEUILLES
Sur le côteau et dans la plaine, dans le Midi enchanteur, la vigne étend son manteau
comme une belle châtelaine.
La cigale chante Juillet, partout la campagne verdoie, les feuilles où le vent folâtre
en tremblant font risette, pendant que du terroir un saint espoir monte et augmente, dont
l'agréable écho enchante le cœur du bon paysan.
III
LE RAISIN
Dans son corps la souche feuillue sent courir le sang du mois d'Août, le raisin se
gonfle de moût et sa robe d'été change.
Dorée, la blanquette rit, le picpoul met une joue fraîche, le muscat s'habille de jaune
le carignan noircit.
Le mois de Septembre s'éveille, lève-toi, vigneron T prends le panier à vendanges, du
grand travail a sonné l'heure.
IV
LE VIN
Dans le tonneau le soleil chante : « Evohé ! Gloire au Dieu Bacchus qui dans le sang
du jus divin a mis son âme pleine d'enthousiasme. »
Que «le vin pur de notre plant » à plein jet gicle et se répande pour, dans le cœur,
mettre en abondance le feu ardent de son élan.
Embrassons à pleine bouche le vin, notre grand ancêtre ; vieux, jeunes, au goulot de
la bouteille tétons le lait de notre souche.
Dr P. ALBAREL.
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L'EXPOSITION GASCONNE
Les règles générales sont généralement fausses, car il n'est, en tout, que des cas particuliers. Mais, comme elles flattent les goûts moutonniers des foules, comme elles dispensent
celles-ci de l'efïbrt critique, elles ont force de loi, et valeur d'axiomes.
Ainsi il est établi qu'il ne saurait naître sur les bords, ou au Sud de la Garonne, un
homme discret dans ses épanchements, mesuré dans ses goûts, loyal en affaires, et laborieux.
Voit-on bien tout l'avantage de cette opinion ? Elle permet, par élémentaire déduction, de ne
chercher, et sans fatigue, un homme aussi estimable qu'au nord de cette ligne de partage
des sots.
Personne, et surtout un Gascon, n'aurait l'outrecuidance de battre en brèche ee monument séculaire de psychologie universelle. Mais sur ces Feuillets, où tout ce qui est Occitan
doit être noté, on doit signaler l'Exposition Gasconne tenue le mois dernier, dans le hall du
Petit Journal, parce qu'en plein Paris, elle a montré à des milliers de gens qui ne sont pas
Gascons les travaux de ceux-ci et les ressources de leur petite patrie.
Ainsi, ces visiteurs ont appris que des écrivains tels que — on les cite sans ordre aucun— Edouard Dulac, J. F. Louis Merlet, Georges Lacassie, Serge Barraux, Gabriel Tallet,
Tristan Derène, Pierre Benoît, Charles Deremes, F'rançois Maurice, Jean Rameau, ValmyBàysse, Thierry Sandre, François Duhourcau, Jean d'Astorg, Marcel Callède, Joseph de Pesquidoux, Martial Piéchaud, Armand Praviel, Gaston Chérau, André Lamandé, Louis Lasserre
Georges d'Esparbès, et vingt autres, sont, parmi les écrivains vivants, des Gascons.
De même, ils ont admiré les toiles de Bibal, de Louis Buffin, de Zo, de Jean d'Esparbès, de
Ramiro Arrué, d'Edgard et de Maxime Aillet, les aquarelles de Pierre et de Charles Ducolomer, les dessins de Léon Cheval et ceux de Luis, les sculptures de Bourdelle.de Charles
Despiau, de Richelet, de Wlériek, les céramiques de Cazaux, et bien d'autres œuvres intéressantes d'artistes de chez nous.
Enfin, dans la section économique, nos foies gras, nos biscuits, nos jambons, firent
leurs délices ainsi que nos vins et nos liqueurs.
De leur visite, ces Parisiens et ces provinciaux ont emporté des livres, des œuvres
d'art et des victuailles. Rentrés chez eux, ils auront appris à mieux connaître la Gascogne
et les Gascons. Surpris peut-être, ils auront dû avouer que l'esprit et le terroir de notre SudOuest possèdent d'appréciables dons.
Grâces en soient rendues à l'organisateur de cette belle manifestation régionaliste,
notre confrère Le Cadet de Gascogne, et à son directeur Raphaël Larquier.
Jean LAMOLLÉ
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�Le Cahier Régionaliste des Feuillets Occitans
Le cahier régionaliste,des Feuillets Occitans paraîtra en Août. Les graves
et importants problèmes, soulevés un peu partout dans les provinces françaises
pàr l'application du programme régionaliste, nous ont incité à procéder à une
vaste enquête sur le problème occitan, déjà abordé sur certain point par l'enquête de notre collaborateur E. H. GUITARD parue dans nos cahiers de la première série.
Nous publierons dans ce cahier : « Le Régionaliste en marche et nous »
par notre Président F. Cros-Mayrevieille. Joseph Delteil, esquissant sa pensée
donnera dans ce cahier un « Essai de Programme pour une Organisation du
Midi » ce ne sera pas encore un manifeste; mais une causerie avec «les fils
du Midi»
Situant le rôle de l'Occitanie dans la Pensée Moderne, Benjamin Crémieux avec ses « Propos Hérétiques sur l'occitanie» ne manquera pas de susciter de passionnantes controverses. Nous ferons appel à tous ceux que les
questions occitanes intéressent et nous consacrerons un cahier aux critiques,
suggestions et conseils que ces enquêtes provoqueront.
Les Prochains cahiers des Feuillets
Nous donnerons dans nos prochains cahiers :une étude de Adrien Raynal sur le compositeur Occitan Paul Lacombe qui vient de mourir à Carcassonne sa ville natale ; la suite de
la savante étude sur « La Race Occitane» de E. Litre qui paraîtra ultérieurement dans notre
collection des «Documents Occitans»; nous donnerons une étude sur le peintre-graveur
Max Thëron, parA. Marie Poujol; de J. Camp, TOustaï; de Charles Roussillon, Le Carnaval
en Roussillon; de Léon Combes, des chroniques et des poèmes; de Boyer d'Agen, une étude
sur Jasmin ; de Jean Girou, une monographie du peintre Achille Lauçjè; de François Desbrôsses,
VEnclave ; de J.-S. Pons, des poèmes catalans; de Louis Estève, Après Vêpres poème ; de Pierre
Etienne Martel, l'un des auteurs de Vin Rouge, une étude sur le bel artiste occitan, Lucien
Cadène; de Jean Lebrau. Les bonnes feuilles du Pays d'Aude (à paraître)La Montagne Noire;
de J. L. Lagarde, La Chanson en Languedoc ; etc.. etc..
A l'Académie des Dix de Province
Nous apprenons avec joie que l'Académie des Dix de Province qui comprend des noms
très estimés et de grande valeur dans le domaine des Lettres, citons par ordre alphabétique :
Alphonse de Chateaubriant, H. Cormeau, F. Fabié, Charles-Théophile Féret, E. Guillaumin,
Philéas Lebesgue, G. Maurière, H. Mériot, J. de Pesquidoux, Gabriel Sarrazin, vient d'élire à
l'unanimité comme Membres associés résidant à Paris pour le caractère régional de leur
œuvre et pour les services rendus journellement à la cause des Lettres provinciales : Charles
Brun, A. M. Gossez, Jean Ott, Noël Sabord, et Frédéric Saisset, vice-président de notre Groupe
Occitan.
"La Renaissance Provinciale consacrera des pages aux nouveaux élus. Nous nous ferons
un plaisir de les communiquer à nos lecteurs.
LES ÉDITIONS "AU GAY SÇAV0IR" Gaston Vinas, éditeur, av. de la République à Séziers
publient une remarquable collection :
Nostra Dama del Grau de Gaston Vinas vient de paraître. — paraîtront prochainement :
Cansoun di Mirage, de M. d'Elly. — L'Egasier de G. Vinas. — Tristan et Iseult de M"" J. Barthés. — Perlou de Léon Tourre, Escriveto de M"* J. Barthès etc.. etc..
« OC » de Toulouse sous la Direction d'ismaël Girard, est la publication la plus complète d'Occitanie. Les lecteurs des Feuillets Occitans doivent lire Oc, comme ils doivent lire
l'Almanaçh Occitan de l'abbé H. Dambielle et les éditions des «Cahiers Occitans»
Tout bon Occitan doit s'abonner au Gay Saber que publie à Castelnaudary le majorai
Prosper Estieu ; et à la Cigalo Narbouneso qui paraît à Narbonne sous la direction du majorai
P. Albarel.
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JEAN
DUPUY,
PROPRIÉTAIRE
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DU
MAS AMIEL
(Pyrénées-Orientales)
Collaborateurs
et
la Presse
M. Denys Amicl s'est fait l'apôtre et le théoricien d'un art dramatique à base de silences :
pauses durant lesquelles les spectateurs ont le soin de prolonger d'eux-mêmes la pensée des
personnages ;« silences parlés » c'est-à-dire conversations superficielles laissant deviner les
sentiments primordiaux. La souriante Madame Beudet (en collaboration avec M. André Obey)
le voyageur, sont de subtiles inventions psychologiques ; la Carcasse est une salive plus brutale ; Café-Tabac évoque, selon l'expression de l'auteur, l'imperméabilité des âmes. »
(Le jeune Théâtre d'aujourd'hui, article de Georges Tamati, dans Les Primaires, 6, rue
Labrouste, Paris XV". 10° année, n° VIII, Mai 1927)
«r
On nous demande de plusieurs côtés quelle est à ce jour la situation des différents tirages
de « Histoire du Vivarais », publiée, sous les auspices du Conseil Général, par M. Jean Régne
Archiviste de l'Ardèche, iauréat de l'Institut (chèques-postaux, Lyon 6008). Voici la réponse :
1° « Histoire du Vivarais », tomes I & II Épuisé
500 fr.
(prix Gobert 1922 et 1923 à l'Aead. des inscriptions).
2° « La Vie économique et sociale au lendemain de la Guerre de Cent ans »,
(Édition documentaire). Épuisée
50 fr.
(Prix Villard 1926 au Conseil Général de l'Arrondissement)
3 « La civilisation interc » et «La Vie économique » Deux broch, in-8° de 30 p. chacune.
Les deux ensemble
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Chacune à part
12 fr.
4 « La Vie Municipale » (sous presse)
5° « L'Ancien Régime » (en préparation)
Communiqué
�Un Prix de 3.000 frs. décerné en 1927 par l'Académie de Province
à l'Auteur d'un Roman pour la Jeunesse.
Cette Académie a décidé de décerner en 1927 un prix à l'auteur d'un roman inédit
pour la jeunesse.
Le Prix comportera : 1° une somme de trois mille francs et 2" l'Édition du roman choisi
par le jury: Tirage à 10.000 (dix mille) exemplaires (pourcentage ordinaire aux ouvrages parus
ou à paraître dans la même collection).
N. B. — Sans prendre d'avance d'autre engagement, l'éditeur — qui est un grand éditeur
classique parisien — est décidé,^au cas où le jury lui signalerait le mérite d'autres ouvrages
distingués au même concours, à les éditer dans sa collection aux conditions ordinaires de là
dite collection.
L'ouvrage doit former un volume de 256 pages au plus, de 25 lignes à la page et
40 lettres à la ligne.
Les auteurs peuvent dés maintenant et jusqu'à fin Octobre 1927 adresser leurs manuscrits dactylographiés : 1° un exemplaire à M. A. M. Gossez, 89 bis Bould. Brune, Paris (XIV°)
2° un exemplaire à M. Armaïid GOT, 75, rue Mouneyra, Bordeaux (Gironde)
• Le résultat du concours sera proclamé' en décembre 1927 et l'ouvrage mis aussitôt en
impression pour paraître dans le 1" trimestre 1928.
*
Les manuscrits, sauf cas de force majeure-, pourront être repris dans les six mois qui
suivront la proclamation du résultat aux adresses ci-dessus, ou réclamés ; dans ce dernier
cas, ils seront retournés aux auteurs contre remboursement.
COMITÉ DIRECTEUR DU GROUPE OCCITAN :
MM.
.
Président : F. CROS-MAYREVIEILLE,"^. £< ff, è, ^.
Vice-Présidents : Paul SENTENAC, f_§ ; E. GUITARD; Frédéric SAISSET.
^
Secrétaire général : Auguste ROUQUET.
Archiviste : P.-L. GRENIER. 1|_|
Archiviste adjoint : Marcel CLAVIÉ.
Trésorier : Maurice FAVATIER, ^> ^> >faChef des Etudes économiques et agricoles : Docteur GRANEL, ifit, |j| I.
Membres : Léon AURIOL, ifif, ÇJf I. ; J. BONNAFOUS ; Jean CAMP ; Emile COMET,
||,
Fernand CRËMIEUX, :£I ; FRISSANT ; Jo GINESTOU,
^ ; J. LOUBET ; Henry NOELL, Jfit, ^ ; Albert
PUJOL 1
; Georges VILLE,
Délégués régionaux : J. MORINI-COMBY (Nîmes), Gaston VINAS (Béziers), Pierre ét Alida
CALEL (Gourdon), M. BRIN (Le Caire), Léon JULIA (Montluçon), Léon COMBES (Montpellier).
COMITÉ DE PATRONAGE
Délégation permanente des Groupements Régionaux et Locaux auprès du Comité-Directeur
LA VEILLÉE D'AUVERGNE : M. Boudon, Secrétaire général.
LE GROUPE D'ÉTUDES LIMOUSINES : M. de Clarix de Nussac,
Secrétaire
général.
LE CERCLE D'ÉTUDES ROUERGATES : M. Jean Cotereau, Secrétaire général.
LE ROUSSILLON .(Pyrénées-Orientales) : Général Caloni, Président.
LES ENFANTS DE L'AUDE A PARIS : Docteur Digeon, Président.
LES ENFANTS DU GARD A PARIS : M. A. F. Martin, Président.
LES ENFANTS DU TARN A PARIS : M. Selves, Président.
LA GRAPPE DU QUERCY : M. Vialle, Président.
LA SOCIÉTÉ INGRES : Marcel Clavié, Vice-Président.
LES -ENFANTS DE L'HÉRAULT : M. Coudougnan, Secrétaire général.
Ll CIGALE MÉRIDIONALE A STRASBOURG : M. Pujo, Président.
AMICALE DU LANGUEDOC et FÉDÉRATION OCCITANE DU MAROC : M. Laftbnt,
Président.
LIGÀ GUIANA E GASCONHA : M. Lajoinie, Président.
LA LIGUE DE LA CULTURE FRANÇAISE EN ORIENT : M. Brin,
Président.
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Montmartre) nous prie d'annoncer qu'il recherche en ce
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Mercure de France éditeur. — Les Moissons de la solitude poèmes, Saisset éditeur. — Paysage
de l'âme, poèmes Jouve éditeur. — Vers l'amour théâtre avec C. Languine. — Le bonheur passe
théâtre avec A. Bausil.— Le double Crime roman, avec H. Dupuy Maznal, Juven éditeur."—
La Clavellina revue artistique et littéraire publiée à Perpignan.
Pierre JALABERT
Garrigou, Joyeux philosophe roman. — Le Dieu sans couronne théâtre.
Jean LEBRAU
Le ciel sur la Garrigue paèmes. — Images de Moux ou la Louange du Cyprès.
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et le Fourreau, roman.
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L'Action Corporative (Quercy)
L'Activité Nord-Africaine & Coloniale (Paris)
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Les Annales du Musée social (Paris)
Aquitania (Bordeaux)
Arts i Lletres (Barcelone)
L'Aude à Paris (Paris)
L'Aude à Toulouse (Toulouse)
L'Auvergne littéraire, artistique et félibréenne (Clermont-Ferrand)
Le Beffroi de Flandre (Dunkerque)
Biou y Toros (Nimes)
La Bretagne Intégrale (Rennes)
La Brise (Brive)
La Bourgogne d'Or (Chalon-sur-Saône)
Lou Bournat (Périgueux)
Bulletin de la Société Archéologique de
Narbonne.
Bulletin de la Société des Sciences, Arts et
Belles Lettres du Tarn.
Le Cadet de Gascogne (Paris)
Causses et Cévènes (Paris)
Le Cercle du Goût Français (Paris)
Ceux qui viennent (Paris)
La Chaumière (Rouen)
La Cigalo Narbouneso (Narbonne)
La Cigalo Languedouciano (Béziers)
La Cobreto (Aurillac)
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Le Courrier Catalan (Paris)
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Le Domaine (Foix)
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Les Études Poétiques (Paris)
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Le Fleuve (Lyon)
France-Orient (Paris)
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Le Gard à Paris (Paris)
Le Grand Tourisme (Paris)
Lo gai Saber (Toulouse)
Le Grenier (Orléans)
,Les Humbles (Paris)
Idées (Paris)
DES REVUES
L'Idée Neuve (Lyon)
L'Information Régionale (Toulouse)
Le Languedoc (Alger)
Le Limousin (Paris)
Méditerranea (Nice)
Le Mercure de Flandre (Lille)
Le Mietjoun (Rabat)
La Houle (Lyon)
La Nouvelle Revue du Midi (Nîmes)
Oc (Toulouse)
Paris-Critique (Paris)
Paris-Protence (Paris)
Le Parthénon (Paris)
La Pensée Française (Paris)
La Pensée Latine (Paris)
Poésies (Paris)
Les Primaires (Paris)
Le Prisme (Lyon)
La Province (Paris)
L$s Pyrénées Littéraires (Toulouse)
Les Rayons (Bordeaux)
La Renaissance Provinciale (Paris)
La Revue des Autodidactes (Toulouse)
La Revue des Indépendants (Asniéres)
La Revue Latine (Paris)
La Revue Limousine (Limoges)
La Revue de la Nièvre et du Centre (Paris)
La Semaine Vinicole (Paris)
Septimanie (Narbonne)
La Science Historique (Paris)
Bulletin de la Société des Arts et Sciences
(Carcassonne)
Le Sol Sacré (Toulouse)
Le Bulletin de la Société Centrale d'Agriculture de l'Aude (Carcassonne)
Le Rouergue (Paris)
La Science Historique (Paris)
Bulletin de la Société d'Etudes Scientifiques
de l'Aude (Carcassonne)
La Semaine à Paris (Paris)
Le Semeur de Normandie (Falaise)
Le Soleil d'Oc (Toulouse)
Le Tarn à Paris (Paris)
La Terre d'Afrique (Alger)
La Terre d'Oc (Toulouse)
La Tramontane (Perpignan)
Les Tablettes de la Côte d'Azur (St-Raphaël)
Le Touring-Club (Paris)
Le Trait-d'union (Paris)
La Tribune Règionaliste (Paris)
U Laricciu (Marseille)
Le Bulletin de l'Union des Fédérations des
Syndicats d'Initiative (Paris)
La Vie Economique des Soviets (Paris)
La Vie Française (Le Caire, Egypte)
�Principaux Collaborateurs
Lettres Françaises : J. F. Paul ALIBERT ; Jean AMADE ; Louis ANDRIEU ; J. ANGLADE ;
Achille ASTRE ; Jean AZAÏS; Jean BADOUA ; Daniel BAQUÈ ; A. BAUSIL ; Adrienne BLANCPÉRIDIER ; BOYER-D'AGEN; J.-J. BROUSSON ; Pierre et Alida CALEL ; Jean CAMP ; Paul
CASTELA; CHARLES-BRUN ; G. CHÉRAU, de l'Académie Concourt; Marcel CLAVIÉ;
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Georges VILLE ; Jules VER AN ; etc...
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AURIOL; Abbé DAMBIELLE ; Prosper ESTIEU; Adolphe FALGAIROLLE ; M. FRISSANT;
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G. VINAS ; etc.
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CLAUDEL ; DESNOYERS ; G. DEVOS; DOMERGUE-LAGARDE ; L.-C. AYMAR ; H. FAVIER ;
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LAPRADE ; Jean MAGROU ; Jean MARSEILLAC ; MAX-THERON ; PARAYRE ; RAMEY ;
RAMOND ; Paul RAYNAL ; E. REY-ANDREU ; Achille ROUQUET ; Auguste ROUQUET, etc..
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Aimé GRANEL ; A. PASSERIEUX ; Pierre du MAROUSSEM, etc..
Histoire, Archéologie, Fok-Lore: Fernand CROS-MAYREVIEILLE ; E. ROUX-PARASSAC;
L. LAGARDE ; E. LITRÉ ; Prosper MONTAGNÈ ; FOIX; Abbé SABARTHÉS.
Chroniques de l'Amérique Latine : Jean CAMP ; de SAINT-VINCENT-BRASSAC.
Chroniques Italiennes : SILVAGNI.
Chroniques Roumaines : Mlle URSU.
Chroniques Portugaises : PEREIRA da SILVA.
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Patrimoine écrit occitan:périodiques
Description
An account of the resource
Ce set contient les périodiques numérisés par le CIRDÒC issus des collections des partenaires d'Occitanica
Revista
Item type spécifique au CIRDÒC : à privilégier
Variante Idiomatique
Languedocien
Région Administrative
Languedoc-Roussillon
Aire Culturelle
Languedoc
Roussillon
Type de périodique
Revistas d'estudis localas = Revues d’études locales
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Les Feuillets occitans : Languedoc, Roussillon, pays d'Oc. - 1927, N.S., n°03 (Juin)
Subject
The topic of the resource
Littérature occitane -- Périodiques
Mouvement occitan -- Périodiques
Régionalisme -- Périodiques
Régionalisme (littérature) -- Périodiques
Gastronomie -- France (sud)
Description
An account of the resource
Les Feuillets occitans. - 1927 - N° 3. Numéro spécial : La gastronomie méridionale
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Cros-Mayrevieille, Fernand
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Groupe occitan (Paris)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1927-06
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public/Domeni public
Relation
A related resource
Vignette : http://occitanica.eu/omeka/files/original/c248fac8a2e9de71e867293c23d608ab.jpg
http://www.sudoc.fr/127555161
Is Part Of
A related resource in which the described resource is physically or logically included.
Les Feuillets occitans (<a href="http://occitanica.eu/omeka/items/show/12808">Accéder à l'ensemble des numéros de la revue</a>)
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol. (p. 58-103)
Language
A language of the resource
oci
fre
Type
The nature or genre of the resource
Text
publication en série
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
http://occitanica.eu/omeka/items/show/12831
FRB340325101_M3_1927_03
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
19..
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence ouverte
Date Issued
Date of formal issuance (e.g., publication) of the resource.
2016-03-29 Françoise Bancarel
Date Modified
Date on which the resource was changed.
2016-06-08
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Montagné, Prosper (1865-1948)
Ginestou, Joseph François Eugène (1882-19..?)
Fourès, Auguste (1848-1891)
Falgairolle, Adolphe
Vinas, Gaston (1885-1940)
Sentenac, Paul (1884-1958)
Rouquet, Auguste (1887-19..)
Azaïs, Henriette
Pujol, Albert
Rieux, Louis
Perbosc, Antonin (1861-1944)
Crémieux, Fernand
Cassagnac, Paul de (1880-1966)
Albarel, Paul (1873-1929)
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Les Feuillets occitans. - 1927, N.S., n°03 (Juin)
Source
A related resource from which the described resource is derived
Mediatèca occitana, CIRDOC-Béziers, M 3
Occitanica
Jeu de métadonnées internes a Occitanica
Portail
Le portail dans la typologie Occitanica
Mediatèca
Sous-Menu
Le sous-menu dans la typologie Occitanica
Bibliotèca
Type de Document
Le type dans la typologie Occitanica
Numéro de revue
Catégorie
La catégorie dans la typologie Occitanica
Documents
Contributeur
Le contributeur à Occitanica
CIRDOC - Institut occitan de cultura
Art
cosina occitana = cuisine occitane
Illustracion dels periodics=Illustration des périodiques
Literatura occitana = littérature occitane
Movement occitan=Mouvement occitan
Novèlas=Nouvelles
Poesia=Poésie
-
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PDF Text
Text
LES FBVILLETS
OCCI TAN S
LANGVBDOC ROVSSILLOK PAYS D'OC
SOMMAIRE
TENU par ESPEJO, roman d'Henri Duclos
'Par Femand CRÉM1EUX
LA RACE OCCITANE, <par E. LITRÉ
Charles Cros, 'Par %AMONDENQ.%
SOUS LE CIEL BLEU (Poème)
'Par Paul-SENTENAC
ANTOINE BOURDELLE
'Par Emile-François JULIA
CHRONIQUE
ARTISTIQUE
Par Paul-SENTENAC
Lou Cami de la CroUtS, Par Jules VÉRAN
Las VIELHAS MOLAS, 'parPwsperESTIEU
BIBLIOGRAPHIE OCCITANE
'Par Paul-Louis GRENIER
BOIS
GRAVÉS
ORIGINAUX
'Par Auguste ROUQUET
ORGANE DVGROVPE OCCITAN
41 BOVLEVARD DES CAPVCINES 41
PARIS
�Les Feuillets Occitans
Organe Régionaliste des Pays d'Oc
44,
BOULEVARD
DES
CAPUCINES
—
PARIS
TÉLÉPHONE : GUTENBERG 78-19 - Compte de Chèques Postaux: Paris 739-10
DÉPÔT
ET
VENTE
Librairie "OCCITANIA", Passage Verdeau, Paris, et
7, Rue Ozenne à Toulouse; Librairie ALBAGNAC, boulevard Carnot à Agen ; Librairie VINAS, Avenue de
la République à Béziers ; Hall des Grands Régionaux à Paris ; Editions Michel JORDY, Cité de
Carcassonne ; Librairie VALMIGËRE, Rue de la Gare
à Carcassonne ; Librairie BARON à Narbonne ; Librairie BOUSQUET à Narbonne ; Librairie GAILLARD à Narbonne ; Librairie Raymond PICQUOT à Bordeaux ;
Librairie COULET à Montpellier; Librairie JULIA à
Montpellier ; Librairie CROS à Montpellier ; Librairie
PALAISAC-VALAT à Montpellier ; Librairie JO-FABRE à
Nimes, et dans les principales Librairies de Toulouse, Carcassonne, Narbonne, Perpignan, Montpellier, Nîmes, Marseille, Nice, etc.
Comité de
Direction :
Le Comité de Direction des "Feuillets Occitans" est seul juge des manuscrits et illustrations
qui lui sont présentés soit par les membres du groupe, soit par des collaborateurs étrangers
au Groupe.
Les manuscrits doivent être adressés an Secrétaire général : A. Rouquet, 159, Rue de Flandre, Paris
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IBÊZIEBS
A propos du Cahier spécial des Feuillets Occitans
consacré à la Gastronomie méridionale
Consacré, sous l'égide du maître Prosper MONTAGNÉ, à la gloire de
la Cuisine et des Vins Occitans, notre ccthier gastronomique réunira la
collaboration de nos plus gourmands écrivains, artistes, et èrudits d'Occitanie. A côté des recettes savoureuses recueillies dans les familles où
la tradition s'est perpétuée, nos lecteurs trouveront les proses et les poèmes
truculents de Jean-Jacques BROUSSON; André LAMANDÉ; Antonin PERBOSC; Albert-Marie POUJOL ; Benjamin CRÉMIEUX ; Paul-SENTENAC;
JoGINESTOU; Fernand CRÉMIEUX; Jean AMADE ; Abbé SALVAT; Ismaël
GIRARD ; Auguste FOURÈS ; Paul ALBAREL ; G. VINAS ; Albert PUJOL ;
J. F. L. MERLET ; Pierre CALEL etc. sans parler des meilleurs secrets du
maître des maîtres queux de l'heure, Prosper MONTAGNE.
Max THÈRON, CADÈNE, CHABAUD, BOURGÀT, BAUSIL, CLAUDEL,
MAILLOL, ROUQUET en assureront l'illustration et feront de ce cahier
une véritable œuvre d'art, que se disputeront les bibliophiles et les gourmets.
On peut souscrire d'ores et déjà au tirage de luxe sur papier de
Montval de G. Maillol, au prix de 15 francs, à l'Administration des
Feuillets Occitans, 41, boulevard des Capucines, Paris.
Chroniques Régionalistes. — Narbonne
Dans les petites villes de province, la vie ne va pas sans un ou plusieurs cercles privés,
où se réunit une élite triée sur le volet. On aurait tort de croire que ces cercles ont uniquement pour objet, tout au moins à Narbonne, de permettre à leurs membres de se réunir, au
gré des sympathies, pour joindre aux délices du poker la saveur des cigarettes ou des apéritifs, savamment dégustés.
Narbonne est une ville d'art et le Cercle commercial et industriel, qui réunit tant de
personnalités éclairées, ne veut pas laisser s'éteindre un renom légitime. Le 8 janvier dernier,
le D' Albarel, félibre majorai devant ses collègues ravis, traitait un sujet d'histoire littéraire
languedocienne.
Tout le monde connaître sermon du Curé de Cucugnan. Mais qui pourrait en indiquer
l'origine ? Lé D' Albarel a montré comment Ce sermon, qui a été vraiment prononcé en chaire
par un brave curé de campagne, l'abbé Ruftié, a été recueilli, au cours d'un voyage dans les
Corbières, par Blanchot de Brenas. Une relation du voyage parait en 1859 dans la France littéraire, revue de Lyon. C'est là que Roumanille prend le conte, ce qui lui vaut un procès pour
plagiat. C'est d'après Roumanille que Alphonse Daudet publie le récit que l'on connaît. Les
adaptateurs du fameux sermon n'ont pas manqué par la suite. On n'en compte pas moins de
huit. Mais il en est un qui les domine tous : c'est Achille Mir.
Quel amateur de beau parler languedocien ne s'est réjoui à lire et, surtout, à entendre
Lou Sermon dal Curât de Cucugna? Quelle verve! quel entrainI C'est là que se révèle la maîtrise du grand écrivain. 11 a conservé l'idée primitive; mais ce qui lui appartient en propre
et n'a jamais été atteint, c'est l'allure du récit, le mot qui frappe, les descriptions minutieuses,
comiques sans effort. Toutes ces qualités ont fait du Sermou d'Achille Mir un chef-d'œuvre
populaire, qui occupera une place d'honneur dans le folklore méridional.
Il est à peine besoin de dire que le succès du conférencier fut des plus vifs. C'était un
juste hommage au talent et au dévouement du D" Albarel, dont l'autorité, en matière de littérature méridionale, est connue de tous.
F. Sacaze
�COMITÉ DIRECTEUR DU GROUPE OCCITAN :
MM.
Président : F. CROS-MAYREYIEILLE,
fa, ||, g, rp.
Vice-Présidents : Paul SENTENAC, ^ ; E. GUITARD ; Frédéric SAISSET.
Secrétaire général : Auguste ROUQUET.
Archiviste : P.-L. GRENIER. 1 |J|
Archiviste adjoint : Marcel CLAVIÉ.
Trésorier : Maurice FAVATIER,
fa, ►£<.
Chef des Etudes économiques et agricoles : Docteur GRANEL, ifc. ^ I.
Membres : Léon AURIOL,
|| I. ; J. BONNAFOUS ; Jean CAMP ; Emile COMET, Sfc, fa,
>J«;
Fernand CRÉMIEUX, fa ; FRISSANT; JO GINESTOU, ift, fa ; J. LOUBET ; Henry NOELL,
^ ; Albert
PUJOL 1 l|JI ; Georges VILLE,
»
Délégués régionaux : J. MORIXI-COMBY (Nimes), Gaston VISAS (Béziers).
COMITÉ DE PATRONAGE
Délégation permanente des Groupements Régionaux et Locaux auprès du Comité-Directeur
LA VEILLÉE D'AUVERGNE
LE
GROUPE
: M. Boudon, Secrétaire général.
: M. de Clarix de Nussac, Secrétaire
D'ÉTUDES LIMOUSINES
général.
: M. Jean Cotereau, Secrétaire général.
(Pyrénées-Orientales) : Général Caloni, Président.
LES ENFANTS DE L'AUDE A PARIS : Docteur Digeon, Président.
/LES ENFANTS DU GARD A PARIS : M. A. F. Martin, Président.
LES ENFANTS DU TARN A PARIS : M. Selves, Président.
LA GRAPPE DU QUERCY : M. Vialle, Président.
LA SOCIÉTÉ INGRES : Marcel Clavié, Vice-Président.
LES ENFANTS DE L'HÉRAULT : M. Coudougnan, Secrétaire général.
LA CIGALE MÉRIDIONALE A STRASBOURG : M. Pujo, Président.
LE CERCLE D'ÉTUDES ROUERGATES
LE ROUSSILLON
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BfZiERS
Bois original d'Auguste Rouquet
Les Lettres Francaises
Tenu par Lspej o
Un roman par Henri Duclos
( Bernard
Grasset,
Editeur )
W L en coûte à notre franchise de l'avouer ici; mais il n'est pas rare que le
critique des Lettres Occitanes soit mis à cruelle épreuve par de jeunes
compatriotes en mal d'écrire : Et quel crève-cœur que de devoir fustiger ces débutants malhabiles ou prétentieuxl Mais quelle joie entière,
par contre, lorsque notre bonne volonté régionaliste a pour complice le pur
mérite littéraire!
Par deux fois, ces dernières semaines, nous fûmes des plus heureusement servis. Dans l'avant-dernier numéro des Feuillets Occitans, nous avons
prôné le talent de mémorialiste de M. Martel, écrivain de l'émouvant Vin
rouge. Aujourd'hui, il nous est donné d'affirmer notre engouement pour le
roman de début de M. Henri Duclos, publié par Grasset et qui s'intitule audacieusement : Tenu par Espejo.
Il s'agit, si l'on veut, d'un roman agreste et d'un roman régional, puisqu'il
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se déroule en pleine nature, sous le ciel languedocien, par les guérets et par
les vignes, et à l'ombre de la montagne Noire, « rose avec des plages mouvantes
de violet glissant au gré des nuages ». Mais c'est surtout à l'éclosion, ou plutôt
à la genèse d'une âme que nous assistons. Roman psychologique donc, — et
pour en finir avec les mots abstraits — sans intention dogmatique, dialectique
ou didactique : seulement l'évocation, exempte de littérature, exempte d'éloquence, d'un être humain, rudimentaire d'apparence, mais si riche de sentiments, et qui plonge, en toute simplicité, ses racines profondes dans la vie
ardente et dans le rêve.
Sans doute, l'œuvre de M. Duclos n'est-elle pas encore entièrement affranchie de toute affinité : sa rudesse, sa sève drue, je ne sais quel apprêt, mais
aussi un fond d'ingénuité et de tendresse qui se cache sous une assurance frisant parfois le cynisme, nous rappellent l'art de Joseph Deltheil, sous l'égide
duquel, du reste, Duclos est venu à la littérature. Par ailleurs, Tenu par Espejo
nous fait songer aussi (mais peut-être n'est-ce là qu'une rencontre fortuite de
tempéraments) aux premiers romans de Bâillon, à En Sabots, notamment :
même sensualité un peu trouble, même relent campagnard, avec des révoltes
de petit bourgeois, même malaise devant la plate existence des autres, qu'on
méprise et qu'on envie.
Mais ce qui appartient en propre à Henri Duclos, c'est sa narration,
c'est son écriture, étrangement sobres et dépouillées : non pas, au demeurant,
à la façon linéaire et pour ainsi dire classique des Mauriac, des Lacretelle ou
Roger-Martin du Gard ; mais, dans une tradition impressionniste qui s'apparente à Maupassant.
La phrase de Duclos a la spontanéité et l'aisance de la vie qu'elle dépeint.
Hachée, toute en saccades, avec une enfilade de propositions indépendantes
invraisemblablement brèves ; ignorante presque des incidentes, se collant au
sentiment qu'elle évoque « comme au cou du buffle le jaguar (1) », valant par
le trait pittoresque et l'ambiance qu'elle en dégage. Le grand Hokousaï avait
rêvé que « tout point, toute ligne tracée par son pinceau fussent vivants ». Je
ne sais pas de définition qui s'applique mieux à l'art d'Henri Duclos. Et le
miracle est que ce pointillisme, toujours pareil, toujours égal à lui-même ne
sombre jamais dans la monotonie.
Mais abordons le fond du roman.
Jean-Marie Dupin, après une petite enfance adulée et dont en son cœur
se prolonge l'extase, après plusieurs années d'internat au séminaire de la Préfecture, années de solitude sentimentale, d'aspiration vague et de repliement,
vient, à l'âge de seize ans, rejoindre sa mère, tombée en veuvage, dans la propriété de Fontpédrouse, en pleine campagne, mais non loin d'une petite ville
du Languedoc qui n'est pas autrement précisée.
Jean-Marie, secondé par le métayer Francesou, s'occupe de l'exploitation
de la propriété ; mais dans cette maison délabrée et glaciale où il vit en un perpétuel tête-à-tête muet avec sa mère, il sent d'emblée sa vie bloquée, sans issue.
Et il perçoit surtout un mystère autour de lui : la transformation de la famille
(1) Nous empruntons cette image à «L'Art Poétique» du haï-kai de Julien Vocance.
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qu'il se remémore, l'abattement et le laisser-aller soudain de son père, qui n'a
pas tardé à périr d'accablement, l'air halluciné de la mère, tout cela a pesé sur
l'âme du jeune homme. De fait, il paraîtra bientôt ressortir de certaines allusions, de certaines coïncidences qui frappent Jean-Marie, de certains recoupements, que M. Dupin père fut accusé par la rumeur publique d'avoir, à la suite
de mauvaises affaires, tué, au cours d'une dispute dans un champ, un de ses
oncles dont il devait être l'héritier. La justice n'a d'ailleurs pu \irev au clair
cette histoire.
Mais il a suffi de tout cela pour que Jean-Marie soit condamné, précoce
paria, à vivre en marge de cette société qu'il avait entrevue tout enfant ; et s'il
y est accueilli parfois, il a le sentiment que tous les regards, toutes les paroles
n'ont qu'un objectif, celui de satisfaire une curiosité indiscrète et de discerner
le mystère de cette retraite familiale.
Nulle surprise, dans ces circonstances, si le fond de l'âme du jeune homme,
est de l'inquiétude et de la timidité. La solitude le gêne. Mais tantôt il porte
en lui cette inquiétude lancinante, comme on souffre d'un panari ou d'un mal
de dents. Et il ne peut arriver à étouffer ses pleurs qui éclatent dans la maison
sonore. Tantôt, cette mélancolie se nuance de sérénité, et son âme inquiète la
savoure avec douceur. A moins que le découragement ne l'empêche de souffler
mot. Il passe ainsi à des alternatives de paix, de dépression ou de révolte :
car parfois aussi il sent monter en lui comme un orgueil et un désir de domination :
« Il se faisait à ses habitudes de sauvage et pénétrait dans la solitude par
la voie de l'indifférence. Puis il se révoltait contre le sort, inquiétude de l'adolescence, dégoût d'une vie incomplète ».
Et ailleurs : « Jean aimerait la vie en promeneur, si elle était moins
sévère. Il a contre elle quelques griefs. Le rôle qui lui incombe le fatigue. Mais,
orgueilleux et timide, il ne peut renoncer. Les cinq mois qu'il vient de passer
à Fontpédrouse, énivré de liberté, de soleil, au milieu des campagnes bruissantes comme des ruches, lui ont donné une idée faible mais plutôt riante de
l'avenir ».
Ce qu'il voudrait surtout, c'est trouver sur sa route des cœurs aimants,
se sacrifier, par exemple, pour une femme, sans arrière-pensée. D'autres fois,
les désirs de sensualité l'assaillent ; il part pour des rêves charnels. Mais sa joie,
serait de sentir un jour que tous les êtres ne se désintéressent pas de lui. Pour
un rien, il pousserait un cri d'allégresse.
Mais voilà qu'un voisin de campagne, M. Bernard, le prend en estime.
M. Bernard n'est pas seulement un épicurien ; c'est un sage et une manière de
poète : « Aimez vos chiens, riez des muffles.la vie vaut la peine d'être vécue. »
M. Bernard sait parler de la souffrance avec douceur, et il sait aussi parler du
charme des femmes et des joies qu'elles procurent. M. Bernard introduit donc
Jean-Marie dans un groupe de jeunes gens de la ville, qui fréquentent le Café
des Espagnols et passent, à vrai dire, la plus grande partie de leur temps à
boire, à jouer aux cartes, et à courir le cotillon. Un soir qu'on danse aux Espagnols, Dupin fait connaissance de Lisa, fillette à l'air fripon et aux hanches
déjà lourdes, Lisa « parfum d'amour, de sueur, de menthe et de verveine ». La
drôlesse lui dispense quelques joies dont elle exige une reconnaissance
monnayée. Mais Jean-Marie reste tout troublé de ses rencontres et de ses
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caresses. Il devient par ailleurs, avec ses compagnons, un hôte assidu de la
maison publique tenue par Espejo : (et ici on nous saura gré d'insister moins
que ne le fait l'auteur). Maintenant que se sont révélés ses sens, il n'est pas
jusqu'à la servante de sa mère, docile et facile, qui ne devienne pour lui objet
de plaisir. Ainsi s'épanouit sa chair, bien que son cœur reste toujours nostalgique.
Cependant, dans la grande maison accablée, Mme Dupin va d'une allure
rapide vers le tombeau : elle succombe après une crise terrible. Et Jean-Marie
est terrifié en apprenant du notaire que sa mère l'a, dans les limites du possible
déshérité au profit de la paroisse et des pauvres, demandant à son fils de s'associer à l'idée de justice qui lui a dicté ce testament :
Il comprend brusquement : « Miséricorde, il est donc maudit... Pauvre et
fils d'assassin. « L'avenir lui paraît effroyable, il s'effondre dans la révolte et
dans le désespoir T « Il redevient, à supposer qu'il ait jamais cessé de l'être, un
petit enfant pitoyable. Et il en a conscience. »
Il n'a d'autres ressources que de fuir ce coin damné. Il part comme un
vagabond à travers les vignes, les prés et les saules. De village en village,
d'auberge en auberge « à pied, en carriole ou en patache, il va, trimardeur
ou compagnon de France, prenant goût à ce métier où l'on ne fait rien... le cœur
tout au printemps, le souci enterré. »
Avec son foulard rouge et son air sauvage, il plaît d'ailleurs aux filles, et
il y trouve son compte. Ainsi, plus d'habitudes, plus de choses familières, l'air
libre, l'indépendance. Et, cependant, bientôt sa vie oisive l'épouvante. Il voudrait s'accrocher à quelque sentiment un peu solide. S'il aspire à des passions
héroïques, il n'en a pas moins la nostalgie des vies ordinaires, des vies mesquines. Avec l'hiver, le désenchantement terrible l'accapare. Il lâche pied
devant tous ses malheurs. Une rafale de désespoir l'emporte. Il revient à Fontpédrouse; mais il a tôt fait, hélas, de reprendre contact avec le monde réel.
Les créanciers affluent, Francescou le quitte sans qu'il sache le retenir ;
la servante trop soumise l'écœure et il la chasse. « Il sent son âme qui s'effiloche. Quelle destinée navrante, ses parents lui ont légué le malheur. » Un instant il se demande à quoi bon vivre : ses muscles refusent tout service. Et
brusquement il décide de liquider son ancienne vie ; il vend Fontpédrouse, et
comme à la maison d'Espejo, où il a continué à chercher refuge, aux soirs
d'effondrement, il a rencontré Muguette, un pauvre petit être, fille aussi de la
misère et du destin, il libère la malheureuse, et la conduit dans la petite maison
qu'il vient d'acheter au bord de l'eau, pour y pleurer ensemble leurs deux
peines sœurs.
Elle l'entoure d'adoration. Mais lui l'aime-t-il ? Quoi qu'il en soit, JeanMarie, qu'on avait toujours connu ombrageux et morose, devient un excellent
compère, débrouillard et actif, qui a tôt fait de se réadapter et qui apparaît pour
un peu devoir être appelé à de hautes destinées politiques. La tourmente est
finie ; Jean-Marie a su construire du bonheur de ses mains. Mais son âme ?
Et le roman finit, tout en frémissements, tout en nuances, après cette
interrogation inquiétante :
« Un matin comme tous les autres, on prend plaisir à se tourmenter. On
se rappelle les journées gaies, les journées tristes et les heures perdues, et
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l'âge qui vient. On se réveille avec une immense pitié pour ses frères et une
peur atroce d'être damné ».
Le lecteur discernera-t-il, d'après cette longue analyse, à laquelle notre
sympathie pour l'œuvre et pour son héros nous a entraînés, toute la valeur
psychologique de ce roman et toute sa valeur d'émotion ? Malgré ce que le
thème peut avoir d'audacieux et d'ingrat, l'atmosphère du récit est attirante, et
notre esprit et notre cœur ne se peuvent déprendre.
Le sujet pourtant n'était pas d'envergure ; une simple étude d'âme, une
monographie, si nous pouvons dire, avec un milieu social à peine esquissé et
quelques comparses, silhouettes parfois expressives, mais dont les caractères saillants sont nonchalamment indiqués de quelques coups de burin. Mais
le personnage principal est tout près de nous ; il est en nous vivant symbole,
et cette communion d'âmes peut suffire à notre satisfaction.
Et puis, il est dans ce roman un autre charme pour nous, languedociens :
il a l'accent de là-bas. Non pas seulement par certains provincialismes (en lui
touchant la main, un rhume est vite pris, etc.), mais nous nous plaisons
à y retrouver la physionomie, riche et douce, de notre pays, avec la chanson
du vent du Nord, sur une note grave et sourde. Nous traversons les guérets
humides, puis l'olivette, et nous voilà dans la vigne, avec ses souches ramassées et sa pourpre triomphale. Nous assistons aux vendanges, ce mystère
antique (1) ; nous entendons le cri rythmé des vignerons (du français mêlé de
patois), le gémissement du pressoir, à l'ombre de la cave où se dressent les
grands foudres ; puis ce sont les grappes foulées qu'on retire des baquets,
c'est la décuvaison, et la chanson fine du vin qui coule dans les comportes...
et c'est toute l'existence de la petite ville de chez nous, avec les mésaventures
, conjugales, les scandales qu'on se repasse, et la vie qui se prolonge le soir dans
la maison des Capucines, tenue par Espejo.
Sans doute, ne manquera-t-on pas de dire , que beaucoup, parmi les
jeunes écrivains de notre temps, prétendent s'affirmer par des conceptions
plus hautes, des ambitions plus forcenées, des espoirs plus vastes que ceux qui
percent dans le roman de Duclos. Mais lui, limitant son introspection à l'âme
de son héros, a eu le mérite de l'évoquer toute entière, et s'il n'a pas franchi
l'horizon que limitent les collines de son pays, il a su du moins en exprimer
toute la douceur. De sorte que l'on ne peut prévoir comment s'épanouira demain
le talent d'Henri Duclos, après qu'il a mis le point final à son œuvre.
Nulle perspective, nulle échappée sur son avenir, soit.
Mais cette œuvre, il l'a accomplie telle qu'il l'avait projetée. A chaque
jour suffit sa peine. Et n'est-ce pas la plus grande des promesses que cette
réussite, au premier essai, d'un jeune écrivain, qui, nous ne
saurions en douter, a voulu nous donner en
offrande les plus purs balbutiements de son
cœur.
Fernand CRÉMIEUX
(1) Il y a aussi une description des semailles qui pourrait prendre place dans les
anthologies, à côté des pages fameuses de Victor Hugo et de Zola.
�La !Race Occitane
« Auhouro-té, raço moundino
« Souto la capo dél Soulel J »
Qui sommes-nous, Occitans, mes frères. Et de quelles races procédons
nous ? Telle est la question primordiale, que nous voudrions éclaircir.
Entendons-nous d'abord sur le mot de race. Communément on estime
semblables des hommes qui s'habillent de même ou qui parlent une même
langue, ou qui obéissent aux lois d'un même territoire. Il n'y a dans de tels
signes extérieurs que des détails, qui ne dépassent pas la faculté d'adaptation
de tout homme.
De même, les institutions politiques ou leurs changements n*ont en soi
qu'une influence très faible sur la vie des nations. C'est — disent les psychologues — de la mentalité d'un peuple que dérive son histoire.
Mais la mentalité d'un peuple dérive, elle, de son passé, et d'un passé qui
doit être assez lointain. Une mentalité, qui puisse persister à travers les générations, ne se crée pas d'emblée, par l'effet de quelques prédications, ou par
l'éducation d'une élite. C'est une affaire d'ascendance ; et il faut bien des siècles
pour qu'une commune manière de penser se cristallise dans une collectivité,
au point d'affecter les globules du sang, et ces éléments, bien plus petits encore,
dont, en dernière analyse, on ne sait plus s'ils ont figure, à l'aide desquels
cependant se transmettent, à la fois, la vie et les aptitudes, depuis les ascendants les plus reculés jusqu'aux hommes de nos jours.
Ce qui a été suffisamment fixé ainsi ne s'oblitère pas, ensuite, par un
apport, soudain et numériquement faible, d'éléments étrangers, comme l'ont
été les invasions Barbares ; ni par la conquête suivie d'une domination étrangère, si cruelle soit-elle. Quels n'ont pas été, ni combien persistants, les abus
consécutifs à la conquête de la Péninsule Balkanique par les Turks ? Et, néanmoins, au bout de cinq siècles à peu près, nous voyons resurgir les races préexistantes dans toutes leurs variétés antérieures.
L'extermination d'un peuple, opérée par une bande, est une impossibilité matérielle ; et c'est, en même temps, une faute inepte : Car un pays ne vaut
que par l'homme qui sait bien le cultiver. Les grands cataclysmes de la Nature
produisent les destructions les plus aveugles et les plus étendues : Des élé
ments de la périphérie se sauvent néanmoins. La crise passée, quelle qu'en soit
la cause, les hommes échappés au désastre se reprennent à vivre et à multiplier.
Les facultés de cette multiplication sont illimitées, là où les moyens de
subsistance peuvent se développer. Lorsque ces moyens sont restés les mêmes,
la race indigène, par suite de l'atavisme, est la mieux adaptée à ces moyens.
Elle submerge donc, plus ou moins tôt, l'élément allogène et finit, quand
il ne se renouvelle pas, par l'éliminer, lui et même ses métis.
La cause profonde du développement ou de la diminution d'une race et,
le cas échéant, de sa disparition, réside dans la proportion des existences aux
moyens de subsistance. Ces moyens peuvent s'accroître par l'industrie de
l'homme, se réduire par une modification du climat, ou s'altérer par l'intro-
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duction de substances nocives. Survient alors la question de l'adaptation de
la race aux moyens nouveaux.
C'est donc véritablement le sol qui fait la race : et tel est le sens mystique qu'il faut attacher au mot autochtone.
Nous voyons ainsi que la question posée au début est, pour beaucoup,
une question de géographie : mais elle est aussi une question de préhistoire.
La mentalité d'un peuple, en effet, ne se manifeste pas entièrement dans
la vie quotidienne, sujette à des changements superficiels, qui ont l'air, parfois
d'obéir à des courants aussi variables que les modes du costume. Il faut, pour
la faire ressortir, de grandes secousses, comme il s'en produit, par intervalles
dans la vie des nations : ce qu'il y a de profond dans la mentalité résiste seul
à ces secousses; et aucune mentalité n'est fixée, si elle n'a déjà survécu à
plusieurs.
Si l'on veut connaître l'âme d'une nation, c'est donc au travers des âges
qu'il faut l'étudier, en remontant le plus possible vers les origines.
La Villa Chiragan
En ce qui nous concerne, nous, Occitans, nous remontons très haut dans
les âges révolus; nous en trouvons une présomption au Musée des Augustins
à Toulouse.
Une section précieuse de ce Musée est la salle lapidaire, où se trouvent
exposés les vestiges recueillis dans les fouilles de Martres-Tolosane. Les statues des Dieux, Héros ou Empereurs sont la partie banale de ce qui a été exhumé là, et ne nous apprennent rien pour notre objet. Nous nous intéressons
bien d'avantage aux bustes et figures particuliers au lieu : Car ce sont les modèles et les types de la population qui occupaient la Villa Chiragan, propriété
de la famille Anconia, aux deuxième et troisième siècles de notre ère.
Que l'on examine tous ces types, on est frappé de leur ressemblance parfaite avec nos concitoyens actuels. A chacun d'eux on revoit un visage connu
et l'on est tenté de s'écrier: mais c'est Un tel; c'est Madame Une telle; c'est
le bébé, qui jouait tout à l'heure dans le square ; Voici le savetier du coin, etc.
Cette similitude est significative.
Avec le type physique, en effet, se conserve aussi le fond de la mentalité.
L'embryogénie le constate en tous ses domaines : la transmission des aptitudes
foncières est inhérente à celle des éléments infiniment petits par lesquels se
propage la vie des espèces.
La Villa Chiragan était un enclos de seize hectares, dans la fertile plaine
de la Garonne. Elle comprenait, outre le somptueux palais des maîtres, dont
la famille a donné deux généraux aux armées romaines, un nombreux colonat,
pour lequel quatre-vingts constructions, sur trois lignes (ateliers, logements,
écuries), avaient été bâties, couvrant plus de deux hectares.
Cette villa et trois autres, voisines mais plus petites, longeaient la route
de Toulouse en Espagne, dans la direction de Saragosse. Sur la même route, au
pied des grands monts était la cité, Lugdunum convenarum (St. Bertrand de
Comminges), qui n'a pas été créée par Pompée, puisque le nom est purement
Gaulois, mais où, du moins, il établit les soldats les plus fatigués de son armée.
En deçà, à l'emplacement de St. Martory, était l'oppidum de Calaguris,
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dernièrement retrouvé, qui couronnait la hauteur, en face d'un pont sur la
Garonne; à un millier de pas en deçà était Chiragan.
Tous ces centres habités ont été détruits et ruinés, au point qu'aucun
vestige n'en subsiste à la surface, et qu'il a fallu fouiller assez profondément
pour les déterrer. Depuis qu'ils étaient au jour, cette vallée de la Garonne a vu
passer les hordes des Suèves, des Vandales, des Goths, sans compter la tourbe
qui constituait les armées romaines aux derniers siècles de l'empire. Puis sont
venues les incursions sarrasines et tant de guerres intestines, plus dévastatrices souvent que les étrangères.
Deux mille ans nous séparent de Pompée, et soixante générations se sont
succédé au millieu de tant de vicissitudes; cependant la race autochtone est
demeurée identique. Il faut donc qu'au temps des Romains, c'est-à-dire au début
de notre ère, cette race fut déjà complètement fixée. Nous devons conclure
qu'une durée au moins égale, sinon double ou triple, aura été nécessaire pour
la fixer à ce degré ; et on ne sait combien il faudra reculer encore pour en
apercevoir les origines.
La vision du poète a résumé nos déductions. Ecoutons Sully-Prud'homme
dans Hérédité :
Les races à déchoir, tardent plus qu'on ne croit.
D'héroïques aïeux, dans le sang de chaque homme,
Ont amassé longtemps des vertus, dont la somme,
Patiemment accrue, avec lenteur décroît.
Ces vertus, amassées lentement dans le cœur de chaque homme ont
constitué la civilisation propre de la race.
Massa lia
Une assertion, bien répétée par la littérature, veut qu'avant les Romains,
six siècles avant notre ère, notre pays ait reçu un afflux de la civilisation
Hellénique.
En l'an 600, cette civilisation n'était pas bien brillante chez elle. Thucydide, aux premières pages de son histoire, montre quelle instabilité, quelle
piraterie, quelle insécurité sur terre comme sur mer, avaient régné jusqu'alors
en Hellade. Que l'on relise les lois de Solon, édictées au début du VIe siècle ;
elles sont accablantes parce qu'elles répriment et plus encore parce qu'elles
tolèrent. Tel est le moment où une expédition, partie de Phocée (que Thycidide
revendique comme une colonie d'Athènes) est venue prendre pied sur nos
côtes.
«Les Phocéens — dit-il — ayant vaincu par mer les Carthaginois, allèrent
s'établir à Massalia ».
Quelle fût cette victoire des Phocéens sur les Puniques ? Où et quand
a-t-elle eu lieu ? nul ne l'a expliqué. Cependant plusieurs auteurs ont répété
l'assertion; et il s'est formé une ample légende sur l'aventure.
En 599 — a-t-on supputé — eut lieu le départ de Phocée. L'expédition
comptait trois navires et une quarantaine de compagnons, sous un chef du
nom d'Eumène. Après avoir exploré la côte Gallique, vers Port de Bouc, elle
s'avança jusqu'au Lacydon chez les Sègobriges. Eumène alla en députation
vers le roi du pays Senanus ou Nannus. Ce roi donnait justement une fête
pour les fiançailles de sa fille Gyptis. Les fils des chefs des environs avaient
�été conviés; et l'héroïne de la fête devait manifester quel était celui qui lui
agréerait le mieux, en lui offrant sa coupe. Eumène survint au milieu du festin ;
et la belle enfant, séduite par la bonne mine de l'étranger, tendit sa coupe à
Eumène.
Dans cette légende les noms paraissent inventés ou déformés, ou remplacés par des surnoms Grecs.
Le nom du roi, Senanus est celtique : on a plusieurs fois rencontré Senani dans les inscriptions Gauloises. Gyptis est le nom de l'aigle Gypaète, (d'où
les Grecs ont tiré aussi le nom d'Egypte) ; on peut traduire : profil aquilin ou
— égyptien. Eumène en Grec, est le doucereux. Lacydon, (de XaÇeuu, tailler
dans la pierre) indique quelque construction défensive.
« Segobriges — dit M. Camille Jullian (1) — ne peut être le nom d'une
tribu mais celui d'une localité. Le radical brig est l'un des plus répandus
dans le monde celtique : il signifie hauteur ou château. Sego ajoute l'idée de
force ou de défense Segobrige est donc un château fort ou une hauteur fortifiée.
Dans le millénaire qui a précédé notre ère, la Basse Provence était occupée par la nation des Salyes, ayant pour centre Entremonts près d'Aix, nation
puissante, subdivisée en dix tribus, ayant chacune son roi. Marseille, selon
Ptolémée, appartenait à celle des Comani (2) Les recherches faites ces dernières années en Basse Provence, ont révélé dans cette région quantité de
bourgades fortes, dont la plupart paraissaient avoir été habitées dès les temps
néolitiques. »
Examinons la topographie de Marseille. L'emplacement en est tout montueux. Le Lacydon est la hauteur qui longe la mer à l'Ouest du vieux port. Il
existait là plusieurs siècles avant la venue des Grecs, un poste Phénicien fortifié
et important, ayant en son centre un grand temple consacré à Baal. Sur une
partie des substructions de ce temple a été érigée la cathédrale ; et les fouilles
ont découvert des stèles funéraires portant des inscriptions phéniciennes aux
caractères les plus archaïques.
Le ségobrige indigène était plus à l'intérieur, sur la hauteur dominante
où se trouve aujourd'hui l'Arc de Triomphe d'Aix. Nous devons croire que
cette cité indigène était antérieure et plus importante, puisqu'elle a valu à la
ville son nom de Massaîia. Ce nom n'est, en effet, que celui de la nation des
Salyes, précédé de la syllable Mas. Celle-ci a le sens de filiation et elle est très
employée dans une langue qui a longtemps servi aux communications dans la
Méditerranée Occidentale, à savoir la langue Berbère. Massalia, filiale des
Salyes, le nom n'a pu être donné que lorsque cette nation ne s'était pas encore
subdivisée en tribus distinctes. Cela remonte loin.
Entre le Lacydon et le vieux port, le terrain a été d'abord marécageux,
ainsi qu'en témoigne une vieille carêne de navire phénicien, retrouvée enfouie
à plusieurs mètres au-dessous du sol actuel(3). C'est sur ce même terrain, colmaté depuis, qu'une percée, récemment faite, à fait apparaître une série de
(1) Journal des savants 1917 p. 5.
(2) Peut-être est-ce une confusion pour Senani, comme celle que fait Strabon de Cemmênes
pour Cévennes. Dans les inscriptions Gauloises le C et l'S s'échangent constamment l'un pour
l'autre (Dottin : La langue Gauloise).
(3) Lenthérlc Les villes mortes du Golfe de Lyon.
�— 38 —
masures grecques entremêlées à de belles constructions romaines. L'infériorité
de position de ce quartier exclut l'idée que l'influence Grecque ait pu être
dominante.
Les Phocéens ont donc été reçus à Massalia quand cette cité était déjà
et depuis longtemps habitée. Ils ne l'ont pas créée, et n'y ont rien fondé. On
peut penser que cette victoire, tant célébrée par les Auteurs, a consisté en
cette coupe de Gyptis, décrochée par Eumène, à la barbe des Phéniciens qui
étaient sur les rangs pour la briguer.
Eumène, sans doute, est demeuré dans le nid fortuné que lui avait valu
sa bonne mine. Mais l'expédition avait été envoyée pour trafiquer. Il y a lieu de
penser que ses compagnons se sont hâtés de réaliser des opérations fructueuses, puis sont allés rapporter à Phocée et l'annonce de leur succès inespéré,
et leurs profits, sur lesquels le Sénat, à l'ordinaire, prélevait une part. Peut
être, par la suite, quelque autre bâteau a-t-il repris le chemin de Phocée à
Massalia. Mais ce commerce a bientôt été tari à sa source. En 542, Harpagus
le Mède, lieutenant de Cyfus, s'emparait de Phocée, et la ruinait comme les
Orientaux s'entendent à ruiner.
Dès ce moment, et pendant plus de cent ans, les guerres Médiques
retiennent les Grecs chez eux. Suit la guerre du Pelopponèse, qui dure trente
ans, les déchire et les ruine. Puis Philippe les réunit sous son joug et Alexandre les entraîne en Orient, etc. etc. Les Grecs ne reparaissent en nos contrées
que comme esclaves des Romains.
Une illusion trop répandue dans la littérature, imagine que par le fait
de la présence d'éléments Grecs, Marseille.est devenue aussitôt un foyer d'art
et de lettres I II n'était pas encore question de cela, au début, dans leur patrie
même. Dans le fait, Marseille n'a rien à montrer d'artistique de son existence
ancienne. Les monuments d'art Grec qui se retrouvent en Provence, on les
doit aux Romains, qui les ont commandés à leurs affranchis.
Une autre erreur, plus grossière et non moins répandue attribue aux
Phocéens la triple introduction en Gaule du blé, de la vigne et de l'olivier.
Comment une telle contre-vérité a-t-elle pu naître ? Thucydide a clairement
fait ressortir à quel point les fds d'Athènes méprisaient la culture et les
plantations. Que l'on regarde les noms Grecs du blé, de la vigne et de l'olivier :
nupoç, le blé ; mpmkoi, la vigne;
, l'olivier sauvage; eXata, le cultivé ; ont-ils rien
de commun avec les nôtres ?
Il est tout aussi inexact de les attribuer aux Phéniciens. Car ces cultures n'ont pas été importées chez nous : elles y étaient connues de longue
date. On cultivait le blé, en Gaule, autour des palafittes, on a trouvé de petits
tas de blé au Mas d'Azil, dans des couches de terrain des premiers temps
Néolitiques. On consommait du blé en Atlantide, d'où une partie de nos ancêtres sont issus. Quant à la vigne et à l'olivier, nous aurons la preuve qu'ils
existaient en bordure de la mer Gallique avant les Phéniciens.
On peut tenir pour certain que tous ces trafiquants venus à Marseille
quand ils sortaient à peine de la pire piraterie, n'ont pas eu d'autres préoccupations que celles des Levantins, que l'on voit, de nos jours encore, s'installer
dans tous les ports de la mer Intérieure.
C'est à la colonie Levantine qu'il faut renvoyer les quolibets et les ridiXOTWOV
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cules que la caricature prête aux Marseillais : La faconde, l'exagération et la
jactance se retrouvent chez les meilleurs des auteurs Grecs.
Arrière donc toutes ces redites menteuses : Cuique S^ium I Mais recherchons donc avec passion, la véritable ascendance de nos pères.
(A suivre)
E. LITRÉ
Charles C ros
L
E 10 Août 1888, Charles Cros : « Ingénieur, chimiste, homme de lettre, médecin, poète,
monologuiste, peintre et musicien », mourait à Paris à son domicile, 5, rue de Tournon. Le 30 Avril dernier, tardive et première consécration de son génie, une séance
solennelle organisée au grand amphithéâtre de la Sorbonne ainsi qu'à Carcassonne
et à Fabrezan, a célébré la mémoire du poète et surtout du savant.
Charles Cros est né à Fabrezan, bourg situé à neuf kilomètres de Lézignan dans l'Aude
le 1" Octobre 1842. Son père avait dirigé une institution à Narbonne avant de venir exercer à
Paris. Il avait deux frères ; Antoine, bon poète lui-même et médecin de premier ordre, qui
combattit longtemps pour faire accepter une thérapeutique nouvelle, donnant à toutes les
maladies, pour cause dominante, une « décoordination organique » à laquelle il croyait possible de remédier ; et le sculpteur Henri Cros qui a restauré en France l'art de la peinture à
l'encaustique et de la pâte de verre. A seize ans, il enseignait le sanscrit et l'hébreu et avait
pour élèves : MM. Michel Bréal et Paul Meyer qui devinrent professeurs au Collège de France.
Il convient de rappeler, d'après Emile Gautier, que bien avant MM. Verneuil et Fremy il
avait conçu et réalisé la synthèse artificielle des pierres précieuses ; il faut mentionner également ses études sur l'électricité dont il déplorait la « constitution sirupeuse » et « les agaçantes lenteurs » ; son sténographe musical ; son télégraphe autographique ; son chronomètre, etc.. Il ne faut pas oublier de dire encore qu'avant Edison, il eut l'idée du phonographe et
qu'il fut l'inventeur d'un procédé de photographie en couleurs : le procédé des trois couleurs.
Il faut signaler, enfin, son étude sur les moyens de communication avec les planètes,
ou télégraphie optique interplanétaire ; et surtout sa Mécanique Cérébrale, étonnante algèbre
des « rythmes » et des <r formes », œuvre à la fois d'un poète et d'un savant, où il avait le
premier décrit et précisé le « radiomètre » de W. Crookes. Dans la première partie de cette
étude : La perception, il établissait un appareil théorique qui « fit beaucoup rire l'académie
des sciences : la lumière qui parle ! Deux ans après un anglais (Graham Bell, qui avait,
paraît-il, assisté sous la coupole à la lecture de la communication de Charles Cros) inventait
le même appareil qu'il appelait le photophone et touchait de l'académie un prix de 100.000
francs » raconte Alphonse Allais T
« Le monde nouveau me voit à sa tête.
Si j'étais anglais, chinois, allemand
Ou russe, Oh ! alors vous verriez comment
La France avec moi ferait la coquette »
S'indignait-il alors dans un poème paru en 1888 dans la Revue Méridionale d'Achille
Rouquet et, pourrait-il s'indigner encore aujourd'hui, car cet état d'esprit n'a pas changé en
France I...
« J'ai tout rêvé, tout dit dans mon pays.... ».
Cette transcendantale curiosité, ce donjuanisme de la connaissance, dispersèrent son
activité créatrice de poète. Il nous importe moins qu'il ait inventé le phonographe et découvert la photographie des couleurs, ces choses là ont été redécouvertes après lui, mais son
œuvre littéraire, lui seul pouvait l'écrire I Quelle perte eut été pour l'humanité pensante celle
de Jean le Précurseur du Vinci I tandis que la science contenue dans les cinq mille cahiers du
maître, Bacon et Galilée, l'ont retrouvée après lui î Si Cros avait suivi l'exemple de Verlaine
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qui laissait ces choses « au monde spécial qu'elles intéressent » il eut été l'égal des plus grands.
Son bagage est donc mince en œuvres publiées, d'autant plus que très difficile pour soi-même,
il n'a donné que le dessus du panier.
Ses premiers poèmes parurent dans le Parnasse Contemporain en 1871. En 1876 il publia
Le Fleuve avec huit eaux-fortes d'Edouard Manet. Son œuvre capitale, le Coffret de Santal fut
édité en 1877. Après sa mort on a recueilli en volume ses pièces éparses.
L'une de ses œuvres, qui nous sera chère entre toutes, est le poème publié chez
Lemerre : « La vision du grand canal royal des deux mers » superbe hommage à l'adresse
de son Languedoc natal, dit Fourès. Car Charles Cros est bien de chez nous et particulièrement audois. Benjamin Crémieux eut certainement logé à l'étage de Rabelais en l'hôtel des
Trois-Nourrices, celui dont Verlaine a proclamé : « Génie, le mot ne semblera pas trop fort à
ceux assez nombreux qui ont lu ses pages impressionnantes à tant de titres ; et ces lecteurs,
je les traite d'assez nombreux en vertu de la clarté, même un peu nette, un peu brutale, et du
bon sens parfois aigu, paradoxalement dur, toujours à l'action, qui caractérise sa manière si
originale d'ailleurs ».
Le poète de Sagesse n'a-t-il pas mis là assez curieusement en évidence, les qualités
même du fond audois, que nous pourrions retrouver aujourd'hui sous d'autres formes, dans
un Delteil ? Chez Cros elles sont asservies à un art peut-être plus sévère, avec plus d'amertume
souvent dans l'humour. Le bon gros rire des rives de l'Aude ; le comique gaulois, plantureux,
bon enfant et populaire d'un Achille Mir, son voisin d'Escales, est chez lui mélangé à l'humour
féroce et au flegme tout britannique. Cependant, il demeure, avant toute chose poète, avec le
sens de l'idéalisme et de la grandeur, même dans ses fantaisies les plus terre à terre en apparence, comme le Hareng-saur ou le Bilboquet, monologues, premiers modèles du genre, depuis
lors galvaudé, dont Coquelin fut l'infatigable propagateur.
La bêtise et l'injustice ambiantes ont laissé mourir Charles Cros dans l'indifférence et
la gêne, et comme c'était un indépendant, comme il hantait le Chat Noir de Salis, elles ont
gravé sur sa pierre, afin de mieux le tuer : Bohême! Aujourd'hui qu'une sorte de patriotisme
nous fait revendiquer pour notre pays la gloire de celui qui « n'en fut que le Pic de la Mirandole
alors qu'il aurait pu en être le Goethe », comme dit l'un de ses biographes Emile Gautier, estce que son génie de poète, proclamé par un Verlaine, ne sera pas trouvé un titre suffisant à
un bronze sur l'une de nos avenues, là-bas, dans cette terre de l'Aude, pays du bleu, humus
de poésie, avec laquelle fut pétri le cœur des Chénier, des Bataille et des Cros ? Trois poètes,
trois statues, et notre confrère Armand Praviel pourra dire que nous ne renions plus nos
gloires littéraires I
RAMONDENQ-R.
�— 41 —
�— 42 —
Sous le ciel hleu
Dans le hamac, barque légère faite en tresses
De cordes alternant les diverses couleurs,
Par un après-midi de calme et de chaleur,
Sous la tonnelle je balance ma paresse.
La vigne recouvrant par endroits la tonnelle
Garde au-dessus de moi tout son feuillage vert.
Le néflier, là-bas, sur la porte de fer
Met l'ombre de sa feuille ainsi qu'un bouquet d'ailes.
C'est surtout sur le ciel que je fixe mes yeux,
Le ciel d'un bleu latin, le ciel tout bleu, si bleu.
Les poiriers délicats dressent dans la lumière
Leurs branches commençant à se teindre d'or roux,
Ou d'un or plus rougeâtre à chacun de leurs bouts.
Une poire mûrie et lourde tombe à terre.
C'est surtout sur le ciel que je fixe mes yeux,
Le ciel d'un bleu latin, le ciel tout bleu, si bleu.
Les roses de carmin, les roses incarnates
Décorent le massif ou les pierres du mur.
Je les porte, en pensée, en touffes dans l'azur
Pour qu'avec plus d'ardeur leur rose vif éclate.
C'est surtout sur le ciel que je fixe mes yeux,
Le ciel d'un bleu latin, le ciel tout bleu, si bleu.
Le soleil recrépit de blancheur les murailles
De ces maisons qu'entre les arbres j'aperçois.
Avec leurs angles nets se découpent les toits
Que le soleil rend blonds comme meules de paille.
C'est surtout sur le ciel que je fixe mes yeux,
Le ciel d'un bleu latin, le ciel tout bleu, si bleu.
Il est d'un bleu suave, intense et qui m'enchante.
Sans nuage il paraît immuable, éternel.
On ne le conçoit pas de couleur différente
Je ne puis détacher mes regards de ce ciel.
Paul-SENTENAC
De « Notre Cœur Quotidien » à paraître.
�LA CHANSON DES MOIS : MESSIDOR
Bois original d'Auguste et Achille Rouquet
L e s B eaux A rt s
Un grand Artiste Occitan :
Antoine BOURDELLE
['ORSQUE — poussé du désir de connaître l'artiste sans doute le
plus complet de ce temps — l'homme épris d'art se décide à
rechercher la demeure et l'atelier où travaille Bourdelle, c'est
vers le fond d'une impasse mal pavée, au sol boueux, dénivelé,
presqu'aussi accidenté qu'une campagne, dans un quartier
«très faubourg de Paris», qu'il doit porter ses pas. Montparnasse, cette petite République des Arts, émule de sa sœur Montmartroise, est
en effet le lieu où s'est fixé dès sa jeunesse ce jeune Montalbanais que poussaient vers l'âpre lutte la seule flamme de sa volonté, la seule richesse de son
génie. C'est là qu'il prenait définitivement racine, extrayant d'abord avec
peine d'un sol ingrat les quelques principes nécessaires à sa subsistance, et
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c'est là que peu à peu, ayant en soi les incalculables ressources d'un haut destin, il se mettait à mener, en une suite ininterrompue de productions étonnantes, les déplorables conditions de la vie elle-même. L'air pauvre, respiré
entre les hauts murs parisiens, le rayon de soleil chichement filtré à travers
une atmosphère surchargée de grisaille, tous ces éléments que la grande ville
semble destiner à l'anémie plutôt qu'à la robustesse, à l'asservissement d'un
travail très dur nécessaire à la vie plutôt qu'aux loisirs d'une culture personnelle, tout cela lui fut le dur tremplin contre lequel rebondissait sans cesse
son ardente foi, se rallumait la fougue créatrice d'une nature infatigable.
L'impasse du Maine aboutit à une petite cité d'artisans et d'artistes,
comme il y en a tant à Paris : les ateliers y voisinent étroitement, les uns à
côté des autres, les uns au-dessus des autres. Dans chaque cellule qui s'ouvre
sur le ciel par un vitrage, que de travail, que d'espoir, que de luttes et que de
défaites parfois, que d'orgueil et de fierté! Beaucoup passent, quelques-uns
persistent, ou par bonheur demeurent : Bourdelle .est de ceux-là.
— M. Bourdelle ? demande-t-on au concierge du premier groupe des ces
demeures où l'on travaille et où l'on vit.
— Peut-être le trouverez-vous ici...répond legardien prudent. Passez donc
à l'atelier de droite... à moins qu'il ne se trouve à celui de gauche sous la voûte...
Peut-être encore au n° 3 dans la cour du fond... Il pourrait bien se faire aussi
qu'il soit au 18... Enfin, voyez vous-même T...
Ainsi, ce n'est pas un, mais trois ou quatre ateliers d'un côté, cinq ou
six ateliers de l'autre que vous aurez à visiter, si le Maître y consent... Et
tout cela, vous le trouverez rempli de tout un peuple de statues grandes et
petites, maquettes de toutes dimensions, gigantesques figures à leur grandeur
d'exécution, trustes, bas-reliefs, monuments, et, contre les murs, dossiers,
esquisses, projets rehaussés de couleurs... Glaises fraîchement mouillées,
plâtres, marbres et bronzes, font un enchevêtrement de personnages entassés
au petit bonheur, mais qu'un air de parenté rassemble.
Vous restez confondu de l'immense production d'un homme dont quelques instants auparavant vous saviez seulement qu'il avait exposé quelques
sculptures... comme tant d'autres!
N
Qui est prêt à trouver une des plus fortes et des plus grandes jouissances
dans le contact immédiat du génie s'arrêtera longuement en ce sanctuaire, plus
jamais il ne pourra s'en arracher complètement.
L'étonnement devant cette richesse productive du travail de l'esprit se
fond en une gravité dans l'âme ; elle cède aussitôt à l'irrésistible intérêt que
la puissance introduit brusquement dans notre pensée par sa seule présence.
D'emblée, vous vous sentez en face d'un artiste complet, universel, pour qui
l'art est tout un monde, une fin suprême, et qui vit dans ce monde multiple,
immense, entièrement créé de sa main et de son cerveau. Loin d'être artificiel
comme un rêve matérialisé, il apparaît une efflorescence de la nature où il
plonge profondément ses racines.
Toutes ces œuvres, si nombreuses et si variées, nous frappent
surtout par leur solidité, par leur puissance, par la profonde spiritualité qui les imprègne, et, en même temps, par l'impression qu'elle nous
donnent d'être, au même titre que l'arbre, la fleur, le rocher, et l'homme
�— 45 —
même, partie intégrante de l'Univers. Celui-ci semble, dans chacune d'elles,
se refléter tout entier...
*
* *
Le grand Bourdelle est un homme petit, bas de jambes, assez long de
buste, taillé à coups de hache, un peu à la façon dont son père, le tourneur sur
bois, sculptait. Bien que vif, alerte, remuant, il est grave dans ses mouvements. Sa démarche a quelque peu le balancé du laboureur derrière sa charrue. Le corps suit le mouvement de chaque pas qui semble ne pouvoir s'arracher complètement du sol. Les mains sont petites et elles ont — expertes en
tant d'art, tant de génie — la finesse, la qualité de race d'un artiste. La tête est
belle, expressive par sa masse et ses contours, par l'âme qui l'a pétrie. Le front
surplombe comme un dôme le visage où luisent deux yeux étonnament restés
jeunes et gais et qui ayant vu, n'oublient plus. Le nez fort atteste le bon vivant.
La bouche, souvent bonne, quelquefois narquoise, s'encadre d'une barbe à la
Saint-Joseph. Le dessus de la tête dégarnie agrandit le front, illumine la face.
Des petits cheveux bouclés, grisonnants, parent les tempes de petites ailes.
Figure de sage socratique, assez différente de celle de l'adolescent à la
noire chevelure broussailleuse, aux yeux ardents, qu'il fut à l'âge de seize ans T
Mais l'une et l'autre sont bien cependant la même figure méditerranéenne :
netteté du modelé, flamme du regard qui prend possession des choses pour la
richesse des images qu'elles évoquent, en dehors de toute brume de rêverie,
avec sans cesse en elles la vivacité et la couleur de l'accent originel. Comme
sa robustesse, son allure montre le campagnard qui tient encore au sol par de
profondes racines.
*
* *
Emile Antoine Bourdelle est un enfant du pays d'Oc et le descendant
d'une longue lignée de fils de la terre, originaire de ce Quercy, le plus beau
pays du monde, a-t-il dit, où les âpres plateaux se découpent à l'horizon en
lignes nettes, où la nature est rude, sauvage et impose l'effort... Il est né à Montauban, vieille ville, parfois grandiose, toujours austère; l'histoire y évoque
la sombre ardeur des luttes de la foi ; mais l'on peut y apercevoir les superbes
paysages d'une nature ardente ; et n'est-ce pas encore une de ces coïncidences
significatives où pourraient apparaître après coup les lignes d'une destinée!
sa maison natale était située en face du musée Ingres : Ingres dont Bourdelle
devait avoir, avec la probité artistique, l'entêtement au travail, dont il devait
faire siennes ces devises :
« Qui ne souffre pas ne croit pas »
« Ce que l'on sait, il faut le savoir l'épée à la main. Ce n'est qu'en combattant que l'on acquiert quelque chose et le combat, c'est la peine que l'on se
donne ».
Son père, Antoine Bourdelle, était un artisan de l'ancienne école, ébéniste de talent, qui, dit Bourdelle fut son premier maître, ses meubles lui ayant
donné l'idée de ce que devait être la sculpture monumentale...
Bourdelle père s'était d'ailleurs essayé à la sculpture : il avait réparé la
chaire de l'église Saint-Jacques, où il avait placé deux statues d'apôtres. C'est
au milieu des vieux meubles, œuvre patiente des artisans d'autrefois, traités
�— 46 —
avec respect par un autre artisan aussi grand, que Bourdelle passa son
enfance. Celle-ci n'est pas sans évoquer déjà — et ce rapprochement ne cessera
de s'imposer au cours de toute la carrière de Bourdelle — celle des grands artistes de la Renaissance. Il n'aime guère étudier dans les livres ; il n'est à
l'école ni assidu ni zélé T «Je ne sais rien », répond-il, toujours avec une modestie nullement feinte aux interrogations de ses maîtres. Mais il se promène
longuement dans la campagne, regardant le ciel, les arbres, les rivières, sentant la poésie d'une humble cabane, d'un tronc ébranché, d'un rocher, observant les hommes et les animaux, et brûlant d'en reproduire les traits. Et chez
l'un de ses oncles qui possède un troupeau de chèvres, il apprend à connaître
la splendeur des formes animales.
« Je veux être peintre comme Michel Ange », aurait-il dit, zézayant
encore! Légende peut-être comme il s'en forme après coup sur tous les grands
hommes.
Toujours est-il que, de très bonne heure, le jeune Bourdelle commence à
dessiner et que, comme tant d'apprentis du Quattrocento, comme Michel Ange
chez Ghirlandajo, comme Léonard chez Verrocchio, il donna, lui, dans l'atelier paternel, la mesure de son jeune talent que l'étude et la réflexion doivent
plus tard élever, purifier, mûrir, mais qui apparaît déjà en sa magnifique
spontanéité. Un jour, il voit son père un peu embarrassé par la sculpture de
deux têtes de lion... L'enfant prend les outils et, sans hésitation, les taille en
plein bois. Un autre jour, il sculpte, en quelques instants, une tête de faune
dont un artisan, son aîné de beaucoup, ne peut venir à bout. Puis, ce sont encore
les pieds d'une table en feuilles d'acanthe qui sortent délicats, harmonieux, de
ses doigts juvéniles... Ainsi, Léonard, âgé de quinze ans, dépasse ses maîtres !
Le précoce adolescent est bientôt à Montauban une célébrité locale..
Emile Pouvillon, délicat critique, charmant romancier, qui s'intéresse au jeune
homme et l'encourage, le fait concourir pour l'école des Beaux-Arts de Toulouse. Il est reçu et, dans la ville rose, étonne camarades et professeurs, puis
quitte les bords de la Garonne et vient chercher fortune à Paris, brûlant de
conquérir la gloire dans la capitale artistique du monde.
Là, c'est le rude travail, la dure lutte pour la vie, c'est parfois la gêne, la
souffrance et la maladie... Mais ce sont aussi les visites dans les musées où il
prend de précieuses leçons, il est vrai souvent négatives, car l'étude des anciens lui montre moins ce qu'il faut faire que ce qu'il faut éviter ; la fréquentation des maîtres, F aiguière, son professeur pendant son court séjour à
l'Ecole des Beaux-Arts, Dalou, le sculpteur probe et minutieux mais à qui
manque le sens de l'éternel, enfin Rodin...
Et jamais, quelque essor et quelque direction qu'il prenne, il ne fera
oublier qu'il est né dans ce Midi tout de robustesse et d'harmonie, où, a-t-on
dit, l'âme radieuse du Grec, la force rustique du Latin, la sauvagerie de l'Ibère,
le mysticisme de l'Arabe s'unissent en s'épousantï dans ce Midi où, plus que
partout ailleurs sur notre sol, la leçon de Rome est restée dans de puissants
monuments, leçons de force et d'équilibre, d'adaptation de l'art à son objet I
où en surgirent, au sortir de la nuit de l'an mille, les premiers grands bâtisseurs de chez nous, ces romans, artistes complets chez qui nul divorce encore
n'avait séparé la sculpture de l'architecture...
Dr Emile-François JULIA
�JÉSUS TOMBE POUR LA TROISIÈME FOIS
Bois original d'Auguste Rouquet pour Lou Cami de la Crouts
Bois gravés pour Lou Cami de la Crouts
De, P eintres du R^oussillon
F
pieusement dans ces jours qui précèdent et suivent Pâques
ce précieux ouvrage Lou Cami de la Crouts (1) du félibre Albarel,
avec des bois gravés d'Auguste Rouquet. Il ne m'appartient pas de
louer les vers de ce majorai du Félibrige. C'est là la partie de mon
confrère chargé de la rubrique des livres en langue d'Oc.
La part qui m'est échue n'est pas cependant inférieure à l'autre. Car le
poète et l'illustrateur prennent une égale importance dans chaque page. Les
bois gravés de Rouquet sont mieux qu'un frontispice. Ils apparaissent comme
de véritables petits tableaux, lesquels s'équilibrent avec le texte. On ne peut pas
dire que le félibre commente les compositions de l'artiste, non plus que le xylographe illustre les vers du poète. Les bois gravés décorent le livre, en interprétant le drame émouvant du Chemin de la Croix.
Les compositions d'Auguste Rouquet pour Lou Cami de la Crouts, —
EUILLETONS
(1) Edité par A. BRIEU, 4, rue Âuber à Narbonne. Edition presque épuisée. Le prix de
l'exemplaire sur Hollande est porté de 50 à 100 francs.
�ce sont bien de vraies compositions, — marquent une étape sérieuse dans l'évolution de ce graveur. On mesure la route qu'il a parcourue depuis la première
édition de Ville du Passé (i). Là, les images de la cité de Carcassonne, les vieilles bâtisses trouant le ciel latin de leur architecture méridionale, s'égayant
parfois du voisinage de quelque arbre fruitier ou de masses de verdures, se
trouvaient retracées en une traduction serrant de près la réalité et la nature.
Dans la seconde édition de La Ville du Passé, enrichie de gravures qui ne
figuraient pas dans la première, on découvrait dans les nouvelles xylographies une application à dégager les éléments essentiels d'un paysage et à les
exprimer dans un style essentiellement décoratif.
Rouquet, dans l'intervalle, avait publié Les Jardins de Paris. Au milieu
de ces coins enchanteurs dans quoi les architectures, les statues, les colonnades
se marient harmonieusement avec les frondaisons, — éternel symbole de
poésie, — Auguste Rouquet avait bien compris tout le parti qu'offraient ces
jardins réalisés pour le décor de la vie. Il avait orienté, dans la conception de
ces grandes gravures sur bois, son imagination toujours vive et fertile, vers la
recherche de combinaisons d'arabesques ornementales. Il avait eu, à ce point de
vue, des trouvailles tout à fait réussies. Le caractère décoratif de ces planches
ne diminuait nullement d'ailleurs le sentiment de la nature. On sentait l'air,
on respirait, et on voyait la lumière dans ces jardins et parcs de Paris, comme
dans les aspects divers de la Cité de Carcassonne.
Dans la deuxième édition de la Ville du Passé (2), il y a un bois gravé La
Pietà qui annonce déjà ceux du Cami de la Crouts. Dans ces dernières xylographies, l'élément décoratif se retrouve, mais moins épanoui, plus sobre, plus
concentré, ainsi qu'il convient. Les traits sont écrits en des effets simples, les
contrastes des blancs et des noirs s'accusent avec intensité. Jamais Rouquet
n'a atteint à une aussi grande puissance d'expression, avec une technique de
plus en plus sûre. Le graveur a enclos tous ses sujets dans le cadre d'un format
unique. Celui-ci n'est pas constitué seulementpar des lignes droites. Ils'arrondit
en haut comme pour former une sorte de voûte, rappel de la chapelle. Les quatorze scènes de cette tragédie religieuse se déroulent non sans une grande
diversité dans la présentation. Tantôt, deux masques, tels celui de Jésus et de
Pilate, en regard, dans la première station, ou un seul comme celui du Christ
dans le tableau de la mort, ou une sorte de frise de bustes comme dans celui
de Jésus consolant les saintes femmes. Tantôt, au contraire, les personnages
sont figurés en pied, ainsi que dans la plupart des scènes du Portement de
Croix, et leur groupement s'affirme sérieusement étudié. Les faces s'allongent,
— je pense à cette treizième station, si poignante, de la Descente de Croix, —
les gestes s'étirent, expressifs de la souffrance, avec une naïveté qui, pour rappeler celle des primitifs, demeure d'une sincérité tout à fait spontanée. Ces
gravures sur bois parlent à l'âme, en même temps-qu'elles satisfont les regards
dans leur adaptation livresque,typographique. Je m'interroge,devant la signification fortement tragique de ces scènes, si Auguste Rouquet n'a pas gardé dans
ses veines, par le mystère de l'apport des races, un peu de sang espagnol. Car
il y a incontestablement dans ces bois de Lou Cami de la Crouts où la passion
(1) La première édition est presque entièrement épuisée.
(2) Editions d'art Michel JORDY, cité de Carcassonne, prix : 50 francs ; édition augmentée
de nombreuses planches.
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du Christ se noue et se dénoue sous des ciels tourmentés, comme un accent de
ce pays de Ribera, du Greco ou du Goya. Diversité des tempéraments d'artistes.
Je rapproche dans mon souvenir cette œuvre du graveur méridional de ces
tableaux peints par Maurice Denis pour un Chemin de Croix et exposés voici
quelques années. Mais c'est pour en mieux saisir l'opposition. Dans ces peintures de Denis, de premier ordre, le drame de la passion s'accomplissait au
milieu de paysages d'Orient d'une palette d'harmonieuse clarté.
Auguste Rouquet nous donnera bientôt, nous l'espérons, une nouvelle
suite de bois gravés sous le titre Terre Natale. Il la prépare depuis longtemps.
Quelques-unes de ces xylographies, les plus récemment exécutées, ont déjà
paru dans ces Feuillets Occitans. D'autres sont plus anciennes, et se rattachent
à la manière des premiers bois de la Ville du Passé. Mais que Rouquet ne les
laisse pas au fond de ses cartons T Ces premières gravures conservent aussi
leur saveur de terroir. Le véritable artiste ne s'emprisonne pas dans une formule, mais il assouplit son métier selon le sujet à traiter. Et Auguste Rouquet
est trop artiste : il le sait bien.
* *
Le Roussillon se dispute avec la Côte d'Azur la faveur des coloristes. On
doit même soutenir que ceux-ci manifestent une préférence marquée pour
La Côte de Saphir, ainsi qu'Auguste Rouquet lui-même a appelé le rivage
roussillonnais dans un recueil de xylographies publié avant la guerre. Deux
peintres viennent de réunir, en des galeries parisiennes, des ensembles de
toiles comprenant un nombre important de sites des Pyrénées-Orientales. Et
ce sont deux artistes qui ne font pas partie du même bateau. L'un, Henri Montassiez appartient au groupe de ces jeunes coloristes que l'on aime de rencontrer aux Artistes Français où ils apportent une jeunesse souhaitable. Montassier dont j'ai étudié l'œuvre naguère dans un article du Figaro Artistique a
planté son chevalet à Prats-de-Mollo. Il a retracé, dans une palette chatoyante
et claire, dans une pâte luisante et comme croustillante parfois, d'un pinceau
ferme et précis, tout le caractère et toute la poésie de l'Apre et Douce Catalogne, selon l'expression infiniment juste du poète Henry Muchart dans ce
livre si coloré Le Miel Sauvage qui vient de paraître. Le peintre a posé sur sa
toile, avec « une joie de peindre » que l'on devine, le clocher roman de Pratsde-Mollo, aux tons de miel, découpant de son élan rectangulaire l'azur corsé
du ciel qu'un long cyprès, tordu par le vent, découpe, lui, de sa forme en fuseau.
Il a représenté aussi Le Pont d'Espagne apparaissant de profd, tandis que des
maisons, aux toitures d'un bistre rosé, semblent s'entasser au-dessus de son
arche, en un pittoresque désordre. Il a été séduit, et il nous séduit, par une
route de montagne descendant auprès d'une métairie que le soleil coupe en
deux avec un effet d'ombre et de lumière. Henri Montassier, pénétrant dans la
petite ville, en a décrit la place reposante, le platane sur le ciel bleu, les petites
vieilles assises. Il a silhouetté le village d'Ix dont les maisons moutonnent
auprès du clocher, leur berger, sur le fond bleuâtre des monts.
Le second de ces peintres est Pierre Brune, lequel, comme Déodat de
Séverac, a élu domicile à Céret. Brune se situe à l'avant-garde de l'art, dans la
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lignée d'un Matisse ou d'un Bonnard. Il compose ses tableaux en assemblant
des taches de couleurs. Et ces taches se juxtaposent avec le plus subtil accord
dans cette vue des Capucins, plusieurs fois traitée, où les habitations du hameau, les cyprès se marient sur le bleuissement des montagnes; dans les
Altères bleutées derrière des terrains bistres; dans ce Canigou, coiffé de neige
blanche, se vêtant ensuite de mauve, de bleu et de roux à l'endroit où ses pentes
se confondent avec les toits des premières maisons. Une nature morte témoigne que le peintre harmonise les choses avec autant de bonheur quand il place
des roses rouges devant des livres que lorsqu'il situe un mimosa tout enfleuri
de jaune auprès d'une petite villa.
Enfin, je dois signaler que Gaspard-Maillol a représenté le Roussillon
dans le groupement des Partisans au milieu desquels il a exposé à la Galerie
Drouant. Quelles idées défendent ces Partisans sous ce titre de combat ? Peu
importe. Ils font de la bonne peinture. Et cela vaut mieux. Gaspard-Maillol
nous a montré un paysage méditerranéen parmi des toiles d'Antral, Balande,
Bonanomi, M. et Mme Briggs, Chavenon, Crissay, Deslignères, Marcel-Gaillard,
P.-E. Pissarro, Savreux, Sermaise, parmi des sculptures de Chauvel et de Popineau. Il se distinguait par le sujet latin de son tableau. Et ce dernier, de même
que sa Seine à Port-Marly, possédait bien l'ampleur et la robustesse habituelles à ce peintre.
Paul-SENTENAC
Lou Cami de la Crouts
Dans « Lou Cami de la Crouts », magnifiquement édité à Narbonne,
chez A. Brieu, 4, rue Auber, on ne sait ce qu'il faut admirer le plus des bois
gravés d'Auguste Rouquet ou des poèmes du Dr P. Albarel.
Auguste Rouquet est un grand artiste qui burinait de vrais chefs-d'œuvre
dans le bois avant que la gravure sur bois eut repris la faveur qu'elle a aujourd'hui. Son ouvrage sur la Cité de Carcassonne est une merveille qui sera un
jour fort recherchée. Comme d'ailleurs, je crois, tout ce qu'aura réalisé cet
artiste qui aujourd'hui encore ne cesse de se perfectionner.
Il y a longtemps que je le suis, autrefois dans la Revue Méridionale ;
aujourd'hui dans la belle revue Septimanie, qui par sa présentation comme par
son texte fait si grand honneur à Narbonne et à tout notre Languedoc, mais
vraiment, je ne crois pas qu'Auguste Rouquet ait jamais rien produit d'aussi
impressionnant, d'aussi beau et d'aussi parfait dans l'exécution que ces bois
du Cami de la Crouts. Par la netteté du dessin, la plénitude des formes, le travail ouvragé des détails, la répartition des ombres et des clairs, ils attestent
un maître.
Pour chacune des XIV stations du Chemin de la Croix, le Dr Albarel, qui
est un de nos meilleurs poètes méridionaux, a écrit un sonnet. Ces poèmes
d'une inspiration parfaitement chrétienne, nerveux, ardents, sont émouvants.
Mais ce qu'ils ont encore de meilleur et de tout à fait remarquable, c'est la
langue dont se sert le poète. C'est un Languedocien ; dru, racé, sortant à même
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du terroir, où abondent les vieux mots les plus pittoresques, les plus expressifs.
On n'en sera pas étonné de la part du Dr Albarel, qui est un philologue
et dont les travaux sur la langue de Rabelais sont bien connus. Mais il a vraiment composé là un reliquaire de notre vieille langue dont on ne saurait trop
le féliciter.
J'espère que la municipalité de Narbonne aura acquis pour la bibliothèque
de la ville, ce Cami de la Crouts qui ressemble à un livre du Moyen-Age et
même qu'elle l'aura fait soigneusement relier pour le conserver.
C'est non seulement une belle œuvre qui fait honneur
au pays narbonnais, c'est aussi un document de premier ordre.
Jules VËRAN
L'ÉCLAIR, de Montpellier
25 mars 1927.
�a
JÉSUS EST LIÉ A LA COLONNE
Bois original d'Auguste Rouquet pour Lou Cami de la Crouts
es
LAS VIÈLHAS MOLAS
Temps dels molins quilhats subre las nautas côlas,
Ont jingoleja l'Autanàs descabestrat,
Temps dels blancs molinièrs que tant an môudurats
Vès lo cèl fosc del debrembier, rabent, t'envolas T
S'auzis plus bronzinar la canson de las môlas
Fazent farina ambé lo milh, ambé lo blat.
Las duras pèiras de Sidôbre an acabat
De virar coma d'engabiadas esquirôlas.
Jos un engard, la verda mofa las vestis,
E son aqui dempèi qu'ai Lauragués païs
Pels cilindres d'acièr foguèron remplasadas.
Res n'escapant, sus tèrra, al despietados Sort,
Las cauzas d'autres côps se vezon delaisadas
Coin de meninas que s'envan cap à la Mort
Prosper ESTIEU
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LES VIEILLES MEULES
Temps des moulins dressés sur les hautes collines où se lamente l'Autan
déchaîné, temps des blancs meuniers qui ont tant usé du droit de mouture, tu
t'envoles, rapide, vers le ciel sombre de l'oubli T
On n'entend plus bruire la chanson des meules faisant de la farine avec
le maïs, avec le blé. Les dures pierres de Sidobre ont achevé de tourner comme
des écureuils en cage.
Sous un hangar, la verte mousse les habille, et elles sont là depuis
qu'au pays Lauraguais elles furent remplacées par les cylindres d'acier.
Rien n'échappant, sur terre, au Sort impitoyable, les choses d'autrefois
se voient délaissées comme des aïeules s'acheminant vers la Mort.
P. E.
BIBLIOGRAPHIE OCCITANE
Albert PESTOUR. Lous Rebats sus l'autura. — (Les Reflets sur la colline), vers limousins et traduction française avec un poème liminaire en provençal de Charles Maurras.
Paris, éditions de Lemouzi, 33, boulevard Lefebvre (XV), 1926. In-16".
Albert Pestour, dont nous avons donné deux pièces inédites dans notre dernier numéro,
est un des maîtres de la poésie limousine contemporaine. Il est né à Magnac-Bourg (HauteVienne) en 1889. Maître en gai savoir, titulaire de l'Eglantine d'Or des Ussels, et secrétaire de
la Maintenance du Limousin, Pestour réunit deux qualités, qui chez beaucoup semblent
s'exclure ; il est à la fois poète et homme d'action. La publication de son premier recueil de
poèmes, dont nous avons le vif plaisir de rendre compte, est un grand événement pour la littérature de nos pays d'oc. L'Académie des jeux floraux de Toulouse vient de lui décerner, à cette
occasion, une Violette d'argent.
Ce livre est d'un charme unique. Par la perfection de la forme, ses poèmes s'apparentent à ceux de l'Anthologie grecque; par le raffinement de la pensée et des images ils font
songer au lyrisme de Shakespeare dans les Sonnets, Vénus et Adonis, le Pèlerin passionné.
Albert Pestour que, selon l'expression de Charles Maurras, la Provence envie au
Limousin, s'est proposé dans son livre de « chanter la douceur limousine épanouie sur le visage
des saisons ».
Le Printemps dont « tout l'espoir féerique » lui entre soudain dans le cœur « comme une
nuée d'abeilles d'or », et dont « le vent étincelant disperse dans l'air bleu des parfums », le
Printemps limousin dont « l'Ondée se promène » « fée adolescente » entre ciel et terre tandis
que « le bord de sa robe douce fait ployer l'herbe d'Avril », Pestour l'aime et boit d'un trait
« son délice » comme « un vin de flamme et de fleur ». Et il admire le visage de l'Eté, quand
« sous la figure empourprée d'un bel adolescent joueur, Juillet éparpille en parfums l'âme
radieuse de la prairie ». Mais c'est pour l'Automne qu'il réserve peut-être ses plus chères
images, c'est pour l'Automne et pour Septembre à la clarté plus belle que la lumière d'Avril
et qui donne « au fruit l'éclat de la fleur », c'est pour Octobre « qui mène la ronde des couleurs » et dont la changeante lumière se fige en perles de miel dans les figues bleues. « Heureux, murmure-t-il, celui qui savoure avec une âme d'écureuil la splendeur de l'Automne et le
miel radieux de l'heure ». Et il contemple la saison magique « qui sur son sein berce les bois
délicieux », la saison magique qui « fait refleurir les roses sur les tombes », l'Automne « Impératrice des songes et des mirages », et, « comme au taillis gémit la palombe », il se lamente
sur son trépas. Mais, la neige le console de l'hiver, la neige « fleur ailée, rêve immaculé, pur
élan », qui s'amoncelle au creux des chemins « comme -une nuée de colombes », et « se baigne
dans les sources... » Cette douceur de la neige est plus douce au cœur du poète que certains
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matins des beaux jours dont la douceur parfois lui perce l'âme comme le fil d'une lame qui le.
« blesserait de joie ». Sa sensibilité exquise se plaît à se reposer du soleil par les rayons amis
de la lune « mère des mirages, aux prairies célestes trempées d'une clarté quasi magique », et
il lui dit : « Combien d'amoureuses, dans le vaste univers, d'âmes nostalgiques, te contemplent
en pleurant ! » Son âme nostalgique de poète, Pestour a su la tremper aux sources de l'Espoir
chrétien, il sait dire au Malheur : « O vieux Malheur, bats plus fort, frappe plus dur, pour que
mon âme soit plus belle et pour que mon cœur soit plus pur ! » Il espère en Celui « qui a pour
miroir la mer et pour lampe l'étoile », il se cramponne au roc où fleurit la croix, il espère en
ce jour prédit où les mains des pauvres resplendiront « plus belles que des fleurs de lumière »,
prés des mains percées du Sauveur.
Ce qui attache invinciblement le poète à tout ce qui fit si grande et si belle la foi des
vieux temps, c'est la tradition, c'est la famille, c'est la maison qu'il contemple sur la colline,
la maison « candide comme une âme qui n'a pas démérité », c'est la terre de Magnac où il veut
reposer un jour, c'est sa mère, vers qui monte ce cri filial : « Ton âme me voit et m'écoute, ô
ma mère, et je suis sûr qu'aux cieux, rien ne peut te plaire davantage que de m'entendre prier
pour toi en limousin ».
Le limousin, fier et pur langage, il en doit à sa mère les mots pleins de soleil. Avec
ces mots adéquats à son âme, il a chanté, sur la colline de ses songes, de merveilleux reflets.
Antonin PERBOSC. Les Langues de France à l'école. — Toulouse, collection oc, éditorial occitan, 1926. In-16.
M. Antonin Perbosc a réuni en un substantiel petit volume les articles parus dans Oc
du 25 Octobre 1925 au 28 Février 1926. « Les ministres passent, dit-il à propos de la trop fameuse
circulaire de M. de Monzie, les langues restent — les circulaires aussi. Mais les langues
restent et vivent ; il est des circulaires mort-nées qui restent dans les cartons officiels
qui leurs servent à la fois de berceaux et de tombes». Et M. Perbosc passe au crible la malencontreuse circulaire dont les arguments apparaissent sans force lorsqu'on a terminé la lecture de ce petit livre où le grand poète occitan a noté les résultats de l'expérience acquise
par lui pendant les longues années qu'il a consacrées à l'instruction des enfants du Midi. La
cause est entendue maintenant, nul ne peut contester l'utilité de la langue d'Oc à l'école pour
l'enseignement du français.
Jean AUDIAU. Les Troubadours et l'Angleterre. — Contribution à l'étude des poètes
anglais de l'Amour au Moyen-Age (XIII* et XIV* siècles). Nouvelle édition revue et complétée.
Paris, J. Vrin, 1927. In-16.
En 1919, au retour de la guerre, M. Jean Audiau avait entrepris d'étudier l'influence
des troubadours sur la poésie anglaise du Moyen-Age et, en 1920, il publiait les premiers résultats de cette étude. Le petit opuscule où le tout jeune et très savant romaniste avait noté les
résultats de ses premières recherches, est devenu un important ouvrage. Ceux qui s'intéressent
à la poésie de l'Angleterre et de l'Occitanie y trouveront mille curieux rapprochements.
D'après M. Audiau, on est en droit de se demander si les riches marchands qui faisaient le
commerce des vins entre le Sud de la France et la Grande-Bretagne, n'ont pas contribué à
répandre en Angleterre les œuvres des Troubadours, tout au moins en vendant aux grands seigneurs les manuscrits enluminés de leurs chansons. Les navigateurs anglais étaient d'ailleurs
familiarisés avec la langue d'Oc.
On trouve même en anglais des mots d'origine occitane. L'influence des troubadours
sur les poètes anglais du Moyen-Age est indéniable et plusieurs d'entre eux ont, de façon certaine, séjourné en Grande-Bretagne.
PAUL-LOUIS GRENIER
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^Nécrologie
ETIENNE MARTEL
L'annonce de la mort d'Etienne Martel nous a été une cruelle surprise
au moment même oùpar une singulière télépathie, nous venions de remémorer
une fois de plus son nom avec estime dans l'article que nous consacrons à
Henri Duclos, ici même.
Le jeune auteur de Vin Rouge ou plutôt l'un des deux auteurs de Vin
Rouge, (car Pierre Martel survit, torturé, haletant d'avoir perdu la moitié de
soi-même, mais non assez désemparé pour renoncer à mener à bien la tâche
hier conçue en commun), Etienne Martel, donc, meurt à 27 ans, sans avoir su
que son œuvre récente, « la rencontre de Cervantes et de Quichotte » avait
été livrée par Bernard Grasset à la composition, pour paraître dans la nouvelle collection « le Banquet », publiée sous la direction de Daniel Halévy.
Et je ne sais pourquoi, des phrases significatives et émouvantes de Vin
Rouge me viennent à l'esprit soudain : « Des êtres qui ne peuvent rien dans
la vie acquièrent par la mort des pouvoirs illimités dont nous n'avons la
moindre conscience ; quelque chose résiste à la mort, et libère des contraintes du corps, pour accomplir les pénétrations et les conjurations les plus
étonnantes ».
Ne sont-ce pas là des mots d'une singulière prescience ? Et comme
couronne cette citation, faite par Martel, de deux vers admirables de Mistral
qu'on pourrait graver aujourd'hui en épitaphe sur la stèle du jeune romancier :
E lou grand mot que l'orne oublido,
Vel eici : la mort est la vido.
Fernand CRËMIEUX
A propos Je Gastronomie
L'heure est à l'art de bien manger. Nous assistons à une renaissance de la gastronomie
et surtout de la gastronomie régionaliste. Au moment même ou les «Feuillets Occitans» préparent leur numéro sur la bonne cuisine et les bons vins du Midi, la belle revue que dirige à
Besançon M. Lardier : «Franche-Comté et Monts Jura», va faire paraître un numéro spécial
sur la gastronomie Franc-Comtoise, que nous signalons aux gourmands de chez nous.
Le ^NÎ.onument Chénier
Le Groupe Occitan, reprenant l'idée d'un monument à la Mémoire de notre grand
compatriote André Chénier, a chargé son Vice-Président, le poète et romancier Paul-Sentenac
de réunir un nouveaux Comité. L'ancien Comité, jadis constitué, avait comme Secrétaire
Général le poète et graveur Achille Rouquet, Directeur de la Revue Méridionale à Carcassonne.
La présidence d'honneur du nouveaux comité a été acceptée par M. Albert Sarraut, Ministre de l'Intérieur Le Groupe Occitan a chargé notre sympathique compatriote et ami M. G.
Combeleran du Syndicat d'initiative de Carcassonne et des «Amis de la Cité» d'organiser un
Comité local correspondant.
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LE SALON OCCITAN
Le Salon Occitan aura lieu cette année aux mois d'Octobre-Novembre. Il comprendra
une nouvelle section : le Salon des écrivains Occitans et des Revues d'Occitanie.
Erratum
Dans notre numéro d'avril 1927 (nouvelle série) une erreur d'imprimerie a complètement déformé la chronique des Livres de Frédéric Saisset et la suppression des titres des
ouvrages analysés a rendu la lecture de cette chronique en majeure partie incompréhensible.
Nous rétablissons ici le début de chaque paragraphe avec le titre de l'ouvrage et le
nom de l'auteur en priant nos lecteurs de vouloir bien se reporter au numéro précédent.
Georges Heitz : Images détachées de l'oubli (poèmes)
(Paris. — Collection de l'Ermitage)
Les vers de la « Dédicace » et de « Polymnie » qui ouvrent ce beau livre, etc..
Ferdinand Lovio : Le Siège de Cahors 1580 (chez l'auteur)
C'est un recueil de poèmes sur le siège de la cité du Quercy par Henry IV...
Pierre-Alexis Muenier : Emile Montégut
(Paris. — Garnier frères)
Emile Montégut était Limousin, enfant d'une vieille famille...
Albert Bausil : Images de Font-Romeu (Perpignan)
On trouvera dans ce livre qui est un chant d'amour dédié à la Cerdagne, etc..
Marika Stiernsted : Ulabella
Roman traduit du suédois par Kate Hornell et Juliette Julia
(Albin Michel Editeur Paris)
Ce roman, Ulabella, de Marika Stiernsted a été traduit par une roussillonnaise, etc..
Jean Suberville : Simon de Montfort (pièce en 4 actes, en vers)
(Librairie Théâtrale, Paris.)
Voici un beau drame rapide qui se déroule de l'automne 1212 à l'automne 1213, à
Toulouse, etc..
Jean Amade : Chants Rustiques et Oraisons (poèmes)
(Editions Occitania E.N. Guitard, 6, Pqssage Verdeau. Paris.)
Jean Amade à qui les Roussillonnais doivent de judicieux ouvrages régionalistes, etc..
A.M. Gossez : Henri fflériot, le dernier romantique
etc..
(Aux Editions du bon plaisir à Toulouse)
A. M. Gossez, excellent poète lui-même étudie le poète Henri Mériot avec la sympathie
Isabelle Korn : Choix de Poésies
(Editions,Heintz frères. Oran)
Le choix de Poésies d'Isabelle Korn préfacé par Alfred Cazes etc..
Gaspard Malllol : Les Petites Eglises de la Guerre (Préface de Paui-Sentenac.)
(A VEnseigne de Pégase, Paris)
C'est surtout comme peintre, écrit l'Editeur, que Gaspard Maillol était connu etc..
Alfred Cazes : Mon vieux Languedoc
(Editions Heintz frères, Oran)
Dans ces contes, pensés, en langue d'Oc, écrit l'auteur, etc..
Loys Labèque : Eglises parlantes (poèmes)
etc..
(Editions Sansot, Paris)
Le poète visionnaire Loys Labèque qui s'est fait connaître par quatre volumes de vers,
Georges Barrière Flavy : L'agonie des Algies (drame en 3 actes)
(Editions Occitania E.N.Guitard,Paris)
L'action de ce drame poignant est condensée etc..
Blanche Cazes : Pages de la quinzième année
(Aubanel fils, Avignon)
C'est un harmonieux recueil de poésies etc..
L'IMPRIMEUR-GÉRANT :
R. Roux —
SOISY-SOUS-MONTMORENCY (S.-&-O.)
CTDTO!
BUIERSI
�Le groupe des
Rutènes
Le nom de " Rutênes " que portaient aux temps gaulois les turbulentes peuplades du
Rouergue a été pris par un jeune cercle artistique et littéraire Aveyronnais soucieux de marquer ainsi son caractère franchement rêgionaliste et son culte des plus anciennes traditions.
C'est dire que dans son enceinte la langue d'Oc est â l'honneur comme dans notre groupe luimême. Son fondateur M. Jean Cotereau est par ailleurs un de nos adhérents et un de ses premiers actes a été de rattacher le cercle nouvellement fondé à notre fédération occitane. Pour
toutes ces raisons, nous croyons devoir signaler « les Rutènes » à tous ceux que le Rouergue
intéresse. Depuis un an qu'elle existe, cette association n'a cessé de montrer son activité et son
dévouement à la petite patrie. Au cours des réunions mensuelles, lesquelles ont lieu depuis
Novembre 1928 à la Brasserie du Pont-Neuf, 17, rue du Pont-Neuf, ont été données les causeries
suivantes « Les Rouergats à Paris, il y a cent ans », « Le régionalisme et le Rouergue », « Une
célèbre Ruthénoise au Moyen-Age, Guida de Rodez », « Auvergne et Rouergue », -etc. Chaque
séance comporte en outre des projections de vues et reproductions d'œuvres d'art aveyronnaises, des récitations littéraires et des exécutions musicales se rapportant strictement au
Rouergue. Non contents d'organiser ces soirées, les Rutènes préparent actuellement une
« Anthologie de la littérature rouergate » depuis le Moyen-Age jusqu'à nos jours. Les personnes qui désireraient avoir des renseignements sur ce cercle, pourront s'adresser à son
secrétaire fondateur M. Jean Cotereau, 1, square Aug.-Chabrières, Paris XV*.
Vers un art rouergat
Conférence donnée au Caméléon, le 20 Janvier 1927, par M.Jean Cotereau.
Partant de cette idée que chaque région parfaitement caractéristique peut créer une
formule d'art originale, le conférencier a d'abord démontré que le Rouergue, sa géographie
pittoresque, son histoire mouvementée, sa race au relief accusé constituaient par l'artiste et
pour l'écrivain une source inépuisable d'inspiration. Il a ensuite distingué parmi les artistes
aveyronnais ceux dont le régionalisme est le plus franchement accusé, les sculpteurs Lafleur,
Grandet, Bertrand et Malet, les peintres Roger et Casimir Serpantré enfin le grand Eugène
Viala plusieurs mois mentionnés par les Feuillets. Très riche également la littérature vraiment
rouergate, d'un côté les traditionnalistes chrétiens, de Pomairols, François Fabié, Enée Bouloc,
le félibre Bessou, l'entomologiste Fabre, dans quelques unes de ses pages, plus récemment
M"" Reynes Monlaur, MM. André Delacour et Mare André Fabre, enfin Mademoiselle Amal
(que son dernier recueil de vers rattacherait plutôt au second groupe) de l'autre le poète
Roger Frené et surtout Eugène Viala, à nommer ici encore, auteurs panthéistes, voire païens,
d'une originalité plus puissante. La musique présente un beau trésor populaire, mais le
Rouergue attend son Canteloube, son Déodat de Sévérac.
€4
Le Dieu sans Couronne" à Saint-Quentin
Nos lecteurs apprendront avec joie que « Le Dieu sans Couronne » la belle pièce en
trois actes et en vers de notre collaborateur et ami Pierre Jalabert et Etienne Arnaud (musique
de notre compatriote Marc Delmas) sera jouée le 5 juin au Grand Théâtre en plein air de SaintQuentin, par des artistes de la Comédie Française et de l'Odéon devant vingt mille spectateurs.
Ajoutons que le « Dieu sans Couronne » sera également représenté cet été au théâtre antique
de Fréjus toujours par les mêmes artistes. Ainsi s'affirme durable le succès de cette belle
pièce créée en 1923 aux arènes de Béziers.
Un Article de M. Léon Bailby
Dans « VIntransigeant » du jeudi 21 avril dernier, M. Léon Bailby publiait un article
fort intéressant dont nous détachons les passages ci-dessous. Les Feuillets Occitans dont le
but est avant toute chose de développer la culture Occitane dans le cadre de la Patrie Française , ne peuvent que souligner le courageux article de Léon Bailby : DEUX FRANCES ?
« On nous a fait le coup de l'Alsace. Et le procès de Colmar vient de montrer que l'affaire
aurait pu réussir. Voici maintenant qu'on essaye d'une autre malice pour diviser et couper
le pays en deux. Des tracts circulent en ce moment essayant d'établir qu'il y a deux Frances,
�deux régions bien distinctes et différentes, la zone du Mord, qui est féconde, laborieuse, courarageuse ; puis la zone placée au sud de la Loire qui, celle-là serait stérile, pays de la « nécrose »
où se retrouveraient « tous les détritus ethniques, toutes les épaves humaines rejetées
par d'autres nations ».
Aux temps heureux d'avant la guerre, Jules Lemaître s'était un jour diverti à opposer
sur le terrain politique les hommes du Nord à ceux du Midi. Il prétendait que Toulouse n'a
pas seulement le privilège de nous expédier ses ténors, mais qu'elle nous pourvoit aussi généreusement de leaders parlementaires et qu'en fait ce sont les provinces du Midi qui nous
gouvernent.
Cette thèse fantaisiste, qui n'était alors que la boutade d'un homme d'esprit, est reprise
aujourd'hui développée, généralisée par les auteurs anonymes des tracts en question avec
une lourdeur d'arguments bien propre à éveiller nos soupçons. Cette propagande ne seraitelle pas Made in Germant/ ? Le fait est que si on recherche à qui cette besogne peut profiter
on n'en trouve pas d'autres bénéficiaires que ceux des étrangers qui jalousent, avec le prestige de notre victoire, notre relèvement, trop rapide à leur gré
Dans un pays du sud de la France, un journal se créait, il y a quelque temps, destiné,
assurait-on, à défendre les intérêts de cette partie du territoire français jusqu'ici un peu
oubliée et sacrifiée. Naturellement les amitiés et les soutiens s'empressèrent nombreux
autour de la nouvelle feuille animée de si généreuses intentions.
Or, grande fut la surprise des bons Français, des lecteurs, à voir bientôt ledit \ournal jeter le masque et mener une active campagne séparatiste. Inutile de préciser que cette
action n'était inspirée et rétribuée que par les éléments ardents et hostiles d'une population
voisine
»
Service d'Échange des Revues
L'Action Corporative (Quercy) — L'Activité Nord-Africaine et Coloniale (Paris) — Les
Annales du Musée social (Paris) — L'Aude à Paris (Paris) — L'Audeà Toulouse (Toulouse)
— L'Auto que bufo un cop cado mes (Toulouse) — L'Auvergne littéraire, artistique et félibréenne (Clermont-Ferrand) — Le Beffroi de Flandre (Dunkerque) — Biou y Toros (Nimes) —
La Brise (Brive) — Lou Bournat (Périgueux) — Bulletin de la Société Archéologique de
Narbonne — Le Cadet de Gascogne (Paris) — Causses et Cét^ènes (Paris) — Le Cercle du
Goût Français (Paris) — Ceux qui viennent (Paris) — La Chaumière (Rouen) — La Cigalo
Narbouneso (Narbonne) — La Cigalo Languedouciano (Béziers) — La Cobreto (Aurillac) —
Contimporanul (Bucarest) — Le Courrier Catalan (Paris); — Le Divan (Paris) — Divona
(Cahors) — Le Domaine (Foix) — L'Ermitage (Paris) — L'Escola Fclibreena (Montpellier)
— L'Escolo de las pireneos (Montauban) — L'Essor (Dijon) — L'Etendard Piscénois (Pézenas)
— L'Est Dramatique (Troyes) — L'Eveil Catalan (Perpignan) — Le Feu (Aix-en-Provence) —
La Feuille de Choux (Paris) — Le Flambeau du Nord (Tourcoing) — Le Fédéraliste (Courbevoie) — Franche-Comté et Monts-Jura (Besançon) — Le Fleuve (Lyon) — France-Orient (Paris)
Le Gard à Paris (Paris) — Le Grand Tourisme (Paris) — Lo gai Saber (Toulouse) — Le Grenier (Orléans) — Idées (Paris) —L'Idée A'euve (Lyon) — L'Information Régionalè\ÇVou\ouse)—
Le Languedoc (Alger) — Le Limousin (Paris) — Le Mercure de Flandre (Lille) — La Houle
(Lyon) — La Nouvelle Revue du Midi (Nîmes) — Oc (Toulouse) — Paris-Critique (Paris) —
Paris-Provence (Paris) — Le Parthénon (Paris) — La Pensée Latine (Paris) — Poésies (Paris)
— Le Prisme (Lyon) — La Province (Paris) — Les Pyrénées Littéraires (Toulouse) — Les
Rayons (Bordeaux) — La Renaissance Provinciale (Paris) — La Revue des Autodidactes (Toulouse) — La Revue des Indépendants (Asnières) — La Revue Limousine (Limoges) — La Revue
de la Nièvre et du Centre (Paris) — La Semaine Vinicole (Paris) — Septimanie (Narbonne) —
La Science Historique (Paris) — Bulletin de la Société des Arts et Sciences (Carcassonne) —
Le Sol Sacré (Toulouse) — La Revue Latine (Paris) — Le Bulletin de la Société Centrale d'Agriculture de l'Aude (Carcassonne) — Le Rouergue (Paris) — Bulletin de la Société d'Etudes
Scientifiques de l'Aude (Carcassonne) — La Semaine à Paris (Paris) — Le Semeur de Normandie (Falaise) — Le Soleil d'Oc (Toulouse) — Le Sol Sacré (Toulouse) — Le Tarn à Paris (Paris)
— La Terre d'Afrique (Alger) — La Terre d'Oc (Toulouse) — La Tramontane (Perpignan) — Le
Bulletin de l'Union des Fédérations des Syndicats d'Initiative (Paris) — Les Tablettes de la
Côte d'Azur (St-Raphaêl) — Le Touring-Club (Paris)— Le Trait-d'union (Paris) — La Tribune
Régionaliste (Paris) — U Lariccin (Marseille) — La Vie Economique des Soviets (Paris).
�Principaux Collaborateurs
Lettres Françaises : J. F. Paul ALIBERT ; Jean AMADE ; Achille ASTRE ; Jean
AZAÏS ; Jean BADONA ; Daniel BAQUÉ ; A. BAUSIL ; Adrienne BLANC-PÉRIDIER ; BOYERD'AGEN; J.-J. BROUSSON; Jean CAMP; Paul CASTELA ; CHARLES-BRUN ; G. CHERAU, de
l'Académie Goncourt ; Marcel CLAVIÉ ; M. COULON ; Benjamin CRÉMIEUX ; Fernand CRÉMIEUX; Joseph DELTEIL; DENYS-AMIEL ; François DESBROSSES ; Henri DUCLOS; Raymond
ESCHOLIER; L. ESTÉVE; Lucien FABRE; Henri FESCOURT; Ernest GAUBERT; H. GAUTIER
du BAYL ; Jo GINESTOU ; Jean GIROU ; Henry de GORSSE ; Charles GRANDO ; Raymond
GROC ; Jehan d'ARVIEU ; Vincent HYSPA ; Pierre JALABERT ; Jean LEBRAU ; Antoine de
LÈVIS-MIREPOIX; P.-E. MARTEL; J. MORINT-COMB Y ; H. MUCHART; Henri NOELL ; Ch.
PHALIPPOU; J.-S. PONS; Armand PRAVIEL ; Albert-Marie POLJOL ; Albert PUJOL; Docteur
RAMAIN; A. ROUQUET; Charles ROUSSILLON; J. ROZÈS de BROUSSE; Frédéric SAISSET;
PAUL-SENTENAC ; Léon SOULIÉ ; TOUNY-LERYS ; F. TRESSERRE; Suzanne TESSIER; Paul
VALÉRY, de l'Académie Française ; Georges VILLE ; Jules VERAN ; etc..
Lettres Occitanes : Professeur ANGLADE ; Jules AZÈMA; Docteur Paul ALBAREL ; Léon
AURIOL; Abbé DAMBIELLE; Prosper ESTIEU; Adolphe FALGAIROLLE ; M. FRISSANT ;
Ismaël GIRARD ; P.-L. GRENIER ; E.-H. GUITARD ; Léon JULIA ; J. LOUBET ; Antonin PERBOSC ; Jean PUEL ; Emile RIPERT ; José ROUQUET ; Abbé Joseph SALVAT ; Docteur SOULA ;
G. VINAS ; etc.
Beaux-Arts : BAUSIL ; BERNARD ; BOURGAT ; Auguste CHABAUD ; CALMON ; Louis
CLAUDEL; DESNOYERS ; DOMERGUE-LAGARDE ; L.-C.AYMAR; H. FAVIER ; FONTBERNAT; Mme GAUDION ; A. GUENOT ; GASPARD - MAILLOL ; A. LAGARRIGUE ; Pierre
LAPRADE ; Jean MAGROU ; Jean MARSEILLAC ; MAX-THERON ; PARAYRE ; RAMEY ;
RAMOND ; E. REY-ANDREU ; Achille ROUQUET ; Auguste ROUQUET, etc..
Études économiques : J.ANGLADE ; Gaston COMBELERAN; Emile COMET; L. DOUARCHE
Jean DUPUY ; Aimé GRANEL ; A. PASSERIEUX ; Pierre du MAROUSSEM, etc..
Histoire, Archéologie, Fok-Lore: Fernand CROS-MAYREVIEILLE ; E. ROUX-PARASSAC;
L. LAGARDE; E. LITRÉ ; Prosper MONTAGNÉ; FOIX; Abbé SABARTHÉS.
Chroniques de l'Amérique Latine : Jean CAMP ; de SAINT-VINCENT-BRASSAC.
Chroniques Italiennes : César SILVAGNI.
Chroniques Espagnoles :
Chroniques Roumaines : Mlle URSU.
Chroniques Portugaises : PERE IRA da SILVA.
�Troisième
Deuxième
Année
Feuillet
Je la ^Nouvelle Série
Ai.ai
neuf-cent vingt-sept
(Dix
Feuillets
par
an)
Edition ordinaire. 3 fr. 5o le numéro
lia été tiré Ju présent numéro 20 exemplaires
de luxe numérotés, hors commerce, sur papier
Je Montval, Je G. Maillol.
Exemplaire n"
�
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Patrimoine écrit occitan:périodiques
Description
An account of the resource
Ce set contient les périodiques numérisés par le CIRDÒC issus des collections des partenaires d'Occitanica
Revista
Item type spécifique au CIRDÒC : à privilégier
Variante Idiomatique
Languedocien
Région Administrative
Languedoc-Roussillon
Aire Culturelle
Languedoc
Roussillon
Type de périodique
Revistas d'estudis localas = Revues d’études locales
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Les Feuillets occitans : Languedoc, Roussillon, pays d'Oc. - 1927, N.S., n°02 (Mai)
Subject
The topic of the resource
Littérature occitane -- Périodiques
Mouvement occitan -- Périodiques
Régionalisme -- Périodiques
Régionalisme (littérature) -- Périodiques
Description
An account of the resource
Les Feuillets occitans. - 1927- N° 2
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Cros-Mayrevieille, Fernand
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Groupe occitan (Paris)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1927-02
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public/Domeni public
Relation
A related resource
Vignette : http://occitanica.eu/omeka/files/original/3e8cc56194a095c0226302dbd853292f.jpg
http://www.sudoc.fr/127555161
Is Part Of
A related resource in which the described resource is physically or logically included.
Les Feuillets occitans (<a href="http://occitanica.eu/omeka/items/show/12808">Accéder à l'ensemble des numéros de la revue</a>)
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol. (p. 30-56)
Language
A language of the resource
oci
fre
Type
The nature or genre of the resource
Text
publication en série
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
http://occitanica.eu/omeka/items/show/12830
FRB340325101_M3_1927_02
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
19..
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence ouverte
Date Issued
Date of formal issuance (e.g., publication) of the resource.
2016-03-29 Françoise Bancarel
Date Modified
Date on which the resource was changed.
2016-06-08
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Crémieux, Fernand
Litré, E.
Ramondenq, R.
Julia, Emile-François
Sentenac, Paul (1884-1958)
Rouquet, Auguste (1887-19..)
Véran, Jules (1868-1960)
Estieu, Prosper (1860-1939)
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Les Feuillets occitans. - 1927, N.S., n°02 (Mai)
Source
A related resource from which the described resource is derived
Mediatèca occitana, CIRDOC-Béziers, M 3
Occitanica
Jeu de métadonnées internes a Occitanica
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Le portail dans la typologie Occitanica
Mediatèca
Sous-Menu
Le sous-menu dans la typologie Occitanica
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Type de Document
Le type dans la typologie Occitanica
Numéro de revue
Catégorie
La catégorie dans la typologie Occitanica
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Contributeur
Le contributeur à Occitanica
CIRDOC - Institut occitan de cultura
Art
Illustracion dels periodics=Illustration des périodiques
Literatura occitana = littérature occitane
Movement occitan=Mouvement occitan
Novèlas=Nouvelles
Poesia=Poésie
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Text
LES FBVILLETS
OCCITANS
LANGVEDOC ROVSSILLQN PAYS D'OC
ORGANE DVGROVPE OCCITAN
41 BOVLE"VAKD DES CAPVCINES 41
PARIS
�C.I.D.O.
BÈZIERS
SOMMAIRE
Les Lettres Françaises :
L'Occitanie
Edmond
La Grenouille et les Trois-Nourrices ....
Benjamin
Le Marchand de Neige (poème)
Henry
Matin (poème)
Frédéric
SAISSET
Les Livres
Frédéric
SAISSET
Les Revues
Jean
HARAUCOURT
CRÉMIEUX
MUCHART
CAMP
Les Beaux-Arts :
Les Expositions de Paris
à
Toulouse....
Curiosités
Paul-SENTENAc
ASTER
Les Lettres Occitanes
(Chansous) Brava Aigua
Albert
Réflections sur la Poésie Occitane
Joseph-S
Bibliographie Occitane
Paul-Louis
PESTOUR
PONS
GRENIER
Illustrations
Paysage
BOURGAT
Une Ferme dans l'Aude, bois gravé ....
Achille
La Maison des Trois-Nourrices, bois.
La Cité de Carcassonne, bois
.
.
)
>
)
ROUQUET
Auguste
ROUQUET
Vues de Narbonne, bois
Jane et Achille
Bandeaux, bois
Gaspard
ROUQUET
MAILLOL
Nous donnerons dans nos prochains numéros L'Etude sur la Race
Occitane de notre Collaborateur E. Littrè.
�La Nouvelle Série des Feuillets Occitans
Le cahier que nous publions aujourd'hui inaugure la nouvelle série des "Feuillets Occitans" Nos lecteurs et amis apprécieront les modifications que nous avons apportées à notre
publication, dans le format, la présentation et le programme. Le développement constant du
Groupe Occitan, de son activité, et de son champ d'action, ont rendu ces modifications nécessaires. Bulletin de notre groupement à ses débuts, les Feuillets Occitans sont devenus l'organe
des pays d'Oc; le trait d'union entre toutes les publications régionalistes de la terre d'Oc,
comme le prouve son alliance avec la courageuse et vivante feuille d'Ismaël Girard et de
l'abbé Dambielle : Oc. Les Feuillets jie sont pas venus au monde pour supplanter les autres
revues ; niais bien au contraire pour les soutenir et contribuer à leur rayonnement. Ils préparent dans ce but d'importantes manifestations.
Désormais les Feuillets Occitans ne paraîtront pas mensuellement ; mais il sera publié
10 feuillets dans l'année numérotés de 1 à 10 et portant la date de leur parution. Un certain
nombre de ces feuillets seront spécialement consacrés à une question touchant l'Occitanie.
Le premier de ces numéros spéciaux traitera de 11 l'Occitanie Gastronomique", composé sous
la direction du maître Prospère Montagné, il comportera non seulement les recettes de nos
plats méridionaux, la composition de menus occitans, mais encore des relations, des anecdotes, des chansons à boire, un chapitre sur nos bons vins, l'art de les chanter et de les boire
Rédigés avec un égal souci de documentation et d'art, ces numéros spéciaux formeront en
quelque sorte l'inventaire régionaliste dont nous avons tracé les directives dans la première
série de nos Feuillets.
Malgré les lourdes charges qu'assument ainsi Les Feuillets Occitans, le prix de l'abonnement n'a pas été sensiblement majoré. Il n'est que de 30 fr. pour l'édition sur bouffant
et de 60 fr. pour l'édition de luxe sur Montval. Dans l'édition de luxe, seront encartées, ultérieurement des eau-fortes et des lithographies numérotées et signées.
LES FEUILLETS
Abonnement Commun aux "Feuillets Occitans et à "Oc
Plusieurs de nos lecteurs nous ont manifesté leur regret de ne pas voir nos " FEUILLETS ''
consacrer une plus large place à la littérature en langue d'Oc et au mouvement occitan proprement dit.
Nous leur avons représenté que notre revue, dont le but est de rendre une image fidèle
de l'activité de nos régions et de leurs originaires dans tous les domaines, ne saurait sans inconvénient rompre l'équilibre des divers éléments de sa présentation et que ce serait, au surplus faire double emploi avec tant d'excellentes revues spéciales et locales ,que notre devoir
est de mettre en lumière, et dont nous apprécions trop le mérite pour en entraver l'action.
Toutefois, pour tenir compte de ces intéressantes suggestions et en vue de permettre à
ceux de nos lecteurs qui s'intéressent plus particulièrement aux lettres Occitanes de compléter la documentation que leur offre notre revue, nous sommes heureux de leur annoncer
que, d'accord avec la direction des publications " OC ", nous avons organisé vin régime d'abonnements communi à nos deux organes.
Cet abonnement, pour ceux de nos lecteurs qui en feront la demande, comporte le service
des "FEUILLETS OCCITANS" et de "OC" et est fixé à 35 frs par an au lieu de 45 frs. Il peut
être indifféremment souscrit soit à l'administration des "FEUILLETS OCCITANS'' 41, Boulevard des Capucines, Paris (II*), soit à l'administration des publications "OC", villa Peyrat,
chemin de l'Espinet à Toulouse.
Banquets et Fêtes
— La Société «Le Roussillon» qui fête tous les ans le pays du soleil en des agapes fraternelles a donné cette année son banquet et son bal le 12 Février au Palais d'Orléans — Pleine
réussite, grande animation sous la Présidence du sympathique Général Caloni ! On a entendu
les chants du ténor : Lo Pardal, Montagnes régalades, L'Uortatane.
— L'Association des Enfants de l'Aude à Paris a donné également son Banquet et son
Bal le 12 Mars à la Salle des Fêtes du Parc des Expositions. Une nombreuse assistance se
pressait autour du Président de ces familiales agapes M. Albert Sarraut, Ministre de
l'Intérieur, Sénateur de l'Aude, dont l'éloquence empreinte de la plus line bonhomie fut goûtée.
Le Dr Digeon Président de la Société et ses collaborateurs doivent être félicités pour la
réussite de leur fête.
�COMITÉ DIRECTEUR DU GROUPE OCCITAN :
MM.
Président : F. CROS-MAYREVIEILLE, ifii» 4' ff' &> >$<.
Vice-Présidents : Paul SENTENAC, |_t ; E. GUITARD; Frédéric SAISSET.
Secrétaire général : Auguste ROUQUET.
Archiviste : P.-L. GRENIER.
Archiviste adjoint : Marcel CLAVIÈ.
Trésorier : Maurice FAVATIER, Î^> ^>
Chef des Etudes économiques et agricoles : Docteur GRANEL,
I.
Membres : Léon AURIOL,
||l I. ; J. BOXNAFOUS ; Jean CAMP ; Emile COMET, ifc, <$>.
>fr',
Fernand CRÉMIEUX, ^ ; FRISSAXT ; Jo GIXESTOU, Sfc, ^ ; J. LOUBET ; Henry NOELL, ^t, ^ ; Albert
PUJOL °- '■ ; Georges VILLE,
Délégué régional : J. MORINI-COMBY (Nîmes).
COMITÉ DE PATRONAGE
Délégation permanente des Groupements Régionaux et Locaux auprès du Comité-Directeur
LA VEILLÉE D'AUVERGNE
LE
: M. Boudon, Secrétaire général.
: M. de Clarix de Nussac, Secrétaire
GROUPE D'ÉTUDES LIMOUSINES
général.
(Pyrénées-Orientales) : Général Caloni, Président.
: Docteur Digeon, Président.
LES ENFANTS DU GARD A PARIS : M. A. F. Martin, Président.
LES ENFANTS DU TARN A PARIS : M. Selves, Président.
LA GRAPPE DU QUERCY : M. Vialle, Président.
LA SOCIÉTÉ INGRES : xxx.
LES ENFANTS DE L'HÉRAULT : M. Coudougnan, Secrétaire général.
LA CIGALE MÉRIDIONALE A STRASBOURG : M. Pujo, Président.
LE ROUSSILLON
LES ENFANTS DE L'AUDE A PARIS
Les Feuillets Occitans
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�UNE FERME DANS L'AUDE
Bois original de Achille Rouquet
Les Lettres Francaises
L'Oc citanie
par
mono Haraucourt
Bgs^&gHi ADORE ce mot d'Occitanie. Il sonne comme une musique qui
jMlf^a serait faite de lumière : il dit avec de la couleur ce que le nom
AS§EH| de Languedoc explique d'une façon froidement technique et
u a
<^N!I&!HI °l *
^ a*r d'un renseignement à l'usage des touristes avertis
{ÏÏ2MJùf&\ par l'administration centrale et invités par elle à se munir d'un
lexique ; ce nom de Languedoc a quelque chose de didactique
et il fleure la pédagogie ; il a une odeur de Sorbonne, un relent de collège, alors
que celui d'Occitanie évoque les jours lointains de la période originelle qui
nous passionne : c'est le nom dont se servait encore le moyen-âge et que les
professeurs, semble-t-il, ont banni pour le remplacer par un vocable plus
précis et moins lumineux.
N'empêche que le mot ressuscite de toutes parts, évoqué par les jeunes
du pays occitan : André Lamandé le réclame, ou plutôt se réclame de lui, avec
le talent que l'on sait ; une revue règionaliste, qui en est à sa troisième année
�d'existence, les « Feuillets occitans», groupe à Paris les écrivains de la Gascogne et du Roussillon ; Frédéric Saisset y célèbre les beautés et les légendes
de la Catalogne française ; Paul-Sentenac y surveille le double mouvement
littéraire et artistique du pays d'Oc et en salue les gloires naissantes, en remémore les gloires anciennes... Etc.
Je voudrais dire, moi qui vais vieillir tout à l'heure et qui déjà me souviens tendrement (signe de la vieillesse qui s'annonce ï) de vos pays où ma
jeunesse s'est épanouie, Je voudrais dire avec quelle émotion je m'intéresse à
ces manifestations de votre régionalisme, à sa résurrection qui s'accentue et
qui me semble si désirable, à toutes les tentatives des autres régionalismes non
pas que je sois séparatiste, certes T Au contraire : étant né aux Marches de
Lorraine à quelques lieues du village où naquit Jeanne d'Arc, m'étant formé
chez vous et performé dans les montagnes du Forez, j'ai conservé au cœur
un culte de gratitude pour les régions de France qui m'ont infusé tour à tour
les sucs de leur terroir, le lait de mon enfance et le vin de ma jeunesse. Je
les aime pour elles, en raison de leurs beautés diverses, de leurs vertus diverses, et précisément parce que je me suis attaché à plusieurs, je conçois
peut-être mieux qu'un autre la possibilité de rapprocher en un amour commun, qui s'appelle France, ces amours successifs dont l'un s'appelle Occitanie.
S'il est vrai que la facilité croissante des communications, la promiscuité
des peuples et la multiplicité de leurs échanges doivent tendre désormais et
de plus en plus à atténuer les différences techniques et à unifier le globe ou
tout au moins le genre humain, hàtons-nous de noter ce que furent nos provinces et ce par quoi chacune se distinguait des autres : et quand nous rencontrons un homme, profondément imbu de l'esprit de sa race, hanté par le
culte de l'héritage commun, obsédé par la conscience de n'être, en son pays
qu'un chaînon de la chaîne, et mu par l'unique fierté d'adjoindre son effort à
l'effort ancestral, offrons-nous le plaisir d'enregistrer cette manifestation qui
se fait rare et, s'il se peut, aidons ce continuateur à prouver la persistance d'une
religion qui ne s'en va pas encore.
La religion de leur terre natale T...
Religion admirable, qui satisfait à la fois les mystiques et les matérialistes, et les remet d'accord, pour un moment, puisque l'hymne pieuse des uns
et la logique déductive des autres aboutissent à des formules similaires. La
terre natale! Symbole de pérennité, mémoire du passé et réservoir de l'avenir,
tombe de tout ce qui cohabite et de tout ce qui collabore, somme vivante des
morts qui, tour à tour, ont enrichi la masse en y versant ce qui fut eux et ce
qui fut par eux T
Il y a des hommes qui se disent « sans-patrie ». Ils croient l'être. Tout
aussi raisonnablement ils pourraient croire qu'ils n'ont eu ni père ni mère :
une plante coupée pourrait aussi bien prétendre qu'elle n'a jamais eu de
racines
Ils se séparent du groupe, mais ils oublient qu'une séparation n'abolit pas
une origine : le fait même de rompre leurs attaches, atteste l'existence de ces
attaches, puisqu'on ne saurait briser ce qui n'existe pas.
Bien plus, les théories mêmes que professent ces humanitaires ne sont
�pas, quoi qu'ils pensent, leur invention propre, mais, au contraire, le produit
normal du rêve entassé en eux par leur race et quand, déracinés, ils renient la
communauté première au bénéfice d'une conception plus large, « l'humanité »,
c'est uniquement parce que leur race, au cours des siècles et par une progression lente, est devenue capable d'élargir ce même vœu de solidarité qui jadis
a créé le premier groupement.
On le connaît, ce vœu des premiers hommes : on imagine dans la forêt
préhistorique, cette frêle créature, nue, désarmée, solitaire mais sociable, et
qui, se sentant seule en face du péril, appelle à son secours les créatures qui
lui ressemblent : solidarité pour la défense, solidarité dans l'effort, le foyer
s'élargit, le clan se constitue, l'égoïsme devient amour et la petite patrie est
née. Toutes les associations humaines se calqueront sur son modèle et lui
emprunteront sa devise de fraternité.
Quand cette devise se propagera de la petite patrie à la grande, de l'Occitanie à la France, de la France à l'Humanité, sachons admettre que c'est toujours la même idée en marche, et gardons-nous d'opposer un idéal à l'autre,
puisque l'un procède de l'autre. »
Edmond HARAUCOURT.
Plus d un passant s est, peut-être, souvent demandé en
monde se situe géographiquement
quels sont ses
titres
de noblesse
l intérêt que suscite autour
remis
à
la mode,
1
ce
Ion
pays que
nomme
L Occitanienne de
quel lieu du
Occitanie
et
Chateaubriand, et
du romantisme l approche du centenaire, ont
auprès du grand public, ce vocable sonore.
Ce
sont
cependant les poètes méridionaux, les Estieu, les Perbosc,qui, pour désigner l ensemble des provinces de Langue d'Oc, ï ont sorti de l oubli. Ils
ont créé le mot Occitan plus euphonique qu Occitanien ou Occitanique et
traduction d ailleurs du latin médiéval « Occitanio », dit J. Anglade. Le
Languedocien Florian avait popularisé le nom d
Occitanie
dans son roman
d Estelle : «Je te salue Occitaniel terre de tous les temps, aimée des peuples
qui t ont connue... La nature, pour toi prodigue, a réuni dans son
sein
les
trésors partagés au reste du monde... Combien de grands hommes, sortis
de ton
sein,
ont rendu ton nom célèbre chez les nations étrangères... Rome
chérit la mémoire des pontifes qu elle à reçus de toi ; la France se glorifie de tes capitaines; de tes magistrats. La poésie enchanteresse te doit son
premier asile, O terre féconde en héros, en talents, en fruits, en trésors, je
te salue! 9
poètes
M^ais
le nom d
Occitanie
a une plus
ancienne
origine.
Si
les
l ont adopté pour sa grâce verbale et pour sa fierté, il eut pour
parrains des fonctionnaires royaux. C est pour désigner administrativemeni
le
ci-devant
12 Ji
que
Comté de
les
scribes
Toulouse, passé à
du
roi
cherchèrent
la
un
Couronne
mot.
de France
(< Sur
le
en
modèle
�d Aquitama; ■
nous dit M.. J. Anglade. —— qui leur était familier depuis
longtemps, ils formèrent Occitania, avec ses adjectifs Occitanus et Occitamcus. Les scrihes étaient contents : ils employèrent le mot à outrance. » Les
poètes ont parachevé l œuvre pour une fois heureuse des scrihes. Et les syllahes d or A Occitanie ont charmé les oreilles les plus hostiles. Les poètes,
même ceux qui ne sont pas Occitans comme
ucie Delarue~Mardrus
ou Edmond Haraucourt, adorent ce mot. Le grand Edmond Haraucourt
à puhlié dans la Dépèche de Toulouse un vigoureux et lumineux article
sur l Occitanie dans lequel il consacre les lignes les plus encourageantes aux
eui llets. N ous sommes fers et émus de cette appréciation d un maître en Fart
de la prose et du rythme et nous nous faisons un plaisir d en reproduire les
T
principaux passages.
^ JÇ^J/^
Les
Revues
Nous avons plaisir à saluer une belle revue récemment née à Nice « Mediterranea dont
le premier numéro est d'un goût et d'un luxe qui font bien augurer de l'avenir. La collaboration est de choix et nous constatons avec plaisir que le directeur, M. Paul Castela, est un Narbonnais qui réalise de la plus jolie façon l'union des méditerranéens français. Le Feu est
toujours la grande revue du régionalisme méridional et ses chroniques sont pleines d'aperçus
intéressants et de renseignements substantiels. A y signaler une traduction d'Homère par
Marius Conte-Delvox qui illustre cette phrase de charboun « La vido oumerico es talamen
proche de la nostro, de nosto vido de pèd-terrous, de marin o de pastre. » Cependant, l'expérience n'est concluante que sur des extraits assez courts. Une tentative de longue haleine ne
me paraît plus supportable, malgré toute l'habileté du traducteur. Sur ma table s'amoncellent
la cohorte des journaux occitans qui ne cessent d'oeuvrer, soit à Paris, soit en province, pour
la cause méridionale : L'Etendard fiscénois dont le titre peut faire sourire mais qui est remarquablement rédigé, le Roueyne, organe des Ruthènes que préside si bien M. Cottereau, le
Cadet de Gascogne, Paris-Provence dont on ne peut plus louer dignement le directeur tant il
est devenu des nôtres, l'Aude à Paris, l'Aude à Toulouse, l'Aude à Alger qui attestent la
diffusion des Audois un peu partout et nous font craindre qu'il n'en reste plus guère à l'ombre
de la Cité. Un pleur, en passant, sur la disparition de la Mouette normande dont Julien Guillemard avait fait une revue farcie de qualités, d'une probe et vigoureuse tenue.
Le Club Cévenol publie un bulletin qui, sous le nom de Causses et Cévennes fourmille
d'indications techniques, pittoresques et touristiques sur les merveilleux paysages du Tarn et
des Avens. La Nouvelle Revue du Midi, avec une consciencieuse ténacité, entretient à Nîmes
l'amour des recherches sérieuses, des exposés précis, de l'érudition tempérée par le goût éclairé
des lettres pures. Les Pyrénées littéraires s'efforcent, semble-t-il, de ne justifier en rien leur
titre car on n'y trouve rien de spécialement montagnard, ni de particulièrement artistique.
Toulouse montre d'habitude, que diable T moins de timidité régionaliste. \J Auvergne littéraire,
l'Auta témoignent heureusement de plus d'originalité. « Ceux qui vienneut » n'en manquent
pas dans la présentation de leur « Arc-en-ciel ». Pourquoi faut-il que la coque ne renferme pas
la chair savoureuse du fruit ?.
Une impression un peu déprimante se dégage cependant de tant d'efforts dispersés. Dans
chaque province, dans chaque centre intellectuel de France, on pourrait aisément créer, avec
tout ce que représente l'ardeur, de talent, de désintéressement, les revues déjà existantes,
itn organe vraiment représentatif qui fut le miroir fidèle de son pays et qui apporta aux
curieux des choses régionales l'image fidèle et vivante d'un pays. Mais quoi ! Nous sommes
victimes de l'individualisme, de l'improvisation, des foucades. Des guerrilleros, tant que l'on
voudrai mais discipline et méthode ne sont pas des fleurs pour les serres d'au delà de la Loire.
J. C.
�Bois original d'Auguste Rouquet
La
Grenouille et
les Trois- J^oumces
|OUTE l'Aude est dans ce coin du vieux Narbonne, entre l'Église
Saint-Paul-Serge et l'hôtel des Trois-Nourrices. Dans le bénitier de Saint-Paul, la grenouille perpétue le comique languedocien, le plaisir de l'attrape, l'innocence du rire à gorge
déployée. Aux Trois-Nourrices, c'est la double anecdote où se
résume l'essentiel du fond audois : le mysticisme de l'indépendance et la joie corporelle. C'est à l'hôtel des Trois-Nourrices que Rabelais se
gobergea et ne put payer son écot, terrible « quart d'heure », et c'est aux
Trois-Nourrices que Cinq-Mars, rebelle au pouvoir central, fut arrêté par les
sbires de Richelieu.
Adossé au mur doré de l'Hospice, entre l'église édifiée par les fils des
Cathares et l'hôtellerie païenne et paillarde, j'écoute le dialogue éternel de la
garrigue et de la vigne, du rocher sec et de la grasse terre alluviale, du vieux
fond albigeois et de la facilité à vivre. Déjà m'arrive l'écho espagnol du dialogue de Sancho et de Quichotte. Ici un sens de la grandeur maigre, de l'épopée
muette, de l'héroïsme à dents serrées, de l'honneur, de la résistance, de tous les
paroxysmes; et, en contre-poids, un naturisme tautôt facile, cordial, gueulard
et fessu comme chez la plupart de nos patoisants, tantôt affiné et gracieux, grec
plus que latin et tout en cadences claires : André Chénier fut enfant à Limoux.
Les ruisseaux de la plaine narbonnaise, tous ces « recs » où coule à peine
un filet d'eau pure et qu'une heure d'orage transforme en troubles torrents
vertigineux, charriant l'argile et la pierre, déracinant les ceps et ràclant le
terreau, donnent une image de ce contraste et de cette dualité. Et aussi les
oliviers aux blanches feuilles que le cersfait chanter, mais dont le tronc noueux,
trapu, déjeté, se tord comme le buste du Titan foudroyé.
�LA MAISON DES TROIS-NOURRICES
Bois original d'Auguste Rouquet
�Les écrivains audois d'aujourd'hui habitent tous l'hôtel des Trois-Nourrices, mais les uns à l'étage de Cinq-Mars, d'autres à celui de Rabelais, et « Albigeois » ou corporel, aucun, ou presque, n'oublie de rendre visite, comme le
voyageur du conte de Mistral, à la grenouille de Saint-Paul.
Cet humour audois, dont témoigne la grenouille de Saint-Paul, comme il
est particulier : trivial, d'un prosaïsme appuyé, souvent cynique, délicat aussi
parfois, forme invétérée d'une pudeur intellectuelle qui ne craint pas de revêtir un aspect de gauche naïveté et d'ignorance épaisse, forme de pudeur sentimentale aussi qui se refuse au réel, qui redoute d'étaler souffrance ou passion et noie tout dans la moquerie.
Cet humour se manifeste de la façon la plus directe et la plus authentique chez le chansonnier Vincent Hyspa. On peut dire de lui qu'il a stylisé,
quintessencié l'esprit de chez nous et ajouter qu'il a transféré à Montmartre
tout ce qui était transportable hors du terroir natal Su comique familier de nos
conteurs bas-languedociens. Mais on trouve cet humour indéracinable partout
mêlé aux œuvres littéraires audoises. Il colore toute celle de Joseph Delteil
et c'est lui qui inspire à Paul Raynal la déchirante allégresse du finale du
premier acte, dans le Tombeau sous l'Arc de Triomphe.
La conception dramatique d'Henry Bataille hier, celle de Denys Amiel aujourd'hui en sont tout imprégnées ; ce drame en sourdine qui n'éclate pas en
tirades, où l'expression du pathétique est confiée aux mots les plus quotidiens,
ce comique inséparable chez eux des situations les plus désespérées, cette
recherche de l'ellipse et du sous-entendu, tout cela dérive bien de notre humour
audois. Ce « théâtre du silence», dont Bataille fut le précurseur et dont Amiel
est l'un des meilleurs représentants, est en grande partie sous le signe de la
grenouille symbolique.
Elle est toute audoise aussi la poésie des premières plaquettes de Bataille:
la Chambre blanche, Et voici le jardin. Cette effusion directe, qui tire de son
prosaïsme même une émotion poétique, qui indique à mi-voix un thème et
s'arrête au bord du sanglot, pareille à une voix perdue dans le grand vent,
comme on comprend qu'elle se soit élevée « du côté de Moux et de Pexiora »,
au pied de « l'Aricpoudreux où montent les bergers ». Et plus distincte, mieux
mesurée, c'est une poésie bien audoise encore que celle de Jean Lebrau, de
Moux, dans le Ciel sur la garrigue, le Cyprès et la Cabane.
La qualité poétique chez Lebrau comme chez Bataille tient surtout à la
justesse de la modulation, mais il y a en outre chez Lebrau une recherche de
pureté dans le chant qui le rapproche du Carcassonnais François-Paul Alibert
et nous amène à ce culte grec de la forme, dont André Chénier est un des
prototypes, mais qui est peut-être plus méridional que purement audois.
Alibert pourrait être de Cette comme Valéry et Valéry de Marseille ou de Narbonne. Leur inspiration, leur décor et leur matériel poétiques — grenades,
cyprès, cigales, abeilles, platanes, palmes — sont méridionaux ou mieux
encore, car la mer sans cesse y est présente : méditerranéens.
Pourtant il y a chez Alibert un sens romain de la majesté harmonieuse,
une large architecture de la phrase, un rebondissement verbal qui peuvent
s'apparenter au jaillissement tout audois, plus spontané, mais moins décanté,
de Raynal et de Delteil.
L'apport important, essentiel du pays d'Aude, c'est présentement ce
�Bois original de Jane et Achille Rouquet
sens de la grandeur. Notre pays retrouve là sa vérité, sa mission qui
est celle d'un pays de « marche ». Il
y a en France pour les « Marches
languedociennes» en lisière de
l'Espagne un rôle aussi nécessaire
à jouer qu'en lisière du germanisme
pour les «Marches lorraines».
L'Aude est l'isthme par où l'ardeur
africaine et ce riche composé d'honneur, de magnificence, de courtoisie
et de force que Stendhal nommait
« espagnolisme » doivent pénétrer
en France.
Delteil a du sang catalan, Raynal, bien plus que Corneille, dérive
de Calderon dont il a l'abondance,
l'emportement, l'inexorable rigueur.
Et Pierre Reverdy aussi, par son
retour au catholicisme, a été rendu
aux visions familières aux grands
mystiques espagnols. Reverdy est
le plus grand des poètes cubistes
comme son ami, l'espagnol Picasso,
est le premier des peintres cubistes.
Reverdy dans la poésie, Raynal au théâtre, Delteil dans la prose réintroduisent, chacun à sa façon, dans les lettres françaises le culte du grand. Tandis
que Raynal et Delteil, solidement racinés à la terre, nous rapprennent le premier, la grandeur et l'extrémisme de la passion, le second la grandeur et
l'extrémisme de la sensualité, Reverdy nous donne par instants un frisson de
grandeur cosmique.
Il est à constater que la rançon de cette grandeur retrouvée — ou son
complément — est chez tous les trois (et on ne peut rêver pourtant trois œuvres,
trois dons plus divers, plus opposés par le contenu et l'accent) un retour à la
préciosité des grands Espagnols ou de Shakespeare. Préciosité qui n'est pas
afféterie, ni mignardise, mais exubérance et qui roule à la façon de paillettes
d'or dans le flot sans cesse grossi de leur chant.
Reverdy alterne ses plus hautes visions avec une poésie moins rauque —
cor anglais et flûte céleste. Mais Raynal et Delteil se livrent à plein souffle,
sûrs de leur pectus.
Ils ne sont pas les seuls aujourd'hui en France à rêver de grandes entreprises littéraires. Montherlant, Drieu la Rochelle voient grand eux aussi. Mais
leur caractéristique, c'est qu'ils sont les deux seuls écrivains d'après-guerre à
avoir le sens épique. Eux seuls ont tenté une synthèse, un raccourci épique de
la guerre, Delteil dans sa Jeanne-d'Arc et dans les Poilus, Raynal dans le
Tombeau sous l'Arc de Triomphe que doit suivre la Francerie.
L'un et l'autre se plaisent à s'abandonner à la même forcenée ivresse verbale, l'un et l'autre jonglent avec les formules lapidaires, mordent avec fureur
�à la même pulpe des mots. Mais tandis que Raynal exalte le redressement passionné de l'homme, la lutte
sauvage pour la liberté, le bonheur,
la vie, sans cesse traqués comme
Cinq-Mars par Richelieu, c'est à
l'étage de Rabelais, que, dans l'hôtel
des Trois-Nourrices, s'est arrêté
Delteil. Il ne rêve que d'une kermesse de corps en sueur et en joie,
que d'un débordement de vie physique, d'un assouvissement de l'homme dans et par la nature. Il serait
injuste de ne pas rappeler que Delteil a eu un précurseur narbonnais,
l'un des survivants du grenier Goncourt, Joseph Caraguel, dont les Barthozouls offrent une évocation vraiment épique d'une fête patronale,
puis une autre des vendanges dans
un village du Bas-Pays, au pied des
Corbières. Caraguel lui aussi sort
de l'étage rabelaisien des TroisNourrices, ces Trois-Nourrices
Bois original de Jane et Achille Rouquet
qu'il est réservé à Delteil de peindre comme elles le méritent, les deux premières dépoitraillées, noiraudes,
leurs énormes seins gonflés, tendus vers le pays d'Aude, l'une faisant gicler
son lait mousseux d'humour, l'autre un lait plus épais que la sève, digne d'engraisser Gargantua, mais la troisième, au visage tragique, à la gorge tarie,
la vraie mère occitane, l'héroïque, la croyante, la mutilée, l'hérétique dont le
sein, si on le pressait, ne laisserait couler que du sang albigeois.
Benjamin CRÉMIEUX.
�— 10 —
Le jMLarc\iani de l^feigeJ>
a Frédéric Saisset^
Quand la fête du blé s'étale sous les cieux,
Que chancellent les chars et grincent les essieux.
Quand les batteuses diligentes font leur œuvre,
Que l'air n'a plus de brise et les puits n'ont plus d'eau
Et, qu'en la paille chaude où sonne le fléau,
Se dérobe une fuite souple de couleuvre;
Quand l'été resplendit sur les seigles brûlants,
Comme un étendard bleu sur des remparts croulants,
Quand le grain lourd et dru dans les gerbes abonde,
Que le butin s'entasse et que les moissonneurs
Ont des masques d'imperators triomphateurs,
Dénouant les cheveux d'une captive blonde;
A l'heure du pillage où luisent les tranchants
De la faux, de la serpe courbe et des tridents
Où chacun s'enrichit des dépouilles qui s'offrent,
Quel est donc celui-là qui, sous un châtaigner,
Rêve au bruit d'une source et semble dédaigner
De disputer sa part et de remplir ses coffres ?
Il choisit la fraîcheur des ombrages heureux,
Il n'a point de sueur qui, perlant aux cheveux,
Lui sillonne le front de ses mordantes traces,
Pas de poitrail velu, ni de fauve relent
... Et les gens des labours raillent cet indolent
Qui ne moissonne pas le blé des terres basses.
Or, c'est un muletier qui, presque chaque nuit,
Détache son mulet et le sangle sans bruit,
Quand une étoile — la dernière — tremble encore,
Et s'élève, par les ténèbres des sentiers,
Vers la haute montagne et les pâles glaciers
Que quelque lueur d'aube hésitante colore.
Au bruit de la sonnaille allègre et des sabots.
Il traverse des pâturages sans troupeaux,
Il dépasso une cour à la barrière ouverte,
Une ferme silencieuse, avec des chars,
Le seau sur la margelle et des seigles épars
Où gisent les fléaux sur une aire déserte.
�—11 —
— Il s'élève, il atteint la hutte du berger,
La claie à jour du parc où l'on entend bouger
Et bêler faiblement une bête qui rêve ;
Le chien grogne, anxieux, et se dresse à demi,
Puis la paix redescend sur le parc endormi,
Dans un rose rayon de soleil qui se lève.
Foulant le lichen pâle et les rhododendrons,
L'homme aspire le vent sauvage à pleins poumons,
Il domine le flot de brouillards, qui déferle,
Pour étouffer, sous sa mollesse et ses torpeurs,
Les vallons rétrécis, avec leurs moissonneurs
Qui n'aperçoivent pas ce ciel couleur de perle.
Loin des labeurs communs et de l'effort obscur,
Il casse alors la neige aux coups de son pic dur
Et la dépose à l'ombre, au bord d'une fontaine;
Mais comme elle fondrait par le sentier ardent,
Il mange son pain noir et songe, en attendant
Que la divine nuit rafraîchissante vienne,
Puis, quand s'est constellé le ténébreux azur,
Il redescend suivi du mulet lent et sûr,
Qui secoue en marchant une sangle sonore
Et porte, en translucides blocs cristallisés,
Des neiges de montagne où ne se sont posés
Que les pieds des oiseaux et celui de l'Aurore,
Henry MUCHART.
Poème extrait d'un nouveau recueil
qui va paraître : Le Miel Sauvage.
Les lyres du matin chantent sur les prairies
Où l'eau claire reflète un ciel de féerie.
Un bonheur flotte au cœur de l'espace enchanté,
Et la lumière diaphane de l'été
Danse en rayons légers sur la courbe des arbres.
Autour du bassin bleu les déesses de marbre
Assistent aux ébats des poissons colorés.
La musique de l'eau s'écoule à plis dorés
�— 12 —
Vers l'horizon lointain que barrent les montagnes.
Une paix pastorale inonde les campagnes
Où les troupeaux mêlés aux fleurs sont répandus.
Une bergère admire un faune aux[pieds fendus.
Il danse éperdument sur sa stèle robuste,
Sourit à la bergère en redressant son buste,
Lève la grappe d'or qui luit entre ses doigts.
Un vol de ramiers blancs se pose sur les toits.
Les chevaux de labour sortent des métairies.
Une hirondelle bleue anime l'air et crie.
La nature bourdonne, vibre. Par milliers
Les parfums voyageurs et les bruits familiers
S'entremêlent en un concert champêtre, et lente
La mer miroite au loin, de sa courbe indolente
Caressant le contour de la plage où s'éteint
Son murmure de soie où glisse le matin.
Frédéric SAISSET
�— 13 —
Les Liivres
L
ES vers de la «Dédicace» et de «Polymnie» qui ouvrent ce beau livre de
Georges Heitz, Images détachées de l'oubli, sont d'un métal très pur ; ils
ont des richesses d'images et de sonorités qui vous révèlent la présence
d'un noble poète et vous engagent à pénétrer dans le jardin rose et noir
qu'est ce livre odorant et plein d'une émotion maîtrisée.
Et vous lirez un jour des vers qui ne seront
Jamais joués que sur des violons de rêve.
Vous à qui, chaque été, les brises répondront
Comme au chant de la mer répond l'écho des grèves.
Qu'on lise les « Poèmes pour mon rêve vécu », « Les tristesses », « Romanesquement »,
« Vendanges », « Apparences », « Paysages de France », « Transpositions », «Jardins ». On y trouvera, partout répandue une ineffable fluidité harmonique qui nous berce sans jamais nous
faire oublier la valeur des mots solidement agencés, ce qui est rare. Particulièrement dans
les « Paysages de France » on cueille des vers d'une inoubliable douceur :
Doux parler, si parfois tu passes par ma bouche
Tu donnes un prix sûr aux pensées que tu touches,
Au désordre des sens oppose tes doux liens
Et donnes à la vie un charme aérien.
Et c'est bien ici la double qualité d'émotion contenue et de lucidité précise qui font du
livre de Georges Heitz un double enchantement.
C'est un recueil de poèmes sur le siège de la cité du Quercy par Henri IV, alors Henri
de Navarre, où sont mises en relief les scènes tragiques et la belle défense des Cadurciens qui
se montrèrent, à cette occasion d'un héroïsme farouche.
« Emile Montégut était Limousin, enfant d'une vieille famille limousine, écrit Pierre-Alexis
Muenier, en tête du beau livre qu'il a consacré à l'un des plus grands critiques du XIX' siècle
— et nous devons vivement regretter qu'il n'ait pu — il projetait de le faire — consacrer à
sa province natale un livre du même ordre que les études sur la Bourgogne et sur le Bourbonnais. » Nous devons ici, dans ces Feuillets occitans, joindre nos regrets à ceux de PierreAlexis Muenier, et le féliciter chaleureusement d'avoir réparé une des plus révoltantes injustices:
On constate en effet, en lisant sa consciencieuse et savante étude sur Emile Montégut, combien
l'indifférence humaine à l'égard de cette belle figure est pénible et blâmable. Cette âme ardente,
« fière, mâle, incapable de se courber sous les fourches caudines du monde » mérite qu'on
lui rende justice et qu'on la replace au rang qu'elle doit occuper, un des premiers dans la
critique française. Puisqu'il est des nôtres, nous ne saurions avoir trop de gratitude pour
Pierre-Alexis Muenier qui par son beau livre aidera tous ceux qui aiment Emile Montégut à
le délivrer de cet injuste oubli.
On trouvera, dans ce livre qui est un chant d'amour dédié à la Cerdagne française, les
pages, peut-être les plus colorées et les plus émouvantes qu'ait écrites Albert Bausil. Le soustitre : Images de Font-Romeu, caractérise le genre de l'ouvrage : une suite de poèmes en prose
d'une lumière chaude, d'un coloris intense et qui donne par endroits l'impression des enluminures de missel :
« Ohï tous les contes de fées, tous les livres d'images, toutes les chansons de Chaumière
tous les songes d'enfants sont dépassés, devant cette Cerdagne de velours blanc, que la Cein-
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ture des cimes, depuis le Carlitte jusqu'au Canigou, en passant par les monts d'Andorre,
d'Urgell, de Cadi, du Cambredaze et de Nuria, entoure comme un grand mur crénelé de,
pourpre rose et d'argent bleui».
Et c'est ainsi tout le long du livre une alternance de petits tableaux pittoresques et de
jets d'esprit pétillants, et les dessins plaisants ou graves d'Emmanuel Roger et de Jack Pruvost
accompagnent gracieusemeut ces pages alertes, toutes vibrantes de l'amour de notre sol
natal — Un livre exquis —
'
Ce roman, Ulabella, de Marika Stiernsted a été traduit par une roussillonnaise par
alliance, Madame Juliette Julia, femme du Docteur Emile-François Julia, romancier de talent
et critique d'art avisé, sur une première ébauche de Madame Kate Hornell. C'est un conte
gracieux et émouvant dont les personnages sont cependant vivants et bien observés, un conte
qui s'appuie sur la vérité humaine. Particulièrement la fine, la toute charmante Ulabella et
sa vieille gouvernante Mâline, qui remplace la mère disparue, attirent notre sympathie, dès
les premières pages, et nous en voulons un peu, à ce père, inventeur génial et distrait, de ne
point prendre garde à l'âme délicieuse de sa fille et de la négliger.
La préfacière du livre reconnaît la difficulté de transposer en français un roman de
langue étrangère. Nous ne pouvons lui adresser de plus vifs éloges qu'en la remerciant de
nous avoir fait oublier que nous lisions un roman traduit et de nous avoir donné l'illusion,
par la souplesse de son tyle, de lire un roman français.
Voici un beau drame rapide qui se déroule de l'automne 1212 à l'automne 1213, à Toulouse,
dans le château Narbonnais. C'est un des épisodes les plus émouvants de la croisade contre
les Albigeois et nous y retrouvons, fortement mis en relief, le farouche Simon de Montfore,
l'ardent et impétueux Comte Raimon, fils de Raimon VI qui s'éprend de passion pour la
belle Sancia d'Aragon, seconde sœur de Pierre II, et d'Eléonore, épouse de Raymond VI. L'action est d'une sûre netteté de ligne et va au but, sans faiblesse. Les vers en sont pleins, imagés
et expressifs; ils sont d'un beau métal et d'un rythme heureux, traduisant avec souplesse la
véhémence et la grâce passionnée. Cette pièce, qui a été jouée à Saintes, mérite d'être reprise
sur un des théâtres de Paris où elle obtiendrait le plus éclatant succès.
Jean Amade à qui les roussillonnais doivent de judicieux ouvrages régionalistes et qui
a publié récemment une très savante étude sur les origines et premières manifestations de la
Renaissance littéraire en Catalogne au XIX' siècle, nous donne aujourd'hui un recueil de vers,
édité par les soins de notre vice-président E. N. Guitard aux Editions Occitania. Chants rustiques et oraisons célèbrent avec ferveur la terre méridionale, et le Roussillon y occupe une
grande place. Si l'on sait que Jean Amade a toujours vécu dans ce Vallespir, dont des artistes
comme notre regretté Déodat de Severac avaient fait leur terre d'élection, on ne s'étonnera
pas de lire de lui ces vers virgiliens pleins de chants d'abeilles et de sonorités agrestes où
passe la voix d'une flûte pastorale. Son poème La Flûte invisible que nous avions lu autrefois
dans la Revue de Paris est un des plus réussi du recueil, on y retrouve l'art d'André Chénier.
Dans les Intimités Rustiques nous lisons avec émotion la prière qu'Amade fait monter vers
nos deux plus chers disparus, vers ces deux grands artistes : Louis Codel, Déodat de Severac.
Le livre se ferme sur un hymne d'amour adressé à ce Vallespir harmonieux, terre catalane où
le poète a cueilli ses plus odorantes guirlandes parmi les Albères bleues, les forêts de chêne,
et le chant des sources montagnardes.
A-M. Gossez, excellent poète lui-même étudie le poète Henry Mériot avec la sympathie
grave que l'on doit à tous ceux qui ont voué leur vie à un Idéal et lui ont consacré les heures
laissées libres par la dure nécessité du gagne-pain. Mériot demeura à Périgueux où il commença à vivre entre la casse et la presse, « cette existence désormais double et qui reste la
sienne malgré soixante-dix ans d'âge : La journée adonnée aux labeurs, la nuit — tard le soir
et souvent jusqu'à l'aube — à l'œuvre suprême de Poésie ; et ce sont de réels lys éclos à minuit que les plus purs ornements de ses livres. » On ne peut que saluer très bas ces nobles
hommes qui ont compris la beauté de la mission du Poète sur la terre et n'ont pas hésité à
consacrer leurs veillées au plus pur Idéal.
Le choix de Poésies d'Isabelle Korn préfacé par Alfred Cazes qui ne soulève qu'à demi
le voile de l'anonymat de l'auteur, est d'une amusante variété. Chaque poésie est accompagnée
d'un commentaire qui témoigne d'un esprit railleur et pétillant de malice. Voici un de ces
commentaires typiques en queue des « Pies » : Mon cerveau est de si petite qualité que je
n'arrive pas à m'intéresser à la politique ou aux sciences. En revanche, le langage des pies
m'est accessible et les nuages prennent la forme de mes rêves. Sur quel peuplier du Libron
n'ai-je point accroché un lambeau de vêtement? « Garçonnière! » disait ma tante. Mais non I
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les garçonnières ont soin de leur feuille de vigne et passent le jour â bien la tirer !» — Les vers
sont dédiés à Pierre Mille. Certaines pièces célèbrent le Languedoc avec de beaux accents.
Isabelle Korn a la double corde aux sonorités graves et aiguës, le masque tragique et le masque
comique. Son livre est plein de fantaisie et de trouvailles, très curieux à lire et souvent
émouvant.
« C'est surtout comme peintre, écrit l'Editeur, que Gaspard Maillol était connu avant
la guerre. C'est lui qui avec l'aide de son oncle Aristide Maillol et l'assistance du comte Kessler,
fût le créateur des papiers, désormais fameux dits de Montval. »
C'est un album de seize gravures très soigneusement édité en un format inV jésus et
présenté en une judicieuse préface de Paul-Sentenac qui a écrit dans la revue Benjamin, un
très substantiel article sur les anciennes manufactures Royales de Canson et Montgolfier;
c'est là que se fabrique aujourd'hui, sous la direction de notre compatriote Gaspard Maillol,
ce magnifique papier qui assurera aux œuvres contemporaines la durabilité. Il faut féliciter
les avisés directeurs MM. Tardy, Franchon, Valton, et Menneson d'avoir donné au peintregraveur les moyens de poursuivre sa tâche dans les meilleures conditions — Grâce à eux
cette nouvelle édition où figurent les églises de Vassincourt, de Mesnil-les-Hurlus, de Voilemont, à'Offoy, de Fresne-en-Tardenois, de Merleville, de Soyecourt, etc., pourra braver l'œuvre
du temps pour la plus grande joie des amateurs d'à'rt —
« Dans ces contes, pensés en langue d'Oc, écrit l'auteur en tête de son livre très vivant
et pétillant d'esprit, ne cherchez pas autre chose que le parfum du terroir bitterrois. Deux
ou trois appartiennent à l'éternel folklore : j'ai tiré les autres de faits vécus. » Et c'est d'une
plume alerte que le directeur érudit de la revue d'Oran a écrit sa Confession de Cigalon,
Canitrot, Le Lait de la Saupicade, Mériadec, Le Réveillon d'Ambroisi. L'évasion de Croqueprunes et tous ces récits savoureux et imagés qui font de Mon vieux Languedoc un livre de
belle joie. L'œuvre d'Alf. Cazes réjouira par sa bonne humeur tous les Occitans qui aiment
à retrouver dans les livres de leurs compatriotes ce parfum du terroir inoubliable, cette
âme de la terre natale que nous emportons avec nous partout où le sort nous oblige à vivre.
Le poète visionnaire Loys Labèque qui s'est fait connaître par quatre volumes de vers
d'une puissante originalité, publie un nouveau livre où il chante sa foi en des rythmes tout
personnels et chargés d'images neuves ; quelquefois obscures et heurtées, ses pages ont toujours un accent plein de ferveur, elles sont plus proches du génie que du talent. En ce nouveau livre Eglises parlantes, nous retrouvons les paroles enflammées du croyant devenu
presque aveugle :
C'est ici l'histoire et la légende de Loys Labèque, du moine Gyrovague qui ne fût pas
un vrai apôtre, et qui tant l'aurait voulu être, mais seulement un berger de l'Aventure et un
fol voyageur.
Qui, presque aveugle, cherchait très loin à tâtons, celui qui était déjà dans son cœur.
Dans les quatre parties du recueil Les Prairies, Les Troupeaux, Les Bergers, et Les
Cloches, le poète du Miroir mystique jette ses appels vers Dieu en des pages véhémentes qui
sont par endroits comme un écho verlainien de « Sagesse. »
L'action de ce drame poignant est condensée en trois actes écrits d'un style nerveux et
pathétique. L'auteur a voulu nous montrer l'effondrement progressif d'une âme humaine jetée
au milieu des intrigues politiques, des ambitions forcenées. Richard Grambert, Président du
Conseil, le personnage central du drame de Georges-Barrière Flavy, après avoir atteint le
sommet de la gloire, est trahi par sa maîtresse, Lucienne de Tersin qui communique aux ennemis de son amant, des pièces compromettantes. Désespoir de Richard qui abandonne la politique et pense retrouver le calme dans l'amour. Il apprend que celle dont il a fait sa femmeaimait un autre homme. Il appelle à lui un fils naturel dont il ne s'est jamais occupé, et c'est
l'effondrement suprême quand ce fils accable son père de son mépris.
C'est un harmonieux recueil de poèmes que ces « Pages de la quinzième année » de
Blanche Cazes : Les vers en sont d'une souple cadence et n'ont pas la maladroite tournure de
ceux qu'écrit d'habitude une jeune fille de quinze ans; car Mlle Blanche Cazes a quinze ans.
Mais il y a là-une sûreté de composition, un bonheur d'expression, un choix d'images neuves
qui sont surprenants pour cet âge. Le rythme de certains poèmes est déjà savant, plein de
subtiles nuances. C'est bien un poète qui a écrit A l'ombre de TAïdour La Maison fleurie,
jour des morts. En lisant Verlaine, Image de missel et tant d'autres. Et il faut féliciter Blanche
Cazes qui aime François Villon et Paul Verlaine d'avoir entrepris son voyage vers l'Idéal avec
ces deux grands poètes de France.
Frédéric SAISSET.
t
�Bois original de Gaspard Maillol
Les Beaux-Arts
Les Expositions Je Pans à Toulouse
|E Salon des Indépendants a été l'événement artistique de ces
temps derniers. Il a marqué d'ailleurs surtout par le nombre
de ses exposants, par son étendue, ayant occupé les quarantetrois salles du Salon des Artistes Français. La présentation
des œuvres, classées selon le mode alphabétique adopté par ce
groupement libre, a été faite dans un esprit assez moderne. Les
peintures ont été accrochées sur un fond clair, de teinte bise. Mais la plupart
des œuvres exposées ne répondaient pas au modernisme du cadre. Ce Salon
des Indépendants est resté d'une manière générale bien au-dessous de la médiocrité. Dans certaines salles le poncif a dominé autant que dans celles des
grandes expositions de Printemps. Pis encore. Autant qu'au Salon d'Hiver.
Vraiment — il faut le reconnaître en dépit de la peine que cause un tel aveu —
cette trente-huitième exposition des peintres qui se trouvaient naguère à
l'avant-garde de l'Art, accusait un déplorable retour en arrière, vers des formules périmées, vers le banal, le mauvais goût, et l'ignorance de tout métier
pictural. Parmi les 3792 numéros portés au catalogue — et il y avait encore
des envois qui n'y figuraient pas — une centaine d'œuvres, tableaux ou sculptures, demeuraient en définitive à retenir. Les artistes ayant illustré cette
société ne participent plus guère maintenant à ces manifestations. Ils se
réservent pour l'Automne ou pour Les Tuileries. Il n'était que trop aisé de
compter parmi les fidèles de cette année Paul Signac, Luce, Matisse, Bonnard,
Charles Guêrin.
Lorsqu'on rencontre, dans un tel amas de mauvais tableaux, une toile de
quelque valeur, on n'en éprouve sans doute que plus de satisfaction. Je suis
retourné plusieurs fois aux Indépendants, et dès la seconde visite je savais les
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toiles devant lesquelles je devais marquer des étapes, au milieu de mes promenades que le défaut d'intérêt de l'ensemble rendait forcément rapides. Des
étapes devant de vraies peintures, décelant des tempéraments originaux, ou,
en tout cas, des tempéraments de peintres. J'ai déjà dit qu'il y en avait tout de
même une centaine à peu près dans cette foire de toutes les couleurs. Il m'a été
agréable de constater que parmi les œuvres des artistes qui m'ont retenu,
plusieurs appartenaient à des occitans. Chabaud a exposé une importante peinture, laquelle pouvait prendre place parmi les meilleurs morceaux. Son vieux
berger, vêtu d'une limousine aux rousseurs fanées, le profil taillé comme au
couteau sous le béret, son bâton barrant la toile, les moutons grisâtres autour
de lui, devant le village languedocien dont les maisons blanchoient entre l'ombre
des rues étroites, allie à la largeur vigoureuse de la facture un harmonieux assemblage de tonalités adoucies dans des gammes grises, bistres et bleues. Paul
Ramond, au contraire, recherche les tons intenses dans son Soir au Canigou et
ses Arbres en fleurs en Roussillon. Ce peintre s'est classé parmi les plus hardis de ce Salon, grâce à sa manière qui juxtapose des taches par petites masses
et non avec le pointillisme habituel à Signac. Pas de procédé aussi exclusivement apparent chez Ramond, mais un cri d'exaltation devant la nature aux
chaudes colorations. Desnoyer s'est signalé par un tableau d'assez grandes
dimensions représentant une « fête locale » dans le midi. Il y avait là du mouvement, de la robustesse dans le coloris, comme dans l'écriture des formes.
Laclau aussi possède une fougue bien méridionale, dans une figure de femme
à sa toilette, peinte en pleine pâte. Quand à MUe Andrée Pouvillon, on a retrouvé
dans ses intérieurs, dans son petit salon Louis XVI de même que dans sa salle
à manger, toute la douceur de l'intimité provinciale : ses gris, ses beiges sont
d'une distinction calme, et elle sait animer ses peintures par la présence de la
lumière du jour pénétrant à travers de larges fenêtres. René Jaudon, dans une
scène de déjeuner en plein air très attachante, a révélé qu'il possède, lui aussi,
le sens de la tache, dans des accords de tonalités assoupies. Lestage, Taillandier, Vieulles ont réussi, dans leurs paysages, à traduire avec ampleur la verdure des arbres. Nivouliès et Oury montraient des sites nuancés avec délicatesse.
C'est la première fois que nous avons l'occasion de parler dans
cette chronique des aquarelles de Bourgat. Celles-ci m'avaient donné dans
la vue — pour reprendre une expression du dix-huitième siècle et qui a conservé toute sa signification — avant que j'aie déchiffré le nom de leur auteur.
Bourgat a des qualités incontestables de coloriste. Il se sert de l'aquarelle comme
on emploie la pâte huileuse ; la couleur à l'eau prend avec lui un aspect compact. Son coin de campagne où un petit arbre dépouillé découpe sa maigreur
sur un ciel lourd de nuages, son pont rougeâtre, dans une atmosphère argentée de reflets, se décelaient d'une mise en page curieuse et d'un coloris plutôt
rare. On a écrit qu'il s'apparentait à Vlaminck, mais je n'ai pas revu dans ces
aquarelles de Bourgat ces verts bleus acides, ni cette lourdeur brutale, par
quoi Vlaminck se caractérise. Busset enfin est resté toujours régionaliste avec
son Marché d'Auvergne et ses Danseurs auvergnats ; son métier conserve
une robustesse, volontairement fruste.
Le consciencieux portrait au fusain de notre compatriote Marcel Clavié
par Leblanc qui figurait au Grand Palais aurait pu aussi bien se trouver à la
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curieuse exposition des Portraits d'Ecrivains, organisée à la Galerie Henry
(35 et 37 rue de Seine) par notre confrère Charles Fegdal. L'idée était ingénieuse de grouper les figures des romanciers, poètes, critiques d'art traduites
par leur amis peintres. Souvent une affinité dans la façon de sentir et de
penser quoique par d'autres modes — ut pictura poesis — a poussé tel
coloriste à portraiturer tel écrivain. Le hasard aussi a rapproché le modèle et
l'interprète. Nous avons reconnu là Robert Rey paternel, tenant son baby, par
Adrienne Jouclard; Louis Vauxcelles, par Asselin; Florent Fels et Paul Claudel
par J.-E Blanche ; Fontainas par Tristan Klingsor, et ce dernier par lui-même,
car il manie avec autant de bonheur le pinceau que la plume ; Lucie DelarueMardrus, par elle-même également, avec son regard de songe : Charles Fegdal
peint par Ottmam et par Suzanne Fegdal, sculpté par Gimond. Et encore Pierre
Ladoué, Charensol, Louis-Léon Martin. L'Occitanie reparaissait ici avec un
portrait du maître Paul Valéry, notre compatriote de Cette, par Georges
d'Espagnat. Henry Ramey, originaire de Montauban, avait exposé la figure,
robustement exécutée, de Jean Cassou. Enfin, j'aurais une bonne raison pour
réserver une place particulière à un portrait peint par Auguste Rouquet, puisqu'il s'agit d'une peinture expressive comme largement traitée par notre
secrétaire général, par le xylographe dont les gravures sur bois, d'une facture
vigoureuse et d'une arabesque si ornementale, décorent ces Feuillets. Mais
j'aurais aussi une bonne raison pour ne pas trop m'étendre sur ce portrait qui
est celui du chroniqueur artistique de ces mêmes Feuillets. J'évite à dessein
la pédanterie du terme de critique, un terme qui porte des lunettes.
Les expositions individuelles se succèdent toujours innombrables et
rapides. Un vrai cinéma de la peinture et de la sculpture. Comment en essayer
même un aperçu en quelques pages? Tout d'abord, l'ensemble réuni par
André Fraye chez Marcel Bernheim (rue Caumartin) mérite d'être signalé,
parce qu'il s'agit là d'un coloriste des plus doués de notre génération. Fraye va
toujours plus loin, tout en demeurant fidèle à sa sensibilité. Ces paysages du
Midi, ces ports où les bateaux s'enfoncent si bien dans l'eau vivante offrent, la
finesse et l'éclat des tons, la sensation de l'atmosphère, la solidité d'un dessin
dans la matière même, l'attrait de l'accord des tonalités. Il a le secret d'une
fraîcheur toujours nouvelle.
André Fraye est un artiste dont la réputation affirme déjà consacrée.
Il possède à son actif une imposante série d'expositions particulières. C'est sa
première que MmePicard-Pangalosa faite dernièrement à la galerie BernheimJeune (faubourg Saint-Honoré). Il faut désormais ajouter le nom de Mme PicardPangalos à la liste de ces femmes peintres modernes qui contribuent à donner
une physionomie à l'art de notre temps, à ceux de Marval, Marie Laurencin,
Charmy, Val, Hélène Perdriat. Mme Picard-Pangalos se situe bien à notre
époque par sa palette où elle prend des couleurs claires et adoucies. Elle affectionne tout particulièrement les gammes de blanc dans certaines de ses figures,
cette blonde Suzanne par exemple, d'une distinction réelle de ligne, ou dans
ces bouquets de roses, de chrysanthèmes. Elle aime aussi les harmonies grises.
Dans ses aquarelles, elle épargne souvent le papier de manière à laisser une
ambiance de blancheur où elle met en valeur des incarnats ou des bleus tendres.
Mais ily a aussi dans les œuvres de cette artiste une sentimentalité intime, une
intention ornementale, par quoi elle s'apparenterait au dix-huitième siècle. La
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femme au turban bleu ou la femme au voile blanc le témoignent. Mme PicardPangalos dont le talent reste très féminin suggère souvent beaucoup plus
qu'elle ne prononce dans ses images, tout en conservant cependant un sens
pictural. Une certaine naïveté, un certain mystère émanent de ses créations.
Mais tandis que ce mystère apparaît dans une pervérsité ingénue chez une
Hélène Perdriat,il effleureune volupté sentimentale chez MmePicard-Pangalos.
Chez le même Bernheim-Jeune, Ortiz de Zarate voisine avec cette dernière. Un portrait de M. Albert Sarraut, à sa table de travail, le visage glabre
et énergique, le regard pénétrant derrière les lunettes, résume les qualités
qu'on discerne chez Ortiz de Zarate : ampleur du modelé, robustesse de l'empâtement, force du coloris. La figure sympathique du sénateur de l'Aude nous
ramène en pays occitan. Nous y séjournons avec l'exposition des dessins
d'enfants, rassemblés sous le titre de Collioure vu par ses gosses à la galerie
du Sacre du Printemps (5, rue du Cherche-Midi). Chose curieuse. C'est un
peintre belge, M. Hanicotte, dont nous avons apprécié les compositions en « Colorado claro », ainsi que le disait Renoir en découvrant sur une boîte de cigares
tout le secret delà peinture moderniste, qui a été non le maître, mais celui qui
a éveillé dans ces sensibilités enfantines, le goût des couleurs. M. Hanicotte
s'est fixé en Roussillon, et il a senti toute la magie colorée de cette région. Il
a placé ses petits élèves, garçons et fillettes de pécheurs ou de paysans, devant
la nature, et il leur a conseillé de regarder et de représenter le pays qu'ils avaient
le bonheur d'avoir sous lés yeux. Les enfants ont naturellement l'instinct de
synthétiser et de s'exprimer en raccourcis expressifs. Ils ne sont pas tourmentés
par cette maladie de la perfection, cette lutte affreuse de se dépasser toujours
soi-même que Camille Mauclair dévoile chez certains grands artistes et qui
amena un La Tour à la folie.
Les aquarelles, les gouaches faites au milieu de leur terre natale par lespetits de Collioure montrent des arbres ramenés naïvement à des formes simples
des sortes de rondes d'arbres, des pins en ombrelles, la légendaire tour dans
son élan architectural, des collines ondoyantes. Les tonalités aussi sont simplifiées, posées par larges à-plats, généralement assez violentes. Parfois le coloris
est idéalisé jusqu'à colorer tout un arbre d'un vermillon pur. Mais il y a aussi
des notations de la mer par des journées nuageuses, d'une assez curieuse subtilité
dans les gris et les bistres. Enfin ces gosses de Collioure se révèlent des décorateurs et c'est là le but louable de M.Hanicotte: former avec ses petits élèves,
des artisans qui auront l'idée de communiquer une tournure artistique à leurs
travaux. Et pourquoi ne brosseraient-ils dans l'intérieur de leurs mas, sur les
murailles, des panneaux dans le genre des pochades qu'ils nous ont soumises
à Paris, dans un quartier voisin du cœur de Montparnasse.
C'est à la Madeleine chez Le Goupy, que Jean-Jules Dufour nous à conviés
à un voyage à Toulouse. Mais, comme le remarque le préfacier de son catalogue, Pierre Ladoue, J. J. Dufour a pris le chemin des écoliers. Il est passé par
Najac, Penne du Tarn, Albi. De ces contrées pittoresques et de Toulouse, il a
rapporté des visions bien méridionales : monuments aux teintes rougeâtres,
ponts solides, verdures ensoleillées^montagnes nettement découpées, marché
avec les tons crus des habits des paysans et des parasols. Et ces visions sont
traduites par un tempérament bien de chez nous et bien actuel.
A plusieurs reprises j'ai parlé dans ces chroniques des peintures de
�Domergue-Lagarde. Il en a exposé naguère une dizaine, dans la cité toulousaine, chez Chappe rue de la Pomme. Cepetit ensemble n'est pas demeuré inaperçu
La presse locale nous en a apporté les échos. On sait la vigueur de cet art de
Domergue-Lagarde, ses préoccupations de dégager dans les choses les surfaces
lumineuses et les surfaces d'ombre, la plénitude de son coloris, la sincérité
de son modernisme. Avec des natures mortes de fleurs se détachant sur des
fonds gris, fruits des régions chaudes, bananes et oranges, le coloriste nous à
montré un coin du Canal du Midi sous la double verdure calme des platanes. Je
l'en félicite particulièrement. J'ai toujours pensé que notre canal languedocien
de Riquet devait fournir un bon motif d'inspiration aux artistes. DomergueLagarde nous le prouve avec Paul Ramond.
Paul-SENTENAC
Ces deux derniers mois de l'année qui vient de finir peuvent être marqués par quelque
petite vente de tableaux et de gravures de maîtres accrédités dans l'histoire de l'art.
A la vente d'Ernest Le Roy, une aquarelle de Gavarni fait 13.700 frs ; une peinture de
Boudin, le Port de Trouville, 31.200; de Corot, la laveuse, 41.100; des cavaliers et amazones de
Dreux 61.000; une vue de Villefranche de Harpignies 7.550; rêverie de Alfred Stevens 41.000;
parmi les bronzes de Barye, une panthère saisissant un cerf du Gange, épreuve 35.100 ; un
tigre qui marche, 31.000.
Dans les ventes d'estampes, on remarquera les prix de plus en plus ascensionnels, prouvant le nombre des amateurs qui augmente dans cet art de la gravure, de la lithographie, si
estimé pour orner un appartement, ou pour garder en collection en cartons, quand le nombre
en dépasse la dimension des murs.
A une vente faite par l'expert Jean Cailac, une aquarelle de Barye fait 2.650; un dessin
de Forain, le repos du modèle 2.450; des dessins de Constantin Guys que le pauvre, mais grand
artiste si admiré par Beaudelaire, Gautier, Nadar, avait de la difficulté à vendre à quarante
sous, cent sous, font aujourd'hui à cette vente 1.050 fr. ; 1.120; fr. 2.550 ; 3.000; un dessin de Rodin
se vend 5.200fr; un autre 3.100 fr. et 1.800 fr..
De Auguste Brouet, une eau forte, un défilé de Romanichels 1.250 fr. un camp de Romanichels 820 fr. ; une épreuve de Manet, l'Exécution de l'Empereur Maximilien obtient 4.500 fr.
une épreuve de Meryon, le petit pont, 3.000 fr. ; une épreuve de Millet, les glaneuses 7.800 fr.
La route aux grands arbres, eau forte en couleurs de Raffailli 1.200fr. ; du même, la place
de la Madeleine 850 fr. des épreuves de Rodin font 950 fr. 1.420 fr. Une épreuve de Martin
Schongauër 21.000 fr.
Les lithographies de Toulouse Lautree se faisant rares, montent toujours. Une litho de
Marcelle Linder en buste 620 fr. la loge de Faust, 1.500 fr. la partie de campagne 5.100 fr. le
jockey 2.300 fr.; un portrait de Renan, épreuve par Zorn 11.500fr.
Le 28 novembre Georges Andrieux expert vendait des manuscrits et autographes. Parmi,
une lettre de Baudelaire 800 fr. ; une lettre de Dumas fils 260 fr. ; deux lettres de Mirbeau 47 fr.
des lettres de Gustave Geffroy 155 fr. ; une lettre de Verlaine 200 fr. ; une lettre de Stéphane
Mallarmé 340fr.; trois manuscrits d'Abel Hermant 8.500fr.; un manuscrit, discours d'Anatole
France à l'inauguration de la statue de Renan 19.000 fr. ; une nouvelle du même écrivain 800 fr.
ASTER
�Bois original de Gaspard Maillol
Les Lettres Occitanes
CHANSONS '•»
A P.-L. Grenier
I
BRAVA AIGU A
Brava aigua, ount lou ser revelha
Un fermijadis daurat,
Brava aigua, te sabe grat
D'esse esberida e vermelha,
E de coulenar tout siau
Vers la fi que t'es marcada,
Doumeja aus plegs de la prada
Tant qu'a miralhar lou ciau.
Te sabe grat d'esse lena
E d'esse houmbla e de luzir
E d'auzar t'eipanezir
Couma una oundejanta glena.
Mas veiti qu'en te vezent,
Raibe de fiar, o saja,
Moun cor que de tout s'eimaja,
Moun paubre cor fernissent.
(1) Nous avons le plaisir de donner à nos lecteurs deux poèmes inédits d'Albert Pestour,
un des maîtres de la Poésie limousine contemporaine. Albert Pestour vient de publier Lous
Rebats sus l'Atitura (Les Reflets sur la Colline) avec poème liminaire de Charles Mourras.
Nous en rendrons compte prochainement dans un de nos Feuillets.
�Paysage de Bourgat
��II
LA LUNA DE MIETJOUR
Au ciau d'huei, ount senhoureja
Lou lum de mietjour,
Laluna pala flouteja
Dins trop de bleujour.
Couma ses aqui, tu liauda
Sor daus cors mitous
Que toun rai sens flama englauda
De moufles poutous,
O luna, doussour crentouza
Au trescol d'aram,
Bajadis fieune de touza
Tras loumascle esbrand?...
Aitau dins ma vita druja
En ardents sucilhs,
Un raibe cande beluja
E s'evanezis.
CHANSONS
I. — Eau jolie. — Eau jolie, où le soir réveille un fourmillement doré, je
te sais gré, eau jolie, d'être vermeille et enjouée,
Et de glisser tout doucement vers le but qui t'est assigné, docile aux ondulations de la prairie autant qu'à refléter le ciel.
Je te sais gré d'être lisse et d'être humble et de luire et d'oser te répandre
comme une ondoyante chevelure.
Et voici qu'en te voyant, je rêve de te dédier, ô sage, mon cœur qui de
tout s'inquiète, mon pauvre cœur agité.
*
*
*
IL — La Lune de midi. — Au ciel d'aujourd'hui, où règne l'éclat de midi,
la lune pâle flotte dans trop de clarté.
Comment es-tu là, sœur clémente des cœurs épris que ton rayon sans
flamme frôle de tendres baisers,
O lune, douceur timide au couchant d'airain, vague songerie de jeune
fille en face du mâle délire ?...
Ainsi dans ma vie fertile en brûlants soucis, un rêve ingénu brille et
s'évanouit.
Albert PESTOUR
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Réélections sur la P oesie
ccitane
Le mouvement provençal est à sa fleur, dit Charles Maurras. La bourgeoisie commence à
peine à s'y intéresser, cependant que la langue se retire progressivement des centres urbains.
La poésie va se cacher dans les antres sauvages, déjà chantés par Ronsard. Ceux qui ont le courage et le loisir de la forcer dans ces retraites incertaines sont assez rares. Et malgré tout,
malgré le désarroi d'une civilisation qui se cherche sans se retrouver, malgré le tourbillon
des idées contradictoires, ça et là quelques noms émergent comme des tiges flexibles, pour
affirmer la simplicité de l'acte poétique et l'existence du sol provincial.
Je ne prétends pas tracer ici une esquisse d'un mouvement appelé à triompher d'une
vaine hostilité ; il me suffit d'ouvrir quelques livres de langue d'oc, comme on signale une
bonne auberge au touriste pressé. Il n'est pas de littérature plus fraîche et plus saine que celle
du maître Quercynol Antonin Perbosc. Quelle douce tonnelle de vigne vierge, non loin des prairies du TarnI Son « Libre des Auzels » a été publié en 1924, avec une traduction française. Sa
parenté avec Pouvillon et Joseph de Pesquidoux est évidente : c'est le même art patient,
la même fidélité exemplaire, la même grâce abondante dans le paysage. La Fontaine et Mistral
sont encore ses maîtres : ce n'est pas qu'il écrive avec la majesté du grand provençal, ni avec
la rêverie subtile et la limpidité argentée du Champenois. Il est, s'il se peut, plus champêtre,
puisque son nom est Antonin Perbosc. Il trouve le support de son art dans le folklore et dans
la vivacité du parler populaire. Il écrit sous forme de fable ou de narration et la plupart de ces
histoires d'oiseaux lui ont été racontées par les «pacans». De tels sujets sont les plus gracieux
que l'on puisse imaginer : C'est l'histoire des huppes qui ont demandé des couronnes d'or au
roi Salomon, l'histoire du loriot et de la tourterelle qui deviennent marchands de cochons. Il
me semble qu'un tel livre, avec sa pastoure qui garde deux troupeaux, l'un de moutons, l'autre
d'oiseaux doit plaire aux savants, car l'attention charmée de Perbosc s'applique également
aux oiseaux et au vocabulaire. Il aime le mot. Les innombrables vocables de son dialecte
tremblent comme des feuilles dans la clarté de son récit, glissent comme des faînes et des
chatons, humides et sucrées. Et d'autres ont des formes imprévues de capricorne ou de cerfvolant, ouvrent leur élytres et bruissent; on a l'impression de se trouver dans le cabinet d'un
naturaliste dont les fenêtres seraient toujours ouvertes. Mais parfois, quelque pièce, comme
la Font des Colombes se baigne dans la mélancolie et s'élève sur un sommet de calme lyrisme.
C'est le livre d'un sage, et il révèle une étonnante probité.
On sait que Charles Maurras a écrit la préface de la Bête du Vaccarès de Joseph
d'Arbaud : «On salue en vous le souffle emporté de quelque génie équestre ». C'est un fier
salut digne des deux poètes et qui rappelle avec discrétion les paroles de Lamartine à Mistral.
D'Arbaud a vécu pour les taureaux de Camargue, sur son cheval à la queue flottante ; je l'ai
vu à la tête de ses gardians. Il avait un visage grave, cette expression que l'on retrouve dans
ses vers :
« Je prie le Dieu chrétien, et je suis, homme de mas — le frère pensif des pêcheurs et
des pâtres — ».
La Bête du Vaccarès est un récit d'un vieux gardian de Provence, qui a vu apparaître
et mourir dans le secret des marais le Dieu Pan, semblable à une pauvre racine rongée. Il se
présente comme un livre de Raison. La légende et la stricte réalité s'y associent gravement; ce
n'est plus le mirage des jours, mais l'incantation des nuits qui s'y prolonge. Il est écrit dans
une excellente prose de Provence, avec la note Camarguaise, avec une sGbriété toujours égale,
un sens naturel de la syntaxe la plus populaire et la plus ferme, sans un adjectif qui élève
sa houppe folle au-dessus des lignes. C'est un style vaste et uni de plain-chant, qui clarifie le
parler de tous les vieux gardians, avec de longues phrases où tressaillent le sentiment d'une
terre et la pitié des jours. Œuvre vivante et pieuse.il faut se souvenir des fresques de Gioîfo
pour comprendre la douloureuse beauté qui la gouverne ; une hutte, des roseaux dans la
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boue, le vent des nuits, la rencontre d'un pauvre homme et du gardien mythique et déchu,
le piétinement circulaire des taureaux noirs, cela suffit pour que tout le vieil esprit de la
Camargue soit évoqué dans ce récit qu'elle enveloppe de son ciel. La simplicité y conduit à la
grandeur à travers la résignation.
*
* *
Voici Pierre Azéma, poète du Bas-Languedoc, né au pays des pins d'Alep et des jujubes,
qui nous offre « Lou Ciclopa », une comédie en deux actes. Cette terre du Bas-Languedoc a été
rarement exprimée sur le mode lyrique, du moins par ses félibres, qui paraissent souvent se
contenter de la mignardise pastorale et du burlesque. Le pays a cependant des lignes classiques, presque trop pures j quoique sans couleur. On y trouve d'excellents fabulistes. On y
cultive avec succès le drame languedocien. Pierre Azéma a voulu transposer le comique grec
dans son dialecte. Rappelons d'un trait la fable : Ulysse, prisonnier dans l'antre du Cyclope,
lui offre mille flacons de vin, et après ces présents perfides, se délivre en lui crevant l'œil.
C'est la légende du nain qui triomphe du géant, et l'auteur aurait pu la situer dans le château de Saint-Guilhem le Désert, si le goût de la mythologie n'était si vivace en LanguedocLe vers de Pierre Azéma est sonore et les mots sont tordus à pleine mâchoire. C'est une qualité qui sera supportée à la scène, où le caractère burlesque de la comédie doit également
assurer son succès. Les personnages y parlent la langue des rouliers ; ils portent des pantalons de cadis et des tailloles rouges. C'est un vigoureux lyrisme de cellier, mais parfois une
baie méditerranéenne s'éclaire, comme en songe :
Quan l'Etnà fuma e flamba en mitan de la mar
Sa clarta dins l'escu me sembla a ièa lou far
Qu'anuncia lou païs gregau e sas calancas..
Je vois souvent Pierre Azéma. Sous ses cheveux crépus et du plus beau jais, tout rayonnant
de force, il a le mâle visage du poète méridional. Le sujet qu'il a choisi convenait au caractère de son talent, plein de verve et d'impétuosité. Quelques expressions de pastorale peuvent
disparaître de son œuvre, ainsi que certains reflets d'un languedocien florianesque ;
il lui sera facile d'éviter des allusions locales, car il porte en lui l'énergie d'un poète. Les
bois gravés de Marcel Bernard, qui sont placés aux premières pages du Cyclope, sacrifient
la technique à l'expresion, mais gardent la même note ardente : on y voit Ulysse se replier
comme un eseargot sous son casque et son bouclier ; des traits vigoureux y reproduisent la
laine des béliers et les crochets des vagues. Mais la gravure sur bois s'accommoderait beaucoup plus d'une vision de théâtre guignol que des éclairs successifs de l'écran.
--
-*
* #
« Vous autres, poètes régionalistes écrivait un jour Francis-Jammes, vous pouvez récolter
le miel le plus rare, mais qui le goûtera ? ».
On verra bien. Si le public est limité, il importe surtout que l'art ne le soit pas; et
l'essentiel ne serait-il pas de produire ce miel rare ? C'est encore dans les dialectes que
s'exprime le meilleur de l'âme atavique ; ainsi, les lais Bretons de J.-P. Callorc'h nous font
sentir la fermeté des pêcheurs de Groix, comme on entrevoit la bonhomie Quercynole avec
Antonin Perbosc; et seul, Joseph D'Arbaud pouvait nous révéler la gravité Camarguaise. Ce
sont là des notions plus profondes sur la vie de la province. Il semble que de tels poètes
recueillent la note essentielle d'une solitude et qu'un concert de voix cachées vienne se fondre
dans leur chant. Ils composent ainsi des mélodies nouvelles ; j'y vois les lueurs des noyers ou
le cyprès sur les pierres plates, ou le vallon qui se courbe sur le torrent. D'Arbaud, Perbosc,
Philadelphe de Gerde, Joseph de Pesquidoux, Paul Fort dans l'Ile-de-France, sont des poètes
qui composent dans ses nuances tout le ciel d'un pays, mais il est remarquable de retrouver
le même accent de gravité chez tous les vrais écrivains de langue occitane : il est étrange, ou
il est naturel que cette poésie ne trouve pas plus d'échos.
Joseph-S PONS.
�BIBLIOGRAPHIE OCCITANE
travers les JLivres
Alfons MASERAS. La Llàntia encesa. — Barcelona, llibreria Verdaguer, rambla dels
caputxins, 5. In-8% 1926.
Alfons Maseras est un des jeunes maîtres de la littérature catalane. A quarante-deux ans,
il a déjà publié onze volumes de contes et de romans (dont un écrit en français), trois
volumes d'essais divers et trois recueils de poèmes. Nous venons délire le dernier, La Llàntia
encesa, avec la plus vive émotion d'art.
La Llàntia encesa, la lampe allumée, c'est l'esprit du poète, qui chante et qui, s'il ne
brûle pas, ne vit pas. Il chante le doux esclavage de l'amour ; même si l'objet aimé n'était qu'un
songe, il n'en vivrait pas moins en son âme, car sa pensée l'aurait créé : « Laisse, dit-il ô mon
amour, la fenêtre ouverte ; du plus profond des ténèbres sort une étoile, brillant comme un
phare. Notre âme est le navire qui fend le noir océan de l'obscurité. » Il chante la joie des
yeux, clarté de son cœur; par les yeux de l'objet aimé il voit la beauté des choses, l'objet de
son amour est si profondément en son âme que seule la mort peut l'en séparer. A deux, il lui
sera doux de mourir comme meurent les ondes de la mer.
La femme aimée étreint le poète, en secret, comme un serpent tentateur lui offrant la
science infinie ; quand elle est partie, il songe : « Où est la joie et le tourment, que me prodiguait l'amie, serpent, femme ou vision, réalité ou mensonge ?» Et il chante ses mains, ses
blanches mains qui sont comme des ailes de divine clarté lunaire. Les yeux des femmes sont
pour lui des clous ardents qui percent l'âme, ils sont la mer où s'est perdu le navire de nos
songes, ils sont l'oasis du mirage, et dé notre image le reflet ; et il s'écrie : « Si dans l'amour,
qui est la vie, tu trouves la mort, c'est seulement par cette mort que ta vie vaudra la peine
d'avoir été vécue. Plus ta blessure sera profonde, plus tu béniras ton sort. » Le poète dit à
l'épouse : « Epouse, douce épouse, comme tu prends l'enfant tout nu, prends mon âme angoissée,
fais la bien tienne, épouse, fais tiennes ses pensées, sur la mer de tes songes, apprends lui à
naviguer, montre lui le chemin qui mène à l'infini. » Et maintenant qu'il repart tout seul à
travers le monde, sa pensée va vers elle et ses beaux enfants comme l'eau des ruisseaux court
à la mer.
Le poète aime la mer et son bleu intense, les voiles palpitant au loin comme des paupières. Il excelle à évoquer le ciel nocturne où sourit la lune, la lune qui songe doucement à sa
vie évanouie sous la neige étincelante, et dont le monde envie le sourire et la paix.
Alfons Maseras, fervent d'Henri Heine, sait aussi, comme lui, peindre avec la musique
des mots la sage indolence de l'Orient. Son Poème du Désert est un petit chef-d'œuvre de couleur et d'harmonie où la chanson du bédouin éclate, comme une prière, comme une chanson
qui est une âme. La lune du désert, œil de la nuit, y est comme une sœur qui accompagne
ceux qui cheminent ; ses baisers endorment la caravane, la caravane dont les dromadaires,
vivantes et agiles galères qui gardent des joyaux, reposent, aux ardentes heures du jour, à
l'ombre des palmiers, tristes houris du désert, dont le vent agite les chevelures, et dont le
soleil brûle les panaches verts. Puis, c'est le départ à nouveau, vers les solitudes où les dunes
dansent, sous le vent, comme des vierges se donnant la main ; et les dromadaires infatigables comme des navires, hauts comme des tours continuent leur route vers les richesses
fabuleuses des pays où il n'y a ni villes, ni châteaux, ni fontaines, ni forêts.,.
Les villes, Maseras sait aussi les peindre dans leur trépidante fièvre de vie moderne,
dans la beauté de leurs campaniles couleur de miel, dans les miroitements de leurs ports
où la mer est enchaînée. Et devant la mer qui berça son enfance, son esprit s'élève
jusqu'à la blancheur innommée, incréée, immense, jusqu'à la lumière qui court comme un torrent de feu, comme une rivière d'or menant à l'océan de l'immortalité. Il étend sur le monde
son regard et il voit pour tous les aveugles de l'intelligence plongés dans leur obscurité, et il
sent que son âme est éternelle.
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Telle est La Lampe allumée d'Alfons Maseras; elle projette, sur l'infini des choses,
d'émouvantes traînées de lumière...
ALMANACH OCCITAN.— V année 1927. Direction Editorial occitan, Sàmatan (Gers).
M. l'Abbé Dambielle qui prodigue à la cause occitane les bienfaits de son dévouement
admirable vient de faire imprimer sur les presses de l'Imprimerie occitane de Samatan, la
cinquième année de l'Almanach occitan où l'on verra la vivante image de l'activité des pays
d'Oc. On y lira des vers de Mgr Cezerac archevêque d'Albi,des poèmes du majorai Joseph Loubet
dont les Feuillets occitans ont publié dernièrement Vespre autounenc qui doit faire partie
d'un prochain recueil. Pierre Azema l'auteur du Cyclope, Jean Mouzac jeune et brillant lauréat des Jeux floraux, le majorai Muzâc, Santiago Rusinol, Joseph d'Arbaud, Louis Delhostal,
Antonin Perbosc figurent dans^cette anthologie annuelle de la poésie occitane. On y trouvera
aussi deux exquises chansons de Mai d'Albert Pestour, auteur d'un très beau livre : Lous
Rebats sus l'autura (Les Reflets sur la colline) dont nous rendrons compte prochainement.
A la suite de cette Anthologie, l'Almanach donne une intéressante galerie de figures occitanes,
une étude sur les morts de l'année et ses principaux événements littéraires et fédéralistes
sans (oublier la toujours brûlante question de la langue d'Oc à l'école qu'il faudra bien, un
jour, résoudre favorablement. Signalons aussi avec la publication intégrale du Cyclope
d'Azéma la reproduction d'un article écrit pour La Revue Hebdomadaire sur Le livre des
oiseaux d'Antonin Perbosc.
ARMANA PROUVENÇEAU — 1927. Avignon, Roumanille, 19, rue Saint-Agricol.
Toujours typographiquement immuable, sous sa couverture jaune aux armes d'Avignon,
gardien jaloux de l'orthodoxie rhodanienne au point de modifier l'orthographe d'un très beau
poème de Marius André tiré d'Eme d'arange un cargamen, l'Almanach provençal nous donne
la primeur d'un chant extrait, d'un poème inédit de l'immortel auteur de Mireille et de Calendal.
Composé par Mistral à dix-sept ans, ce poème n'est évidemment pas comparable aux chefsd'œuvre du Maître. Madame Mistral a bien fait néanmoins de publier cette œuvre de jeunesse
du génial compagnon de sa vie. Il y a dans cette œuvre adolescente une originalité étonnante,
une fraîcheur d'âme qui réjouit le cœur. Mistral au sommet de sa gloire avait laissé dans
l'ombre ses essais de poète-enfant que grâce aux soins pieux de la veuve du Maître et de
Pierre Dévoluy nous verrons bientôt complètement édités comme nous l'annonce YArmana
prouvençeau. Ainsi que chaque année nous trouvons dans YArmana de 1927 de beaux vers.
Pierre Dévoluy, le marquis de Baroncelli-Javon, le Dr J. Fallen, Marius Jouveau, Paul Roustan,
Jules Veran, Joseph Loubet y ont collaboré.
ALMANAC NARBOUNES. — T année 1927.
L'Almanach Narbonnais toujours plein d'amusants récits et de mots pour rire aux veillées
d'hiver contient une fable de P. Albarel et les paroles de deux de ces vieilles chansons populaires qui, traversant les siècles sont parvenues jusqu'à nous avec diverses variantes où
s'affirme l'imagination de l'âme caustique et chantante des pays d'oc.
Abbé Joseph SALVAT. Sant Frances d'Asiza, etsemple e aparaire dels Felibres.. —
Béziers, 1926.
Le vingt-sept juin 1926, M. l'abbé Salvat, à l'occasion des fêtes de la Maintenance du
Languedoc, a prêché sur Saint-François-d'Assise à la cathédrale Saint-Nazaire de Béziers. Le
grand Saint qui s'intitulait le jongleur de Dieu parce qu'il chantait humblement ses louanges
sur les routes d'Italie, revit dans l'émouvant sermon de M. l'abbé Salvat. Tous les fervents de
la belle prose occitane et du Saint d'Assise lui sauront gré de l'avoir livré à l'impression.
A travers les Revues
LA CIGALO LENGÀDOUCIANO — N' de Septembre-Octobre 1926.
Compte rendu des fêtes de Font-Romeu-Mandadis du capoulier Jouveau et brinde du
Dr Vabre, majoral.Yers d'Auguste Cap de ville et Clara Bonnier, etc..
LA CIGALO NARBOUNESO — N* de Novembre 1926.
Vers de B. Figeac, P. Albarel, Auguste Fourès, dont la Revue publie une biographie.
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N* de Décembre 1926. —Très beaux vers à l'occasion de Noël par Jean Camp et P. Albarel.
Jolis poèmes sur le même sujet signés Sylvestre et Larmi-Sanot, contes, récits, etc..
LE COURRIER CATALAN. — 71, rue de Rennes, Paris.
Le N" du 16 Novembre et ceux du 1" et du 16 Décembre sont presque entièrement consacrés au complot catalan. Celui du 16 Décembre comprend le manifeste en faveur des conjurés
catalans.
L'ÉVEIL CATALAN.— 3, rue Grande-la-Réal, Perpignan.
Cette très intéressante publication qui sait faire une large part aux écrivains de langue
catalane, donne le programme des jeux floraux du Genêt d'oc pour 1927. Jolie légende en vers
de /. Borateu, etc.
LO GAI SABER. — 14, rue des Arts, Toulouse. N* de Novembre-Décembre 1926.
Etude sur Fourés par Joseph Salvat. Poème de Fourès, Eglogue V. de Virgile en rythmes
occitans par Prosper Estieu. Supplément : Rapport sur la poésie en langue d'or par J. Rozès
de Brousse.
OC. — Villa Peyrat, chemin de l'Espinet, Toulouse. N' 55 : Montée dans l'histoire, (à
propos du complot catalan) par Ismaël Girard. Discours de R. Farnier, A. Cambos, E. Gilbert,
Traduction du Chant du Soleil par Camille Soula. N° 56. Soulidaritat par P. Azéma. Traductions du Chant du Soleil par L. Delhostal, A. Perbosc, A. Pestour; vers d'A. Maseras, extraits
de son beau livre analysé dans le présent article. N° 57. La Prose provençale par P. Dévoluy,
vers de /. Galery et A. Trin. Traductions du Chant du Soleil par J.-S. Pons, J'. Bouzet, Valère
Bernard. N° 58. Vers de /. Loubet, J.-S. Pons, A. Pestour, etc.. Traduction du Chant du Soleil
par /. Rouquet.
PAUL-LOUIS GRENIER
CI.0.0.
BÉZIERS
IMPRIMBKIS
R. ROUX
—
SOISY-SOUS-MONTMORBNCY (S.-&-O.)
�Nos Collaborateurs et la Presse
Dans son numéro de Décembre 1926. Septimanie revue d'art publiée à Narbonne par
le Docteur Duplessis de Pouzilhac, consacre aux bois originaux que le peintre-graveur Auguste
Rouquet, notre Secrétaire Général, a gravés pour le beau roman d'Hélène Saurel les DemiEpouses (édition des Tablettes de la Côte d'Azur à St-Raphaël, Février 1927) l'entrefilet suivant. Nous sommes heureux de transcrire cette flatteuse appréciation du talent de notre collaborateur, dont Le chemin de la croi.x, gravé pour les beaux poèmes du D* Albarel, félibre
mujoral, vient de sortir des presses de la «Cigalo Narhouneso » à Narbonne. Ajoutons que
les éditions Pierre Lafitte vont faire paraître incessemment « Les Botilevards » d'Henri Duvernois avec bois gravés originaux d'Auguste Rouquet.
«Demi-Epouse» classera définitivement Hélène Saurel parmi les grandes romancières de
notre époque. Nous retrouvons dans ce livre de splendides bois d'Auguste Rouquet, l'éminent
graveur à la barbe fleurie, le chef d'Ecole que Septimanie fit connaître dans tous les pays dés
ses premiers fascicules. Ces bois sont de petits chefs-d'œuvre. Celui qui pendant de longues
années burina tous les beaux coins du Languedoc, couronne sa carrière au bord de la grande
bleue. La Provence jalouse l'a attiré vers sa couche lascive de sable d'or, et l'ombre bleue de
SCS grands palmiers ».
(Extrait de « Septimanie » Xo 38, 2r> Décembre 1926)
Service d'Échange des Revues
Les Annales du Musée social (Paris); — L'Aude à Paris (Paris); — L'Aude à Toulouse
(Toulouse); — L'Auto que bufo un cop cado mes (Toulouse); — L'Auvergne littéraire, artistique et félibréenne (Clermont-Fcrrand); — Le Beffroi de Flandre (Dunkerque); — Bioit y Toros
(Nimes); — La Brise (Brive); — Lou Bournat (Périgueux): — Bulletin de la Société Archéologique île Narbonnes; — Le Cadet de Gascogne (Paris); — Causses et Cévènes (Paris); — Le
Cercle du Goût Français (Paris); — Ceux qui viennent (Paris); — La Chaumière (Rouen); —
La Cigalo Narbouneso (Narbonne), — La Cobreto (Aurillac); — La Cigalo Languedouciano
(Béziers); — Contimporanul (Bucarest); — Le Courrier Catalan (Paris); — Le Divan (Paris);
— Divona (Cahors) ; — Le Domaine (Foix); — L'Ermitage (Paris); — L'Escola Félibreena
(Montpellier); — L'Escolo de las pireneos (Montauban); — L'Essor (Dijon); — L'Etandard
Piscenois (Pézenas); — L'Est Dramatique (Troyes) ; — L'Eveil Catalan (Perpignan; — Le
Feu (Aix-en-Provence); — Le Flambeau du Nord (Tourcoing); — Le Fédéraliste (Courbevoie) ;
— Le Fleuve (Lyon); — Le Grand Tourisme (Paris); — Lo gai Saber (Toulouse); —Le Grenier
(Orléans); — Idées (Paris); —L'Idée Neuve (Lyon); — L'Information Régionale (Toulouse); —
Le Languedoc (Alger); — Le Limousin (Paris); — La Mouette (Le Havre); — La Houle (Lyon);
— La Nouvelle Revue du Midi (Ximes) — Oc (Toulouse) — Paris-Critiquè (Paris) — Le Parthénon (Paris) — La Pensée Latine (Paris) — Poésies (Paris) — Le Prisme (Lyon) — La Province (Paris) — Les Pyrénées Littéraires et les Rayons (Bordeaux)'—La Revue des Autodidactes
(Toulouse)— La Renie des Indépendants (Asniéres) — La Revue de la Nièvre et du Centre
(Paris) — La Rose d'Argent (Suresnes) — La Semaine Vinicole (Paris) — Septimanie (Narbonne) — La Science Historique (Paris) — Bulletin de la Société des Arts et Sciences (Carcassonne) — La Revue Latine (Paris) — Le Bulletin de la Société Centrale d'Agriculture de l'Aude
(Carcassonne) — La Rouergue (Paris) — Bulletin de la Société d'Etudes Scientifiques de
l'Aude (Carcassonne) — Le Soleil d'Oc (Toulouse) — Le Sol Sacré (Toulouse) — La Terre
d'Afrique (Alger) — La Terre d'Oc (Toulouse) — La Tramontane (Perpignan) — Le Bulletin
de l'Union des Fédérations des Syndicats d'Initiative (Paris) — Les Tablettes de la Côte d'Azur
(Saint-Raphaël) — Le Touring-Club (Paris) — Le Trait-d' Union (Paris) — La Tribune Rëgionaliste (Paris) — U Lariccin (Marseille) — La Vie Economique des Soviets (Paris).
Soirée Littéraire du Groupe Occitan
La série des soirées littéraires du Groupe Occitan a été inaugurée le 21 Décembre par
une conférence de M. André Boghen, sur le Bien Manger et les Ecrivains Occitans, à la
salle du boulevard Raspail. Jamais il n'a été plus vrai de dire que cette conférence a été un
véritable régal. Un double régal, puisque M. Boghen a illustré sa conférence de recettes savoureuses contées par les écrivains et les poètes, depuis les lamproies de mer, sur un lit de
petits oignons entourés de champignons et mouillés de vin de Sauterne additionné d'armagnac
dont Montaigne faisait ses délices jusqu'aux « mousses d'écrevisses à la gelée, aux paupiettes
de soles entourées de culs d'artichauts farcis accompagnés d'un ragoût de truffes au porto
�recouvertes d'une béchamel que le parmesan rapé dore délicieusement » et qui sont le secret
du maitre occitan Prosper Montagné. il. Boghen parle de la cuisine en poète, comme on le
voit. Et c'était là le régal littéraire qui venait s'ajouter au régal culinaire. Toute la conférence
de M. André Boghen a été un long régal pour son auditoire recueilli, car la gastronomie est
l'objet d'une sorte de culte de la part de ses fervents. Le conférencier a fait un historique
vivant animé d'anecdotes, assaisonné du plus fin sel d'esprit, depuis le moyen âge jusqu'à nos
jours, en passant par l'époque de Ronsard, le dix-septième siècle où Louis XIV était la première fourchette du royaume, le XVIIP siècle où la bonne chère faisait partie de la douceur
de vivre,' le Directoire avec les dîners du citoyen directeur Barras, le premier empire avec
ceux de M"" Georges, l'époque du romantisme etc. On trouvera dans le prochain numéro, quelques extraits bien significatifs de cette conférence, qui montreront avec quel soin les différents
morceaux littéraires ont été préparés et servis. Ces extraits se rapportent à deux gastronomes
l'abbé de Garcin, marseillais, et Théophile Gautier, de Tarbes. Car si M. Boghen a parlé de quelques écrivains gourmets de laTouraine et de Paris, il a réservé la plus large place aux Occitans.
M. Boghen a entrelardé sa causerie de la récitation de quelques pièces de vers détaillées avec beaucoup d'art et de naturel par Mmo Raymonde Wattier : la recette du homard à
l'américaine de Monselet, la recette de la salade de Ronsard, celle de la bouillabaisse de
Charles Normand, la louange de l'ail, du cèpe et de la truffe tressée avec esprit par Pujol, et
les Pâtés de Foie qras célébrés avec humour par Jo Ginestou. La conférence a été suivie
d'une courte séance poétique au cours de laquelle M™ Wattier a récité avec émotion un poème
de Paul-Sentenac, qui était de circonstance à la fin de Décembre Petit Conte de Noël, et M"*
Rouger la pièce célèbre de Richepin, Du mouron pour les petits oiseaux. C'est le maître Montagné qui présidait cette intéressante soirée, et chacun sait qu'il est un orateur aussi écouté
que maître queux parfait et apprécié des plus délicats.
F. O.
Paul-Sentenac et son œuvre littéraire au Caméléon
Le lii Décembre dernier, l'université du Caméléon consacrait une de ses soirées à notre
vice-président Paul-Sentenac; séance particulièrement brillante, et par la qualité du programme, et par le nombre des auditeurs, la petite salle du Caméléon pouvait à peine contenir les
nombreux amis du poète, et tous ceux qui le connaissent depuis longtemps par ses œuvres ;
juste hommage rendu à celui qui se dévoue depuis tant d'années à la cause des artistes.
Dans une conférence très documentée M. Paul Fugairon qui est un érudit, étudia toute
l'œuvre littéraire et les travaux d'art accomplis par Paul-Sentenac depuis ses débuts (poésie, théâtre, roman, conférences, critique etc.). Il rappela son origine latine, qui lui donna
dés l'enfance l'amour des belles lignes et des vers harmonieux ; il cita successivement et
analysa les œuvres si diverses de notre ami ; il insista sur ce roman si vivant, La lame et
le fourreau paru il y a quelques années, roman qui est en même temps qu'une étude psychologique très fouillée, une suite de tableaux occitans d'une savoureuse couleur locale. Enfin il
donna à Paul-Sentenac la place qu'il mérite comme poète ; ses vers, en effet, moins connus
peut-être que ses critiques d'art (parce qu'il est un modeste), devraient pourtant le mettre au
premier rang de nos bons poètes méridionaux, avec une clarté et une précision dans la description où l'on retrouve le critique d'art averti, ces vers, tout frémissants d'une sensibilité
aigùe, ont parfois de grandes envolées lyriques : Dans d'autres pièces comme Le pas dans
l'escalier et En Revêtant un costume de Pierrot on trouve des confessions intimes, d'un
accent prenant et parfois cette pointe d'ironie qui est une qualité bien française, clans Noire
Oncle le Curé et te chat de l'artiste par exemple.
Des auditions de poèmes remarquablement choisies par M™1 Suzanne Teissier-Scntenac.
digne collaboratrice du conférencier, illustraient en effet cette présentation. M. et M" Jullien
deVellac du théâtre Antoine, interprétèrent avec une intelligence expressive plusieurs poèmes
extraits des deux volumes de Paul-Sentenac Tour mon cœur par tous les chemins et Notre
cœur quotidien (Ce dernier, à paraître prochainement). Suzanne Teissier apporta également
dans plusieurs interprétations sa grande compréhension artistique et sa voix émouvante. En
particulier, deux poèmes récités par elle sur la musique du compositeur narbonnais, Rey-,
Andreu, parfaitement adaptée aux vers de Paul-Sentenac, lui valurent une véritable ovation.
La partie musicale était tenue par M"° Henriette Nadal, qui joua seule plusieurs pièces
pour piano; elle recueillit aussi une grande part du succès, grâce à son jeu plein de fougue
et de sensibilité qui mit en valeur la musique à la fois savante et nuancée de Rey-Andreu.
La séance était présidée par Charles Fegdal, qui présenta avec esprit le conférencier et
le poète.
F. O.
�Les Feuillets Occitans
Organe Régionaliste des Pays d'Oc
Publié par
BOULEVARD
le Groupe Occitan
DES
CAPUCINES
-
PARIS
TÉLÉPHONE : GUTENBERG 78-19 - Compte de Chèques Postaux: Paris 739-10
DÉPÔT
ET
VENTE :
Librairie "Occitania", 6, Passage Verdeau, Paris, et 7, Rue Ozenne à Toulouse ;
Hall des Grands Régionaux à Paris et dans les principales Librairies de Toulouse,
Carcassonne, Narbonne, Perpignan, Montpellier, Nîmes, Marseille, Nice, etc..
Comité de Direction :
Le Comité de Direction des "Feuillets Occitans" est seul juge des manuscrits et
illustrations qui lui sont présentés soit par les membres du groupe, soit par
des collaborateurs étrangers au Groupe.
Les Manuscrits doivent être adresses à M. Auguste Rouquet, secrétaire général.
Principaux Collaborateurs :
Lettres Françaises : J. F. Paul ALIBERT ; Jean AMADE ; Achille ASTRE ; Jean
AZAÏS; Daniel BAQUÉ ; A. BAUSIL; Adrienne BLANC-PÉRIDIER ; BOYER-D'AGEN ; Jean
CAMP; Paul CASTELA ; CHARLES-BRUN; G. CHERAU, de l'Académie Goncourt ; Marcel
CLAVIÉ ; M. COULON ; Benjamin CRÉMIEUX ; Fernand CRÈMIEUX ; Joseph DELTEIL ;
DENYS-AMIEL; Henri DUCLOS; Raymond ESCHOLIER; L. ESTÉVE ; Lucien FABRE; Henri
FESCOURT; Ernest GAUBERT; H. GAUTIER du BÀYL ; Jo GINESTOU ; Jean GIROU ; Henry
de GORSSE ; Raymond GROC ; Jehan d'ARVIEU ; Vincent HYSPA ; Pierre JALABERT ; Jean
LEBRAU ; Antoine de LÉVIS-MIREPOIX; P.-E. MARTEL; J. MORINI-COMBY; H. MUCHART;
Henri NOELL ; Ch. PHALIPPOU ; J.-S. PONS ; Armand PRAVIEL ; Albert PUJOL ; Docteur
RAMAIN; A. ROUQUET; Charles ROUSSILLON; J. ROZÈS de BROUSSE; Frédéric SAISSET;
PAUL-SENTENAC; Léon SOULIÈ; TOUNY-LERYS; F. TRESSERRE; Suzanne TESSIER; Paul
VALÉRY, de l'Académie Française; Georges VILLE; Jules VERAN; etc..
Lettres Occitanes : Professeur ANGLADE; Jules AZÉMA; Docteur Paul ALBAREL ; Léon
AURIOL; Abbé DAMBIELLE; Prosper ESTIEU; Adolphe FALGAIROLLE ; M. FRISSANT ;
Ismaël GIRARD ; P.-L. GRENIER ; E.-H. GUITARD ; Léon JULIA ; J. LOUBET ; Antonin PERBOSC; Jean PUEL; Emile RIPERT; José ROUQUET; Abbé Joseph SALVAT; Docteur SOULA; etc.
Beaux-Arts BERNARD ; BOURGAT ; Auguste CHABAUD ; CALMON ; Louis CLAUDEL ;
DESNOYERS; DOMERGUE-LAGARDE ; L.-C.AYMAR; H. FAV.IER ; FONTBERNAT ; Mme
GAUDION ; A. GUENOT ; GASPARD-MAILLOL ; A. LAGARRIGUE ; Pierre LAPRADE ; Jean
MAGROU ; Jean MARSEILLAC ; MAX-THERON ; PARAYRE ; RAMEY ; RAMOND ; E. REYANDREU ; Achille ROUQUET ; Auguste ROUQUET, etc..
Études économiques : J.ANGLADE; Gaston COMBELERAN; Emile COMET; L.DOUARCHE
Jean DUPUY ; Aimé GRANEL ; A. PASSERIEUX ; Pierre du MAROUSSEM, etc..
Histoire, Archéologie, Fok-Lore : Fernand CROS-MAYREVIEILLE ; E. ROUX-PARASSAC ;
L. LAGARDE; E. LITRÉ ; Prosper MONTAGNÈ ; FOIX; Abbé SABARTHÉS.
Chroniques
Chroniques
Chroniques
Chroniques
Chroniques
de VAmérique Latine : Jean CAMP ; de SAINT-VINCENT-BRASSAC.
Italiennes : César SILVAGNI.
Espagnoles :
Roumaines :
Portugaises : PEREIRA da SILVA.
�Troisième
Premier
Année
Feuillet
de la Nouvelle Série
Avril Mil neul-cent vinat-sept
Il a été tiré du présent numéro 20 exemplaires
de luxe numérotés, Lors commerce, sur papier
de jMontval, de G. jMaillol.
Exemplaire n"
�
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Patrimoine écrit occitan:périodiques
Description
An account of the resource
Ce set contient les périodiques numérisés par le CIRDÒC issus des collections des partenaires d'Occitanica
Revista
Item type spécifique au CIRDÒC : à privilégier
Variante Idiomatique
Languedocien
Région Administrative
Languedoc-Roussillon
Aire Culturelle
Languedoc
Roussillon
Type de périodique
Revistas d'estudis localas = Revues d’études locales
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Les Feuillets occitans : Languedoc, Roussillon, pays d'Oc. - 1927, N.S., n°01 (Avril)
Subject
The topic of the resource
Littérature occitane -- Périodiques
Mouvement occitan -- Périodiques
Régionalisme -- Périodiques
Régionalisme (littérature) -- Périodiques
Description
An account of the resource
Les Feuillets occitans. - 1927 - N° 1
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Cros-Mayrevieille, Fernand
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Groupe occitan (Paris)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1927-04
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public/Domeni public
Relation
A related resource
Vignette : http://occitanica.eu/omeka/files/original/8ac74e3d328ae148be78814685f918a3.jpg
http://www.sudoc.fr/127555161
Is Part Of
A related resource in which the described resource is physically or logically included.
Les Feuillets occitans (<a href="http://occitanica.eu/omeka/items/show/12808">Accéder à l'ensemble des numéros de la revue</a>)
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol. (28 p.)
Language
A language of the resource
oci
fre
Type
The nature or genre of the resource
Text
publication en série
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
http://occitanica.eu/omeka/items/show/12829
FRB340325101_M3_1927_01
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
19..
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence ouverte
Date Issued
Date of formal issuance (e.g., publication) of the resource.
2016-03-29 Françoise Bancarel
Date Modified
Date on which the resource was changed.
2016-06-08
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Haraucourt, Edmond (1857-1941)
Crémieux, Benjamin (1888-1944)
Saisset, Frédéric
Muchart, Henry
Sentenac, Paul (1884-1958)
Rouquet, Auguste (1887-19..)
Pestour, Albert (1889-1968)
Pons, Josep Sebastià (1886-1962)
Grenier, Paul-Louis (1879-1954)
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Les Feuillets occitans. - 1927, N.S., n°01 (Avril)
Source
A related resource from which the described resource is derived
Mediatèca occitana, CIRDOC-Béziers, M 3
Occitanica
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Mediatèca
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Type de Document
Le type dans la typologie Occitanica
Numéro de revue
Catégorie
La catégorie dans la typologie Occitanica
Documents
Contributeur
Le contributeur à Occitanica
CIRDOC - Institut occitan de cultura
Art
Illustracion dels periodics=Illustration des périodiques
Literatura occitana = littérature occitane
Movement occitan=Mouvement occitan
Novèlas=Nouvelles
Poesia=Poésie
-
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d20a0d5304f7f39bf8dbb74392f8eb03
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f4ee68e7b190f148273269f9acb8b750
PDF Text
Text
2* ANNÉE
i6* et 17e Feuillet.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE
1026
I'->•!• 0.0.
* t| ir. s\
O t"17
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le ^» :
3 fr.
1
O CCtTANS
LES FEL LLETS
LANGUEDOC ROUSSÎLLON
PAYS D'OC
ORGANE DU GROUPE OCCITAN
41, Boulevard des Capucines, 41
PAEIS
�SOMMAIRE
Les Lettres Françaises :
Le Roumllon, pays de lumière et de joie
La main du millénaire
Le Sommeil de la Terre, poème
Colchique du Lampy, poème.
Le ^atois, poème
F. SAISSRT.
Albert PUJOL.
F.-P. ALIBERT.
&• LEBRAU.
J- CAMP.
/
J.
MORINI-CûMBY.
) Pierre
1
Les Livres
LHORTE.
F. CRÉMIEOX.
\ Jean
CABRIÉ.
Les Lettres Occitanes :
Fableh. — 1. Lo laid chivalier
. Bibliographie Occitane
Pierre Anima
Antonin
PERBOSC.
P.-L. GRENIER.
Jean
CAMP.
Beaux Arts :
Sur les Cimaises des salons et dans les pages des livres. PAUL-SENTENAC.
Le festival de musique de chambre Rey-Arulreu .
. LES FEUILLETS.
; Réflexions sur le Sala» d'automne à Perpignan. . . . Charles BOUSSILLON.
Art et curiosité
Achille ASTRE.
Feuillets régionalistes*:
Les fêtes méridionales de Strasbourg
Fera.
CROS-MAQREVIEILLB.
Feuillets gastronomiques «
Pensées gourmandes
Jean-Paul
ARISTE.
Feuillets économiques:
Chronique viticole.
F.
DE
CARSAO.
Têtes Occitanes :
Armand Praviel
Gaspard Maillai.
A nos lecteurs. — Le monument Ferroul. Les Revues.
PAUL-SENTENAC.
Illustrations :
Bois gravé
Bois gravé
Le Berger, peinture
Petite Église, bois gravé
Nature morte, peinture
Nature morte, peinture
Tète de Christ, bois gravé
Font Romeu, bois gravé
Portraits de Armand Praviel et Gaspard Maillai,
bois gravés originaux
TABLK
DES
MATIÈRES
DKS
ANNÉES
1925-1926.
DESNOYER.
Auguste
Auguste
Gaspard
CHABATID.
CHABAUD.
MAILLOL.
RAMEY.
RAMEY.
Max
THÉ BON.
BO0ER.
Auguste
BOUQUET.
�IC.i.D.O.
jBfZIERS
L'Office Occitan
PflPjS, 41, Boulevard des Capusines, PARIS
TÉLÉPHONE
: G UT.
78-19.
Fondé par le Groupe Occitan et en liaison étroite avec la section
économique de ce Groupe, I'OFFICE OCCITAN se propose de contribuer
à l'essor économique du Languedoc et du Roussillon.
Situé en plein cœur de Paris, fréquenté par de nombreux correspondants de France et des principaux pays étrangers, l'Office Occitan met à la disposition des'producteurs, commerçants et industriels
de nos régions d'importants avantages, parmi lesquels :
— Un service de renseignements" sur la situation des marchés
français et étrangers;
— Des moyens de liaison entre producteurs et acheteurs;
— Des facilités de présentation dans sa salle d'exposition;
— La publicité dans les « Feuillets Occitans », largement répandus en France et en Pays latins;
— Un Casier de correspondance permettant, en leur absence, de
diriger leur courrier suivant leurs indications ;
— La participation collective aux Foires et Expositions, en France
et h, l'Etranger.
Lie
paonument ferroul
Le comité du monument Ferroul fait un pressant appel aux méridionaux de
Paris qui se doivent de contribuer à l'hommage que l'on.prépare à la mémoire
de ce grand Languedocien, c'est un geste collectif de tous noé compatriotes, sans
distinction de partis ni d'opinions, que son souvenir réclame. Ferroul a incarné
le Midi tout entier aux grandes heures de crise viticole. A nous tous de ne
point l'oublier et de le prouver!
Les souscriptions sont reçues par M. Jean Camp, 81, Rue du Bac (VIP), ou
au Groupe Occitan, les jours de réunion.
L'Assemblée Générale de la Société Le Roussillon a eu lieu le 5 décembre au
Palais d'Orléans. Elle était précédée d'un bal des mieux réussis qui avait attrt.
une grand nombre de Roussillonnais. M. le Général Caloni, qui préside avec
la meilleure grâce aux destinées de la Société a fait appel au concours de
tous pour augmenter le nombre des adhérents. On a entendu ensuite les rapports
du secrétaire g-énéral et du trésorier et on a réélu les membres du Comité.
Lo Fardai et Vllortolane, chants du terroir, ont fait passer dans la salle un peu
de l'âme catalane, et on a. pris rendez-vous p'our le 12 février 1927, au Palais
â'®rléans, pour la grande fête annuelle.
�COMITÉ DIRECTEUR DU GROUPE OCCITAN:
MM.
Président: F. CROS-MAYREVIEILLF, îfr, |,, ||,
>Jt.
Vice-Présidents : Paul SKNTENAC, || ; É. GU.ITARD ; Frédéric SAISSET.
Secrétaire-général : Auguste BOUQUET.
Archiviste : P.-L. GRENIER.
Trésorier: Maurice FAVATIER, ^f, J,.^.
Chef des Études économiques et agricoles : Docteur GRANEL,
||! I.
Membres : Léon AURIOL, $S y L; Emile COMF.T,
g,, »J< >J« ; Fernand CRÉMIEUX, g, ;
Jean DDPUY; ift, J§ ; H. FAVIER,
Jo GINESTOU, 'ff, J; Auguste GUENOT ; Henry
NOELL,
j$ ; DE SAINT-VINCENT-BRASSAC, 5,^,
>ï<; Georges VILLE,
Jean CAMP.
Délégué régional: J. MORINI-COMBY (Nîmes).
Délégation permanente des Groupements Régionaux et Loeaux
auprès du Comité-Direeteur.
LA VEILLÉE D'AUVERGNE
:
M. Boudon, Secrétaire Général.
de Glarix de Nussac, Secré-
LE GROUPE D'ÉTUDES LIMOUSINES : M.
taire général.
(Pyrénées-Orientales) : Général Caloni, Président.
: Docteur Digeon, Président.
LES ENFANTS DU GARD A PARIS : M. A. P. Martin, Président.
LES ENFANTS DU TARN A PARIS : M. Selves, Président.
LA GRAPPE DU QUERCY : M. Vialle, Président.
LA SOCIÉTÉ INGRES : Marcel Clavié, Vice-Président.
LES ENFANTS DE L'HÉRAULT : M. COUDOUGNAN, Secrétaire-général.
LA CIGALE MÉRIDIONALE A STRASBOURG : M. PUJO, Président.
LE ROUSSILLON
LES ENFANTS DE L'AUDE A PARIS
Les Feuillets Occitans
Abonnements :
Édition ordinaire, un an
Édition de luxe sur papier de Môntval, de G. Maillol.
Les Aboiip~ments partent du 1er janvier.
80 te.
60 fr.
BULiLtETipi DE SOUSCRIPTION
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Prénoms
Adresse
déclare souscrire un abonnement d'un an à
Signature,
Les Bulletins de Souscription doivent être adressés à
7, Square du Champ-de-Mars, Paris.
M.
Maurice
FAVATIER,
Compte de Chèque Postaux : Paris,
trésorier,
739-10.
�C.I.O.O.
8tZIE RS
1
4t>
Bois gravé
BFSNOYERS
Lettres Françaises
le i}oti§$ilIo]), pay$ de torçièpe et de joie.
Nous donnons aux lecteurs des Feuillets Occitans les principaux
passages de la conférence qui a été faite à Bois-Colom>be, à la Société Philotechnique, par Frédéric Saisset le dimanche 17 octobre
1926 et qui a obtenu le plus vif succès.
Je viens aujourd'hui vous parler d'un pays méridional dont je
m'honore d'être un des fils, d'un pays où le soleil donne à la vie
une douceur incomparable, où l'on sent qu'il est bon d'être au
monde ; je viens vous parler du Roussillon, pays de lumière et de
joie.
Mieux connu depuis la guerre, le Roussillon, — pays de Joffre,
né à Rivesalte, ville dont le vin muscat est des plus réputés, —
le Roussillon est, on peut le dire, une région de la France favorisée des dieux comme la Grèce.
Enchâssé dans le triangle formé par la Méditerranée, les Pyré1
�— 188 —
nées et les Corbières, l'ancienne province devenue aujourd'hui le
département des Pyrénées Orientales a pour elle le triple enchantement de la plaine, de la montagne et de la mer.
C'est un pays de jardins verdoyants et de vignes aux lourdes
grappes. Par ses sites harmonieux, escarpés, et par ses rivages
battus des vagues marines, le Roussillon mérite bien d'être comparé à la Grèce dont il a conservé certaines traditions.
Cette terre lumineuse avec ses mœurs, ses coutumes, ses légendes, ses chants et ses danses, je voudrais aujourd'hui l'évoquer
devant vos yeux pour vous la faire mieux aimer et pour vous en
faire sentir l'âme à la fois rude et subtile, sobre et joyeuse.
• C'est sa joie de vivre dans la lumière et le côté plaisant, malicieux et parfois mélancolique du caractère roussillonnais que je
voudrais vous faire connaître aujourd'hui.
Pour bien comprendre cette gaîté qui s'épanouit chez nous comme une plante au soleil, il faut que le Roussillon soit présent à
votre esprit, vous pénètre de ses parfums agrestes, vous éblouisse
de ses jardins.
Le Roussillon, a dit en un raccourci très vivant, le poète Jo Ginestou « le Roussillon, c'est un paquet de fleurs dans les yeux.
Le Roussillon, ce sont les aubes roses et rouges, ce sont les crépuscules sanglants et violets, les montagnes bleues, les lignes mauves des étangs ; le Roussillon ce sont les oliviers argentés dansant
une ronde dans la lumière, les châtaigniers faisant de larges taches d'un vert sombre, les houppes flamboyantes des mimosas ; le
Roussillon, ce sont les boules de corail des pêchers en fleurs, les
pompons blancs des amandiers, les feuilles gris-fert des aloès qui
fleurissent tous les cent ans, les gerbes d'or des genêts, les grenadiers aux fleurs de sang ; le Roussillon, c'est le ciel éternellement
bleu, c'est la mer latine calme, le soleil éblouissant, aveuglant. Le
Roussillon, c'est la fête de la lumière, c'est la bacchanale des couleurs, c'est la gamme de tous les parfums. Le Roussillon, c'est un
paquet de fleurs dans les yeux ».
Comment un pays pareil, qui donne les vins les plus délicieux
comme le Banyuls, le Maury, le Grenache, le muscat de Rivesaltes, comment un pays où les produits d'une terre généreuse sont
savamment préparés et servis sur des tables abondamment pourvues, comment un tel pays ne serait-il pas le séjour heureux des
poètes et des artistes, le séjour de la chanson et de la danse ? Voici
les sentiments que l'un de ses fils, longtemps éloigné de lui exprime à son retour :
�189
Mon pays je reviens vers ta douce lumière
Vers ton ciel enchanté, vers ta mer en prière;
Dans l'odeur de tes champs et de tes monts fleuris
Je vais retrouver ta caresse, ô mon pays !
Je vais me replonger en toi comme en une onde
Si fraiche, si suave et claire et si profonde
Et si berceuse avec ses millions de voix
Que je retrouverai mon âme d'autrefois,
Mon âme prisionnière en tes chers paysages
Et qui chantait devant tes lumineux rivages,
Dans la suavité de tes matins pourprés,
Dans la douceur du ciel et la couleur des prés,
Des bois sur les coteaux, des garrigues où passe
Le vol prodigieux et vaste de l'espace.
J'entendrai de nouveau tes arbres bourdonner
Tes fontaines jaillir, tes cloches égrèner
Leur tintement léger dans l'air léger d'aurore
Si clair qu'un vol de' cloche y semble plus sonore !
Oh ! vagabonder seul, perdu dans tes chemins
Et marcher sur ta terre, et cueillir de mes mains
Dans tes genêts fleuris un peu de ta lumière,
Sous ton ciel enchanté, vers la mer en prière,
Et dans la grâce matinale et dans le vent,
Mon pays, écouter ton cœur, ton cœur vivant !
Que le chant et la danse soient en honneur en Roussillon comment pourrait-on s'en étonner?
Nos chansons catalanes traduisent bien l'âme de notre race ;
elles ont la couleur, l'accent et comme l'odeur même du terroir
où elles sont nées. Les unes sont gracieuses, charmantes comme
des offrandes d'amour, fraîches comme des bouquets de bruyères ;
les autres sont vives, alertes, joviales, narquoises même avec un
mélange de rêve et de réalité ; d'autres ont l'allure satirique.
Les deux plus répandues sont : Le Moineau (en catalan Lo Pardal) et Montagnes Délicieuses (Montanyes régalades). Parmi les
chansons contemporaines : La Jardinière (L'Hortolane), d'Oun Tal.
Dans leur précieux recueil de chansons anciennes qui a fait la
joie des folkloristes, MM. Carcassonne et Vilarem ont bien précisé
qu'ils ont eu le souci d'offrir ces chansons populaires comme un
bouquet de fleurs des champs.
2
�— 190 Grâce à eux, nous retrouvons là tout ce que notre race a de naïveté, de rudesse pittoresque et de gaîté franche.
On l'a depuis longtemps reconnu, un pays, par ses chansons,
manifeste son âme diverse, multiple, son caractère total qui, comme celui d'un être humain, subit les alternances de la colère et de
la . douce
véhémence et de la résignation. Dans les chansons catalanes, "on rencontre les sentiments les plus opposés, et
parfois la mélancolie qui nous atteint à certaines heures assez rares
d'ailleurs ; le côté réaliste et joyeux s'y manifeste avec force. Ces
chants qui nous viennent de nos aïeux, nous les conservons comme
des reliques. Ils ont en eux une telle vertu de résurrection que nul
catalan éloigné de sa terre, ne peut les entendre sans être vivement ému. C'est ce que j'ai tenté de traduire en ces quelques vers
à propos du plus populaire d'entre eux « Lo Pardal » (Le Moineau).
Nos enfances furent bercées
Par le chant fruste du Pardal.
Il est resté sur nos pensées
Avec l'odeur de l'air natal.
Il nous accompagne en voyage
Comme un de nos plus chers secrets,
Comme on emporte d'un visage
Le souvenir avec les traits.
Nous vivons de ce qu'il nous donne
De tendresse et de rêve pur,
Dès que notre âme le fredonne
C'est un bruit d'aile en plein azur.
C'est un air très vieux, sans histoire,
Nos aïeules l'ont murmuré,
11 a fleuri dans leur mémoire
Et le temps pour nous l'a sacré.
Cette chanson du « Pardal » que l'on chante dans tous nos villages est brodée sur un thème naïf comme un fabliau du Moyen-Age ;
elle manque d'unité peut-être, car elle a dû se déformer en glissant
le long du temps jusqu'à nous, mais elle a gardé tout le charme
d'une touffe de romarin, toute la saveur îles plantes de nos montagnes.
Le thèmj en est simple.
�— 191 Un amoureux va donner une sérénade à sa belle pendant la nuit.
Viaine sérénade. La belle ne se réveille pas et les soupirs du chanteur nocturne sont brutalement interrompus par la voix d'un valet de ferme qui l'invite à aller se coucher au plus vite- La réalité
envoie ici à tous les diables le fileur de rêves d'amour.
C'est un mélange de réalisme et de finesse sentimentale que fait
ressortir le chant.
La deuxième chanson populaire « Montagnes Délicieuses » traduit la beauté de notre Canigou et la douceur de vivre en aimant
dans un pays privilégié :
Montagnes délicieusement fraîches
Sont celles du Canigou
Qui tout l'été fleiirissent
Et aussi au printemps et à l'automne.
Donne-moi ton amour, mignonne,
Donne-moi ton amour
r
Il y a une fillette
Qui m'a volé le cœur.
Elle est bien faite de taille
Et mincette de corps.
Donne-moi ton amour, mignonne,
Donne-moi ton amour... etc.
Cette chanson, la plus ancienne de notre terroir, est attribuée à
l'un de nos troubadours du Moyen-Age : Guillaume de Cabestany.
La chanson très populaire, la plus récente que l'on chante dans
tout le Roussillon, est « La Jardinière » (L'Hortolane) de Oun Tal.
Oun Tal est le pseudonyme d'Albert Saisset, dont je suis mal placé
ici pour juger l'œuvre. Je me permets simplement d'indiquer que
ce qui a fait la popularité des chansons et des poésies d'Oun Tal,
c'est leur gaîté primesiautière, leur mouvement vif. Ecrites en catalan perpignanais, elles traduisent fidèlement nos gestes familiers,
notre caractère enjoué et malicieux avec des mots cueillis sur les
lèvres même des fils de notre sol, de ceux qui le cultivent avec
amour.
Le thème plaisant de l'Hortolane raconte l'exploit d'une jardinière de la plaine qui eut la fantaisie baroque d'aller cueillir des
légumes et des fruits dans son jardin pendant une nuit noire, à la
faible lueur d'une chandelle. Elle fut le lendemain, au marché de
la ville, la risée de toutes ses compagnes et des acheteurs, car elle
�— 192 —
n'avait cueilli que des légumes et dos fruits verts. La morale de
cette chanson bonne fille, c'est que les femmes et les fruits ne doivent jamais se choisir qu'à ta franche lumière du jour.
Il y a bien d'autres chansons catalanes d'un rythme alerte et
d'une savoureuse couleur locale. Elles sont admirablement interprétées par un chœur devenu rapidement célèbre et que j'aurais
voulu pouvoir vous faire entendre aujourd'hui. C'est le chœur
des pays d'Oc, le Chœur Occitan, que dirige avec une incomparable maîtrise un artiste catalan, M. Josep Fontbernat, qui a
obtenu à Paris le succès le plus vif dans toutes les salles où il s'est
manifesté. I! devait figurer au programme de cette séance ; mais
celle-ci coïncide malheureusement avec une tournée que Fontbernat a entreprise dans le Midi avec Madeleine Roch, de la ComédieFrançaise. Ce n'est donc que partie remise.
Mais l'histoire de la constitution de ce choeur Occitan à Paris
vaut la peine d'être contée, ne serait-ce que pour vous montrer
l'ingéniosité tenace de l'esprit catalan.
Fontbernat venait à Paris pour y fonder une chorale. Coûte que
coûte, il fallait la créer. Il n'avait pas un seul chanteur en arrivant dans la capitale. Deux mois après, à peine, il en avait cent, et
ces cent choristes ont fait merveille. Il faut dire que Fontbernat
est un bel animateur et un prestigieux manieur de voix humaines. Certains d'entre vous l'ont vu conduire ce chœur occitan dans
des salles soulevées d'enthousiasme et réclamant une deuxième,
une troisième audition de chaque morceau. Ils ont vu ce chef, tout
pénétré de son rôle, jouer de son chœur comme d'un orgue humain, conduire les voix de l'exaltation lyrique la plus éclatante au
plus délicieux murmure de source. C'est tantôt l'orage violent sur
la forêt que traduit le tumulte ordonné des voix, et tantôt la
plainte lointaine du vent dans les feuillages. Ce chef a le secret
de communiquer son ardeur et sa foi aux chanteurs qu'il dirige
et de leur faire exprimer les nuances les plus subtiles des sentiments.
Animé de ce feu sacré, comment Fontbernat n'aurait-il pas
trouvé à Paris les éléments qui lui étaient nécessaires? Il est venu,
dès son arrivée, trouver le Groupe Occitan qui s'occupe de mieux
faire connaître les pays d'oc et poursuit son œuvre dans la capitale avec une grande ferveur régionaliste. Il a demandé des interprêtes : muni de quelques indications sur les milieux méridionaux,
Fontbernat s'est mis en campagne. Infatigable, il a recruté ses
choristes dans les maisons de commerce, dans les cercles, dans les
cafés, dans la rue même, et ceci ne manque pas de saveur. Quand
�(Salon d'automne)
LE BERGER
A. CHABATJD.
�îSHTURE
MORTE
(Objets de fête)
Henry
RAMÏY.
�— 193 —
i! recotlnaissait (ians la nie un de ses. compatriotes, il l'accostait
gentiment en lui dormant le « la », et le priait de lui chanter un
couplet quelconque. Dès qu'il découvrait une-voix juste, il engageait le passant, un, peu surpris, comme ténor, basse ou baryton.
Il a pu réunir ainsi une centaine ' de chanteurs, et vous pourriez
croire que ces choristes bénévoles se sont dispensés d'assister aux
répétitions comme ils en avaient le droit. Erreur. Fontbernat a
su les animer de sa foi, leur communiquer son enthousiasme, leur
donner le goût du chant, et il a su se faire aimer d'eux. Il a créé
un chœur dont la réputation grandit sans cesse.
Quand nous pourrons ici-même vous le faire entendre, il vous
montrera mieux que je n'ai su vous le traduire, de quel charme et
de quelle poésie naïve sont tissées les orginales chansons de notre
terroir catalan.
Ces chansons sont écrites en cette langue catalane qui du XVe
siècle est arrivée jusqu'à nous à peu près intacte tellement sa
force de résistance a su repousser les assauts étrangers. Elle est
pour nos écrivains un instrument robuste et souple à la fois. Elle
est franche, rapide et sobre, fluide et nuancée ; elle épouse le contour des objets, chante comme nos rivières, éclate comme nos
grenades au soleil, jaillit comme les poignards de nos aloès dardés
vers le ciel, s'infléchit et se redresse, bourdonne comme les cloches de nos campaniles ajourés, pétille de malice et • s'étale eo
larges éclats de rire. Elle a toutes les ressources pour traduire le
réel et le rêve, la violence et la mélancolie, l'esprit et la grâce ;
elle est bien l'image vivante de notre terre colorée.
Avec ses chants originaux, le Roussillon a aussi ses danses
expressives par quoi se révèle son âme ardente et joyeuse.
C'est au son d'instruments aux tonalités champêtres,sortes de
hautbois où se mêlent le bois et le cuivre et qu'on nomme « la
prime » et le « tanor », que se déroulent nos danses, en plein air,
dans la lumière éclatante.
Nous avons « le hall », « le baillet », « le contrepas », réservé
aux hommes seuls, qui tricotent des jambes avec une surprenante
agilité ; nous avons « l'entrelissade », « la cascabellade » qui est
une parodie de demande en mariage, « le bail de l'amaranche »,
où chaque danseur, muni d'une cruche en verre à six tubulures
et pleine de parfum, asperge gracieusement sa danseuse, et nous
avons enfin cette « sardane » classique qui se danse dans toute la
Catalogne avec une ferveur presque religieuse — ronde rythmée,
d'un effet magnifique, qui rappelle le mouvement de la mer avec
-2
�soir flux et son reflux, et que conduit une musique aux larges sonorités.
Si le caractère d'un pays se traduit par ses aanses et par ses
chansons, il se manifeste aussi par ses légendes.
Il y a en Roussilon des légendes fantastiques où les fées et les
sorcières jouent un rôle prépondérant, des légendes mystiques où
interviennent les saints et le diable en personne, d'autres qui côtoient l'histoire et nous racontent les exploits prodigieux de nos
héros du Moyen-Age.
Un Roussiilonnais, M. Horace Chauvet, qui préside aux destinées d'une active Société catalane « La Coda del Rossello », a pris
à cœur de conserver fidèlement le souvenir de nos vieilles coutumes, de nos légendes et de nos traditions. Il a recueilli la plupart
de nos légendes catalanes en un volume plein d'intérêt.
« Les masures aux murs décrépits, écrit-il, sont souvent ornées
de plantes sauvages qui ont pris racine entre deux pierres ou dans
quelque encoignure : leur présence sur la façade est assez normale,
mais l'aïeul les considère comme les décors naturels de sa demeure.
Ainsi poussent à l'aventure, sans qu'on en connaisse souvent
l'origine, sur le monument majestueux de l'Histoire, ces sortes de
plantes sauvages qu'on appelle légendes ; elles donnent au temple
de la vérité une allure originale et pittoresque, elles rompent la
monotonie de son architecture et la rigidité de ses lignes.
On peut dire que les légendes constituent la poésie de l'Histoire ;
elles procurent le plus délicat des plaisirs, celui de retrouver à travers les siècles, le réveil inattendu des grands rêves qui ont bercé
l'enfance de l'Humnaité. »
On se moque aujourd'hui de ces personnages créés par l'imagination populaire : sorcières aux doigts crochus et chevaucheuses de
balais pour se rendre au Sabbat, fées présidant aux naissances et
apportant des dons heureux, démons malfaisants, etc.. Mais il
n'en reste pas moins que dans le récit de leurs exploits, nous retrouvons comme un écho des temps révolus ; ils gardent le reflet
d'un état d'âme, d'une génération, ils traduisent enfin des sentiments et des croyances qu'il nous est précieux de connaître puisqu'ils sont ceux d'êtres humains, nos ancêtres qui ont vécu sur notre terre.
En Roussillon, le grand-père à barbe blanche ou la grand'mère
toute ridée, racontent à leurs petits enfants, à la veillée, les légendes du pays.
Une de ces légendes, demeurée vivace au cœur de nos marins et
pêcheurs de Collioure, un des villages les plus pittoresques du
Roussillon, est la légende de Saint-Vincent.
�195 —
Les savants contestent que Saint Vincent soit mort à Collioure,
comme le soutient la légende, mais la légende se moque des savants et affirme que ce saint a été martyrisé au me siècle sur un
ilot situé à peu de distance du rivage et où se trouve une petite
chapelle. Saint Vincent y fut frappé, garrotté et brûlé vif
« Les pêcheurs de Collioure prirent comme patron ce courageux
martyr et chaque année, le 16 août, ils lui rendent hommage en
promenant sur mer, dans des barques aux vives couleurs, les reliques vénérées du saint.
Cette fête très pittoresque rappelait les fêtes vénitiennes des fiançailles du doge avec la mer. Elle tend malheureusement à disparaître et sa description vous donnera, comme à nous, le regret de
voir s'effacer des coutumes pleines de charme et de poésie.
Au milieu de là foule qui envahit la plage de Collioure, dans la
nuit du 16 août, on fait brûler un tonneau enduit de poix (souvenir
du bûcher sur lequel expira Saint-Vincenti.
Les barques des pêcheurs errant en grand nombre sur l'eau,
toutes ornées de lanternes vénitiennes, produisent une impression
des plus féeriques.
Les montagnes voisines forment un magnifique décor, où l'on
aperçoit, dressé dans la nuit, le fort Saint-Elme, pareil à un château féodal.
Bientôt apparaît sur la mer une grande bannière blanche : elle
annonce la barque principale qui porte les reliques de Saint-Vincent. Bannière en tête, les autres barques forment une longue procession qui se dirige vers le rivage.
Une foule innombrable acclame à son entrée au port la barque
à bannière blanche, et un court dialogue s'engage entre le prêtre
porteur de reliques et le syndic des pêcheurs qui se tient sur la
grève.
— Holà ! quelle est cette barque ?
— C'est la barque de Saint-Vincent.
— D'où vient-elle ?
De Saint-Vincent en l'île.
— Qu'apporte-t-elle ?
— Les reliques du Saint.
— Y a-t-il des passagers et sont-ils en règle ?
— Oui.
— Que demandez-vous ?
— Nous demandons bonne entrée à Collioure.
L'entrée dans le village est accordée.
Aussitôt, à la lueur de mille torches, la barque est tirée sur le
rivage par un groupe de marins vigoureux, et c'est un spectacle
�inoubliable de voir celle barque portant les prêtres et les reliques
de Saint-Vincent courir, à toute vitesse, sur des rouleaux de bois,
à travers les rues du village jusqu'à l'église au clocher d'or où les
reliques seront déposées. Tout notre Moyen Age religieux n'est-il
pas évoqué dans cette curieuse cérémonie ?
Certains vieillards du Roussillon racontent encore la fameuse
légende du pont de Céret.
Ce pont de Céret est d'une construction tellement audacieuse, il
défie à un tel point les lois de l'équilibre qu'on ne peut évidemment expliquer son existence et sa durée que par une intervention diabolique. C'est le diable, n'en doutez pas, qui a construit
le pont de Céret. Mais ici, le beau rôle appartient à un perruquier
de l'endroit qui fut assez malin pour berner le Malin lui-même.
Le premier pont avait été enlevé" par l'impétuosité de la rivière
du Tech. Il n'en restait plus que les piliers. Les consuls et les
citoyens chargés d'administrer la cité cérétane se préoccupèrent de
ce désastre et se rendirent sur place pour trouver une solution
pratique. Où allait-on reconstruire le pont nouveau? Ils erraient
le long de la rivière, quand ils furent interpellés par un vieux
paysan qui leur proposa de bâtir en une seule nuit un pont merveilleux.
Tous s'étonnent et le regardent ; et c'est ici qu'intervient le fameux perruquier surnommé le Guillat (le renard). Celui-ci n'avait
pas hésité en entendant la proposition du paysan : Construire un
pont en une nuit, le diable seul était capable d'une telle prouesse !
Le Guillat toise le vieillard et lui dit :
■— Si vous êtes le diable, qu'allez-vous exiger de nous, votre offre
acceptée ?
— Pas grand'chose, dit le vieillard ;■ j'exige simplement la première âme qui traversera le pont.
Effroi des consuls et des citoyens. Mais Le Guillat souriait dans
sa barbe.
— C'est bon, dit-il, marché conclu.
Le lendemain une foule immense venait admirer l'œuvre de Satan.
Le perruquier se tenait à l'entrée du pont, avec un sac où se débilitait une bête qui poussait des cris à fendre l'âme. Au signai
convenu, le sac est ouvert et un chat énorme, faisant des bonds désordonnés, aux cris effrayants de la foule, se précipite sur le pont
et le traverse d'un bout à l'autre. Aussitôt le ciel est déchiré
d'éclairs et secoué de tonnerre. Mais le pont est construit et le
diablet berné.
Frédéric SAISSET-
�La main du millénaire.
A scène n'est pas sans grandeur. Deux hommes
sont là, dans les profondeurs de la grotte quacynoise, scrutant le fond des âges ; un prêtre de nos
campagnes et un universitaire anglais, vice-chancelier,
Colonnes de temple babylonien, énormes et délicates, des stalactites marquent l'entrée du « Sanctuaire ». Leurs chapiteaux striés symétriquement
se soudent au calcaire des cintres. Une faible lampe noie, dans sa lumière jaunâtre et dansante, les
fûts inégaux, les tuyaux d'orgues et la géométrie fantastique des rocs
déchirés par les premiers séismes. Le silence est total. Même la goutte
d'eau, dans cette minute poignante, reste suspendue, éternelle, aux cornets
de cristal de la voûte poignardée par le temps, comme si cette chose imperceptible et qui connaît tous les mystères de la grotte, voulait apporter sa
contribution — n'y a-t-il pas une intelligence des choses ? — à la pensée
humaine qui, après vingt mille ans, a réintégré ces ténèbres.
Les deux hommes ont questionné de près, chacun à sa manière, l'énorme monolithe blanc à surface plane, placé comme un maître-autel dans
cet hémicycle, et sur lequel s'enlèvent en traits noirs et gras, des silhouettes superposées de bisons, de mammouhts, d'équidés, et, dans un
cercle magique, étreignant la bête, des mains... oui, empreintes de mains,
c'est-à-dire un morceau vivant d'humanité primitive. Et ces mains sont
fines et blanches — ce sont celles peut-être d'une femme. — Et, comme
si elles avaient conservé, intact, leur pouvoir de radiation, comme si
leur fluide, avec d'autres concrétions, s'était concrétisé là, agissant toujours sur l'ennemi et la proie, les contours noirs et larges vont s'estompant dans un flou et un dégradé de crayon puissant et léger, faiseur d'incantations,.
^
�— 198 —
L'Anglais est debout, immobile, figé comme la stalactite, sa voisine.
— Eh bien ? dit le prêtre.
Et les yeux fixés sur les mains qui sont droites, les doigts écartés et
dirigés vers la voûte, c'est-à-dire vers le ciel, comme dans une prière
exaspérée, l'Anglais répond.
— C'est terrible !...
Le prêtre regarde, étonné, son compagnon.
— Mais encore? insiste-t-il... Est-ce beau ?... Est-ce laid ? Quelle
est votre opinion ?...
— C'est terrible ! insiste l'Anglais qui n'en démorda pas et qui
avouera, tout-à-l'heure, s'être vu dans les ténèbres et les feux
d'un monde dantesque. Et l'Anglais, qui est de haute taille, répète
son mot, soudainement voûté et littéralement envoûté par l'une de ces
mains qui, si on les fixe quelques instants, paraissent se mouvoir, vibrer,
appeler et vouloir vous saisir à la nuque pour vous retenir, vous faire
ployer le genou et vous initier enfin à leur effroyable mystère. C'est que
ce grand universitaire, le front maintenant courbé dans ce « sanctuaire »
souterrain, et devant ces piliers formidables qui n'ont pas bronché depuis
le premier homme, a senti tout à coup se briser les colonnes d'argile qui
ont supporté, jusqu'à cette heure, l'édifice de sa science et de sa philosophie.
En regardant, autour de lui, parmi ces choses qui sont restées telles que
les virent, les placèrent et les firent vivre les premiers cerveaux et les
premières mains de notre race, l'Anglais s'était aperçu que l'excès de
subjectivité et le péché d'orgueil qui nous étouffent tous, sont un bien
piètre et inutile bagage, quand on pénètre dans la grotte Pech-Merle, à
Cabrerets.
Quel effondrement !
Déluges de notre vieille pensée ! Pyramides de nos bancales conceptions ! théories, doctrines, systèmes, hypothèses, méthodes spéculatives,
abstractions, lois rationnelles, et vous, pauvres petites psychologies chlorofiques qui naissez avec de l'amour, un matin de printemps, pour finir
avec un drame, un soir d'hiver, scories et déchets qui sont nos prétentions
de tous ordres et de tous les jours, alluvions de la grande guerre,, voici
que vous êtes absorbés, comme par un formidable aspirateur, par ces couches arch-séculaires, qui forment la voûte du « sanctuaire » de Cabrerets
et que, glissant par mille imperceptibles fissures, et attirés, riiaH.ré vous,
par la main magnétique du millénaire, vous vous réduisez à une simple
et minuscule goutte d'eau que, froidement, implacablement, filtre la stalactite et qui devient, là, dans ces ténèbres mêmes, limpidité éclatante
et âme sans cesse agissante des architectures les plus durables et les
plus merveilleuses !
" " PI
« Ce qui se fait dans les gouffres est affaire des Dieux », a écrit
�— 199 —
Victor Hugo. Et Victor Hugo n'avait pas vu Cabrerets, son « sanctuaire »,
ses « mains *1 Mais son.cerveau extra-lucide avait entr'aperçu les profondeurs de la préhistoire. Le poète, nouveau Tarquin, essayait, à chaque
envol de sa pensée, d'abattre ce fol orgueil de l'homme « auquel l'impuissance lie les bras et cette vanité à laquelle l'ignorance bande les
yeux ».
Orgueil et vanité, toute une vide d'études, toute une carrière de pro
professorat, un moi qui est l'expression ancestrale et nationale de rigoureuses et fastueuses croyances, tout cela est fauché, déraciné, et s'en va à
vau l'eau...
M. l'abbé Lemozi, vous qui, le premier, au fond de votre campagne,
avez vu ces « mains » et les avez dessinées, vous qui avez découvert
cette autre iresque, « l'archer sans tête », et l'avez su interprêter, vous
en doutez-vous ? N'avez-vous pas décoché un trait mortel à ce géant
aux pieds d'argile qu'est notre monde pensant ?
« Autant ! » nous disait notre instructeur, au peloton régimentaire,
quand le mouvement ne suivait pas le principe. Et nous recommencions.
« Autant ! » nous dit la voix sortant du « sanctuaire » de la grotte
de Pech-Merle, et nous nous demandons si nous ne devons pas venir là,
devant cet autel aux mains coupées et ensorcelantes, pour y préparer
la refonte de notre entendement.
Venir là, c'est-à-dire à la source; prendre la chaîne à son premier
chaînon. Pourquoi pas une démonstration populaire, un pèlerinage ?
On y viendra- croyez-le. Ayons donc le courage de notre ignorance.
Elle est d'ailleurs magnifique et savamment orchestrée !
Nos ancêtres de la préhistoire, « noblés et fins » — comme l'insinue
si judicieusement l'abbé Lemozi — avaient un esprit singulièrement
averti. Ne pas oublier qu'ils firent tout de rien. Frappés par le déploiement de merveilles cachées et mystérieuses que la nature leur avait
réservées, ils avaient établi, à Cabrerets, non un habitat, mais un vrai
temple. Ces peintures, ces dessins au trait ou au pointillé n'étaient pas
purement ornementaux. C'était le rite impérieux qu'ils signifiaient, et
rien d'autre.
Tout le proclame : la profonde retraite du lieu, le choix du décor,
l'agencement du « sanctuaire », l'emploi du prodigieux monolithe qui
servit au primitif de tableau et d'autel tout ensemble, et qui devait lui
paraître d'autant plus sacré que, à l'un des angles, il avait découvert
une courbe naturelle qui devait lui donner la forme de la tête et de la
naissance de l'encolure d'un équidé de structure parfaite.
L'abbé Lemozi nous le dit : « Us faisaient des prodiges d'acrobatie
pour se servir d'un accident ou d'un caprice de la pierre leur donnant
plus ou moins exactement d'idée d'une partie du corps de l'animal qu'ils
voulaient dessiner. La nature — ils s'en montraient émerveillés et ravis —
�200 leur fournissait parfois, dans l'exercice de leur art, des éléments que
d'un trait, d'un seul, ils se plaisaient à compléter. »
Quant à la mains, ils la plaçaient, en éventail, à même le rocher, et
avec un doigt imprégné de pyroxyde de fer ou d'oxyde de manganèse,
ils en suivaient très exactement les contours.
Puis, la fresque terminée, l'endroit devenait tabou, car ce qui inspira
toujours le primitif fut d'un ordre purement et exclusivement superstitieux.
Or. sait que Rodin, avant d'entreprendre la statue de Balzac, voulut
très exactement se documenter sur le grand romancier. Il songea à visiter
les collections uniques que le vicomte de Spoelberch de Lovenjoul avaient
réunies dans son hôtel du boulevard du Régent, à Bruxelles. L'artiste,
visitant le petit musée, s'arrêta devant le moulage de la main de Balzac,
un des joyaux de la collection. Quand Rodin vit cette main, il ne poussa
pas plus loin ses recherches. 11 déclara : « J'ai maintenant tout ce qu'il
me faut. Avec cette main, je rebâtirai Balzac. »
11 y a la main du millénaire dans le « Sanctuaire » de Cabrerets.
Cette main est vivante. Elle est l'individu même. Elle est toute une époque. Ne suffit-elle donc pas, cette main, à rebâtir le primitif, à nous dire
quel fut son cerveau et quelle fut son âme ? Que nos Cuviers et nos
Rodins modernes, imbus de la méthode qui consiste à « induire pour
déduire afin de construire », dirigent leur esprit sur ce prodigieux document. Ils finiront par nous dire le grand secret. Ils trouveront en même
temps la cause du « mal occidental », car, comme l'écrivit Auguste
Comte : « Les vivants sont toujours et de plus en plus gouvernés
essentiellement par les morts. Cette irrésistible domination subjective
représente la partie immodifiable de toute existence sociale. Son empire,
déjà sensible dans la plus haute antiquité connue s'est naturellement
augmenté sans cesse. Aussi la prétention de s'y soustraire constituet-elle, aujourd'hui, le principal symptôme de l'aliénation chronique, vers
laquelle tend de plus en plus la raison occidentale, depuis le moyen
âge ».
Mais de grâce ! Monsieur l'abbé, vous qui savez lire dans les vieilles
pierres comme dans votre bréviaire, vous qui avez un si émouvant respect des choses du passé et de votre campagne, ayez prudence :
Il est question d'installer la lumière électrique dans les merveilles de
votre grotte. Eh bien, laissez le « sanctuaire » avec ses « mains » dans
son ombre. Qu'une antique lampe, seule, l'éclairé. Et cela, jour et nulr.
Il faut que tout rappelle le mystère de l'origine et le mot de l'Anglais d'aujourd'hui :
— C'est terrible !
Albert PujOL.
�Tête de Christ.
��Lie sommeil de la terre.
0 terre, j'ai dormi dans ta paille chaude,
Dans ta paille qui gardait encore
La bonne odeur des bons épis de seigle ou d'orge,
L'odeur du blé, l'odeur du grain
Qui porte en lui la promesse du pain
Dont se nourrissent les hommes.
J'ai dormi dans les granges où le foin de l'année
A peine finissait de sécher,
Où, le matin, par la toiture ouverte,
Se glissait une sueur glacée,
Et qui vous enivraient de cette herbe
Qu'on venait tout juste de faucher.
J'ai dormi sous la tente
Où le vent claque, gémit et chante
Si fort parfois
Que tu croirais que ta pauvre maison de toile
Va s'envoler comme une voile sur la mer.
J'ai dormi sur le pont des navires
Qui décroissent selon la déclivité de la terre,
Toujours diverse et toifjours la même.
Ils s'en allaient à la dérive,
A travers des îles,
Vers des rivages inconnus et désolés
Qui ont un goût de miel, d'anis et de sésame.
Et, la nuit, de tout mon corps allongé,
Au creux de mon lit de cordages,
Je suivais le balancement de la lame.
J'ai dormi, Macédoine, sur tes nattes
Dont la tresse de paille m'entrait dans les flancs,
Et sur tes tapis de couleurs voyantes,
Sous un plafond de régimes de maïs d'or
�204 —
Pendus aux poutres entrecloses.
Mais mes meilleurs sommeils, terre, ma mère,
C'est sur ton sein que je les ai goûtés,
Couché sur toi, sur ta chair, sur ta matière,
Fondu à ta substance sacrée.
A même ton sein, terre, je me suis éveillé,
Trempé d'étoiles et de rosées,
Cependant qu'au-dessus de ma tête
Dormaient encore les grands bois.
Ainsi je sentais, avec le soleil jeune et tiède,
Ta vertu se couler dans mes membres,
Tel celui-là qui, combattant avec Hercule,
Ne pouvait voir son audace vaincue,
Et retrouvait sa force croissante
En lui-même toujours présente et cachée,
Pour t'avoir de son corps un seul moment touchée....
François-Paul
ALIBERT.
Colchiques du Lampy
Les feuilles vous auront aux bois ensevelis
Qu'encor vous veillerez avec nos souvenances,
Colchiques du Lampy qu'à la fin des vacances
Et sous le vent plaintif une enfant a cueillis,
Lumières, petites lumières, les dernières
Des beaux jours, quand, pressant ces bords hamonieux
Où viennent se baigner les compagnes des dieux
Faites de lune et de la mousse des clairières,
S'avance la forêt, toute en caps et retraits,
Rien qu'or, pourpre, améthyste et verdure encore,
Opalescent Corot aux brumes de l'aurore
Mais, le soir, sombre azur frissonnant de regrets.
Jean
LEBRAU.
�— 205 —
Le Patois
Vétu de bure avec, aux pieds, de lourds sabots
Dont les clous font chanter les dalles des cuisines,
L'œil vif, les cheveux noirs, les lèvres sarrazines,
C'est un gas de chez nous beau parmi les plus beaux.
Il a le teint hâlé par la bise hivernale,
Tanné par le soleil fauve du Languedoc
Lorsque son poing nerveux guide le fer du soc
Dans les sillons ambrés de la terre natale.
Il lui faut, pour gonfler ses robustes poumons,
L'étendue infinie où le vent souffle en trombes,
Les causses tourmentés, les garrigues, les monts
Parfumés du Midi peuplés de fraîches combes.
Il lui faut, pour couvrir son buste
La cape du berger rude et chaude
Dans le fier retroussis de ses plis
Le noble envol et l'élégance d'un
de lutteur.
et qui cache
protecteurs
panache.
Il lui faut le grand feutre et le gourdin noueux,
Ceignant ses reins râblés la taillole é-. arlate,
Et la chemise, autour de son cou musculeux,
Largement échancrée et vierge de cravate.
Ainsi tu m'apparais, o notre langue, toi
Qui gardes dans tes mots le rythme qui ='émane
Du vent, des flots, des voix de la terre occitane
Et qu'on veut dénigrer en appelant patois.
-
Soit ! Nous patoiserons comme l'ont fait nos pères
Qui patoisaient après leurs aïeux, les Romains,
Et comme nous, nos fils patoiseront demain
En vivant et mourant, comme nous, sur nos terres.
Et nul ne rougira lâchement sous nos toits
De reprendre à son tour les antiques vocables,
Les mots qui fleurent bon la paille des étables,
Le vin de nos celliers, la tiédeur de nos sables,
Notre clair, savoureux et sonore patois !
Jean
CAMP.
�Les Livres.
Vfi
HÉ^OS
LtflTIfl : BOLtlVflR.
JSfl. JVIarlus Hndré, historien de l'indépendance sud-amérieaine.
Tous les Français connaissent plus ou moins le nom, la vie, l'œuvre de Washington : Les anglo-saxons savent faire de la publicité même scientifique autour de
leurs grands hommes. Nous n'aurons plus maintenant le droit d'ignorer le héros
latin de l'indépendance américaine : Simon BOLIVAR. Sa figure est certainement aussi grande et paraît même plus captivante que celle du premier Président
des U. S. A. C'est du moins l'impression que nous laisse la lecture de l'ouvrage
que lui a consacré Marius André (1).
Ce poète, pour qui l'espagnol n'a. pas plus de secrets que le provençal, doit
à ses séjours dans l'Amérique du Sud, à une curiosité sans cesse en éveil, de
pouvoir faire d'heureuses et de fréquentes incursions dans la science historique.
Comme il se soucie peu des idées reçues, des consécrations officielles, il nous
apporte souvent du nouveau. Et si la vivacité du style, la véhémence des qualificatifs et l'ardeur des indignations enlèvent quelques-uns des caractères de froide
impartialité qu'on s'accorde à exiger de l'œuvre scientifique, on ne saurait nier
que les livres de Marius André y gagnent en lisibilité et en intérêt. Le nombre
d'inexactitudes relevées dans de savants ouvrages ne laissera pas d'étonner
le lecteur non averti des relativités de la science historique. Il y verra une fois
de plus comment la vision du passé a pu être déformée au détriment de la latinité
et au profit des nordiques.
Serait-ce le préjugé occitan qui nous fait ainsi écrire ? Qu'on en juge .
**
Bolivar naquit en 1783 d'une famille basque établie au Vénézuéla. N'a-t-on pas
vue longtemps en Bolivar qu'un métis à peine civilisé ! Or. il était de la plus
parfaite et plus ancienne noblesse, e1 reçut par les soins d'un précepteur israëlité,
�- 207 —
Rodrtguez, une éducation en tout point conforme à celle dont Rousseau avait
rêvé pour Emile. C'est peut-être à quoi il devait, à seize ans, d'ignorer l'orthographe, mais il en garda toute sa vie, la tendance libérale, la peur de passer
pour despote et le vocabulaire philosophique. Le gros intérêt de cette étude, c'est
de suivre chez Bolivar, aux prises avec les réalités, la réaction de l'hérédité
eontce la formation.
II vint à Madrid terminer son éducation. Travaillant par amour-propre, il sut
concilier l'étude, la mondanité, le mariage d'amour, la valse : mélange de Don
Quichote et de Don Juan. Son veuvage le fit retourner en Europe et en 1804
nous le voyons dans les salons parisiens coudoyer Talma, Mme de Staël, Eugène
de Beaufrarnais, Mme Talleyrand, Récamier et au sacre de l'empereur, il avoua
qu'il évoqua malgré lui « l'esclavage de ma patrie et l'auréole dont pourrait resplendir son affranchisseur ».
m'
vi
Les travaux récents dont Marius André nous fait profiter ont montré que ces
révolutions sud-américaines ont été l'œuvre des aristocrates indigène en bataille
contre les fonctionnaires espagnols. Elles ne cessèrent d'être appuyées, stimulées
et défendues par l'Angleterre qui désirait ouvrir à son commerce ces terres
d'avenir que l'Espagne exploitait à son seul profit. Cette société créole voulait
le pouvoir parce qu'elle se sentait capable de l'assumer : elle était certainement
aussi instruite que la Société européenne. Elle ne cessa dans toute la lutte d'avoir
contre elle les classes populaires. Mais ces révolutions nationales se firent au nom
des principes démocratiques alors que la situation sociale, le trop grand nombre
des gens de couleur, l'individualisme exacerbé de tous ces hommes au sang' trop
généreux n'offraient aucune des conditions qui auraient pu permettre une relative
stabilité. Bolivar reconnut qu'il eut mieux valut l'entente que la séparation. Ses
discours au congrès d'Angostura, sa correspondance montrent que sous la terminologie à la mode, il n'en restait pas moins un réaliste, épris de sagesse, de
mesure, d'équiilbre.
Il est curieux de noter qu'au début les libéraux qui se réunissaient chez lui
ne le prenaient pas au sérieux. Bolivar s'imposera dans l'action quand il faudra,
sans ressources, sans cadres, improviser une armée. Cette conquête de l'indépendance comme sa carrière militaire ont toutes les allures de l'épopée. Il faut de
voir traverser des centaines de lieues, changer de climat, passer les monts, il
faut imaginer ses « llaneros », guerriers valeureux mais gens de sac et de corde
dans le style de nos « Joyeux » pour comprendre le rôle unique de Bolivar dans
l'indépendanee. C'est son coup d'œil, son ascendant, son ardeur, sa flamme, c'est
lui par qui les victoires ont été possibles.
« Je crains la paix plus que la guerre ». Et c'est avec quelque tristesse qu'on
(1) Bolivar et la Démocratie, Aux éditions Excelsior, 42, Boulevard Raspail, 1924.
�— 208 —
lit ses échecs dans la paix. Sa générosité ne réussit pas à vaincre les jalousies
et à faire reculer le flot démagogique qui brisa l'unité de l'Amérique latine comme
la paix de chacun des états. Bolivar mourut impopulaire et vraiment désabusé.
« Nous avons labouré sur la mer ».
**
Quoi qu'il en soit, nos lecteurs se souviendront que Bolivar doit être inscrit
et retenu sur la table des grands hommes nés des races et des pays latins. El
%u'aujourd'hui plus qu'hier, méditer sur ses luttes, ses échecs et ses triomphes
ne manque pas d'intérêt : Bolivar avait du génie latin la lucidité constructive.
M. Marius André nous a montré qu'il fallait voir en lui non pas un démolisseur
mais un « bastissaire », un homme enfin comme il nous en suffirait d'un seul
pour fédérer les légions d'énergies françaises que notre Etat vieilli condamne
à l'impuissance.
Jean MORINI-COMBY.
La route aseendante de jvrauriee Barrés, par jJlmo A. Blane-Péridier.
Préface de Charles IVTaurras.
Je devais avoir une double satisfaction à lire le livre que Madame Blanc-Péridier a consacré à La Route ascendante de Maurice Barrés. Je demeure toujours
très sensible aux analyses profondes et subtiles de l'auteur à'Amort Dolori Sacrum
et un fervent de ce style si subjectif et si solide de Barrés. Double satisfaction
ensuite, parce que j'avais pu apprécier le talent véritable dont Mme Adrienne
Blane-Péridier a animé ses précédents ouvrages, ses poèmes Ii's Enchantements
comme son roman Sylvie ou Lia Fuite à Venise ou son conte landais de La
leyre. Frédéric Saisset en a écrit naguère ici-même.
Mme Blane-Péridier n'a pas composé ce livre de 250 pages pour nous révéler des
détails intimes et inconnus de la vie du grand écrivain français. Rien qui ressemble à un Barrés en pantoufles. L'auteur s'est attaché, avec une rare conscience
et avec une clairvoyante pénétration, à dégager le caractère de Maurice Barrés
d'après ses livres. Elle nous le montre, partant de ce délicieux Jardin de Bérénice,
où il cultive la fleur du « moi », pour s'exalter ensuite devant les horizons
plus vastes de la patrie et les aspirations de la race. A côté du Barrés, poète et
dilettante, nous voyons aussi, et surtout, à travers les pages écrites par
Mme Blane-Péridier, l'homme d'action, celui qui a soutenu les énergies nationales durant les douloureuses années de 1914 à 1918, celui qui a mené ces
courageuses campagnes pour les églises de France, les laboratoires abandonnés
ou les congrégations missionnaires aux pays du Levant. Cette enquête en
Orient, dernier acte de la vie de Barrés, fait l'objet de la troisième partie de
�— 209 —
l'ouvrage sous le titre symbolique : La Croisade de Maurice Barrés. L'œuvre
de celui-ci pendant la guerre occupe aussi une autre partie : la deuxième. Je
rae trouve entièrement d'accord avec l'auteur quand plie goûte la qualité poét'quf
de certains de ces articles, composés au jour le jour par ce chroniqueur d'envergure. La visite à Gabrielle d'Annuimo en Italie, la rêverie dans un jardin de
Lorraine sont d'un lyrisme émouvant et raffiné.
C'est à ce Barrés esthète, traduisant en une langue si nerveuse et si souple, ses
impressions, ses réactions spirituelles devant la nature et l'art, à ce Barrés du
Sang, de la Volupté, de la Mort, ou du Oreco que que je me limiterais si j'avais
à écrire un livre sur lui. Mais Mme Blane-Péridier obéit à une préoccupation
d'un autre ordre au long de son ouvrage. Elle tend à prouver que Maurice Barrés,
sans être un auteur religieux, cherche Dieu, et que ses dernières œuvres aboutissent à Dieu. A ce point de vue, le livre de Mme Blane-Péridier revêt le caractère
d'un plaidoyer, un plaidoyer où l'éloquence s'appuie sur des déductions bien enchaînées, sur une psychologie qui doit autant à la logique qu'à l'intuition. Mme
Blane-Péridier emploie à nous convaincre tout un don véritable de douce persuasion.
Un Barrés inquiet, tourmenté, enclin, à s'analyser n'arrive pas à la religion
aussi aisément qu'une âme naïve. C'est par des élans irréguliers qu'il y parvient.
Et nous pouvons mettre dans notre bibliothèque l'ouvrage de Mme Blane-Péridier
sur Maurice Barrés à côté de cet autre livre qui a été publié dernièrement par
M. Stanislas Fumet, Notre Baudelaire. Dans une compréhensive critique de la
revue Benjamin, notre confrère R.-N. Raimbault a déclaré que l'auteur, M. Fumet,
avait rendu Baudelaire « à sa famille spirituelle ». Il n'est pas un poète, dit
Stanislas Fumet, qui fasse faire an signe de croix pins pur ».
Pierre
LHORTE.
Pierre Valmigère. — L'Aude, mon paya; L'Andorrane.
L'Aude mon Pays, de M. Pierre Valmigère, qui se présente sous la forme d'une
très artistique plaquette, contient des proses sympathiques et de la plus, vivante
allure.
Des évocations et des invocations, des souvenirs d'histoire locale et des anecdotes que l'auteur a rêvées plus vivantes encore que l'histoire, des méditations
sentimentales, d'un charme réel, où se mêlent de plausibles lieux communs
(inconstance des choses humaines et vanité des vanités; tristesses du déracinement; puissance de la tradition, source de consolation et de joie), de vieux et
charmants ouvenirs, nostalgiques ou souriants, des notations pittoresques sur la
montagne natale, sur la mer audoie, ur l'âme de pierres ou des peuples qui
s'y penchent.
3
�— 210 —
Voilà ce que nous trouvons — outre l'hommage d'une « filiale piété » — dans
ce recueil d'essais, de rêves et de contes.
Le tout heureusement amalgamé — bien que les diverses parties de ce récit
n'aient d'autres lien logique que celui qui résulte de l'amour du clocher et de
l'accent du terroir — finement écrit et imprégné d'un lyrisme aimable, mais un
peu court de souffle. On lira notamment avec attrait des pages gonflées d'émotion et de poésie sur Narbonne, Limoux, la bataille de Leucate et, dans la
seconde partie du livre, parmi d'autres récits, bien venus, une plaisante « soirée
chez le préfet de l'Aude », et une petite nouvelle, « Le Sémalié », dont nous
devons particulièrement louer la simplicité, la délicatesse de touche, la nuance
sentimentale, qui en font sans conteste un petit bijou.
Le même souci de lyrisme reparaît dans YAndorrance, pièce en six actes du
même auteur. Mais ici, nous n'osons guère parler de réussite, tant la trame est
inconsistante, les personnages naïfs et l'action chancelante. Par bonheur, des
bouffées de poésie montent çà et là, délicates et fleurant généralement la terre
de chez nous.
Pas en tout endroit, pourtant : car il est étrange que certains des poèmes
dont l'œuvre est sertie :
« Le passé qui meurt ne laissant de lui
Qu'un regret qui pleure ».
ou encore :
« Plus ne m'est rien, rien ne m'importe,
« Et je compte les heures mortes,
etc..
rendent comme un écho des œuvres de jeunesse du belge Metterlinek.
Ajouterons-nous que le gaudeamus igitur, chanté par des jeunes gens déguisés
en Romains dans une fête toulousaine, est un chant d'inspiration germanique
que nous pouvons sans remord laisser aux beuveries de étudiants d'Outre-Rhin.
P. C.
La Chronique eriminelle d'une grande provinee, sous Uouis XIV,
par JVI. C. Barrière-FIavy, avec une prcfaee de Jiâ. f unek-Brentano.
{lilition Occitania, Toulouse. 1Q26.)
Pléchier n'est plus depuis deux siècles.... et nous avons aujourd'hui îa surpn»o
de lire les « grands jours du Languedoc » que le charmant abbé n'eut pas désavoués. Ajoutons avec M. Funk-Brentano que M. Barrière-Flavy fait preuxe, en
cette matière délicate, d'un tact et d'une mesure parfois oubliés par son illustre
prédécesseur, grand amateur d'épisodes libertins et scandaleux.
�— 211 —
Certes, il ne faudrait pas juger tous nos aïeux d'Oceitanie d'après la collection
de scélérats et de dupes si magistralement brossée par l'auteur : La Rochefoucauld
lui-même ne pourra nous persuader que le xvne siècle « eut le malheureux avantage de surpasser par ses crimes les siècles passés ». Cette chronique purement
criminelle ne doit pas entraîner un jugement d'ensemble trop noir; bien optimiste
peut-être, je préfère me représenter les occitans de jadis sous les traits de mes
compatriotes d'aujourd'hui : vifs et ardents comme leur soleil, mais incapables
de rancune et de froide cruauté.
Mais quelle verve dans ces écrits ! Œuvre d'érudition profonde et de labeur
patient, la « Chronique criminelle » passionne mieux qu'un roman (Est-il d'ailleurs encore un roman passionnant ?).
Vraiment, ils revivent, ces bourgeois terrorisés par les gens de guerre et les
ruffians de Toulouse, ces plaideurs irascibles toujours prêts à dénouer leurs procès d'un coup d'épée, ces prêtres indignes et ces mamstrats prévaricateurs, ces
faussaires — inflationnistes avant la lettre ! —; et, par dessus tout, ces sinistres
héros de drames de famille, débauchés, escrocs ou meurtriers, parmi lesquels
la naïve gauloiserie du siècle fait éclore çà et là le comique inattendu d'une scène
de Molière — ou de Scarron.
Et tout ceci se déroule en des paysages familiers de notre Oecitanie; pas à pas,
nous suivons les personnages de ces chroniques; leurs noms mêlés à tous les
souvenir de la terre natale retentissaient déjà dans nos mémoires d'enfants;
combien d'entre eux revivent au milieu de nous par leurs descndants !
Que l'auteur se rassure... les arrières petits-fils de ses héros liront eux aussi
son beau livre (car c'est le devoir de tout occitan soucieux de l'histoire de sa
petite patrie) et lui pardonneront sans arrière-pensée sa franchise de loyal chroniqueur. Le temps épure bien des souvenirs, et pour entrer dans l'Histoire, 11 n'est
point, croyons-nous, de porte basse !
Jean CABRIÉ.
Paris le S septembre.
Voici ce que pense de ce livre le Maître Punck-Brentano :
« Le livre de M. BARRIÎSRE-FLAVT, Chronique criminelle d'une grande province
sous Louis XIV est d'un puissant intérêt : peinture de la société Française, et non
seulement dans le Languedoc mais en Auvergne et en Provence — non seulement
au temps de Louis XIV, mais aussi sous Louis XIII. La documentation est
toute de première main empruntée pour la plus grande partie aux archives
parlementaires de Toulouse. Ces pages vivantes et pittoresques montrent de la
manière la plus frappante, la profonde différence qui existe entre la société du
XVII" siècle et celle du xx', et aussi — ce point est d'une grande importance —
entre la société du xvn" siècle et celle du siècle suivant que l'on réunit sous
la dénomination commune d'Ancien Régime. »
�212
11 nous paraît inutile de rien ajouter à l'opinion Si autorisée de M. FuiikBrentano. Indiquons seulement que l'ouvrage bien présenté, copieusement illustré,
se divise en 7 chapitres aussi attrayants les uns que les autres : Dans les rues et
sur les chemins; Du civil au criminel; Les Faussaires; Les Magistrats Indignes;
Les mauvais bergers; Les Affaires de mœurs; Affaires de famille.
Ce livre étonnera, instruira, plaira.
E. M.
�Les Lettres Occitanes
Fablèls
i
T lio liaid Chivalier
Dins los fablèls i a mai de burlas
que pel campèstre de capurlas;
mas mai d'un cop, retenètz-oc,
una burla, aco's un peloc
qu'enclaus castanha de bèl èime.
Res de melhor e de plus lèime
que de se trufar d'un badoc.
N'anatz entendre una de bêla.
Aqui que i abia un chivalier
que volia prendre per molher,
à tôt pèrdre, una domaizèla
qu'aimaba à ne virar lo cap;
fora aquela, ne volia cap.
�— 214 —
Era letrut autant que calgue,
èra tôt claufit e florit
de sapiensa amai d'esperit.
Vertat es que i a res que valgue
mai qu'aco, mas empacha pas
que i a quicom mai qu'asi-bas
a plan son prètz : l'agradadura,
e, per nostre amoros transit,
pauràs ! cal dire que natura
l'abia plan, plan mal pervezit
tant en belor qu'en veziadura.
Semblaba un monin tôt cagat,
— un monin pauc o mal lecat.
Guèrlhe, bèfre, nas recocat,
bosut, garrèl, tôt malmargat,
èra laid coma lo pecat,
laid coma un pezol de ciraire,
laid à parar un canabal
melhor que cap d'orre esparnal,
tant laid que dins tôt lo terraire
se n' trufaba tôt lo femnum.
La qu'aimaba nostre fringaire,
agachatz qu'i carraba gaire !
Era polida coma un lum.
De biais, de corps e de figura,
sus ela abia tota ondradura.
Mas per d'esperit, d'abeluc,
d'èime, d'escarrabilhadura,
o ! per tôt so-z-autre, adiu Luc !
La polidetat, qu'aco 's freule,
quand amb'aco i a chue ni mue !
0 ! n'i n' mancaba un brave truc !
1 auriatz fach batejar un teule
dins de pèrnas blancas plegat;
èra bèstia coma un aucat.
Un jorn, la chivalier à taula
toutes sos amies acampèt.
Aqui, de paraula en paraula :
« Que pensatz d'aco ? » lor diguèt.
« Ne sabi cap que me convengue
« coma aquela, es la que me cal. »
�— 215
1
«
«
«
«
«
«
«
«
«
«
«
«
«
«
«
-
diguèron : « Qu'aco s'arrengue
à ton grat, amor qu'es atal,
e tant pis per tu se fas pèca.
S'es polida, a ben quicom mai
que va pas trop... — Per aco, rai,
sabi plan pron qu'es autant pèca
que polida; mas vos dirai
so qu'espèri d'aquel nobiage.
Sabètz pas so qu'arribara ?
Cadan, ma femna me fara,
s'à Dius plai, un brave mainage.
Nostres drolles, — veiretz aco ! —
auran, tenguent d'ela e de jo,
ambe l'esperit de lor paire,
la polidetat de lur maire :
atal auran tôt so que cal. »
L'amoros, sus aquel estral,
se maridèt ambe sa bêla.
De drolles, lor ne manquèt pas :
n'ajèron una ribambèla,
tantes ne vos, tantes n'auras;
mas totes à bèl tal, pecaire,
ajèron la laidor del paire
e la necieza de la maire;
tantes que lor n'espeliguèt
es atal que s'endevenguèt.
A. PERBOSC.
Fabliaux
i
I*e Ltaid Chevalier
Dans les fabliaux il y a plus de sornettes
qu'il n'y a d'alouettes aux champs;
mais plus d'une fois, retenez cela,
une sornette, c'est la bogue
qui enveloppe une châtaigne de bon sens.
Rien de meilleur et de plus légitime
que de se moquer d'un sot.
Vous allez entendre une belle aventure.
�— 216 —
Voilà qu'il y avait un chevalier
qui voulait pour femme,
qui voulait éperdument une demoiselle
qu'il aimait à en perdre la raison; .
hors celle-là, il n'en voulait aucune.
Il était savant autant qu'il le faut,
il était tout plein et fleuri
de sagesse et d'esprit.
11 est vrai qu'il n'y a rien qui vaille
plus que cela, mais cela n'empêche pas
qu'il y a autre chose ici-bas
qui a bien sort prix : c'est la plaisance,
et, er: ce (lui concerne notre amoureux transi.
le pauvre ! il faut convenir que nature
l'avait bien, bien mal pourvu,
tant pour la beauté que pour !a grâce.
11 semblait un magot tout craché,
— un magot peu ou ma! léché.
Louche, bec-de-lièvre, le nez en trompette,
bossu, boiteux, tout dégingandé,
il était laid comme le péché.
laid comme un pou de décrotteur,
laid à écarter les oiseaux d'une thenevière
mieux que le plus horrible épouvantail,
si laid que dans tout le pays
toutes les femmes s'en moquaient.
Celle qu'aimait notre galant,
ah ! qu'elle était loin de lui ressembler !
Elle était belle comme un rayon de lumière.
De maintien, de corps et de visage,
elle était ornée de toute perfection.
Mais pour de l'esprit, de la finesse,
du bon sens, de l'entendement,
oh ! pour tout le reste, adieu Luc !
La beauté, que cela est peu de chose,
quand avec cela il n'y a rien d'autre !
Oh ! ce qui lui manquait n'était pas peu !
Vous lui auriez fait baptiser une tuile
emmaillottée dans des langes blancs;
elle était bête comme un oison.
�— 217 —
Un jour, le chevalier à table
réunit tous ses amis.
Là, de parole en parole :
« Que pensez-vous de cela ? » leur dit-il.
« Je n'en sais aucune qui me plaise
« comme celle-là, voilà celle qu'il me faut. »
Ils lui dirent : « Que cela s'arrange
« à ton gré, puisqu'il en est ainsi,
« et tant pis pour toi, si tu te trompes.
« Si elle est belle, il y a cependant quelque chose
« qui laisse à désirer... — Pour cela, passe,
« je sais bien assez qu'elle est aussi bête
« que belle; mais je vais vous dire
« ce que j'attends de cette union.
« Vous ne savez pas ce qui arrivera ?
« Chaque année, ma femme me fera,
« s'il plaît à Dieu, un enfant bien venu.
« Nos enfants — vous verrez ça ! —
« auront, tenant d'elle et de moi,
« avec l'esprit de leur père,
« la beauté de leur mère :
« ils auront ainsi tout ce qu'il faut. »
L'amoureux, sur cette considération,
se maria avec sa belle.
Des enfants, il ne leur en manqua pas :
ils en eurent une ribambelle,
tant tu en veux, tant tu en auras;
mais tous sans exception, hélas !
eurent la laideur du père
et la bêtise de la mère;
autant qu'il leur en naquit,
c'est ainsi que cela se passa.
6
�Bibliographie Oeeitane,
A TRAVERS LES LIVRES
Jean LADOUX. Pasejadas dins Béziers. (Promenades dans Béziers).
Texte pcc/tan et traduction française. — Béliers, Estavnparia generala,
1926. In-8".
Le charme de Béziers s'exhale comme un parfum rare, dans les beaux vers
occitans de M. Jean Ladoux. C'est, pour le lecteur, un plaisir subtil de suivre
l'auteur parmi des lieux pleins de souvenirs et de poésie. C'est Béziers qui, près
de l'Orb étale sa robe diaprée sur uu coteau dominant la mer; c'est le « Plateau
des poètes » et ses marbres « blancs parmi l'herbe fraîche et les fleurs empou, prées »; c'est la fontaine du Titan, rappelant à l'âme, dans la bleue lumière,
la grande leçon de l'effort humain qui conquit la terre et les océans, et connut
la route des astres. Ce sont les allées Paul Riquet dont l'ombre verte est pleine
du vent salin qui souffle de la mer... Nous entions dans les vieilles églises, à
St-Jacques eue saluaient, jadis les bateliers, à St-Aphrodise, à St-Nazaire, dont
les pinacles et les tours flamboient vers le ciel, comme un aident amour, au
soleil touchant. Les souvenirs terribles de la croisade des Albigeois font songer
l'auteur aux cloches qui lancèrent au ciel « le glas funèbre » et St-Nazaire
lui rappelle ses autels profanés où les Huguenots donnèrent l'avoine à leurs
chevaux, « au milieu d'une horrible orgie. » Mais le poète s'attendrit à la pensée qu'en 17S3, quand « le peuple, sourde mer, s'agite, farouche, et croit par
la terreur sauver la liberté », Béziers reste la ville au grand cœur qui ne veut
point verser le sang français. Et, dans une pièce dédiée au maître sculpteur
Jean Magrou, Ladoux médite sur le monument aux Morts de la grande guerre
et il s'écrie : « Je te reconnais, ô France, et mon cœur tressaille : de tant de
braves morts, que ta main bénit, tu t'élèves noblement plus vivante et plus
magnifique, » Et le livre, qui débute par des vers dédiés à une épouse aimée
et un sonnet en l'honneur de Mademoiselle Vinas, reine du Félibrige, se clot
par d'exquises visions de printemps au « Plateau des Poètes ». M. Jean Ladoux
maître en Gai-Savoir, vice-syndic de la Maintenance du Languedoc prépare
VUj nouveau recueil de poèmes dont nous attendons avec impatience la publication.
���— 221 —
Gabriel GARRIC. La Cabreta de Sant-Estève. Occitania, E.-H. Guitard,
libraire-éditeur, 6, passage Verdeau, Paris (IX*) et Toulouse, 7, rue
Ozenne.
M. Gabriel Garric nous donne dans ce mince recueil, ses pièces couronnées
aux Jeux Floraux de la Maintenance de Languedoc. La Cabreta de Sant-Esteve est
une nouvelle qui rappelle la fine bonhommie de Roumanille. Ce conte populaire
recueilli pieusement par M. Garric est charmant. Nous n'y ferons qu'une critique
qui peut sembler d'importance. M. Garric a prêté à Saint Etienne le gril de
St Laurent... Peut-être n'a-t-il fait que se conformer -ainsi à une erreur traditionnelle du folk-lore local, C'est peu probable, et M. Garric prend acte* de
l'inexactitude dans un petit papier humoristique joint à son œuvre. Le volume
se termine par quatre poésies dont la verve n'est pas sans charme.
François TRESSERRE. Hommage à Auguste Fourès prononcé à Castelnaudary, le 16 mai 1926. Castelnaudary, société d'Edition Occitane, 37. rue
de la Baffe, 1926. In-8°.
M. François Tresserre est Catalan, à ce titre nul mieux que lui n'était qualifié
pour parler d'un languedocien et affirmer ainsi la fraternité de tous les pays
d'Oc. M. Tresserre possède en outre le précieux privilège d'avoir été honoré
de l'amitié du grand Fourès. L'auteur des Chants du Soleil, dont Mistral, Verdaguer et Aubanel ont consacré la gloire, mérita d'être surnommé Le dernier des
Albigeois; sans une mort prématurée, il serait devenu le premier des Occitans.
Fourès, peu de temps avant sa mort s'apprêtait, en effet, à réformer la graphie
occitane alors en usage. « Malheureusement, dit M. Tresserre, la maladie interrompit sa tâche, laissant à nos vaillants amis Prosper Estieu et Antonin Perbosc
le soin de parachever son œuvre réformiste en laquelle ils ont si admirablement
réussi ».
Une indifférence qui prenait figure d'ingratitude à l'égard de Fourès a pris fin,
en partie, grâce au vibrant appel de François Tresserre. Une souscription publique est ouverte pour lui élever, à Castelnaudary, un monument commémoratif.
L'Association félibréenne los grilhs del Lauraguès s'est constituée en comité
d'initiative et les souscriptions seront closes le 31 décembre 1926.
A TRAVERS LES REVUES
LOU BOURNAT bulletin mensuel de l'école félibréenne du Périgord. N" de
juillet-Août-Septembre 1926. Périgueux, 7 rue Gambetta. — Compte-rendu de la
Félibrée de Bergerac et de l'inauguration du monument Le Lorrain. — Poèmes de
Méry de Bergerac et Robert Benoit. — Publication intégrale d'une spirituelle
comédie avec chants, de Robert Benoit.
LA CIGALO LENGADOUCIANO. — N° de juillet-août 1926. Compte-rendu
�_ 922
des Fêtes de la Maintenance du Languedoc. Discours de Marins louvean, Vcaert.
Bernard, Mlle Vinas, reine du Félibrige, Jules Azéma et Caries Orandn au nom
du Rousslllon et de la Catalogne, Mandadis d'Arnavielle, blindes des majoraux
Blavet, Vinas et Barthe. Beau sermon prononcé par l'abbé Salvat à la cathédrale de Béziers.
LA CIGALO NARBOUNESO. — N» d'Août 1926. — Suite d'une nouvelle de
l'Ermite de Sant-Brancat. — Beau poème sur la légende de l'ogive par P. Albarel.
A signaler dans le numéro d'octobre 1926, de beaux vers de ,7a». Camjp, un
curieux conte populaire recueilli par le professeur Anglade, une amusante fantaisie en prose sur l'origine de la barbe par Larmi-Sanot, etc.
LE COURRIER CATALAN. Gazette d'information bi-mensuelle. Rédaction
et administration, 71, rue de Rennes, Paris (vie). — LE COURRIER CATALAN
qui a publié cette année un très intéressant feuilleton sur La Renaissance catalane, donne, dans son numéro du 1er Novembre, sous la signature de P. Guilaiiya,
une remarquable étude concernant la sensibilité chez les poètes catalans.
L'EVEIL CATALAN. Perpignan, 13, place des Poilus. N" du 16 octobre 1926.
Vers extraits du nouveau volume de poèmes que vient de publier Alfons Maseras,
un des écrivains les plus justement appréciés de la littérature catalane. — Petites
pièces de Pau Berga sur les jeux et les sports. — Poème de P. Erancis-Ayrol.
LOU FELIBRIGE (juillet-septembre 1926). Bulletin de propagande Mistralienne
et de régionalisme, dirigé par Mme , Frédéric Mistral publie un beau poème
du Capoulié Marins Jonveau sur Saint François d'Assise.
LO GAI SABER (Septembre-octobre 1926). La vaillante revue de l'Ecole occitane publie un spirituel article du professeur Anglade, et la préface que le
baron Desazars de Montgailhard vient d'écrire pour FZoc de Gasconha, recueil
de vers d'Arthur Cambos. On trouvera dans ce numéro un poème extrait de
ce recueil, ainsi que des vers de Jules Cubaynes et des maîtres Prosper Estieu
et Antonin Perbosc.
LEMOUZI. Revue mensuelle régionaliste et félibréenne, 25, rue d'Orléans, à
Neuilly-sur-Seine. Le numéro d'Août-septembre-octobre est consacré à la
xxvie fête de l'Eglantine célébrée en la cité de Pierre-Buffière les 11 et 12 septembre derniers. On y trouvera des vers d'Albert Pestovr, Edouard Mazin, Léon
Delhoume, Jean Rcbier et une pièce limousine, en un acte, de René Farnie,
passé maître dans le théâtre populaire limousin.
OC. N° 54. Or, y lira avec plaisir l'article d'I. Girard et celui de Pierre Azéma
sur les magnifiques leçons que donne l'Alsace aux pays d'oc, ainsi qu'un beau
poèm« provençal dédié à Lovis Le Cardonnel par J. Bourrilly.
�— 223 —
LA TRAMONTANE. Revue mensuelle de régionalisme, de littérature et d'Art.
Octobre 1926. A l'occasion du 70« anniversaire de M. le Chanoine Bonafont
(ho Pastorellel de la Vall d'Arles) une tête a eu lieu à Ille-sur-Têt. LA TRAMONTANE nous donne deux pièces de vers du vénérable prêtre qui est à l'avant-garde
du renouveau linguistique de sa petite patrie. LA TRAMONTANE a l'intention
de consacrer un numéro spécial au l'astorellet de la Vall d'Arles, nous avons
hâte d'en prendre connaissance.
PAUL-LOUIS GRENIER.
PIERRE ftZÉJBA.
Brun, solide, la lèvre ronge et l'œil ironique souus le large chapeau estival, cet authentique Clapassié' doit n son physique de méridional robuste
d'écrire une langue drue, énergique et franche comme lui. Il compte parmi
la «trinité félibréenne — L'Iiseoutaïre, Delpon Delascrabas — qui, à Montpellier, entretiennent le feu sacré au cœur des autochtones et son action est
bien connue, des aptecs catalans aux acamps de Provence.
Prêcher l'évangile mistralien ne lui para il pas suffisant. Après la parole
la «plume. Et c'est ainsi que nous lisons de lui une comédie antique en
deux actes, Loti Ciclopa.
Les vieilles fables gardent toujours sur l'esprit des hommes leur mysté
lieux pouvoir de séduction. Grâce à Azéma, notre littérature s'enrichit du
récit poétique «lo malheur île Polyphème engeigné par le subtil Ulysse. Nul
liiez nous n'avait encore tenté d'humaniser si pleinement les héros mythiques et de les rapprocher de nous.
Les légendes antiques ont toujours pâti du style académique dans lequel
on les traduisit. Les inventeurs grecs et latins, si simplement naturels dans
leurs textes, ont été accommodés par les cuistres à une sauce vraiment trop
lourde. Certes, nous n'approuvons pas Azéma d'avoir fait de rudes entorses aux noms hellènes de ces héros quand il les transpose en oc. Il y
avait là. une légère mise au point préalable qui s'imposait : Ulissa surtout
porte une désinence regrettable. Mais combien plus près de nous apparaissent ses personnages dont le vert langage exprime mieux qu'une langue
dite châtiée la véhémence naturelle des sentiments humains.
A quelle recherche de style peut bien songer le Cyclope sentant le pal
fumeux lui crever l'œil ei quelles épithètes de haute graisse ne sortirontelles pas de la bouche des compagnons d'Ulysse dans le moment où ils
s'efforcent de lapider l'ennemi à grands coups de cailloux 1
Que cela nous change aussi des fades patoisants dont le talent se hausse
à rimer la louange sempiternelle des flouretos et des aùcelous ! Verve et
lyrisme ne coulent-ils pas à pleins bords dans ce court passage :
�— 224 —
Bèu presounié de la boutelha
Lagrema poulpra de la trelha,
Mai que l'argent e mal que l'or
O vi, siès lou pus grand trésor !
Siès lou nectar e l'ambrousia,
Siès una font de pouesia
E de courage e d'enavan...
Pur roubis gisclat dan terraire,
Siès lou sang de la terra maire
Que reviéu e flouris en noutris, sous enfants !
Ajoutez à cette vigueur savoureuse, l'aisance du rythme, sa variété, la
r'chesse du vocabulaire, l'élan des strophes bien venues et vous aurez une
oeuvre qui honore celui qui sut écouter sur nos grèves ensolleillées
lou rire perlejant de las blancas naidas
et l'école languedocienne où foisonnent les jeunes talents, elle qui est en
train de prendre dans le Félibrige la place importante — une des premières — à laquelle elle a droit.
Jean CAMP.
�Les Beaux Arts
Sur les eimaises des salons
et dans les pages des livres.
Le Salon d'Automne réunit les artistes qui représentent le
mieux l'art moderne et avec une sélection que l'on ne trouve pas
aux Indépendants. Ce Salon séduit. Les grands peintres de notre
temps boudent souvent les Indépendants. Au contraire ils réservent
volontiers l'œuvre la plus importante de leur production de l'année au Salon d'Automne.
Celui qui s'est ouvert en novembre 1926 rassemble toujours les
mêmes peintres et sculpteurs caractéristiques de notre époque. En
outre, il marque, dans l'ensemble, une orientation vers un art plus
près de la vie, plus intelligent et sensible à la fois, plus réalisé et
plus mesuré. Il y a moins de laideur volontaire chez certains. Et
les systèmes arbitraires y perdent à chaque fois des adeptes. Le
cubisme n'y compte guère plus de partisans. Le Salon de 1926 me
permet d'espérer que je pourrai bientôt affirmer que j'ai eu pleinement liaison de soutenir toujours les artistes dont le modernisme
se vêt de l'amour de la couleur et d'une solidité qui ne supprime
pas l'élégance ni l'aménité, qualités essentiellement françaises.
Ces artistes, ils contituent le cœur même de cette exposition
automnale. Il semble que pour le symboliser on ait tenu à les
�— 226 —
grouper tous ensemble dans les quatre ou cinq salles voisines que
l'on traverse après être entré dans le Salon par la rétrospective du
grand impressionniste Guillaumin. On rencontre en effet là Matisse, avec un nu dans un intérieur où s'accordent en une harmonie surprenante, des verts, des « rouges, des bleus intenses, non
loin de Marval qui déroule les gammes des roses, des bleus tendres et des gris dans sa jeune fille de Paris ; non loin de Charles
Guérin se complaisant clans le rouge nacarat ; de André Fraye
dont la marine témoigne qu'il se joue avec une sûre maîtrise des
plus grandes difficultés ; non loin de Taquoy avec un coin de forêt
habité par les cerfs et les biches, avec une scène de courses de chevaux où l'on retrouve sa fermeté de palette habituelle- Et là voisinent d'autres coloristes de premier plan tels que Laprade dont
je parlerai, Jaulmes reprenant le poème des jeune! filles disposant des guirlandes fleuries, Lebasque avec un nu féminin solide
dans la grâce, et d'Espagnat, Camoin, Flandrin, Klingsor, Ottmann. Manguin, Picart le Doux, Valdo Barbey, Baignères, Friesz.
Asselin, Mainssieux, Carlos Reymond, Lépreux, Dufrenoy, Lotiron, Reboussin.
Avec les rétrospectives de Maufra et de Bakst, avec quelques
autres peintres que j'oublie involontairement, c'est le Salon carré
de YAut&mne. On emporterait une vision presque complète de
cette exposition en se bornant à visiter ces quelques salles. Cependant, on a laissé en dehors de ces limites, et même on a parfois relégué dans les galeries des escaliers des œuvres significatives, bien que de tendances diverses. Nous avons considéré avec
attention les compositions religieuses de Desvallières et de Henri
Marret, les portraits de Paul Morand par Raymonde Heudebert,
du musicien Albert Wolf par Gerber, la figure féminine de Mlle Damita par Van Oongen dont le manteau et les dessous — celui-là
ne cache pas ceux-ci — sont prétexte à des virtuosité de coloriste,
les portraits par Yvonne Gilles. Mêla Muter, Peder, Marceau, la
séduisante jeunesse à la rose par Hélène Perdriat, la figure de
Charlotte Gardelle. Il y a aussi une série de nus modelés avec
une conscience savante dus à Marguerite Crissay, Grillon, Marcel
Roche, Deziré. Ceux d'Edelmann et de Georges Cyr sont d'une
touche nerveuse. Des paysages, décelant un amour de la nature
servi par un bon métier, appartiennent à Auclair, Renefer, de
Castro, Hélène Dufau, Charreton. Chariot, Antral, Balande, Dubreuil, Bach, Jacquemot, Dubois, Bonanomi. Il convient de s'arrêter longuement devant l'important envoi de natures mortes de
Roland Chavenon. toujours d'une réelle personnalité : les poissons
notamment, luisant sous la fraîcheur du robinet qui coule, demeu-
�que m.'en vaja
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Bois jravé pour FONT ROMEU
Par Koo»K.
��— 22-9 —
rent un excellent morceau. Fornerod a combiné un tableau curieux
avec la note bleue d'un tablier de paysanne et les tonalités bistres
d'un panier de pommes de terre et des sabots. Enfin, il faut
signaler des œuvres qui ne se classent pas dans les genres précédents par le choix des sujets : ainsi le Retour des Champs,
d'Adrienne Jouclard, l'évocation médiévale de Montassiez les
boxeurs de Lestrille, l'Offrande de Mondzain, les derviches tourneurs de Sureda, le thème champêtre de Deltombe, les bois graves d'Emile Aider.
La sculpture se montre digne de la peinture au Salon d'Automne.
ues sculpteurs les plus marquants ont été placés, eux aussi, dans
ce que nous avons appelé le « cœur » de l'exposition. Nous y
avons vu, en compagnie d'Auguste Guénot, Joseph Bernard, Hernandez, Marque, Pompon. Et ailleurs nous avons distingué Gimond,
Chauvet, Otero avec une figure décorative, Lucienne Hewilmans
avec une Sainte-Thérèse de l'Enfant Jésus, les frères Martel avec
leurs recherches de synthèse, Céline Lepage, Simone Tailichet
dont la nudité timide se présente Largement taillée dans le bois,
Vigoureux, Pavie, Mlle Mikoun qui s'essaie dans la sculpture
peinte.
Il m'a été particulièrement agréable de constater que les artistes occitans, aussi bien les peintres que les seulpteuurs, étaient
bien représentés dans ce Salon. Pierre Laprade y a exposé deux
toiles les plus remarquées : une captivante nature morte, bien dans
la manière de ce coloriste délicat, expert à situer sur les blancheurs d'un fond, celles de deux pantins posés côte à côte, un
pierrot et un jeune roi à couronne, avec la tache incarnate d'un
iouquet de roses rouges et la verdure d'une branche coupée au
premier plan. En second lieu une vue d'Aix-en-Provence, la Fontaine des Quatre Dauphins, où Laprade nous apparaît avec l'esprit d'un Hubert Robert moderne. Auguste Guénot a été aussi
apprécié dans le domaine de la sculpture que Pierre Laprade dans
celui de la peinture. Sa jeune fille accroupie se décèle aussi heureuse dans l'aisance de l'attitude, la perfection du modelé que dans
le choix de la matière. Et, avec cet artiste toulousain, voici d'autres sculpteurs de chez nous : Contesse, Parayre, CostaLes uns et les autres ont fait partie de notre exposition du
Groupe Occitan, de même que les peintres, Ghabaud, Ramond,
Ramey, Desnoyer, Laclau, Cadène, présents également en ce Salon
automnal. Nous regrettons que Gaspard-Maillol et Auguste Rouquet n'y aient rien envoyé cette fois. Chabaud attire l'attention
avec un Berger dans le Midi, d'une vigueur de touche peu commune. Pourtant à cette grande toile j'avoue préférer les sites lan-
�— 23û —
guedoeiens, — cooins arides de la monbagnette où moutonnent les
troupeaux, chemins blanchoyant entre les saules — que le même
artiste à rassemblés à la galerie Montaigne, et où il y à tant
de vérité unie à une telle liberté dans l'interprétation. Paul Ramond reste fidèle à ses montagnes du Roussillon et à ses chaudes
colorations. Desnoyer emploie sa palette corsée et son sens juste
des taches à peindre Albi et Montauban, ainsi que le pittoresque
d'un marché. Laclau dispose sur du bleu une gerbe chatoyante.
Ramey réussit toujours à mélanger avec agrément des accessoires
de fête, et à construire un nu puissant. Quant à Cadène, son portrait de jeune femme possède de la plénitude dans le dessin
comme de la sobriété dans le coloris. Lucien Maillol, le fils du
grand maître Aristide Maillol dont l'absence ne passe pas inaperçue, traite avec force une scène de foot-ball. Les provençaux Girieud, Seyssaud, Gatier sont à mentionner, avec Russet, d'Auvergne et Jeanne Gil-Marchez de Tulle. L'apport des méridionaux
s'est donc affirmé important et de bonne qualité.
Un autre provençal s'est manifesté, dans le temps que s'ouvrait
le Salon d'Automne, en une galerie du voisinage. H s'agit de
Pierre Forest qui a réuni chez Reitlinger des paysages de Nice et
de ses environs. Forest, en qui revivent les traditions de Monticelli, étend la pâte sur la toile à l'aide du couteau. Ses marines,
d'un accent romantique, ses vieilles rues aux maisons peinturées
d'ocre ou de rose vibrantes de lumière, présentent autant de relief
que de chaleur.
Mais les œuvres d'art ne s'étalent pas seulement sur les cimaises
des salons et des galeries. Elles se découvrent aussi dans les pages
des livres. Les gravures sur bois notamment les décorent. Il semble
même que les xyiographes se complaisent surtout à illustrer les recueils de poèmes. Gustave Kahn, qui est un critique artistique des
plus perspicaces et un poète des plus subtils, a pu écrire que le
graveur et le poète étaient devenus des « frères d'armes. » L'un et
l'autre se complètent. Les xylographes modernes ont en effet parfaitement compris quelle part leur était assignée dans leur collaboration avec l'écrivain. Ils ont souci de décorer le livre, et non de
l'illustrer. Si Théophile Gautier revenait aujourd'hui, il serait obligé
ue reconnaître que l'auteur et l'illustrateur ne se contrarient pas
toujours. Une xylographie doit orner une page à la manière qu'un
panneau de peinture ornemente une muraille. Le critique, s'il veut
être complet, ne se borne pas à visiter les expositions. Il lui échoit
aussi de parler des livres et albums artistiques. Et il y prend d'autant plus de satisfaction que ceux-ci s'examinent dans l'intimité du
home, et qu'on peut relire un livre après l'avoir fermé. Au lieu
�— 231 —
qu'une exposition, une fois close au bout d'une quinzaine de jours,
ne se rouvre plus.
Ainsi il m'est permis de reprendre dans nia bibliothèque, pour en
écrire, des ouvrages dont la publication n'est pas toute récente. Je
ne me serais pas consolé de n'avoir pas pu signaler le livre du grand
félibre provençal Marins André, Avec un chargement d'oranges (édité par le Cadran) adorné de bois dessinés et gravés par Robert Joël. La
gravure initiale figurant des hommes du peuple déchargeant les
oranges devant les navires d'un port dans de grandes corbeilles,
avec le seul rehaut de la teinte orangée a du caractère- Les gravures en tête des principaux chapitres redisent des motifs éternels,
les deux pigeons, les bateaux à voile, la corbeille de fleurs, la lyre,
mais avec un style d'une noblesse ornementale. On songe -à ces
grands vases de marbre dans les parcs. La succession des mois tout
au long ûi l'an constituera toujours une source d'émotion et d'inspiration pour les artistes, bans la Chanson des mois, elle a dicté
au poète Achille Rouquet des vers d'une spontanéité comme d'une
tendresse attachantes, et à son fils Auguste Rouquet des compositions xylographiques où se confirme un sentiment également poétique, servi par un don réel d'imagination dans l'arabesque, d'une
écriture robuste. La moisson, la paysanne cueillant des pommes
tout en offrant la rondeur jumelle de ses seins, la vendangeuse, la
danse du feu dans la cheminée, le corbeau tachant de noir la
blancheur de la neige symbolisent messidor, fructidor, vendémiaire, frimaire, nivose. Ces deux carcassonnais ont eu raison de
maintenir ces doux noms du calendrier révolutionnaire, si expressifs, inventés par leur compatriote Fabre d'Eglantine. Le compagnon de Danton et de Camille Desmoulins, l'auteur de la plaisante chanson rustique // pleut bergère, était né à Carcassonne.
C'est à Nice que nous ramène madame Capatti avec les bois gravés
interprétant les poèmes délicats de Louis Cappy Sous les Clairs
Oliviers et les Sombres Sapins ; opposiion de clairs et d'obscurs,
de blancs et de noirs s'équilibrent aisément dans les solides gravures de Madame Capatti.
Dans le vieux pays d'Auvergne; âpre et sauvage, Maurice Busset devait trouver tout naturellement les sujets de gravures sur
bois puissantes et vigoureuses, comme les monts d'Auvergne et
leurs rudes habitants. En des xylographies en noir ou même en
deux tons, de l'ocre au bleu, ce graveur, né à Clermont-Fèrrand,
nous fait pénétrer dans les régions diverses de l'Auvergne, dans
les égides, dans les étables. Il nous met en présence des types les
plus variés. Nous voici en face du berger des Dômes, du paysan en
blouse courte du Puy, de la paysanne portant la coiffure ancienne,
�— 282 —
de la leveuse de dentelles. Nous croisons au détour d'un chemin
un attelage auvergnat. Nous regardons les joueurs de quilles, les
danseurs de bourrée ou le marché des cochons. Grâce à ce xylographe, doublé d'un écrivain, — le texte de cet album est aussi de
Busset, — nous accomplissons un véritable séjour en pays d'Auvergne. Œuvre d'artiste et œuvre véritablement régionaliste, en même
temps. Les mœurs, les métiers n'y sont pas négligés.
Aux métiers, et même aux vieux métiers, a été consacré l'album
de six lithographies originales d'Henri Gizard. Le potier courbé
pour façonner un pot, au milieu de l'amoncellement des poteries,
le vieux tisserand assis devant son métier, le vigoureux sabotier
au milieu de ses sabots, le verrier, les bûcherons ont fourni au
lithographe une suite de gestes saisissants du travail, que relie
entre eux une exécution ample où les traits principaux sont
appuyés- Nous ne saurions oublier le papetier : le vrai papetier
fabriquant le papier à la forme, devant sa cuve. C'est dans la petite usine de Gaspard-Maillol, où se faisaient alors les papiers à la
main, que Gizard a pris son modèle sur le vif.
Si vous avez habité Toulouse, vous avez connu certainement
Alex Coutet. Coutet est une figure toulousaine au même titre que
Praviel. Vous avez rencontré Alex Coutet, poète, journaliste, dans
la rue d'Alsace et Lorraine ou dans les promenoirs d'un musichall qui affiche une revue signée de son nom. Coutet, à l'allure
jeune, à l'œil intelligent, montre un visage souriant. Il a l'air
de flâner, de se divertir à observer la vie qui l'entoure, ou à
conter une anecdote en tedmes piquants- Et cependant Coutet est
aussi savant que s'il avait vécu toute son existence dans la poussière
des bibliothèques. Je m'en doutais. Mais à présent que j'ai lu son
dernier livre Toulouse, ville artistique, plaisante et curieuse, je
puis l'affirmer avec certitude. Alex Coutet sait par le menu, depuis leur plus lointaine fondation, l'histoire de toutes les églises
toulousaines dont les clochers de brique s'élèvent sur l'azur languedocien. Il décrit en historien d'art averti l'architecture fleurie
des vieux hôtels de la Renaissance dans la cité de Clémence Isaure.
Il connait la légende de celle-ci, ainsi que la vie de la belle Paule,
dans ce passé de Toulouse si pittoresque depuis les batailles des
trois comtes Raymond jusqu'à l'affaire Calas et à l'aventure de
Jean du Barry, du Moyen Age au dix-huitième siècle. Mais Coutet
habille son érudition des habits séduisants de la fantaisie. Il rend
le passé véritablement vivant. Il le ranime au contact du mouvement moderne. Son ouvrage, tout documenté qu'il soit, se lit avec
autant d'intérêt qu'un conte narré par un poète. Alex Coutet
raconte Toulouse au long de son livre, avec la ferveur d'un amou-
�Bois gravé.
A. IÎHABÏAI»,
��— 235 —
reux et la délectation d'un artiste. Son style nerveux, coloré, a des
ailes comme ces pigeons du clocher des Augustins, qui complètent « la poésie du clocher rose en y effeuillant leurs blanches
ailes ». Lui aussi, Coutet, (ajoute de la poésie à la cité toulousaine,
laquelle n'en manque point cependant, avec ses monuments emplis de goût, sa clarté latine, ses jardins, et même ce canal de Riquet qui m'est particulièrement cher. Le livre de Coutet, précédé
d'une préface remarquable de Pol Neveux, illustré de gravures
anciennes et de reproductions photographiques actuelles, a été
édité avec beaucoup de soin par la librairie Richard, à Toulouse.
C'est un véritable ouvrage d'art, par le caractère d'imprimerie
autant que par la présentation. La floraison artistique de Toulouse y
occupe une grande place. Un livre à quoi l'on reviendra souvent et
que les toulousains les plus informés de leur ville ainsi que les
amateurs d'art les plus avertis reliront avec plaisir, non sans en
tirer toujours quelque enseignement.
Il en est de même, dans un autre plan artistique, du livre que
M. H. Verne et R. Chavance ont écrit « Pour - comprendre Fart
décoratif moderne »• Cet ouvrage, augmenté d'illustrations bien
choisies, forme un résumé complet des réalisation obtenues de nos
jours dans tout le décor de notre existence, depuis la maison jusqu'au vêtement. Sa publication est très opportune après l'exposition de 1925. L'éditeur en a confié la rédaction à deux écrivains
compétents et capables d'intéresser vivement en parlant d'un sujet
qui les intéresse.
Il y a des aperçus ingénieux, des idées profondes, notamment
sur le paysage et le portrait, dans le livre de Léon de Saint-Valéry,
t,es Tendances d'Art. L'auteur conserve quelque sévérité à l'endroit des impressionnistes et de la nature morte. Mais je l'approuve
pleinement lorsqu'il consacre des études à des peintres tels que
Pierre Laprade, Aman-Jean, Maillaud, Cottet, Cosson, Hélène
Dufau.
C'est une longue étude sérieuse, fouillée, appliquée que Armand
d'Agnel et Emile Isnard ont élaborée sur le grand artiste marseillais Adolphe Monticelli. Si le génial bohème y est dépeint dans sa
vie tourmentée, avec un constant scrupule de vérité, l'artiste y
est analysé d'une façon approfondie sous les trois faces du technicien, du dessinateur et du coloriste. Ce peintre était doué d'un
tempérament bien personnel qui permet de discerner tout de suite
un Monticelli entre plusieurs autres tableaux. Celui que Robert
de Montesquiou avait surnommé Le Rroyeur de Pleurs a recréé —
car" il était avant tout un imaginatif —, dans les diaprures d'un
coloris magique, avec un dessin alerte inscrit dans une couche émail-
�— 236 —
léa et hérissée d'empâtements, des fêtes galantes dans le cadre de
la Renaissance plutôt que de Louis XV, des scènes historiques
et religieuses, des turqueries, des paysages. Il a brossé quelques
portraits intenses. L'ouvrage de grand format, augmenté de nombreuses illustrations, honore la maison d'édition Occitania, aux
destinées de laquelle préside notre confrère Eugène Guitard.
Refaisons en terminant, après Jean Ajtalbert, l'apôtre du Livre
du Pays, le vœu que r?ms avons formé à la fin d'une précédente
chronique. Souhaitons que l'on trouve aisément en Auvergne,-à
Toulouse, à Marseille, ces ouvrages dont nous venons de parler et
qui aideront à se rappeler les visages des régions auxquelles ils se
rapportent. Emporter un livre en même terrrps qu'un bouquet de
violettes. Geste nécessaire et raffiné.
PAUL-SENTENAC.
Le Festival de musique
de chambre de Rey-flndreu.
Dans ta célèbre salle du « Caméléon », notre collaborateui et ami, le
grand compositeur occitan Rey-Andreu, a donné le 10 novembre une
séance entièrement consacrée à ses œuvres. La grande presse en a rendu
compte avec faveur, et nous sommes heureux de pouvoir réunir ici les
principaux passages des articles qui lui furent consacrés.
En pleine possession de son magnifique talent, Rey-Andreu va connaître la consécration définitive de Paris. Son œuvre, jusqu'ici connue
des seuls initiés, atteindra le grand public; nous pouvons en annoncer la
bonne nouvelle à nos lecteurs.
Le Groupe et les Feuillets Occitans, qui, dès leur début, ont soutenu le
grand compositeur Narbonnais, se félicitent — fidèles à leur programme
— d'avoir contribué à faire connaître un artiste occitan.
Les Feuillets.
^'événement du 16 novembre.
Le mercredi 10 novembre, le compositeur Rey-Andreu donnait une séance
entièrement consacrée à ses oeuvres, au Caméléon. Le grand public ne connaît pas encore beaucoup ïtey-Ahdreu. Cela tient à ce qu'il n'écrit que des
œuvres fort difficiles soit pour piano (Lôu Pays), soit pour violon (Ode Sonate-Adagio), soit aussi pour violoncelle (Poème-Nocturne), soit aussi pour
orchestre. Mais il écrit depuis peu. et si l'on considère son bagage artistique (environ quatre-vingts œuvres)cela tient du prodige. Comme on l'a
�du souvent, sa fécondité extraordinaire n'a pas pour eoroil»ire 1» facilite,
bien au contraire.
Son poème pour violoncelle est des plus redoutables, sa sonate pour violon et surtout son quator (dans le Nocturne) sont remplis de casse-cou !
Mais que désirent les virtuoses ? Vaincre la difficulté. Nous l'avons bien vu
dans les mélodies, sonate, sonatine, ballade, les interprêtres se sont surpassés. Citons-les : Mmes Verdevoye-Heuclin, Nadia Martel, Desjardins,
Suzanne Teissier, Potel de la Brière, Sagneux, Lantman, Bourgot et MM.
Murano Huvelih.
A. C.
Le Fk/aro du 15 novembre.
Un nouveau compositeur de grand talent, M. E. Rey-Andreu, vient de se
révéler brillamment dans une séance de musique de Chambre donnée le 10
novembre dans la petite salle du Boulevard Raspail. M. E. Rey-Andreu a
l'ait entendre une série d'œuvres d'un sentiment profond, ët d'une facture
remarquable que l'auditoire à chaleureusement applaudies ».
La Liberté du 15 novembre (page 2).
M. Mercereau donne parfois l'hospitalité aux musiciens, et nous lui devons de magnifiques manifestations esthétiques, comme celle du festival
Rey-Andreu. Ce compositeur déjà bien connu par son œuvre Lou Pays, les
Impressions fugaces, les Pages Brèves et de remarquables mélodies, n'avait
jamais donné la mesure de son talent comme dans la Sonate pour violon et
piano jouée parfaitement par Mlle Adellne Guérin-Desjardins et Mme Verdevoye-Heuclin, dans la Ballade, dans la Nocturne pour violoncelle joué par
M. Worms un jeune musicien de grand avenir et surtout le quatuor à cardes.
Le public d'élite a laissé éclater son enthousiasme pour cette œuvre finale
qui, par sa variété et la beauté de ses thèmes a toutes les caractéristiques
d'un chef-d'œuvre.
La Victoire du 17 novembre.
Ce modeste musicien qui pourrait par sa riche inspiration mélodique et
harmonique obtenir si facilement la faveur de la foule, semble s'être imposé
une discipline sévère. Ses œuvres, de plus en plus fortes, difficiles ne s'adressent qu'à l'élite des musiciens. Sa Sonate pour violon et piano, dont Mlle
Guérin-Desjardins a rendu avec fougue les pages frémissantes, ses Trois La
vis Occitans, où Mme Verdevoye Heuclin a dit avec ferveur, tout le calme
clair, vibrant, et mélancolique aussi, de la campagne occitane; ses mélodies
d'une poésie intense, son Nocturne pour violoncelle joué par Worms avec
un sentiment si profond, et enfin le pathétique et majestueux Quator à cordes d'une écriture si colorée et si moderne mais sans heurts ni empâtement
inutiles : voilà quelques œuvres qui placent désormais Rey-Andreu au premier rang des contemporains.
�— 238 Le Radical du 14 novèmbre.
Nous avons souvenir d'un feuilleton musical de notre confrère le Temps
où i'éminent critique musical M. Lindenlaub signalait, il y a quelques années, trois grands musiciens d'avenir. L'un, il faut bien le dire, était presque
célèbre et déjà nous avons eu la douleur de le perdre : André Caplet ! L'autre, bien en vie et en pleine vie, le musicien, peintre et littérateur Georges
Migot; enfin il citait Rey Andreu et ajoutait « retenez bien ce nom ». Nous
l'avons retenu et nous avons trouvé, mercredi soir, au Caméléon, Rey-Andreu
en pleine possession d'un immense talent. Avec des œuvres d'une puissance
d'une sensibilité et d'une technique assurée comme sa Sonate pour violon
et piano, sa Ballade, son Nocturne pour violoncelle, et surtout son splendide
Quator à cordes, il n'y a plus de doutes à avoir, cet auteur (qui a abordé
de plus hautes œuvres que son camarade Deodat de Sévérat avec lequel on
le comparait quelque fois, bien ù tort, à notre avis) rentre délibérément dans
la lignée de nos plus grands musiciens modernes.
Paris-Soir du 17 novembre,
M. Mercereau a fait connaître, beaucoup d'auteurs dans son charmant « Caméléon », mais combien d'appelés et peu d'élus I Son initiative ne sera point
perdue s'il nous dorme quelquefois des sensations d'art véritable, comme
avec les œuvres de Rey-Andreu. Ces œuvres d'une très haute tenue, sans
concessions aux goûts vulgaires, semblent crées dans la fièvre de l'enthousiasme ! Que l'on entende Adeliue Guériu dans la fantastique Ballade pour
violon, ou le majestueux Murano et Nadia Martel dans ses mélodies si difficiles mais si évocatrices, ou Mme Heuclin, pianiste de race, dans la douloureuse et palpitante Sonatine, et, enfin, Mlle Yolande Potel de La Brière
et ses partenaires dans le splendide Quator à cordas; on est toujours sous le
charme d'une musique neuve, personnelle, où l'on ne voit l'apport d'aucune
influence. On a l'impression qu'un nouveau et grand musicien indépendant,
comme Chabrier, Albeniz, Leken, vient de nous être révélé. Il faut tout attendre de Rey-Andreu dans le domaine de la musique pure. — A. L.
Réflexions sur le salon d'Automne, à Perpignan
La Colla ciel Rossello peut être fière de sa première exposition. Les murs de
la salle Arago, ruisselants de toiles aux couleurs chaudes, ont attiré pendant
une semaine tout ce que notre pays compte de lettrés, d'amateurs éclairés, et
même de frustes gens du terroir, qui ne sont pas si indifférents qu'on le croit
aux choses de l'Art. Certes, ce salon n'a pas été parfait. L'idée d'exposer pêlemêle les œuvres des maîtres et les essais des débutants peut prêter à critique.
Dç brillantes paillettes voisinent avec beaucoup trop de scories, mais ce dis-
�parate même n'est pas sans charme, et peut-être y a-t-il là un ferment d'émulation qui n'est pas à dédaigner.
Ce succès considérable (près de 300 toiles présentées) semblerait confirmer
la thèse de notre délicat compatriote J. S. Pons sur le manque de romanesque
du caractère catalan, et son amour des choses positives et réalistes. Nous avons
peu de romanciers, mais voilà une riche floraison de peintres, et tous naturellement coloristes. Pas d'anémie ni de léché dans la plupart de ces essais, mais,
par contre, trop de lourdeur, trop de bitume pesant, trop de boue dans certaines
œuvres. Nos paysages ont des colorations violentes dans le détail, il est vrai,
mais encore ne faut-il pas oublier que l'ensemble reste harmonieux.
Les aquarelles d'Etienne Ternis émergent naturellement de tous ces envois.
Chose curieuse, les toiles du solitaire d'Elne semblent sombres à première vue,
d'autant plus qu'elles voisinent avec celles de Paul Careassonne, brillantes d'une
jeune sève, d'une viridité remarquable. Mais il ne faut pas se leurrer. Le classicisme discret du Maître masque une profondeur, une luminosité qui émeuvent.
On a comparé sa peinture à la poésie de P. Camo : il n'y a pas d'idée plus juste.
Et quelle simplicité de moyens dans ce peintre fervent delà nature : — un pan
de mer bleue dominé par un roc fauve, un chemin de platanes qu'a touchés la première pointe dorée de l'automne, une soleillée sur l'Ablère avec de franches
ombres bleues — il n'en faut pas davantage pour communiquer le frisson du
génie au visiteur.
Quelques gouaches de Manolo, puissantes, aux masses moelleuses, sont dignes
du robuste sculpteur. Le style primitif de Manolo fait songer à Ramuz. La similitude est assez frappante entre la technique de l'écrivain et l'inspiration naïve
du peintre.
Il serait intéressant de chercher à dégager l'influence de notre sol à travers
toutes ces productions. A parler net, elle n'est pas très franche. Les réalisations
de la plupart des artistes semblent se cristalliser autour de Collioure. Certes, c'est
là le foyer de l'art catalan, et il ne me vient pas à l'idée de contester sa luminosité et son harmonie, mais symbolise-t-i! toute la pensée de notre région ? Assurément non. Notre montagne, notre arrière-pays ont une inspiration qui n'a pas
été suffisamment traduite. Un chêne-liège écorché empanachant un ravin d'argile sanglante, un filet d'eau qui miraille entre des roseaux, une dévalade
û'alzinas dans un pierrer des Aspres représentent mieux notre pays que l'inévitable clocher de Collioure. C'est dans ces petits tableaux qu'excellait Terrus, et
voilà pourquoi il demeure le plus pur représentant de la peinture catalane. A ce
point de vue, il serait intéressant de constater ce que le style tourmenté du
peintre russe Apostoli donnerait devant ces sujets. Je lui conseille une visite à
Montalba d'Arles, à travers ces terras matadoras où s'appesantit une aura tragique. Son talent assurément très personnel aurait l'occasion de briller davantage que dans les paysages assez triviaux de la banlieue perpignanaise.
Pour conclure, signalons l'exposition des gosses de Collioure, avec certaines
�- 240 u.nvf»felle» remarquables de fraîcheur et de naïveté. 11 y a là un mouvement
qu'il sera intéressant de suivre.
CHARLES ROUSSILLON.
Art et euriosité
Sous cette rubrique on lira un écho des ventes de peintures, dessins, estampes,
sculptures, objets d'art, livres, qui passent aux enchères publiques. Le lecteur
aura un aperçu de la valeur qu'atteignent certains noms. L'œuvre d'art est plus
que jamais une monnaie qui suit une marche ascendante quand sa distinction
ne fait aucun doute. L'amateur l'achète pour son plaisir, le marchand l'acquiert
pourqu'elle lui rapporte. L'un et l'autre sont ou deviennent presque toujours des
spéculateurs. On voit aussi assez souvent quelqu'un sans connaissances artistiques, naître amateur, parce qu'il aura appris que telle peinture .telle estampe
ont fait des prix très élevés et le voilà tenté de posséder un tableau pour l'installer dans son appartement, qu'il montrera un peu prétentieusement avec l'espoir
d'en tirer plus tard un bon parti. Que celui-là se méfie, qu'il fasse avant une
éducation, qu'il se renseigne, car toutes les œuvres exposées au marché ne monteront pas toujours, quelques unes même dégringoleront aussi vite qu'elles s'élèrent.
On tiendra compte du cas qui se présente des fois où deux amateurs qui
veulent la même œuvre se la disputent au delà de sa valeur.
Nous citerons impartialement la mercuriale, on reconnaîtra pourtant dans nos
lignes ce qui a nos préférences, ce qui nous paraîtra susceptible de se maintenir
et même de hausser.
Cette saison, la vente des tableaux a débuté par l'effet d'un coup de
Bertha, car la surprise fut grande d'entendre des prix stupéfiants donnés à des
œuvres dont quelques unes ressemblent à des rébus. Ses auteurs n'étaient pas
des débutants, quelques uns ne manquent pas de la grande éducation classique
et ont fait preuve, quand ils l'ont sans doute voulu, d'une notable virtuosité, ce
qui reste Inexplicable c'est leur tendance de pousser jusqu'à l'extrême incohérence
la déformation des corps humains et objets. Parmi ceux-là, catalogués fauves et
cubistes un grand naïf, ancien gabelou, ayant peint comme un grand enfant à
l'école primaire avec une parfaite méticulosité, dont sa peinture exposée la
Bohémienne endormie fut achetée plus de six-cents-mille francs, cote où parviennent les œuvres des plus grands maîtres Velasquez, Rcmbrand, Watteau,
Delacroix etc. Parmi les peintures des fauves : les paysans de Roiiault 21.000 fr. ;
un nu de Alatisse, un peu plus de 100.000 francs; le coq mort de Soutine, 22.000;
le gros arbre de Raoul Dnfy 9.500; la porte Saint-Denis deVbrillo 40.500; mes
préférences auraient été sur tout cela, à une tapisserie de Maillol, les Joueuses
de mandoline, et à son Concert qui firent chacune 27.100 fr.
ASTER.
�Feuillets régionalistes
tes fêtes JYléFidioi)a!e$ de StFasboùrg
Fédération Régionaliste Française — dont notre
éminent compatriote, Charles Brun, est l'âme, —
avait tout dernièrement organisé, au Musée Social,
une « Journée administrative ».
Les projets du gouvernement, considérés comme
une simple étape dans la voie de la décentralisation, y furent étudiés par des esprit distingués, qui
apportaient à cet examen les espoirs et les craintes nés de leurs
propres tendances.
Or, si tout le monde s'accordait sur la suppression de certains
rouages et l'extension des attributions de certains autres , les divergences de vues apparaissaient dès que l'on donnait comme terme à cette évolution, la création d'une nouvene entité géographique, la région, jouissant d'une large autonomie administrative, intellectuelle et économique. Certains esprits chagrins, tout
en reconnaissant les heureuses conséquences d'une telle viviflcation, laissaient percer une arrière-pensée, la crainte que l'accroissement des libertés locales ne se produisit au détriment de
l'unité nationale.
Fort opportunément, à quelques jours de là, les Fêtes Méridionales de Strasbourg, auxquelles le Groupe Occitan était aimablement convié, sont venues apporter leur réponse à ces appréhenkA
sions.
�— 242 —
**
N'était-il pas déjà symptômatique que la tradition en ait fixé
la date au jour anniversaire de l'entrée des troupes française à
Strasbourg, qu'elles aient débuté cette année-là par la « coupo
Santo » de Mistral chantée au pied du monument de Kléber, et
que, recevant les délégations du Midi, le maire de Strasbourg ait
pû
dire « cette magnification prend une valeur toute particu« hère à la veille d'un anniversaire si cher aux Alsaciens, qu'il
« ne faut pas juger par les calomnies de quelques propagandistes
" isolés. Au-dessus des querelles de partis une chose nous unit
« tous, nous sommes tous français et l'Alsace est une province
« française, au même titre que la Provence ». On le vit bien, le
soir quand, au cours de la splendide soirée donnée au Palais des
Fêtes Je drapeau français apparut dans une apothéose, encadré
d'Asaciennes et d'Occitanes, tandis que M. Déloger entonnait la
Marseillaise devant un auditoire de plus de 2000 personnes frémissantes et dréssées d'un seul élan.
Encore pourrait-on soutenir qu'un tel enthousiasme n'est guère
probant et tient uniquement à la psychologie des foules. Ce serait
en méconnaître la valeur et l'esprit dans lequel ces fêtes avaient
été organisées.
Le splendide livret-programme édité à cette occasion par la
« Cigale Méridionale » prend soin de nous en avertir : « Avec
« ses imperfections et ses lacunes, dit-il, le présent livret ne
<( constitue pas une fin, mais un commencement et, pour ainsi
« dire, une première esquisse de ce que nous désirons faire pour
« donner sous une forme attrayante et condensée, les éléments
« essentiels permettant de faire mieux connaître en Alsace, les.
« régions du Midi et dans le Midi celles de l'Alsace ».
Développement des activités locales dans le cadre national et
interpénétration régionale, tel est le leit-mofiv des manifestations
annuelles dont nos compatriotes ont pris l'heureuse initiative en
Alsace.
N'en déplaise à leur modestie, la réalisation de ce programme a
été à la hauteur de leur conception. Leur livret, que je serais
heureux de voir entre les mains de tous nos amis, a pour titre :
« L'.Vsaee et le Midi, leurs beautés, leurs produits ». D'abondantes illustrations, des articles documentaires, des poésies
judicieusement choisies réunissent agréablement ces belles provinces non point comme « des mondes décolés » mais pour en
souligner l'interdépendance
dans tous
les domainesC'est
ainsi que M. Lévêqu'e ne manque point de marquer la liaison di-
�— 243 —
recte existant entre les deux ports autonomes de Bordeaux et de
Strasbourg et le parti qu'on en peut tirer et que notre distingué
collaborateur M. Marsais, termine ainsi un excellent article de
vulgarisation sur les vins du Midi : « N'y a-t-il pas dans cet
« exemple des vins du Midi et des sels de potasse d'Alsace échan« gés entre les deux régions, comme un symbole des plus encou« rageants. L'Alsace laborieuse doit aller chercher dans le Midi
« les enseignements qui lui sont indispensables pour la reconsti« tution et la défense de son vignoble, les bois de porte-greffes, le
« matériel viticole et. vinicole si perfectionné, les vins courants et
« les vins de cru des pays méditerranéens. Le Midi apprendra à
« connaître les vins "fins d'Alsace, les excellentes spécialités ali« mentaires de la plaine de l'Hl et du Rhin, et fera un usage de
« plus en plus abondant des sels de potasse d'Alsace, source de
« vigueur et de santé pour la vigne, culture essentielle de notre
« beau Midi ».
Le même esprit de collaboration avait inspiré le programme
même des fêtes, au cours desquelles alternaient les danses alsaciennes et occitanes. Ces dernières préparées et réglées par l'Académie Provençale, étaient la reconstitution de danses de caractère et de danses corporatives : danse corporative des tisserands
interprétant, sous forme de jeu dansé et chanté, le métier à tisser
le travail des ouvrières plaçant les fils et celui du maître-ouvrier,
navette en mains, posant la trame ; danse corporative des Fileuses, restaurée dans sa tradition ancienne, reproduisant la légende
d'Hercule filant aux pieds d'Omphale ; danse corporative des cordelières, figurant le tissage de la corde ; danse corporative des
jardinières. Enfin, la soirée fut égayée par le curieux spectacle de
la danse du « Chivalet » exécutée par les danseurs de Cournonterral (. -orault) et qui consiste, comme chacun sait, dans d'amusantes évolutions de chevaux de bois. C'est là une vieille coutume,
très en honneur encore dans nos villes du Midi et je n'en veux
citer pour exemple que les « Pandores Narbonnais » qui ont leur
cercle et participent, pour la joie du public, à toutes les fêtes de la
ville, notamment à l'époque du carnaval.
Enfin, à l'occasion de ces fêtes, les cinémas de Strasbourg
avaient eu la délicate pensée d'ajouter à leur programme un film
documentaire sur les beautés du Midi.
*
* *
Sous leur forme attrayante, les belles fêtes méridionales de
. rasbourg, conçues et organisées avec intelligence et méthode par
�— 244 —
M. Pujo, président de la Cigale Méridionale, dépassent de beaucoup le caare d'une simple manifestation d'« originaires ». A
l'heure où elles tendent à prendre un caractère traditionnel en
Alsace, il convient d'en saisir le caractère et la portée.
En associant sur tous les terrains ces belles provinces de France,
en favorisant entre elles des courants de sympathies et des liens
d'intérêt, M. Pujo a largement travaillé pour son pays et a démontré que le patriotisme local, avec toutes ses aspirations, est,
somme toute, le meilleur facteur du patriotisme tout court. Fort à
propos, son livret rappelle les vers de Jasmin :
« Qu'es la Franco ? Uno grando, uno forto famillo:
« Bretous, Picards, Gascous, Francimans, Marseillés...
« Et soun aounou que brillo
« Boulen toutes lou défendre (Et quand lous eçteahics)
« Per l'enerumi nous agarretzoun
« Bretous, Picards, Gascous, touts allors s'abarrètzoun,
« Touts alors fazen qu'un et trucan en francés. »
L'œuvre de la Cigale Méridionale à Strasbourg est de celles
auxquelles nous devrons à l'avenir apporter tout notre appui et le
concours de tous nos moyens.
Fernand CROS-MAYREVIEILLE.
�Feuillets gastronomiques
Pensées gourmandes
Le gourmet est le gourmand passé à l'étamine.
*
**
Vouloir être gourmet, c'est déjà cesser d'être gourmet.
*
**
Le vrai gourmet est celui qui ne retient que la mesure et le bon ton
de la chaleur çommunicative d'un bon repas.
Côme de Médicis disait : « Avec trois aunes de drap fin, je fais un
homme de bien. »
�— 246 .Or, avec trois dîners fins chez le bon traiteur on peut faire un gourmand, non un gourmet.
*
#*
Demandez au gourmand les remèdes à la crise financière, les causes
de la maladie des huîtres et les beautés de I' « esprit de Locarno »,
c'est le dîner qu'il va faire.
Demandez à un gourmet les bienfaits de l'optimisme, c'est le dîner
qu'il a fait.
Voyez le gourmand : absorbé tout entier dans la contemplation de
son appétit ou même de son prochain repas, préoccupé par l'exactitude
du service, le choix des entremets, l'âge du Bordeaux à chambrer, il ne
méprise point, à proprement parler, son voisin qui savoure une soupe
aux choux rehaussée d'un confit d'oie : il l'ignore.
***
11 est un proverbe gascon, trésor d'indulgence, pour la pécheresse de
village : « Quand on tombe dans une haie, on ne sait jamais quelle est
l'épine qui vous a piqué. »
Pareillement, en matière de table. Quand on verse dans la gourmandise,
on ne sait jamais quel est le plat que l'on préfère, car aux yeux du gastronome vraiment digne de ce nom, le plat d'aujourd'hui doit être meilleur
que celui d'hier et moins bon que celui de demain. Néanmoins, il est en
gastronomie des signes lumineux qui, tôt ou tard, mettent la fine bouche
sur la voie de la prédilection et qui, tout en lui révélant les causes de
ce qui fut son doute ou sa versatilité, semblent lui dire devant le nouveau
chef-d'œuvre sorti des mains du maître : « L'idéal est atteint. Tu n'iras
pas plus loin. »
Sur une digestion, le gourmand dort ou tonitrue. Le gourmet, lui,
médite, explore son moi satisfait, mais tâche £ se convaincre, en contemplant les ruines émouvantes de ce monument qu'est un grand dîner,
que, peut-être le goût n' a pas dit son dernier mot.
**
11 y a de l'esprit au bout de la fourchette d'un gourmet. Au fond
du verre d'un gourmand, il n'y a qu'un borborygme.
�La gastronomie ou l'art de bien manger, voilà ce qui prouve, en dépit
de Darwin que notre bouche ne fut jamais celle d'un gorille.
Gourmet n'entend rien à gourmé.
Le gourmand est le parasite de la table. Le gourmet en est l'ornement.
Un gourmet ne se reconnaît point à son bagage documentaire, de même
qu'un bon écrivain ne nait point d'une compilation ou d'une science
livresque.
Le gourmand a suivi le mouvement des temps nouveaux. Il mange en
vitesse. Le gourmet, lui, est resté l'homme des diligences, des convenances, des révérences. Il ne se jette pas sur une bonne chose. Il la salue
de son goût, la caresse du regard, la courtise par la pensée.
Il y a chez les gourmand de l'envie, du sans-gêne, de l'égoïsme, de
l'ignorance, de la frénésie. Le cri du cœur, l'appétit de l'esprit, jamais !
Le gourmand cultive une pratique; le gourmet, lui, pratique un culte. La
bouche parle, non le ventre.
Le gourmet, lui, pratique un culte. La bouche parle, non le ventre.
Chez le gourmet la faim ne justifie pas les moyens. Il y a toujours
un métronome sur la table du gastronome.
Le gourmand mange, le gourmet le regarde manger.
*
**
Il y a tout ce qu'il faut pour un gourmand sur une table bien servie,
hors le charme qu'il n'y peut mettre.
II existe aussi les bagatelles de la table : madrigal-potage tortue
précédant un marivaudage — sauté de mauviettes en croustade. Le gourmet ne l'ignore point; il en connaît la valeur. C'est ce qui fait de lui le
gentilhomme du goût.
�;
- 248 —
Une femme fine mouche, un homme fine bouche, jetez un pont : c'est
l'Amour qui passe.
*
**
Le gourmand est le nouveau riche de la gastronomie. Il ne trompe
personne et c'est d'ailleurs ostensiblement qu'il demande, dans la bonne
« boîte », un vol-au-vent financière bien « tassé ».
**
Gourmandons le gourmand qui, sous prétete de se bien tenir à table,
s'empiffre. Voyez-le; il mange des yeux : Sa bouche n'est plus qu'un
four, son ventreun collecteur. Que ne porte-t-il une « assiette garnie »
à sa boutonnière à la place d'une rosette, morceau de poireau ou de
Nicham Iftikar ?
*
La fourchette du gourmand est à la gastronomie ce que la casquette
du bedaud est au style de la cathédrale.
Si, présentement, la gastronomie, en certains endroits, déraille, la
faute en estausnobisme, dont se pare le gourmand qui veut manger et
qu'on le voit mangeant mais qui ne sait pas manger.
>
*
**
Un foie gras truffé flambé à l'alcool d'un bon auteur fait plus pour
le goût français qu'une Sorbonne entrelardée de philosophie.
Jean-Paul
ARISTE.
�Feuillets économiques
Chronique vitieole.
L'importation. ile.s vins et liqueurs étrangers et le change. — Vue heureuse
campagne de la « Semaine Vinicole ». — tes vins de liqueurs français
ne peuvent avantageusement remplacer les Portos et Madères. — Les
expériences de M. le Professeur Viala sur les maladies de VEsca. — La
Muation vinicaie et la hausse des prix.
Fidèle à son programme qui est de poursuivre l'inventaire et de contribuer à la mise en valeur de nos ressources régionales, les Feuillets
Occitans ne sauraient passer sous silence l'ardente campagne entreprise
par la « Semaine Vinicole » en faveur des vins de liqueur français.
Avec le rédacteur de ces articles, on est stupéfait de constater que,
dans l'état actuel de notre change, nous dépenserons cette année une
quarantaine de millions de francs à importer de l'étranger des vins de
liqueur que notre sol national, et plus particulièrement certaines régions
de notre Midi, sont en état de produire. Aussi est-il très justement suggéré, au moment oii il est question de vie chère et de restrictions, de
supprimer cette cause de dépense à l'étranger.
Fort à propos, le rédacteur de ces articles fait état de documents
du plus haut intérêt et qu'il convient de signaler.
C'est d'abord, un extrait du bulletin de la Chambre de Commerce Portugaise d'où il ressort que l'intensification des cultures, dans la région
de Douro, constitue une véritable surproduction, incompatible avec une
�— 250 —
production de qualité. C'est ensuite, une étude de M. le professeur Ferreira de Silva, directeur du laboratoire de Chimie de Porto d'où il résulte
que la fabrication du Porto est spécialement le résultat d'un coupage de
vins blanc avec des géropiges, qui ne sont autre chose que des mistelles.
Le produit final dépend donc, beaucoup moins de l'origine que de l'habileté des industriels de Villa Nora de Gaia, où ces vins sont « travaillés ».
A l'appui de cette assertion, la « Semaine Vinicole » cite les observations de M. Fortuné, chimiste de la C. G. V., d'où il résulte que bien
souvent les chimistes du port importateur de Cette se trouvent en présence
de Portos et de Madères, dans lesquels ils décèlent la présence de saccharose ou sucre de canne. Les observations sont confirmées par un autre
chimiste, M. O. Klein.
Dès lors, comment ne pas conclure avec M. Tinayre, consul de France
à Porto, qu'à ces vins pourraient être avantageusement substitués des vins
de liqueur fournis par le sol généreux et ensoleillé du Midi de la France
et de l'Algérie.
Nous ne pouvons que féliciter « La Semaine Vinicole » d'une courageuse campagne de nature à émouvoir les Pouvoirs Publics, surtout si
l'on songe un instant que le vin de France, qui représente une valeur
annuelle de plusieurs milliards de francs, constitue, dans les circonstances actuelles, l'une des plus belles monnaies d'échange que nous possédons .
Signalons, dans le même journal, une série d'articles commentant les
travaux de MM. Barthe et Railhac, députés, au sujet des possibilités
de productions, dans nos colonies, d'alcool d'agaves, sisals ou bananes.
La « Revue de Viticulture », que dirige M. Marsais, ingénieur-agronome
chef de laboratoire à l'Institut Agronomique, poursuit ses études techniques, si précieuses aux viticulteurs avisés. Dans cet ordre d'idées,
le fondateur de cette revue, M. le professeur Viala, membre de l'Institut,
inspecteur général de l'Agriculture, donne les résultats de ses recherches
sur une maladie de la vigne fort peu connue, l'apoplexie, qu'il convient
d'attribuer au développement d'un champignon, l'Esca, pénétrant principalement par les plaies de taille. Conclusion : Viticulteurs, n'oubliez pas
au moment de la taille, de désinfecter ces plaies avec une solution cicatrisante et, si cette précaution était impuissante, tentez de sauver tes
malades par l'opération du recépage au dessus du collet.
Mais ceci n'est qu'un conseil, qui ne saurait dispenser de lire la savante
étude de notre éminent compatriote.
Dans la même revue, signalons les intéressants articles de M. J. Bonnet
sur l'industrie des pépins de raisins, de M. Barbet sur la vinification
par fermentation continue, de MM. Carrière et Spinos sur les cendres
de la vigne, enfin de notre collaborateur Léon Douarche sur le Vin de
France.
�— 251 —
A la veille de vendanges délicates, en raison des accidents météorologiques et cryptogamiques survenus à la vigne, les publications locales
ont multiplié leurs conseils pour la vinification. 11 n'est pas douteux que
l'œnologie, si longtemps négligée, fait de sérieux progrès. Parmi ces
travaux de vulgarisation, citons les conseils annuels de vinification rédigés par le Directeur de la station œnologique de Narbonne, M. L. Semichon et publiés dans le numéro du 31 août du Bulletin de la Société
Centrale d'Agriculture de l'Aude. On y trouve des explications claires et
précises sur les derniers progrès et les nouvelles méthodes de vinification.
Dans le même recueil, on lira avec fruit une excellente étude de
M. Viviès, ingénieur chimiste, sur le rôle de la chaux dans l'alimentation
des plantes.
Il est inutile de s'étendre ici sur la situation d'une récolte déficitaire
pour des causes diverses. Il en est résulté une hausse assez brutale des
cours. De ce phénomène d'ajustement, d'aucuns se sont étonnés ou
indignés, sans trop réfléchir qu'à l'exemple des autres denrées, le prix
du vin est conditionné par son prix de revient. Or. main-d'œuvre, matières premières et outillage voient leurs prix d'avant-guerre multipliés
par le coefficient de dépréciation du franc. Le sulfate d'ammoniaque atteint 200 fr., le sulfate de cuivre. 350 et le soufre, qui coûtait 12 fr. est
passé à 150 fr. Je ne vois pas, en toute équité, en vertu de quels principes
on refuserait au seul vin le libre jeu des lois économiques.
F. DE CARSAC.
�Têtes Occitanes
ARMAND PRAVIEL; .
a peint le doux visage de Rodenbach se
découpant sur les architectures de Bruges-la-Morte. C'est
sur un fond de décor toulousain, dominé par l'église romane
de Saint-Sernin, qu'il faudrait portraiturer la fine figure
d'Armand Praviel.
Figure essentiellement toulousaine. La renommée littéraire de Toulouse est devenue inséparable de celle d'Armand Praviel. Déjà, au temps que je débutais dans les lettres, en la cité
languedocienne, Praviel apparaissait comme un jeune maître. 11 était d'ailleurs maître-es-Jeux Floraux. Je me plais à me le rappeler en cette
époque, parcourant les vieilles rues de Toulouse, entre ses deux fidèles
ÉVY-DHURMER
�- 253 —
amis, entre le monocle de Pierre Fous et la cravaté lavallière de J. K. de
Brousse. Praviel, un feutre à larges bords sur sa face entièrement rasée,
les cheveux plutôt longs sur la nuque, enveloppé dans une cape noire
à l'espagnole, avait l'air d'un jeune prêtre. N'était-il pas prêtre de
Clémence Isaure ? De bonne heure, le poète qui dirigeait la catholique
Ame Latine avait acquis à Toulouse une réelle réputation. Sa valeur
d'écrivain et d'artiste, son activité la justifiaient. Car Armand Praviel,
ardent, aimant la lutte, s'est toujours prodigué. Directeur de revue,
rédacteur de ÏExprcss du Midi, il montait sur la scène pour faire des '
conférences. Ou mieux pour les jouer. Il signait la chronique théâtrale à
l'Express; sa redingote grise était légendaire parmi les habitués des
fauteuils d'orchestre.
Aujourd'hui Armand Praviel occupe une place importante dans les
lettres françaises, tant en province qu'à Paris. Il collabore au Mercure
de France et à la Revue Hebdomadaire. 11 est arrivé de la manière la
plus probe et la plus honnête : par ses dons comme par son incessant
labeur. Le jeune prêtre d'Isaure, sans rien perdre de sa jeunesse, a atteint
à la haute dignité de prélat. 11 montre d'ailleurs, lorsqu'il parle en public
ou dans l'intimité, — car il est un causeur des plus vivants, — de véritables mains de prélat, fines, pâles, expressives. Cet écrivain, au style
nerveux, imagé, ferme, animé, empli de ferveur, possède une vingtaine
de livres à son actif. Cinq ouvrages de poésie, dont l'un, La Tragédie
des Soirs, a été édité par Lemerre, et dont le dernier, Le Cantique des
Saisons, a obtenu le prix de littérature spiritualiste. Trois romans ou
recueils de contes, notamment ce Péché d'Aveugle qui se rangé parmi
les plus célèbres livres d'âmes. Avec L'Assassinat de Monsieur Fuatdès,
L'Histoire tragique de la belle Violante, l'Aventure de la Duchesse de Berri,
Praviel a rénové le roman historique. 11 a publié aussi de nombreux
ouvrages de critique littéraire, plusieurs anthologies.
Originalité de cette carrière littéraire, suffisamment rapide et cependant bien assise : Armand Praviel n'a jamais voulu quitter Toulouse.
Si on le rencontre assez souvent à Paris, il ne s'y fixe pas. La cité de
briques le retient. Le voilà mainteneur des Jeux-Floraux et parmi les
« têtes, » de L'Express du Midi. Le régionalisme compte en ce poète un
de ses* défenseurs les plus convaicus et les plus zélés. Praviel a réuni
une anthologie du Félibrige, et, sous le titre de L'Empire du Soleil, il a
rassemblé des scènes et des portraits félibréens. Dans Les Provinciaux,
il s'est plu à étudier, entre autres le grand Mistral et notre cher Pouvillon, si coloré et si délicat à la fois.
Régionalisme, — Praviel tient en horreur ce qu'on appelle le parisianisme, qui nivelle les tempéraments, — et catholicisme caractérisent
l'œuvre de l'auteur des Poèmes Mystiques. Mais ce catholique n'a rien
d'austère ni d'étroit. Armand Praviel garde autant de libéralisme que de
�— 254 verve. Il s'intéresse à toutes les productions de l'esprit. Il a composé sur les
personnages typiques du théâtre, de Hamlet à Scapin, des vers qui sont
des plus pittoresques, des plus émouvants. Et lorsqu'on a eu la bonne
fortune d'entendre le poète réciter lui-même ses vers, on reste persuadé
que ce parfait écrivain, s'il l'avait voulu, aurait pu être un comédien
de tout premier plan.
P. S.
BIBL.IOGfifl.PHlE:
POÉSIE : Poèmes Mystiques (1901) Ed. de La Lutte, Bruxelles. — La Ronde
des Cygne* (1901), odelettes et sonnets, Ed. de L'Ame Latine, Toulouse. — La
Tragédie du Soir (1903), Paris, Lemerre. — L'Exercice du Chemin de la Croix,
sonnets (1907), Ed. de L'Ame Latine, Toulouse. — Le Cantique des Saisons, mm
(1913), Ed. du Temps Présent, Paris. Ouvrage couronné par le Comité de Littérature Spiritualiste (prix Claire Virenque).
Tous ces ouvrages sont épuisés.
En préparation :' Jeux du Cirque.
ROMAN : Péché d'Aveugle (1906), Paris, Perrin. — Les Routes de Gascogne.,
croquis de chez moi (1908), Paris, Nouvelle librairie Nationale, Coll. Les Pays
de France. — Jamais Plus, roman d'une province qui s'en va (1922), Paris, Bloud
et Gay.
HISTOIRE ET CRITIQUE : LAnthologie du Félibrige (en collaboration avec
J. R. de Brousse) Morceaux choisis des grands poètes de la Renaissance méridionale
au xixr siècle (1909, Paris, Nouvelle Librairie Nationale). — L'Empire du Soleil,
scènes et portraits félibréens (1909). Paris, même librairie, col. les Pays de France.
2e édition, Toulouse, Privât. — L'Assassinat de Monsieur Fualdès (1922) Paris,
Perrin, Nouvelle collection historique : Enigmes et Drames judiciaires d'autrefois. Préface de M. Marcel Prévost, de l'Académie française. — L'Histoire tragique de la belle Violante (1924), même librairie, même collection. Ouvrage couronné par l'Académie française (prix Montyon de 2.000 fr.).— Histoire anecdotique
des Jeux-Floraux (1924), Toulouse, Privât, et Paris, Didier.
— Provinciaux :
Mistral, Pouvillon, Ch. de Pomairols, Jules de Rességuier, Coraly de Gaïx, Eugénie de Guérin, l'abbé Jean Barthès, le F. Sas-mien, etc. Paris, la Renaissance du
Livré, Bibliothèque internationale de critique. — L'Anthologie des Jeux Floraux
(en collaboration avec J.-R. de Brousse, Paris, Nouvelle Librairie Nationale (1924).
— L'Aventure de la duchesse de Berri (1925), Paris, Hachette, collection les
e
Récits d'autrefois.
EN PREPARATION : Notre-Dame de Praslin ; La Dame des. Poisons, M. de
Tu rie et Martin Guerre, récits historiques.
La Côte d'Argent, le Pays Basque et le Béarn. 1 volume de la collection .Les
Beaux Voyages, Rey, Grenoble.
Du Romantisme à la Prière, études critiques.
�GASPARD-rvlAlLiLiOLi
Graveur, Papetier et Peintre
La firme du Pégase, créée naguère pour le plaisir des bibliophiles,
vient de publier une seconde édition de l'album de bois gravés par
Gaspard-Maillol, Petites Eglises de la Guerre. On en parle dans les
journaux comme dans les revues d'art. Occasion opportune pour portraiturer et présenter Gaspard-Maillol.
Dans la préface que je me suis plu à écrire pour Les Petites Eglises
de la Guerre, je me suis essayé ainsi à un portrait du xylographe : « Parmi les régions que la guerre a dévastées, l'artiste-soldat chevauche,
sa barbe blonde un peu hirsute, ses cheveux un peu trop longs, ses
larges lunettes rondes à la Chardin s'unissant dans un contraste curieux
sous la bourguignote. Sa mission militaire accomplie, le voici qui descend de cheval. Sous la pluie, sous la neige comme sous l'aident soleil,
dans le temps que tonnent continuellement les canons, il s'arrête devant
une petite église rencontrée sur sa route, et se met à la dessiner avec
ferveur. Plus tard, dans le cantonnement de repos, dans la cagna, le
xylographe gravera son dessin dans le bois, distribuant largement les
blancs et les noirs. »
Première image de Gaspard-Maillol. Cet album des Petites Eglises
voisine dans l'œuvre gravé de l'artiste avec un autre : Femmes. Femmes
dans leur nudités ou leurs déshabillés, ici s'étendant, les cheveux dénoués,
sur la blancheur du lit, là mettant un bas, assises sur des divans, ailleurs
passant une chemise. Deux ouvrages d'inspiration bien différente, mais
qui appartiennent cependant au même auteur par la robustesse du
métier, ainsi que par le souci d'une recherche de perfection dans l'art
du livre.
Et le papier sur quoi ces deux albums ont été tirés a été fabriqué par
Gaspard-Maillol lui-même. Car le xylographe s'est fait papetier pour
échapper aux mauvaises productions papetières actuelles, destinées à se
détériorer rapidement. 11 a créé, quelques années avant la guerre, avec
son oncle, Aristide Maillol, ces papiers de Montval, fabriqués uniquement
à la main, en dehors de toute combinaison chimique, séchés à l'air. Des
papiers dont l'aspect rappelle celui des murailles, et si souples cependant.
Et voici une seconde image de Gaspard-Maillol : Gaspard-Maillol
faisant une feuille de Montval. Au-dessus de la cuve, les manches de sa
chemise retroussées jusqu'aux coudes, il tient de ses deux mains le
châssis, attentif à égaliser la pâte. En dépit de ses cheveux presque
en broussaille, il montre le visage grave de celui qui accomplit une
sorte de rite. 11 a toujours eu la foi dans « son papier ». Il a eu raison.
�Les papiers de Montval, après avoir clé Fabriqués dans le doux petit
village d'Ile-de-France,. puis dans la petite usine du Mans, ont trouvé
le cadre h plus approprié en l'ancienne manufacture royale de Çarison
et Montgoli'ier, à Vidalon-les-Annonay, où Maillol dirige les travaux.
Le succès a donc couronné les efforts du graveur papetier.
Mais, papetier et graveur, Gaspard-Maiïlol demeure toujours peintre.
« Je suis peintre ! » annonçait-il de sa voix vibrante, en appuyant sur
le p, de même que s'il mettait la pédale forte, dans le temps .que je
l'ai rencontré pour la première fois à Toulouse. L'artiste dessinait à
cette époque des grues et des danseuses de café-concert, qu'il rehaussait
de tonalités crues d'aquarelle émergeant parmi des ombres d'encre.
Manière qui lui était particulière par le procédé et par l'allure fougueuse.
De la fougue, Gaspard-Maillol n'en apportait pas d'ailleurs que dans
ses dessins. Aux réunions des Artistes Méridionaux où, aux côtés d'Auguste Guénot, il représentait les tendances d'avant-garde, il brandissait
souvent sa chaise par le pied pour affirmer la valeur combattive de ses
convictions." L'ardent Catalan s'est un peu calmé depuis. S'étant marié,
il a pris pour thème de ses aquarelles et de ses peintures les gestes féminins dans l'intimité paisible de la vie quotidienne, dans les occupations
de la toilette ou de la couture, les soins du jardin, la sieste allongée sur
le fauteuil de toile.
Le peintre pourtant aime sortir de sa maison pour s'en aller peindre
la nature. 11 a brossé de nombreux paysages dans tous les pays où il a
séjourné, dans l'Ile-de-France, dans la Sarthe, en Bretagne, à Banyulssur-Mer. 11 possède le goût des couleurs corsées et franches, le besoin
de la pâte pleine, le culte de l'équilibre linéaire, la vision large des
volumes.
Et voilà un troisième portrait de Gaspard-Maillol : Gaspard-Maillol
paysagiste. Je le revois, sans chercher longtemps dans mes souvenirs,
en me reportant à quelques journées trop rares, emplies du bonheur de
l'insouciance. André Fraye et Gaspard-Maillol avaient planté leurs chevalets dans une prairie bretonne, devant le même motif, des feuillages tressant une corbeille de verdures pour y enclore la mer. Maillol, un feutre
noir ayant mis la courte veste d'une salopette bleue sur son veston gris qui
dépassait en dessous sur la tête, de plusieurs eentim., maçonnait, selon
son expression, la toile de solides empâchements, avec une application
soutenue. C'est à peine s'il prenait le temps de jeter un regard de méfiance vers une vache qui menaçait, en paissant, de renverser son chevalet, ou
un coup d'œil de mépris vers un groupe de snobs qui s'essayeaient ctan»
amicales de Fraye. Et lorsque le soir venu, Gaspard-Maillol quittait le
terrain, il laissait sur l'herbe ravagée toutes les colorations de sa palette !
PAUL-SENTENAC.
�MRSQUES
(Invite à l'amour)
HëatFy
RAM «Y.
�Gaspard
MflILLOL
Bois gravé (3'Augnste
ROUQUET,
�— 257 —
OUVRRGES DE BOIS GRAVÉS.
Petites Eglises de la Guerre, avec préface de Paul Senrènac; Editions AinIré.
1908. — 2e Edition définitive à l'Enseigne du Pégase, sur papier de Montrai.
Novembre 1926. — Femmes, avec préface de René-Jean, Edition de la librairie
Powlozski, sur papier de Montrai. — Scraphynia, conte d'Alexandre Merce
reau, même éditeur, sur papier de Montval. — Les quatre, graveurs du Mont,
en collaboration avec R.N. Raitnbault. Brbùtelle, Térouarme. Texte de Paul
Sentenac et Emmanuel de Thtiberl. Edition de La Douce France, sur papier
de Montval.
En préparation : Baigneuses, texte de Forot. — Profil, Faces et Trois-quarts,
texte de Carco. — Danseuses, texte de Paul Sentenac. — Illustrations de Ton
Pays sera le mien, d'André Lamandé. .. La Passante d'un soir de neige, de
Marcel Clavié, etc.
A la liante Méridionale (Cârçassonne), La Vie, Les Images de Paris, La
Heure, La Tramontane, La Revue de l'Epoque, Les Feuillets Occitans, etc.
Salon d'automne. Société Nationale des Beaux-Arts, Salon des Indépendants,
Société des Artistes Méridionaux, à, Toulouse. Société de la Jeune Gravure
sur bois (galerie Devamhez), Groupe des Graveurs sur bois (galerie du
Nouvel Essor).
Tableaux acquis par l'Etat (Salon Occitan, 1926). Album acquis par le
musée de la Guerre, etc.
Etude dans sa Guirlande de Masques, de Paul Sentenac, dans sa Nervie,
par Antoine Orliac, dans Le Hun Plaisir, par Marc Lafargue dans VArt et
les Artistes; Le Coq Catalan par Paul Sentenac, Lu Tramontane, par Charles
Bauby, la Renaissance du vrai papier, racontée par R. N. Ramibault, dans
la Revue Moderne par Clément Maro, etc..
Po-'traits et dessins à la plume par le peintre Ripp-Ronaï. — Gravure sur
bois par Emile Aider, dans la Guirlande des- Masques. — Dessin au crayon
par Henri Gizard (L'Ouest Sportif). — Bois gravé, par Antoine Gallien (La
Tramontane et Comœdia). — Dessins au crayon, par Paul Sentenac (La Berne Méridionale). — Photographie d'art, par Manuel frères (Salon d'automne 1925). — Bois gravé, par Auguste Rouquet (Feuillets Occitans 1925).
�Tables te Juillet* Occitans
(Années 1925 et 1926)
Table de 1925
Beaux-firts
Fernand CRÉMIEUX : La Musique occitane; Un « Opéra languedocien » à la cour de Louis XV; Daphnis et Alcimadure de Mondonville, 73.
PAUL-SENTENAC : Henry Lapauze, 19; Chronique artistique, 56; Notre Exposition, 61; Les Artistes occitans à l'Exposition
des Arts Décoratifs, 83.
—
Ltettres françaises
Adrienne BLANC-PÉRIDIER : Entre Tentale et Prométhée, poème, 37.
Jo GlNESTOU : Les Livres, 40.
Jean LEBRAU : Nostalgie,
poème, 80.
Frédéric SAISSET : Lo F'ardai, poème, 38; Les Livres, 40.
F. C. : Benjamin Crémieux et Pirandello, 12. —
P. S. : Dzim-Boum, par Jo Ginestou. — X. : Les Livres, 81.
—
—
—
Lsettres Oeeitanes
—
Paul ALBAREL : Lou bourrou, 7.
Léon AURIOL : Bendémios al
bilatge, 55. ~- Prosper ESTIEU : La Basilica, 6.
E.-H. GuiTARD :
Bibliographie occitane, 53; Nouvelles Félibréennes, 8, 50, 95.
—
�259 —
Questions Oeeitanes.
: Le Groupe occitan et le régionalisme, 33. —
occitan, 29.
Fernand CROS-MAYREVIEILLE :
L'Activité du Groupe Occitan, 68; Le Mouvement économique occitan, 66; Travaux de la Section économique, 30.
Léon DOUARCHE : Peut-on exporter nos vins du Midi en Europe Centrale, 110.
— E.-H. Gui TARD : Le Problème occitan; La Question de la langue
d'Oc à l'école, 1, 42, 91.
Emile PEYROMAURE : Réponse à l'enquête concernant la question de la langue d'oc à l'école, 94. —
Emile Roux-PARASSAC : Réponse à l'enquête concernant la question de la langue d'oc à l'école, 92.
A. de SAINT-VINCENT-BRASSAC : L'Occitanie et le monde latin; Le Section de l'Amérique latine
au Collège des Sciences sociales, 103.
V. SELVES : Les Ressources économiques du Languedoc et du Roussillon; La Montagne
Noire, 107.
CHARLES-BRUN
COMET
—
L'Office
:
—
—
—
—
Têtes Oeeitanes
Pierre
R.
: Charles-Brun, 22; Achille Rouquet, 100.
: Pierre-Viala, 97.
A. R. : Paul-Sentenac, 25.
LHORTE
MARSAIS
—
—
Variétés
Prosper
MONTAGNE
: La cuisine occitane,
70.
Illustrations
Bois
Paul
: La tour Gaston Phœbus, (Château de Foix), 18.—
A. CHABAUD : L'homme à la pipe, (couverture Feuillets 4-5) —
Gaspard MAILLOL : Baigneuses (couverture Feuillets 1 et 2-3). —
Achille ROUQUET : Bandeaux 1, 12, 19, 33, 39, 42, 56, 61, 81, 83,
91, 103, 107, 111, 114; Lettrines et culs de lampe. — Auguste
ROUQUET : Charles-Brun, 22; Paul-Sentenac, 25; Clocher du Lauraguais, 65; Moulins du Lauraguais, 73; Achille, Rouquet, 100. —
Achille et Auguste ROUQUET : Pierre-Viala, 97.
CASTELA
Reproductions phothographiques
: La Cheminée des Contes de Fées (Feuillets 4-5). —
Edouard DOMERGUE-LAGARDE : Panneau décoratif (Feuillets 4-5).—
Henry FAVIER : La porte d'honneur à l'exposition des Arts décoratifs (Feuillets 4-5).
Auguste GuÉNOT : Le tailleur de Pierre
(Feuillets 4-5)
DARDÉ
—
�— 260 —
Table de 1926
Beaux-Arts
Achille ASTRE, Art et Curiosité. 232. — Albert BAUSIL . le Souvenir de Déodat de Séverac, 71. — Jacques BAUDRY : Le Festival
Rey-Ahdreu, 167. — Fernand CRÉMIEUX : Joseph Fontbernat et
le chœur occitan, 165. — H. FAVIER : Essai d'architecture méditerranéenne, 123. — E.-H. GUITARD : L'écroulement du clocher de
la Dalbade, 73. — Jean MORINI-COMBY : Vers une esthétique occitanienne du cinéma. L'Idée et l'écran, 116. — PAUL-SENTENAC : Le
Salon du groupe occitan, 17; Grandes et petites expositions, 65;
Sous l'œil bleu-gris de Gustave Geffroy, 107; La Saison des expositions, 159; Sur les Cimaises, 221. — D' Paul RAMAIN : Un cinéaste
occitan; l'Art cinégraphique de Jacques de Baroncelli. 118. —
Charles ROUSSILLON : Le Salon d'automne à Perpignan, 230. —
F. G., A. R. : Echos, 114. — Festival Rey-Andreu, 228.—
Iiettres françaises
François-Paul ALIBERT : Le sommeil de la Terre 201. — Denys '
AMIEL : Un Théâtre régionaliste, 1. — Albert BAUSIL : Stances
à Séverac, poème, 54. — Jean CABRIÉ : Les Livres, 309. — Jean
CAMP : Le patois, poème, 203; — Fernand CRÉMIEUX : Joseph Caraguel, écrivain narbonnais, 49; Les Livres, 150, 207. — Henri GAUTHIER DU BAYL : L'Excellence Valérienne, 89. — André LAMANDÉ :
A l'œuvre pour l'Occitanie, 45. — Jean LEBREAU : Les Poilus, de
Joseph Delteil, 100; Colchiques du Lampy, poème, 202. — Pierre
LHORTE, : Les Livres, 10, 206. — MORINI-COMBY, : Les Livres, 204.
— Henry NOELL : L'Ame catalane d'autrefois et d'aujourd'hui, 4;
Les Livres, 57, 152. — Elisabeth L. POURCHEROL : Les Armes de
Nîmes, 13. — Armand PRAV1EL : Leçons, et exemple, 145. —
Albert PujOL : La main du Millénaire, 197. — Pierre SAINTGlRONS : Les Livres, 60. — Frédéric SAISSET : Les Livres, 10, 62, 94;
Le Roussilion, pays de lumière et de joie, 187. — Léon SOULIÉ :
Les Pins, poèmes, 103. — Gabriel TALLET : La Fête-Dieu, poème,
158. — Suzanne TEISSIER : Les Mimosas de Bon-Secours, poème,
55. — TOUNY-LÉRYS : O Terre aimée, 8. — A. R. : Les Livres, 98. —
J. C : Les Livres, 59. — R. R. : Les Livres, 99.
�— 261
Lettres Oeeitanes
Jean CAMP : Pierre Azema, 219. — Marcel CLAVIÉ : Les Livres,
32. — Paul-Louis GRENIER : Bibliographie occitane, 31, 83, 133,
174, 216; A travers des Revues, 217. — Joseph LOUBET : Ves-pre
autounenc, poème, 169. — Antonin PERBOSC : Fablèls, 211. —
Joseph-Sébastia PONS : La Vinya de l'Ajup, 135.
Questions Oeeitanes
ALCANTER DE BRAHM : Réponse à l'enquête concernant la question de la langue d'oc à l'école, 77. — Jean CAMP : L'Amérique
latine et nous, 40; Les Pays latins et nous, 140. — DR CLÉMENT :
Réponse à l'enquête concernant la question de la langue d'oc à
l'école, 126. — Fernand CROS-MAYREVIELLE : Les Fêtes méridionales
de Strasbourg, 233. — E.-H. GUITARD : Enquête concernant la question de la langue d'oc à l'école, 28, 77, 126. — Jean MORlNi-COMBY :
Le mouvement économique, 136, 177. — Abbé J. SALVAT : Réponse
à l'enquête concernant la question de la langue d'oc à l'école, 126.—
V. SELVES : Les Ressources économiques du Languedoc et du
Roussillon; La Montagne Noire (suite), 86. — DR Charles VIDAL :
Réponse à l'enquête concernant ta question de la langue d'oc à
l'école, 28.
Têtes Oeeitanes
PAUL-SENTENAC : Etienne Rey-Andreu, 36; Armand Praviel, 244;
Gaspard Maillol, 247. — ROUQUET : Jean Lebrau, 143. — Frédéric
SAISSET : Adrienne Blanc-Péridier, 33; Pierre Vidal, 84. — Abbé
Joseph SALVAT : Auguste Fourès, 183.
Variétés
F. de CARSAC : La Carte des Vins du Languedoc, 42; Chronique
viticole, 241. — Jean-Paul ARISTË : Pensées gourmandes, 237.
Illustrations
Bois
Auguste CHABAUD : bois gravés, 16, 233. — L.-P. CADÈNE : Illustrations pour « Vin rouge » — Louis CLAUDEL : Les Ausils (près
Narbonne), 105. — COSTA, 17. — DESNOYER, bois gravé, 187.
�— 26-2 —
— Jean-Jules DuFOUR : Ste Cécile d'Albi, 25. '— LAGARRIGUE :
Avant le marché, 67. — Gaspard MAILLOL, 9, 35; Clocher de la
Dalbade (Couverture Feuillets 8-9). — E. ROGER : Plat et Vase, 3.—
A. ROUQUET 1, 4, 15, 45, 65, 77, 84, 89, 116, 145, 150, 159,
165, 169, 174, 177.; Nature morte (couverture Feuillets 10-11-12). —
Achille et Auguste ROUQUET ; Adrienne Blanc-Péridier, 33. —
Achille ROUQUET : Argeliers (Aude), 28; Auguste Fourès 183;
Couverture Feuillets 13-14-15. — Auguste ROUQUET : Alet (Aude),
21; Etienne Rey-Andreu, 36; Cabrespine (Aude) (Couverture des
Feuillets 6-7); Moux, 94; Joseph Delteil, 100; Le Toréador, 113;
Paul Valéry (Feuillets 10-11-12); Jean Lebrau, 143; Armand Praviel,
244; Gaspard Maillol, (Feuillets 16-17). — Max THÉRON : bois
gravé, 201.
Reproductions photographiques
CALMON : Paysage (Feuillets 6-7). — DESNOYERS : Femme assise (Feuillets 6-7). — DOMERGUE-LAGARDE : La vieille Gasconne
(Feuillets 6-7). — FAVIER : Maison pour un ferronnier à Paris
(Feuillets 6-7). — A. GUÉNOT : La Bacchante à l'Enfant (Feuillets 6-7). — LAPRADE : Dessin (Feuillets 6-7). — Jean MAGROU :
Le cortège de Dyonisos (Feuillets 6-7); Le Cardinal de Cabrières
(Feuillets 10-11-12). — PARAYRE : La Femme assise (Feuillets 6-7).
— POUVILLON : Intérieur (Feuillets 6-7). — RAMEY : Nature morte
au masque (Feuillets (6-7); Nature morte (Feuillets, 16-17). —
P. RAMOND : L'arbre de Judée (Feuillets (6-7). — H. de TOULOUSELAUTREC : La Danse au Moulin-Rouge (Feuillets 10-11-12); La
Femme au boa (Feuillets 10-11-12). — Eugène VIALA : La Place du
Village (Feuillets 6-7).
ATJCH. — IMPRIMERIE V, COCHARAUX, RUE DE LORRAINE,
C.l.0.0.
BÉZIERS
18.
�Les Papiers de Montval
créés par GASPARD-MAILLOL doivent être désormais
employés pour les impressions de luxe, les belles éditions,
la lettre, la taille-douce, et l'eau-forte.
Ces papiers uniquement composés de pur fil, chanvre, soie,
sont fabriqués à la forme et à la main par GaspardMaillol et son fils, et ne contiennent aucun ingrédient
chimique.
Ils sont un support indestructible de la pensée humaine.
S'adresser, 3g, rue Palestro, Paris,
à M. Gaspard-Maillol.
nos heeteups
Le présent numéro est le dernier de la première série des « Feuillets
Occitans ». Avec lui se termine la période d'essais de notre revue et du
Groupe Occitan. Le succès que notre tentative à rencontré, nous encourage
à agrandir notre champ d'action et, sur un plan plus large, de faire des
Feuillets l'organe le plus complet du régionalisme moderne, dans toutes les
manifestations de la vie occitane.
Nous.avons tenté, avec nos modestes moyens, de donner à notre revue une
présentation agréable ; nous avons voulu montrer quel lien spirituel unissait l'écrivain occitan de langue française à l'écrivain de langue occitane ;
nous avons pensé que l'esprit d'une race inspirait les uns et les autres et
que les grandes lignes de la tradition occitane se retrouvaient dans l'architecture, de nos oeuvres qu'elles soient écrites en langues d'oc ou d'oil, peintes, gravées ou sculptées. Nous avons voulu montrer toute la force de notre
civilisation méditerranéenne. Charles Brun et André Lamondé ont exprimé
à nos lecteurs notre pensée et notre action. Nous avons également fait cette
tentative de rapprocher le producteur de l'artiste et nous avons donné dans
nos Feuillets des études économiques.
Dans la nouvelle série des « Feuillets Occitans » nous apporterons avec
des moyens plus puissants le même soin à la réalisation de notre programme.
LES FEUILLETS.
N.-B. — Le montant de l'abonnement aux « Feuillets Occitans » est porté
à, 30 francs par an pour 1927. Nos lecteurs comprendront que l'accroissement des prix, et le développement de notre revue justifient cette augmentation.
�Ltes Revues.
Paris nous offre aujourd'hui, entr'autres périodiques, le Divan en sa dis
crête robe vert sombre, avec la finesse concentrée de ses critiques, le lyrisme retenu de ses poètes, les notes précises et élégamment réduites de ses
ses commentateurs. Notons particulièrment un incisif croquis d'Henri Duclos : « A la proue de nos villages » qui chante le clair étang roussillonnais, les corbières de pierres précieuses, l'Aric, le Canigou de marbre, et
Dominique, patron du Languedoc. Jean Lebran exalte sa province dans
l'Ermitage sensible et averti.
La Revue des indépendants, Poésie, Esope, La Science historique, nous
retiennent aussi par leurs bonnes feuilles.
Des marches septentrionales, nous viennent le Mercure 'de Flandre, le
Flambeau du Nord, le Beffroi de Flandre, l'Est dramatique, tous curieux
à divers degrés.
La Mouette s'enrichit des nhms dès meilleurs écrivains normands qui sont
nous le savons, gens d'envergure ; le Fleuve lyonais présente un vivant
André Picard par la plume d'André Lamandé qui est trop ici chez lui pour
que nous fassions son éloge. De Lyon encore, Vidée Neuve et son étrange
« Décagone ». D'Orléans (qui l'eût cru ?) Le Grenier, superbement présenté et parfaitement écrit ; de Dijon enfin, le remarquable Essor, d'un luxe
et d'une présentation peu communes.
Et voici la riche théorie de nos revues méridionalés : l'Auvergne littéraire avec son numéro spécial de septembre consacré au. congrès des écrivains de France et au livre de la région ; lou Bournat du Périgord ; les
publications de déracinés... récalcitrants : l'Aude à Toulouse, le Gard à
Paris ; la Tramontane de Perpignan chantant les splendides « aplecs' » de
Font Romeu ; Biou y Toros de Nimes ; Lo Gai Saber de Toulouse ; les Pyrénées littéraires ; Divona qui vient de naître à Cahors et dont le début magistral est plein de promesses. On y lit notamment quelques bonnes pages
du roman récent de Lamandé « Les Enfants du Siècle », de judicieuses
remarques appliquées' au Quercy sur le livre de la région et une étudê
sur « Vin Rouge » poème et Histoire de la crise vinicole de 1907, gonflé de '
seve comme une jeune vigne.
z
Voici enfin les frémissantes « Tablettes » de la Côte d'Azur où nous retrouvons avec joie de beaux bois d'Auguste Rouquet ; de par delà la mer,
voici le Languedoc à Alger et La Terre d'Afrique, dont le sommaire et les
illustrations noue attestent la vitalité exubérante et forte du milieu artistique et littéraire de l'Algérie.
J. C.
De la Côte d'Azur également on annonce la naissance prochaine
grande revue d'art dirigée par Paul Castela,
d'une '
�Les Feuillets Occitans
Bulletin mensuel du Groupe Occitan
ORÊANË RÉGIOMALISTK DES PAYS D'OC
Bareauï de la Rédaction : 41, Boulevard des Capucines, PAHIS
TÉI.KI-HHM : GUT. 78-19.
Jour de réception : le mercredi de 6 à 7 h.
-Dé^ôt et "Vente :
Librairie « ÛEriiania s, E, Psssana i'arJîaii, Paris, et 9, RUE tomt, à loulou» ;
Librairie Rjrçsîit?. à Ciffasane; Hall des Grends fésicnaux, à Paris.
Les Presses plTersitaires île France, 49, Boulevarâ Saiot-Micnel, Paris.
COMITÉ DE RÉDACTION :
Le Comité. .Directeur chi Groupe O'-citan.
(Les manuscrits doivent être adressés à M. Auguste
Principaux collaborateurs :
ROUQUET,
Secrétaire général)
Lettres Françaises : J. F. Paul AZJBERT; Jean AMADE; Achille ASTRE;
Jean AZAIS; Daniel BAQUÉ; A. BAUSIL; Adrienne BLANC-PÉRIDIER ; BOYERD'AGEN; Jean CAMP; Paul CASTELA;
CHARLES-BRUN;
G. CHER A U, de l'Académie Goncourt; Marcel CLAVIÉ; M. COULON;
Benjamin
CRÉMIEUX; Fernand CRÉMIEUX; Joseph DELTE1L; DENYS4-AMIEL; Henri
DUCLOS; Raymond ESCHOLIER; Lucien FABRE; Henri FESCOURT; Ernest
GAUBERT; H. GAUTIER du BAYL; Jo GINESTOU; Henry de GORSSE;
Jehan d'ARVIEU; Vincent HYSPA; Pierre JALABERT ; ROMUALD-JOUBÉ ;
Jean LEBRAU; J. MORINI-COMBY; H. MUCHART; Henri NOELL;
Ch. PHALIPPOU; J.-S. P»NS; Armand PRAVIEL; Albert PUJOL; Dr RAMAIN;
A. ROUQUET; Charles ROUSSILLON; J. ROZÈ3 de BROUSSE; Frédéric
SAISSET;
PAUL-SENTENAC ; Léon SOULIÉ; TOUNTLERYS; F. TRESSERRE: Suzanne TESSIER; Paul VALERY, de l'Académie
Française; Georges VILLE; Jules VERAN, etc.
Lettres Occitanes : Professeur ANGLADE; Jules AZEMA: Dr Paul ALBAREL;
Léon AURIOL; Prosper ESTIEU; Adolphe FALOAIROLLE ; M. FRISSANT;
Ismaël GIRARD; P.-L. GRENIER; E.-H. GUITARD; Léon JULTA; J. LOUBET;
Antonin PERBOSC;
Jean PUEL Emile RIPERT; José ROUQUET; Abbé Joseph
SALVAT; Dr SOULA, etc., etc.
Beaux-Art s : BERNARD; Auguste CHABAUD; CALMON; Louis CLAUDEL;
DESNOYERS; DOMERGUE-LAGARDE; L.-C. AYMAR; H. FAVIER; FONTBERNAT; Mme GAUDION; A. GUENOT; GASPARD-MAILLOL; A. LAGARIGUE; Pierre LAPRADE; Jean MAGROU; Jean M ARSEILLAC ; MAXTHERON; PARAYRE; RAMEY; RAMOND ; E. REY-ANDREU; Achille ROUQUET; Auguste ROUQUET, etc., etc.
Etudes Economiques : Gaston COMBELERAN; Emile COMET; L. DOUARCHE;
Jean DUPUY Aimé GRANEL; A. PASSERIEUX; Pierre du MAROUSSEM, etc.
Histoire, Archéologie, Fok-Lore : Fernand CROS-MAYREVIEILLE; E. ROUXPARASSAC; Prosper MONTAGNÉ; FOIX.
Les Chroniques de l'Amérique Latine ; Jean CAMP; de SAINT-VINCENT BRASSAC.
Les Chroniques Italiennes : César SILVAGNI.
Les Chroniques Espagnoles : Jean CAMP.
Les Chroniques Roumaines : Jean CAMP.
Chroniques Régionales.
�Bols <!e
CADBKI
pour Vix Roues.
// a été tiré du -présent numéro
exemplaires de luxe numérotés
hors commerce, sur papier de
Montval, de G. Maillol.
20
Ex. n*
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Patrimoine écrit occitan:périodiques
Description
An account of the resource
Ce set contient les périodiques numérisés par le CIRDÒC issus des collections des partenaires d'Occitanica
Revista
Item type spécifique au CIRDÒC : à privilégier
Variante Idiomatique
Languedocien
Région Administrative
Languedoc-Roussillon
Aire Culturelle
Languedoc
Roussillon
Type de périodique
Revistas d'estudis localas = Revues d’études locales
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Les Feuillets occitans : Languedoc, Roussillon, pays d'Oc. - 1926, n°16-17 (Novembre-Décembre)
Subject
The topic of the resource
Littérature occitane -- Périodiques
Mouvement occitan -- Périodiques
Régionalisme -- Périodiques
Régionalisme (littérature) -- Périodiques
Description
An account of the resource
Les Feuillets occitans. - 1926 - N° 16-17
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Cros-Mayrevieille, Fernand
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Groupe occitan (Paris)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1926-11
1926-12
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public/Domeni public
Relation
A related resource
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Is Part Of
A related resource in which the described resource is physically or logically included.
Les Feuillets occitans (<a href="http://occitanica.eu/omeka/items/show/12808">Accéder à l'ensemble des numéros de la revue</a>)
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol. (p. 188-262)
Language
A language of the resource
oci
fre
Type
The nature or genre of the resource
Text
publication en série
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
http://occitanica.eu/omeka/items/show/12828
FRB340325101_M3_1926_16_17
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
19..
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence ouverte
Date Issued
Date of formal issuance (e.g., publication) of the resource.
2016-03-29 Françoise Bancarel
Date Modified
Date on which the resource was changed.
2016-06-08
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Saisset, Frédéric
Pujol, Albert
Alibert, François-Paul (1873-1953)
Lebrau, Jean (1891-1983)
Camp, Jean (1891-1968)
Perbosc, Antonin (1861-1944)
Rouquet, Auguste (1887-19..)
Sentenac, Paul (1884-1958)
Ariste, Jean-Paul
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Les Feuillets occitans. - 1926, n°16-17 (Novembre-Décembre)
Source
A related resource from which the described resource is derived
Mediatèca occitana, CIRDOC-Béziers, M 3
Occitanica
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Bibliotèca
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Le type dans la typologie Occitanica
Numéro de revue
Catégorie
La catégorie dans la typologie Occitanica
Documents
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Le contributeur à Occitanica
CIRDOC - Institut occitan de cultura
Art
Illustracion dels periodics=Illustration des périodiques
Literatura occitana = littérature occitane
Movement occitan=Mouvement occitan
Novèlas=Nouvelles
Poesia=Poésie
-
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adad0d9f07ecf25e31f11a975d90f938
PDF Text
Text
2' ANNÉE
i3",
14'
et i5e Feuillet.
AOUT-SEPTEMBRE-OCTOBRE
1926
Le N°
: 3
fr.
LES FEUILLETS
LANGUEDOC RoussiixoN
PAYS D'OC
1
ORGANE DU GROUPE OCCITAN
41, Boulerard des Capucines, 41
PARIS
�SOMMAIRE
Les Lettres Françaises :
Leçons et exemple
Les Livres
La Fête-Dieu, poème
. .
Armand
PRAYIEL.
F. CRÉMIEUX;
Gabriel
Henry
NOELL.
TALLET.
Beaux Arts :
La Saison des Expositions
Josep Fonthernat et le chœur Occitan
Le Festival Rey-Andreu
PAUL-SENTENAO.
P. CRÉMIEUX.
Jacques
BAUDRT.
Les Lettres Occitanes :
Vespre autounenc
Bibliographie Occitane
José LOUBEL.
P.-L. GBENIER.
Le Mouvement économique :
Chronique
J. MORINI-COMBY.
Têtes Occitanes :
Auguste Fourés
Abbé J.
Illustrations pour « Vin Rouge »
Culs de lampe de « Vin Rouge »
Portrait de A. Fourés
Bandeaux
L.-P. CADÈNE.
L.-P. CADÈNE.
Achille ROUQUET.
Auguste BOUQUET.
SALVAT.
Nota. Nous donnerons dans nos prochains numéros, la suite de l'enquête sur le Problème Occitan, de notre collaborateur E.-H. Guitard ; Les poèmes, de MM. Jean
Lebrau, Jean Camp, Daniel Baqué ; la Chronique viticole, de M. de Carsac, etc., q«e
l'abondance des matières ne nous permet pas de publier dans le présent numéro.
�COMITÉ DIRECTEUR DU GROUPE OCCITAN:
§,
[BÊZIERS
Président : F. CROS-MAYREVIKILLIÎ,
Vice-Présidents : Paul SENTENAC, ^£; E. GUITARD; Frédéric SAISSET.
Secrétaire-général: Auguste BOUQUET.
Archiviste : P.-L. GRENIER.
Trésorier : Maurice FAVATIER,
JJ,
Chef des Études économiques et agricoles: Docteur GRANEL,
f^l.
Membres : Léon AURIOL, $s f|L; Emile COMKT, ^f,
►£< >J« ; Fernand CRÉMIEUX, $
Jean DUPUY;
J,-; H. FAVIER ; Jo GINESTOC, îfif,
Auguste GUENOT ; Henry
NOELL,
DE SAINT-VINCENT-BRASSAO, $, K.S, J,,
Georges VILLE; Jean CAMP.
Délégation permanente des Groupements Régionaux et Locaux
auprès du Comité-Directeur.
LA VEILLÉE D'AUVERGNE
:
M. Boudon, Secrétaire Général.
: M. de Clarix de Nussac, Secré-
LE GROUPE D'ÉTUDES LIMOUSINES
taire général.
(Pyrénées-Orientales) : Général Caloni, Président.
: Docteur Digeon, Président.
LES ENFANTS DU GARD A PARIS : M. A. P. Martin, Président.
LES ENFANTS DU TARN A PARIS : M. Selves, Président.
LA GRAPPE DU QUERCY : M. Vialle, Président.
LA SOCIÉTÉ INGRES : Marcel Clavié, Vice-Président.
LE ROUSSILLON
LES ENFANTS DE L'AUDE A PARIS
LES
ENFANTS DE L'HÉRAULT.
Les Feuillets Occitans
Abonnement s :
Édition ordinaire, un an
Edition de luxe sur papier de Montval, de G. Maillol.
Les Abonnements partent du 1er janvier.
30 fr.
60 fr.
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Les Bulletins de Souscription doivent être adressés à M. Maurice FAVATIER, trésorier,
Compte de Chèque Postaux : Paris, 739-10.
7, Square du Champ-de-Mars, Paris.
�Les feuillet? Oecitaps
sont répandus :
Dans toutes les Provinces Méridionales,
Dans les pays latins :
Amérique latine,
Italie,
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�C.I.D.O.
BÉZIERS
Lettres Françaises
Leçons et exemple
Il y a bien longtemps que je soutiens et répète que les premiers
responsables de la Centralisation, ce sont les centralisés eux-mêmes.
Occitans, on nous accuse de vouloir tout accaparer, de nous pousser
sans cesse au premier rang, de nous acharner à réaliser la vieille
formule : les Latins ont conquis la Gaule. En fait, nous n'avons rien
conquis du tout, et notre histoire n'est tissée que des plus coupables
renoncements.
Nous avons renié notre langue, nous n'avons jamais su notre propre histoire, nous avons rougi de nos costumes, de nos traditions,
de notre passé. Nous avons laissé, pendant des années et des années,
sévir chez nous le vandalisme le plus abject. Nous n'avons même
pas su mettre en valeur les richesses de notre sol, rendre facilement
accessibles les beautés incomparables de nos sites et de nos monuments. Nous avons une mentalité d'éternels vaincus.
Je tâcherai de préciser cet examen de conscience sur un terrain
purement poétique.
*
�— 146
I! est une vieille querelle, suscitée par Rémy de Gourment, qui renaît de temps à autre :
« Le Midi se prétend la terre des poètes. Il ne peut tn revendiquer un seul. »
Je le crois bien ! Il les a tous reniés.
S'il est un mouvement admirable dans l'histoire de l'esprit humain, c'est l'éclosion, en plein moyen-âge féodal, de la poésie des
Troubadours. Nous devrions vivre dans le culte de ces chanteurs qui
ont, les premiers, sonné le réveil de l'esprit, inspiré Dante et Pétrarque, fixé les lois de la composition littéraire, révélé de nouveau
la beauté, l'amour, l'idéal, à des siècles barbares...
Or, parmi nous, qui s'en occupe ? Qui connaît même leurs noms ?
Oui, je sais, le maître Joseph Anglade leur a voué sa vie savante et
laborieuse, le bon félibre convaincu Adolphe Lajoinie vient de leur
consacrer un volume de vulgarisation, tout dernièrement, à Albi,
Mme Jane Durand-Malphettes avait le courage de donner une
conférence sur l'un d'entre eux, Raymond de Miraval, mais l'ensemble du public occitan, que fait-il ? Il se délecte aux « ouvrages »
de M. Clément Vautel !
Qui a réédité nos troubadours ? Les Allemands — Qui les étudie,
les admire, les analyse ? Les Anglais, les Américains, le Scandinaves !
En 1913-1914, la municipalité socialiste de Toulouse voulut bien
confier à une commission dont j'avais l'honneur de faire partie la
révision des noms de rues. Mon éminent ami M. Anglade en profita
pour proposer de baptiser certaines voies, bien modestes, d'ailleurs,
des noms de Peire Vidal, Aymeri de Péguilhan, Guilhem Montanhagal et autres troubadours toulousains. Ce qu'il y eut de particulièrement comique, c'est que le Consel d'Etat, appelé à ratifier la décision fort intelligente de la municipalité — car, il faut que le Conseil d'Etat intervienne en pareille occurrence! — s'étonna de ces
noms qui lui étaient parfaitement inconnus, et demanda des renseignements biographiques à peu près impossibles à fournir. Enfin,
après force explications, nous eûmes gain de cause. Mais la guerre
survint, puis une nouvelle municipalité, étrangère à cette initiative;
voici de nouveau les socialistes. Ils n'ont qu'à exécuter ce qu'ils
ont décidé eux-mêmes en 1914. Eh bien, il paraît que c'est très difficile. Ils reculent devant la fonte de plaques nouvelles, et rien n'est
encore fait.
Pauvres troubadours, auxquels on chicane même la plaque d'une
ruelle !
Après cela, vous jugez si jamais on leur a élevé une statue ! Les
maîtres Jean-Paul Laurens et Henri-Martin les ont magnifiquement
�— 147 —
évoqués sur les murs du Capitole toulousain — mais où leur image
se dresse-t-elle en plein soleil, pour rappler au touriste qui passe
que le Midi est terre de poésie ?
Voici une autre affaire. S'il est un poète, très connu, celui-là, et
dont l'Occitanie doive s'enorgueillir, c'est bien André Chénier.
Je n'ai pas besoin d'y insister ici. Après les savants travaux de
notre compatriote M. Jean Azaïs, publiés d'abord dans la revue toulousaine le Bon Plaisir, personne n'ignore qu'André Chénier, de
bonne souche languedocienne par son père, a passé à Carcassonne et
à Limoux une bonne partie de son enfance. C'est donc chez nous
que ses yeux se sont ouverts à la beauté. De toutes façons nous pouvons les revendiquer comme nôtre.
Or, sur ce sol de l'Aude, qu'est-ce qui le rappelle ! Un nom de
rue peut-être, une plaque. C'est tout.
En 1891, le bon poète et grand artiste Achille Rouquet ouvrit une
souscription pour élever à Carcassonne une statue à Chénier. Cette
souscription fut honorée des dons de Leconte de Lisle, Hérédia,
Sully Prudhomme... On la laissa misérablement tomber. Les sommes insuffisantes qu'elle avait pu grouper, où dorment-elles?
Je dis qu'il y a là un véritable scandale, où se manifestent une
fois de plus l'inertie des Méridionaux et leur reniement honteux de
leur passé.
On pourrait citer cependant des exemples isolés, qui devraient
leur donner courage, et leur rendre un peu la conscience de ce
qu'ils pourraient.
J'aime à citer l'exemple de la petite ville de Luzech (Lot), qui
est un centre régionaliste modèle.
Dans ce pays, profondément divisé cependant par les passions politiques, quelques hommes de cœur, parmi lesquels il faut citer à
l'honneur M. le docteur Pélissier, ont formé un comité d'initiative
voué à la défense du passé local. Tout le monde y collabore. Ainsi
ont pu être poussées activement les fouilles de l'admirable oppidum
gaulois, qu'on a prétendu parfois identifier avec Uxellodunum, le
classement et la défense des monuments historiques, l'établissement
d'un musée du plus haut intérêt. Pour tout cela, au lendemain des
luttes électorales, le curé, le châtelin, le commerçant radical-socialiste, l'ouvrier communiste se rencontrent amicalement. Le paysan
offre gratuitement des silllons de sa vigne pour qu'on puisse y fouiller en liberté !
L'an dernier, ces braves gens prirent une initiative que Montauban avait négligée : ils élevèrent, de leurs propres ressources, une
stèle à leur compatriote Lefranc de Pompignan.
Heu ! Lefranc de Pompignan, cela ne vaut pas André Chénier. Mais
�— 148 —
il était des leurs, et ils l'aimaient. Tout le monde marcha, les écrivains du pays comme Léon Lafage et les Calel, les Académies de
Toulouse, Montauban, Cahors, et M. de Monzie, lui-même, alors ministre de l'Instruction Publique, vint gentiment fêter Pompignan,
victime de Voltaire et auteur' des Cantiques Sacrés.
— Voilà, Occitans, mes frères, ce que l'on fait, quand on s'aime,
quand on étudie et quand on se souvient.
ARMAND
PRAVIEL.
*
Le Groupe Occitan s'est déjà préoccupé de reprendre la souscription pour élever
à Carcassonne un monument à André Chénier. II a chargé son vice-président,
le poète Paul-Sentenac, de mettre au point ce projet. Ajoutons que les sommes
recueillies par le premier comité sont en dépôt au Comptoir d'Escompte de Carcassonne à la disposition du futur comité.
(Note de la Rédaction).
�Illustration pour « Vlrt ROUQE »,
Par
L. P. CADÉSE.
�Vin rouge, de Pierre-Étienne JSflartel.
(Les cahiers Occitans, Toulouse.)
« Voici l'histoire du véritable Tarramaynou », est-il précisé dans l'avis au lecteur
qui accompagne « Vin Rouge ». Qui nous dira par quelle étrange modestie
M. P. E. Martel, sur le point d'évoquer, avec le réalisme le plus poignant, repopfee
fameuse du Midi viticole, a désiré se placer, même en réformateur, sous le signe
de M. Lucien Pabre.
C'est faire bien grand honneur, nous semble-t-il, à ce récent roman de l'auteur
:1e Rabevel, à ce Tarramagriûu qui, s'il ne manque pas absolument de vigueur
ni d'accent, dénote pour le moins une méconnaissance des événements de 190B,
de l'âme de ses protagonistes, et du pays où ils se déroulèrent. Cette transposition cévenole, grise, rocailleuse et austère ne saurait compter dans l'histoire
qui nous occupe et M. P. E. Martel reste à cet égard un précurseur. Won « Vin
Rouge» mérite en effet de prendre place dans les bibliothèques de tous ceux que
passionnent les choses d'Occitanie et de devenir le livre de chevet des méridionaux du Bas-Languedoc qui ont le culte du souvenir.
A vrai dire, « l'histoire » dont M. Martel a orné ces pages d'histoire n'a pour
nous qu'un attrait subsidiaire. Non que l'auteur de « Vin Rouge » ne possède certaines des qualités du romancier, la couleur, le sens de la vie, de l'ardeur, du pathétique. Et nous sentons bien au demeurant que la double intrigue de son amoureux Irénée Crassous a une valeur symbolique, puisque dans ce roman qui est
un hymne de foi à la terre natale, après l'emprise de la chaude et folle gitane
qui représentait l'esprit d'aventure, la vie libre et lointaine, le déracinement romantique, et toute la contradiction d'une race avec laquelle ceux de chez nous ne
peuvent « trouver d'pffinité que dans les jeux de la passion », M. Martel a voulu
célébrer dans son triomphe l'amour simple et bienfaisant de la fille du terroirdé celle « dont les pieds solides tiennent à la terre aussi étroitement que les
racines des vignes. »
Mais le héros de cette page d'amour- a le tort de n'être qu'un comparse dans
le drame social qui gronde; et qui plus est, ce comparse est un raisonneur, un esprit critique, ivre de métaphysique et qui a la prétention de découvrir à force
d'arg-uties et de syllogismes la forme intellectuelle et le sens littéral des événements
�- 151 les plus formidables. Connue enfin le style qui accompagne ses commentaires et
ses paraphrases, et aussi ses exploits amoureux est débordant d'abstractions, de métaphores et de néologimes et rappelle la manière apocalyptique de
M. Paul Adam ou de M. Pierre Hamp, on ne-peut en vouloir au lecteur de piaffer
d'impatience et de prêter plutôt l'oreille à la bataille ardente qui tonitrue, à quelques
pas de là, sur la chaussée.
Le grand défaut de l'histoire romanesque imaginée par M. Martel est donc de
se superposer à l'autre histoire, plus terrible, plus grandiose, sans s'y fondre
véritablement, et de ne servir ici (je m'excuse de ce jargon emprunté à Schiller
et à Kant) que comme « motif retardateur ».
Mais tout cela n'empêche pas « Vin rouge » d'être un livre magistral, et de
prendre à nos yeux le prix d'un document historique et humain que sa spontanéité, sa précision, la sûreté de son information plus encore sa valeur psychologique et son sens des évocations nous permettent de placer parmi les témoignages les plus fidèles qu'aient suscités les grandes périodes.
Ce n'est déjà pas, du reste, un mince mérite que d'avoir su cristalliser, dans la
logique irrésistible de sa genèse et de son évolution, une époque de notre vie
languedocienne qui s'égale aux plus émouvantes que fixa la chronique. Aucun
des faits historiques et sociaux qui la marquèrent n'échappe a l'observateur minutieux qu'est M. Martel. Son érudition qui suit loyalement le cours cres temps est
objective et franche, malgré toute l'admiration sympathique qui peut inspirer
cet enfant du pays et l'on peut, en toute tranquilité, opposer, quand il y a lieu,
la version que donne M. Martel des faits brutaux, au récit souvent tendancieux
dans sa sécheresse préméditée que nous a laissé, au lendemain même des journées tragiques, M. Maurice Leblond, mémorialiste officieux.
M. Martel domine donc les événements qu'il suit au jour le jour avec une
certitude édifiante, et qu'il étaie, du reste, de tous les textes essentiels.
Il les domine et les ressuscite, à l'exemple d'un Michelet. Au fur et à mesure
qu'ils s'enchevêtrent, les faits prennent dans ce livre une consistance, une ampleur, une vie qui s'enfle et s'élargit. Nous partons d'Arg-eliers, où avec une naïveté
plaisante, s'ébauche la conspiration, mi-tragique, mi-tartarinesque. Et c'est la
conquête du Narbonnais, puis du Languedoc, l'invasion du mirage et de l'illusion,
la contagion hallucinante et frénétique. Et c'est tout le peuple qui s'éveille et
prend conscience de sa force monstrueuse, de son élan fatidique. Ere inquiétante
et lourde d'espoirs, où plane le mystère des révolutions, où dos voix rédemptrices et tonitruantes maîtrisent le destin. Et c'est enfin le conflit épique, le sang
qui coule, et au lieu de l'apothéose,, presque l'effondrement, après une scène de
bouffonnerie, qui, comme dans un drame shakespearien, s'inscrit à l'instant le
plus sublime, le plus douloureux.
Le mérite de M. Martel est bien au fond d'avoir su pénétrer l'âme de
cette foule paysanne, talonnée par la faim et tirée par l'enthousiasme, qui se met
soudain en croisade. Comme il frissonne et communie avec elle !
Frère de ces occitans par le corps et par l'affection, il sent la palpitation de
�-
I;»2
leurs pouls, la brisure de leurs nerfs, le frémissement de leur cœur. 11 connaît quel
démon les anime, il sait vers quels -rêves les prédisposent la couleur de leur sang'
et la couleur de leurs deux.
Mais cette sympathie congénitale n'obscurcit pas, nous l'avons déjà indiqué,
l'entendement de M. Martel. Et cependant, qu'il vibre, il sait discerner les mobiles.
Sa présentation psychologique des grands chefs de la révolte est d'une justesse
d'une perspicacité à laquelle nous devons rendre hommage.
« H se plongeait cependant avec volupté dans la série des approches et des
« jouissances qui constituent la joie de comprendre, ouvert à la sagacité par le
« coudoiement perpétuel de choses et d'êtres que les lieux communs des mœurs
« et des habitudes ne dissimulaient plus. Tout d'abord, ls dirigeants, les comités,
« la générosité théâtrale de Marcellin Albert, de plus en plus saccadé, galvani« que, ivoirin, imbu de sa gloire, la truculence et l'impatience de Ferroul, ambi« tieux de débrider la plaie et d'agir vite, l'optimisme organisateur de Bernard,
« la patience et la résolution de Cathala et de Richard, précieux ouvriers de pon« dération, et qui gouvernaient parmi les autres leur pensée comme une lanterne
« sourde, lui fournissaient un thème quotidien de subtilité ».
Ce raccourci donnera au lecteur une idée de la tonalité et de l'allure du récit;
mais il indique bien faiblement ce que peut êtie l'admirable galerie de portraits
qu'il renferme, tel un manoir patriarcal, et qui nous paraît être, en définitive, la
richesse la plus précieuse du roman de M. Martel.
Au total, « Vin rouge » est un livre d'une rare densité, au point d'en paraître
touffu et non exempt de confusion. Comme il est, au surplus, alourdi par une
aventure romanesque qui en pénètre insuffisamment la trame historique du roman
comme le style en est tourmenté et pénible, il peut, dès l'abord, offrir quelque
obstacle au lecteur primesautier. Mais que ce dernier ne se laisse pas dérouter;
qu'il sache aborder celles des pages qui plongent leur racine dans cette vie mouvante, qui, après vingt années, s'est incorporée à l'histoire; et il pourra crier au
miracle.
Sur les 500 pages que contient ce roman, 200 au moins appartiennent à la grande tradition des historiens psychologues, à celle qui part de Tacite, et, par delà
les chroniqueurs du moyen-âge, rejoint les mémorialistes du grand siècle.
Mais, quand il s'agit de l'histoire de chez nous, c'est bien là un titre définitif à
notre admiration et à notre reconnaissance.
Pernand CRÉMIEUX.
LES POÈ|VIES. — U3 poème d'Assise, par Emile Rjpert. — Chants
rustiques et oraisons, par Jean Amade.
LES ROJVIA.NS. — Lilivia, Par Isabelle Sandy. — Un homme voudrait
vivre, par pierre Grasset. — Une rose à la main, par Albert Jean.
C e sont des voix méridionales qui, de loin en loin, viennent rompre le silence un
peu léthargique dans lequel les poètes semblent s'être repliés, en cette année de
disgrâce 1926. Sous l'effet de la chaude lumière méditerranéenne, nos cigales cou-
�— 153 —
rageuses continuent
à
chanter et,
grâce à
elles,
malgré la dureté
des
temps,
des strophes claires et ferventes se mêlent encore à la surabondance des proses.
Ainsi Emile Ripert publie une édition nouvelle, transformée et accrue d'un épilogue
nouveau, de son Poème d'Assise
(1).
•
D'une inspiration ardemment spiritualiste, ce livre, couronné naguère par l'Académie Française et qui
reparaît à l'heure
du
septième centenaire de la mort
de Saint François, ne manquera pas d'intéresser vivement les nombreux intellectuels attachés à l'étude et au culte de la tradition franciscaine.
La forme poétique des strophes est riche dans son ensemble
Ah ! que la nuit est chaude, irritante et perverse
:
!
Comme sous le soleil une terre se gerce,
L'âme sainte se fend, implorant une averse...
Quelle fraîche rosée emplira son calice
?
Dans l'ombre, elle voit fuir un beau corps souple et lisse,
Et, crispée, elle attend que le ciel noir pâlisse.
Néanmoins, certaines imperfections de style ou de technique subsistent dans
cette seconde édition. Elles sont voulues, nous déclare l'auteur :
qu'un
poème
consacré
au
pauvre
Assise
soit
d'un
style
trop
« Il ne sied pas
somptueux;
Il
convient que parfois l'hiatus y rappelle la conversation familière et que la rime
s' y abaisse d'autres fois jusqu'à l'assonance ».
La qualité du volume réside essentiellement dans la sincérité de son inspiration. Emile Ripert a su faire sienne l'âme de l'Ombrie et de ses couvents, et, comme
l'a dit Henri de Régnier, « provençal, il s'est fait ombrien pour célébrer le charme
de la légende et de l'atmosphère franciscaine ».
Ùn souffle puissant
d'idéalisme traverse
aussi
les
Chants rustiques et orai-
sons (2), de Jean Amade.
Le culte de la nature, le goût des visions aimables et familières s'y mélange à
la douceur de regarder, de croire et d'aimer.
Et, tour à tour, sont célébrés le ciel lumineux des rivages méridionaux.
Le vol de la mouette a posé tant de grâce
En ce cadre d'azur méditerranéen
Qu'elle semble donner des ailes à l'espace
Et chanter dans l'air pyr un poème païen....
la cruche catalane, séduisante par sa grâce et son aisance :
Car, dans ses flancs, où dort, fraîche et limpide, l'eau,
Elle unit, par sa forme unie à son argile,
Ton âme.Catalogne, à l'âme de Virgile.
(1) Editions Spes, 17, rue Soufflot, Paris.
(2) Editions Occitania, 6, passage Verdeau, Paris.
�— 154 —
ou encore le Vallespir, cher au eœur du poète :
Nous t'aimons d'un amour jaloux, comme une femme :
Il nous faut l'abandon sans retour de tes bras,
Tes baisers odorants qui seuls ne trompent pas
Et la sécurité rustique de ton âme...
La générosité affectueuse du cœur de Jean Amade se retrouve aussi, sous une
forme touchante et simple à la fois, dans les stances à Louis Codet et à Déodat
de Séverac. En tête du volume, figure le poème A la Cigale catalane, d'un rythme
si harmonieux et d'une cadence si légère, dont Amade avait donné la primeur
à mon Anthologie roussilonnaise.
Déjà, au cours de la séance des Jeux Floraux, qu'il présida à Perpignan, le
30 mai dernier, avec tant de brio, Jean Amade avait convaincu les Catalans de
ses excellentes relations avec les Muses. Qu'ils lisent les Chants rustiques, et
leur Impression sera plus nette encore. L'érudit des Etudes de la Littérature
■méridionale et de La Renaissance Littéraire en Catalogne, le charmant conteur
de Pastaure et son Maître est aussi un poète délicat et, sous toutes ses formes,
son talent varié sait trouver dans la terre natale la source la plus sûre et la plus
riche d'inspiration.
**
Dans ce même style à la fois limpide et passionné qui était celui à'Anûorra, paru
11 y a trois ou quatre ans, Mme Isabelle S'andy vient d'écrire un autre roman
pyrénéen Llivia ou Les Cœurs Tragiques (3). Ce livre, descriptif de paysages,
de mœurs et de caractères, n'a pas exclusivement pour cadre la petite enclave
espagnole qui existe en Cerdagne française; dans certains de ses chapitres,
c'est la Cerdagne tout entière, c'est le Roussillon lui-même qui sont évoqués, et
ceci lui est un titre de plus à notre attention. On a quelquefois reproché au
Catalan de prétendre, surtout s'il est artiste ou homme de lettres, conserver une
sorte de monopole pour tout ce qui touche -à son pays, dont lui seul serait capable
de comprendre et d'exprimer avec vérité le charme et le caractère. Si le reproche était fondé, il y aurait là assurément un esprit de particularisme et une
étroitesse d'esprit assez singuliers. Je ne veux pas y croire. Pour ma part, c"e»i
toujours avec joie que je vois des écrivains étrangers à notre province l'aimer et
lui faire une place dans leurs œuvres — qu'ils s'appellent Louis Bertrand, Emile
Ripert ou Isabelle Sandy. Leurs hommages, au moins, ne sont pas suspects de
partialité.
Si en parlant du Roussillon, un auteur non roussillonnais vient à commetre,
ça ou là, quelque petite erreur de notation, il a droit à notre indulgence.
Pour sa part, Mme Isabelle Sandy a très vivement et très intimement saisi
(3) Plon-Nourrit, éditeurs, 8, rue Garancière, Paris.
�— 155 —
et senti la poésie et le cachet de notre Cerdagne. Elle les a exprimés avec un
lyrisme, une exaltation, un goût du tragique que l'on pourra trouver excessifs,
mais qui sont un des éléments essentiels de sa .personnalité. Aussi bien, son début
est-il d'une charme enveloppant :
« Les yeux encore fermés, l'homme bâilla et respira toute la mer. Suspendu
entre le rêve et la réalité, il aimait le flottement de ses pensées dans le rythme
des flots invisibles. Jamais comme en cet état de demi-songe et de demi-veille,
il ne sentait la douceur du ciel de Collioure, la molle courbe de ses rivages, la
fanfare des Albères pourpres, dressées, nues, dans la mer veloutée.
« Collioure, Llivia...
« Dort-il encore ? Le rocher méditerranéen et son vieux fort sont soudain
remplacés par la colline romaine de son village cerdan : Llivia, et par les ruine.:
du château de César. Il n'est plus en Roussillon, mais en Cerdagne, chez un.
Il n'est plus libre, insouciant; il souffre, il a peur. Les vagues qu'il entrevoit
se gonflent, se dressent, se pétrifient : ce sont les sommets pyrénéens, bords ciselés de la coupe d'opale qu'est la Cerdagne... »
La plupart des coups de pinceaux et des traits de caractère d'Isabelle Sandy
sont exacts et bien choisis, et si l'amour-propre catalan devait lui tenir un peu
rigueur d'avoir prêté à ses personnages des sentimsent d'un patriotisme plutôt
tiède, du moins faudrait-il ne pas perdre de vue que Llivia est une ville espagnole et que, même dans la Cerdagne française, aux approches de la frontière,
les deux nationalités sont enchevêtrées d'inextricable façon dans un très grand
nombre de familles.
Au point de vue littéraire, celui auquel je me place, les personnages sont à
peu près irréprochables;- la Mctchita en particulier, type d'amoureuse impénitente
et de pénitente sincère et naïve, qui n'hésite pas à sacrifier à la madone son
admirable chevelure d'un noir de jais, est d'un réalisme excellent. Les pages ou
sont décrites la si curieuse pharmacie de Llivia ou la petite église d'Odeillo sont
délicieuses, vraiment. Et les expressions locales (sauf celle de « pitchoune » que,
pour ma part j'ai entendue souvent en Languedoc, mais jamais en Cerdagne) sont,
en général, d'un tour et d'un parfum bien catalans.
Une critique pourrait être adressée au roman d'Isabelle Sandy : il date d'une
vingtaine d'années, de l'époque où le palace de Font-Romeu n'était pas encore
réalisé — et où elle-même n'était qu'une toute petite fille. Depuis lors, la mentalité, comme le paysage, se sont modifiés en Cerdagne. Mais qui reprochera à un
auteur soucieux de pittoresque d'avoir situé son drame dans le cadre d'il y a
vingt ans plutôt que dans celui d'aujourd'hui ?
vs
M. Pierre Grasset, dont a paru, il n'y a pas très longtemps, Le Torrent dans
la Ville, étude de l'âme sentimentale d'un homme d'affaires, vient d'écrire un
autre roman, d'une psychologie émouvante : Un homme voudrait vivre (4).
�— 156 Sujet ramassé et simple s'il en fut : parce que, enfant, il a assisté à un
spectacle tragique dont le souvenir va le hanter (son père abattant d'un coup de
fusil, dans le jardin, l'amant de sa mère et obligeant celle-ci à l'aider à transporter
le cadavre), un homme se voit condamné à ne plus jamais goûté la joie de vivre
que par un effort constant — qui d'ailleurs n'est pas sans quelque volupté. Ce
thème n'est-il pas symbolique ? La découverte de l'arbre du Mal chasse un jour
chacun de nous du paradis terrestre de son enfance, et, par des tentatives
passionnées — l'art, l'amitié, l'amour — nous cherchons à y pénétrer de nouveau.
Le roman de Pierre Grasset se déroule tour à tour à Montmartre et dans
la campagne languedocienne. La poésie colorée de cette dernière lui fournit l'occasion de descriptions toujours savoureuses, celle-ci par exemple des différentes
sortes de figues :
« Vêtues d'une peau verte et rugueuse ou bien lisses et noires et saignant
par une petite bouche roug vif; ou encore pareilles à des aubergines naines, avec
idur robe d'un bleu sombre, finement craquelée, elles distribuaient dans les arbres
de M. Faug'ères, toute une gamme de saveurs. Mais les figues entre les figues,
c'étaient la grisette, aussi grosse qu'une poire, froide sous la dent comme un
sorbet; et la figue d'or, blonde et sucrée, comme un rayon de miel et qui porte
une perle de sirop irisé ».
***'
Vue rose à la main..,. (5) Albert-Jean, vous avez le secret des titres jolis.
Ils ont cette élégance preste, primesautiène et un peu désinvolte, qui est votre
manière. Elle est votre vraie manière, et vous y revenez —avec joie, j'en suis
certain — dans ce roman nouveau .après quelques fugues au royaume de l'étrange
et du fantastique.
Dans ce livre, qui m'apporte, en ses pages, la maturité de votre talent, et,
en exergue, « un quart de siècle de votre amitié » — l'un et l'autre, pour moi,
également précieux — vous n'avez pas mis seulement la fantaisie inépuisable et
souvent étincelante de votre imagination ; vous y avez mis aussi. votre sensibilité
si profonde, si aiguë, cette sensibilité presque à vif qui donne à la plupart de vos
œuvres un charme et un attrait si prenants.
Vous êtes un des écrivains qui ont le mieux compris le parti que l'on peut
tirer de l'union intime du pittoresque et de l'émouvant; c'est toute la souffrance
des êtres injustement sacrifiés par la vie que vous évoquez à travers les mille
détails objectifs, rapides, curieux et précis que votre œil d'artiste et d'observateur judicieux a noté au passage. Votre héroïne, cette Micheline sur qui pèse
la fatalité d'un mariage malheureux, n'est qu'une petite parisienne sentimentale;
(4) Bernard Grasset, éditeur, 61, rue des Saint-Pères, Paris.
(5) Ernest Flammarion, éditeur, 26, rue Racine, Paris.
�mais vous écoutez les battements de son cœur de celte même oreille frémissante
et attendrie avec laquelle vous guettiez naguère, dans nos jardins catalans, la
musique douce, légère et troublante de la Pluie au printemps.
Je crois en avoir assez dit pour marquer le plaisir que les esprits aélicats
trouveront à la lecture d'Cne rose à la main. Roman réaliste, où s'accusent en
relief les misères et les joies, le terre à terre de la vie quotidienne, roman ETe
sentiment et de passion, roman débordant d'idées et d'images, de mouvement et de
coloris, il me paraît synthétiser assez bien le souple talent de son auteur.... AlbertJean, ami charmant et probe écrivain, il était juste qu'une sympathie fidèle
vous fut marquée ici; vous faites honneur aux lettres de notre Midi, de ce Midi
où le soleil révéla à votre enfance la beauté des choses, de ce Midi dont vos
succès parisiens n'altèrent le souvenir ni dans votre cœur ni dans vos œuvres,
et auquel semblent devoir leurs teintes les plus vives et les plus nettes les roses
que vous effeuillez.
Henry NOELL.
Serviee d'éehange des Revues.
Les Annales du Musée social (Paris); — L'Aude à Toulouse (Toulouse); —
L'Auvergne littéraire, artistique et félibréenne (Clermont-F'errand) ;— Biou y Toros
(Nîmes) ; — Lou Bournat (Périgueux) ; — Le Cercle du Goût Français (Paris) ;
La Chaumière (Rouen) ; —La Cigalo Narbouneso (Narbonne) ;— Le Courrier Catalan (Paris);— Le Divan (Paris); — L'Ermitage (Paris); — L'Escola Felibreena
(Montpellier); — L'Escolo de las Pireneos (Montauban) ;— L'Etendard Piscenois
(Pézenas);— L'Eveil Catalan (Perpignan);— Le Flambeau du Nord (Tourcoing);
— Le Fédéraliste (Courbevoie) ;— Lo gai Saber (Toulouse) ;— Le Grenier (Orléans) ;
Idées (Paris) ; — Le Limousin (Paris) ; — La Mouette (Le Havre) ; — La Nouvelle Revue du Midi (Nîmes); — Oc (Toulouse); — Paris-Critique (Paris); —
Le Parthénon (Paris) ; —La Pensée Latine (Paris) ; — Poésies (Paris) ; — Le
Prisme (Lyon) ; — Les Pyrénées Littéraires — Les Bayons (Bordeaux) ; — La
Revue des Indépendants (Asnières) ; — La Revue de la Nièvre et du Centre
(Paris); — La Rose d'Argent (Suresne); — Septimanie (Narbonne); — La
Science historique (Paris) ; — Bulletin de la Société des Arts et Sciences (Carcassonne) ; — La Revue Latine (Paris) ; — Bulletin de la Société d'Etudes scientifiques de l'Aude (Carcassonne) ; — Le Soleil d'Oc (Toulouse) ; — Le Sol sacré
(Toulouse); — La Terre d'Afrique (Alger); — La Terre d'Oc (Toulouse); —
La Tramontane (Perpignan) ; — Le Bulletin de l'Union des Fédérations des
Syndicats d'Initiative (Paris) ; — Le Touring-Club (Paris) ; — Le Cadet de Gascogne (Paris); — Ceux qui viennent (Paris); — Bulletin de la Commission
Archéologique de Narbonne. — Le Domaine (Foix) ; — La Revue des Autodidactes (Toulouse). — Le Languedoc (Alger). — L'Est Dramatique (Troyes). —
L'Aude à Paris (Paris). — L'Information Régionale (Toulouse). —■ La Cigalo
Languedouciano (Béziers). — La Houle (Lyon). — L'Essor (Dijon). — Le grand
Tourisme (Paris). —- L'Idée Neuve (Lyon). — Le Beffroi de Flandre (Dunkerque).
***
�— 158 —
L.es Poèmes.
UR FÊTE-DIEU.
C'est le jour de la Fête-Dieu...
Une cloche se l'ait entendre.
Des colombes, dans le ciel bleu,
Glissent d'un vol mystique et tendre.
Les draps blancs tendus aux maisons
S'étoilent de bouquets de feuilles.
Jonchant le sol, des frondaisons,
Feutrent les pas qu'elles accueillent.
Les tambours s'approchent, battants.
Le porte-croix conduit la file
Blanche et grise des pénitents
Sur le chemin du tour de ville.
Les chandeliers du reposoir
Allument soudain leurs yeux pâles.
Où sera placé l'ostensoir,
Resplendit le lin pur d'un châle.
Un chant s'égrène vers le ciel.
Jaune et pompeux, le dais s'avance.
Un parfum monte, essentiel,
Des cassolettes qu'on balance.
L'autel est un jardin vermeil.
Pieuse, la foule s'incline
Sous les fleurs qu'on lance au soleil:
La minute est rose et divine.
Mais ces parfums et cet éclat,
Cette fête qui ravit l'âme,
L'argent qui brille, délicat,
Aux chasubles que l'or enflamme,
Tout ce décor, il m'a semblé
Qu'un dieu, trop grand pour qu'il s'émeuve,
L'avait simplement assemblé
Pour encadrer ta robe neuve.
Gabriel Tallet.
�Les Beaux Arts
La Saison des Expositions
mois du printemps et Je début de l'été sont la
véritable saison des Expositions. Des grandes
expositions comme des petites. Tableaux et statues foisonnent de tous côtés. C'est évidemment le Salon des Artistes Français et celui de
la Société Nationale des Beavx-Ârts, réunis au
Grand Palais, qui abritent le plus de toiles et de
plâtres. Mais, s'il y a beaucoup d'exposants,
on compte peu de vrais peintres et de vrais sculpteurs. Le grand Salon de cette année ressemblait à celui de l'an passé. 11 me faudrait
donc refaire une chronique presque semblable à l'article que j'a'i
écrit à pareille époque, en 1925. Je n'y ai aucun goût. Gervais, né à
Toulouse ia augmenté la dimenssion de ses panneaux mais il n'a pas
agrandi son style. La petitesse de sa manière est apparue encore plus
flagrante. Sa grande composition la Danse montrait des personnages antiques qui appartenaient plus au bal des quatz'arts
qu'à la véritable antiquité. Quant à Didier-Pouget, de Toulouse
aussi, et que j'avais loué l'an dernier pour son mas brossé avec robustesse, il s'est empressé de revenir, cette année, à ses anémiques
petites bruyères mauves, si artificielles. Sa clientèle habituelle ne
l'aurait plus reconnu. Le Salon serait- il le Salon sans les petites
bruyères de Didier-Pouget devant quoi s'extasie le bon public ?
Heureusement, pour nous consoler, nous avons le toulousain Henri-Martin. Son panneau décoratif pour la grande salle des Délibérations au Conseil d'Etat n'a pas été seulement l'œuvre la plus marquante des Artistes Français, mais une des plus heureuses réalisations de ce maître. Après la moisson et le déchargement du naviES
�— 160 —
re, travaux des champs et des ports, Henri Martin représente le
travail à Paris. Des ouvriers travaillent au premier plan dans un
chantier, sur la place de la Concorde, par une claire journée estivale avec, au fond, le déroulement pressé des autobus et des taxis.
Les tons chatoyants, les bleus, les rouges, les jaunes, se répètent
sur les ceintures, les chemises, les pantalons des hommes du peuple. Le mouvement devient rythme. Et le modelé, bien que la
touche s'apparente toujours à la technique impressionniste, a pris
plus de solidité. Ces Messieurs du Conseil d'Etat trouveront dans
ces décorations de quoi reposer leur esprit des sévérités du droit
administratif.
Autour de Henri-Martin, lequel garde de la jeunesse dans ces œuvres, nous nous plaisons à grouper les quelques jeunes coloristes qui donnent tout de même à la vielle Société des Artistess Français un peu de sang nouveau. Ainsi Balande, Cariera, le décorateur du Théâtre de Marseille, Henri Montassier, séduisant dans sa
Fête Calante, Médianoche, Dabat à l'intense Tapis d'Orient etc.
Je n'en cite pas davantage pour réserver la place aux coloristes
de chez nous. Aussi bien sont-ils assez nombreux pour constituer un
petit noyau. Il y avait Jean-Gabriel Domergue avec une élégante au
châle fleuri et un portrait de M. Joseph Caillaux ; Boulet-Cyprien et
son amazone; les orientalistes Cauvy et Dabadie; Didier-Tourné
dont l'Italienne à Alger apportait l'élégance de Venise dans une
turquerie; de Montcabrier, spirituel et décoratif dans son ColinMaillard, où Pierrot et Arlequin ont revêtu un manteau ei une robe pour faire croire qu'ils sont des femmes à celui qui tâtonne
dans l'ombre de ses yeux bandés; Sibra, et sonPère François prêche
aux oiseaux ; Azémâ, avec son jardin enfleuri et ensoleillé qui lui
a fait pardonner sa carnavalesque Léda. Paul-Albert Laurens dans
sa figure distinguée d'avocat plaidant, Pascau dans ses portraits féminins, Font dans celui du sculpteur Denys Puech, Sabatté dans
son tableau religieux ont témoigné de plus de sobriété dans leur
palette. Ils ont mérité pourtant d'être signalés, comme aussi ces autres méridionaux Zo, René Jaudon, Beringuier, Beaume, Bascoulès.
Mlle Baignôl, Mlle Grammont, Mlle Schanson, Servat-Bhernard, le
graveur Jean-Jules Dufour, etc.
A l'exposition de La Nationale, c'est autour du maître Forain
qu'il y a lieu de rassembler quelques rares peintres, colorant avec
une manière franche, ■ tels que Van Dongen, Chapuy, Desurmont, René Carrêre Guirand de Scevolia. Celui-ci seulement est occitan. Ii a exposé un portrait du peintre Léonce de Joncières, figuré
la palette à la main, avec son visage glabre, à l'ovale fin, aux yeux
fatigués, qui lui donne un faux air de Henry Bataille, dont il était
�— 161 —
l'ami et dont il fut même le collaborateur. Mais ce portrait, très
expressif, a été traité selon la tradition, les autres toiles de Guirand
de Scevola ont manifesté un souci plus moderne d'harmoniser les
tonalités adoucies des intérieurs avec ie déshabillé ou la toilette
d'un personnage féminin.
La sculpture, au Grand Palais, a révélé encore plus d'erreurs de
conception et de mauvais goût que la peinture. Le désaccord
entre la matière employée et le sujet est plus visible dans une statue que dans un tableau. Je rappelais naguère, en exposant les théories architecturales de notre compatriote Henry Favier, qu'une statue, si elle est parfaite, roulera du sommet d'une colline jusqu'en
bas sans subir aucune mutilation. Les sculpteurs des grands Salons officiels semblent ignorer, pour la plupart, ce principe. Quelques jeunes cependant possèdent un certain sens des masses. Nous
nous bornerons à mentionner parmi eux quelques méridionaux qui
ont été justement remarqués dans le vaste hall de l'avenue Alexandre III: Cogne et sa figure de la Bienheureuse Bernadette, Guéry et
son pugiliste antique, Bacque, Traverse, Moncassin. Le cardinal de
Cabrières de Jean Magrou, que nous avons reproduit dans notre
dernier numéro, sera bien à sa place dans la cathédrale de Montpellier. L'éminent prélat est représenté à genoux, les mains jointes
dans une attitude à la fois naturelle et traditonnelle. Il y a de l'émotion dans cette œuvre, exécutée avec une réelle probité, et dans laquelle le fini des détaids ne nuit pas à la noblesse-de l'ensemble.
Dans la figure du prince d'Orléans Bragance, gisant dans son uniforme militaire, Magrou s'est servi d'une technique plus dépouillée,
et qui ne manque pas de sentiment. Je ne saurais oublier, dans la
section de la sculpture à la Nationale, la Bacchante de Popineau,
bien que ce dernier ne soit pas de chez nous; mais ce morceau
s'est affirmé un des plus intéressants, avec une fermeté, une grâce,
un style bien personnels dans l'abandon du bras qui laisse tomber
la coupe, et dans les jambes rapprochées de cette bacchante étendue, musclée et languide en même temps. Quant à Cladel, dont le
nom est bien méridionnal, son buste de Robespierre, plus grand
que nature, a montré un faire simplifié dans la perruque à queue
et le vêtement, ainsi qu'une préoccupation de concentrer l'expression de la physionomie.
Si nous quittons le grand Palais, nous ne sortons pas cependant
du domaine de la sculpture en signalant le bas-relief, destiné à célébrer les morts au champ d'honneur du Ministère de la Guerre et
dû au statuaire Rousaud, de Rivesaltes. Celui-ci était déjà connu
par ses bustes des poètes Ernest Raynaud et Maurice du Plessis,
du docteur Y. Noé, etc. Son bas-relief vise à la synthèse des forn es.
�— 162 —
Le Salon des Tuileries, est toujours situé, non sans agrément,à la
Porte Maillot, dans le voisinage frais et vert du Bois, a continué
d'abriter un art vivant et bien de notre époque. Les fondateurs ont
prêché eux-mêmes le bon exemple, Besnard, par ses magiques visions de l'Inde Aman-Jean, par cette séduisante jeune femme posant ses jambes sur une table avec une nonchalance emplie de distinction, tableau d'une jeunesse exquise ; Bourdelle, par la puissance
hautaine, la vigueur symbolique de son allégorie de la France. On
retrouve à peu près aux Tuileries les plus significatifs clans le modernisme des exposants des autres Salons, depuis ceux des Indépendants et de l'Automne jusqu'aux Officiels. Je voudrais pouvoir parler longuement de ce portrait de Foujita par lui-même à croupetons
devant sa table de travail, avec son chat sur l'épaule, et de Maurice
Denis, Desvallières, Ottmann, Carrera, Charles Guérin, Marval
Flandrin, Marcel Roche, Picart Le Doux, Friez, Crissay, Chavenon, etc. Force m'est de me restreindre. Notre sensible Pierre Laprade avait un envoi des plus caractéristiques de sa délicatesse si
picturale, avec ses blés de l'Ile de France, ses jardins italiens et
ses pantins de Naples; Chabaud, des « montagnettes » languedociennes bien à lui; Henry Ramey, une nature morte aux accessoires
de fête, également bien représentatives de son talent. Auguste Guénot et Contesse, nos compatriotes de Toulouse, se sont mis dans les
tout premiers d'une phalange de bons sculpteurs, et la petite fille
aux dindons de Lamourdedieu, taillée dans la pierre, n'est pas
passée inaperçues.
Et nous en aurions ainsi terminé avec les grandes Expositions, si
nous ne tenions à dire tout notre plaisir d'avoir été accueilli, à l'entrée du Salon des Artistes Décorateurs, par l'ordonnance, d'un modernisme latin, que l'arcyitecte Henry Favier a apportée dans l'arrangement, dans les pans coupés et les colonnes de son hall.
Les petites expositions ont été si nombreuses dans les derniers mois
qui ont précédé la saison des villégiatures qu'il serait dificile de les
énumérer. Il y a eu à la galerie des Quatre Chemins, une exposition
d'aquarelles et de dessins de Van Dongen où cet étonnant artiste a
suggéré des visions complètes avec quelques traits et quelques taches de couleur. Je pense à cette tête d'Espagnole, à la fleur rouge.
Il y a eu un ensemble de Berthe Morisot, chez Dru, pour lequel
Paul Valéry a écrit un avant-propos, empli d'idées, sous le titre intime de « Tante Berthe ». Il y a eu la troisième manifestation du
groupement de la Douce France que dirige Emmanuel de Thubert
et où les occitans comme Bourdelle, Marcel-Lenoir, Costa, Iché,
voisinaient pour la « décoration du mur », avec des artistes tels
uqe Sérusiers, Bouquet, les frères Martel, Saupique.
�— 163 —
Le catalan Sauveur Morens a revêtu la salle Poissonnière de ses
tableaux exécutés avec fougue; et à la galerie B. Weil, foyer de la
peinture aux audaces sérieuses, le Roussillon a fourni au peintre Roger Grillon presque tous les motifs de ses toiles. Roger Grillon est un
peintre doué, modelant dans la pleine pâte, et ne craignant pas la
netteté et la robustesse dans le coloris. Nous sommes heureux qu'il
ait employé toutes ces qualités à peindre Prades et sa région, les rues
soleilleuses avec les maisons aux toits rouges, les routes avec les bouquets d'arbres, les campagnes grasses, tout ce jardin des PyrénéesOrientales.
Deux expositions particulières d'artistes ayant participé au dernier
Salon Occitan ont retenu notre attention. Il s'agit de François Desnoyer et d'Armando Laclau. Tous les yeux ont également des dons
de peintres.. Parmi les oeuvres que Desnoyer a réunies chez Fabre,
rue Miromesnil, certaines vues de Montauban se rapprachaient des
peintuées établies avec une force volontaire et qui figuraient à notre
Salon. Mais dans d'autres œuvres nouvelles, fillettes dans des jardins, sites de Rome, nous découvrons plus de liberté dans le métier,
un sens plus aigu de l'accord des tons, une sensibilité plus nerveuse
de la lumière. Desnoyer qui aime surtout les gammes rouges — est-ce
l'influence de la brique de Toulouse et de Montauban ? — a cependant réussi, dans les Paysannes de l'Ile d'Oléron en sabots, en robes
et en tabliers bleus, des harmonies de bleus et de gris très attachantes.
Armando Laclau, lui, ne dédaigne pas, quand il prend le pinceau,
de choisir des types et des scènes de la rue, la marchande de frites,
le manège des cochons, le charlatan. Mais il apporte à les traduire
un coloris et un modelé robustes.
Le concours d'affiches illustrées organisé à Béziers pour la propagande du vin ne devait pas nous laisser indifférents. Aussi avonsnous invité les membres du groupe à y prendre part. Le sujet apparaissait bien tentant. Paul-Emile Rixens lequel avait été des nôtres
à notre exposition, a obtenu le deuxième prix.
Enfin, le Casino de Luchon, reconnaissant l'effort que nous faisons pour mettre en valeur les ressources artistiques de nos régions,
nous a demandé d'accrocher sur les murs de la salle de lecture
quelques tableaux de nos peintres et de placer sur les meubles quelques statues de nos sculpteurs. Nous avons engagé nos artistes à répondre à cet appel, bien qu'il nous ait été adressé un peu tardivement. I y a là une tentative qui n'est point négligeable et peut
porter ses fruits dans l'avenir.
Les graveurs n'ont pas été moins laborieux que les peintres. Roger a illustré, de bois gravés très appropriés, une curieuse édition de
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la Despedida de Font-Ronteu et Cadène le puissant roman régionaliste de Martel Vin Rouge. D'autre part, la firme du Pégase réédite sur un papier digne d'elle — puisque c'est le papier de Montval fabriqué à la main sous la surveillance du xylographe luimême — les Petites Eglises de la Guerre, de Gaspard-Maillol,
traitées avec une vigoureuse ampleur ampleur, et pour lesquelles
j'ai écrit une préface. Auguste Rouquet a achevé ses xylographies
si personnelles pour Le Cam ide Crout du docteur Albarel et il
travaille à plusieurs albums, parmi lesquels Le Palais de Justice,
de M" Henri Robert; Le Tour de ville, de G. Tollet; Le Roussel, de
Le Lorrain et A la Clarou del Calelh, œuvre posthume du bon féJibre Casemir Clottes.
Je n'ignore pas que cette chronique a quelque chose d'ingrat pour
le lecteur, comme d'ailleurs pour celui qui l'a signée. Elle se réduit presque à une énumération de l'effort de nos artistes occitans.
Mais cependant je serais payé de ma peine si j'étais parvenu à mettre en lumière l'activitée de nos peintres, statuaires et graveurs, et à
bien souligner l'apport qu'ils fournissent au mouvement artistique
de notre époque. Ah ! comme je comprends cette frénésie de peindre qui agite les artistes, ce démon de peindre qui les inspire. La
couleur procure vraiment de délectables exaltations. Dans le village
où je séjournais en août, j'avais distngué une façade blanche et ensoleillée, aux volets peinturés d'un bleu suave, devant lesquels seedétacl aient les hampes de quelques passe-roses, garnies de rieurs d'un
vif carmin. Ces colorations m'enchantaient. Et que de fois je me
suis détourné de ma route pour suivre le petit chemin qui passait
devant la petite maison rustique, afin de revoir les volets et les
roses trémières.
PAUL-SENTENAC.
�I^a Musique
Josep Fontbernat et le ehœur Oeeitan.
C'est une grande misère pour les collaborateurs d'un périodique comme les
Feuillets Occitans, d'être soumis à la fuite des jours et de voir, entre la parution de
deux numéros, comme s'embuer leurs élans et leurs enthousiasmes qu'ils eussent
voulu réfléter spontanés et encore vibrants.
Jamais pareil regret ne nous fut plus cruel qu'aujourd'hui : car de longues
semaines s'écouleront entre le moment enfiévré où des torrents de musique populaire, de musique de là-bas inondèrent nos cœurs, de par la grâce de Josep Fonbernat et de son choeur Occitan, et l'heure calme, l'heure grise où notre émoi
rasséréné filtrera jusqu'à nos lecteurs alanguis en quelque province automnale.
Et ce sera pour nous un remords de n'avoir rendu qu'un écho attardé et presque
indécis de ces sonorités ardentes comme les flammes : ces flammes, on le sait
pourtant, le Comité du Groupe Occitan s'était donné pour tâche de le entretenir
et de les attiser.
C'est vers la fin du printemps 1925 que Josep Fontbernat, qui, par sa résurrection
des vieux chants populaires occitans, avait déjà fait vibrer Montpellier et Toulouse, vint nous dire ses espoirs et ses rêves, à la veille de conquérir Paris.
Au premier aspect, Josep Fontbernat fait songer à un ascète, perdu dans son
mystique idéal, en quelque couvent moyenâgeux.
Brun, émacié, nerveux, le visage en angles, les yeux de braise, son profil est
d'un Savonarole. Mais le voilà qui parle et qui se révèle : sa voix, encore que
blanche, est musicale et attirante avec ses rugosités catalanes. Saccadée, son
éloquence très réelle et qui coule de source, ahane et martelle tout d'abord comme
pour bien nous convaincre qu'elle sait où elle va; avec une volonté persévérante,
cependant qu'il discourt, ses bras et son corps, esquissant de larges gestes, s'allongent sous la casaque sombre. A ce moment, ce diable d'hom|me noir vous fait, je ne
sais pourquoi, penser à une fourmi, toute tendue vers l'effort.
Mais, l'impression produite (la première note une fois donnée comme au dia-
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pason), la fourmi revêt des ailes; et le chant du musicien s'épand comme un chant
lyrique, chant de cigale, par instants chant de rossignol.
On le voit, l'allure même du maître Fontbernat est déjà protéiforme, puisqu'elle
peut évoquer à nos yeux tant de choses et tant d'êtres.
Mais cette force de transmutation qui est en lui s'extériorise. Pareil aux magiciens des vieux contes, il frappe de sa baguette sur le sol de la grande ville et en
l'ait surgir des chanteurs, comme il avait frappé naguère sur le sol de nos vieilles
provinces pour en éveiller des chants intimes, expressifs et ailés.
Ainsi des enfants du peuple, groupés par Josep Fontbernat au hasard de ses inspirations ou de ses rencontres dans Paris (et que dans son humour il a sacre
d'emblée, parce que c'est l'habituelle terminologie, ténors, barytons ou basses), —
des enfants du peuple vont chanter des chansons du peuple, puisées aux sources
cristallines de la tradition occitane et faire revivre l'âme du Midi latin, dans son
prestige et dans sa pureté.
Et il ne saurait être question avec Fontbernat de difficultés matérielles, d'objections pratiques qui dérouteraient de plus raisonnables. Peut-on empêcher, en
leur parlant prévoyance, de chanter les cigales et les rossignols de chez nous, même une fois transplantés à Paris ?
En cours d'année, José Fontbernat avait déjà fait pressentir à quelques privilégiés, au nombre desquels il faut compter les membres du Groupe Occitan, tout
ce qu'on pourrait attendre de son entreprise.
Avant que ne s'achevât l'été, nous assistâmes à la maison Gaveau, toujours
d'ailleurs avec la complicité de notre Groupe, à un grand festival de musique
populaire occitane et l'on peut dire que jamais on ne vit, dans une salle de spectacle parisienne, pareil frémissement et pareil délire.
Dès qu'aux premières mesures de l'Hymne, de Moiera, s'élevèrent ces voix
graves, ardentes et comme en prière, le public fut pris aux entrailles; mais l'émotion déborda lorsque la Cobla de lu Jiisbal, accourue tout droit de Catalogne à
l'appel de Fontbernat, vint mêler soudain ses accents fulgurants au tonnerre du
chœur comme pour amplifier encore la grandeur de cette invocation.
La Cobla de la Bisbal est la plus notoire de la Catalogne. Elle se compose d'une
douzaine de musiciens cuivres et bois, douze grands artistes. Mais ces cuivres,
par le jeu d'une étrange sourdine, sont d'un moelleux incomparable, et ces bois,
■:< primes et canoras, » instruments anciens de la Catalogne, joignent à la douceur idyllique du hautbois la plus ardente rutilence. Et cela donne une musique
sang et or, d'un dynamisme puissant où se mêle par instants une note élégiaque
de verdure, mélancolique et troublante, musique de force juvénile et de sentimentalité fougueuse.
Successivement, nous goûtâmes d'expressifs chants de fête, et des chants de
tendresse, évoculeurs et dolents. Cependant croissait l'enthousiasme. L'exécution
par la Cobla et le Chœur Occitan de la populaire « Santa Espina », hymne d'espérance et de gloire, que l'assistance, se levant d'un bond, écouta haletante, marqua l'apothéose de la fête.
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Après que l'éminent compositeur Canteloube eut rendu un hommage attendri
au pays natal par la réalisation de ses «Chants d'Auvergne », dont le chaleureux
ténor Vulpesco rendit à souhait la distinction et le charme, le chœur Occitan
vint consacrer la dernière partie de la fête aux chansons populaires du pays d'Oc.
Provence, Languedoc, Roussillon, Gascogne, Béarn, Guyenne, voilà que s'égrènent les motifs favoris tirés d'un trésor folklorique incomparable. Et nous restions
là, secoués jusqu'aux entrailles, en communion parfaite avec l'âme d'un passe
dont nous nous sentons les fils, passé chevaleresque et tendre, nostalgique et généreux. On bissa tout d'enthousiasme, de la Marche dels reis à VEmporda catalane :
hou, Boier, lou Rossinyol, la Trompuza, Rossinyolet que cantos, la Canço 'de la
nau, sans oublier Jana d'Aimé qui émut jusqu'aux larmes.
Et, comme le public n'osait se détacher, il fallut reprendre la Santa Esplnut,
que les assistants écoutèrent une fois encore en frémissant.
Après une manifestation de cette envergure, on peut dire que le chœur occitan
s'est classé au premier rang des groupements musicaux populaires et qu'il fui
appartient de connaître avant peu la faveur des chœurs russes et des chœurs
ukrainiens. Pour aider à son épanouissement, tous lès enfants du Midi, le groupw
occitan en particulier, se doivent de tenter un effort d'organisation et de propagande : il s'agit ici d'une œuvre de piété et de résurrection d'un art que doit
consacrer la gloire. Qu'une fois de plus le Midi se mette a bouger :
Fernand CRÉIEUX.
Lie
festival f?ey~Rndreu,
Ainsi que nous l'avons annoncé dans notre précédent numéro, nous sommes
heureux de reproduire l'article qui a- été publié dans Paris-Conférences fur le
dernier festival de notre compatriote, le compositeur Rey-Andreu. Cet article, dû
à la plume de M. Jacques Baudry, le critique musical réputé, administrateur du
Guide du Concert, organisateur des séances de Musique Vivante, contient sur
l'œuvre du compositeur narbonnais, des aperçus très intéressants, et il associe
à son succès d'autres occitans, Mlle Alice Bourgat, « l'exquise danseuse de
l'Opéra », et notre vice-président, Paul-Sentenac, qui avait présenté au. public,
l'œuvre du- musicien.
Un avenir, peut-être prochain, dira si Etienne Rey-Andreu a ramassé le sceptre
de la musique occitane arraché par la mort des mains du regretté Déodat de
Séverac ; toujours est-il que, dès à présent, l'œuvre du compositeur narbonnais
présente mieux que des promesses et semble, sans rien abdiquer de son originalité
propre, s'apparenter par des traits essentiels à celle du maître disparu : sincérité
et caractère primesautier de l'inspiration, qualités rares de lumière et de couleur,
énergie rythmique qui caractérisent une musique conçue et écrite d'un seul jet
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au csntaet de l'admirable nature languedocienne. Dans la musique de Rey-Andreu
comme dans le sonnet Baudelarien :
Les parfums, les couleurs el les sons se répondent.
Ceci fut développé de la façon la plus heureuse par M. Paul Sentenac, compatriote du compositeur et vice-président de la jeune revue Les Feuillets Occitans.
Après quoi, Mme Verdevoye-Heuclin, pianiste (interprète particulièrement
dévouée et familière de l'auteur), Mme L. Matha, cantatrice; Mlle L. Lapié,
violoniste, et Mlle Ad. Clément, violoncelliste, pour ne citer que les solistes,
exécutèrent des pièces de piano, (Rapsodie Espagnole, Fragments de la suite
Lou Pays, Cigales dans le Soleil), des mélodies (Les Poèm.es de la Lumière, etc),
une imposante sonate violon et piano, le brillant et subtil Poème (violoncelle et
piano), des pièces en trio; un fragment d'un quatuor à cordes, et l'entraînante
sérénade occitane (par l'orchestre du Caméléon, sous la direction de M. Marehessaux). Donnons une place à part au Petit Phili, qui, dans des Poèmes de L. Payen
et de P. Sentenac, déclamés avec accompagnement de piano, fit montre d'un talent
aussi .sûr que précoce, et à Mlle Alice Bourgat, l'exquise danseuse de l'Opéra,
dont les danses, sur des musiques de Rey-Andreu, furent un moment de pur
enchantement.
Jacques BATJDRY.
�Les Lettres Occitanes
Vèspre autounene
à Pau Valéry
Lou cièl viôuletejét, car lou sourel sannous
Trecoulava d'aval dins la mar aiiontada.
Lou repic d'un auboi roumplissiè la vesprada,
Estripant la calama e pioi resson plagnous.
Lou barroul craïnèt e, la porta butada,
Intrèt lou Ghivalié, panle, lou cap sannous.
Panle antau qu'un mourènt, bèu mai qu'una jouvènta,
Fièr couma Calendal, triste parié lou Crist,
Gaminava plan-plan. De sous iols atendrits
Soun ama desboundèt. Una aureta plasènta
Toumbava das caciès lous fiolhs enrouvelits.
Espoussava la flous de sa man de jouvènta,
E de l'autra, tenié lou ploumbel trelusent
D'una espasa, la lama un pauc desfourrelada.
Anava pensatiéu, couma s'à la voulada
Parava amé las flous un remémore cosent,
— E chaca pas dévié creisse la rampelada ...
D'ausida s'entanchèt dors l'esfang trelusent.
�170
Dors l'estang rnitanjè dau pargue s'eniaiich-iva
Aqui tras lou ridèu blanqumous das rausets,
Dins lous amarinouses erbàs, lous jounquets,
Dourmissé l'estang pers. D'una anella penjava
Un floc de cadenassa à l'arràs das pountets.
La barqua éra negada. El, que tant s'entanchava,
?
Patetejèt un briéu, pioi pleguèt lous ginouls
Dessus l'embarcadou. N'escartèt las jounquinas,
Tremblant ; tenié d'à ment las aigas treboulinas,
E sousclava, tout soul, amé lous aubres, soûls,
Per clinà sus soun dôu la pàs de sas oumbrinas;
E prégava e disié tout sotisclant à ginouls:
«
«
«
«
«
«
Soui tournât, bèl estang, après tant de fouliges
Dors toun mirai que la vejèt se pimparà
ïlisouleta, enardida! 0! tèmple ben astrat!
Recatadou sicret de sous enfanjtouliges,
Prescou qu'en poutounant soun poulrt cors nacrai
L'apanaves d'amour ! Après tant de fouliges
«
«
«
«
«
«
Soui tournât, couma vèn l'arounda en trantaiant
Engrepesida, lassa e las alas chapladas...
Per toujour, soui tournât! Lous draioulets, las pradas,
Lous caciès. lous oustaus, lou pargue tant friand,
Ai tout recounougut ! Ai retrou bat sas piadas,
E cerque sa blancou dins lou clar trantaiant.
«
«
«
«
0 capitarai-ti, lou mèu de ta bouqueta
E toun alé mesclat de rosa e de rasi?
Tous longs péusses de seda e d'or rous cremesit,
Lous sentisse frustà moun front e dins l'aureta
h Es lou bresilhadis de ta voueju ai ausit !
(
« N'ai fam das poutounets de ta rouja bouqueta!...
«
«
«
«
«
«
N'ai fam! M'estrementisse... Oi, torne repentons
E d'aici adenant l'ama linda e guerida.
Quand mous plous bagnaran tas gautas, ô manida!
Coumprendràs ma vergougna e tous mignots brassons
Escafant la messorgia anciana, — ara, abourrida, —
Bressaràs sus toun sen toun amant repentous.
�— 171 —
«
«
«
«
«
«
Mes ïou pargue es désert! Ounte siës amagada?
Dins lou fousque dau cièl lous pibous an traucat.
0 Miëuna! iéu te sone en cridant moun pecat
Tout rèsta mut e vouida e dins una passada
La nioch e l'estelan auran tout enmascat!...
O Mièuna! respond-me! Mounte siès amagada? »
E l'auboi ressoundis pus fort e pus doutent.
Devariat caïn, lou chivalié s'auboura.
A tirât soun espasa. — (E l'auboi toujour ploura!)
E la trai dins l'estang. Lèva un flaire pudent
Dau bourdigas limpous. Un regiscle l'afloura
Que sembla d'un gipàs macà soun front doulent.
S'aplanta esglariat, car subit l'aiga bada;
De l'ersejant ilhau d'acié de sang e d'or
Vèn de vèire sali, blanca, traucada au cor,
La fada das vint ans... Mes la bella adourada.
Souta e s'apregoundis am'un gargouilh de mort
Dins lou toumple founzut... ount la barca es negada.
O panle chivalié ! moun fraire, per-de-que
L'as-ti quitada, fol !, la prumiéra mestressa ?
Es lou sort qu'a negat ta barca : ta jouinessa ;
De toutes tous remords fariés pas un barquet.
Mès lou pais nadal t'a serbat sa tendressa
Ploures couma un enfant, chivalié ? Per-de-que ?
(Las Rosas dau Clapàs)
Jousé LOUBET.
(Dialecte montpelliérain).
Soir d'Automne
Le ciel se teintait de lueurs violettes car le soleil couchant, iàbas, derrière la colline rougissait la mer. Le refrain d'un hautbois
emplissait ,».• crépuscule, déchirant le silence et (mis plaintivement
répercuté. Le verrou grinça. Par la porte violemment ouverte, entra le chevalier, pâle, le front saignant.
Pâle ainsi qu'un mourant, plus beau qu'une jeune fille, fier comme Calendal, triste semblable à Christ, il allait lentement. De ses
yeux attendris son âme", en pleurs, débordait. Une brise légère ef-
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fouillait les pétales couleur de rouille des acacias. Il chassait les
fleurs d'une main à la grâce féminine,
Et il tenait le pommeau brillant d'une épée dont la lame sortait
un peu du fourreau. Il allait pensif paraissant écarter avec les
fleurs une remembrance cruelle et plus impérieuse à chaque pas.
Soudain il se hâta vers l'étang qui brillait
Vers l'étang, au milieu du parc, il se hâtait. Là, derrière le rideau blanchâtre des roseaux, dans les touffes d'osier et d'ajoncs,
l'étang glauque dormait. D'un gros anneau pendait au ras des petits arceaux un tronçon de chaîne. La barque avait sombré. Le chevalier qui tant se hâtait hésita un instant, puis il plia les genoux
sur le ponceau. Il écartait les ajoncs en tremblant; il scrutait avidement les eaux troubles, et il sanglotait seul, n'ayant pour confidents que les arbres inclinant sur son deuil la paix grêle de leurs
ombres grêles; et il priait, il disait, sanglotant à genoux :
« Je suis revenu, bel étang, après tant de folies vers ton miroir
qui la vit se parer souriante, curieuse! ô temple prédestiné asyle
discret de ses ferveurs naïves ! fraîcheur qui la substantais d'amour
en baisant son joli corps nacré! Après tant de folies je suis revenu,
comme fait l'aronde épuisée, transie, lasse et les ailes brisées —
Je reviens pour toujours ! Les sentiers, les prairies les acacias, les
maisons, le parc si charmant, j'ai tout reconnu ! J'ai retrouvé les
traces de ses pas et je quête sa blancheur dans la clarté mourante
du soir.
O retrouverai-je le miel de tes lèvres et de ton haleine où se mêlaient la rose avec le raisin ? — Tes longs Neveux soyeux de
rousse, d'un or empourpré, je les sens qui frôlent mon front et
dans la brise c'est le gazouillement de ta voix que j'ai entendu '
J'ai faim des doux baisers de tes lèvres rouges !
Je les désire et je défaille., oui je reviens repentant et l'âme désormais purifiée, guérie. Quand mes larmes mouilleront tes joues,
ô jeunette, tu comprendras ma honte et tes jolis bras absolvant le
mensonge ancien — maintenant abhoré — tu berceras sur ton
sein ton amant repentant. , ,
Mais le parc est désert! Où te caches-tu? les cimes des peupliers
disparaissent dans la brume du crépuscule. Oh! mienne je t'appelle en criant mon péché. Tout demeure silencieux et vide, et bientôt, la nuit et les lueurs des étoiles viendront tout ensorceler... Oh!
mienne ! réponds-moi ! Où te caches-tu ?... »
Le hautbois retentit plus fort et plus poignant. Haletant, irrité,
le chevalier se dresse. Il a tiré son épée — (et le hautbois toujours
s'éplore) il la jette dans l'étang. Des rives fangeuses s'exhale un
relent immonde. Une flaque l'éclaboussé souffletant son front
meurtri.
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Il demeure épouvanté, car l'eau s'ouvre soudain. Dans l'éclair d'un
remous d'acier, de sang et d'or, il vient de voir surgir, blanche, le
cœur transpercé, la fée des vingt ans,,.,. Mais la belle adorée, glisse
entre deux eaux et s'engloutit avec un râle affreux dans l'abîme profond ... où la barque a sombré.
O pâle chevalier! mon frère! pourquoi l'as-tu abandonnée, insensé ! la première maîtresse ? C'est le destin qui fit couler ta barque : ta jeunesse. Tous tes remords désormais seront vains ! Mais
le pays natal t'a gardé sa tendresse ... Tu pleures, comme un enfant,
chevalier? Pourquoi pleurer?
J. L.
�Bibliographie Oeeitane.
A. SCH NEE BERGER. — Conteurs catalans. (Collection de la Société, édition
« Raymond Lulle » N° i). Paris Perrin, 35, quai des Grands-Augustins,
1026. In- °.
M. Schneeberger a déjà donné une Anthologie des poètes catalans contemporains depuis 1S5 4 et il met aujourd'hui à la portée du public français un excellent
choix de nouvelles et contes des écrivains modernes de la Catalogne, précédés de
notes bio-bibliographiques. Emile Vilanova, le maître écrivain des Hcènes Barcelonaises, Allons Maseras qui a introduit en Catalogne le roman psychologique et
y reste toujours profondément original, figurent dans ce recueil constituant,
avec l'Anthologie des poètes catalans contemporains, un précieux monument
élevé à la gloire de ces frères en langue d'oc dont nous suivons avec admiration
le noble effort de rénovation occitane.
J.
ESTELRICH. — Entre la vida i eh {libres. (Kl Ram d'olivera n°
Assaigs. Vol. IV). Barcelana, Llibreria Cataloma, 1926. In-8".
2.
M. Estelrich, directeur de la Fondation Bernât Metge, créée pour l'encouragement des études classiques, vient de publier son quatrième volume d'essais :
Entre la vie et les livres. Un livre de M. Estelrich, qui tient le premier rang
parmi les essayistes catalans, est toujours accueilli avec faveur par les fervents
des lettres catalanes. Ce nouveau livre s'affirme tout à l'honneur du pur humaniste qu'est M. Estelrich. Les aperçus qu'il nous donne sur les pensées du grand
lyrique italien Leopardf, ses études sur l'originale figure de l'écrivain danois Kierkegaard, celles sur Joseph Conrad et sur Maragall si noblement représentatif de
la renaissance catalane dans les premières années du XIX siècle, sont une joie
pour ceux qui, franchissant les barrières des langues et des frontières, s'intéressent au mouvement intellectuel européen. L'humorisme de Jules Romains est
aussi, dans ce livre, étudié de main de maître et Chaiioun, Chaiioun Rieu, le poète
du Paradou revit ici avec sa Provence natale en des lignes émues. Mais il y a plus
dans cette étude, il ya pour nous, Occitans de France, un sujet de méditation et
�—
175 —
un enseignement. Connaissant mieux que personne les raisons du mag-nifique
essor de la renaissence catalane, M. Estelrich a vu d'un coup d'œil sûr les causes
de l'insuccès partiel et peut-être définitif de la cause occitane en France si l'on
n'y porte remède promptement. Il appartient aux héritiers intellectuels de Mistral
de savoir tirer les conséquences logiques de son œuvre en créant un puissant
mouvement régional susceptible de faire adapter, un jour, les institutions nationales aux inéluctables nécessités de la renaissance occitane.
A. LAJOINIE, —
Nos troubadours. Bordeaux, Féret, 9, rue de Grassi,
1926. In-8°.
M. Lajoinie, l'auteur de l'enquête sur les Bases logiques d'une Restauration
provinciale a voulu mettre à la portée du grand public la pittoresque, abondante
et subtile littérature occitane du Moyen-Age qui, il faut bien l'avouer, est plus
connue et goûtée à l'étranger qu'en France. M. Edouard Bourciez, professeur
à l'Université de Bordeaux, a écrit ia préface de ce copieux et intéressant ouvrage où l'on trouve malheureusement un certain nombre d'inexactitudes concernant,
en particulier, le lieu d'origine de plusieurs troubadours. De nombreuses poesrcs
accompagnées de leurs traductions françaises permettront aux profanes de goûter es œuvres de ceux qui firent, au Moyen-Age, la gloire de la langue d'Oc.
René FARNIER. — La Pena de chauzir. Limoges, imprimerie Commercia
le Perrette, 7 cours Jourdan, 1926. In-8°.
Jouée pour la première fois le 22 août 1925, à la 25me fête de l'Egiantine, cette
pièce populaire limousine est d'une charmante bonhommie. La fille d'un paysan
propriétaire, pour ne pas avoir la peine de choisir entre deux prétendants, demande à son père d'effectuer le choix lui-même. Les deux prétendants font tant et
si bien que le père n'a plus à leur sujet l'embarras d'un choix finissant par se porter tout naturellement... sur son propre valet de ferme qui aime sa fille et en est
aimé. Il y a, dans cette pièce, tout un riche et pittoresque vocabulaire campagnard
dont nous avons beaucoup apprécié la saveur. Vice-Président de la Maintenance
du Limousin et maître en Gai-Savoir, M. René Farnier a déjà fait représenter
avec succès d'autres pièces qui honorent grandement le théâtre populaire limousin.
Elisabeth DODE.—Pantai Pfouvençau, chez l'auteur; i, rue d'Orléans
Nîmes. In-8°.
Mlle Dode a appris seule le provençal et elle en connaît bien les richesses.
Dans ce long rêve provençal, qui se déroule aux Saintes-Mariés de la Mer, Mlle
Dode fait preuve d'imagination et de sens poétique; elle se laisse malheureusement entraîner souvent par la double facilité de son talent et des rimes provençales. Son livre n'en est pas moins un bon livre et nous sommes heureux de faire
nôtres, ces paroles que lui adressait Mistral, à l'occasion de ses premiers
essais : « Vous êtes une noble félibresse, une digne fille du Midi ».
�— 176 —
BOYER D'AGEX. —
Au pays de Jasmin. Paris.
A.
Lemerre. In-8".
M, Boyer d'Agen, dans le tome II de cet intéressant ouvrage, nous donne une
traduction en vers des Papillotes, de Jasmin. Lorsqu'un poète veut traduire en
vers un poète, c'est toujours une tentative audacieuse où l'échec est parfois certain.
M.
Boyer d'Agen a souvent réussi à nous rendre en français la grâce et
l'harmonie du poète gascon. Dans son prologue, il adressé à la statue de Jasmin
des vers émus et la décrit ainsi telle qu'elle apparut à ses enthousiastes yeux
de dix ans
:
Un homme qui tendait ses bras, comme des ailes.
Au ciel libre où volaient ses sœurs, les hirondelles,.
Et dont les mains s'ouvraient en des gestes bénis
Aux oiseaux s'y posant comme en d'aimables nids.
Un barde au corps rythmique et beau, comme une lyre,
Dont chaque nerf vibrait au souffle qui l'inspire,
Dont l'œuvre fut un charme et la vie un jardin...
Joseph
CI'ARBAUD. —La
bête du Vaccarès. Paris, Grasset, 61, rue des
Saint-Pères, 1926 In-8°.
M. Joseph d'Arbaud, majorai du Félibrige, rédacteur en chef du Feu, l'auteur
des Rameaux d'airain et du Laurier d'Arles
est une des plus .pures gloires de
la poésie provençale contemporaine. L'œuvre en prose qu'il vient de publier sous
le titre sonore et mystérieux de
TAI
Bête du Vaccarès se trouve digne du grand
poète qu'il est et de la Provence qu'il aime. M. d'Arband nous promène à travers
la Camargue
aux
taureaux
légendaires,
parmi
les troupeaux
galopant dans
le
mistral, devant les flamboiements de la mer... Charles Maaurras a écrit, pour ce
livre, une préface où son talent prestigieux vient rendre un amical et juste hommage à un maître de la littérature provençale. Une- admirable traduction accompagne l'ouvrage; elle permettra aux profanes de goûter, en partie, le charme d'un
beau livre consacré à la gloire d'un beau pays.
PAUL-LOUIS
GRENIER.
Nous consacrerons à M. Joseph d'Aband une étude dans la série des « Têtes
occitanes ».
�Le Mouvement Economique
Ua eonnsisssnee de la franee.—
la
information régionale et les riehesse»
du Sud-Ouest. — Ije moreellement de la propriété vitieole. —
L»a suppression des Sous-Préfeetures dans le Uanguedoe ,V!éditerranéen.
Lenteur, voire recul, dans l'effet de redressement national qui a
suivi l'après-guerre, mis en contraste avec l'admirable activité de
nos contemporains, ne s'expliquent que par le retard de nos idées et
de nos institutions appliquées à des faits plus jeunes, plus mobiles
qui les débordent et les contrecarrent. Mais ce retard n'a-t-il pas
pour cause profonde celui de-nos connaissances ? Quelle image nous
faisons-nous de la France de 1926 ? Elle n'est point celle qu'il y a
dix, quinze ans ou plus nous avons gardée do ce que nous apprîmes
en classe! Réfléchissez que, par l'ancienneté des livres et par leur
mise au point, en 1922, on enseignait encore : Cette, port exportateur
de vins. Et Cette vivait de l'importation depuis la crise phyloxérique.
Pour agir, il faut d'abord connaître et nous constaterons avec
plaisir que nos progrés dans cette voie figurent au nombre des résultats à mettre déjà à l'actif de la loi Clémentel. Avec plus ou moins
de rapidité et de bonheur, les « régions » se sont mises à l'ouvrage
et ont commencé à inventorier. La IX0 région, celle de Toulouse, qui
ne couvre pas moins de 61.116 km. carrés et qui groupe plus de deux
millions d'habitants, a déjà dressé le répertoire des produits recueillis ou fabriqués et la liste de tous ses industriels. Elle a publiée
des monographies sur l'agriculture, le charbon, les forces hydrauliques, les industries électrotechniques et mécaniques; dressé la carte
des productions végétales des pays de Foix, de Port-Vendres, etc.
Cette enquête continue : elle est de tous les jours, et nous en trou-
�~ 178 —
vons les éléments dans l'organe hebdomadaire de la IX" région :
« LInformation Régionale (1). »
Nous connaissons quelques uns de ses pareils et nous devons
immédiatement souligner que le journal de Toulouse ne peut que
gagner aux comparaisons. Pas de présentation prétentieuse mais
commodité et lisibilité parfaite; pas de bourrage, de hors d'œuvre
et de réthorique, mais seulement des choses utiles et clairement
dites. Les informations statistiques y sont à la fois brèves parce que
choisies et présentées, les études d'ensemble demandées judicieusement aux personnes qualifiées, sont impeccables. Que les numéros de
1925 puissent se lire en septembre 1926 sans perdre de leur intérêt,
c'est ce qui nous étonnera moins quand nous aurons dit à nos lecteurs que « l'Information Régionale » est dirigée par M. Hubert
Lagardelle.
*
**
Tous les méridionaux et particulièrement les Catalans devraient
savoir que leur compatriote M. Sorre, Professeur de la faculté des
Lettres de Lille, a publié une thèse de géographie sur les Pyrénées
méditerranéennes : Roussillon, Cerdagne.
Cet ouvrage est copieux et sévère et ne s'adresse qu'aux lecteurs
qui ont le temps. L'Information Régionale a eu l'heureuse idée de
demander à M. Sorre une étude sur les Pyrénées Orientales. Elle
n'est naturellement pas à la portée de tout le monde. On la trouvera dans les numéros du 3, 10, 17 octobre 1925.
Autre étude d'ensemble, alerte et complète, riche en détails intéressants et quelquefois nouveaux, celle de M. François Gadrat sur le
département se l'Ariège. Le particularisme ariégeois a survécu
longtemps à la Révolution: en 1804 les conscrits réfractaires brûlèrent la préfecture de Foix. La population de ce département est
tombée de 290.000 sous le second empire à 122.000 en 1921.
*
* *
L'afflux des immigrants italiens dans le Sud-Ouest a eu pour
premier et heureux effet la reprise de la sériciculture (19 juin 26)
Les causes de la disparition — maladies et insuffisance de la rémunération — ont maintenant disparues. Cette renaissance, fait nouveau, n'est point laissé au hasard des initiatives individuelles mais
(1) L'Information Bégionah, hebdomadaire : 0,40; Toulouse, 34, rue de Metz. Abonnement ; 20 francs,
�est l'objet d'une collaboration ordonnée des soyeux et des organisations agricoles.
La production maraîchère à Toulouse (2janv. 26) couvre 2.000 Ha
et intéresse 3.000 familles. La culture de la violette (17 avr.) appartient à une coopérative de producteurs, qui ont fait un chiffre d'affaires de 2 millions 241.000 francs en 1923 réparti entre 280 familes.
L'étude sur la culture de la prune d'Agen (17 Avril), nous donne
d'intéressants détails sur la concurrence Californienne et montre
que son avenir à l'exportation dépend de l'habileté de nos défenses
douanières.
Le réputé et glorieux fromage de Roquefort (5 juin), honneur et
richesse des Causses, a attiré l'attention du législateur. S'il est un
produit national intéressé à la protection des marques d'origine,
c'est bien le fruit de Combalon dont il s'est fabriqué onze millions
de kilogs en 1924 sur lesquels cinq ont été vendus aux Amériques.
On incrimine bien souvent le bénéfice du producteur rural quand
on parle vie chère. Mais pour le Sud-Ouest (19 juin) il est très net
qu'une des causes de l'exode rural est l'insuffisance absolue des
salaires .
*
**
L'exploration méthodique du sous-sol français réserve des surprises. Voyez plutôt les pétroles de Gabian. La prospection de ce
liquide précieux et sale, est commencée avec ardeur. Vous serez
frappé en lisant les études sur l'Ariège (3, 10, 17 oct. 1925) et celle
du 30 juin 1926 sur les mines et les carrières du Lot de l'étendue de
ces possibilités comme aussi des exploitations, autrefois prospères,
aujourd'hui abandonnées. C'est par exemple dans le seul Lot, le
zinc et le plomb des environs de Figeac dont l'extraction est tombée de 6.480 t. en 1906 à 3.627 en 1918, à rien ces dernières années;
celle des phosphates de chaux dont on découvre maintenant des
gisements nouveaux. Le seul Lot offre ses poteries et briques (14.000
tonnes en 1913), de ses terrains liasiques, des fers traités par les
usines de Fumel; le sulfate de baryte à St-Céré (1.100 tonnes en 1922),
la pierre à bâtir. Le manganèse, le cuivre et l'or y sont des possibilités. Il faut se dire que la grandissante concurrence autour des
matières premières de plus en plus gardées par les pays d'origine,
rendra rémunératrice la reprise d'industries ou d'exploitations qui
hier encore ne payaient point. Par exemple la papeterie de Montech
dans le Tarn-et -Garonne était alimentée par la paille d'avoine.
La hausse des papiers a totalement bouleversé cet état de choses.
On voit que les capitaux français auront d'autres emplois que
l'achat des bons.
�— 180 —
Les richesses de l'Ariège méritent l'attention (janvier 26). 26
concessions, 7 de fer autour de Tarascon donnent 9.000 tonnes et
d'une qualité très appréciée, 3 de manganèse, 10 de plomb et de
zinc, 4 de cuivre, 2de sel. La mine de Rancié a ceci d'original qu'elle
appartient à huit communes du Vicdessos. Mais ce système coopératif communiste ne produit que des résultats médiocres dont souffrent peu d'ailleurs les mineurs propriétaires qui trouvent dans la
culture un notable complément de ressources. Le numéro du 20
février vous apprendra qu'il n'y a que trois producteurs de talc
en Europe: l'Italie (Pignerol 15,000 ts.), l'Autriche (Gratz 12.000 ts.)
et la France (55.000 ts.). Et que c'est à l'Ariège que la France doit
cette richesse : 50.000 tonnes dontles 2 3 vont à l'exportation. L'origine en est récente et la main-d'œuvre toute entière espagnole.
* *
"
Le Sud-Ouest a une notoriété indiscutée en matière culturale.
Son activité industrielle est moins connue et pourtant la région offre
de nombreux exemples de cette fièvre de création qui a suivi la
paix.
Les industries de Toulouse : meuble (14 nov.), confection et
lingerie (2 janv.), parapluies (6 janv.) n'ont pas moins gardé leur
caractère ancestral. Industries à domicile, les essais de travail à
l'atelier ont échoué. Le meuble y doit son origine à la présence des
matéres premières (noyers et châtaigniers du Massif Central et des
Pyrénées, facilités ensuite d'exportation par Cette et Bordeaux).
Encore à la petite entreprise, il n'en fournit pas moins à l'exportation des copies de meubles anciens et les grands magasins de Paris
sont ses clients. Revel fabrique des meubles ordinaires en peuplier.
Le meuble toulousain est menacé de la crise de l'apprentissage.
L'industrie des parapluie et ombrelles produit pour un million
par an, exporte dans tout le bassin méditérranéen et a réussi
jusqu'à présent à vaincre la concurrence allemande.
Le plus grand centre industriel de la IXe région est sans contredit
Mazamet (20 févr.). C'est le surpeuplement et le bas-prix de la
main-d'œuvre qui expliquent son industrie mais plus encore le
détachement d el'agriculture qu'imposait aux protestants la constante menace de l'expulsion. Ce fut d'abord l'industrie du coton
puisque la fabrication de ces étoffes avec des matières premières
non récoltées se trouve, n'exigeant qu'une filature et un tissage
à la main, destinée à recevoir ses débouchés hors de la contrée
laissant par là aux fabricants toutes facilités de déplacement et de
transplantation. Mais c'est le délainage des peaux qui a fait la
fortune de Mazamet. Introduite en 1856, le traité de 1860 admettant
�— 181 —
en franchise les laines en peaux brutes, la pureté des eaux, l'abondance de la main-d'œuvre, tous ces éléments expliquent cette prospérité ascendante jusqu'en 1923 où une grève vint l'arrêter sans
la ruiner. Cette industrie qui emploie 6.000 ouvriers, a réussi à exporter malgré la concurrence de la Plata. En 1923 elle fit pour
700 millions de chiffre d'affaires. L'activité de Mazamet ne peut
mieux s'illustrer que par le chiffre du montant des opérations de
la succursale de la Banque de France : 900 millions.
*
* *
Les transports du Midi ont mauvaise presse. Elle fut méritée
mais on ne tiendra jamais assez compte du caractère rural de ces
contrées, de leur faible densité en décroissance, de l'éloignement
de Paris, de la stupide coupure des réseaux. La compagnie du Midi
n'en craint pourtant aucune autre sous le rapport des initiatives.
Les méridionaux savent-ils assez qu'elle est la plus avancée quant
à l'électrification ? Une mission d'ingénieurs italiens (19 juin) en
est partie fortement édifiée. Par contre, tout est à faire pour les
voies navigables (5 et 12 juin). Malgré la fréquence et l'abondance
des crues, la navigation en Garonne a été très anciennement pratiquée et particulièrement active au XVIIIe siècle. La voie ferrée en
lui aurait pas porté un coup mortel si l'institution en 1898 d'un barème annexe abaissant de 60% le tarif sur la seule ligne BordeauxCette n'était venu ruiner la navigation.
*
* *
Une enquête récente faite par le ministère de l'agriculture prouve
que le midi du Languedoc médité rranéen est un des coins de France
où la propriété est la plus morcelée.
Beproduisons les résultats de cette enquête :
NOMBRE
de récoltants
possédant.
5 à 10
10 à 20
20 à 50
50 à 100
100 à 150
Au-dessus
ha
ha
ha..
ha
ha
de 150 ha....
Aude
3.213
1.110
667
176
20
14
Gard
1.886
688
304
42
5
4
HéravU
Pyr.-Or.
5.250
1.963
905
270
32
9
1.084
539
282
68
20
1
Une enquête plus précise a été faite dans le département de
�— 182 —
l'Aude par les dirigeants de la C. G. V. Il en résulte que' sur 34.907
Vignerons ayant fait une déclaration en 1924 :
33.316, soit 92,3 % exploitent de 0 à 5 hectares;
21.612, soit 61,9 % récoltent de 10 à 50 hectolitres à l'hectare et
ont produit 2.222.326 hectolitres, soit 37,1 % de la production du
département;
11.410, soit 32,6 % ont récolté de 51 à 100 hectolitres à l'hectare
etont produit 3.055.887 hectolitres, soit 51 % de la production du
département;
1.885, soit 5,4 % ont été récolté plus de 100 hectolitres à l'hectare
et ont produit 713.562 hectolitres, soit 11,9 % du total de la production du département.
*
* *
La région du Languedoc est une des mieux définies de Fiance,
une des plus faciles à reconnaître sur toutes les cartes, tous les
phénomènes du sol et de la vie y sont identiques en toutes ses
parties. Celle où croît l'olivier et où règne la monoculture de la
vigne sur la rive gauche du Rhône. Ajoutons-y ses annexes montagneuses faciles à délimiter les Causses et les Cévennes que lui rattachent les lignes Nimes-Lauzergue et Béziers-Neussargues. Mais
comme cette région ne peut se définir ni par une capitale ni par
un fleuve, qu'elle est la moins connue à Paris, elle est toujours
sacrifiée. Il n'est point une délimitation qui ne l'abime. Aucune
de nos régions administratives militaire, universitaire, forêts, ne
les respecte et sans motifs valables. Pourquoi faut-il qu'Albert
Sarraut régnante, une anomalie de taille vienne encore s'ajouter
à la liste ! Vous savez qu'on a régionalisé les conseils de Préfecture.
Le décret a transporté froidement ceux de Carcassonne et de Rodez
à Toulouse et le Conseil de Montpellier ne régira que l'Hérault,
le Gard et les Pyrénées Orientales ! Sans commentaires.
N'hésitons pas à l'écrire, nous y reviendrons, que l'arrondissement est un des cadres les plus heureux et les plus naturels : la
commune, l'arrondissement, la région, tels devraient être les cadres
sur quoi se hiérarchiserait toute vie officielle si on se préoccupait
de la faire correspondre aux réalités qui justifient son existence
et sa cherté. Lucien Romier a conclu en ce sens, faissons lui écho
afin que à la longue à force de rabâcher, ce clou s'enfonce dans le
crâne de nos « dictateurs »; qu'il sera tout aussi facile de faire
reélire des députés avec ces cadres nouveaux qu'avec les anciens.
C'est le seul qui convienne aussi bien au scrutin d'arrondissement
qu'cà l'application de la R. P. intégrale.
JEAN
MORINI-COMBY.
�B'ila original d'Achille Rouqci*.
Têtes Occitanes
Auguste Fourès.
UGUSTE FOURÈS, né à Casicinaudary, Aude, le. 8 avril 1848,
et mort dans cette même ville le 4 septembre 1891, n'a
pas encore de monument dans l'ancienne capitale du Lauraguais. Sa statue, il est vrai, s'érige au Grand Rond de
Toulouse, et ce n'est pas sans raison, car il vécut quelques
années dans la Cité Raymondine, bien connu dans les
milieux des littérateurs et des journalistes. Les félibres de sa ville natale,
groupés sous le nom de Grilhs del Lauraguais, veulent qu'un monument,
�— 18*
pouf si humble qu'il soit, y perpétue le souvenir du grand Félibre que
fut Auguste Fourès.
Mort à l'âge de 43 ans, il ne nous a pas laissé de poème considérable,
d'ceuvre puissante qui puisse le mettre au niveau de Mistral, ou d'Aubanel,
pour ne citer que des morts. Néanmoins, parmi ses poésies recueillies
par lui ou par ses successeurs, en quatre volumes, il y a des merveilles
incomparables par la noblesse de l'inspiration, la finesse de l'observation
et la pureté de la langue.
C'est à la vie quotidienne du peuple qu'il puise, c'est dans l'histoire
de la Patrie méridionale qu'il lit. Il est un vrai disciple de Mistral, avec,
en plus, la fougue de Félix Gras, je ne sais rien de puissamment tragique comme La Segairo nudo (La Moissonneuse nue), je ne connais
pas d'évocation magique de l'histoire du Midi qui approche de son Grand
Lauraire ,(Le Grand Laboureur).
El, disiu 'no ardido cansou,
E sa voux pouderouso
Fasio 'n loung ressou
De Beziès à Toulouso.
(Lui, disait une hardie chason, et sa voix puissante faisait un long écho
de Béziers à Toulouse).
Qu'est-ce qu'il chantait ce laboureur ? Les belles dépouilles des martyrs
albigeois qui renaîtraient comme les blés en bonne terre noire, dans les
coquelicots sanglants.
Mais, la plus belle œuvre de Fourès ne se trouve ni dans Les Grilfis,
ni dans les Cants del Soulelh, ni dans La Muso Silvestro, ni dans La
Sègo; elle est dans ce mouvement de Renaissance entrepris par lui en
Lauguedoc, à la suite de Mistral. C'est Fourès l'initiateur de la magnifique littérature occitane actuelle qui s'épanouit avec une vigueur étonnante; c'est sur la tombe de Fourès, à Castelnaudary, que ses deux grands
disciples, Prosper Estieu et Antonin Perbosc, jurèrent de mener à bonne
fin le travail entrepris par le félibre lauraguais.
N'est-il pas juste que, sur une place publique de la vieille cité languedocienne qui, jadis, connut tant de gloires, et aussi tant de misères,
qui aujourd'hui est le témoin d'un renouveau littéraire dû, pour beaucoup,
à Fourès, revive, triomphant, celui qui eut foi dans les destinées de
la Cause occitane ? Tous ceux qui aiment l'Occitanie, son histoire, sa
langue, écartant jalousement toute discussion religieuse et politique,
viendront, dans un élan unanime, apporter leur pierre au monument élevé
à la gloire de La Cigalo de la Libertat.
Abbé Joseph SALVAT.
�— 185 —
BIBLIOGRAPHIE DE R. fOURÉS.
Silves païennes (en prose) Castelnaudary 1872. — Oiselets et Fleurettes, poésie»,
Paris, Vanier, 1872; — Antée, poème, Paris, Vanier, 1873; — Marsyas, poème.
Paris, Vanier, 1874; — La Grande Armoire, nouvelle, Castelnaudary, 1875; —
Les Sauveteurs obscurs, Castelnaudary, 1875; — Le Lion, poème, Castelnaudary,
1875; — La Oraux del grand a'igat, Castelnaudary, Chavard, 1875; — Achilo Mir
et la Cansoun de la Lauseto, Carcassonne, 1875; — L'Avocat Muet, nouvell»,
Paris, 1876; — La Gueuserie, Narbonne, Caillard, 1889; — Le Compousiiou, Moiupellier, Hamelin frères, 1879; — Fer l'Alsacio-Lourreno, 1883; — Les Grilhs, Paris,
Maisonneuve, 1888; — Les Hommes de l'Aude, 1889 et 1891, deux séries; — Le
Midi Gastronomique. Lo Gassolet, Ribaute, 1889; — Potiers et Poteries du Lauraguais, Albi, 1891; —Rodolphe Bresdin, Paris, Savine; Carcassonne, Servière,
1891; — Les Gants del Soulelh, poésies languedociennes, Paris, Savme; Carcassonne, Servières, 1891; — Les jeux des Enfants en Lauragttais, 1891; — La ICuso
Silvestre, œuvre posthume éditée par l'Ecole Audenco à Carcassonne; — La Se&o,
œuvre posthume éditée par l'Escole Audenco, édition d'art avec bois gravés originaux de Jane, Achille et Auguste Rouquet, tirage limité. Carcassonne, La Revue
Méridionale, 1912.
Auguste Fourès a collaboré à beaucoup de journaux et de revues, entre autres :
La Revue Méridionale, à Carcassonne. — La Poésie Moderne qu'il fonda avec
P. Estieu à Castelnaudary. — Le Petit Toulousain, dont il fut le rédacteur en
chef. — La Revue des Langues Romanes. — La Revue Provinciale (1886). —
La Revue des Pyrénées.
Note. — Nous donnerons dans notre prochain numéro les portraits d'Armand
Praviel, du I)1' Albarel et de Gaspard Maillol.
Auch. — T. Cocliaraux, Imprimeur, rue de Lorraine
CI.0.0.
BÉZIERS
��L'Office Occitan
PARIS, 41, Boulevard des Capueines, PARIS
TÉLÉPHONE : GUT.
78-1!).
Fondé par le Groupe Occitan et en liaison étroite avec la section
économique de ce Groupe, 1'OFFICE OCCITAN se propose de contribuer
à l'essor économique du Languedoc et du Roussillon.
Situé en plein cœur de Paris, fréquenté par de nombreux correspondants de France et des principaux pays étrangers, l'Office Occitan met à la disposition des producteurs, commerçants et industriels
de nos régions d'importants avantages, parmi lesquels :
— Un service de renseignements .sur la situation des marchés
français et étrangers;
— Des moyens de liaison entre producteurs et acheteurs;
— Des facilités de présentation dans sa salle d'exposition;
— La publicité dans les « Feuillets Occitans », largement répandus en France et en Pays latins;
— Un casier de correspondance permettant, en leur absence, de
diriger leur courrier suivant leurs indications ;
— La participation collective aux Foires et Expositions, en France
et à l'Etranger.
Petites
Églises
de
la
Guerre.
On sait que notre compatriote et collaboratuer, le graveur et peintre Gaspard
Maillot avait t'ait paraître après l'armistice, un album de bois gravés Petites
Eglises de la guerre, avec prétace de notre vice-président Paul-Sentenac.
Cet ouvrage, d'une réelle valeur xylographique, fut malheureusement imprimé
sur un papier défectueux. Cela inquiétait particulièrement l'artiste qui, ainsi que
nous avons eu l'occasion de le dire, avait créé, avant la guerre , un papier à la
main, exempt de toute combinaison chimique et rappelant les productions papetières des siècles passés. Mais le graveur, encore mobilisé, ne pouvait fabriquer
son papier.
Aussi, pour conserver cet ouvrage, les éditions à VEnsèigne du Pégase ont décidé de réimprimer les Petites Eglises de la guerre sur le papier de Montval,
qui se fabrique désormais, sous la direction du créateur lui-même Gaspard-Maillol, aux anciennes manufectures royales Canson et Montgolfler, à Vidalon-lesAnnonay.
Cet album, d'un format in-4 jésus, est tiré sur Montval et sur presse à bras,
à 130 exemplaires seulement, dont 30 hors commerce. T_,a touchante préface de
Paul-Sentenac, imprimée en caractères gras, forme un ensemble parfait, un tableau pourrait-on dire, à chaque pag'e, avec la gravure qui ornemente le texte.
Prix à la souscription : 150 francs. Après la souscription : 200 francs.
Envoyer les souscriptions aux Editions à l'enseigne du Pégase, 37, rue Boulard,
Paris (XIV).
�Une édition d'art « Liou Cami des Crouts )> du D' Albarel
Félibre JVlajoral.
Aux éditions de « la Cigalo Narbouneso » paraîtra en décembre l'œuvre du Docteur Albarel, illustrée de 15 bois gravés originaux d'Auguste Rouquet. Le poète et
l'artiste ont uni leur talent dans l'amour de la langue et de la pensée Occitanes.
Nous nous réjouissons de la publication de cette œuvre, qui pourrait être la première d'une série de belles éditions occitanes, parmi lesquelles nous voyons déjà
l'œuvre posthume de Clottes. Aux amis de la langue et de l'art de chez nous de
nous encourager dans cette tentative.
Cet album format in-quarto
est tiré à 150 exemplaires seulement. 20 exemplaires sur papier de Hollande à 50 fr. l'exemplaire; 100 exemplaires sur papier
de Montval, à 20 fr. La souscription est déjà avancée et les bibliophiles occitans
désireux de posséder cet ouvrage pourront adresser sans retard leur souscription à
M. Jean Lombard, administrateur de la « Cigalo Narbouneso », 4, rue Auber, à
Narbonne. Le règlement se fera à la réception de l'ouvrage.
L'édition à 20 fr. sur papier de Montval de Gaspard-Maillol est à la souscription,
réservée à 15 fr. pour les membres du groupe Occitan, frais de postes en plus.
Un monument à Auguste F°ul"és, à Castelnaudary.
Nous recevons la lettre suivante :
L'Association Pélibréenne Los Grilhs del Lauragués, groupant les félibres de
Castelnaudary et de la région lauraguaise, a pris à cœur d'ériger un monument,
dans sa ville natale, à Auguste FOURÈS, le grand félibre qui écrivit Les Grilhs,
Les Gants del Soulelh, La Muso Silvestro, La Ségo, né et mort à Castelnaudary
(1848-1891).
Los Grilhs del Lauragués se sont constitués en un Comité d'Initiative, dont
le Président d'Honneur est le Capoulié du Félibrige, et ils lancent une souscription
publique, faisant appel à tous ceux qui aiment la Patrie méridionale, son histoire,
sa poésie, sa langue, à tous les fervents du Régionalisme, à tous les Félibres.
Ils entendent glorifier en Auguste Fourès, en dehors de toute question politique
et religieuse, le grand animateur qu'il fut, en Languedoc, de la Renaissance méridionale, en un mot : le Félibre.
Ils vous demandent de vouloir bien faire écho à leur appel, dans les publications
que vous dirigez ou auxquelles vous collaborez, et vous remercient par avance
du concours précieux que vous leur apporterez.
Le Président :
Prosper ESTIEU,
Le Secrétaire :
Abbé Joseph SALVAT.
Majorai du Félibrige, Maître ès Jeux Floraux.
N.-B. — Les listes de souscription doivent être demandées, et les sommes
souscrites doivent être adressées au Trésorier du Comité, M. Joseph Delestaing,
11, rue du 11-Novembre, Castelnaudary (Aude). Compte postal, Toulouse, n° 1758.
�Les Feuillets Occitans
Bulletin mensuel ciu Groupe Occitan
ORSANE RÉGiOKALlSTE DES PAYS D'OC
Mmu d« la Rédaction :
41, Boulevard
des Capucines, PARIS
TÉLÉPHONE : GlJT. 78-1».
Jour de'réception : le mercredi de 6 à 7 h.
Dé:pôt et "Vente :
Librairie « Gctitania », 6, te-ge Mm, 9xo, et 9, Rue tome, à Tuulsise ;
Libriirie SauqBette, à Carcassonns; M tà Grands Régionaux, à Paris.
COMITE DS RÉDACTION :
Le Comité Directeur du Groupe Occitan.
JLes manuscrits doivent être adressés à M. Auguste
Principaux collaborateurs :
ROUQDET,
Secrétaire général)
Lettres Françaises : J. P. Paul ALIBFJRT; Jean AMADE; Achille ASTRE;
JeanAZAIS; Daniel BAQUÉ; A. BAUSIL ; Adrienne BLANC-PÉRIDIER; BOYERD'AGEN; Jean CAMP; CHARLES-BRUN; G. CHBRAU, de l'Académie Concourt Marcel CLAVIÉ; M. COTJLON; Benjamin CRÉMIEUX; Pernand CRÉMIEUX; Joseph DELTE1L; DENYS-AMIEL ; Henri DUCLOS; Raymond ESCHOLJER; Lucien PABRE; Henri PESCOURT; Ernest GAUBERT; H. GAUTIER
du BAYL; Jo GINESTOU; Jehan d'ARVIEU; Vincent HYSPA ; Pierre JALABERT; ROMUA LD-JOUBÉ ; Jean LEBRAU; J. MORINI-COMBY ; H. MUCHART: Henri NOELL; Ch. PHALIPPOU; J.-S. PONS; Armand PRAVIEL:
Albert PUJOL; D' RAMAIN; A ROUQUET; J. ROZÈS de BROUSSE; Frédéric
SAISSET; Marcel SAUVAGE; PAUL-SENTENAC; Léon SOULIÉ; TOUNYLERYS; P. TRESSERRE; Suzanne TESSIER; Paul VALERY, de l'Académie
Française; Georges VILLE ; Jules VERAN, etc.
Lettres Occitanes : Professeur ANGLADE; Jules AZEMA; Dr Paul ALBAREL;
Léon AURIOL; Prosper ESTIEU; Adolphe FALGAIROLLE; M. PRISSANT;
îsmaël GIRARD; P.-L. GRENIER; E.-H. GUITARD; Léon JULIA; J. LOUBET;
Antonin PERBOSC; Jean PUEL Emile RIPERT; José ROUQUET; Abbé Joseph
SALVAT; Dr SOULA, etc., etc.
Beaux-Arts : BERNARD; Auguste CHABAUD; CALMON; Louis CLAUDEL;
DESNOYERS; DOMERGUE-LAGARDE H. FAVIER; Mme GAUDION; A GUENOT; GASPARD-MAILLOL; ; A. LAGARIGUE; Pierre LAPRADE; Jean MAGROU; Jean MARSEILLAC; MAX-THERON; PARAYRE; RAMEY; RAMOND;
E. REY-ANDREU Achille ROUQUET, Auguste ROUQUET, etc. etc.
Etudes Economiques : Gaston COMBELERAN; Emile COMET; L. DOUARCHE;
Jean DUPUY Aimé GRANEL; A. PASSERIEUX; Pierre du MAROUSSEM, etc.
Bistoire, Archéologie, Fok-Lore : Fernand CROS-MAYREVIEILLE; E. ROTJXPARASSAC; Prosper MONTAGNÉ; FOTX.
t
Les Chroniques de l'Amérique Latine ; Jean CAMP; de SAINT-VINCENTBRASSAC.
Les Chroniques Italiennes : César SILVAGNY.
Les Chroniques Espagnoles : Jean CAMP.
Les Chroniques Roumaines : Jean CAMP.
Chroniques Régionales.
�Bol» original d'Achille
// a été tiré du présent numéro
ao exemplaires de luxe numérales
hors commerce, sur papier lté
Montval, de G. Maillol.
Ex. n*
ROUQOST.
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Patrimoine écrit occitan:périodiques
Description
An account of the resource
Ce set contient les périodiques numérisés par le CIRDÒC issus des collections des partenaires d'Occitanica
Revista
Item type spécifique au CIRDÒC : à privilégier
Variante Idiomatique
Languedocien
Région Administrative
Languedoc-Roussillon
Aire Culturelle
Languedoc
Roussillon
Type de périodique
Revistas d'estudis localas = Revues d’études locales
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Les Feuillets occitans : Languedoc, Roussillon, pays d'Oc. - 1926, n°13-14-15 (Août-Septembre-Octobre)
Subject
The topic of the resource
Littérature occitane -- Périodiques
Mouvement occitan -- Périodiques
Régionalisme -- Périodiques
Régionalisme (littérature) -- Périodiques
Description
An account of the resource
Les Feuillets occitans. - 1926 - N° 13-14-15
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Cros-Mayrevieille, Fernand
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Groupe occitan (Paris)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1926-08
1926-09
1926-10
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public/Domeni public
Relation
A related resource
Vignette : http://occitanica.eu/omeka/files/original/c5f83304ca7081a8cf76787f4d1c5b55.jpg
http://www.sudoc.fr/127555161
Is Part Of
A related resource in which the described resource is physically or logically included.
Les Feuillets occitans (<a href="http://occitanica.eu/omeka/items/show/12808">Accéder à l'ensemble des numéros de la revue</a>)
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol. (p. 146-185)
Language
A language of the resource
oci
fre
Type
The nature or genre of the resource
Text
publication en série
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
http://occitanica.eu/omeka/items/show/12827
FRB340325101_M3_1926_13_14_15
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
19..
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence ouverte
Date Issued
Date of formal issuance (e.g., publication) of the resource.
2016-03-29 Françoise Bancarel
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Praviel, Armand (1875-1944)
Tallet, Gabriel
Sentenac, Paul (1884-1958)
Rouquet, Auguste (1887-19..)
Loubet, Joseph (1874-1951)
Morini-Comby, Jean
Salvat, Joseph (1889-1972)
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Les Feuillets occitans. - 1926, n°13-14-15 (Août-Septembre-Octobre)
Source
A related resource from which the described resource is derived
Mediatèca occitana, CIRDOC-Béziers, M 3
Occitanica
Jeu de métadonnées internes a Occitanica
Portail
Le portail dans la typologie Occitanica
Mediatèca
Sous-Menu
Le sous-menu dans la typologie Occitanica
Bibliotèca
Type de Document
Le type dans la typologie Occitanica
Numéro de revue
Catégorie
La catégorie dans la typologie Occitanica
Documents
Contributeur
Le contributeur à Occitanica
CIRDOC - Institut occitan de cultura
Art
Illustracion dels periodics=Illustration des périodiques
Literatura occitana = littérature occitane
Movement occitan=Mouvement occitan
Novèlas=Nouvelles
Poesia=Poésie
-
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PDF Text
Text
2* ANNÉE
e
e
e
10 , 11 et 12 Feuillet.
MAI-JUIN-JUILLET
1926
C.i.Q.O,! Le N° • 3 fr
LES FEUILUTS
OCCITANS
LANGUEDOC ROUSSÎLLON
PAYS D'OC
ORGANE DU GROUPE OCCITAN
41, Boulevard des Capucines, 41
PA.RIS
�SOMMAIRE
Les Lettres Françaises :
VExcellence Valérienne
Les Livres
*
• •
Les Pins, poème
H. GAUTIER DU BATL.
Fréd.
A.
Léon
SAISSET;
Jean
LEBRAU;
R.
SOULIÉ.
Beaux Arts :
Sous Tœil bleu-gris de Gustave Geffroy
Échos
PAUL-SENTENAC.
F.
G.;
A.
J.
MORINI-COMBY.
R.
LE CINÉMA :
Vers une Esthétique Occitanienne
Un Cinéaste Occitan
DR RAMAIN.
Inventaire Régionaliste :
INTRODUCTION
LES FEUILLETS OCCITANS.
Essai d'Architecture méditerranéenne
H. FAVIER.
Les Lettres Occitanes :
E.-H. GuiTARD.
Abbé SALVAT ; Dr
P.-L. GRENIER.
Enquête. .
Réponses
Bibliographie
Le Mouvement économique
.....
J.
Les pays Satins et nous
Têtes Occitanes :
MORINI-COMBY.
Jean
Jean Lebrau
CHRONIQUES. —
CLÉMENT.
CAMP.
R. ROUQUET.
La Vie à Montpellier; Les Revues, etc.
Illustrations :
Portraits <?€ Paul Valéry, Joseph Delteil et Jean Lebrau, bois gravés, par Auguste
ROUQUET
a Les Aousils », bois gravé, par Louis
CLAUDEL.
N B. Nous publierons dans nos prochains numéros la fin de l'Etude sur la Montagne
Noire de notre collaborateur Selves; l'étude sur la chanson Languedocienne, par
M. Lagarde ; et l'essai sur La Cuisine Occitane du maître Prosper Montagné.
3*8sS
�L'Office Occitan
PRf?IS, 41, Boulevard des Capueines, PARIS
TÉrjil'HONE
: GL'T.
78-19.
Fondé par le Groupe Occitan et en liaison étroite avec la section
économique de ce Groupe, 1'OFFICE OCCITAN se propose de contribuer
à l'essor économique du Languedoc et du Roussillon.
Situé en plein cœur de Paris, fréquenté par de nombreux correspondants de France et des principaux pays étrangers, l'Office Occitan met à la disposition des producteurs, commerçants et industriels
de nos régions d'importants avantages, parmLlesquels :
— Un service de renseignements sur la situation des marchés
français et étrangers;
— Des moyens de liaison entre producteurs et acheteurs;
— Des facilités de présentation dans sa salle d'exposition;
— La publicité dans les « Feuillets Occitans », largement répandus en France et en Pays latins;
— Un casier de correspondance permettant, en leur absence, de
diriger leur courrier suivant leurs indications ;
— La participation collective aux Foires et Expositions, en France
et à l'Etranger.
L'Office Occitan dispose actuellement d'un stand à l'Exposition
Nationale des Vins et Produits alimentaires de France, au GrandPalais, stand ouvert aux produits et spécialités alimentaires du
Languedoc et du Roussillon. A un service commercial spécial pour
tous les produits du Languedoc et du Roussillon, l'Office Occitan
vient d'adjoindre un service, industriel qui est en mesure de donner tous renseignements, procurer toutes fournitures au titre des
prestations en nature. Pour tous renseignements complémentaires,
écrire ou s'adresser à V « Office Occitan », 41, Boulevard des Capucines, téléphone : Gutemberg 78-19.
�Les Revues.
La Revue Le Grand Tourisme réalise dans sa présentation un effort d'art qui
mérite d'être signalé. Dans son numéro de mai, on trouve des dessins inédits
de Henri Martin, des bois de Rouquet, des articles de Maurice Sarraut, Achille
Mestre,. A Coutet, Armand Praviel, J. R. de Brousses, Albert Pujol, Louis Andrieu
et une spirituelle évocation du Luchon de nos ving ans par Daniel Baqué, qui
dirige avec goût les destinées de cette belle publication.
— Le nurtiéro de juin de l'Aude à Paris relate, d'après le récit de Madame
Henriette Célarié dans la Revue des Deux Mondes, l'admirable conduite d'un
Audois de vingt ans, le sous-lieutenant Pol Lapeyre qui, du 10 avril au 14 juin 1925
défendit le poste de Beni-Berkoul contre les Riffains, et n'ayant plus qu'une
garnison de 65 hommes pour résister à plusieurs milliers de Riffains, fit sauter
son poste, s'ensevelissant sous ses ruines avec un grand nombre d'assaillants.
Le nom de ce jeune héros, qui, au dire même des Riffains, avait accompli un
acte qui était au-dessus de la pensée des plus braves guerriers, a été donné à une
caserne et à une rue de Marseille, ainsi qu'à un camp du Maroc.
— Dans le n° du 12 jum de l'Etendard Piscénois, organe régionaliste de la
région de Pèzenas, M. P. A. Alliés, poursuivant la curieuse publication d'une
« galerie de Figures Piscénoises », retrace la carrière d'Emile . Planât, qui, sous
le pseudonyme de Marcelin, fonda et dirigea la célèbre revue « La Vie parisienne ».,
Et c'est tout le Paris du Second' Empire qui défile ainsi devant nos yeux avec
sa brillante pléiade : Taine, About, Droz, Ludovic Halévy, Mérimée, Champfleury,
Raideau Prévost Paradol...
En 1858, Taine dédiait à Marcelin son voyage aux Pyrénées.
Là Vie Parisienne cessa de paraître en 1870. — elle eut le "bon esprit de n'en
pas faire autant en 1914 — et Marcelin partagea son temps entre Toulouse
et Pézenas. Il mourut en 1895.
Exposition Nationale des vins
de France.
Boissons et Produits alimentaires
Palais de Glaee, avenue des Ghamps Élysées
(mai-août 1926.)
Due à l'initiative de M. Fernand David, commissaire général de
l'Exposition des Arts Décoratifs, et organisée avec une intelligente
et inlassable activité par son président, M. Bertrand Taquet, cette
exposition groupe, dans l'un des cadres les plus parisiens de la
Capitale, les riches produits des régions viticoles. françaises, auxquels sont venus se joindre d'autres produits.
Une. vitrine y a été réservée à l'Office Occitan qui y présente les
produits variés du Languedoc et du Roussillon.
Nos compatriotes seront heureux d'apprendre que l'Office Occitan
a obtenu la médaille d'argent à cette Exposition.
Lés Vins du Languedoc et du Roussillon.
Demandez la carte à 1* « Office. Occitan »
41, Boule cardées Capucins, Paris, (2e)
Téléphone : Guîemberg. 78-19
�Chroniques Régionales.
R Travers l'Oseitanie.
Liettres et Arts à ]VIontpellier.
Montpellier veut rester au courant des acquisitions progressives de l'art. Nous
sommes aussi locaux qu'on peut l'être : nous aimons notre Peyrou et notre ciel.
Mais nous sommes avec Paris en communication constante. En voici quelques
symptômes :
L'Otape a été joué le mois dernier dans une atmosphère d'exaltation et de
sincérité où l'on puisait une belle leçon. C'était, bien entendu, une compagnie
de jeunes et ardents amateurs qui, dévouant leurs loisirs de trois mois, nous ont
fait cette surprenante joie. C'étaient les professeurs Humbert, Catel; les docteurs Vialles et Bernard; et c'était Mlle Torelli, inoubliable.
Le Cinéma est à ravant-garde dans notre ville. De Janille est venu nous
chapitrer sur le rythme pur : agent provocateur, il a suscité des controverses,
des animosités et des convictions. Claude Ibéria, à la même séance, nous a envoyé
les Cocardes Cocteau-Poulene et depuis ce sbir-Ià nos marchands de musique
épuisent leur stock de jeune musique.
Cette semaine, les Amis du Cinéma (pilote M. Henri Bernard), nous ont conviés
à une intéressante séance avec « Faits divers » qui a obtenu un énorme succès,
et « Résurrection », dont le début seul nous a été accordé par Marcel Lherbier,
étant donné d'ailleurs que le reste est inachevé. Au piano, M Ferrier-Jourdain
a improvisé de magnifiques enveloppements musicaux.
Jean Cocteau a été fêté l'autre soir (le soir du 23 juin, naturellement, c'était
sa fête et les feux éclataient de toutes parts) jusque dans l'intimité chez M. C.
On a lu de l'inédit. Mme C. a chanté Cocardes. On a parlé d'Orphée. Et on a,
sur le piano, évoqué « Le Bœuf sur le Toit ».
L'Ame d'Or, notre active revue, vient de se signaler à l'attention des lettrés par
son numéro spécial de Walt Politran : reproduction de dessins, de textes inédits;
articles de spécialistes qualifiés, MM. Catel, Berger, Martin, e/c.
La musique n'a pas été à l'honneur cette saison. A l'Opéra, répertoire habituel.
Au concert, pas gTand chose.
z
Cependant, Mme Mellot-Joubert a chanté avec cet art parfait qu'elle possède
La Légende du Roi d'un Jour de Le Boucher, accompagnée par un quatuor admirablement discipliné. Paris connaît la légende. Nous n'ajouterons pas à l'éloge
qu'on en a fait.
Au Conservatoire où l'on vient de distribuer de nombreux premiers prix, nous
avons entendu du Périlhou, du Bosc (oui !) et autre vétustés compositions
sans - agrément ni mérite.
La nourriture habituelle de Montpellier c'est naturellement la Conférence
publique de l'Université. MM. Thomas, Vianey, Bouvier, Humbert etc., sont trop
connus pour que nous insistions sur les succès qu'ils ont remportés. Nous savons
d'ailleurs que ces conférences vont être réorganisées sur un plan nouveau et plus
large.
!
!
Il nous est agréable de signaler que M. Henri Gautier du Bayl vient d'être
udmis à l'Académie de Montpellier où l'appelaient ses œuvres déjà multiples,
proses et vers où se montre un talent très personnel. Il a été reçu, sous la présidence de M. J.-L. Gaston Pastie, le romancier de la « Neuvième Croisade », par
M. Louis-J. Thomas, l'ardent et pénétrant historien — et apôtre — du Languedoc
Méditerranéen.
Le lundi 31 mai, l'Académie a consacré sa séance publique annuelle à deux
remarquables communications : l'une de M. Duij-Vernojobres, évoquant toute
la vie de la Cour sous le Second Empire; l'autre, Intronisation de la langue
d'Oc. Dans ces séances, présentée par M. Chassary, félibre majorai : « Le Séjour
de Roumieu^c à Montpellier ».
La Prochaine chronique régionale sera consacrée à Béziers. Notre collaborateur
Onux nous entretiendra des lettres et arts dans cette ville.
***
i
�Les Papiers de Montval
créés
par
GASPARD-MAI LLOL
doivent
être
désormais
employés pour les impressions de luxe, les belles éditions,
la lettre, la taille-douce, et l'eau-forte.
Ces papiers uniquement composés de pur fil, chanvre, soie,
sont
fabriqués à
Maillol
et
la
son fils,
forme
et
ne
et à la main par
contiennent
aucun
Gaspardingrédient
chimique.
Ils sont un support indestructible de la pensée humaine.
S'adresser, 3g, rue Palestro, Paris,
à M. Gaspard-Maillol.
■*oui- paraiti'e le
1er Septembre
Le premier numéro des
Pages IStouVelles
Revue d'Idées, d'Action et de Propagande françaises
Lire dans ce n° : (Art. du Gr. Occitan , illustré par M. ROUQUET.
L'Enquête sur la crise financière et monétaire.
L'Astrologie est-elle une science, par l'abbé
MOREUX.
De l'art d'acheter à l'art d'agir, par l'Intendant
Général CHAYRON.
Le conte de Marguerite Comert.
Etc., etc.
�C.l.D.O.
BfZiERS
Lettres Françaises
L/Exeellenee Valérienne.
Sur la nouvel.'» édition de Charmes.
, qui eût pu être une « plage » et qui est un
chai, était surtout, en ce temps-là, un port de
mer. L'enfant Paul Valéry fut introduit à la connaissance du monde par un petit monde comportant moins de terre que d'eau, et une eau essentiellement faite pour la navigation. Il apprit à la
fois que l'univers existe et que les hommes savent
en jouer. Cet univers qui s'offrait à ses yeux, il le
saisissait d'ailleurs sous les plus splendides espèces, dans un lieu où Taine a senti « la noblesse de
la beauté » : lumière et ciel qu'un Marquet, un
Abel Gerbaud seuls ont su rendre; un golfe, un
lac enlacés de rivages féminins; une mer qu'il
est convenu d'appeler latine, bien qu'elle clame à pleine voix son
hymne grec; — plus près, les œuvres des Eupalinos maritimes (1) :
môles, bassins, canaux. Puis, dominant le tout et comme l'assurant,
la colline, le sémaphore, le « Cimetière », et la digne lassitude de
quelques vieux forts, monarchiques et superflus... Monde aussi d'ar|ETTE
(1) Première édition, p. 70; 98.
�— 90 —
mateurs, de capitaines, ou de calfats, mais voué à sa fin par la
vapeur, et n'ayant pu préserver de ce naufrage plus général ses
précieux voiliers, dont les maquettes pendent encore, ex-voto à
Saint Elme, dans la chapelle des Pénitents... Enfin, une cité nerveuse, sans cesse en transformation, le mouvement même, — sous
la caution de durée qui tombe de l'azur et s'inscrit sur l'eau en
blocs éternels.
Ainsi, par le triple spectacle d'une réussite de la nature, de la
technique constructive, de l'activité industrieuse, les premières impressions reçues installaient dans un esprit déjà maître de ses
valeurs, avec de brèves ambitions navales, la conscience du parfait.
Mais qu'accepte-t-on qu'on ne possède et le réel fait-il plus que
nous dégager ? Ici, les suggestions d'une côte moins occidentale
d'accent que de longitude s'appareillèrent à des impulsions ataviques : le pays est clair pour qui y vient de l'Est. Et en venir, c'est
apporter avec soi l'idée préformée d'un ordre éminent.
*
Montpellier, — livre ouvert mais de sens subtil : à y arriver
dépourvu de moyens spirituels, un tout jeune homme risque la
noyade dans les miroirs de somptueux cafés. Mais soyez, ô Paul
Valéry, une réserve forte et fière de judicieusement s'administrer :
elle se décuplera de tous les legs voulus par les Siècles, la Province, les Rois et l'Intelligence; passant du figuré à l'exact, vous
irez de l'ordre ostensible du Peyrou à l'ordre savant du « Jardin
d'Epithètes »; vous les soutiendrez tous deux de cet ordre systématique, de cette obsession de la loi, confirmée dans la chambre où
sont nés successivement Auguste Comte et Monsieur Teste; et, s'il est
vrai que les incitations de l'adolescence restent la constante matière
de nos songes et de nos chants, il y a là pour vous des grottes sincères où Narcisse trouve son âme aux sources d'un harmonieux
désespoir...
*
* *
Les actions de des Esseintes sont en ce moment assez bas : c'est
le sort de tous les héros de génération. En somme, mieux vaut pour
eux avoir fait leur temps que de n'avoir pas eu de temps. Mais si
le personnage de Huysmans ne nous inspire plus la même considération pour certaines de ses préférences ou de ses manœuvres,
que du moins nous reste sensible l'élan, l'appétit de fuite par enhaut ! Corneille lui-même, après tout, ne fut d'abord qu'un professeur de singularité...
�— 91 —
La leçon du grand « Stephanos » situait mieux le rare. Et si
cependant on pense à l'auteur du Faune par rapport à celui de
Charmes, on serait presque tenté de lui en vouloir... N'est-il pas
quelque p*eu responsable, par les préoccupations éveillées, par la
tendance encouragée (2), par le prestige, l'exemple et l'entraînement, d'un long parti-pris de silence ?...
Car c'est ici qu'il doit prendre date, ce beau silence aujourd'hui
par nous non regretté.
*
•*
Ces poèmes seraient des « exercices ». Exercices sur quoi ? Exercices de quoi ? De soi-même. Un être en état d'héroïsme intellectuel,
pour se mesurer et se créer, pose un adversaire à sa taille : la prosodie. Il évoque cette gêneuse avec ses carcans; il brûle d'enchaîner sa marche à une enclume et de s'asservir à des échos. Qui l'empêcherait d'aller à son aise ? De sa propre main, la géôle est close
et la clé jetée dans la cour. Non content, d'ailleurs, de restituer le
supplice de Racine, il se prête à des instruments de' divers calibres
et d'effet varié : septénaires, octonaires, décasyllabes appliquent
leurs exigences et leurs périls; distique ou quatrain trouvent dans
la strophe une aggravation.
Or, de ce jeu mené contre le destin avec le secours du destin,
tous les éléments étaient pris au plus extrême de leur forme. Il
semblait que rechercher en tous « l'intégral », le « pur » dût exclure
ce qui n'en rappelait pas le sommet historique, les suprêmes réalisations. Sans faiblesse imitative, par intime nécessité (3), la rime
atteignait une richesse ultra-parnassienne, la strophe restaurait
spontanément les types classiques, — et Narcisse naissait frère
d'Adonis.
— « Mais l'unité, Monsieur ? le lien ? la monade ?» — Eh !
n'étaient-ils pas d'abord dans la nature et la direction imprimées
par le poète à ses lyriques hypothèses ?... « Quant h moi, je n'ai
fait qu'essayer d'approfondir ce que j'appellerai mes problèmes... »
L'homme et son corps, la veille et le sommeil, l'identité et la conscience, l'élaboration secrète de l'œuvre — allons-nous reprendre
tout ce répertoire de pensée ? Non, sans doute, mais comment taire
qu'il constituerait à lui seul, en même temps que la plus neuve —
la plus haute synthèse personnelle ? Le don de soi ne saurait se
limiter à des confidences d'amant.
(2) Je ne veux pas dire sciemment.
(3) Oui ; pas par calcul ni décret ; par fatalité esthétique.
�Un écrivain a tenu la littérature pour « une activité partielle dont
l'objet supérieur est l'étude et l'acquisition des moyens d'expression
par le langage ». Dès lors, même au sens limité, nous 'serons
curieux de sa langue. Elle nous paraît, d'avance, devoir monter au
plan supérieur dans l'ordre de ses mérites comme de ses visées. Par
« devoir », j'entends bien que nous sommes prêts à nous montrer
difficiles, ou déçus. Mais voici que nous vainc le beau début latin
du Platane, le plein discours de la Pythie. Le recueil refermé, nous
sanctionnons de multiples vertus. Vertu de pureté :
J'entends l'herbe des nuits croître dans l'ombre sainte...
Vertu de choix :
Dieux ! de l'auguste jour le pâle et tendre reste
Va des jours consumés joindre le sort funeste;
Il s'abîme aux enfers du profond souvenir...
Vertu d'étymologie :
Tu penches, grand Platane et te proposes nu...
La prophétesse fomentée
Par les souffles de l'or rougi...
Vertu de rénovation : fortune des mots « pur », « chance », etc..
Vertu de franchise :
Les cris aigus des filles chatouillées...
Golfe mangeur de ces maigres grillages...
Vertu d'association :
Tout m'appelle et m'enchaîne à la chair lumineuse
Que m'oppose des eaux la paix vertigineuse...
Vertu d'intensité :
Objet radieux de ma haine,
Vous que j'aimais éperdûment...
La méditation d'abord mallarméenne, valérienne ensuite, sur le
langage — forme la plus poussée d'une ambition de l'excellent —
aboutit donc à l'invention d'un procédé inimitable fondé sur l'authenticité absolue des termes et leur jonction par des rapports d'une
totale liberté.
�— 98 -
Mais le Méditerranéen s'enchantera plus encore — si pour lui
possible — de voir réfractées dans ces poèmes ses propres images
héréditaires. Platane^ abeille, grenades de ses jardins, insecte net
qui gratte la sécheresse sur ses routes, colonnes érigées sur ses
Acropoles, son sol, sa mer et son soleil, un grand poète français de
langue française, et non impressionniste, les a promus jusqu'où il
se promouvait.
* *
J'aurais voulu plus éloquemment appuyer mon titre — ma confiance est dans la puissance de persuasion impliquée en l'œuvre
elle-même. Celle-ci se « propose », certes, comme un complexe, mais
comme un complexe d'excellences. Serait-ce, avec le vrai commencement du lyrisme métaphysique, le dernier mot, le glorieux soupir
final du vers régulier ? Je n'en crois rien : plus encore qu'au perfectionnement illimité de la technique, fions-nous au pouvoir inépuisable de créer détenu par la Pensée et, comme chez Paul Valéry,
à sa réaction sur le langage poétique, « honneur des hommes ».
Henri
GAUTHIER DU BAYL.
**
�j
;MOU;C (Le pays de ]ean Lebrau)
Bois original d'Auguste
ROUQUET.
Lesj| Livres.
poèmes et ehansons par Louis Codet
(Édition de la nouvelle Revue française. Paris.)
La lecture du nouveau livre posthume de notre cher Louis Codet : Poèmes
et Chansons, est un enchantement continu. C'est comme une guirlande fleurie,
aux parfums changeants, qui balance devant nos yeux la féerie de ses couleurs,
de ses tonalités vives ou éteintes, mais toujours avec une grâce nonchalante qui
nous ravit. Que ce soit dans les Poèmes d'Auteuil et de Normandie, dans Les
Jours amoureux, dans Les Montagnes, Le Roussillon, les Poèmes d'Espagne,
L'Ile de Majorque ou les diverses Chansons, nous retrouvons partout cet art de
peindre avec de fraîches couleurs, ce sentiment voluptueux, ce sourire amusé
et tendre, et cet air de se moquer souvent, cette ironie qui le garde de prendre
la vie au tragique et de tomber dans la plainte romantique qu'il n'aimait pas.
« Notre vie est un conte délicieux », voilà la phrase qui clôt un des chapitres
du dernier roman paru de Louis Codet : Louis l'Indulgent où l'on retrouve tout
le charme délicat et le ton original de ses premiers livres. Un conte délicieux ! ...
oui, c'est bien ainsi qu'il regarde l'existence. Et que de grâce partout répandue :
Je dis au berger que décore
Ma telle assiette de Moustiers
Va, mon berger, va, joue encore
Quelque vieil air primesautier.
Ce jour que mon âme est déserte
O petit berger qu'on a peint
Entre cette herbe et ce lapin
Joue un air sur ta flûte verte.
Nous découvrons ici ce don de voir les choses avec un œil neuf et d'un regard
souriant que nous allons retrouver dans cette pièce exquise : Chanson des
belles faïences.
Que sur les buffets noirs sont belles ces faïences.
Assiettes à la Rose, au Coq ou à l'Œillet,
Vieux plats réjouissants des Auberges de France !
Que tu me plais, superbe œillet rose garance,
L,
O coq chantant, que tu me plais !
�— 95 —
Toujours ce vers qui peint, qui brille de grâce et de volupté, qui répand sa
lumière fine sur les pages. Toutes les chansons en sont illuminées. Elles sont
écrites «n un rythme absolument personnel et qui ne détonne jamais; elles sont
brodées de jolies images et émaillées de trouvailles d'idées ou d'accords de mots
.surprenants; souvent leur thème est d'une profonde nouveauté où nous retrouvons ce sens de l'Humour anglais qui consiste à plaisanter sur un sujet macabre
pour en déguiser l'amertume. Telle cette Chanson de Messieurs les morts, d'une
tti puissante raillerie :
Salut, Messieurs les morts gui fûtes mes grands-pères !
Messieurs les morts, haut cravatés,
•
—
Salut, Messieurs les morts qui ne m'ont point connu,
Mais par gui je suis arrivé, piteux et nu,
Non sans mystère,
Sur cette terre l
Dites, Messieurs les morts qui, d'un œil militaire,
Paraissez contempler avec sévérité
Votre postérité,
Je n'ai pas l'honneur de vous plaire ?
Que de pièces à citer de ce recueil qu'on ne se lassera pas de lire et de relire
sans oser émettre de préférences tellement tout ce qu'a écrit Louis Codet porte
la marque d'un charmant esprit. C'est qu'il avait le souci de la rareté, l'horreur du
banal et du déjà vu, le goût très sûr et la passion d'exprimer la vie vraiment
sentie et bue aux lèvres mlêmes de la Nature, non pas travestie dans les livres.
C'est un artiste pur.
Il faut pourtant placer hors de pair dans ce recueil parfait des poèmes tels que La
femme nue, l'Actrice, Vieilles montagnes, Coltioure, le Port catalan, le Port
espagnol, les pauvres de Siguenza, le regret de Majorque, et toutes les chansons
sans exception.. Il nous est doux de voir enfin venir chaque jour vers l'œuvre de
Louis Codet de nouveaux admirateurs et nous avons eu la joie d'apprendre par
son frère Paul qui s'occupe avec un tendre soin de l'édition de ses livres, que la
première édition du roman « Louis l'Indulgent » avait été épuisée en librairie,
dans la semaine de sa publication.
Ues oubliés de la gloire par Charles Roussillon,
(Imprimerie de l'Indépendant, Perpignan).
C'est un livre douloureux, d'un réalisme amer et émouvant que ces Oubliés
de la Gloire que nous donne Charles Roussilon, l'auteur du Village sans cloche
que nous avons signalé ici-même. Les Oubliés de la Gloire sont les prisonniers
de guerre évadés. L'auteur nous dépeint, en des termes vigoureux, d'un style dru
et imagé, les horreurs de cette vie des prisonniers de guerre qui nous fait toucher le fond de la souffrance humaine. Voici une belle page d'un âpre accent
et qui révèle un écrivain dont on peut beaucoup attendre :
« Il était horrible ce défilé de malades. Il y avait là des prisonniers de toutes
les nations. Des Russes velus avec de vastes manteaux bruns, des Cosaques en
bonnet d'ourson, de grands Sénégalais aux balancements simiesques. Les Italiens
montraient sous le képi cabossé, des figures blafardes de pierreuses. Des Arabes,
accroupis dans leurs linges sales, nasillaient des airs monotones. Il y avait
des Portugais, des Américains, des Asiatiques des Balkaniques, des hommes de
toute couleur et de toute religion. Les uns étaient venus des montagnes inconnues où la neige est éternelle; les autres des déserts éblouissants où le soleil
vide l'eau des citernes. Il y avait des nègres hilares et des Japonais énigmatiques,
des yeux bridés de Tartares et des prunelles candides d'Anglo-Saxons. Le parler
chantant des latins s'appariait à l'idiome rocailleux des Slaves. Des mots barbares
�— 96 —
roulaient, s'entrecroisaient; des injures et des cris de douleur flambaient dans
toutes les langues. » Ne vous semble—il pas entendre comme un écho de cet
inoubliable premier chapitre de Gustave Flaubert, dans « Salammbô » ? Je ne
crois pas qu'il y ait de meilleur éloge.
Charles Roussillon, en nous racontant ces évasions de prisonniers qui se heurtent à tous les obstacles, sont repris et tentents à nouveau le départ vers la
liberté, nous fait vivre avec eux les heures d'angoisse : cette torture d'entendre
dans les mille bruits de la nuit des voix menaçantes, cette peur de voir se dresser
tout à Coup la silhouette farouche d'une sentinelle, de sentir ces remous sournois
île l'ombre enveloppante d'où peut apparaître une main ennemie, et même l'écho
de votre propre pas qui vous épouvante ! Mais le désir de s'évader, de regagner
sa patrie résiste à toutes les menaces et renaît de ses cendres quand, à l'instant
d'atteindre le but, l'évadé est repris. Livre ardent, sincère, amer et douloureux
d'où monte ce cri de révolte contre l'injustice humaine, cri poignant qui nous
étreint et nous attire vers ces oubliés de la gloire, vers ces héros méconnus
dont les noms devraient aussi figurer dans les listes eommémoratives proposées à
l'admiration des siècles.
Chante perdrix.
( Honoré Champion Paris j.
Celui que nous aimons tous à appeler notre virgile roussïUonnais, le poète JosephSébastia Pons vient de publier à la Librairie Champion, un recueil de vers
en langue catalane Canta perdiu (Chante perdrix) qui fera la joie des lettrés
et des artistes. Ce sont des églogues avec la traduction française en regard,
d'une fraîcheur et d'une harmonie savoureuses qui nous permettent de constater
une fois encore les inépuisables ressources de cette langue sonore, imagée et
pleine de nuances qu'est la langue catalane. Les diverses parties du livré qui nous
donnent toutes des descriptions agrestes, sont écrites avec un sens des nuances
très aigu, une tendresse voilée, un vif amour de la terre natale, de ses mœurs,
de ses coutumes :
OH MON PAIS DELS ASPRES, MON PAIS
OELS C AMI NETS DE LLOSA EN LA BRUGUERA
ONT N'HOM ON A L'ISTIU EL PIULADIÇ
D'UNA AMISTOSA GUATLLA VENTURERA
O mon pays des Aspres, pays des sentiers d'ardoise dans la
bruyère où on entend eu été l'appel d'une amicale caille aventureuse.
Ce livre est tout embaumé de parfums rustiques, tout fleuri de ces bouquets
montagnards (ginesto, aspic i frigoleta), de ces genêts d'or qui sont la gloire
du Roussillon; des fontaines y chantent :
MES ABUNDOSA, L'AIGUA NOVA
S ESTIMBA I AIXORDA L'AIRE AMB UN UOLL CLAR,
PURIFICADA PER LA COVA.
L'eau neuve, plus abondante, se précipite et assourdit l'air de
son jet clair et purifié par la grotte:
Des coblas (des musiciens) y jouent de ces vieux instruments de chez nous
qui font rêver d'idylles pastorales et trouvent des sons d'une « harmonie nette et
colorée », la douce perdrix et la caille dorée y fuient devant le chasseur, voici
le chêne-vert au nom si doux en catalan : l'alzina, voici le micocoulier (el
fiadoner), les pèlerinages, les laboureurs (llaurador), l'enclos sous la treille,
les rivières dans les vallées, l'ardeur de nos matins catalans, la mélancolie de
nos crépuscules violets, la volupté de nos nuits où des filles aux yeux noirs dansent
ties sardanes comme dans l'ancien temps :
�— 97 —
PER TOT CANTO LES ATXES FL AME J AVEN
ALÇADES, CAP—AL- -TART
EN EL PLANIOL DE LA LLOTJA DE MAR.
Les flambeaux dressés au crépuscule, brûlaient dans tous les
coins, sur la place de La Loge de Mer.
Et le poète rappelle à ces jeunes Catalanes que c'est au passé qu'elles doivent
leurs tresses noires, l'aimable perfection de leurs seins, leurs cils épais, la clarté
sereine du regard et les câlineries du langage..
ES DEL PASSAT, OH MINYONES, QUE US
LA NEGROR DE LA TRENA,
L'AMABLE PERFECCIO DEL VOSTRE SÉ,
LA CELLA REMADETA I LA SERENA
CLARETAT DEL MIRAR,
I LES MANTAGUERIES DEL PARLAR.
VÉ
•
Ainsi, joignes les mains, levés vos bras, jeunes filles, dans la
douceur du rythme, mêlant vos pas à droite et à gauche. Le calice
de la fleur du grenadier quand la danse est plus vive (quan més
viu al peu salta) semble éclater, vermeil, sur votre joue (sembla
que us vol envermellir la galta).
Que de passages délicieux seraient à transcrire de ce livre où la nouveauté
et la fraîcheur vive de l'image et de l'idée s'apparient à la perfection de la
forme. Oui. ce récent ouvrage de l'auteur de Roses à Xiprers, d'el bon pedriç, de
YEstel de l'escamot. û'Amor de Fardai, de La. Font de l'Albera (en collaboration
avec Gustave Violet), nous fait admirer une fois de plus l'art délicat, harmonieux,
et d'une grande pureté de Joseph-Sébastia Pons nommé à très juste titre le
Virgile roussillonnais.
' Poèmes de l'été et de l'automne en fleur, par Touny Ltèrys.
(La Pensée française Paris).
Le poète de la tendresse qu'est Touny-Lérys dont La Pâques des Roses laissa
une si vive impression dans les esprits quand il parut avant la guerre
avec une préface de Francis Jammes, aux éditions du Mercure de France, vient
de publier un nouveau recueil : Poèmes de l'Eté et de l'Autom.ne en fleur, orné
d'un excellent portrait de l'auteur par Mme Van Bever de la Quintinie. M. Louis
Gratias en une très importante introduction caractérise l'œuvre et l'âme de ce
poète, un des plus purs de l'heure présente, de ce poète qui nous « orfre l'exemple
de la droiture et de la santé. Rien de factice ou de frelaté dans ses vers; rien,
même, de fabriqué : un cœur d'homme généreux et sensible s'y montre à nu. »
Et nous suivons à travers son Tarn natal ce bon compagnon de route qui
saura nous faire partsgrer son amour pour sa terre; il nous dira la douceur des
jours, le charme apaisant, d'une cloche qui tinte, la volupté des soirs d'automne,
les vendanges, l'ivresse de l'amour.
.... Le calme, la douceur de cette matinée,
O cher Pays
Mon âme est sur toi inclinée
Et mon regard s'emplit de ta beauté tranquille.
Ou Tarn fauve roulant son eau semblable au feu.
Ou de la vaste plaine, étendue immobile
■le t'aime, te je ne sais ce que j'aime le mieux
Et comme sommeillant, verte sotis le ciel bleu...
C'est toujours au milieu de la nature méridionale, qui l'a créé poète, que
Touny-Lérys a voulu vivre; jamais il ne l'a quittée ou si parfois il a effectué un
court voyage, loin d'elle, c'est, au retour, un chant de tendresse ardente qu'il
lui adresse, comme à une femme aimée. Le rythme de ces poèmes est varié comme
les paysages que décrit l'auteur et la symphonie lyrique qui termine ce livre
amoureusement nous révèle toutes les ressources d'un art magicien qui, s'il se
renouvelle sans cesse, demeure finalement attaché au pays d'où il est né.
Frédéric SAISSET.
�— 98 —
Images de jyiou^ ou la Uouange du Cyprès, par Jean LEB1?AU.
Paris, lté Divan, 37, rue Bonaparte.
La Terre de l'Aude inspira jadis au poète F.-P. Alibert de magnifiques pages,
d'une expression différente, opposée peut être à celle des Images de Maux. "De
telles œuvres honorent une région et lui restituent son vrai visage qui n'est ni
dans l'histoire, ni dans le folk-lore, ni dans l'archéologie. Hypolite Babou dans ses
Païens Innocents en peignit de petits tableaux réalistes qui ne manquent pas
de charme; mais ils ne sont que le décor de ses nouvelles, et il y manque cette
transposition, ces relations de la ligne, de la couleur et de l'espace, qui font
l'œuvre d'art.
L'œuvre de Lebrau dépouillée des mièvres accents régionalistes et libérée des
entraves du roman, est le poème religieux, sensuel et fervent de Moux et de ses
cyprès.
Moux, c'est ce village au pied d'un mont où l'ombre des cyprès se profile si/r
les pierres. » Ce mont c'est l'Aric. L'Enfant de la Chambre Blanche, Bataille,
« est là pour toujours ». L'Aric est rude, dur comme un bloc de granit. Son
profil est net comme une lame; son austérité imprègne bêtes, choses et gens; on
la retrouve en Lebrau.
J'ai trente ans maintenant, et c'est la même vie,
Mais avec plus de foi, d'humilité, d'amour
Vn bonheibr grave. N'est-ce à quoi Dieu nous convie ?
Grave, mais sans tristesse sonore ni sentimentalité, ce chrétien laisse parfois
percer le souvenir païen qui emplit cette terre vers Minerve.
Une vasque pleine de ciel, de vieux cyprès,
Dans un jardin abandonné
Où fleurit au printemps l'iris bleu, l'iris jaune,
Une vasque pleine de ciel, de vieux cyprès,
Parmi lesquels Margot l'accorte paysanne
Se met nue ainsi que Diane.
Tandis qu'une eau d'azur la baigne, dans ses mains
Margot tient, palpitants, un beau couple de seins.
C'est dans le compagnonnage des choses familières : le Village, la Maison,
l'Eglise, les Bergeries de l'Aric, le vent, les arbres, la rue, etc. que Lebrau trouve
le principe de son émotion; mais il sait que la vie n'est pas aussi simple que
dans Francis Jammes et que choses, bêtes et gens ont leur drame.
Lie Grenadier.
Sa fleur le dévore. C'est l'arbre du désir. Je ne sais rien de plus passionné.
C'est une fille d'Espagne qui vous tenterait au passage, une sombre bacchante aux
bouches multiples, fascinations de lèvres dans la nuit des lauriers aux baies dHm
bleu vénéneux.
Pas de tumultueux verbiage pour exprimer le lyrisme de ce drame, Lebrau discipline son inspiration et sa sensibilité raisonne gravement, en dedans.
Son réalisme n'est pas vulgaire, le sentiment poétique en exclue la bassesse :
Lia rue.
Elle est triste. Elle sent l'évier. Lies ruisseaux ne coulent pas. Dans les villages
de montagnes ils font mon bonheur, d'une vivacité de poisson. A Moux, il y traîne
des quartiers de tomates, du ciel aussi, légume bleu.
D'un seuil à Vautre, des femmes bavardent tout en tricotant; elles vous reluquent par-dessus les lunettes.
"La figure de cette petite vieille, on dirait une pomme rose desséchée. Sa chatte
et ses bas sont gris, et la cendre qu'elle met soigneusement de côté polir la lessive.
Sa phrase se fait alors courte, colorée, linéaire, picturale. Il y a un peintre
en Lebrau. Il y a surtout cette belle clarté méditerranéenne, cette lumière qui
�— 99 —
chasse comme des nuées les obscures rêveries subsconçientes; laborieux produits
de laboratoires'-: de l'angoisse à l'ennui !
Avant de fermer son livre, du haut de l'Aric, Lebrau contemple ces villages
ascétiques parmi les roches et les genêts : Pontcouverte où naquit Saint Régis;
Lagrasse « On ne saurait parler de Lagrasse sans penser^ à un poète, comme elle
harmonieux* et mélancolique, à Léon Souliê qui vit là, secrétaire de mairie.
Faut-il lui reprocher le silence qu'il garde depuis tant d'années ? La torpeur
solaire du bmirg séché aura sans doute fini par le gagner ». Escales, patrie du
félibre Achille Mir; Fabrezan, Ribaube, etc....
Tobeen a. pour ce beau livre, composé des bois assez évocateur de cette terre
ombrienne et qui complètent par l'image le visage de Moux inséparable du souvenir
de Bataille et de la pensée de Lebrau.
:
A. R.
l«es droits du publie au* vues panoramiques,
par Fsrnand CROS-jyTRYREVIELtliE.
« A quoi servirait de sauver un site, s'il ne peut être contemplé, c'est-à-dire
vu ! » et c'est dans le but d'établir des Servitudes de Tourisme que notre président, aussi modeste érudit qu'homme de goût, a présenté un rapport documenté
sur cette question, à la Journée des Paysages tenue à Paris au Musée Social le
21 janvier 1926. M. Cros-Mayrevieille c'est depuis longtemps spécialisé dans ces
questions qui sont d'ailleurs inscrites dans le programme du Groupe occitan.
Nous aurons l'occasion de revenir sur un tel sujet, richesses artistiques et touristiques de notre sol qu'il importe de préserver et de mettre en évidence.
R. R.
�Joseph DELTEIL.
Bois d'Auguste RovQtJET.
L*es Poilus.
Voici Les Poilus, épopée par Joseph DELTEIL de Pieusse en Occitanie (Bernard
Grasset, éditeur).
On aimera ce livre, son imagerie, son style en courtes flammes; on aimera sa
générosité profonde. Delteil a du cœur. On le savait bien et c'est pourquoi on lui
en voulait autant qu'à soi-même parfois. Mais, aujourd'hui. Jeanne d'Arc prouve
à Joseph Delteil qu'elle a osé, Elle, lui faire confiance; les Saints peuvent tout
se permettre. Comment le lui prouve-t-elle ? Elle le lui prouve en nous le montrant
tel qu'en lui-même notre inquiétude le cherchait. Le bûcher de Jeanne, la Passion
du Poilu, voilà le cœur de Delteil. Il faisait un peu le mohican jusqu'à maintenant, rusant avec lui-même beaucoup plus encore qu'avec nous.
Fameux livre. Quelle jubilation de vieille amitié cette grappe pressée ! On
ne se connaissait point mais les mêmes maîtres nous aimaient qui ne se sont
point trompés sur son compte, le jugeant de cœur comme il veut et doit être
jugé. Des mêmes platanes les mêmes moineaux descendaient picorer les miettes
de la récréation de quatre heures quand la cloche avait sonné pour l'étude du soir.
Ceux qui ont grogné — et j'ai grogné; il faut grogner, cela aussi vient du
cœur — iront, j'imagine, tout droit au chapitre Verdun : ils courront au danger.
Mais Verdun ce fut une victoire-pivot sur laquelle tourna la guerre immobilisée,
changeant de face définitivement. C'est Verdun et c'est la Madelon. C'est là que
Delteil triomphe de tout ce qui nous faisait grogner. Tous ses mauvais démons
�— 101 —
pouvaient s'y donner rendez-vous. Halte-là ! Les Poilus sont le peuple élu de
Jeanne. Elle savait la pauvre et terrible tyrannie du corps, l'autre passion, le
feu qui asservit, et non, comme celui de son bûcher, le feu qui délivre. Soit :
Delteil en fera de la grandeur. Debout, les larmes ! Il n'y a pas d'autre mot.
Tant pis pour ceux qui se vautreront.
Sais doute, sans doute, ce livre n'est point un biberon à l'usage des enfants;
mais la gourde plutôt, dont la poudre a roussi le poil. La guerre a été faite pour
tous les petits enfants de France, mais avec des mots, des gestes, des spasmes,
des douleurs, des folies aui ne sont pas de leur âge.
Ce qu'il faudrait lire dans toutes les écoles de notre patrie, c'est, parmi tant
d'autres pages fulgurantes, le portrait de Clémenceau. Clémenceau n'est pas
ailleurs : il est là.
Les écoliers recevraient ainsi une triple leçon de courage, de mâle pitié, de style.
Il y a Clémenceau, masque d'ancêtre miauleur au ford des âges, et Galliéni,
tout long dans sa vieille capote de soldat, maigre comme un sabre sans fourreau,
et Joffre, un bonhomme de général avec de la science plein les poches, une expérience d'élite, un pantalon en bon gros drap, et Foch qui n'a l'air de rien, rien du
matamore à la Ludendorf et qui opère comme Dieu le Père, avec le sentiment
de l'Eternité, Foch, le vendangeur de la Victoire, Joffre, vigneron de Rivesaltes,
l'ayant sauvée à temps d'une grêle qui n'eût rien laissé.. Il y a Wilson aussi, doux
quaker triste, avec des lorgnons et une grimace... des épaules de lièvre... des
énigmes pâles rôdant sur sa physionomie. II y a. la femme Française atteignant en
ce temps-là, pour parler comme l'Evangile, au sommet du monde, mères pour
leurs enfants au front se cassant les ongles aux charrues... fiancées couronnées
d'épines. Il y a ce chapitre sur la marraine d'une si juste verve comique, et aussi
l'heure éminemment stratégique de l'apéro au Café du Commerce à Limoux.
Et toujours, toujours, au tournant de chaque page, les Poilus qui passent,
déchiquetés dans leurs pensées et dans leurs chairs, avec de maigres faces noires,
sur des jambes en coup de bâtons, tout gonflés de musettes et de grenades tout
informes dans une étrange absence de sexe, sourds, aveugles, muets, les mains
crispées sur un fusil en feu, bavant de salive et de larmes lacrymogènes, vagues
morceaux de vie, automatiques.... Ils vous obsèdent, aussi hallucinants que si
les avait burinés en marge du texte pour l'éternité le grand Dunoyer de Segonzac.
il y a enfin, reparaissant de loin en loin, dans la déchirure bleue des accalmies,
là-bas, au sud couleur des vendanges, Pieusse, le Pieusse de chaque Poilu. Enfin
et d'abord, car le livre débute par ce coup de pinceau magistral, sûr de soi,
la mobilisation à Pieusse qui a fait écrire de Delteil : voilà bien le poète que désirait ardemment notre terre par les bouches de ses puits altérés, par les cris des
grillons innombrables dans les chaumes des soirs d'été.
Quant au chapitre dernier, la Paix, il se compose d'un seul mot : Hélas !
Aussi bien Delteil eût-il pu écrire : Wilson ! Ne l'appelle-t-il point en effet : le
Père de la Paix f Ajoutons, à ce propos, qu'à tout instant l'auteur nous livre un
peu de sa philosophie : « Je crie bien haut que je suis un idéaliste. Oui ! un
idéaliste réaliste... A l'idéalisme par le positivisme ! » Et ailleurs : « Je divise les
hommes en trois catégories :
lies catholiques;
Les imbéciles ;
Les bandits.
<,
Est imbécile quiconque, ne croyant pas en Dieu, est honnête. Est imbécile
quiconque est honnête sans raison, honnête à l'aveuglette (par hasard, par ata-
***
�— 102 visme, par moindre effort, par bienséance, par crétinisme, etc.) L'honnêteté est
i mbécile ou divine. Mais les imbéciles, n'en parlon s plus ! ...
Tout homme intelligent est ou catholique ou bandit (ceci est un schéma : j'écris
en France, j'emploie des termes qui me fassent comprendre en France). Catholique, s'il croit à Dieu, à l'Enfer. L'Enfer, c'est une belle raison d'être sage, la
grande raison. S'il n'y croit pas, il doit être logiquement bandit. S'il n'y a pas
d'enfer, tout m'est permis (hors les miettes tombant sous le coup du gendarme).
Et qu'on ne me parle pas de ces succédanés — on pourrait aussi bien dire
« ersatz »— : conscience, impératif catégorique, etc. les plus jolies plaisanteries
de la terre, en somme ! »
Voilà qui m'enchante. Mais Les Poilus sont un livre si riche, sous une frugale
apparence d'imagerie, que nous ne pouvons ici qu'en signaler hâtivement les
divers et profonds et savoureux attraits.
Ah ! petit homme de Pieusse, tarramagnou mon frère, tu es devenu grand
comme la France ! Vive Limoux : on y peut jouer à pie s'envoie avec les bouchons de blanquette aussi bien que rêver sous les ombrages dé Notre-Dame de
Marceille le livre futur, cette apologie du Moyen-Age qui nous est désormais
promise et à laquelle nous tenons.
Jean LEBRAU.
PIEUSSE (Le pays de Joseph Delteil).
�Les Pins.
A Mme Henderson.
Les pins prêtent leurs voix à la rumeur des flots
Dont chaque mouvement est une confidence,
Puisque, pour s'interdire eux-mêmes le silence,
Leur immobilité n'est jamais le repos.
Lorsque, pour le récit de leur folle aventure,
Les vagues parent de leurs belliqueux accents
Les prouesses des voyages éblouissants
Tressaillant de toute leur vibrante armature.
Les Pins graves, pareils à de nobles hérauts,
Vers l'éclat du soleil ou la lueur des phares,
Portent, sur les clameurs de leurs vertes fanfares,
Les exploits de la mer au large des échos.
D'autres fois, dans la paix des couchants nostalgiques,
Quand, sur la voile en feux des rouges horizons,
La mer reconstitue et nacre de frissons
Le mirage obsédant des au-delà magiques,
Les pins se fusèlent comme de sveltes mâts
Suggérant, par le chant de leurs vivants cordages,
A leur quille sculptée en terrestres rivages,
D'appareiller vers de chimériques climats.
Et sous la pâmoison des heures énervantes,
Si la mer soulève vers les lunes d'amour
Les pointes de ses flots qui prennent le contour
De beaux seins révoltés de lubriques attentes,
�— 104 —
Les pins se font alors les eunuques lascifs
Des vagues s'épuisant aux harems de l'espace,
Et cueillant mollement, d'une cadence lasse,
Des voluptés en pleurs aux franges des récifs.
Mais les nuits d'horreur et de louches marasmes,
Lorsque la mer vomit en rauques hurlements
Les criminels aveux de ses égarements
Qui déchirent son corps des plus sinistres spasmes,
Pleins de compassion fidèle, les grands pins
Se tortionnent en similaires tempêtes,
Sous l'ouragan qui mêle, en dévastant leurs têtes,
La résine sylvestre aux iodes marins.
Et pour vivre, au matin dont l'orient se dore,
Leur Passion faite d'héroïques ferveurs,
On peut, ainsi que de sublimes rédempteurs,
Les voir crucifiés aux bûchers de l'Aurore.
La tempête dompte ses derniers soubresauts,
Et vers les pins martyrs un brouillard monte et fume,
Un brouillard de soleil auréolé d'écume,
Comme un encens issu des entrailles des eaux.
Alors, touchantes de pantelantes détresse,
Repentante des deuils par les pins expiés,
De l'humiliation de ses glauques pitiés,
La mer lave leurs pieds comme une pécheresse.
Léon
SOULIÉ.
(L'Anse d'Argent.)
<r Reproduction interdite aux journaux qui n'ont
pas un traité arec la Société des Gens de Lettres. s>
�LE5 RUSIL5 (pris Klarbonne).
Bois original de Louis
CLAUDBI»
��Sous l'œil bleu gris
de Gustave Geîîroy.
Gustave
Getîroy
et l'Oeeitanie. —
lia ]Hidi
au*
Gobelins.
—
Toulouse-
Jjaufcree, par flehille Astre. — Eugène Viala, par «Jehan d'Arvieux.
—■ Lie L.ivre du
Pays.
Gustave Geffroy, romancier, critique d'art, président de l'Académie Goncourt, est mort voici déjà quelques mois. Souffrant depuis
longtemps, il m'avait dit une fois, à peu près : « Pourvu que farrive à la fin de l'hiver, je verrai encore un autre printemps ! » Et
je n'avais pas entendu ces paroles sans être secoué par une forte
émotion. Depuis cette époque, le grand académicien a vécu plusieurs années, mais c'est au printemps qu'il est mort. Gustave
Geffroy était vendéen. J.-H. Rosny aîné, qui lui a succédé à la présidence de l'Académie Goncourt, a écrit dans La Dépêche, dans ce
même journal occitan dont Geffroy demeurait un des plus fidèles
collaborateurs, un portrait de cet artiste sincère et sensible. Un
portrait comme Rosny aîné sait en tracer, avec quelques traits
nets, particulièrement significatifs, avec les lignes essentielles. En
voici le début :
« // (Gustave Geffroy) était de petite taille, avec un visage rêveur,
qui pouvait paraître sévère mais que la moindre émotion troublait,
de grand yeux bleus gris, les yeux des hommes de la mer, faits
�pour regarder les vastes étendues. De constitution délicate., il sern-blait complètement ignorer les sports et s'il lui est arrivé d'en
écrire, jamais il n'en parlait... Il causait peu, étant plutôt enclin
à écouter, et il écoutait bien. Lorsqu'il parlait, c'était avec précision ou véhémence, selon le cas — pour exprimer une de ces
idées auxquelles il tenait essentiellement, redresser une erreur ou
manifester son enthousiasme... »
Rien de méridional dans cette effigie, hormis l'enthousiasme,
lequel est bien de chez nous. Pourtant le romancier de Y Apprentie,
l'auteur des Contes du Pays de l'Ouest, le critique de la Vie artistique et des Musées d'Europe gardait une réelle sympathie aux
choses et aux gens d'Occitanie. Il était d'ailleurs bien connu dans
nos régions d'Oc à travers quoi la Dépêche répandait avec régularité ses écrits, toujours lucides et convaincus. Pour ces deux
raisons, ainsi que pour lui rendre personnellement un hommage
reconnaissant, je me fais un devoir de placer cette chronique sous
le patronage de Gustage Geffroy.
A la Manufacture des Gobelins dont il dirigeait les destinées en
qualité d'administrateur, Geffroy n'avait pas oublié nos provinces
du midi. Il y avait accompli, quoi que d'aucuns en aient pu penser,
de la bonne besogne. Rompant avec la routine de ses prédécesseurs,
ce grand écrivain avait très bien senti toutes les ressources que
devait apporter à l'art de la tapisserie la peinture moderne par la
clarté, l'intensité et l'harmonie de ses couleurs. Il avait donné des
commandes à Claude Monet, Chéret, Véber, Willette, Raffaëlli,
Jaulmes, René Piot, Zingg, à beaucoup d'autres. A Edmond Yarz,
peintre méridional, il avait demandé de développer en une décoration comprenant trois parties de dimensions à peu près égales, les
forêts, les cimes, les pâturages de nos verdoyantes et fraîches Pyrénées. Au Toulousain Henri Rachou, il avait confié la douce et cependant rouge mission de célébrer Toulouse. Derrière la Capitale du
Languedoc personnifiée par une jeune femme assise sur un trône
entre Clémence Isaure, pareille à un lys, avec sa longue robe blanche, ses cheveux dorés touffant aux tempes, et la Relie Paule, pensive
comme dans le poème de Maurice Magre, l'auteur du panneau
décoratif avait échelonné jusqu'au site se distinguant au lointain
par le pont sur la Garonne et ses monuments, les personnages
médiévaux : et le troubadour portant le capuce de Dante, et le
penseur et le moine bien facé, et les chevaliers sur leurs destriers
pour le tournoi, et la foule dans le bariolage de ses vêtements de
fête. Rachou avait accordé là toute la viridité de la pelouse a\»ec
toute la gamme des rouges, le vermillon, le ponceau, le vineux, le
nacarat. Par Gustave Geffroy, l'audois Achille Laugé avait été
chargé de composer un tapis où les roses voisinent avec les fleurs
�La Danse au Moulin-Rouge.
La Goulue et Valentln
le désossé.
H. DE TOULOTTBE-LAUTEKO
(peinture).
Cl.: Nilson.
1
�La Femme au Boa
peinture (musée du Luxembourg).
Cliché Nilson.
H. DE TOULOUSE-LAUTREC.
�— 109 —
plus simples qui poussent dans les jardinets ou même qui viennent
nous frôler les jambes lorsque l'on marche sur les talus herbeux du
Bas-Languedoc.
Voilà pour l'administrateur des Gobelins. Le journaliste
continuait à prêter une vive attention à tout ce qui émanait de
l'Occitanie. Geffroy avait été l'un des plus empressés à confirmer
toute la valeur artistique de l'ouvrage que les Rouquet avaient
consacré à la Cité de Carcassonne, de cette Ville de Passé., rééditée
tout dernièrement et où les xylographies d'Achille Rouquet et de
Jane Rouquet ornementent un texte poétique d'Auguste Rouquet.
Il n'avait pas manqué non plus de signaler dans une de ses chroniques de La Dé-pêche, notre dernier Salon Occitan et d'en dégager
sous l'enseigne archaïque, l'esprit nouveau.
Les dernières pages que Gustave Geffroy a écrites sont celles qui
constituent la préface d'Achille Astre sur Toulouse-Lautrec. Ceci,
tout en ravivant nos regrets, nous honore. Achille Astre, écrivain
vigoureux autant qu'émouvant, qui dirigea à Paris avec un sens
avisé de l'art moderniste, une importante galerie, Achille Astre,
secrétaire et familier de Geffroy, est en effet un de nos compatriotes.
Son livre a été publié dans cette intéressante collection des Maîtres anciens et modernes, éditée par Nilsson, sous la direction même
de Gustave Gpffroy. Précédemment avaient paru dans cette collection un Albert Durer, dont Màximilien Gauthier avait reconnu
avec un accent véridique l'âme généreuse; un Memling attentivement décrit par Marcelle Vioux; un Turner, par J.-H. Rosny aîné,
par ce « magicien parcourant le monde présent, découvrant le passé,
conjecturant le futur », comme l'indiquait Geffroy. Et il ne faut
pas négliger certes le Chardin que Tristan Klingsor a dépeint en
coloriste, en poète, en critique artistique, — Klingsor réunit ces
trois auteurs en lui avec un égal bonheur, — ni le substantiel
Corot et le riche Vélasquez dus à la plume savante de Geffroy luimême. Celui-ci ne pouvait évidemment réserver à nul autre qu'à
son fidèle Astre la biographie et l'analyse d'Henri de ToulouseLautrec. Achille Astre avait été le compagnon de Toulouse-Lautrec.
De plus, il aime profondément l'art de ce génial artiste, lequel
s'affirme bien digne de prendre place après les grandes figures qui
l'ont précédé dans la série de l'éditeur Nilsson.
On éprouve que Astre a écrit ce livre sur Lautrec avec amour,
et qu'il connaît parfaitement toute la production pourtant si nombreuse de ce peintre et de ce dessinateur. L'auteur fait repasser
sous nos regards les filles de joie, les raccrocheu^e?. les chanteuses
de café-concert, les danseuses de music-hall que de ToulouseLautrec saisissait sur le vif, en leurs gestes les plus caractéristiques,
dans les milieux de plaisirs que l'artiste fréquentait. Mais de Tou-
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�— 110 louse-Lautrec ne s'enfermait pas pourtant dans ce monde un peu
spécial. D'autres spectacles le retenaient aussi. Il restait un fervent du cirque, de ses écuyères gracieuses et de ses pitres enfarinés.
Il nous a laissé des descriptions frappantes de la Cour d'assises,
d'une clinique ou d'un examen à la Faculté de Médecine.
Henri de Toulouse-Lautrec a été un des portraitistes les plus
doués de sa génération. D'une intelligence aigùe, il n'avait pas son
pareil pour dégager les marques significatives, mettre en relief un
détail original d'une physionomie ou d'une attitude. Il a portraituré, avec une remarquable souplesse dans la variété de la technique mais avec une sûreté toujours égale de compréhension, la
même aptitude à synthétiser la ressemblance, les personnalités
les plus diverses de la littérature, du théâtre, des arts, voire les
membres de sa famille. Portraits de la mère de l'artiste, Madame
la Comtesse de Toulouse-Lautrec, d'une distinction sévère et racée,
de son cousin le docteur Tapié de Celeyran, aussi grand que Lautrec était de petite taille; portraits d'Adrien Hébrard, d'Oscar Wilde,
d'André Rivoire, de Coolus, de Van Gogh, de Suzanne Valadon, de
Henri Rachou; portraits de Berthe Bady dans La Lépreuse de son
compatriote Henry Rataille, de Marcelle Lender, de La Goulue,
d'Aristide Rruant, de Jane Avril, d'Yvette Guijbert. Cette dernière compte aussi dans L'œuvre lithographique de Toulouse-Lautrec, ('-ette œuvre est des plus abondantes, puisque le catalogue complet enregistre 368 numéros. Les principales pièces, en dehors de
la série d'Yvette Guiibert, sont la série sur Lender, celle de la
petite irlandaise Miss May Belfort qui chantait, habillée en petite
fille, avec un chat noir dans ses bras, l'album Elles et les illustrations pour les Histoires naturelles de Jules Renard. Enfin, Henri
de Toulouse-Lautrec, un des premiers, a contribué à fleurir d'affiches en couleurs, véritablement artistiques, les murs de Paris. Ses
affiches de Bruant, du Divan Japonais demeurent célèbres. Celle
que Lautrec composa pour un roman publié dans le journal de
Maurice Sarraut et de Hue, Le Pendu, mérite d'être aussi connue.
Achille Astre réunit, presque à la fin de son ouvrage, quelques
appréciations de critiques réputés comme Gustave Geffroy, Arsène
Alexandre, Gustave Coquiot sur l'art de Toulouse-Lautrec. Elles
s'ajoutent aux analyses pénétrantes que l'auteur avait répandues
au cours du livre sur la manière de ce dessinateur, sur son dessin
serré, si vivant. Nous ne reviendrons pas sur ce sujet. Aussi bien
dans un précédent article nous avons suffisamment insisté sur les
qualités du coloriste expert à harmoniser entre eux les tons. Nous
préférons nous arrêter ici sur des faits curieux, des événements de
l'existence du peintre souvent ignorés jusqu'ici et qui éclairent à
la fois l'homme et l'œuvre, en même temps que certains nous inté-
�— 111 —
ressent parce qu'ils se rapportent à notre pays d'Oc. C'est ainsi que
le biographe de Toulouse-Lautrec nous apprend que ce dernier avait
commencé à dessiner dès l'enfance. De constitution trop délicate
pour se mêler aux jeux des enfants de son âge, le petit Lautrec se
divertissait en crayonnant des croquis. Grâce à Achille Astre, nous
nouons connaissance avec le père du gamin dessinateur, le comte
Alphonse de Toulouse-Lautrec-Monfa. Adolescent, Henri de Toulouse-Lautrec passe ses vacances à Celeyran, entre Goursan et Narbonne, et il a peint des coins de cette région qui révèlent un tempérament de paysagiste. Astre nous conte des anecdotes sur la vie
du peintre. Pour un bal masqué, Lautrec s'était costumé en enfant
de chœur. Il avait nourri en lui, sans jamais le réaliser, le rêve
d'aller au Japon. De tant d'autres choses tristes ou amusantes, le
livre est empli. Achille Astre a eu le mérite de faire revivre Lautrec
devant nous. Geffroy le souligne dans sa préface :
« On apercevra ce Lautrec, déclare-t-il, à travers les pages écrites
par Astre, qui a retrouvé pour son ami sa plume de chroniqueur
d'art de la REVUE MÉRIDIONALE fondée par son ami Achille Rouquet.
Mais on verra surtout, grandissant à chaque chapitre, Vartiste impeccable auquel l'auteur consacre sa verve,, son ardeur, tout ce qu'il
y a en lui d'émotion communieative ». Réflexion fort juste, sur quoi
nous terminerions si nous ne tenions à indiquer qu'Achille Astre a
eu la bonne idée de réserver un des plus importants chapitres au
Musée Toulouse-Lautrec à Albi. Voilà une visite que doivent accomplir tous les Occitans amateurs d'art moderne. Ils y rejoindront une
des plus solides gloires de notre Occitanie dans la peinture.
Un autre ouvrage composé avec amour, c'est le livre que Jehan
d'Arvieux a écrit sur son beau-père, Eugène Viala, sous le titre :
Le Décor d'un Rêve d'artiste. Gustave Geffroy lui a tressé des louanges et dans l'article même de La Dépêche où il a parlé de notre
Salon Occitan. Mais le graveur Viala se situe aux antipodes d'un
Toulouse-Lautrec. Viala s'avère avant tout un lyrique, un romantique, doublé d'un symboliste. Son inspiration hante, ainsi que
ces aigles qu'il a souvent représentés dans l'eau-forte, les hauts
sommets déserts. Il y a dans ses gravures, bien supérieures selon
moi à ses aquarelles, une pensée sauvage, presque farouche, une
force hautaine. Que le graveur traduise des symboles tels que Le
Berger des Aigles, La Tour de Peyrebrune, La Rafale où un arbre
devant lequel une croix étend ses bras se tord, échevelé, sur un ciel
livide, qu'il figure des motifs plus terre à terre comme l'effort du
laboureur derrière ses bœufs, qu'il dresse le clocher de Rodez ou
qu'il déploie le vol de la mouette, il enveloppe toujours son motif
dans une sorte de mystère tourmenté, dans une atmosphère d'angoisse tragique. La facture de l'aquafortiste, toute de contrastes
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vigoureux, où les noirs envahissent la planche, mais où les blancs
mettent comme des déchirures ou des cris, s'adapte parfaitement à
l'état d'âme du poète. Car Eugène Viala a écrit aussi des poèmes
qui, par l'interprétation de la vision et l'idée philosophique, se
rapprochent de ses évocations gravées.
Viala qui est né dans le Rouergue et qui y est mort, après un
court séjour à Paris, s'est tenu à l'écart de l'humanité, au contraire
de Lautrec qui s'est plu à coudoyer ses contemporains et à descendre avec eux dans les bas-fonds parisiens. Eugène Viala a vécu en
isolé, loin de la fréquentation des hommes, mais en contact avec
la nature, et avec la nature de son pays rouergat. Aussi le Rouergue
a-t-il exercé une influence profonde sur l'artiste. Et c'est pourquoi
Jehan d'Arvieux, dans le dessein de pénétrer l'inspiration de Viala,
a longuement étudié le cadre au milieu de quoi le graveur a souffert, songé et travaillé. L'auteur du livre s'est appliqué à nous
décrire, avec le souci d'en fouiller tous les aspects, la région du
Rouergue, le plateau du Lévezou, les rochers aux formes fantastiques, les ravins, les landes avec toutes leurs plantes, les bocages,
les monuments aussi, les dolmens, les croix, les églises, les manoirs.
Il nous en dépeint les habitants, auxquels conviennent la blouse
du paysan ou la limousine du berger, mais non les habits de la
ville. Il analyse avec une sincérité sans indulgence leur mentalité
et leurs penchants, il nous dévoile leurs croyances superstitieuses.
Son ouvrage, cependant en prose, a le caractère d'un long poème
divisé en plusieurs parties par une phrase directrice qui se déroule
d'un bout à l'autre du livre. Il y a dans Jehan d'Arvieux un mélange
assez spécial de romantisme et de tendances scientifiques et abstraites; celles-ci se manifestent dans la préoccupation de l'auteur à
rechercher dans un paysage l'armature géométrique. L'écrivain
régionaliste Gandilhon Gens d'Armes qui a préfacé le livre de
d'Arvieux s'est souvenu avec à propos à son endroit de cette méditation de Barrés : « Toute région présente une pensée et une pensée
démflnde à pénétrer les cosurs... »
Souhaitons, pour finir, que les deux ouvrages qui ont fait l'objet
de cette chronique se trouvent aisément l'un à Albi, l'autre à Rodez.
Car nous nous associons sans réserve à la campagne si opportune
qu'a entreprise dans Cornœdia Jean Ajalbert, de l'Académie Concourt — ainsi que Geffroy et Rosny aîné — pour « Le Livre du Pays ».
Certes oui, il importe que le touriste découvre facilement les monuments d'un pays, qu'il en savoure les fruits et les plats,- mais aussi
il convient qu'il puisse s'imprégner de « Vême du pays qui flotte
dans les livres ».
PAUL-SENTENAC.
�lé TOREflDOR.
Bois original d'Angnste
ROTTQUET.
�Éehos.
Notre collaborateur et vice-président Paul-Sentenac a réuni dernièrement à
la galerie Siot-Decauville (63, avenue Emmanuel III, à Paris) une exposition de
peintres et sculpteurs modernes. Sites de provence de Mlle Armand Dayot, ports
pittoresques et clairs de Déziré, scènes de courses de Maurice Taquoy, coins
d'Auvergne de Pérouse, paysages robustes de R. N. Raimbault, natures mortes
de Sermaise, portraits et dessins vig-oureux de Fortuné Paillot, se révélaient
des morceaux de véritable peinture, comme les sculptures de Chauvel, Popineau
et Sokolnicki appartenaient à de vrais sculpteurs. Chez les peintres ainsi que
chez les sculpteurs la solidité n'excluait pas l'attrait de la couleur ou de la ligne.
Il y avait dans ce groupe trois artistes qui n'avaient pas encore exposé dans
des ensembles : Mme Claude Simon dont la petite ménagère et les sites d'Alsace
ont beaucoup plu, le jeune graveur Jacques Raimbault. et Mlle Jeanne Sentenac
qui avait envoyé des paysages des environs de Narbonne, où elle a rendu avec
beaucoup de justesse, dans une conception d'une moderne si-acérité, la fraîcheur
ensoleillée des arbres au printemps ou la blondeur lumineuse de nos terres du
Bas-Languedoc pendant l'hiver.
P. G.
— Notre collaborateur et ami, le sculpteur Jean Magrou vient d'obtenir la
médaille d'or au Salon des Artistes Français pour son monument du Cardinal
de Cabrières destiné à la Cathédrale de Montpellier. Nous applaudissons à cette
distinction bien méritée qui récompense l'artiste probe et érudit qu'est Magrou.
A. R.
Lie
festival Rey'-H.ndreu.
Le dimanche 16 mai, cependant qu'au dehors, sous un ciel de mars, le vent
glacé soufflait en tempête et que la pluie battait contre les vitres, la salle
du Caméléon vibrait du chant des cigales dans le soleil, ou des rythmes ardents
de la chaude Rapsodie Espagnole. Notre compatriote narbonnais, le compositeur
Rey-Andreu y faisait entendre un choix de ses œuvres, si colorées, si nerveuses,
et cependant si harmonieuses, dans leur technique d'un modernisme audacieux
et savant. Le programme était des plus variés et des plus séduisants, et les
noms des artistes de premier plan qui avaient accepté d'interpréter les compositions, difficiles à exécuter, de ce musicien occitan témoignaient de la valeur
ainsi que de l'attrait de son art. Les pièces pour piano, La Rapsodie Espagnole,
Les Vignes en Fleurs, La Chanson du Vin, La Mort d'un Oiseau, Cigales dans
le Soleil, jouées par Mme Verdevoye-Heuclin, des concerts Colonne, une virtuose
de premier rang, ont produit une forte Impression sur les auditeurs, tant elles
sont évocatrices et saisissantes dans leur brièveté. L'adagio pour violon et piano
et le poème pour violoncelle et piano ont requ l'accueil le plus favorable. Ils
ont été interprêtés, avec Mme Verdevoye-Heuclin, par Mlle Léonie Lapié, violoniste
impeccable, et par Mlle Adèle Clément, qui prend des airs langoureux comme
si son violoncelle était le cygne de Léda. La sonate pour violon et piano, par
Mlle Lapié et Mme Verdevoye-Heuclin a montré que Rey-Andreu sait aussi
écrire des morceaux emplis de souffle et développer avec ampleur des phrases
musicales, attachantes par leur richesse mélodique. C'est Mme Louise Matha,
une cantatrice à la voix aussi souple que bien timbrés, qui a exécuté la partie
de chant de ce concert, en mettant parfaitement en valeur les mélodies du compositeur, si nuancées, si expressives. Le petit Phili a récité avec beaucoup de
compréhension et d'émotion, un poème de Paul Sentenac, Les Cloîtres et un
poème de Louis Payen Quand la Mort Douloureuse, sur les 6e et 7e nocturnes de
Rey-Andreu. On a pu constater combien la musique de ce compositeur s'alliait
heureusement avec le rythme des vers modernes. Mlle Alice Bourgat, de l'Opéra,
aux formes élancées sous la légère tunique verte qui laissait libres ses bras et
ses jambes nues, a dansé avec une vivacité et un enjouement des plus gracieux
sur les Arabesques et Les Libellules dans le Pré. Les gestes de la danseuse et
les sonorités musicales s'accordaient délectablement. Enfin, après Le Nocturne du
�— 115 —
quatuor à cordes, la Sérénade occitane jouée par l'orchestre du Caméléon, avec
Mlle Potel de la Brière conduisant le groupe des jeunes filles violonistes, sous
la direction de M. Marchessa.ux, a obtenu le plus vif succès. Cette sérénade,
dédiée au Groupe Occitan, d'une allégresse pleine de fantaisie, a eu les honneurs
d'un bis. Chose rare à Paris. Avant le concert, M. Paul-Sentenac avait présenté
le compositeur Rey-Andreu. En une langue élégante, imagée, pleine de vie, il a
révélé la figure originale de ce musicien occitan, l'a situé dans son pays natal
de Narbonne. Puis il a décrit les thèmes familiers de l'inspiration de Rey-Andreu,
les paysages et les scènes du Bas-Languedoc avec des mots qui traduisaient
par équivalence ce que ce compositeur rend avec des notes. Cette matinée de
musique de chambre du 16 mai, au Caméléon, qui avait attiré, "boulevard Rasoail,
un public aussi nombreux que distingué comptera dans la carrière de ReyAndreu qui se poursuit toujours plus brillante. Elle honore ce compositeur abondant et raffiné, et du même coup l'Occitanie où il a puisé une grande part d'inspiration. Et elle honore aussi le Groupe Occitan.
F. G.
Nou'i nous proposions de donner à la suite de ce compte-rendu l'article écrit
dans Paris-Conférences sur le Fertival Rey-Andreu, par M. Jacques Baudry,
le critique musical et le musicien réputés, administrateur du- Guide du Concert,
organisateur de La Musique vivante. Mais cet article nous est parvenu trop tard.
Nous le publierons dans notre prochain numéro.
F. G.
�Le Cinéma
Vers une esthétique oeeitanienne du eitiéma.
L'Idée et l'Écran.
Nos compatriotes Fescourt et Bouquet viennent, sous ce titre (1),
d'enrichir la bibliographie du cinéma de trois fascicules qu'il est
indispensable de lire, agréable et profitable de méditer. Les Feuillets se doivent de leur faire écho, non pas seulement parce que ces
plaquettes illustrent une date dans l'histoire du cinéma, mais surtout parce que le sens des critiques comme des recherches de MM.
Fescourt et Bouquet nous permet de les considérer comme les pionniers d'une esthétique cinégraphique conforme aux traditions de
beauté à la fois spirituelle et formelle qui définissent l'esprit méditerranéen.
*
**
Jusqu'à ces derniers temps, la seule « avant-garde » captait toute
l'attention de ceux qui voulaient voir dans le cinéma d'autres possibilités que celles de nous extérioriser par des raccourcis plus ou
(1) « L'Idée et l'écran » trois fascicules chez Haberschillet" Sergent, Paris, 1926.
�— 117 —
moins grossiers ou fidèles les œuvres littéraires ou théâtrales. Tout
le premier fascicule, dans la très agréable mais perfide manière du
dialogue, est consacré à nous montrer qu'à ses prétentions tapageuses aucune œuvre magistrale n'est venue répondre. Il y a seulement des recherches techniques intéressantes. Le cinéma pur reste
encore une théorie et à peine très indiquée. Les réalisateurs cités
comme ses pionniers les plus audacieux se contredisent remarquablement à deux ans d'intervalle (2) Accumuler les visions bizarres
ne suffit pas à faire du cinéma un art indépendant des autres.
L'avant-garde, c'est un avortement.
C'est que MM. Fescourt et Bouquet prennent le point de vue exactement contraire à celui qui est encore à la mode chez les fervents
du ciné. « Le cinéma n'est nullement un art par essence, ce qui le
différencie de la musique, de la poésie et de la peinture... Ce n'est
un art qu'au second degré ». Mais il ne le deviendra qu'à condition
de ne point tourner le dos à la vie et celle-ci est « logique ».
Aussi réhabilitent-ils le cinéma dramatique, proclament-ils son
indépendance. « Le cinéma peut-être dramatique et il doit être
cérébral ». Les recherches de l'avant-garde ont jusqu'ici porté sur
la forme et l'étude du fond n'a été qu'effleurée. « Les objets et les
êtres seront avant tout les représentants d'une pensée ». Leur valeur
plastique n'est que secondaire. Ainsi le choix d'un film sera le but
des visions harmonieuses, non plus leur prétexte.
De telles affirmations conduisent nos auteurs à tourner le dos à
la symphonie visuelle. « Rhétorique des images » ! le mot n'est
pas mal trouvé. En tout cas, ils réclament le divorce absolu de la
symphonie visuelle et du drame. Les deux y gagneront. « ...Jamais
déborder l'action, comme on l'a vu assez souvent dans des films
où une intrigue bâclée abritait des recherches déconcertantes pour
le spectateur. Ce dernier lorsqu'il rentre dans une salle doit savoir
s'il va au concert ou à la comédie, sinon ses idées s'embrouillent ».
Il resterait à démontrer que la domination puissante et rapide que
le cinéma par l'image exerce sur notre pensée et notre sensibilité ne
fait pas de lui un frère du concert bien plutôt que de la comédie.
*
**
Nous avons voulu résumer, non discuter, les idées de MM. Fescourt et Bouquet. Elles sont nôtres par certains côtés. Dans la mesure
où elles affirment la prééminence de la raison dans l'art, elles sont
de l'ordre latin. Quand ils écrivent : « Le cinéma devra livrer une
grande bataille pour conquérir sa place dans les arts majeurs. Si
(2) Il resterait à démontrer que ces variations sont le seul résultat de l'expérience...
�— 118 —
nous voulons gagner cette bataille, efforçons-nous d'atteindre les
fibres profondes de la sensibilité », c'est que, fidèles aux traditions méditerranéennes, ils ne se satisfont pas du cinéma germanique et suédois. Celui-ci a atteint, croyons-nous, aux fibres profondes
mais notre sensibilité en sort douloureusement froissée. Et nous
souhaitons de tout cœur à M. Fescourt qu'à rencontre de ce qui est
advenu aux théories que soutient mollement son « amateur », les
idées qu'il nous expose se concrétisent bientôt par la seule chose
qui compte au cinéma : le film, puissions-nous demain opposer au
cinéma nordique des œuvres où la puissance d'expression et l'originalité de l'inspiration s'harmonisent avec nos natures méridionales qui connaissent le rêve et le trouble et la laideur et l'impulsivité mais qui ne sont satisfaites que par la victoire de la clarté,
de la logique et de la beauté.
Jean MORINI-COMBY.
Un Cinéaste Oeeitan.
L'Art einégraphique
de Jacques de Baroneelli.
à Etienne Rey-Andreu : amtealement.
Photogénie ? un mot. Lumière ? tout le cinéma.
Chose curieuse, le Midi n'a jamais rien produit de remarquable
dans le domaine cinématographique, et cet art de la lumière qu'est
le cinématographe entre les mains d'un être intelligent, cultivé,
et artiste, est encore l'apanage des races nordiques et germaniques.
Chez ces peuples, la musique des images remplace la musique des
sons comme le rêve écranesque illustre magnifiquement leurs vieilles légendes (1).
Cependant il y a une exception. Un cinéaste méridional et un des
meilleurs artistes du cinématographe français existe. A lui seul, il
vaut bien une douzaine de ses collègues et tous les metteurs en scène
italiens. C'est Jacques de Baroncelli-Javon, cinéaste languedocien,
provençal d'Arles, homme de goût, et marquis de la Toile Blanche.
(I) En Amérique le cinématographe est une industrie, sans plus. En France, à part
quelques exceptions, les films sunt un art industriel. Cette conception du cinéma en France
est, intellectuellement, une erreur.
�- 119 —
*
Jacques de Baroncelli-Javon est observateur d'instinct et peintre
de nature. Sa sensibilité particulièrement aigûe s'est fixée sur la
possibilité psychologique qu'a le cinéma de représenter et de traduire des états d'âme. Il a senti, puis il a compris toutes les ressources de cet art septième naissant, de cet art scientifique qui
détrône déjà le vieux théâtre jouant sa marche funèbre.
C'est en 1915 que Jacques de Baroncelli débuta au cinéma comme
metteur en scène. Il ne fut jamais acteur et n'a point fait de théâtre. De journaliste il se fit cinéaste et ce fut une réussite.
Avec quelques amis échappés de la guerre, il créa la Société des
Films Lumina. Et, un soir de l'hiver 1915, il nous convia dans la
salle ronde du Cinéma Athénée de Montpellier — la plus cinéphile
des villes de France — pour voir ses premiers films : deux drames
noirs qui cependant laissaient deviner la sensibilité de ce rêveur
et sa faculté de faire revivre poétiquement des paysages évocateurs.
L'un de ces films, introuvable aujourd'hui et que très peu d'initiés
purent voir jadis — traitait d'une histoire d'espionnage dans un
cadre sombre et triste; il y avait là certaine lanterne de projections
qui jouait un grand rôle lumineux, et cette lanterne-thème était
déjà un objet-personnage, une de ces choses photogéniques inertes
(plus tard chères aux Suédois et à Jean Epstein) qui, par leurs présences intelligentes, servaient à faire naître la vie et les rythmes de
tout un film.
Ainsi, le cinéaste occitan Jacques de Baroncelli fut un précurseur.
Et il évolua dans cette lumière cinégraphique... Travailleur tenace
malgré des revers d'argent, J. de Baroncelli composa une série de
films dont le moins qu'on puisse dire fut que chaque fois ils amenèrent « quelque chose de neuf » à l'art de l'écran. Et il est arrivé
aux cieux du Cinéma Français par son poème musico-visuel
Pêcheur d'Islande, en montant à ce firmament par une manière
d'échelle de Jacob dont les principaux gradins se nomment ChampiTortu (récemment réédité), Le Rêve, Nêne, et surtout La Légende
de Sceur Béatrix. Dans ce film, l'Arlésien a montré à nu une âme
de rêveur, de mystique latin et médiéval, et il a composé un vitrail
vivant et émouvant qui semble sortir de la Cathédrale de Chartres
et qui force l'émotion la plus cachée.
Mais là où il domine le cinéma de France qui peut être fier de
l'Occitan, c'est dans son étonnante et très belle adaptation du nostalgique roman de Pierre Loti : Pêcheur d'Islande,, film d'une telle
beauté et d'une telle technique cinégraphique que le public cultivé
n'en a pas encore compris la grandeur, la hardiesse, l'art et même
�— 120 —
la simple émotion. Dans dix ans, ce film aura dans l'histoire du
VIP art la place qu'il mérite et qu'a seulement maintenant la Charrette-Fantâme ou le Trésor d'Ame, des Suédois Sjôstrôm et Stiller...
Avant tout, Jacques de Baroncelli est un compositeur d'atmosphère, à la manière des puissants réalisateurs nordiques nommés
ci-haut. Ce latin issu du pays du soleil n'est pas un troubadour,
c'est un poète et un musicien visuel qui recherche les rythmes des
choses et des gestes, la mélodie de la nature et l'harmonie de la
changeante lumière boréale. Par une certaine puissance âpre qui
lui sert à fouiller la vie des gens humbles et simples, par une
grande sobriété dans son rythme et son dynamisme, il se rapproche des anciens conteurs d'eddas, mais tempéré par une sensibilité
éminemment latine et méditerranéenne. Ainsi s'explique la sobriété
de la scène des fiançailles et des lyriques épousailles d'Yann et
de Graud dans son Pêcheur d'Islande qui atteint au sommet du
pathétisme vrai et de l'émotion psychophysique par des moyens si
simples que l'on en reste anéanti. Pendant près de trois cent mètres
de pellicule, cette scène jouée par deux acteurs presque immobiles
vous étreint. Et sous cette immobilité apparente il y a un dynamisme prodigieux, un rythme inouï qui provient d'un conflit de
sentiments profonds extériorisés par l'objectif qui joue ici un rôle
psychanalytique. Cet objectif a été braqué et sensibilisé par la
volonté communicative du génial cinéaste créateur. Là, Jacques de
Baroncelli a fait vivre à nos yeux le subconscient sans que nos
yeux s'en aperçoivent immédiatement : ils voient et suivent les
images, mais ils ne s'émeuvent, avec nous tout entier, qu'une fois
les images passées. Cette suggestion est très forte. C'est du très
grand art.
Et cela, qui n'est pas du réalisme, montre le pouvoir psychanalytique et onirique du cinéma . Jacques de Baroncelli est aussi un
génie cinégraphique par sa maîtrise à manier les acteurs. Ce grand
animateur ne s'est jamais entouré d'acteurs médiocres et il a su
mettre en transe, en état second, certains artistes qui n'obtinrent
les meilleurs de leurs rôles et de leurs tempéraments scéniques
qu'avec de Baroncelli, par exemple la slave Mme Sandra Milo,wanoff. Ce ce côté, le cinéaste français se rapprocherait de D.-W.
Griffith, qui créa Lilian Gish.
* *
... Que va faire maintenant cet animateur français ? Comme il
nous l'avait annoncé de vive voix à Nîmes en 1925, devant une
merveilleuse et ensoleillée bouteille de « Châteauneuf du Pape »,
il va produire quelques films commerciaux — c'est-à-dire des films
�— 121 quelconques destinés à la pâture du peuple et à faire rentrer de
l'argent — avant de reprendre ses rêves cinégraphiques. De ce fait
on peut lui en vouloir d'avoir donné le jour à Veillée d'arme ou au
Réveil : l'art pur n'étant pas une source populaire ni une source
de revenus suffisants. Pour faire des films où seuls le cœur et le
tempérament entrent en jeu et qui, par conséquent coûtent chers
parce qu'ils ne se vendent pas, il faut avoir « les reins solides » et
pouvoir « retomber sur un matelas suffisamment argenté ». Et
cela explique ces films comme cela permet d'applaudir au futur
Nitchevo.
Mais après ces films publics destinés à le faire vivre, Jacques de
Baroncelli, qui est, à l'heure présente aspiré par la pompe Paramount, aura assez de capitaux et de liberté — nous l'espérons —
pour donner libre cours à son inspiration si grande et si claire. Et
il pourra mettre sur pieds son grand projet qui le hante depuis
des années : harmoniser la mélodie qui berça son enfance — Le
Rhône — en une admirable et sublime symphonie optique pleine de
rêve et de lumière, en un poème rythmique visuel digne pendant
de celui de Frédéric Mistral l'illustre.
Le Rhône ! Psycho-photogénie de l'eau vive, source inépuisable
de mélodies et de rythmes cinégraphiques ! Il convient que cette
symphonie des brumes lémaniques au soleil méditerranéen soit
transposée à l'écran par le lyrique rêveur qu'est l'Arlésien Jacques
de Baroncelli. Sa ferveur mystique peut, seule, insuffler la vie et
l'harmonie à ce colossal poème de la toile blanche, de l'écran flamboyant comme son soleil natal. Et, s'il veut adapter à cette œuvre
future une cinégraphique partition auditive, le cinéaste Occitan ne
pourra que s'adresser au délicat et coloré musicien Occitan qu'est
Etienne Bey-Andreu.
Nous avons foi en Jacques de Baroncelli-Javon, cinéaste de France,
captateur de lumière et de rêve, psychanalyste de l'écran.
En lui est peut-être l'avenir du cinéma français méridional encore
inexistant.
Dr Paul
RAMAIN.
�inventaire Régionaliste.
En tête de leur programme d'action, les « Feuillets Occitans » ont
inscrit l'inventaire des ressources du Languedoc et du Raussillon en
hckmmes et en choses.
Un tel inventaire ne saurait se borner aux choses du passé. Si, en
effet, ces dernières,, par l'étude de l'histoire du folk-lore, de l'architecture, de la musique, de la langue, en un mot de toutes manifestations de l'activité intellectuelle et artistique, permettent de fixer
la tradition et de synthétiser les qualités spécifiques d'une région,
elles n'ont de raison d'être que si leur recherche, loin d'être une
simple étude archéologique ou la cristallisation d'une époque, contribue à dégager une formule vivante, adaptant ces caractères propres aux besoins de Vévolution moderne.
Comlment le régionalisme doit vittre avec son siècle et même lê
guider ! Tel est le large et vaste problème -pour lequel les Feuilliets
Occitans font appel au concours de tous les spécialistes que la question préoccupe à juste litre.
Nos amis, nos collaborateurs exposeront et confronteront leurs
idées sur un esprit régionaliste vivant, créateur, et les rapport de cet
esprit avec leur art, que ce soit l'architecture, la peinture, la sculpture, le Cinéma, le Roman, la danse, etc.. Leurs suggestions, les
solutions qu'ils apporteront à ce problème pourront peut-être orienter notre action dans un sens plus fécond et plus large.
La culture occitane existe, il s'agit d'en dégager les éléments qui
peuvent prolonger le rayonnement de cette culture sur le plan universel. Il y a en effet un régionalisme autre que celui qui se confine
dans les limites étroites de la région et nie toute possibilité d'un
esprit régionaliste en dehors; il y a une expression plus grande et
plus forte de l'âme d'un peuple que celle qui se résume, en l'anecdotique, le particulier, le passager. Ce qui constitue la culture occitane se retrouve dans l'architecture, les grandes lignes d'une œuvre.
Nous ouvrons notre Inventaire avec le problème de Varchitecture
occitane. Vaste sujet sur lequel il y aura beaucoup à dire. Henri
Favier, auquel nous devons la Maison d'un Ferronnier à Paris, nous
apporte la contribution de ses idées et de ses essais, dont on appréciera l'importance.
LES FEUILLETS OCCITANS.
�— 123 —
La Maison et le Régionalisme.
Easai d'architecture méditerranéenne, par Henri f avier.
Il faut distinguer entre ce qui est d'ordre universel et ce qui appartient
plus spécifiquement à la Région. Le paquebot, l'avion, l'auto, l'usine qui profitent des progrès de la science, sont de tous les pays; la maison appartient
au paysage. Mais dans la maison elle-même, il y a des éléments « humains »,
utilisables sous toutes les latitudes : matériaux nouveaux, employés partout;
recherches de volumes précis; de plans précis où la lumière se joue; nécessité d'une impression de sérénité, de calme, dont l'homme d'aujourd'hui, à
la vie de plus en plus trépidante, a impérieusement besoin; il y a un élément local qui est plus particulièrement dans sa l'orme, sa partie pittoresque, sa couleur, en harmonie avec le cadre.
La maison qui s'élèvera sur les bords de la Méditerranée, à l'ombre des
pins, des cyprès ou des mimosas, ne doit pas avoir le même visage que celle
des rives de la Tamise ou de l'Ohio.
Or, la maison actuelle,qu'elle dresse ses murailles à Paris ou dans quelque
humble bourgade méridionale, ne reflète que la prétentieuse vanité et la
veulerie du public, l'ignorance de ses constructeurs.
Voilà comment s'exprime Favier devant ses épures où se révèlent la logique et la lucidité d'un esprit de formation méditerranéenne. Car c'est à Montpellier, sa ville natale, où tout est proportion, harmonie et lumière, que Pavier
doit son esthétique, — par là ne se rapproche-t-il pas d'Eupalinos Y
A. BOUQUET.
Une esthétique nouvelle est née avec la machine.
Heureux d'ingénieur dont l'art n'a pas d'histoire et dont le métier
précis est basé sur le calcul. L'architecture ne peut se désintéresser de l'art de l'ingénieur. L'art et l'imagination de l'architecte
en sont complètement transformés, fécondés. Les ingénieurs ont
donc créé une esthétique nouvelle et nous ont ainsi devancés. Ils
nous ont fait apprécier la nudiié d'une volonté implacable, la beauté
dans la simplicité des belles machines.
On admire la machine, il est regrettable que les essais des architectes modernes soient condamnés au nom de la tradition. Pourtant,
qui voudrait aujourd'hui d'une auto modèle 1895 et pourquoi n'en
est-il pas de même pour la maison ?
L'architecture se transforme en s'adaptant aux conditions
industrielles. Les modèles du passé peuvent s'admettre comme
documentation, mais la forme extérieure doit correspondre aux
inventions du jour, le plan intérieur ne tient-il pas compte du « confort moderne » ? L'architecte ne pourra donc innover qu'en luttant
contre la tradition et en s'affranchissant des préjugés ennemis du
progrès. L'ancien appartient à l'histoire, sa place est au musée.
�— 124 —
Conçoit-on un mobilier xirf3 dans une maison mauresque; imaginet-on un avion Louis XV ? Ce sont des anachronismes haïssables
comme l'ascenseur à Versailles et l'électricité à Notre-Dame de
Paris.
Les matériaux nouveaux appellent des formes nouvelles. Ces formes seront simples, claires et si les volumes primaires de la géométrie en forment la base, elles ne seront pas pour cela semblables
à des caisses à savon.
L'architecte est toujours en lutte avec des questions terre-àterre, qui sont pourtant de première importance : le coût de la construction. Il faut créer une architecture qui sera l'équivalent de ce
que fait Ford dans l'automobile.
Il faut étudier des types de maisons allant de l'habitation ouvrière
à la maison de maître et de la cité-jardin à la ville. Il vaut mieux,
en effet, répéter une œuvre parfaite que d'avoir des maisons différentes les unes des autres conçues dans le minimum de temps.
Une longue et savante étude préparerait la réalisation à base de
standard, c'est-à-dire que les divers éléments composant ces constructions, étudiés et établis séparément, permettraient d'arriver à
la perfection par la standardisation même et d'obtenir ainsi des
prix inconnus à ce jour. Il ne faut prendre cependant ce procédé
que comme une nécessité économique de notre époque.
On élèvera de véritables usines. Ces usines posséderont des laboratoires, — pour la mise au point des divers éléments — où l'architecte travaillera sans nulle contrainte, coordonnera ses idées et
réalisera son rêve. Le client n'imposerait pas son goût : il n'aurait
qu'à choisir parmi les projets établis à l'avance.
Est-ce à dire que le caractère régional serait méconnu ? non, mais
la vie a évolué, s'est élargie. Actuellement cependant on déshonore
nos plus beaux sites par une architecture où nos traditions ne se
retrouvent plus. L'on confond le caractère local avec la répétition
des modèles du passé.
Les lois économiques conduisent aujourd'hui l'architecte à l'esprit de synthèse absolue. Aux deux pôles, la machine et le Parthénon atteignent la limite. Plus de vains ornements, mais des proportions, des rapports, des volumes; précision dans les surfaces, les
lignes et les trous; recherche du rythme, de la clarté, de l'air.
L'extérieur dépend de l'intérieur et le plan doit être subordonné au
besoin. La beauté de la matière et son utilisation architecturale ne
souffrent aucune concession au décorum. L'architecture est un art
indépendant de la sculpture et de la peinture. C'est un art complet
qui sculpte et peint dans l'atmosphère avec des volumes et des surfaces, toute une symphonie de lignes, de plans, de trous parfaits.
�Paul Valéry.
Bois original d'Auguste
BOUQUET.
�Le cardinal de Cabrières
(médaille d'or aux artistes français)
Cliché ^Illustration.
Jean
MAGRON.
�— 125 —
Il faut utiliser les matériaux que l'industrie nous offre; d'où nécessité d'uné esthétique répondant à ces matériaux.
La part de l'usine, de la science, qui résolvent le problème de la
fabrication, ainsi établie, il faut laisser à l'imagination sa prépondérance.
L'art de l'architecte tient compte, en effet, de considérations que
l'ingénieur n'a pas à connaître. Le savant n'a donné que les éléments d'une esthétique nouvelle, l'imagination de l'artiste en donnera l'expression la plus moderne. Il ne faudrait pas faire de la
géométrie la fin de l'architecture. En se rapprochant du savant,
l'artiste fécondera son art, mais il ne doit pas imiter le savant. L'invention, le besoin d'évasion de l'artiste, feront de la machine une
belle chose. Sinon l'architecture ne serait plus ce qu'elle fut toujours : la synthèse d'une civilisation. Après que les témoins d'un
peuple ont disparu elle est le dernier vestige qui demeure avec la
sculpture : « Le buste survit à la cité ».
H. FAVIER.
�Les Lettres Occitanes
fiotre enquête sur
Le Problème Oeeitan
1° Raisons d'agir (suite et lin)
Réponse de M. l'abbé SflLiVflT, de Castelnaudary.
La diversité des langues n'est pas un danger pour l'unité nationale.
La question peut se poser, et nous savons le rôle important joué
par la question des langues au siècle dernier dans l'empire AustroHongrois. Il faut rappeler la fameuse parole de Mistral :
Qui tèn sa lèngo tèn la clau...
On exagère toutefois quand on croit en danger l'unité nationale.
Ne faudra-t-il donc, pour constituer la France, que des gens parlant français, et faudra-t-il tous ceux qui sur la terre parlent français ? — Si oui, pourquoi vouloir faire terres françaises le Roussillon où l'on parle catalan, et l'Alsace, dont le dialecte est un dialecte
germanique ? Et pourquoi ne pas réclamer, en vertu du même principe, l'annexion à la France de la Suisse romande, de certaines provinces de la Belgique, et même du Canada ?
Soutiendra-t-on qu'il faudra également réaliser dans un pays,
pour maintenir l'unité nationale, avec l'unité de langue, l'unité de
religion et de race ?
�— 127 —
Il est inutile, et il serait trop long de rappeler les services rendus à la patrie française par les Gascons de Jeanne d'Arc, et en
général tout le Languedoc pendant la guerre de Cent Ans, pour ne
citer d'autres exemples qui ont suscité de regrettables polémiques.
Mais il est un fait insuffisamment mis en lumière jusqu'ici : c'est
que, de toutes les guerres civiles qui ont réellement mis en danger
la vie même de la France et son unité, aucune n'a été provoquée par
la question de la langue. Parlerons-nous de la guerre des Albigeois ? des querelles entre Armagnacs et Bourguignons ? des guerres de Religion ou de la Ligue ? des révoltes sous Richelieu ? de la
Révolution Française ? de 1830 ? de 1848 ? Parlerons-nous de la
Commune ? Quels ont été, dans ces diverses circonstances, les motifs
de discorde, de rébellion et de lutte ? Ou bien des ambitions et
jalousies de familles, ou bien des raisons politiques, ou bien encore
des difficultés religieuses. La langue n'a jamais dressé un Français
contre l'autre.
Ce qui ne s'est pas produit durant d'aussi longs siècles doit-il
nécessairement se produire de nos jours ?
Et cependant, ce motif de l'unité nationale, qu'invoque encore
M. de Monzie dans sa circulaire, a été de tout temps le motif qui a
provoqué les persécutions et les brimades dont la langue d'Oc a
été la victime.
Mais, quand donc ont commencé ces persécutions ? A la Grande
Révolution. Jusqu'alors, la langue d'oc, quoi qu'on en ait dit, n'a
jamais été persécutée.
La Croisade des Albigeois fut décidée pour des raisons exclusivement religieuses, et n'eut de si déplorables résultats pour la civilisation méridionale que pour des raisons politiques où l'ambition
d'un côté, la division de l'autre causèrent la chute du Midi. Si
l'hérésie cathare était recherchée et traquée, la langue fut toujours
hors de cause. Aucun troubadour ne fut poursuivi; certains allèrent
jusqu'à chanter en langue d'Oc le triomphe des Français; en tout
cas, cent ans plus tard, la langue était encore assez en honneur
pour qu'une véritable Académie se fondât à Toulouse et organisât
des concours publics annuels dont les autorités mêmes payaient les
frais. Peut-on dire, dans ces conditions, que la langue d'Occitanie
était persécutée ? Les rois de France, qui recueillirent la succession
des Montfort, avaient d'autres soucis. Et il n'y a qu'à lire les éloges
dithyrambiques entonnés à la mort de Saint Louis par tous les
poètes d'Oc pour voir combien peu « lo bos rey » devait se préoccuper d'extirper la langue de nos aïeux.
On parle parfois du décret de Villers-Cotterets. Mais ce décret de
François Ier ne visait nullement les dialectes régionaux. Il se bornait
�— 128 —
à remplacer comme langue officielle dans le royaume, le latin par
le français.
Ce n'est qu'indirectement que notre langue d'oc put, à ces divers
moments de notre histoire, subir quelque atteinte. En tout cas, nous
voyons encore au xvnT siècle, le roi de France Louis XV applaudir
à Fontainebleau, les 20, 29 octobre et 4 novembre 1754, la pastorale
languedocienne Daphnis et Alcimadure, de son maître de chapelle
Cassanéa de Mondonville. La langue du Midi était en honneur
même à la Cour.
Elle a commencé d'être vraiment persécutée et brimée à la Révolution Française, quand, sous prétexte de guerre au séparatisme,
les Jacobins voulurent anéantir leurs adversaires politiques. Il fallait alors, pour être républicain, avoir exactement toutes les idées,
les conceptions qui régnaient au Comité de Salut Public. Toute
autre langue que la langue française devenait un élément de division, une cause de discorde, une force hostile à la République Une
et Indivisible, tout comme les clochers, parce que dépassant les toits
des maisons, étaient contraires au principe de l'Egalité. C'est alors
que l'ex-abbé Grégoire entreprit une lutte à mort contre tous les
patois de France.
Voilà l'origine de toutes les persécutions que, depuis, a subies la
langue d'oc. Par le fonctionnarisme, par l'école, par le service militaire obligatoire, l'Etat centralisateur à outrance est désormais l'ennemi déclaré de tout ce qui semble opposer le moindre obstacle au
nivellement progressif, à l'unification radicale et absolue.
Et les fédéralistes quels qu'ils soient, royalistes et catholiques
comme les premiers félibres provençaux, ou républicains et anticléricaux fëls les « félibres rouges », tous ont été également antipathiques au gouvernement.
D'ailleurs, comme toute persécution, celle-ci n'a fait que susciter plus d'opposition.
Tandis que sous un régime de bienveillance, la langue, quoique
universellement parlée, allait tous les jours s'appauvrissant et
n'avait plus*de tenue littéraire, il a suffi qu'on veuille l'annihiler
pour que ses défenseurs, prenant conscience de leur force et de
leur valeur, se soient dressés plus nombreux et plus vigoureux. La
recherche des patois par la Convention a abouti à ces grands travaux des romanistes du xix° siècle qui ont révélé au monde étonné
l'existence de la riche littérature des troubadours. Et la crainte de
voir disparaître ce riche idiome honni et traqué a fait surgir des
pléiades de poètes, de prosateurs, et d'hommes d'action qui, par la
magnifique Renaissance Méridionale, ont montré Ta vigueur de
notre langue.
�— 129 —
Mais le ridicule préjugé subsiste toujours. On a reconnu le génie
chez Mistral sans vouloir s'incliner devant lui. On l'a accusé de
séparatisme, on a essayé de tuer par le mépris sa grande œuvre, on
ne veut pas, surtout, reconnaître le mérite et la valeur indiscutables
de ses disciples, et, à part quelques esprits avisés et sincères qui de
temps en temps font entendre un cri d'admiration et de sympathie, comme Villemain et G. Jullian, il règne à l'égard de la langue
d'oc, dans certaines sphères intellectuelles, un sentiment de haine
qui se cache sous des apparences de commisération.
' Il faut reconnaître que la langue d'oc a souffert aussi, et surtout,
de la part de ses propres enfants, qui, la plupart du temps par
ignorance, la considèrent comme un patois. Elle est regardée comme
un instrument inférieur.
Et là on peut juger du grand travail entrepris par les félibres,
qui, méconnus chez eux et systématiquement écartés ailleurs,
n'en continuent pas moins victorieusement la marche en avant pour
rendre à la langue d'oc la place qui lui est due.
G. SAL v AT.
Réponse de M. le Dr pernand CLiÉMEflT,
de Marseille, président de « Prouveneo I »
La connaissance d'une langue facilite celle des autres langues, et
renseigneïïnenl
de la langue d'oc est une nécessité sociale.
Qu'il me soit permis d'apporter dans la « bataille des langues »,
comme on se plaît à appeler déjà le conflit des régionalistes et du
pouvoir central, l'appoint de quelques réflexions personnelles.
J'estime que l'unification du langage humain est une utopie. L'espéranto est à encourager comme langue commerciale écrite, facilitant les échanges et les communications internationales; mais le
jour où elle serait parlée, cette langue subirait les modifications
inhérentes à toute langue vivante, elle évoluerait elle-même suivant
les latitudes et les races humaines, elle se subdiviserait vite en dialectes nombreux ! Je vois l'espéranto comme un vaste « alphabet
Morse », mais rien de plus.
Il faut donc respecter le langage de chaque peuple. Et ei ce qui
nous concerne, la langue d'oc facilite sans conteste les rapports
entre gens de race latine, elle nous permet leur assimilation. L'Ita-
�— 130 —
lien et l'Espagnol viennent dans le Midi de la France combler les
vides faits par l'insuffisance de natalité et donner la main-d'œuvre
agricole et minière qui nous manque. Nous absorbons ces peuples
émigrés, nous les assimilons d'autant mieux que nous connaissons
davantage les dialectes locaux : cela est indéniable. L'Italien parle
le provençal avant de parler français et les rapports quotidiens sont
facilités avec lui par l'usage de ce dialecte d'oc.
Voilà une nécessité sociale du provençal, nécessité qui ne peut
être jugée que sur place par ceux qui vivent en Provence.
Observons maintenant l'école primaire rurale. Qu'y voyons-nous ?
Un instituteur très instruit, pourvu souvent de son brevet supérieur,
lisant l'anglais, parlant avec des idées et des goûts de citadin. Que
fait-il ? Il incite l'élève à mépriser cette langue d'oc qu'il entend
chanter à la maison sur les lèvres de ses parents ! Il montre la vulgarité de ceux qui se servent de ce dialecte ! Il insiste sur les seules
beautés du français ! Il raconte l'histoire des rois de France, de
Paris, des grandes villes ! il prône la littérature française et souvent l'étrangère sans aucune allusion à la province de ses élèves !
Et alors le jeune écolier ne voit dans sa province que banalité
déconcertante et pauvreté morale sordide ! L'instituteur est un
Monsieur qui, tout comme la mode, semble venir de Paris. Son
jeune élève a vite fait de détester sa langue-mère, les villageois, son
clocher, son champ; il ne rêve que de grandes villes; l'agriculture
lui apparaît comme une servitude sociale indigne, un métier quasi
de forçats, et il ne pense qu'à fuir ce labeur pénible et son milieu
arriéré !
Voilà comme l'école rurale de nos jours engendre l'exode vers
les villes : il y a de grosses erreurs dans l'enseignement primaire.
Ah ! qu'on revienne à l'instituteur, élevé au village, qui, sa classe
finie, travaille un lopin de terre; qui enseigne à ses écoliers l'amour
des champs avec la science agronomique; qui honore la langue provençale autant que la langue française; qui se félicite d'être paysan; qui est l'ami vénéré de tous... et l'on verra s'arrêter la dépopulation des campagnes.
L'enseignement primaire est à refondre complètement. Au lieu
de l'anglais apprenez donc la langue d'oc aux instituteurs; parmi
les sciences politiques et économiques, faites une large part aux
sciences agronomiques et industrielles; faites aimer la langue et le
pays, et l'agriculture « mamelle de la France » n'aura plus besoin
de bras étrangers. Faites chanter la beauté de la vie paysanne et
vous en verrez aussitôt les bienfaits.
On s'apercevra vite alors dans ce nouveau genre d'éducation de la
nécessité sociale de la langue d'oc.
�— 131 —
On réforme souvent l'enseignement secondaire : ne croyez-vous
pas qu'il serait urgent de réformer l'enseignement primaire ?
Ce que nous avons exposé est une réalité qui échappe malheureusement aux ministres « responsables » qui passent tour à tour dans
le ciel politique parisien. Ne sont-ils pas coupables de fermer la
bouche à ceux qui savent ? Faut-il que leurs idées soient superficielles pour traiter de « langue de luxe » la langue d'oc !
Dr Fernand
CLÉMENT.
Avec ces intéressantes réflexions de MM. Joseph Salvat et Fernand Clément, la première partie de notre enquête « RAISON D'AGIR »
peut être considérée comme close.
Il nous paraît, en effet, victorieusement démontré que la langue
d'oc ne doit pas mourir : d'abord parce que, bien loin de présenter
les dangers ou inconvénients que ses ennemis lui attribuent sans
preuves, elle constitue, au contraire, pour les Méridionaux, une
source de profits et de jouissances à peu près inévaluables.
A ceux qui à l'avenir mépriseront — certainement pas ignorance
— les efforts des félibres en vue de conserver la lenga maïrala, nous
répondrons : La cause est entendue et les plaidoyers terminés;
reportez-vous aux Feuillets occitans et ne nous obligez pas à réfuter
une fois de plus vos arguments fallacieux. Laissez-nous nous consacrer maintenant à l'œuvre dont nous avons démontré l'opportunité et la grandeur.
Donc à dater d'aujourd'hui nous attendons les réponses à la deuxième partie de notre enquête qui a pour but la recherche en commun des MOYENS D'ACTION. — Comment conserver et restaurer la
langue et la littérature occitanes ?
Nous croyons pouvoir classer ces moyens d'action dans trois catégories principales :
1° Encouragement donné aux auteurs, aux directeurs de périodiques, etc.. — en d'autres termes : étude des questions de bibliographie et de librairie;
2° Essai d'union entre les diverses écoles; — autrement dit :
recherche d'une solution pour les problèmes techniques en suspens
(vocabulaire, graphie, morphologie, syntaxe, prosodie).
3° Enfin — et ceci viendra quand l'accord aura été fait sur ce
qui précède — étude des moyens les plus propres à obtenir la réha-
�— 132 —
bilitation officielle de la langue d'oc, notamment son introduction
dans l'enseignement primaire et l'enseignement secondaire.
Agissons méthodiquement si nous voulons faire de bon travail.
Je prie instamment les personnes qui prendront la peine de nous
soumettre leurs idées sur le problème, de vouloir bien étudier à
part ces trois points et de préférence de ne traiter pour l'instant
que le premier (bibliographie et librairie). Leurs réponses sur ce
sujet commenceront à paraître dans le prochain fascicule des
Feuillets.
E.-H.
GUITARD.
�Bibliographie Oeeitane.
M. José Vincent a écrit une étude probablement définitive sur Aubanel, le
plus grand lyrique de Provence (1). La, vocation littéraire d'Aubanel fut précoce,
mais elle se manifesta d'abord en des poèmes français. C'est cependant en provençal qu'il donna la mesure de son génie. Grâce à ses premières rencontres avec
Mistral et Roumanille, il trouva la voie qui le mena si haut. Aubanel fut un
des sept fondateurs du félibrige et, plein de l'idée mistralienne, il défendit toujours
avec une extrême énergie la cause de la langue d'oc : « Sachez que vous arrêterez
plutôt le mistral quand il souffle et la Durance quand elle déborde, que la langue
provençale dans son triomphe, criait-il aux puissants du jour, sachez que vous
serez tombés depuis longtemps alors que le provençal toujours jeune parlera
encore de vous avec pitié. » Il affirmait avec Mistral le droit d'être bilingues
pour les pays d'oc. C'est Jenny, son livre d'amour, qui éclaire la jeunesse sentimentale d'Aubanel en nous donnant la clef de La Grenade entrouverte. Jenny,
due la postérité ne connaîtra plus guère que sous le nom de Zani, c'est la jeune
fille qui inspira en partie à Aubanel ce chef-d'œuvre de poésie ardemment intime.
Aubanel ne s'y égare point dans l'imitation des modèles de langue française.
La Grenade entr'ouverte doit à son réalisme jamais vulgaire une admirable originalité.
Dans Les Filles d'Avignon se manifeste surtout la nature à la fois intensément
païenne et profondément chrétienne d'Aubanel. C'est à ce dualisme dont il souffrit toute sa vie que nous devons cette boutade extraordinaire : « Je me sens capable de tous les vices, et je pratique toutes les vertus ». Ce refrain d'un de ses
poèmes nous en dit long aussi sur la lutte incessante entre son cœur païen et
son cœur chrétien : « Ne passe plus, car tu me fais mourir, ou laisse-moi te
dévorer de baisers. » Comme le fait remarquer M. José Vincent, le pathétique
des Filles d'Avignon « est dans l'émoi d'un cœur qui attaque et d'une conscience
qui se débat. »
Le livre n'était destiné qu'aux amis intimes d'Aubanel. Une des plus
célèbres pièces du recueil La Vénus d'Arles est un dithyrambe de la forme féminine à la fois plastique et vivante. Certains en blâmèrent cruellement la publication. L'auteur du Pain du Péché, dont la compagne admirable voulut vivre
modestement dans la gloire de son mari, n'en fut pas moins toujours à l'unisson
chrétien de celle qui veilla fidèlement sur cette gloire, sans tache. On comprend
m!algré tout les dernières paroles que lui dit Mistral : « Confesseur de Dieu
durant toute ta vie, aujourd'hui dans le sein de Dieu, tu embrasses pour toujours
la suprême beauté que tu avais vue en songe et que tu nous dévoilais, dans ton
ardente poésie. » On ne saurait trop remercier M. José Vincent d'avoir mis dans sa
vraie lumière cette grande figure provençale.
' Jusqu'ici, Prosper Estieu, chantre magistral de la terre d'oc avait écrit surtout
pour l'élite, dans Lo Flahut occitan (le flûteau occitan) qu'il vient de publier (2)
il parle de plus près au cœur de ce peuple d'oc tant aimé de lui. En ces chants
nouveaux sur de vieux airs, le maître a voulu donner au peuple des chants dignes
de l'âme antique et forte du terroir; Il y a réussi. La traduction rythmée dont il
accompagne son texte l'éclairé et s'adapte de façon parfaite à la notation musicale.
La vie champêtre du Languedoc s'y déroule avec une grâce simple et sans pareille :
En ton berceau que je balance, murmure la jeune mère, endors-toi mon si bel
(1) JOSÉ VINCENT
Aubanel frères.
;
Théodore Aubanel La vie et l'Homme, Le poète. — Avignon,
LO
Flahut occitan, cantas nôvas sus vièlhs aires
Prefacia de l'abat Josèp Salvat. — Edicions « Occitania » Tolosa, 7 carriera
Ozenne et Paris (9e) 6 passage, Verdeau, 1926.
(2)
PROSPER
ESTIEU.
�— 134 —
enfant ! Quand tu seras un peu plus grand je te mettrai sur notre mule. ».
« Ecoutez les oliviers couverts de cigales dont le chant monte vers Dieu, dit le
poète, écoutez les oliviers couverts de cigales ! » et quand le soleil se couche
« dans un océan d'or » il s'écrie : « Soleil, vers toi vont mes pensées dès que
sur la terre d'oc tu fais flamber les Pyrénées avec tes rayons de feu... La brise
meurt, la tourterelle gémit dans le petit bois. » II chante le vin quand chacun
s'apprête à vendanger : « Chantons le bon vin qui nous donne l'ardeur, la joie
et la santé ! Est bon médecin qui l'ordonne et n'en point boire est un péché ! »
Et son vin préféré c'est la blanquette de Limoux : « Quel est le vin le plus
fameux ? C'est la blanquette de Limoux. Pour nous inciter à la joie, il vaut
bien le vin de Champagne, et donne à qui chante un couplet, une voix de rossignolet. » Et il chante le feu qui chante dans les soirs d'hiver : « Enfants de
la terre d'oc qui tant aimez les légendes, écoutez le feu : c'est le passé qu'il
raconte. Les branches, maintenant braises, produisent des étincelles comme étoiles
par milliers. Des écorces et des feuilles s'envolent, qui sait ? les âmes de nos
valeureux Aïeux. » Et il célèbre son village préféré : « II est sur une colline
où nombreux chantent les coqs, tout près coule une rivière que bordent des
peupliers. » II faudrait tout citer. II y a dans ce livre admirable des cantiques
qui font songer à ceux de saint François : « Nous nous fierons au Dieu qui fit
le ciel comme l'oiseau se fie au rameau... Gloire à Dieu dans chaque étoile
du zénith à l'horizon et dans le soleil, lumière dont la terre a tant besoin '
Gloire à Dieu, souverain maître de la mer, du vent et du feu !... Il est la Vie
éternelle et rendra la vie aux morts ! » Honneur à l'abbé Salvat pour avoir décidé
l'auteur à faire connaître ces chants à tous et pour sa vaillante préface !
Le majorai Bénézet Vidal mène aussi, en Auvergne le bon combat pour la
rénovation de la langue. Il l'écrit en s'inspirant de la pure tradition classique
et il vient de nous donner un roman : La Serva (3), où, d'un style volontairement
dépouillé d'ornements, il nous peint des mœurs paysannes. Un vieil oncle a
laissé en mourant à deux neveux deux parts d'un pré. Dans la part d'un des
héritiers existe une « serve » qui a de l'eau en toute saison. L'heureux possesseur refuse de participer à l'irrigation de la part de son cohéritier dont l'herbe
périt de sécheresse. D'où haine mortelle entre deux familles, procès infructeux,
gros mots échangés. Mais l'amour nait au milieu de cette haine comme un oiseau
dans un nid que secoue l'orage. Il nait, il grandit doux et fort, en deux cœurs
d'enfants, qui, par leur mariage, réconcilient leurs deux familles. Certains tableaux,
certaines de ces scènes villageoises sont d'un relief splendide et d'une simplicité
antique. On retrouve parfois dans ce livre les miroitements du soleil sur les montagnes de l'Auvergne, un des plus beaux pays de la terre.
Paul-Louis GRENIER.
(3) B. VIDAL. La Serva (La Serve). Roman. Occitania, 6, passage Verdeau,
Toulouse, 7 rue Ozenne. Librairies Marqueste et Bouquet-Morainville réunies. E.-H.
Guitard, libraire-éditeur, 1926.
�— 135 —
La Vinya de l'Ajup.
En la vall fosca ont vos heu trastejat,
tôt per damunt del castell de Corbera,
amb el bastô a la ma jo m'he aturat.
Era al temps ont verdeja la cirera,
ont la puput refila en el serrât...
La vinya de l'Ajup, ont ès, padrina,
Si han rodolat les feixes pels ermots,
i aquella borriqueta que camina,
balancejant la sarria amb els picots
i el cistellet i la blanqueta fina ?
Tradustion.
La Vigne de l'Ajup.
Dans la vallée sombre où vous avez fait tant de pas, bien en amont du
château de Corbère, je me suis arrêté, le bâton à la main. C'était la gaisoli
où la cerise verdoie, où la huppe flûte dans la montagne... La vigne de l'Ajup,
où est-elie, grand'mère, si ses terrasses ont roulé dans les terrains stériles,
et cette petite ânesse qui chemine en balançant le bât avec ses pieux recourbés, et le petit panier et la blanquette fine ?
JOSEPH-SÉBAST1A
PONS.
�Le Mouvement Économique
au courant, c'est-à-dire savoir très vite les
modifications survenues dans la période la
plus récente, saisir dans quelle mesure elles
nuancent les opinions déjà faites, voilà qui est
nécessaire pour voir juste. La dispersion et la
masse des renseignements rendent déjà au
spécialiste la tâche très difficile : elle est interdite à l'homme moyen. Voilà pourquoi des
collections comme celle de « la France au travail » (1) et des ouvrages comme ceux de Lorhert sur l'économie actuelle de la France de l'Est (2) sont parmi
les choses les plus utiles qui se puissent éditer, surtout lorsque la
présentation, la distribution, la vivacité et la légèreté du style en
rendent la lisibilité parfaite.
Nous ne pouvons en quelques lignes résumer un ouvrage si riche.
Il suffira pour en souligner tout l'intérêt d'indiquer qu'on y trouvera les chiffres, le développement et l'état actuel (avec les transformations de l'après-guerre) de la laine champenoise; du vignoble
et de la viticulture champenoise avec la querelle de la délimitation;
la bonneterie auboise; la petite métallurgie de la Haute-Marne;
l'osiericulture; le groupe industriel de Montbéliard, le pays de la
montre, la houille blanche jurassienne; les forêts, les alpages et les
fruitières du Comté; la lunetterie, l'horlogerie, la pipe, le peigne
d'Oyonnax et Saint-Claude; la poule bressane, la pisciculture des
Ombes.
'
Il est réconfortant de penser que si toute conversation finit aujourkTBE
(1) Librairie Pierre Roger. Paris 1926.
(2) Champagne, Jura Franche-Conté, 1 vol. in-8 broché avec peluches, 12 fr.
�— 137 —
d'hui sur une note pessimiste, l'étude des faits récents, quand elle
porte sur l'activité nationale autrement que dans sa liaison avec la
politique, tourne au perpétuel éloge du labeur, de l'initiative, de
l'esprit d'organisation des Français. On s'accorde partout à nous
reconnaître ces qualités... aux colonies. M. Lorbert nous démontre qu'elles sont plus vivantes que jamais même aux temps où sévit
la vague de paresse. Le perpétuel souci de l'adaptation aux conditions nouvelles, la recherche de la spécialité qui défie l'imitation
sont à relever dans toutes les activités étudiées.
Il nous plaît de souligner l'heureuse intégration de l'Université
de Besançon à sa région, l'amusante histoire de ces villages refusant jadis la voie ferrée, qui s'édifièrent ensuite orgueilleusement
de coûteux « tacots » impuissants aujourd'hui à satisfaire leur
effort industriel, la rapidité et l'intelligence de la reconstruction de
Reims.
Quand on étudie dans les faits l'infrastructure de la vie d'une
collectivité, c'est-à-dire son économie, on s'aperçoit qu'elle est dominée par l'activité de « quelques-uns ». Ceux qui imaginent, risquent,
réalisent, lanceurs d'entreprises, bâtisseurs de voies, créateurs de
nouveaux courants d'échange, de circulation d'argent et finalement
d'hommes. Les historiens de métier commencent à comprendre
qu'au xixe siècle, les Talabot, les Pereire, les Chevallier ont plus
fait pour l'évolution ultérieure du pays que tant de politiques dont
le nom a été retenu.
Aussi pour les régions qui nous occupent, la transformation du
Comté de Montbéliard en groupe industriel est tout entière dans
l'activité de deux hommes : Jean-Pierre Peugeot et Frédéric Japy.
Et c'est le curieux processus qu'observera le grand blessé de
guerre qui se cache sous le pseudonyme de Lorbert, le jour où, en
notre compagnie, il parcoura les routes du Languedoc et du Roussillon. Toutes proportions gardées, il trouvera chez nous leurs
pareils dans les initiatives d'un Combeleran ou d'un Estrade à Carcassonne, d'un Dambielle à Samatan, d'un Alliés à Pézenas.
*
La journée économique de la Fédération Régionaliste : de vieilles
barbes et de jeunes têtes; sur eux tous la sévérité puritaine de la
salle du Musée social, un effort vers un avenir constructeur sous
des formules quelquefois archaïques. L'intérêt essentiel en était
l'examen des réalisations dues à la loi Clémentel divisant la France
en régions économiques.
�— 138 —
On n'agit point sans faire naître les critiques. Leur colleection est
la source du mieux. Il était donc naturel que cet examen en fût
l'occasion. Elles furent nombreuses et passionnées quelquefois. Il
n'en reste pas moins qu'à l'épreuve la loi Clémentel a le mérite
essentiel d'être. On ne perfectionne pas l'inexistant. M. X..., collaborateur actif de Clémentel présidait la séance de clôture. Il mit en
évidence d'abord que c'était par l'arbitraire et non par la légalité
parlementaire qu'il avait été possible de faire passer dans les faits
ce premier essai de division régionale. Il s'en faut d'ailleurs que la
soudaineté de la réalisation constitue un élément de fragilité de
l'œuvre préparée depuis bien longtemps et au ministère même par
des personnes très qualifiées.
M. Drouet nous apprit ensuite que dans la pensée de M.
Clémentel, cette division n'était qu'une -esquisse La région
économique utilisa les groupements existants et solidement établis
tant dans le passé que dans la confiance : les Chambres de Commerce. Cela seul que c'est le point de vue commercial qui a dominé
la division^ indique bien que, même du point de vue économique,
la région de demain pourra être différente quant à ses limites.
M. Clémentel a conçu la région économique non pas comme une fin
mais comme le premier échelon de la réalisation, la base matérielle
solide sur quoi se greffera la « région » tout court, c'est-à-dire la
province. Si la Bretagne se fâche contre son morcellement, si le
Languedoc réclame Nîmes, si Besançon ne veut pas de l'obédience
de Dijon, comme Saint-Etienne de Lyon, Pau de Bayonne, il ne faut
point en accuser l'œuvre de M. Clémentel. Si la province se fait à
coups de décrets, d'abord elle ne se fera pas de longtemps et elle se
fera mal. C'est aux activités de toutes sortes à se fédérer selon leur
nature et leurs tendances, les limites ne seront quelquefois pas identiques selon qu'il s'agisse de l'agriculture, du commerce, de l'industrie.
Dans l'ensemble les groupes homogènes permettront à la carte
politique et administrative de faire coïncider les régions universitaires, militaires, etc.. avec la carte de l'activité vraie du pays. La
région doit administrativement remplacer le département : économie, rapidité dans l'exécution.
Qu'on ne dise point que c'est un mythe. Si la région est en effet
un devenir dans la légalité, elle est déjà dans les faits, dans ses
contours, dans ses centres d'influence variable qu'il faut s'attacher
à suivre. Mais elle est dans la réalité, il suffit de savoir et de vouloir
la dégager. L'erreur consiste à attendre son organisation des bureaux
accapareurs de la capitale, à ne la concevoir que dans un modèle
unique, aux lignes absolues comme s'il s'agissait de frontières ;
�— 139 —
à ne la définir que par des capitales. De ces erreurs, le congrès a
montré que M. Clémentel n'était point responsable et que son
œuvre n'a seulement qu'à être étendue et corrigée.
Que ne s'y trouve-t-il encore pour le faire ? Voilà ce que souhaitent les plus hardis régionalistes dont nous sommes.
Dans notre prochaine chronique, abordant le cadre local que les
Feuillets se sont avant tout imparti, nous étudierons le rapport du
secrétaire général de la Région Economique de Toulouse, en la rapprochant des conclusions de notre distingué collaborateur, M. du
Maroussem, chargé du rapport d'ensemble sur les tra\aux de la
journée Economique.
Jean
MORINI-COMEY.
�Les Pays Latins et Hous.
premières démarches auprès des organes consacrés à l'Amérique latine, des grands journaux
sud-américains, des revues spéciales d'études,
etc., ont rencontré partout le plus favorable
accueil. Le comité France-Amérique, par l'intermédiaire de son distingué secrétaire général,
M. Chobaud, nous assurait de toute sa sympathie et entrait en liaison avec nous, en nous
fournissant tous les documents relatifs à son
active et précieuse propagande. D'une part, le Comité se propose de
cultiver les vieilles amitiés, de réveiller les souvenirs assoupis, de
grouper les personnalités amies de la France; d'autre part, ici
même, dans nos milieux nationaux, il tâche d'attirer l'attention sur
les choses américaines et l'y retenir, montrer l'importance de ces
jeunes Etats dans la vie internationale de demain, et tirer de cette
constatation les résolutions opportunes.
La ténacité patiente de ses fondateurs, leurs éminentes qualités individuelles ont, depuis quinze ans, donné à cette œuvre un
|OS
�— 141 -
développement remarquable. Il serait trop long de dire ici ce qui
fut réalisé avant, pendant et après la guerre. Contentons-nous
d'énumérer : le parrainage de la France dévastée, le bureau d'Accueil, la Commission des Dames françaises; la publication de la
collection « La France dévastée », la préparation des Circuits des
grands Champs de bataille, l'initiative des Guides de l'Américain
en France et à Paris, la publication mensuelle de « France-Amérique » et de « France-Etats-Unis », les cahiers et la collection de
la bibliothèque France-Amérique, les Commissions pour les rapports économiques et pour les rapports intellectuels, les sections
France-Amérique latine et de Centre-Amérique, un Annuaire, et
des
manifestations imposantes qui ont contribué à d'utiles rapprochements.
Nous prenions contact également avec la Revue de VAmérique
latine dont le directeur, M. Carlos Lesca, un distingué hispanisant
de la première heure, nous était un sûr garant des plus cordiales
relations entre sa revue et nous, et une longue entrevue avec M.
Cazaux, le directeur parisien de La Prensa de Buenos-Aires nous
permettait d'agiter maints problèmes sollicitant notre commune
activité.
Dès le prochain automne, nous reprendrons cette tâche de rapprochement et d'investigation. Il y a trop d'affinités entre les peuples latins d'Amérique et nous pour qu'il n'en résulte pas, si l'on
y prend garde, les plus heureuses conséquences. Un seul exemple
aujourd'hui
génie
latin. le confirmera : l'érection, en 1921, du monument au
Dans le courant de l'année 1916, le chargé d'affaires de la Colombie, M. Corredor la Torre, au nom de tous les pays latins de l'Amérique, alla trouver Paul Adam, président de la « Ligue de la Fraternité Intellectuelle Latine », pour lui dire que, dans les circonstances tragiques que traversait la France, ils tenaient à lui prouver
leur admiration et leur attachement, et que, ne pouvant l'aider
matériellement de leurs armes, ils désiraient lui offrir un monument
qui serait le symbole de la fraternité intellectuelle latine.
Ils exprimaient le vœu que ce monument fût érigé au cœur de
Paris, montrant par là qu'ils considéraient Paris comme la capitale
du monde intellectuel latin.
Les pays latins d'Europe se sont unis à eux comme souscripteurs.
Notre compatriote, le statuaire Jean Magrou fut désigné au choix
pour l'exécution de ce monument, appelé « Monument au Génie
Latin », qui fut inauguré dans le Jardin du Palais-Royal, à Paris,
le 14 juillet 1921, par M. Millerand, Président de la République
Française, en présence du Corps Diplomatique.
�!*_ 142 —
M. Barthou, alors ministre de la Guerre, avait remplacé Paul
Adam, décédé, à la présidence du Comité du Monument.
Cette collaboration artistique ne doit pas en rester là. Il nous
appartient de faire connaître, à nos amis de race, les différents
visages de notre activité plastique ou picturale, les richesses infinies
de nos écoles, classiques ou modernes, des beaux et multiples tempéraments qui se révèlent avec abondance dans nos provinces méridionales.
Il nous reste à organiser aussi la diffusion de nos romancier-?, de
nos poètes, de nos dramaturges.
Que la France, pour nos hôtes, ne soit pas seulement Paris; qu'ils
apprennent, grâce à nous, à aimer les paysages, les monuments,
les œuvres,'les livres, les harmonies de l'Occitanie française et qu'ils
aient ainsi la joie d'y découvrir en les goûtant l'intime parenté qui
est la nôtre et qui tend, à travers les océans, un arc-en-ciel idéal
qu'aucun nuage ne devrait jamais effacer.
Jean
CAMP.
�Jsan LEBRHUi
Bols original d'Auguste
ROUQVET,
Têtes Occitanes
de Lebrau s'incorpore au paysage. Pour
mieux comprendre Lebrau, il faut connaître
ce pays où il vit, entre Narbonne et Garcassonne, aux confins d'une grande plaine brûlée par le soleil : Moux, petit village poudreux, adossé à la garrigue, à l'Aric d'Henri
Bataille, l'Alaric pierreux à la croupe dorée
d'une herbe balsamique; en face, l'horizon
est fermé par la riche Montagne Noire, couverte de châtaigners, et devant lui, les vignes
et les méandres de l'Aude et des torrents qui
descendent de Nore, à travers le Minervois;
ce Minervois où de nombreuses communes se
parent du nom de Minerve. Le souvenir païen persiste dans l'œuvre
de Lebrau, catholique, comme dans ce pays où Minerve est devenue
'AMÈ
�_ H4 —
une sainte. De l'âpre garrigue, son désir aigu monte vers le feuillage de la combe « qui traîne son abondance sur la transparence
moussue et caillouteuse des eaux », et tout Lebrau est dans cette
dualité, dans cette aspiration inassouvie. Le bronze du cyprès jaillit comme la lame nue du glaive sur la garrigue sauvage, ainsi jaillit l'âme de Lebrau. Le cyprès n'est pas sombre, il n'est pas le
ciseau des Parques, il n'est pas triste; le Cers réveille en lui de profondes raisonnances, le marin fait courir sur ses ramures les longs
frissons d'une grave sensibilité. Le cœur de Lebrau est semblable
au cyprès.
Son œuvre est d'un croyant que nul trouble ne vient assaillir : un
acte de foi et un acte d'amour pour sa terre natale. De cette terre,
les grands aspects sont intimements liés à cette œuvre, ils en sont
la substance, la moelle; mais pour donner la mesure de ces vastes
horizons, il faut une haute passion. Le drame intime dans la forte
discipline de la foi, dégage l'œuvre de ses attaches purement locales,
et s'élance vers le ciel comme les feux du couchant montent vers
la pointe aiguë du cyprès.
Tout imprégné d'une tendresse grave, son visage ne reflète pas les
mièvreries d'une douceur placide, il a la forte expression des garrigues natales. Osseux et fin, nerveux et ascétique, il a la rude ardeur
d'un pèlerin : quelque chose d'un peu monacal et janséniste.
RpUQUET.
Jean LEBRAU est né à Moux (Aude), 20 octobre 1891. Etudes à Carcassonne
et Toulouse. Séjours en Suisse, Algérie, Béarn
Prix de la Pléiade en 1923. Prix Archon Despérouses (Académie Française),
en 1925.
Iconographie. — Portraits par Mlle Marthe Antoine-Gérardin, Auguste
Rouquet, Henri Martinie. Charge par Fabrès.
Bibliographie. — L'Humble Levée, 1911, épuisé. — La Voix de Là-Bas, préface d'Henry Bataille (Crès, 1914). — Six Morceaux de Buis, 1918, épuisé. —
Poésie, 1919, épuisé. — Les Quinze Tonnelles de Marie, 1920, épuisé. — Le
Cyprès et la Cabane (Le Divan, 1922). — Le Ciel sur la Garrigue (Lib. de,
France, 1924). — Témoignage (édit. du Pigeonnier, St-Félicien-en-Vivarais,
1925). — Images de Moux ou la Louange du Cyprès (Coll. Les Soirtjes du
Divan, 1926).
Pour paraître prochainement :
La Rumeur des Pins (Coll. Poétique Garnier).
En préparation :
Couleur de Vigne et d'Olivier, poèmes. — La Grande Pitié des Bêtes,
enquête.
A collaboré à de nombreuses revues : Le Divan, Les Feuillets Occitans,
Septimanie, etc..
Auch. — 3f. Cocharaux, imprimeur, rue de Lorraine
C.i.D.O.
3ÉZIERS
�Revues et Ouvrages reçus.
i
Service d'Echange des Revues :
Les Annales ^du Musée social (Paris); — L'Aude à Toulouse (Toulouse); —
L'Auvergne littéraire, artistique et félibréenne (Clermont-Ferrand) ;— Biou y Toros
(Nîmes) ; — Lôu Bournat (Périgueux) ; — Le Cercle du Goût Français (Paris) ;
La Chaumière (Rouen); —La Cigalo Narbouneso (Narbonne);— Le Courrier Catalan (Paris);— Le Divan (Paris); — L'Ermitage (Paris); — L'Escola Fellbreena
(Montpellier); — L'Escolo de las Pireneos (Montauban) ;— L'Etendard Piscenois
(Pézenas);— L'Eveil Catalan (Perpignan);— Le Flambeau du Nord (Tourcoing);
— Le Fédéraliste (Courbevoie) ;— Lo gai Saber (Toulouse) ;— Le Grenier (Orléans) ;
Idées (Paris) ; — Le Limousin (Paris) ; — La Mouette (Le Havre) ; — La Nouvelle Revue du Midi (Nîmes) ; — Oc (Toulouse) ; — Paris-Critique (Paris) ; —
Le Parthénon (Paris); —La Pensée Latine (Paris); — Poésies (Paris); — Le
Prisme (Lyon); — Les Pyrénées Littéraires — Les Rayons (Bordeaux); — La
Revue des Indépendants (Asnières) ; — La Revue de la Nièvre et du, Centre
(Paris); — La Rose d'Argent (Suresne); —. Septimanie (Narbonne); — La
Science historique (Paris); — Bulletin de la Société des Arts et Sciences (Carcassonne) ; — La Revue Latine (Paris); — Bulletin de la Société d'Etudes scientifiques de l'Aude (Carcassojme) ; — Le Soleil d'Oc (Toulouse); — Le Sol sacré
(Toulouse) ; — La Terre d'Afrique (Alger) ; — La Terre d'Oc (Toulouse) ; —
La Tramontane (Perpignan) ; —■ Le Bulletin de l'Union des Fédérations des
Syndicats d'Initiative (Paris); — Le Touring-Club (Paris); — Le Cadet de Gascogne (Paris); — Ceux qui viennenm (Paris); — Bulletin de la Commission
Archéologique de Narbonne. — Le Domaine (Poix) ; — La Revue des Autodidactes (Toulouse). — Le Languedoc (Alger). — L'Est Dramatique (Troyes). —
L'Aude à Paris (Paris). — L'Information Régi&nale (Toulouse). — La Cigalo
Languedoucid.no (Béziers). — La Houle (Lyon). — L'Essor (Dijon). — Le grand
Tourisme (Paris). — L'Idée Neuve (Lyon). — Le Beffroi de Flandre (Dunkerque).
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Livres reçus
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G. HEITZ, Images détachées de l'Oubli.
G. de BEAUNES, La Chanson de l'Amour.
BOTER D'AGEN, AU Pays de Jasmin.
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Jean LADOUX, Pasejadas dins^Béziers.
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■ Président: F. CROS-MAYREVIEILLE,
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Vice-Présidents : Paul SENTENAC, Ç|; E. GUTTARD; Frédéric SAISSET.
Secrétaire-général : Auguste BOUQUET.
Archiviste : P.-L. GRENIER.
TrésorierMaurice FAVATIER,
jj, »J<.
Chef des Etudes économiques et agricoles: Docteur GRANEL,
Q T.
Membres: Léon AURIOI.,
|| t.; Emile COMK.T,
J.
Fernand GRÉMIEUX, $
Jean DDPOY;
$ ; H. FAVIK.R; JO G IN ESTOC, $t, $; Auguste G.UENOT ; Henry
NOELL,
$; DE SAIXT-VINOENT-BRASSAC, $, II, $,
Georges VILLE.
Délégation permanente des Groupements Régionaux et Loeaux
auprès du Comité-Directeur.
LA VEILLÉE D'AUVERGNE
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M. Boudon, .Secrétaire Général.
M. de Clarix de Nussac, Secré•
LE GROUPE D'ÉTUDES LIMOUSINES :
taire général.
LE ROUSSILLON (Pyrénées-Orientales) : Générai Caloni, Président.
LES ENFANTS DE L'AUDE A PARIS : Docteur Digeon, Président.
LES ENFANTS DU GARD A PARIS : M. A. F. Martin, Président.
LES ENFANTS DU TARN A PARIS : M. Selves, Président.
LA GRAPPE DU QUERCY : M. Vialle, Président.
LA SOCIÉTÉ INGRES : Marcel
LES -ENFANTS DE L'HÉRAULT.
Glavié, Vice-Président.
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Directeur : E.-H. GUIT \R»,
Archiviste-Paléographe, e^-bibliothécaire de la ville de Toulouse,
Vice-Président du " Groupe Occitan "
�Les Feuillets Occitans
Bulletin mensuel du Groupe Occitan
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Sureaux de la Rédaction :
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COMITÉ DE RÉDACTION :
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Principaux collaborateurs :
ROUQUET,
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JeanAZAIS; Daniel BAQUÉ; A. BATJSIL ; Adrienne BLANC-PÉRIDIER ; BOYERD'AGEN; Paul CASTELA; CHARLES-BRUN; G. CHERAU, de l'Académie Goncourt Marcel CLAVIÉ; M. COULON; Benjamin CRÉMIEUX; Fernand CRÉMIETJX; Joseph DELTEIL; DENYS-AMIEL ; Henri DTJCLOS; P. DUPLESSIS
de POUZILHAC; Raymond ESCHOLIER; Lucien PABRE ; Henri FESCOURT;
Ernest GAUBERT; H. GAUTIER du BAYL; Jo Ginestou; Jehan d'ARVIEU;
Vincent HYSPA; Pierre JALABERT; ROMUALD-JOUBÉ ; Jean LEBRAU;
H. MUCHART; Henri NOELL; Ch PHALIPPOU; J.-S. PONS; Armand PRAVIEL; Maurice PUJOL; Dr RAMAIN; A. ROUQUET; J. ROZÈS de BROUSSE;
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ROUQUET; Auguste ROUQUET, etc. etc.
Etudes Economiques : Gaston COMBELERAN; Emile COMET; L. DOUARCHE;
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Histoire, Archéologie, Fok-Lore : Fernand CROS-MAYRE VIEILLE ; E. ROUXPARASSAC; Prosper MONTAGNÉ; FOIX.
Les Chroniques de l'Amérique Latine ; Jean CAMP; de SAINT-VINCENTBRASSAC.
Les Chroniques Italiennes : Gultieri di SAN LAZARRO.
Les Chroniques Espagnoles : Jean CAMP.
Les Chroniques Roumaines.
Chroniques Régionales.
�NATURE MORTE.
Il a été tiré du présent numéro
20 exemplaires de luxe numérotés
hors commerce, sur papier de
Montval, de G. Maillot.
Ex.
n°
Boi« original de A. RooQcier.
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The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Patrimoine écrit occitan:périodiques
Description
An account of the resource
Ce set contient les périodiques numérisés par le CIRDÒC issus des collections des partenaires d'Occitanica
Revista
Item type spécifique au CIRDÒC : à privilégier
Variante Idiomatique
Languedocien
Région Administrative
Languedoc-Roussillon
Aire Culturelle
Languedoc
Roussillon
Type de périodique
Revistas d'estudis localas = Revues d’études locales
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Les Feuillets occitans : Languedoc, Roussillon, pays d'Oc. - 1926, n°10-11-12 (Mai-Juin-Juillet)
Subject
The topic of the resource
Littérature occitane -- Périodiques
Mouvement occitan -- Périodiques
Régionalisme -- Périodiques
Régionalisme (littérature) -- Périodiques
Description
An account of the resource
Les Feuillets occitans. - 1926 - N° 10-11-12
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Cros-Mayrevieille, Fernand
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Groupe occitan (Paris)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1926-05
1926-06
1926-07
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public/Domeni public
Relation
A related resource
Vignette : http://occitanica.eu/omeka/files/original/9fd2c87f7a3d8a615098313b5b2a2808.jpg
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Is Part Of
A related resource in which the described resource is physically or logically included.
Les Feuillets occitans (<a href="http://occitanica.eu/omeka/items/show/12808">Accéder à l'ensemble des numéros de la revue</a>)
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol. (p. 90-144)
Language
A language of the resource
oci
fre
Type
The nature or genre of the resource
Text
publication en série
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
http://occitanica.eu/omeka/items/show/12826
FRB340325101_M3_1926_10_11_12
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
19..
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence ouverte
Date Issued
Date of formal issuance (e.g., publication) of the resource.
2016-03-29 Françoise Bancarel
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Gauthier du Bayl, Henri
Lebrau, Jean (1891-1983)
Soulié, Léon
Morini-Comby, Jean
Sentenac, Paul (1884-1958)
Rouquet, Auguste (1887-19..)
Ramain, Paul
Favier, H.
Salvat, Joseph (1889-1972)
Clément, Fernand (1877-1957)
Guitard, Eugène Humbert (1884-1976)
Date Modified
Date on which the resource was changed.
2016-06-08
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Les Feuillets occitans. - 1926, n°10-11-12 (Mai-Juin-Juillet)
Source
A related resource from which the described resource is derived
Mediatèca occitana, CIRDOC-Béziers, M 3
Occitanica
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Le type dans la typologie Occitanica
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La catégorie dans la typologie Occitanica
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Contributeur
Le contributeur à Occitanica
CIRDOC - Institut occitan de cultura
Art
Illustracion dels periodics=Illustration des périodiques
Literatura occitana = littérature occitane
Movement occitan=Mouvement occitan
Novèlas=Nouvelles
Poesia=Poésie
-
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316eb0d9af7e2dbfbea888e6aa2cda7c
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48f5d0eb619d9ca01bd785e2f7f9f414
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6134d2eaee202b27da777308209e8e39
PDF Text
Text
8* et 9' Feuillet.
2* ANNÉE
,
1926 jC.Î.'d.O.l
MARS-AVRIL
Le N° : 3 fr.
LES FELÎLLETS
O
CClTAWS
LANGUEDOC ROUSSÎIXON
PAYS D'OC
ORGANE DU GROUPE OCCITAN
41, Boulevard des Capucines, 41
PA.RIS
�SOMMAIRE
Lettres Françaises :
Un Appel. A l'œuvre, pour VOccitanie
Joseph Caruguel, écrivain Narbonnais. ......
Stances à Severac
Les mimosas de Bon-Secours
Les Livres
André LAMANDE,
Fernand CRÉMIEUX.
A. BACSIL.
Suzanne TEISSIEB.
H. NOELL ;
J.
C;
P.-L.
P.
Frédéric
GRENIER ;
SAINT-GIRONS;
SAISSET.
Les Beaux Arts :
Grandes et Petites Expositions
La Musique. Le Souvenir de Déodat de Séverac. .
L'Écroulement du Clocher de la Dalbade
PAUL-SENTENAC.
Albert
BAUSIL.
B.-H. GUITARD.
Les Lettres Occitanes :
Notre enquête sur le Problème Occitan (suite).
Réponse
Les Livres
,
.
.
E.-H. GUITARD.
Alcanther
DE BRAK.
P.-L. GRENIER.
Têtes Occitanes :
Pierre Vidal
Frédéric
SAISSET.
Le Mouvement économique Occitan :
Les ressources économiques du Languedoc et du
Roussillon; La Montagne noire (suite)
V. SELVES.
BOIS GRAVÉS D'AUGUSTE ET ACHILLE BOUQUET :
Avant le Marché, bois de A. LAGARIGUE ;
Le Clocher de la Dalbade, bois gravé de G.
MAILLOL.
�Groupement PflSSE$IEUX
Seiiètt Anonyme au Capital de 400.000 francs entièrement libéré
créée pour développer et faciliter la vente des Vins du Languedoc
Faites connaître les crus du Pays
Offrez chez vous, au restaurant
UNE BOUTEILLE
DE VINS DU
LANGUEDOC
(gtarfe déposée dans tons les Restaurants
BUREAU DE VEJ1TE :
27, Quai de Lorraine, NARBONNE
�Soirée occitane
La Soirée du 29 mars organisée par le Groupe •Occitan (Languedoc et Roussillon) dans la coquette salie de la rue Tholozé, sous la Présiaence d'honneur de Paul Valéry, de l'Académie française, et la présidence effective
d'André Lamandé a obtenu le succès le plus vif.
Au cours de la brillante causerie du poète Paul Sentenac sur l'Art occitan
moderne, Mesdames Suzanne Tessier et Fillieu, et M. Pierre Henri, interprêtèrent avec un art plein de nuances, des poèmes de Théophile Gautier,
Pierre Camo, Marc Lafargue, Armand Praviel et Frédéric Saisset.
André Lamandé avait présenté le conférencier et termes choisis, très goûtés du public qui lui fit une ovation sympathique. On entendit ensuite des
œuvres musicajes remarquables de Rey-Andreu dont Madame VerdevoyeHeuclin, des Concerts Colonne, sut par un jeu savant faire valoir tout le
pittoresque et la verve ardente. Le cadeau, un acte en vers de Paul Sentenac
fut lestement interprété, avec un mélange de gaîté légère et d'émotion par
Mesdames Suzanne Tessier, Denise Reitz, et M. Pierre Henri.
La séance fut clôturée avec le déjà célèbre chœur occitan de Fontbernat
y Verdaguer qui souleva dans la salle un indescriptible unmousiasme. Là
sardane de Morena ei les chansons populaires furent admirablement chantées par ce groupe d'artistes On ne saurait trop féliciter Fontbernat de là
maîtrise avec laquelle il dirige sa chorale, le public lui a prouvé son admiration sans réserve par ses frénétiques bravos. Soirée des plus réussies à
l'actif du vigilant Groupe occitan.
Le 11 mai « Le Roussillon » a donné au profit des Sang et or de Paris, et
sous le patronage du Groupe occitan, une soirée des plus réussies dont nous
reparlerons ici.
Le 16 mai, au « Caméléon », M. Marchessoux a organisé un Festival ReyAndreu, en l'honneur du grand compositeur occitan.
L'Office Occitan
PARIS, 41, Boulevard des Capueines, PARIS
TÉLÉPHONE : GUT. 78-19.
Fréquenté assidûment par des exportateurs
et des acheteurs parisiens a déjà traité en
1925, pour le compte de nos compatriotes de
nombreuses affaires.
Exposez vos produits dans ses vitrines
Faites-vous inscrire sur son répertoire commercial
�C.I.D.O.
8ÈZIERS
Lettres Françaises
li'IDÉE ET li'ACTIOfi
Un Appel.
A l'œuvre, pour l'Oeeitanie.
Un jour, Renan monta sur l'Acropole et de ses lèvres s'éleva une
prière dont l'harmonie flexible enchanta l'esprit d'une génération.
Il répudiait, ce magicien des lettres, ses attaches anciennes qu'il
appelait barbares, et il se soumettait à la raison d'Athènes avec
la ferveur et le rythme qu'il mettait, jeune, dans ses chrétiennes
oraisons. L'accent de cette prière est inimitable et il nous trouble
encore, même si notre intelligence devine le vent qui gonfle la
pensée du maître :
« 0 noblesse, ô beauté simple et vraie ! déesse dont le culte signifie raison et sagesse... Toi seule es jeune, ô Gora; toi seule es pure,
ô Vierge; toi seule es saine, ô Hygie; toi seule es forte, ô Victoire... »
Que les chants mélodieux d'un passé proche et déjà mort reviennent frapper nos oreilles comme ceux des antiques sirènes, soit;
mais il faut que nos cœurs restent insensibles à leur sortilège. Nous
n'avons à courir ni vers Athènes ni vers Rome pour trouver un aliment et une loi pour notre esprit. Un pays est là, qui nous sollicite
et nous retient. Son azur lumineux n'a pas d'excès; ses montagnes
�— 46 —
touchent le ciel mais ne le ferment pas; ses deux mers ont juste
assez de tempêtes pour nous donner le goût des passions et nous
détourner de l'horrible; sa ferre, qui porte la vigne, l'oranger et le
blé, est le creuset mystérieux où le débordement des races latines
se fond et devient français en une seule génération. Sa langue est
savoureuse au parler comme aux lèvres. Il possède la discrétion
sous l'exubérance, la bonté du cœur sous une apparente malice,
Et la grâce, plus belle encore que la beauté.
Le soleil, comme un dieu bienfaisant, l'enveloppe et donne, à ses
paysages, la pureté des lignes, et à ses fils l'agilité de l'esprit, et
cette clarté qui les empêche de confondre l'obscurité et la profondeur.
Occitanie, salut ! C'est toi, cette terre de clarté, d'équilibre et
d'harmonie. C'est toi notre rempart contre la barbarie nouvelle,
bardée de bloc-notes, et qui nous vient des pays anglo-saxons !
Il faut clamer notre foi en l'Occitanie, -en sa force et en son
avenir. Il faut travailler au triomphe de son esprit. De pesants
hyperboréens, qui remplacent l'humour par l'ironie, la grâce par
une volontaire laideur, la finesse de l'intelligence par une brutalité péremptoire, entrent chez nous, de toutes parts, et nous écrasent sous leurs jambes épaisses et leurs carnets de chèques. D'un
pays que la nature a enrichi de deux mers, de fleuves fécondants
et de grasses vallées pour qu'il fût une pépinières de marins, de
cultivateurs et d'artistes, ils font un immense chantier pour les
travaux forcés de l'industrie. Leurs panneaux-réclames massacrent
nos paysages, leurs usines, ces plaies rouges et noires, s'agrandissent chaque jour. Un égalitarisme stupide, ennemie de la vraie
liberté et du talent, nivelle les intelligences. Aux œuvres originales,
fruits d'un artisanat heureux, succède le travail en série qui ne
s'inspire ni des besoins, ni du goût, ni de la grâce des provinces où
il s'élabore, et qu'il devrait pourtant réjouir et embellir tout en les
servant.
En un mot, une civilisation essentiellement nordique, imbue de
matérialisme et acharnée à une centralisation excessive, voudrait
que chaque province de France, abdiquant tout esprit d'indépendance et toute originalité, devînt la servante de Paris, tête congestionnée d'un corps trop frêle qu'on anémie et qu'on atrophie volontairement chaque jour.
Les autorités officielles elles-mêmes se prêtent à ce jeu, et l'on
sait, pour ne citer qu'un exemple, qu'une circulaire de M. de Mon-
#
�— 47 —
zie, — un homme pourtant de fine intelligence, — défend aux maîtres de nos écoles, non seulement .d'enseigner la langue d'Oc, mais
de s'en servir même pour mieux faire comprendre à leurs élèves
les finesses de la langue française.
Contre cet asservissement des corps et dès pensées, l'esprit occitan, dernier rempart du génie français, ne peut triompher que si
l'on crée autour de lui une mystique. Là est la tâche de chacun
de nous. Là est le devoir des artistes et aussi celui des éducateurs.
L'heure est propice. Les écrivains, peintres et sculpteurs occitans
ont acquis en France un renom et une gloire incontestés. Ils représentent, dans leur fleur la plus parfaite, le sol où ils sont nés, la
race qui les a nourris. Lux triomphants, c'est l'esprit occitan qui
affirme sa richesse et sa vitalité. Qu'ils s'unissent donc et qu'ils
prenne conscience de leur force. Ils seront eux-mêmes étonnés de
leur puissance.
Mais les voudra-t-on encourager dans cet effort ? Et non par des
paroles fugitives et de rapides gestes bénisseurs, mais de façon
méthodique, quotidienne, efficace ? A cette tâche nécessaire, il
faut que chacun collabore : que le riche donne son argent et que les
autres apportent leur travail et leur bonne volonté.
L'influence des éducateurs peut-être particulièrement féconde.
Récemment, dans une école du Haut-Quercy, un instituteur me
montra le livre de lectures imposé à ses élèves. C'était un recueil
de pages exangues, sans muscles, béquillant sur les verbes être et
avoir, et des poèmes d'une bêtise antique et solennelle. Comme on
s'en doute, les écrivains de la région n'avaient aucune place.
— Enfin, lui dis-je, ne pourrait-on réjouir le cerveau de vos
élèves de belles pages lumineuses d'auteurs de leur province, prises
aux œuvres de Cladel, de Pouvillon, de Lafage, de Gustave Guiches ? Je ne parle que des aînés et des plus connus...
Ce brave instituteur me regarda d'un air vaguement inquiet. Je
compris que lui-même ne les connaissait guère.
Quelques jours plus tard, je recommençais la même conversation
avec un autre instituteur. Celui-ci, jeune et intelligent. Aux noms
de mes auteurs, son visage s'illumina, puis, à mi-voix :
— Cladel, Pouvillon, et les autres, ne figurent pas dans les livres
scolaires. Mais moi, j'ai leurs œuvres, et, de temps en temps, j'en
lis des pages à mes élèves. Et il faut voir comme ils y mordent ! En
dictée aussi, quelquefois, mais pas trop souvent, à cause de l'inspecteur. Vous comprenez... J'aurais l'air de faire aimer les auteurs
de notre terroir au détriment des autres. Il faut être prudent...
�— 48 —
— Et que diable, répondis-je vivement, est-ce donc un crime que.
d'incliner d'abord l'intelligence des enfants vers des lectures parfumées, savoureuses, et qu'ils comprendront tout de suite parce
qu'elles exaltent les choses de leur vie quotidienne ? C'est grande
pitié qu'un petit Landais ânonne Racine avant de connaître Emmanuel Delbousquet, ou qu'un petit Auvergnat apprenne les poèmes
d'Eugène Manuel avant les vers d'airain de Vermenouze. J'en
dirai autant pour le Béarn, le Roussillon et la Provence.
*
**
Les régionalistes, que les sots et les ignorants ont crêté de l'épithète de « passéistes », sont au contraire, dans ce domaine, des
révolutionnaires et des ennemis acharnés des vieilles routines et
des préjugés ridicules. Ils ne croient pas que l'unité de la France
exige l'uniformité de ses provinces. Mais ils ne croient pas davantage que, pour sauvegarder l'originalité des provinces, il suffise de
faire revivre artificiellement les coutumes et les costumés d'autrefois, et ils protestent — ah ! les belles colères d'Henri Pourrat ! —
lorsque des Parisiens et autres gens se servent des beautés du passé
pour de ridicules mascarades dites résurrections régionalistes, et
qui cachent presque toujours des contrats de publicité.
Le corps n'est pas fait pour le costume, mais le costume pour le
corps, lequel est le serviteur de l'esprit. C'est donc toujours, en
définitive, à l'esprit qu'il faut revenir et faire en sorte qu'il se
développe suivant un rythme qui lui est propre. Des attaches barbares, — celles du Nord, — ont contrarié son naturel mouvement,
et les brumes anglo-saxonnes ont essayé d'obscurcir ses aimables
vertus. Brisons hardiment les unes et chassons les autres !
Et qu'on ne nous accuse pas de penser à un stupide « séparatisme ».
— Nous ne voulons pas nous séparer du Nord, me disait finement Pierre Devoluy, mais bien, au contraire, l'absorber. Il est
désirable pour tous qu'un esprit d'ordre et de limpidité règne sur
la France.
Tel est, en effet, notre but. A l'œuvre donc, pour l'Occitanie !
ANDRÉ
LAMANDÉ.
�Joseph CRRRGUELi, éerivain flarbonnais.'
n'avais pas encore franchi le seuil de ma
première enfance narbonnaise que j'avais
maintes fois entendu ceux de la génération
de mon père qui avaient fait leurs humanités
sous la férule scholastique des prêtres du
séminaire, chuchoter que leur condisciple,
Joseph Caraguel, le fils du négociant du Faubourg, parti comme étudiant en droit au
Quartier latin, s'était fourvoyé dans la
bohème et sacrifiait, sur les autels pervers
de chapelles littéraires abracadabrantes et
maudites. Et ces malins, ignorant tout d'ailleurs de ce qui se tramait dans le monde des
lettres, riaient de ce compatriote arrogant.
Ce bout de phrase prétentieux, début d'une de ses œuvres, « sous
la coruscation du soleil augustal », revenait comme un leit-motiv
hilarant dans les conversations et suffisait à faire sombrer le jeune
écrivain sous le flot des huées ironiques.
Aussi ne fut-ce pas sans un battement de cœur que, prenant en
mains, quelques dix ans après, l'Enquête de Jules Huret sur le
mouvement littéraire des années 90, j'appris l'estime admirative
que ressentait tous les auteurs d'alors, à quelque tendance qu'ils
appartinssent, pour celui qu'ils tenaient pour le chef de l'Ecole néoréaliste.
« Dans la génération fille du naturalisme, précisait Huret, tous
« sont d'accord pour apprécier les qualités de son esprit puissam« ment généralisateur, son intense passion de vérité, la hauteur
« intransigeante de son caractère d'artiste. »
E
If
�— 50 —
Leconte de Lisle, chef du Parnasse, lui rendait hommage et
Charles Morice, théoricien du symbolisme, déclarait : « Si, parmi
la foule de nos adversaires, il y en a un qui mérite qu'on l'estime
pour son talent comme pour son étonnant cerveau de penseur, c'est
Joseph Caraguel. Il a su, à la différence de tous les méridionaux,
qui l'ont vainement essayé, faire du soleil dans son merveilleux
livre « Les Barthozouls ». « Les Barthozouls », n'était-ce pas le
roman qui débutait par « la coruscation du soleil augustal » ?
Ce n'est pourtant que beaucoup plus tard encore que je me suis
familiarisé avec l'œuvre de Joseph Caraguel. Elle comprend, autant
que je sache, outre le fameux roman qui remonte à 1887 et des articles journalistiques réunis en volume, un autre roman, « An BouV
Micfi' », publié en 1883, et une pièce, « De la fumée, puis la
flamme », représentée au Théâtre libre d'Antoine, le 24 octobre 1895.
« Au BouV Mich'' » est une œuvre éclatante de jeunesse, malgré
son éparpillement et tant soit peu de verbalisme, un « déchaînement
grandiosement brutal de kermesse », une symphonie, des tumultes,
des générosités, des laideurs et des joies, des ambitions, des désastres, des gloires naissantes. C'est aussi, avant Barrés, avec moins
de volonté consciente que chez ce dernier, mais plus de vivacité et
de couleur, le roman du déracinement, déchéances résultant de
l'abandon du milieu, nostalgie de la garrigue natale, apothéose
manifeste de tous ceux de là-bas que « Paris n'a pas entamés, à qui
il n'a rien enlevé de leur rudesse, de leur accent ».
« La fumée, puis la flamme », qui prétendait traduire à la scène
la complexité de la vie moderne, nous paraît un ratage dramatique,
injouable assurément par son enchevêtrement logique et sentimental et ses suites de déclamations à la Jean-Jacques. Mais quelle audace d'analyse, et quelle connaissance du cœur humain ! Nous pensons malgré tout, j'ose l'écrire sans rougir, au Marivaux de la Vie
de Marianne et plus encore aux Liaisons dangereuses. Ajoutons que
nous y trouvons un tableau suggestif, à la manière unanimiste, de
la petite bourgeoisie du sud-est de la France.
Enfin, le roman décrié lui-même, malgré ses poncifs naturalistes
et ses tics d'écriture, que Caraguel désavoua d'ailleurs, reste, —
Charles Morice avait raison et les condisciples narbonnais s'étaient
mépris, — une œuvre de lumière, et comme l'épopée fougueuse de
la race paysanne du Bas-Languedoc.
C'était là, on le voit, mieux que d'immenses promesses, et on est
stupéfait, — quand on sait que Joseph Caraguel mène encore à cette
heure, en haut de Montmartre, une vie d'action et de dignité, —
de ce renoncement, si soudain, à un art qui s'annonçait grandiose.
Situer cet art de J. Caraguel, par rapport à son époque et par rap-
�— 51 —
port à la nôtre, déborderait le cadre de cet article. Qu'il nous suffise
de montrer ici avec quelle passion il a dépeint ce pays singulier et
irrésistible qu'est le Midi narbonnais.
Au centre de tout (nous n'avons plus le droit d'en rire), « la coruscation du soleil augustal », — la lumière opaque, aveuglante, infinie, implacable, qui opprime à certaines heures et dont les paysans
invoquent cependant les ardeurs. Illumination des choses sous la
magie du soleil, beauté lourde des soirs d'orage ou les nues se crevassent d'éclairs, que leur importe. Mais ce plein soleil qui s'étale,
en la crudité de la plaine, c'est leur raison d'être et de vivre, c'est
de la vigne qui s'épanouit.
Le récit se passe à Ferra'lzan, sur la route qui monte doucement
vers la montagne en de larges courbes; mais les yeux de tous sont
fixés sur le pays bas, plaine aux verdures éternelles, source de toute
richesse « sans un pré, sans un arbre », uniformément tendre, se
développant comme un sombre tapis d'une seule pièce, « à peine
coupée de quelques lignes, des haies d'amandiers et des oliviers
ternes. Ils sont là, dans la basse plaine, les vignerons, plantant
large, fumant, échaudant, effeuillant ! « le vin, le vin, on avait tout
dit... » « Ne pas les polluer surtout à toutes les semences, ces terres bénies, sablonneuses et de sol peu profond, elles n'étaient disposées qu'à l'amour des cépages ».
Comme tous, hommes et femmes, ie ressentent jusqu'aux moelles,
cet empire des vignes, qui correspond à leurs instincts originels :
« Apercevait-elle un raisin trop lourd, qui touchait le sol, elle se
baissait pour le relever; puis, le tenant à la façon d'une mamelle,
elle le montait comme pour le traire... elle se jetait dans les vignes,
disparue jusqu'aux hanches, et les franges du châle se prenant dans
les vrilles des pampres, elle se complaisait, retenue de la sorte
comme par de sournoises et délicates griffes d'amour. »
Mais, hors de leurs vignes, comment nous apparaissent-ils, ces
paysans de la plaine de chez nous, de l'an 1885 ? D'un beau type de
brun, front bas et regard vif. Ce sont des intelligents, certes, mais
spéculant peu : « les idéaux ne les encombrent pas ».
Dans le tempérament, la sensualité, la gloriole dans le caractère.
Des faibles, au demeurant, à qui il faut seriner des devoirs, suggérer la grandeur d'âme, leur volonté cédant inévitablement, si l'on
gave leurs appétits. D'allure sympathique, véhémentement aimables, échangeant politesses et cordialités, d'une générosité à tout
casser, pourvu qu'elle s'étale. Faisant grandement l'aumône, soucieux que tous les êtres dans leur sillage profitent de leur plusvalue, voulant que, comme la lumière du soleil, l'aisance rayonne
du haut de leur fortune. D'une munificence extrême dans l'hospita-
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lité. Eclatant parfois en querelles terribles, « niais un peu pour
l'art, sans autrement se duper ».
Avides des fêtes « où s'étalent la turbulence et la stridence des
joies neuves, définitives, comme des tonnerres ». Aptes surtout aux
jois charnelles. « D'un sensualisme malléable », il suffit d'un frôlement et tous leurs calculs d'intérêt cèdent à l'envi de séduire. Précipités de l'une à l'autre, sur réquisition des sens, trouvant leur
compte chez les filles du village, lascives elles aussi et qui cèdent
à l'amour, attirés nonobstant par l'on ne sait quel prurit de débauche vers les garces, de mauvais lieu en mauvais lieu, — « à Narbonne, le jeudi, il y a le marché de une à trois, et pendant et après,
il y a l'Alcazar », — fringale d'amour qui peut aller jusqu'à l'inceste.
Et par-dessus cette sensualité, l'auteur y insiste, un orgueil impétueux et formel, présent toujours, toujours sensible.
On ne peut rien concevoir de plus bouffonnement épique que la
bataille qui se livre, le jour de la grande foire, entre les deux
partis du village, les Flambants et les Pouilleux. Pour mesurer leurs
forces, pour amplifier leur puissance, il s'agit de s'assurer la supériorité numérique dans le grand tour, le tour en musique, la cérémonie d'apparat qui réunit les deux sexes. Nous renvoyons nos
lecteurs au roman pour qu'ils goûtent les marchandages et les ruses
qui se déploient.
Et il y a mieux encore ; la recherche des convives à l'heure du
dîner ce même jour de fête, le recrutement des commensaux. Il
faut, pour avoir table mieux ornée que les autres notables, traquer
tous les étrangers qui passent, rabattre tout ce monde vers sa
demeure comme un gibier :
« Grâce à des prières, de par des menaces, à force de gestes, tirant
des manches, poussant des épaules, déterminant les indécis, continuant la tradition des aïeux, synthétisant les gloires de la race...
d'une allure héroïque, elle enlevait sa troupe, la roulait par le village, dans une exaltation, telle une chasse clameuse. »
Suit un appél emphatique des noms pittoresques et robustes des
invités : Les Bérails, les Chavernats, les Taffanels, les Cassignols,
les Terrasses, les Pendries, les Cazabans, les Escalaïs, les Cazaletz,
les Parazols, de tous ces noms fastueux ainsi que des titres, râblés
élégamment ainsi que des athlètes, dont toutes les syllables accentuées retentissent, tels des boniments, comme avec des cymbales.
Et, le palmarès s'achevant sous des acclamations, dans l'immense
cuisine aux chaudrons béants rouges, la batterie se développant
dans une ampleur de fresque, il ne reste plus aux convives qu'à
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s'attaquer à la mangeaille, abondante démesurément et charneuse,
" à une boustifaille prodigalisée comme en un festin d'ogre ».
Quel tableau rutilant on le voit, pris sur le vif... il y a bientôt
quarante ans de cela. Et quelle atmosphère !
L'auteur, pourtant, s'il n'est pas toujours tendre pour ses compatriotes, n'est pas pour eux exempt de tendresses. « Nous sommes nés sur la même garrigue qu'eux », dit un jeune étudiant, dans
le « Boul' Mich' », et il ajoute : « Depuis mon départ de Cuxeras,
je suis à jeun de figues et de jujubes ». Et Joseph Caraguel sentait,
au fond de son cœur, combien les paysans de là-bas ont en eux la
saveur des jujubes et la douceur rugueuse des figues.
Pernand
CRÉMEUX.
�Stances à Séverae
dites par Madeleine Roeh de la Comédie Française
à l'inauguration du monument de Céret.
Fontaines de Céret où l'ombre de Virgile
Erre sous les pins bleus et les cyprès rêveurs,
Jardins du mois de Mai qui faites à la ville
Un ciel tout étoilé de cerisiers en fleurs,
Chemins creux de l'Albère où l'olivier s'argente,
Vallons du Boularic où le pâtre s'endort,
Petits bois de Saint-Paul où la Sardane lente
Se dénoue en baisers sous les mimosas d'or.
Terre du raisin noir, terre de la cerise,
Terre du Canigou, des glaciers et des lacs,
Recueillez-vous ce soir sous la harpe des brises
Pour écouter chanter l'âme de Séverae.
La petite fille à genoux
Sous l'auvent de la métairie
Pour bercer MM Poupée Chérie
A bercé nos rêves à nous.
Et dans Le Coin de Cimetière
Que le printemps a ranimé,
Ce sont toutes les voix de Mai
Qui sont les Filles de la Terre !
Dans le demi jour opalin
Où crisse le cri des cigales,
Voici que Le Cœur du Moulin
Tressaille à la chanson natale.
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Toutes les lyres en éveil
Frémissent pour l'apothéose
Et Les Baigneuses au Soleil
Vont danser sous Les Lauriers-roses !
La tartane de Puigcerda
S'avance sur la route grise.
On entend un Alléluia
S'élever dans l'aube indécise...
Et comme Pâques déploya
L'étendard doré des cytises,
Le Muletier de Llivia
S'est agenouillé dans l'église.
Une cobla dans l'air brûlant ,
Comme un appel de bacchanale,
Se mêle au cortège hurlant
Des fêtes A'Héliogabale;
C'est dans la gaîté du matin
Toute l'ivresse de nos danses
Qui précise avec sa cadence
Le rire immortel et latin.
A. BAUSIL.
Les mimosas de Bon-Secours.
Parmi les steppes dénudés
Qu'il faut franchir dans l'existence,
Je vous ai toujours regardés,
Aux lointains bleus de mon enfance,
Mimosas, mimosas, dont les tièdes rameaux,
Embaumaient librement, par la fenêtre ouverte,
Notre salle de classe aux modestes travaux
Vous mêliez vos parfume à la science offerte,
Mimosas, mimosas, dont les riches couleurs
Evoquaient des rêves profanes...
Grands arbres d'or toujours en fleurs,
Dans mes souvenirs qui se fanent.
Et le pensionnat, calme, religieux,
Travaillait doucement, près de vous, loin du monde...
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Vous dépassiez le toit, découpant sur les cieux
Votre feuillage clair plein de lumière blonde,
On vous voyait, de la chapelle et du parloir,
Bouger dans la lueur des vitraux translucides,
Vous eussiez éclairé le recoin le plus noir Avec vos floraisons splendides,
Votre ombre même illuminait toujours,
Mimosas, mimosas, du parc de Bon-Secours.
Et vous étiez si grands ! que si loin dans ma vie,
Malgré tous les détours de la route suivie,
Les-taillis, les fossés et les guet-à-pens,
Je vois bouger encor votre ombre parfumée
Sur mes pas aujourd'hui, comme en ces doux printemps,
Où <e vous respirais, innocente et charmée.
Beaux arbres du pays où nous avions Ta foi,
Du fond -te l'horizon, sur la céleste voûte,
Vous avez dissipé l'ombre épaisse du doute
Qui voulait amasser sa nuit autour de moi;
Et pareils aux rameaux des forêts enchantées,
Dont un brin merveilleux devenait talisman,
Mimosas, mimosas, vos branches emportées,
— Moisson du souvenir au fond du cœur aimant —
Furent à mon appel la baguette magique
Qui montre le chemin !
Car au travers de votre flore symbolique
Brille toujours la pure étoile du matin,
Des gouffres d'ici-bas éternelle boussole.
Vous êtes le bouquet divin que j'ai cueilli
Quand mon enfance heureuse et folle
Ouvrit au grand soleil mon regard ébloui,
Et je veux conserver, comme en un reliquaire
On garde les bouquets des premières amours,
Votre chaste parfum, votre sainte lumière,
Mimosas, mimosas du parc de Bon-Secours !
SUZANNE
TESSTEB.
�Les Livres
L'aventure de la duehesse de Berrl, par Armand PR.AVIEL. — Priseilla
d'Alexandrie, par Jvlauriee ]ULRGP,E. — Le double saeriîiee, par Émile
R,IPER,T — Quand on conspire, par Raymond ESCflOLIER. — Lia Bête
Cabrée, par TITAY]ïfl. — Lies éditions de la librairie s Oeeitania ». —
Lies amitiés
languedociennes.
— Lia
route aseendante
de jviauriee
Barrés, par JVT™ BLANC-PÉRIDIEP,. — Histoire d'un parfumeur, par
Paul SENTEflAC.
auteurs méridionaux ont fait preuve, en ces derniers temps,
d'une heureuse activité.
C'est d'abord Armand Praviel qui, en publiant l'Aventure de
la duchesse de Berri (1), a continué d'affirmer les dons remarquables d'historien romanesque qu'il avait déjà manifesté dans
deux ouvrages : L'Assassinat de M. Fualdès et l'Histoire tragique de la belle Violante. L'extraordinaire tragi-comédie de
l'intriguante et aguichante princesse qui faillit soulever la Vendée
pour placer sur le trône de France son fils, Henri V, était bien
faite pour tenter la plume alerte, pittoresqtie et souvent humoristique de Praviel. Son livre, aussi documenté qu'amusant, aura le même
succès que ceux qui l'ont précédé.
Renonçant lui aussi, pour le moment du moins, à la langue des dieux, Maurice
MAGRE vient de faire paraître un roman — roman à la fois d'histoire et d'imagination — Priseilla d'Alexandrie (2).
^ES
(1) Librairie Hachette, Boulevard St-Germam, Paris.
(2) Albin Michel, éditeur, 22, rue Huygens, Paris.
�- 58 —
Les mœurs byzantines, la magie antique, la lutte entre les premiers chrétiens
et la vieille société païenne, trouvent tour à tour leur place dans cet ouvrage assez
complexe, abondant de matière et de couleur, dont la trame se déroule dans une
atmosphère un peu troublante de névrose et de luxure.
C'est toute la Byzance des orgies et des stupres que Maurice Magre a voulu
évoquer en ces pages; 11 l'a fait en poète autant qu'en historien, avec la richesse
de vocabulaire un peu fantaisiste, mais fort brillante qui lui est habituelle.
D'un ton plus grave, mais aussi d'une plus large portée philosophique est
le dernier roman d'Emile RIPERT Le double sacrifice (3). Le sacrifice dont il s'agit
est celui de l'élite intellectuelle, des écrivains, des savants, des artistes, qui, mobilisés et exposés au feu, pendant la guerre, exactement dans les mêmes conditions
que les derniers des manuels, durent consentir à la perte non seulement de leur
existence, mais aussi de l'œuvre future, non moins précieuse, qu'ils portaient en eux.
Cette rigoureuse égalité devant la mort dont la plupart des nations mêlées
a la guerre mondiale n'ont pas accepté le principe, a-t-elle été, de la part de
la France, une cruelle erreur ou au contraire un geste exemplaire, nécessaire
et fécond ? Comment a-t-il été jugé par les intéressés ? Telles sont les délicates
et angoissantes questions que pose Emile Ripert dans son beau livre, avec beaucoup d'impartialité et beaucoup de courage.
Un détail auquel les lecteurs des Feuillets Occitans ne seront pas insensibles :
Une partie du récit, très animé dans son ensemble, a pour cadre le Roussillon.
Et l'Espagne elle-même y est évoquée avec maestria, en des lignes comme
celles-ci :
« Il jouait, et l'Espagne se levait tout entière, non pas l'Espagne déjà banale
de Carmen, mais celle du Cid et de Sainte-Thérèse, l'Espagne consumée d'héroïsme
et de passion mystique,.... un pays grave et brûlant qui avait jeté un manteau
d'ocre sur son corps aminci par le jeûne et par le désir. »
L'auteur de Gantegril, le romancier Raymond ESCHOLIER, né dans cette Ariège
« ou l'urbanité gasconne tempère la gaillardise gauloise » a donné le jour, pour
sa part, à un curieux roman d'aventures Quand on conspire. (4).
Cet ouvrage est, sous une forme satirique et amusante, une peinture de l'époque
du Second Empire, où sévissait, au sein des clubs et des sociétés secrètes, une
extraordinaire manie de machinations ténébreuses et d'invraisemblables complots,
dans lesquels le rôle des jolies femmes n'était généralement pas le moins important.
Mme Titayna — de son nom de Catalane Elisabeth Sauvy-Tisseyre — dont
on a pu lire récemment, dans l'Intransigeant les très vivants Souvenirs d'une
journaliste en avion, a composé, sous ce titre imagé : La Bête cabrée (5), un livre
d'une assez piquante originalité. Tour à tour étude de mœurs et récit d'imagination, cet ouvrage transporte le lecteur d'abord dans un milieu des plus
parisiens, milieu mondain de garçonnières et de dancings, puis, un peu brusquement peut-être, mais non sans habileté, dans une île imaginaire, l'île de
Beauté, peuplée par la fantaisie d'un Américain milliardnire des monstres les plus
hallucinants de l'espèce humaine.
On retrouve dans La Bête cabrée les qualités littéraires de Titayna, sa manière
primesautière et un peu trépidante, son goût de 1' « instantané » et des raccourcis (« Yrina est belle, le sait, s'en sert, n'en abuse pas. ») ; on y trouve
aussi l'expression d'une sensualité aimable et raffinée. Le livre, préfacé par
Pierre Mac-Orlan, est écrit avec brio. Il permet de concevoir bien des espérances
pour l'œuvre future de Titayna.
Une mention spéciale doit être réservée aux récentes éditions de la librairie
« Occitania » (6), dirigée avec autant de compétence que d'activité par notre
ami E.-H. Guitard, archiviste-paléographe et romaniste fervent. Nous aurons
à revenir sur ces éditions, particulièrement intéressantes pour les' méridionaux.
Signalons dès aujourd'hui : Lo Flahut occitan, recueil de chansons en langue d'oc,
(3) Editions de la Vraie France, 92, rue Bonaparte, Paris.
(4) Bernard Grasset, éditeur, 61, rue des Saints-Pères, Paris.
(5) Aux éditions du Monde Moderne, 42, Boulevard Raspail, Paris.
(6) Librairie Occitania, G, passage Verdeau,, Paris (9e) et 7, rue Ozenne, Toulouse.
�— 59 —
composés sur de vieux airs languedociens,, par le poète Prosper Estieu, majorai
du Félibrige depuis 1900; La Serva, roman en langue d'oc, avec traduction française, du félibre majorai B. Vidal; Terre Occitane, plaquette de strophes colorées sur le Midi languedocien par Mme Laure Valdier; un Abrégé d'Histoire de
la LAttérature occitane, par M. Joseph Rouquet, suivi d'une très complète Bibliographie occitane, de E. H. Guitard; enfin ï'Almanach Occitan de 1926, que liront
avec joie tous ceux que passionnent la vie et le mouvement littéraire d'Occitanie.
Récemment nous est parvenu un volume imprimé à Montpellier, chez Firmin
et Montane, Les Amitiés languedociennes, sort» d'anthologie, partie en prose,
partie en vers, dont les pages n'offrent pas une valeur littéraire pleinement homogène (ce qui d'ailleurs n'a rien de choquant dans une anthologie), mais où l'on
pourra lire avec plaisir un fragment de Paul Valéry, des lignes fermes et brillantes de Pierre Grasset; un souple et vivant poème, en langue française, de
J. S. Pons, Le Bel Eucalyptus ; d'originales notations de Jean Catel sur Perpignan,
ville « aux lèvres de grenade, aux yeux de ciel limpide où les couchants ont
lassé la braise de leur cœur torride »; de curieuses strophes assonancées de
Jean Cocteau; une aimable « Mer latine » de Mme Yves Blanc; des impressions
sur Montpellier, Béziers, Nîmes, Narbonne, Cette, etc.
Quelques morceaux de Jean Amade, de Benjamin Crémieux ou de Jean Lebrau,
par exemple, pour ne citer que cux-là, n'auraient certes point déparé le recueil.
On y trouvera, il est vrai, des vers de M. Emile Carbon, poète vers-libriste
et sportif, qui doit faire figure notoire dans la littérature bas-languedocienne,
si l'on en juge par la triple place qui lui a été réservée. N'étant ni vers-libriste,
ni sportif, je serais mal qualifié pour faire l'éloge ou la critique de ces pages.
M. Carbon pourra donc déclarer, d'un ton péremptoire, que je n'entends rien à
la poésie telle qu'il la conçoit.... Nous serons tout à fait d'accord.
Ceci ne nous empêche pas, ayant, au « Groupe Occitan » horreur de l'esprit
de petite chapelle et des mesquineries, de faire un cordial accueil à une publication
très sympathique, dans son ensemble, bien présentée, et fort joliment illustrée
par Henry Martin.
Une languedocienne dont la culture égale les qualités de style, Mme A. BlancPéridier, vient de faire paraître, sous le titre La Route ascendante de Maurice
Barrés (7), un livre grave et fervent à la gloire du grand écrivain dont elle
fut, en diverses circonstances, la collaboratrice. Cet ouvrage dénote non seulement une connaissance très profonde de l'œuvre si variée, de l'auteur des
Déracinés, des Amitiés françaises et de La Colline inspirée, mais encore une
souplesse et une ingéniosité d'esprit des plus remarquables.
Les amis de Barrés seront grandement reconnaissants à Madame Blanc-Péridier
de son « patient, minutieux et pénétrant effort de résurrection. »
Je ne saurai mieux terminer ce rapide aperçu du mouvement littéraire d'Occitanie qu'en signalant le bel album d'art édité sur hollande par Draeger frères :
L'Histoire d'un Parfumeur, par notre ami PAUL-SENTENAC. Préfacée par Jean
Richepin, illustrée avec talent par Bernard Naudin, enrichie de reproductions en
couleur, de gravures anciennes, cette publication rcueillera les suffrages unanimes
des bibliophiles.
HENRY NOELL.
Bos de Bertae.
[Les Cahiers Occitans, n° 1)
Cette œuvre dramatique de P.-J. Cantabre inaugure une collection occitane
qui ne nous laissera pas indifférents. Des prés bigourdans aux déserts de
Nubie, l'action de dérouie avec une lenteui familière, dans une langue volontairement simple et dépouillée de tout lyrisme.
Certes l'histoire du chevalier qui laisse en sa terre natale l'idéale fiancée,
(7) Editions Spes, 17, rue Soufflot, Paris.
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passe pour mort, revient au moment le plus imprévu et épouse enfln sa
princesse lointaine est un thème facile que force poètes ont traité.
Le chantefable de Bos de Bénac vaut par cette naïveté voulue qui dédaigne les éclats de voix et les grands gestes, cette pudeur dans l'héroïque,
cette retenue dans l'exaltation qui est si souvent, quoi qu'on en dise, l'apanage de nos terres d'Oc.
Elle en tire un charme certain, né on ne sait d'où mais qui s'insinue
assez en nous-même pour nous faire garder de ce preux et de sa légende
le plus attachant souvenir.
J. C.
Vient de paraître :
Vin Rouge (N° 2 des Cahiers Occitans), Histoire romancée de la crise viticole
de 1907, par Pierre-Etienne MARTEL, lettrines et culs-de-lampe de Lucien CADENE.
Tirage de bibliophile.
Les assignats, par Jean (SSORIflI-COlVIBY, nouvelle Librairie Nationale,
3, plaee du Panthéon.
La conjonction, sous un régime politique, d'embarras financiers graves avec le
goût des solutions faciles, se produit généralement autour de la planche à billets.
Quoi de plus tentant, pour un Gouvernement qui estime l'emprunt impossible
et veut éviter l'impôt impopulaire, que de se procurer des ressources par l'émission
de signes monétaires ? L'organisme les absorbe, d'abord facilement; bien mieux,
il les accueille comme un stimulant des échanges. Il semble qu'une richesse nouvelle soit créée et diffusée. Mais le processus de l'inflation est fatal : la dépréciation d'abord minime, s'accroit en des proportions géométriques entraînant la hausse
des prix, l'instabilité dans les transactions, l'injuste ruine du plus grand nombre,
l'enrichissement immérité de quelques spéculateurs, jusqu'à l'opération de consolidation ou de dévalorisation, revanche des lois monétaires méconnues.
Notre pays a, dans le passé, fait deux fois l'expérience de l'Iiiflation : sous
la Régence, avec Law et son système, — de la Constituante au Directoire, avec
les assignats.
Tous ceux qui prirent plaisir et tirèrent profit à lire, dans le « Bureau des
1 têveries » de MM. Gignoux et Legueu, l'aventure de Law, en trouveront la suite
naturelle dans le clair exposé que présente notre jeune collaborateur, M. MORINICOMBY, agrégé de l'Université et docteur en droit.
Sous la forme primitive que leur donne la loi du 19 décembre 1789, qui en
créa 400 millions en coupures de 10.000 livres, les assignats étaient des titres
portant intérêt, destinés à être remis en paiement aux créanciers de l'Etat et
admis, par préférence,' dans l'achat des biens nationaux.
Ils n'avaient alors, aucune des caractéristiques du papier-monnaie : leur émission
était gagée sur les biens nationaux, dont ils permettaient de mobiliser immédiatement la valeur; leur résorbtion — on dirait aujourd'hui leur amortissement —
était prévu et organisé.
Une série de mesures, réduction de l'intérêt, fractionnement des; coupures,
ne tardèrent pas à acheminer vers une dangereuse transformation.
Les techniciens d'alors en montraient tout le danger. Dupont de Nemours
parlait de banqueroute, Talleyrand, de la disparition du numéraire et de la dépréciation de la monnaie-papier, de la ruine des créanciers et de la hausse des
prix. Bouchotte évoqua les derniers billets du système, suspendus aux portes
des chaumières paysannes.
Mais le système politique l'emporta : Mirabeau voulut apporter à la Révolution
naissante le ciment d'intérêts solidaires, ceux dea porteurs d'assignats, futurs
acquéreurs de biens nationaux.
En avril 1790, l'Assemblée vota une nouvelle émission de 800 millions pour
rembourser la dette flottante. Le 8 octobre, avec la suppression de l'intérêt, l'assignat cesse d'être une valeur mobilière pour devenir une monnaie libératoire dans
les paiements, jouant le rôle de monnaie privilégiée pour l'achat des biens
nationaux.
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Ce rôle particulier aurait pu lui maintenir sa valeur, si les émissions ne
s'étaient multipliées (en août 1792, d'après le rapport de Cambon, il en aurait
été créé plus de 2 milliards) et si l'amortissement avait régulièrement joué,
mais avec les délais de paiement accordés pour des raisons politiques aux
acquéreurs de biens nationaux, les rentrées furent insignifiantes : le 12 mars 1792,
le chiffre des ventes était de 971 millions, les versements en assignats de 570.
Les versements ne devinrent considérables qu'à la fin d l'An III lorsque l'Assignat s'échangeait à 100 pour 3 et n'avait d'autre débouché que les caisses
publiques.
i !
«i
Avec la Convention, s'augmente le rythme et le volume des émissions : 400 millions en 1702, 600 en Novembre, 300 le 14 décembre, 800 le 1er Février An III,
il avait été mis 22.801.411.658 livres-assignats; 3.339.242.627 avaient été brûlés;
19.462.168.831 restaient en circulation.
Le Directoire suivit les mêmes pratiques; ses besoins ne tardèrent pas à
dépasser les possibilités de fabrication : aussi, les ouvriers qui travaillent à
la planche à billets sont-ils assurés d'avoir du pain ?
Quand, sur la place Vendôme, le 30 Pluviôse an IV, les planches sont brûlées,
11 avait été émis pour 45.581.411.618 livres d'assignats. La dépréciation de ce
papier-monnaie suivit une ligne dont il est intéressant de connaître les sinuosités :
elle fut d'abord minime (2 à 5 %), en 1791, elle s'accentue (13 à 18 %) pour
une légère ascension après la victoire de Valmy; puis, la chute s'accentue avec
les émissions massives : le louis d'or de 24 livres vaut 70 livres assignats à
Paris, le 9 Thermidor, 100 en Nivose an III; 200 en Germinal; 400 à la fin
de Floréal; 837, le 4 Messidor, soit une dépréciation de 95 %. Quand la planche
fut brisée, le louis valait 7.000 livres-assignats et cependant il était encore des
municipalités de l'Hérault pour considérer le refus de l'assignat par le marchand
ou le producteur comme une pr euve évidente d'hostilité à l'égard de la Révolution.
Comme conséquence, les prix subissent une hausse considérable : entre 1790
et mars-avril 1791, ils ont en moyenne sextuplé ou septuplé. Le quintal de blé
vaut, dans le Finistère, 9 livres en 1790, 86 en l'an III. En vendémiaire an IV,
la viande vaut 20 1. la livre, elle sera à 36 1. en Brumaire — une paire de
bottes coûte 1200 1. — un journal à 2 sols se vend 15 livres-assignats.
Dans l'Hérault, le quintal de blé qui valait 14 livres en 1790, se paie, en
Brumaire an IV, 9.000 livres-assignats. Le seigle passe de 10 livres à 8.000 livresassignats. La livre de viande qui valait 6 sols en 1790 se paie 250 livres.
Que de misères en résultent ! A Amiens, en Ventôse an III, depuis 3 mois
les ouvriers n'ont jamais eu plus de 3 onces et depuis trois jours, ils sont réduits
a 6 onces d'un très mauvais pain. La famine amène des troubles et des émeutes.
En mars 1796, à Montpellier, 8 à 900 ouvriers vont réclamer la diminution du
prix du pain à cinq sous assignats, c'est-à-dire à moins que zéro, ainsi que
la tête de l'officier-municipal. Une vingtaine turent condamnés aux fers et à la
détention.
Par contre, l'instabilité de la monnaie favorise, indûment, les débiteurs et les
spéculateurs que couvre la fiction de la valeur nominale.
Devant de telles inégalités, on comprend l'explosion de sentiments contrerévolutionnaires que signalent les rapports de police à partir de l'An III. Et l'assignat devait attacher le peuple à la Révolution ! Il n'aboutit, en réalité, qu'à
l'enrichissement de paysans madrés et de bourgeois usuriers.
Mirabeau, le politique, s'était trompé...
Les techniciens avaient raison.
L'ouvrage de M. MORINI-COMBY est un excellent travail de vulgarisation, clair et
précis, d'une lecture agréable. Faisant avant tout œuvre d'historien, il se contente
d'exposer les faits, laissant, à chacun le soin d'en tirer les conclusions auxquelles
l'inclinent sa propre conviction ou, même, son imagination.
Retenons simplement en terminant, la promesse que nous fait l'auteur de
consacrer bientôt une monographie à l'histoire inséparable d'une famille paysanne et d'un village du Languedoc, par quoi l'on verra, dit-il, comment l'assignat
eut pour résultat d'exproprier des exploitants ruraux au profit de bourgeois
et de citadins.
Pierre SAINT-GIRONS.
�— 62 —
l»a guerre du Riff : Ce que j'ai vu au (Viaroe, par René Bonnet-Devilliers.
(Editions Occitania Paris.)
Dans un petit livre substantiel et d'une lecture agréable, sans prétention littéraire, M. René Bonnet-Devilliers nous donne un pathétique et pittoresque
récit de ce qu'il a vu au Maroc. Il établit avec pertinence notre position actuelle
dans le Riff et prévoit l'heureuse issue de cette campagne qui aura demandé
du courage, de l'endurance et une grande diplomatie. Nous trouvons résumés
dans ce volume quelques épisodes de la guerre du Riff. « La campagne d'hiver
se poursuit encore, écrit René Bonnet-Devilliers. Il est probable que des actions
secondaires seront entreprises, en profitant de périodes de beau temps. En particulier, on établira, bientôt sans doute, une liaison solide entre Adjir et Kiffane
par Sidi-Bou-Rebka. Mais la campagne pour laquelle on avait réuni les effectifs
et le matériel dont nous avons parlé, peut être considérée comme close. Elle
nous a replacés au nord de Fez, à peu près sur la ligne des postes que nous
avions instituée en 1924. Au nord de Taza, elle nous a conduits à la limite de
notre zone, telle que celle-ci est définie par les conventions internationales. Dans
l'Est, elle a arraché à l'étreinte riffaine un territoire assez vaste, contigu à
l'Algérie et à la province espagnole de Melilla. Le Riff proprement dit reste
inviolé, sauf dans la région d'Alhucemas, où nos alliés ont créé une enclave dans
laquelle se trouve compris Adjir, l'ancienne capitale d'Abd-el-Krim. »
L'auteur dont M. Jean Donyau raconte l'intrépide départ pour le Maroc, dans
sa préface, est un tout jeune homme : « Aujourd'hui, dit-il, il écrit de verve,
il est en proie au génie dionysiaque de son âge : c'est son charme... Et l'on sent
qu'un écrivain de bonne race est en lui. » Ajoutons qu'il possède déjà le don
de retenir fortement ce qu'il a vu et dé nous le transmettre avec une précieuse
netteté, qualités assez rares pour qu'on les mette en valeur et que l'on conseille
la lecture de ce livre à tous ceux qui veulent connaître le pays des Riffains.
Les vers de Mme Laure VALDIER, qui publie un petit opuscule : Terre Occitane,
à la Librairie Occitania, ont la douce et chaude lumière de nos pays de soleil
et ils le célèbrent avec amour :
Je te vois, pays d'Oc, ce cœur qui bat si vite
Dans la joie et dans le tourment
Comme tes feuilles dans le vent.
Les Enchantements, Cigales, Les Vignes, Coin de Languedoc Méditerranée,
A Narbonne, entre autres poèmes, sont écrits en une langue fluide et d'un joli
rythme et révèlent un poète sensible jusqu'à la douleur à tous les frémissements
de la Nature.
Le petit acte en prose : Sous le Manteau de la Cheminée, de M. A. DE LINGUA
DE SAINT-BLANQUAT, (Editions Occitania, Paris et Toulouse), nous émeut par les
regrets qu'il traduit, en un dialogue plein d'ardeur, de l'abandon de la terre par
la génération nouvelle qui ne semble pas éprouver pour la nourrice des hommes
ce vigilant et profond amour que lui vouèrent nos vieux parents.
F. S.
La ville du passé.
(Un album d'art, texte de Auguste Rouquet, bois gravés d'Achille, Jane et Auguste
Rouquet, aux éditions d'art de Michel Jordy. Cité de Carcassonne. Nouvelle
édition,
iq2$.)
La maison d'art de Michel Jordy vient de rééditer avec le plus grand soin
le bel album de notre cher secrétaire général Auguste Rouquet qui est, en même
temps qu'un peintre et graveur remarquable, un écrivain de race. Son texte en
�- es —
effet, est aussi robuste et précis que les gravures qui l'accompagnent et dont
il souligne la force ou la grâce avec un rare bonheur.
Achille Rouquet explique dans une préface empreinte d'un vif amour du terroir la génèse et le développement de l'ouvrage, les lenteurs voulues de sa réalisation qui sont la marque des artistes consciencieux. Ici, notre Groupe est heureux de saluer, avec émotion et admiration, ce père qui a communiqué à son /ils
et à sa fille l'amour du beau et qui a voulu réaliser avec eux une œuvre d'art en
hommage à sa petite patrie... « Le but, écrit Achille Rouquet, était devenu la
glorification de cette patrie de nos ancêtres, de cette ville du Passé qui hausse si
fièrement la beauté de ses murailles à l'horizon de toutes les phases de notre existence. La publication de cet album fut donc décidée. La gravure sur bois, ce moyen
si personnel de s'exprimer, en harmonie complète avec les impressions typographiques et qui, par ses tailles franches et ses oppositions tranchées d'ombre et de lumière, rappelle si bien la manière des imagiers du moyen-âge, ne pouvait que convenir admirablement à la représentation des divers aspects de la Ville du Passé.
Mais autour de ces gravures et pour leur donner toute leur valeur significative,
un texte s'imposait qui, rappelant à grands traits les fastes héroïques de la cité
ancestrale, en vint exalter les moments historiques ou plutôt légendaires, sût la
situer dans une atmosphère passée et présente, en magnifiât l'ordonnance et
l'impérissable beauté.
La Ville du Passé était l'œuvre de trois volontés réunies dans un but commun. »
Disons tout de suite que ces trois volontés ont mené à bien leur œuvre, qu'on
les sent animées d'une foi égale et d'un vif amour pour leur terre Audoise.
Toute œuvre née d'une foi ardente ne peut être que haute, vibrante et vivace
et empreinte de cette grandeur même qui rappelle les artistes des cathédrales
construisant en pleine ferveur.
Un phrase ample, souple et musicale ouvre le livre dont les chapitres ne
sont qu'une succession de poèmes en prose tout fleuris de légende et de songe.
« Au sein des temps présents, hantise de jadis, immobile comme un rêve de
pierre, « La Ville du Passé » dresse ses murailles jaunes et ses toits d'ardoise
où grimacent les chimères convulsées des girouettes, au-dessus de la traînée
pourpre des vignes d'automne... » Et c'est dans ce premier chapitre, une série de
bois gravés où le sens décoratif se manifeste avec une impressionnante sûreté,
hors texte ou gravures dans la page : une vue générale de la Cité, la montée
de la Porte d'Aude, les Défenses de la porte d'Aude, la Porte de Rodez, les
vieilles maisons autour du château et près des remparts, les Remparts du Sud et
du Nord, puis, ouvrant en frontispice le second chapitre, c'est la magnifique
Porte des morts de l'église Saint-Nazaire. « Voici, écrit l'auteur, le portail
roman, bas et trapu, et la porte des morts, légère, élancée, ouvrée. Ses fines
colonnettes blanches soutiennent l'arc principal que surmonte le gable triangulaire où s'inscrivent une grande et de petites rosaces de pierre; des clochetons
qui reposent sur des gargouilles s'élèvent de chaque côté. En arrière, large et
rayonnante, fleurit une rose de verre que les lumières intérieures éclairent faiblement. »
Il est rare de trouver réunis en un artiste le don de graver et celui de décrire
avec ferveur et précision l'œuvre gravée. C'est ce double talent qui nous attire
et nous retient ici. Ce chapitre se déroule sous nos yeux avec la grâce ou !a
puissance de ses images inscrites dans le bois, avec la finesse et l'ardeur de son
style; Saint-Nazaire, le soir, est une page d'art remarquable entre tant d'autres;
au premier plan, signe de force, la lourde colonne, et, dans le fond, la délicate
vision des vitraux; jeux d'ombres et de lumières dégressives; puis ce sont les
sombres tours Wisigothes, La Piéta au douloureux visage, et cette massive fenêtre
d'Aude où une fine colonne médiane crée une atmosphère aérienne.
Dans l'ombre des murailles nous suivons le conteur qui évoque les figures de
l'histoire et de la légende, les cortèges guerriers que l'on entend à nouveau se
mettre en marche avec leurs bruits d'armes. Et voici le mâle visage de ce
Bernard Délicieux en révolte contre l'Inquisition et dont la voix d'apôtre tonna
dans les églises du Midi; voici, gravés avec aisance et sûreté, La Porte Narbonnoise, l'Entrée de la Porte d'Aude, le Grand Puits.
Nous sommes maintenant au cœur des légendes, au temps où Charlemagne
regarde Aymeri prendre Narbonne, et où Carcassonne se donne librement à lui;
et toujours par le texte et l'image, nous revoyons Le château, la voûte de la
Tour de l'Evêque, les vieilles maisons et les vieillies tours, la Barbacane du château.
�— 64 —
Puis c'est Vhymne final à la Terre des Ancêtres, à la bonne terre natale qui
« fit croître notre chair et nos rêves », où tant de races se sont heurtées ! C'est
en elle que nous retrouvons toutes les patries que, se dispersant, fondèrent ces
aïeux dont nous gardons en notre âme, tissée de leurs songe», les inquiétudes,
les révoltes et le frénétique désir d'indépendance.
Nous n'aurions garde d'oublier le sauveur de cette admirable Cité de Carcassonne, l'éminent historien et archéologue JEAN-PIERRE CROS-MAYREVIEILLE, grandpère de notre actif et sympathique Président. C'est à lui que les Audois reconnaissants ont élevé un monument sur la place même du château de cette Ville
du Passé qu'il a préservée de la ruine par son" indéfectible amour du sol natal
et son infatigable labeur.
Frédéric SAISSET.
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Revues et ouvrages reçus.
I
Service d'Echange des Revues :
Les Annales du Musée social (Paris); — L'Aude à Toulouse (Toulouse); —
L'Auvergne littéraire, artistique et félibrêenne (Clermont-Ferrand) :— Biou y Toros
(Nîmes); — Lou Bournat (Périgueux); — Le Cercle, du Goût Français (Paris);
La Chaumière (Rouen); — La Cigalo Narbouneso (Narbonne); — Le Courrier
Catalan (Paris) ; — L'Ermitage (Paris) ; — L'Eseolo Fclibreena (Montpellier) ; —■
L'Escolo de las Pireneos (Montauban) ; — L'Etendard Piscenois (Pézenas) ; —
I,'Eveil catalan (Perpignan) ; — Le Flambeau du Nord (Tourcoing) ; — Le Fédéraliste (Courbevoie) ; — Lo gai Saber (Toulouse); — Le Grenier (Orléans); —
Idées (Paris) ; — Le Limousin (Paris) ; — La Mouette (Le Havre) ; — La Nouvelle Revue du Midi (Nîmes); — Oc (Toulouse); — Paris-Critique (Paris); —
Le Parthenon (Paris): — La Pensée Latine (Paris); — Poésies (Paris); — Le
Prisme (Lyon) ; — Les Pyrénése Littéraires — Les Rayons (Bordeaux) ; — La
Revue des Indépendants (Asnières) ; — La Revue de la Nièvre et du Centre
(Paris); — La Rose d'Argent (Ruresne); — Septimanie (Narbonne); — La
Science historique (Paris) ; — Bulletin de la Société des Arts et Sciences (Carcassonne) ; — La Revue Latine (Paris); — Bulletin de la Société d'Etudes scientifiques de l'Aude (Carcassonne) ; — Le Soleil d'Oc (Toulouse); — Le Sol sacré
(Toulouse) ; — La Terre d'Afrique (Alger) ; — La Terre d'Oc (Toulouse) ; ■—
La Tramontane (Perpignan); — Le Bulletin de l'Union des Fédérations des
Syndicats d'Initiative (Paris) ; — Le Touring-Club (Paris) ; — Le Cadet de Gascogne (Paris); — Ceux qui vécurent (Paris): — Bulletin, de la Commission
Archéologique de Narbonne; — IJC Domaine (Foix); — La Revue des Autodidactes (Toulouse) ;.
Ouvrages reçus :
Les Amitiés Languedociennes, par Paul VALÉRY — Jean COCTEAU, etc..
Otani, roman par Pierre VALMIGKRE, éditions Gabelle. Carcassonne, 192(5.
Bos de Bénac, de P.-J.-Robert CANTAHRE, éditorial occitan, Toulouse, 1926.
La Route ascendante de Maurice Barrés, par Adrienne BLANC-PÉRIDIER, éditions
Spes, Paris, 1926.
Paysages d'Histoire, par BOYER D'AGEN, Paris-Lemerre.
Nos Troubadours, par LAJOINIE, Bordeaux, Féret 1926.
Au sommaire de La Nouvelle. Revue Française signalons « Au hasard et au
crayon ». de Paul VALÉRY; et un remarquable essai d'André CHAMSON, l'auteur de
Ronn le Bandit, dans lequel l'auteur oppose Mistral à Maurras.
Poèmes de l'Eté et de l'Automne en fleurs, par TOUNY-LERYS. La Pensée Française éditeur, Paris.
Les Poilus, par Joseph DELTETL, que notre collaborateur Jean Lebrau présentera
à nos lecteurs dans notre prochain numéro.
L'Idée et l'Ecran, par Henri FESCOURT et Jean-Louis BOUQUET, fascicule 111.
Notre collaborateur, A. LAMANUÉ, termine un nouveau roman : Les Enfants du
Siècle.
Ces publications et ouvrages figurent à la bibliothèque du Groupe et peuvent
être consultés par les membres.
�Beaux Arts
Grandes et Petites Expositions.
L>e Salon Oeeitan. — L>a Retrospeetive des Indépendants. — ToulouseLiautree. — Odilon Redon et Gustave fayet. — yylilette.
ous n'avons pas encore tout dit sur notre Salon
Occitan. Depuis la publication de notre dernier numéro des Feuillets, de nombreux articles ont encore été publiés sur notre exposition. Et dans des revues artistiques qui comptent parmi les plus intéressantes de la Capitale, notamment dans La Renaissance de l'Art
Français que fonda notre compatriote Henry
Lapauze et que dirige Madame Henry Lapauze
avec une activité digne de celle de son mari; dans L'Art et les
Artistes, aux destinées de laquelle préside Armand Dayot, dans
L'Amour de l'Art, L'Art vivant, etc.. La presse, tant parisienne
que provinciale, les journaux aussi bien que les revues artistiques,
ont très bien accueilli notre manifestation et en ont parfaitement
saisi le sens. Comœdia a conclu, en déclarant, il n'y a pas longtemps : « Le Salon Occitan a été un des plus curieux de la saison ».
Et cependant la saison actuelle a été fertile en manifestations
marquantes. L'importante rétrospective de Trente ans d'art indépendant a prouvé, comme cette inoubliable exposition des Cinquante ans de peinture française, au printemps dernier, que des
artistes libres et hardis, souvent ignorés ou critiqués durant lçur
existence, se sont affirmés aujourd'hui les figures dominantes de
notre époque. Ainsi les Courbet, les Corot, les grands impressionnistes, Manet, Sisley, Pissaro, Claude Monet, Renoir, les Degas, les
Cézanne, les Paul Gauguin. Vérité aussi évidente et saisissante que
�— 66 la vérité que ces peintres libres ont mise dans leurs œuvres. Par
là, ces novateurs ont renoué la chaîne traditionnelle. Et aussi par
leur recherche d'un faire nouveau. Car l'histoire de notre art nous
montre que les grands maîtres ont accompli un pas en avant sur
leurs prédécesseurs. Les vrais continuateurs de la tradition, ce sont
eux, les créateurs de nouveau, les indépendants. Point de paradoxe dans cette affirmation. Elle n'est pas uniquement mienne.
Paul-Boncour, qui a été un rapporteur distingué du budget des
Beaux-Arts, avant Rameil, a soutenu cette même thèse avec son
éloquence bien personnelle.
UYi grand artiste de chez nous, mort jeune, occupait une grande
place dans cettë" rétrospective des Inde-pendants. Je fais allusion
à H'enri de Toulouse-Lautrec (1). Toulouse-Lautrec, descendait d'une
vieille famille méridionale dont les domaines s'étendent un peu
partout dans nos régions, depuis Albi jusqu'à Narbonne, a été un
observateur perspicace, à l'ironie plutôt amère, des milieux de
théô.tre, de cirque, de music-hall, et des restaurants de nuit parisiens. Mon-confrère René-Jean souhaite de voir au Musée du Louvre, le tableau de Toulouse-Lautrec figurant un intérieur de café
montmartrois et qui revêt pour lui l'importance d'un document
significatif. Henri de Toulouse-Lautrec enveloppait ses analyses si
pénétrantes dans un métier de coloriste raffiné, recherchant des
harmonies de tonalités. Il se situe bien à ce point de vue à côté d'un
Vuillard. Celui-ci a d'ailleurs esquissé à l'huile un petit portrait en
profil de Toulouse-Lautrec, coiffé d'un chapeau mou de voyage, le
cou émergeant d'une chemise blanche à quadrillages bleus. Ce
portrait est lui-même aussi expressif qu'harmonieux.
Les coloristes d'aujourd'hui ont hérité des impressionnistes la
fraîcheur et la clarté de la palette. Mais ils ont poussé plus1 loin
qu'eux la préoccupation d'harmoniser entre elles les tonalités. Ce
sont des harmonistes, des musiciens de la couleur. Ils accordent
non seulement des tons amis, mais encore des tons opposés. Ces
coloristes étaient nombreux dans cette manifestation indépendante
où l'on a remarqué des peintures de Matisse, Bonnard, Vuillard,
Denis, Lebasque, Flandrin, Marquet, Camoin, Fraye, Puy, etc.
Tous ces peintres ne sont pas occitans. Pourtant nous avons dans
oe jardin des coloristes un des nôtres, et non des moins délicats. Tl
s'agit de Pierre Laprade. Les toiles de Laprade dans la rétrospective
du Grand Palais étaient bien représentatives de sa manière, depuis
cette nature morte au masque jusqu'à ce paysage italien avec la
statue de la Louve, en passant par ce site parisien de Notre-Dame
(1) Nous donnerons dans un prochain numéro des reproductions d'oeuvres de
Toulouse-Lautrec, extraites de H. de Toulouse-Lautrec, par Achille ASTRE, aux
Editions Nllson.
�/WitiT
LE
MARCHE
Bois do
LAGAKIUUE.
�— 68 et ce pont de yacht en Hollande. La distinction de la couleur, la
nonchalance aristocratique du trait n'excluent pas la solidité chez
Pierre Laprade. Le toulousain Paul Ramond attirait l'attention par
les tons chauds, hardiment vifs, de ses coins des Pyrénées-Orientales. Chabaud exposait de vieilles paysannes du midi, des dévotes
se rendant à l'église dans ces décors si vigoureusement décrits avec
du bleu de ciel, des blancs plâtreux et des noirs. Le montalbanais
Ramey avait également un envoi caractéristique, ainsi que ses voisins provençaux, Girieud, Lombard, Verdilhan.
De nombreuses expositions particulières, des expositions de
groupe avaient précédé cette rétrospective des Indépendants et
l'ont suivie. Parmi les premières il convient de noter celle d'André
Fraye qui a réuni chez Dru des peintures fleuries des Sablesd'Olonne, des ports de mer avec des barques légères ou de lourds
paquebots, des plages animées de l'élégance de robes féminines.
Fraye y a affirmé l'acuité de son œil, sa sûreté à discerner et à
fixer dans le ton et dans la valeur les rapports de couleurs. Et il
ne faut pas oublier non plus les ensembles d'Henri Oftmann, peintre de la vénusté de la femme; de Quelvée; les aquarelles de PicartLe-Doux; les œuvres de Marie Droppe, éprise de clarté et d'arabesques décoratives dans ses bouquets ou ses scènes bibliques. Au
Palais de Marbre, notre' avisé confrère M. Louis Vauxcelles a
groupé une série de Visages dans lesquels le relief de la vie se traduisait dans un métier vraiment pictural. Ils avaient été exécutés
ces visages, par de grands artistes comme Carrière, Courbet, Manet,
Degas, MonticelH, Vallotton, Albert Besnerd. Et aussi par des peintres justement réputés de la jeune génération, tels que René Piot,
Asselin, Déziré, Flandrin, Marguerite Crissay (têtes bien modelées de jeunes filles), Roland Chavenon (tête de jeune homme à la
casquette), Féder, Mainssieux et ses mauresques, Marie Laurencin, etc. Un bon peintre occitan parmi ces modeleurs de visages
dans la pâle colorée : Auguste Chabaud dont j'ai déjà parlé, et,
parmi les modeleurs en sculpture, Auguste Guénot avec une amène
tête de jeunesse souriante, et Parayre.
Le Pavillon de Marsan a été bien inspiré en abritant dans ses
larges et claires salles l'œuvre d'Odilon Redon et les tapis de Gustave Fayet, notre compatriote de Béziers. Cette double exposition,
en même temps qu'elle a donné une consécration méritée à deux
grands artistes, a constitué une sorte d'hommage à l'amitié. Odilon
Redon, né à Bordeaux, et Fayet, originaire du Bas-Languedoc,
s'étaient intimement liés, depuis qu'ils s'étaient connus en 1905.
Gustave Fayet, pour se rapprocher de Redon, lequel habitait Bièvres, avait acheté, dans le voisinage, cette jolie gentilhommière
�— 69 —
d'Igny, datant du xvnT siècle, et où il avait rassemblé, avec son
goût très sûr, au milieu de meubles Louis XV et Louis XVI, une
précieuse collection de peintures modernes allant de Cézanne, Van
Gogh, Gauguin, jusqu'à l'italien Bonanomi. Odilon Redon comptait dans cette collection pour une centaine de numéros. Lorsque
Fayet eût acquis l'ancienne abbaye de Fontfroide, il demanda à son
ami Redon de la décorer. Et c'est en voyant Odilon Redon brosser
ses panneaux avec amour que Gustave Fayet fut tenté de reprendre ses pinceaux qu'il avait abandonnés depuis sa jeunesse. Redon,
tandis qu'il travaillait, invitait, du haut de son échelle, Fayet à se
remettre à peindre. Gustave Fayet l'avait écouté, et ne devait pas
s'en repentir.
Fayet nourrissait depuis longtemps le projet de réunir un ensemble de Redon qui pourrait donner une idée de la personnalité de ce
grand artiste. Odilon Redon ne jouissait pas, au gré de Fayet,
d'une célébrité à la mesure de son envergure. L'exposition du
Pavillon de Marsan a réalisé entièrement le but cherché par le
fidèle d'Odilon Redon. Celui-ci y est apparu comme un créateur
doué d'une imagination des plus fécondes, comme un symboliste
vraiment inspiré, à travers ces sujets historiques tels que le
Rolland ou YOphélie, à travers ces scènes bibliques de la Fuite en
Egypte, d'Eve ou de Jacob et l'Ange, à travers ces compositions
mythologiques comme ce Quadrige avec Phaëton, plusieurs fois
traité. Même les Barques, par quoi le peintre a été hanté, même
les bouquets de fleurs champêtres ont un langage symbolique.
Redon est demeuré encore un idéaliste lorsqu'il a portraituré Vuillard, Olivier Sainsère, Madame Redon, surtout lorsqu'il a rendu au
pastel le pur profil de Mlle Simone Fayet, en première commu
niante dont les voiles blancs contrastaient avec la bigarrure chatoyante d'un vitrail. Pourtant Odilon Redon s'avère bien, dans toutes
ses œuvres, — peintures, pastels, fusains, lithographies — le peintre qu'il voulait être avant tout, celui qui ambitionnait « de faire
rivre humainement des êtres invraisemblables, en mettant, autant
que possible, la logique du visible au service de l'invisible ».
Gustave Fayet voisinait avec Redon, mais seulement avec une
imposante série de ses tapis si particuliers et auxquels j'ai consacré,
dans ces Feuillets et ailleurs, de nombreuses études. Fayet s'y montre lui aussi un coloriste rare, ayant reçu le don d'une imagination
très fertile dans l'invention et l'arrangement de la couleur. Chacun
de ces tapis constitue une symphonie de tons, présentant ici l'éclat
d'une floraison, là le moelleux de la neige, là l'étrangeté d'une
végétation marine. Chacun d'eux est « un état d'âme ».
Malheureusement, Gustave Fayet n'a pas eu la joie d'assister à
�— 70 cette manifestation de Redon jointe à son exposition qu'il avait
préparée lui-même avec tant de piété. Une mort brutale l'a frappé
— on le sait — quelques mois avant. Et ce n'est pas sans une vive
émotion que nous y avons pensé, trouvant dans ces circonstances
pénibles des motifs d'augmenter davantage nos regrets.
Des regrets, nous en avons eu encore en apprenant la mort d'un
autre grand artiste, Willette. Celui-ci n'était pas occitan, mais il
méritait d'être de chez nous par son caractère généreux, par son
cœur, par son inspiration toute latine. On a publié de nombreux
articles sur le père de Pierrot. Et j'ai entendu au Caméléon une
causerie vraiment intéressante de Louis Richard, lequel avait été le
camarade de Willette au Chat Noir. Richard a déroulé, avec une
ferveur émue, tout un long chapelet d'anecdotes qui éclairaient
d'une vraie lumière l'esprit et l'âme de ce dessinateur et de ce
peintre. Je n'en cite qu'une. Le jeune Willette effectuait avec plusieurs artistes, sous la surveillance d'un pontife connu, la décoration d'une salle. Le maître avait formulé à l'artiste une remarque
qui avait froissé son sentiment de l'indépendance. Aussi, le lendemain, que) ne fut pas l'étonnement do tous en apercevant Willette
en habit de collégien. Le peintre avait revêtu l'habit de potache
d'alors, la tunique sjerrée à la taille, le k.épi. Et comme le maître
sollicitait du jeune artiste des explications sur cette tenue, celui-ci
de déclarer qu'elle correspondait à la réalité, puisqu'il avait été
traité par lui en écolier.
J'ajouterai un petit document à ceux de Louis Pichard. Ce dernier n'a pas rapporté que Willette avait un ami dévoué dans notre
pavs d'Oc. Tl s'agit de Jules Azéma. félibre, poète, conseiller général de l'Aude et maire d'une commune de ce département. Azéma
aime beaucoup les livres et les tableaux. Il m'écrivait, il y a quelques mois, au sujet de Willette : « Le 4 janvier dernier, il m'envoya
une lettre qui est pfiul-être la dernière qu'il ait écrite. On venait de
lui faire une saignée et, avec son sang, il me dessina un Pierrot
portant les ar>;mes avec un crayon et criant : « Vive Mossieu le
Maire ». J'ai plusieurs autoà-raphes du maître que je qarde précieusènient et une aquarèUe qu'il peignit sur la feuille de garde de son
livre : FEU PIERROT... »
Que Jules Azéma me pardonne d'avoir rendu publique cette lettre qui était destinée à rester intime. Mais ne contient-elle pas un
trait d'une délicatesse touchante et qui finit bien cette esquisse trop
rapide du cœur de Willette ? Celui-ci a dessiné souvent des cœurs
symboliques dans ses dessins. Et il a mis dans le ciel montmartrois
des bandes de Pierrots, minces, gracieux comme des chérubins et
ayant, tous, des âmes de poètes.
PAUL-SENTENAC,
�— 71 —
La Musique.
L»e Souvenir de Déodat de Sévérae.
Un soir du mois de Mai 1910, à Géret, dans une petite chambre
d'hôtel de la rue Saint-Ferréo) où, bercé pai? des vagues de plainchant et par les symphonies vallespiriennes, Héliogabale prenait
vie, j'étais allé voir Séverac.
Il travaillait devant sa fenêtre; et de sa table, où mille feuillets
épars recélaient la splendeur des floraisons futures, il voyait l'Albère profonde et bleue participer à toutes les magies de l'heure et
de la lumière. « Tu vois, ça, me dit-il, en me montrant le paysage
ardent tout patiné de crépuscule, tu vois, ça, c'est la plus belle des
sonates ! »
Il y a cinq ans, devant la miraculeuse harmonie de « la plus
belle des sonates », —s la Sonate Catalane — où il était venu chercher l'inspiration de ses dernières œuvres, s'éteignait doucement, le
Jeudi-Saint 1921, à l'âge de 49 ans, le Mùsicien de la Méditerranée,
le Poète des voix languedociennes, le révélateur de la beauté roussillonnaise, celui qui partage avec Mistral le merveilleux honneur
d'avoir synthétisé dans son art l'âme de tout un pays, le chant de
toute une race.
*
**
C'est devant une mort comme celle de Séverac, une mort qui emporte avec elle tant de beauté et tant d'espérance, que l'on peut
vraiment mesurer toute la profondeur, toute l'horreur de l'irréparable.
Séverac mort, notre vie à nous, qui vivions avec lui, est brusquement amoindrie, rétrécie, bornée. On dirait qu'il y a moins d'espace, moins de lumière autour de nous. J'ai senti vraiment, le soir
de l'enterrement à Céret, un peu de cette désolation anéantie, sans
réaction, sans révolte, qui vous laisse, après les grandes catastrophes, devant l'irrévocable « c'est fini ! ».
Mais comme il reste clair et vivant, dans notre pensée !
Je me souviens de ce que disait Fontbernat, le lendemain : « Semble pas que sigui !... Semble pas que sigui ! »
Et que d'images, dans mes souvenirs !...
... Déodat au piano des de Guibert, le jour de la première rencontre... L'amitié si vite nouée à cause d'une parenté commune, à
cause des chansons catalanes qu'il ne connaissait pas encore, et du
�— 72 —
rayonnement que son jeune génie de vingt-huit ans dégageait déjà...
...Déodat chez Armand, le printemps de son arrivée à Céret, et la
chambre devant les cerisiers en fleurs, avec le manuscrit d'Héliogabale, les mots de Manolo, le rire brun de Nina Séréni, le papillonnement des petites Charry...
...Déodat à Béziers, le soir d'Héliogabale, la grande apothéose
d'or du dernier acte, au coucher du soleil, et les dix mille spectateurs acclamant, et l'apparition sur la vaste scène du petit homme
aveuglé, si humble, si honteux, traîné par Sicard et de Max...
Déodat chez Gaveau, le jour de l'audition parisienne et du triomphe des Mattes, sa simplicité devant les ovations et les poignées de
mains illustres.
...Déodat pendant la guerre... le vaguemestre de Prades, si peu
belliqueux !... les vacances à Font-Romeu... les déjeuners en forêt,
devant les lacs, avec Selva, et lui, si gai, si heureux, si gentiment
joyeux, entre sa femme et Magali, au milieu d'amis, en Cerdagne !
... Et puis, les premières atteintes du mal... Notre travail en
commun... Le Roi Pinarl... l'agrément de cette collaboration exquise, lui au piano, moi penché près de lui, sur la feuille blanche...
...Et ces séjours à Paris ! Déodat au Napolitain, avec les camarades retrouvés... Déodat chez Rouart me jouant cette Miort de
Pan qu'on ne retrouvera jamais... La « première » d'Hélène de
Sparte avec Rubinstein, et lui si simple, si nature, si Languedoc, si
terroir, au milieu de ces célébrités imposantes, de ces gloires parisiennes et de ces snobs...
...Et puis, le dernier automne... l'affaiblissement... la visite à
Saint-Félix; lui, plus affectueux, plus tendre, déjà résigné, me montrant les choses de son enfance, la maison, la salle de musique, les
vieux tableaux de famille, l'église, les orgues, les horizons inspirateurs, et le geste qu'il eut, si grand, sans lyrisme, pour me désigner
cette direction, là-bas, le « Canigou » !
Et puis Céret... les derniers jours... l'agonie... la chambre avec
le soleil du printemps au dehors, et cet homme sur ce lit, ce grand
génie râlant, émacié, devenu Christ, avec cette désolation muette,
autour...
Déodat ! Déodat ! Quelles musiques dans ton nom ! Que d'harmonies anéanties ! Que de délectations promises ! Que de beauté qui
ne mourra pas !... Oh ! cet enterrement ! tes orgues, Déodat ! tes
orgues sous les doigts d'un autre !... J'ai pleuré; tout le monde a
pleuré. On a pu, enfin, parce que tu étais mort, crier ta gloire, dire
ton génie. On a prononcé des jugements, des noms, Virgile, La
Fontaine, Mistral...
Déodat... Déodat...
ALBERT BAUSIL.
�ARCHÉOLOGIE
MÉRIDIONALE
L'écroulement du Clocher de la Dalbade
à Toulouse.
d'information du monde entier a annoncé la
catastrophe toulousaine.
Le dimanche 11 avril 1926, à 3 heures 15 du
matin, le clocher de l'église Notre-Dame la Dalbade s'est effondré, anéantissant plusieurs maisons
et une partie de la nef, faisant deux morts et une
trentaine de blessés.
L'église paroissiale de la Dalbade avait été reconstruite dans sa forme actuelle au début du XVIe siècle.
C'est un édifice à large nef unique, à chapelles latérales logées entre les contreforts suivant les principes de l'école gothique
du midi de la France. La façade ouest, très élégante, rappelle les clochers
plans usités dans la région depuis le début de l'époque romane, mais
elle est purement décorative et « défensive », car l'église était fortifiée.
Le clocher avait été établi au nord-est de la nef. Or* le commença
en 1501 ou 1502 sur plan carré. Mais on avait projeté une tour si considérable que les murs de la base (2 m. 40 d'épaisseur) absorbèrent tous
les crédits; il fallut s'arrêter. Le travail fut repris assez longtemps après
et terminé en 1551 seulement.
Contrairement aux habitudes toulousaines, les quatre étages supérieurs furent continués sur plan carré et non sur plan octogonal. De
plus les angles furent renforcés par des tourelles de plan circulaire. Un
procès-verbal de visite du xvir siècle nous apprend que la flèche était
soutenue par quatre arcs-boutants, ce qui est également inusité dans
A PRESSE
�— 74 —
la région. Chaque étage comportait huit baies en tiers-point, soit deux
baies par face et par étage.
Le tout était entièrement construit en bonnes briques cuites, mais
une assise de pierres sculptées courant horizontalement entre chaque
étage rompait heureusement la monotonie de la teinte rouge.
A la Révolution, le Directoire du district prit le 21 pluviôse an II un
arrêté ordonnant la démolition des clochers de la ville jusqu'à hauteur
des combles des nefs : le principe d'égalité l'exigeait... On commença
par celui de la Dalbade qui était le plus élevé, mais o.-i s'arrêta fort
heureusement après avoir supprimé la flèche et la moitié du dernier
étage.
Le clocher resta ainsi découronné pendant près d'un siècle. « En 1881,
écrit l'abbé Julien dans son Histoire de la Dalbade (1891, page 212),
M. le curé de Laportalière, après avoir mûrement pesé les formidables
responsabilités qu'il devait assumer pour relever les parties abattues,
ne recula ni devant les périls, ni devant la dépense d'une telle entreprise. »
Cette restauration fut faite en très peu de temps, à la suite d'une souscription publique, sous la direction de l'architecte Bach.
Le curé actuel de la Dalbade, M. l'abbé Dufau, avait déjà des craintes
pour la solidité du clocher il y a trente ans, quand il prit possession de
son poste. Les architectes placèrent des témoins de verre sur les lézardes; ces témoins firent consciencieusement leur office, se brisant les
uns après les autres; consciencieusement aussi, ils furent renouvelés à
plusieurs reprises jusqu'à cette année et leur désolant témoignage ne
fut, hélas ! d'aucune utilité.
En 1908, j'avais moi-même travaillé plusieurs journées de suite dans
les combles et sur le chemin de ronde de l'église en vue de relever diverses cotes pour mes travaux archéologiques; je constatai de près l'état
de délabrement de la tour, mais il me fut impossible d'y pénétrer par
suite d'une consigne rigoureuse qui avait pour but de protéger non les
visiteurs, mais les fameux « témoins ».
Un mois avant la catastrophe, des briques tombèrent des étages supérieurs; l'aide carillonneur, Marius Clastres, prévint aussitôt le Chanoine
Contrasty, procuré, qui avertit à son tour l'architecte de la ville, M. Milloz.
Ce dernier procéda à une visite du clocher; il y revint quelques
jours après, accompagné de son collègue, M. Curvale, architecte des
monuments historiques. Tous deux furent d'avis que des réparations
s'imposaient, mais ils reconnaissent n'avoir pas soupçonné l'imminence
de la chute. Ajoutons que M. Curvale avait accompagné l'architecte de la
ville à titre purement confraternel, l'administration des monuments historiques n'ayant que la charge d'entretenir la façade, seule partie de
l'édifice soumise au « classement »; le reste de l'église est inscrit depuis
le 18 mai 1925 sur la « liste complémentaire » des œuvres d'art; cette
�— 75 —
inscription comporte seulement pour le ministère certains droits de surveillance, et nul devoir d'entretien.
A quelle cause attribuer le désastre ?
A un séisme ? Assurément non, tous les observatoires de l'Europe
occidentale certifient n'avoir enregistré cette nuit-là aucun mouvement
tellurlque.
A une bourrasque ? Pas davantage. L'observatoire de Toulouse a fait
connaître qu'à trois heures du matin le vent soufflait avec une vitesse
de neuf mètres à la seconde. C'est là un vent « assez fort », mais pas
un vent de tempête. Tout au plus pourrait-on accuser le vent d'avoir
avancé l'écroulement de quelques heures, et il faut lui en savoir gré, car
si le fait s'était produit dans la matinée (c'était un dimanche), passants
de la rue et fidèles dans l'église auraient péri par centaines.
Un archéologue de nos amis a soupçonné la Garonne... Elle est assez
voisine, en effet, et l'humidité pourrait avoir sapé les fondations. J'écarterai encore cette hypothèse, d'abord parce que les assises de la tour
très massives sont restées à peu près intactes, ensuite parce qu'un
mouvement de la base aurait eu pour conséquence de faire pencher toute
la masse d'un côté quelconque; : or l'on n'a jamais remarqué rien de
semblable.
A notre avis, la première faute est imputable aux constructeurs de
1550, qui, à court d'argent, donnèrent aux murs des 1er et 2e étages une
épaisseur disproportionnée avec la hauteur de l'ensemble (84 mètres).
Ce qui est plus grave, c'est que le clocher resta sans toiture ou sans dallage protecteur pendant près de cent ans; la pluie a pu ronger le mortier
tout à son aise, et que vaut la brique sans le mortier ? Enfin, l'architecte
de 1882 a très hâtivement chargé cette tour si longtemps mutilée, d'une
flèche trop haute et trop lourde, tandis que les murs recevaient encore
la charge d'une trentaine de cloches, dont une pesant 1.500 kilos. Dès
cette époque, de nombreux cris d'alarme furent poussés, mais en vain :
« on trembla de peur dans le quartier Saint-Rémézy », dit un écrit de
l'époque. On tremblait de nouveau depuis quelques mois...
Je reviendrai peut-être sur la question des responsabilités, qui intéressse tous nos malheureux monuments de France : la place me manque
aujourd'hui.
Quant au clocher, il est certain que sa silhouette élancée manque au
paysage classique du quai de Tounis. Mais les archéologues déplorent
médiocrement sa disparition.
Car ce clocher était un intrus.
Par son plan carré, ses tourelles rondes, il rappelait la tour de SainteCécile d'Albi, dont il était, du reste, une maigre copie. Par ses baies
en tiers point, ses arcs-boutants et sa flèche aiguë, il se rattachait au
style gothique du Nord. Ce clocher n'était pas Toulousain, et peut-être
�- 76 tenons-nous la vraie raison de sa ruine. D'abord, sa forme n'était point
appropriée aux matériaux de la région; ensuite c'est sans enthousiasme
et sans expérience que les maîtres maçons de Toulouse l'ont fait sortir
de terre. Ne soyons pas surpris si cette fleur étrangère au terroir s'est
prématurément flétrie.
Les monuments, comme tous les produits de l'art et de la nature,
doivent être adaptées à leur milieu, c'est-à-dire être de leur pays et aussi
de leur époque. Le futur clocher de la Dalbade sera, souhaitons-le, un
clocher vraiment Toulousain et un clocher du xx" siècle.
E.-H. GUITARD.
« Le Groupe Occitan estime qu'un Comité devrait se former pour ouvrir
« une souscription destinée à contribuer à la reconstruction d'un monument
« qui constituait l'une des richesses d'art de la capitale du Languedoc et faisait
« partie intégrante de sa silhouette. »
N. D. L, R.
�Les Lettres Occitanes
JSlotre enquête sur
Le Problème Oeeitan
1° Raisons d'agir (suite)
Réponse de M. AbCRfiTEf* DE BRAHM.
Langue d'Oc est menacée. Rassurons-nous; ce
n'est que par la circulaire d'un Ministre. Mais
qu'avez-vous dit en apprenant que ce ministre
est lui-même un enfant du Midi, de cette région
agéno-quercynoise qui, si elle a donné le jour
à Jean M'a rot, n'ignore point qu'elle eut, au
M/oyen-Age, des tfoubaïres, et que le prestige
d'un Cladel, d'un Pouvillon, d'un Delbousquet
n'effacent point le rayonnement d'un Antonin
Perbosc.
Il y eut toujours, de par le monde, des êtres
prédestinés. Notre ministre est de ceux-là. Qui
donc, en effet, aurait pu supposer que sa réponse négative à la pétition de la Liga per la lénga d'Oc a l'Escola
serait, en quelque sorte, le plagiat édulcoré de la décision prise, il
A
�— 78 —
y a tantôt un siècle moins huit ans, par le Conseil d'arrondissement
de la cité de Cahors, résolue, dès alors, à proscrire des assemblées
l'usage des patois, si respectable que parût cet héritage ancestral,
pour cette simple raison qu'ils n'ont pas su s'élever au rang des
langues écrites. Ce fut ainsi, cependant. Et quel dommage que
Charles Nodier n'ait plus été de ce monde pour constater la réalité
de ce conte fantastique sorti de sa plume alerte et salace, nous édifiant sur la mentalité « centralisatrice » des notables conseillers de
l'arrondissement cahorsin.
Donc, le folk-lore des mille et un troubadours, dont vingt professeurs, taillés à l'aune d'un Jeanroy ou d'un Anglade, ne parviendraient pas, dans leurs cours, à épuiser la matière; donc les gestes
de Fiérabras et de Gérard de Roussillon, — les poèmes couronnés
aux Jeux Floraux depuis tantôt cinq cents ans, depuis qu'Arnaud
Vidal inaugura leur palmarès, — et le dictionnaire de Jean Doujat,
associé à l'œuvre de Goudoulin, et tous les vieux grilhs: de Toulouse, et Jasmin, et Mistral, Aubanel, Roumanille, Paul Arène,
Fourès, Charles Gras, Victor Gelée, Vermenouze, Maingot, voire
Vestrepain; puis, de nos jours, Philadelphe de Gerde, Camelat, Delbousquet, Charles Derennes, Estieu, Sully, André Peyre, Antonin
Perbosc, etc., en un mot tout l'édifice monumental bâti par les
ouvriers de dix siècles de rang, et dont les textes demeurent, tout
cela n'a pas qualité pour prétendre relever d'une langue écrite !
Eh bien ! mais si au lieu de la renforcer, on avait levé l'interdit
qui pèse sur les langues occitanes depuis l'issue de la guerre des
Albigeois, et que renouvela en 1539 l'Edit de Villers-Cotterets, il est
fort probable que les grammairiens eussent unifié la langue d'Oc et
fixé des règles à son expression littérale, tout comme le firent pour
l'autre, après une si longue période de relative anarchie linguistique, Vaugelas et Malherbe, précurseurs des Précieuses de l'Hôtel
de Rambouillet. Et encore, peut-être valait-il mieux qu'il n'y eût
point de grammairiens, et qu'il advînt ce nue d'aucuns, à tort d'ailleurs, déplorent aujourd'hui, puisqO'ayant eu nous-même le bonheur de nous initier à l'usage des dialectes occitans, il nous fut aisé
de constater une différence d'expression, et surtout de construction
grammaticale, beaucoup moins sensible entre un texte médiéval du
pays d'Oc et ses poèmes actuels, qu'il n'en existe entre la Chanson
de Roland et la Légende des Siècles.
De tout ceci, il appert tangihlement, nue les doctrines jadis libertaires, voire moscoutaires, d'un politicien se sont ralliées, comme
par miracle, aux conceptions d'un pouvoir se disant libéral et qui
appréhende les conséquences d'un enseignement bilingue, dans une
même nation. Si l'on veut bien songer un instant que ce politicien
�— 79 —
a voyagé en Russie depuis l'ère des bolchewiks, on est fondé à
s'étonner du peu de profit qu'il a tiré de ce voyage, au point de vue
philologique.
Imaginez, un instant, au fond de l'une quelconque des provinces
de la Russie d'Europe ou d'Asie, le maître d'école, que nous supposons initié à la langue officielle, obligé de s'en servir exclusivement
pour l'enseigner à des petits moujiks de Laponie, à des Kisghis, des
Samoyèdes, voire à de jeunes Tatars de la province de Kazan. Voilà
certes une idée qui n'eût jamais hanté même l'esprit d'un Bismark, en 1871, au lendemain de l'annexion de l'Alsace, et je n'ai
pas ouï dire qu'on ait interdit au Schulmeister d'user de son dialecte régional pour adapter ies petits « wakes » aux difficultés de la
langue de Schiller et de Goethe.
Ce que Louis XIV, monarque absolu, n'a pas voulu imposer aux
Alsaciens, lui qui donna, tout au contraire, à l'Académie des Jeux
Floraux des lettres patentes consécratives ; ce que Napoléon Ier,
même, n'a pas songé à ordonner aux multpiles nations soumises à
sa tutelle ou à son protectorat, il est étrange en vérité qu'un régime
démocratique s'obstine à le prescrire.
D'autant qu'il y a, dans cette interprétation ministérielle du vœu
de la Ligue occitane, matière à malentendus, ingénieusement entretenus.- Perbosc ne s'y est pas mépris, lorsque dans sa belle suite
d'articles parus au journal Oc, en faveur de la défense des langues
die France à l'école, il a montré qu'on avait, comme à plaisir, embrouillé les questions. Estimons-nous heureux de ce que Montauban, par la plume autorisée du poète des Pimpanellos, s'emploie
aussi ardemment à corriger l'erreur séculaire des duumvirs de
Cahors.
Que demandait la Ligue, dans son manifeste, si nettement coordonné, en ses divers éléments, par notre confrère Jean Bonnafous,
Cadurcien dissident, puisque féal observateur des traditions occitanes ? Simplement licence d'utiliser les dialectes locaux pour l'enseignement du français. C'est là un palliatif précieux, on l'accordera volontiers, aux inconvénients de la méthode directe conforme
aux ukases universitaires, et qui impose l'usage exclusif du français
à l'adresse de gamins qui n'étant jamais sortis de leur village ou
dés fermes environnantes, ne savent s'exprimer qu'en patois, ainsi
qu'ont fait leurs ascendants depuis nombre de générations.
Où voit-on en cela un danger ? Et que signifie en ce débat, la comparaison entre les versions et les thèmes occitans proposés par le
maître, mais réprouvés par le ministre, et les mêmes exercices recommandés par celui-ci dans l'étude des langues nobles., mortes ou
vives ?
�— 80 —
Etude généralement vaine et sans portée efficace, nous ne le
savons que trop, lorsqu'elle ne se peut compléter par un séjour aux
pays d'origine. Tellement vaines que les plus savant professeurs se
disputent encore sur la manière de prononcer le latin et le grec,
sans penser peut-être qu'ils n'auraient qu'à s'inspirer de la prononciation occitane et de la grecque moderne pour reconstituer à
peu près normalement l'ancienne. Manœuvre délictueuse, antipatriotique peut-être, en ce sens que cet effort employé à rehausser
le prestige d'un dialecte aux yeux des enfants qui le balbutièrent,
des hommes qui en lisent les chefs-d'œuvre, risquent d'entraver
le nivellement général, l'uniformité préconisée comme le sésame du
progrès, et qui, selon la pittoresque expression inspirée d'après Musset à Grandilhon Gens d'Armes, dans sa réponse à une enquête de
M. Aimé Giron, figariste, « tend à racler les dernières aspérités de
ce grand potiron bien lisse que sera un jour la France, puis le
monde ».
Accordons que très complaisamment, il est vrai, le Ministre a pris
la peine de rhétoriquer avec ampleur pour expliquer son veto. Mais
il ne laisse pas de nous surprendre, lorsqu'il objecte, d'un ton interrogatif, que nul pédagogue qualifié n'est d'avis qu'on puisse mettre en œuvre le breton, le basque, le flamand (et l'alsacien qu'il
oublie), pour enseigner le français; donc, à fortiori les dialectes de
Provence, de Gascogne, de Languedoc et d'Aquitaine ?
Au surplus, l'idée d'accorder (et ceci est une autre question,
mêlée on ne sait trop pourquoi à cette controverse), une place à
l'enseignement de ces dialectes dans les écoles» normales dépasse
son entendement. En vérité, que nous voici donc loin du programme
d'unification scolaire préconisée par le parti socialiste ! Ainsi donc,
ce qui est œuvre pie dans les universités ou facultés de Rennes,
Bordeaux, Toulouse, Montpellier eî Aire, devient apostasie dans les
écoles normales primaires et même secondaires ! C'est peut-être
que l'esprit égalitaire entend malgré tout, et fort bourgeoisement,
maintenir des cloisons étanches entre les trois degrés scolaires ? Et
voilà qui n'est point du tout pour nous surprendre. N'importe.
Tous les ministres du monde peuvent élaborer des circulaires prohibitives, concises ou prolixes. Ils se heurteront toujours au bec de
gaz de la nécessité pratique, laquelle ne connaît point de loi; et
tant qu'il y aura des dialectes, voire des patois usités en nos terroirs régionaux, le maître d'école s'en servira toujours, s'il les
connaît, en vue de faire entrer dans la boussole d'un petit pâtre
mal dégrossi les rudiments de la grammaire et de la langue nationales.
Et puis, quoi qu'on veuille, quoi qu'on dise, ou écrive, ou im-
�prime, il y a eu, il y a deux langues françaises en France, depuis
que l'influence tudesque a accompli dans le Nord ce que l'influence
latine avait auparavant réalisé dans la Gaule romaine. L'esprit gaulois s'est assimilé ces deux éléments. Mais si le Gallo-romain, réservant l'usage du latin d'Empire aux travaux intellectuels, s'est mué
en langue rustique, cette Gallia rusticana est devenue peu à peu la
langue d'Oc et, bien avant celle d'Oïl, a enfanté des œuvres littéraires.
Le Serment de Strasbourg (843), que l'on s'accorde à tenir pour
le premier monument de notre littérature nationale, nous en offre
une preuve éclatante, puisque, si l'on veut bien prendre la peine de
le prononcer avec l'accent et l'articulation qui normalement conviennent à ce texte, se révèle une page de cette langue d'Oc, généralisée alors sur tout le terriloire, mais plus ou moins modifiée dans
ses détails par l'influence germanique sévissant au Nord et la burgonde à l'Est, depuis le temps de Clovis jusqu'à celui de la dynastie carolingienne.
Et voici qu'après sept siècles d'efforts stériles employés à étouffer
les germes toujours renaissants (comme la mauvaise herbe, dirait
notre Ministre), de cette flore occitane, les esprits lucides, effrayés
de la décadence vertigineuse du français littéral, depuis surtout
l'invasion pacifique de quatre millions de naturels de tous pays sur
notre sol, s'aperçoivent de ce que, bientôt, sans le secours des dialectes occitans, il deviendrait matériellement impossible de renouer
les liens de filiation qui unissent le français au latin. Le vertige
de la vitesse a supprimé les flexions; le rôle de l'e muet est
devenu une énigme pour la plupart des jeunes poètes de l'heure
présente, l'articulation s'est oblitérée, et il semble qu'un mimétisme néfaste nous rapproche de l'anglais, sinon du petit nègre. On
s'ingénie, ici comme en toutes autres questions où les pouvoirs
publics mettent leur nez, à compliquer ce qui gagnerait à être simplifié, à simplifier ce qui, par la force des choses, s'impose complexe, et, comme feu Tarquin, à saper toutes les têtes de pavots qui
dépassent le branchage.
Tandis que la langue d'Oc reste là, diverse en ses dialectes, mais
une, et logique, dans sa construction millénaire, sa cadette, devenue sa suzeraine, viendra quelque jour lui demander le sacrifice
héroïque de l'inévitable transfusion de ce sang latin dont les barbares nous ont anémiés.
Et, précisément, ce levain de régionalisme, de fédéralisme provincial, dont paraissent tant s'inquiéter nos gouvernants, la plupart
cependant, gensses de ce Midi, que leurs « ménines » bercèrent avec
des nadals de Saboly ou du Père Amilhat, ce respect du passé, ce
�— 82 —
culte de l'individualité, sont les garants de l'avenir et de la prospérité d'un pays. L'exemple de la République fédérale helvétique est
probant, avec ses vingt-deux cantons autonomes et ses trois langues
officielles, pourtant langues étrangères toutes les trois. Tous les
décrets du monde pris à dessein de renforcer le dogme centraliste
n'aboutiront jamais qu'à la décadence, à la léthargie nationale.
Finis Galliee !
Attention ! L'afflux excessif et prolongé du sang au cœur provoque fatalement la rupture de l'aorte, le mortel anévrisme; et ce qui
est vrai de l'individu ne l est pas moins de tout un peuple. Il n'est
pas nécessaire, pour s'en rendre compte, d'être un Montesquieu.
Mais il serait bon qu'on s'inspirât de ses leçons, ainsi que de
l'exemple récent fourni par l'Allemagne et la Russie et renouvelé
de celui de tous les grands empires. Et l'on sait de reste qu'en de
telles circonstances, les circulaires d'un Ministre n'ont guère de
poids dans la balance du Destin.
ALCANTER DE BRAHM.
Nous donnerons prochainement la parole à M. l'abbé
Castelnaudary, et à M. le Dr F. CLÉMENT, de Marseille.
SALVAT,
E.-H. G.
de
�A Travers les Livres.
Là Chanson de la Croisade contre les Albigeois, principaux épisodes traduits
par Jean AUDIAU (Paris, E. de Boccard, 1, rue de Médicis). — Le jeune et distingué
romaniste limousin a traduit les épisodes qui lui ont semblé mériter d'être connus
et il a résumé les autres afin de garder son allure générale à la Chanson. Il a
cependant, à juste titre, supprimé dans sa traduction les répétitions inutiles et
les énumérations trop prolongées. Tous ceux qu'intéressent ces événements qui
ont eu sur la cause méridionale une influence néfaste et incalculable doivent lire
ce récit mis par un éminent spécialiste à la portée du grand public.
Les Poésies de Jausbert de Puycibot, troubadour du xiii0 siècle, éditées par
William P. SHEPARD. (Paris, librairie ancienne Edouard Champion, 5, quai Malaquais). — M. William P. SHEPARD a traduit savamment en français ce troubadour
limousin et il est venu copier lui-même les manuscrits de ce poète, conservés à
Paris, à Florence et à Rome. Jausbert de Puycibot brave parfois l'honnêteté dans
ses vers, son talent est extrêmement inégal mais sa puissance d'expression
et sa fraîcheur de sentiments sont souvent grandes et font songer aux accents
de Catulle et de Musset.
Les Chansons de Gttilhem de Cabestanh, éditées par Arthur LANGFORS (Paris
librairie ancienne Edouard Champion. 5, quai Malaquais). — Le troubadour roussillonnais dont nous trouvons ici la traduction française est le héros de la
célèbre « Légende du cœur ». Il fut. dit-on, enterré avec la dame de ses pensées
à Perpignan devant la porte d'une église. M. LANGFORS, secrétaire de la légation
de Finlande à Paris nous a donné une excellente traduction de cet élégant poète.
Comme son émule américain traducteur de Jansbert de Puycibot, M. LANGFORS 'i
bien mérité de la terre d'Oc.
PAUL-LOUIS GRENIER.
Les Jeux floraux de l'Eseola de Liimanha.
Les Jeux Floraux de l'Eseola de Limanha sont dès maintenant ouverts; comme
les années précédentes, ils comprendront deux sections, français et langue d'Oc.
Tous les dialectes sont admis.
Les envois ne devront pas dépasser 200 lignes (prose) ou cent vers (poésie)
pour les ouvrages manuscrits ou dactylographiés. Aucune limite pour le théâtre.
Dans la section française, les sujets présentés au concours devront se rapporter
à l'Auvergne ou s'en inspirer.
Les manuscrits ne seront pas signés; ils devront être produits en deux expéditions et porter une devise qui sera reproduite, avec le titre de l'ouvrage; le
nom et l'adresse de l'auteur sur un note placée sous enveloppe fermée. Ils seront
adressés à M. Victor Guidy, secrétaire de l'Eseola, 2, Petite rue de l'Escalier, à
Clermont-Ferrand.
Le concours sera clos le 31 juillet 1926.
�Têtes Occitanes
Pierre Vidal.
Biblio'chéaaire de la Ville d3 Parpignan.
est un témoignage d'affection et de reconnaissance qui
puisse aller droit au cœur de tous ceux qui connaissent
Pierre VIDAL, c'est bien celui que vient de lui rendre, au
nom de tout le Roussillon, la vaillante société catalaniste
La Colla det Rossello. Voici les termes de sa délibération
établis au cours de la dernière réunion de ce Groupe aux
sentiments actifs et généreux :
« La Colla del Rossello réunie en assemblée générale le 21 février 1926
à l'Hôtel de Ville a formulé les meilleurs vœux pour le rétablissement de
la santé de M. Pierre Vidal, l'éminent historien roussillonnais, et décidé
de lui rendre un public hommage pour rappeler qu'il est bibliothécaire de
la Ville de Perpignan depuis plus de cinquante ans.
Elle a décidé en outre, à l'unanimité, d'adresser une requête à MM. les
Parlementaires pour les prier d'honorer le Roussillon en faisant décerner
la croix de la Légion d'Honneur, par priorité, à M. Pierre Vidal. »
De tous les fils de notre petite patrie catalane, Pierre Vidal est un de
ceux qui l'ont le mieux aimée et le mieux servie. Son œuvre est considérable et constitue un trésor d'érudition où viennent puiser tous ceux qui
veulent connaître notre pays. Jamais un homme n'a étudié son terroir
avec plus de clairvoyant amour et d'intelligente activité.
Il suffira de donner une nomenclature de quelques-unes de ses œuvres
pour prouver combien se justifie la gratitude de tous les Roussillonnais
à l'égard de Pierre Vidal. Cette liste d'œuvres sera certainement appré'IL
�ciée des lecteurs des Feuillets Occitans qui désirent avoir un répertoire
d'ouvrages sur les provinces des pays d'Oc.
Quelques Œuvres de Pierre Vidal.
HISTOIRE. — Guide historique et pittoresque dans le département des Pyrénées Orientales (1879) (Ire édition). — Deuxième édition illustrée (1900). —
La Musique et les Musiciens en Roussillon (1883). — Recherches relatives
à l'Hise
toire e des Beaux-Arts et Belles-Lettres en Roussillon depuis le xm siècle jusqu'au
XVII siècle (1886). — Les Juifs des anciens comtés de Roussillon et de Cerdagne
(1887); — Histoire de la Révolution dans le département des Pyrénées Orientales
(1888-1889) trois volumes; — Les représentants du peuple à l'armée et dans le
département des Pyrénées Orientales en l'an TU (1794-1795) publié en 1894. —
Notice sur la vie et les travaux de .Julien Bernard Alart, ancien archiviste des
Pyrénées Orientales (1896); — Histoire de la Ville de Perpignan depuis ses origines jusqu'à nos jours (1898); — Expéditions des marins et des marchands
roussillonnais sur les côtes de Syrie et d'Egypte pendant le moyen-âge (1900). —
Documents relatifs à l'Histoire du département des Pyrénées Orientales pendant le
xix' siècle; — Histoire des remparts de Perpignan (1906); — Les Régions
de la France : le Roussillon (1909) en collaboration avec J. Calmette; —
La Citadelle de Perpignan et l'ancien château des Rois de Majorque (1911); —
Les Oestes
de J offre d'Aria et de son fils Joffre le poilu; Chronique légendaire
c
du ix siècle; — Le Roussillon préhistorique (1922); — Histoire du Roussillon, en collaboration avec J. Calmette (Boisvin, rue Palatine, Paris 1923); —
Raymond Bérenger II comte de Barcelone (1924).
On trouvera en outre dans les collections des revues dont la liste suit de
nombreuses études de Pierre Vidal :
Ruscino (revue d'histoire et d'archéologie 1911-1919); — Bulletin du Comité
des travaux historiques; — Revue d'histoire et d'archéologie du Roussillon ; —
L'Almanach de l'Indépendant (1891); — Le Courrier de Céret; Le Papillon; Le
Journal des Pyrénées Orientales (illustré : Editions Joseph Payret) ; — La Veu
del Canigo (Direction Horace Chauvet) ; — La Revue des langues romanes.
Signalons particulièrement un ouvrage inestimable pour la bibliographie :
Bibliographie Roussillonnaise,
dressée en 1906 avec la collaboration de J. Calmette
e
parue dans le 47 volume de la Société Agricole, Scientifique et Littéraire des
Pyrénées Orientales (558 pages).
Frédéric SAISSET.
�Le Mouvement Économique
Occitan
Les Kessourees Économiques
Du Ltanguedoe et du Houssillon
La Alontague Xoire (Suite)
(Aude, Hérault et Tarn)
Pi
ressources, importantes cependant, que la Montagne Noire enferme dans ses flancs rocheux, le
Montagnard n'a su ou n'a voulu, tirer grand profit.
A-t-il été plus habile au regard de celles que, tout
au long de ses pentes, de la base à la cime, au gré
d'un relief tantôt apaisé, tantôt tourmenté, elle lui
offrait ?
Sur les premières pentes au nord, dans le vallon
du Thoré (St-Amans-Soult), dans la région occidentale (Labecède-Verdun-Saissac-Villardonnel) par
où la liaison à la plaine est moins abrupte, sur les causses bien
exposés du Sorèzois, comme au creux des gorges ensoleillées qui
entaillent le Socle montagneux à son revers méridional, s'étend
une zone de cultures riches : Céréales (blé, maïs, etc.), Vignes,
Arbres fruitiers, Oliviers. Mais ces cultures, si elles ont suffi largement à la consommation locale, n'ont pourtant pas été assez étendues pour que l'agriculteur, par une exploitation intensive, pût y
(1) Voir n°
4-5
ES
des « Feuillets Occitans ».
�— 87 —
trouver une source d'abondants revenus. Toutefois accordons une
mention spéciale aux arbres fruitiers (pommiers de Gabrespine, notamment), qui prospèrent, disséminés et multipliés, dans les vallées
méridionales et dont les plaines de l'Aude absorbent la récolte. La
culture des oliviers, florissante au 18e siècle, a subi une crise très
grave au 19e, provoquée par une série d'hivers trop rigoureux et
par la maladie. Elle tend maintenant à reprendre dans la montagne, où la refoule la vigne.
La culture de la vigne a fait, au cours des dernières années du
19e siècle, de grands progrès sur le revers méridional; l'exemple
des vignerons du Bas-Languedoc a été contagieux : chaque paysan
a voulu avoir son vin et la récolte fut parfois assez abondante pour
contribuer au ravitaillement des habitants du revers septentrional.
Notons encore que, festonnant toute cette zone un peu étroite de
cultures de plaine plutôt que de hauteurs, un liséré de châtaigneraies ourle les bords inférieurs de la Montagne tant au versant nord
qu'au versant sud. La châtaigneraie est d'un entretien méticuleux
mais d'un rapport appréciable, car, du châtaignier, bois, fruits et
feuilles même se peuvent utiliser — les bois servent à la tonnellerie
pour fabriquer soit la vaisselle vinaire, soit des cercles de barriques.
L'écoulement en est assuré dans les plaines voisines de l'Aude et de
l'Hérault dont les besoins ont d'ailleurs fait éclore et prospérer
cette industrie (au Mias Cabardès et à Lespinassière). Aujourd'hui
pourtant elle est en voie de décadence : conséquence de la substitution du métal au bois.
Les fruits du châtaignier procurent d'importants revenus (Cabrespine-Saint-Amans), soit qu'ils trouvent un débouché normal dans
la plaine (Villeneuve-Carcassonne), soit surtout qu'ils servent, dans
la montagne même, à l'engraissement des porcs. Le porc, en effet,
est à la base de l'alimentation du montagnard. Pas de famille qui
n'en possèdent plusieurs. « Tuer le cochon » est occasion de fête
et de frairie. Quel touriste, visitant le « Lampy », n'a apprécié, dans
les auberges ou les métairies de la montagne, la succulence des tranches de jambon servies à son appétit ?
Les villages de châtaigneraie élèvent des troupeaux nombreux
qui trouvent preneur dans les marchés et les foires des petites villes
environnantes.
Toutefois, les domaines dans la Montagne sont trop restreints et
les cultures dont nous venons de parler sont trop peu étendues
pour qu'elles puissent constituer vraiment une source d'enrichissement du montagnard. Dans son ensemble, la Montagne est un
« ségala », un pays de cultures dites pauvres, — la pomme de
terre, le seigle y trouvent leur terrain d'élection, — ce sont les
�- 83 —
seules cultures possibles sur les hautes terres (Pradelles, Arfons,
Cuxac, Labastide-Rouairoux). A Arfons, la pomme de terre est une
vraie spécialité. Il nous souvient de la surprise admirative d'un
fermier normand devant les tubercules extraordinaires qui provenaient de pommes de terre d'Arfons que nous lui avions procurées pour ses semences. Mais, si la pomme de terre se vend facilement, par contre, la culture du seigle est aujourd'hui peu fructueuse. Le pain de seigle est abandonné pour le pain de blé; aussi
voit-on le seigle reculer de plus en plus, au sud et à l'ouest, devant
le blé, au centre, devant les pâturages.
Les prairies, nombreuses dans le massif, presque toutes naturelles et dont le montagnard assure l'irrigation avec un soin particulièrement diligent, ont puissamment contribué à son enrichissement. Grâce à elles, et obéissant à son inclination agricole et pastorale, il a pu d'abord nourrir les bêtes à cornes qui n'ont été pendant
longtemps que des bêtes de travail tirant la charrue ou la charrette. Mais, dès le début du 19e siècle, d'une part la nécessité de
ravitailler en lait la ville de Mazamet, — au développement rapide
— ou les petites villes du pourtour nord, faisait entreprendre avec
succès l'élevage des vaches laitières ; d'autre part le ravitaillement
de l'armée d'Espagne provoquait l'élevage des bêtes à cornes pour
leur viande. Encore de nos jours, la Montagne Noire ravitaille Perpignan, Marseille et Toulon.
(A suivre.)
V. SELVES.
C.l.0.0.
BÈZIERS
Auch. — F. Cocharaux, imprimeur, rue de Lorraine.
�MM.
COMITÉ DIRECTEUR OU GROUPE OCCITAN :
Préaident : F. CROS-MAYREVIEILLK, Ht- J, y, $,
Vice-Présidents : Paul SENÏENAC,
K. GCITAHD; Frédéric
Secrétaire-général : Auguste ROUQUEÏ.
Archiviste : P.-L. GRENIER.
Trésorier.- Maurice FAVATIER, 5fif,
SAISSEÏ.
Chef des Études économiques et agricoles : Docteur GRANEI., Ht, ^|T.
■ Membres: Léon AURIOL, Ht- ||r.; Emile COMET,
$. ►£<
Fernand ORÉMIEUX, $
Jean DHPUY;
J| ; H. FAVIER ; Jo GINESTOD, Ht,
Auguste GUENOT; Henry
NOELL, Ht, j; DE SAINÏ-VINCENT-BRASSAC, j, p,
Georges VILLE.
Délégation permanente des Groupements Régionaux et boeaux
auprès du Comité-Directeur.
LA VEILLÉE D'AUVERGNE
:
M. Boudon, Secrétaire Général.
: M. de Clarix de Nussac, Secré-
LE GROUPE D'ÉTUDES LIMOUSINES
taire général.
LE ROUSSILLON (Pyrénées-Orientales) : Général Caloni, Président.
LES ENFANTS DE L'ÂUDE A PARIS ; Docteur Digeon, Président.
LES ENFANTS DU GARD A PARIS • M. A. F. Martin. Président.
LES ENFANTS DU TARN A PARIS : M. Selves, Président.
LA GRAPPE DU QUERCY : M. Vialle, Président.
LA SOCIÉTÉ INGRES
:
Marcel Clavié, Vice-Président.
Les Feuillets Occitans
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Square du Champ-de-Mars, Paris.
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Directeur : E.-H. oUITAK»,
flrchiviste-7aléojraphe, ex-bibliothécaire de la ville de Toulouse,
Vice-Président du " Groupe Occitan "
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Bulletin mensuel du Groupe Occitan
ORGANE RÉGIONALISTE DES PAYS D'OC
Bawani de la Rédaction : 41, Boulevard des Capucines, PARIS
TÉLÉPHONE : GUT. 78-19.
Jour de réception : le mercredi de 6 à 7 h.
IDéuôt et "Vente :
Librairie « Occiiania », G, Passage Verdesu. Paris, et 9, Rue Ozenne, à Tsaleosa ;
Librairie Ronquctte, à Cartassonns; Hall Ses Stcnis Régienaax, à Paris.
COMITÉ DE RÉDACTION :
Le Comité Directeur du Groupe Occitan.
(Les manuscrits doivent être adressés à M. Auguste
ROUQUET,
Secrétaire général)
Principaux collaborateurs :
Lettres Françaises : J. F. Paul ALIBERT; Jean AMADE; Achille ASTRE;
Jean AZAIS; A. BAUSIL; Adrienne BLANC-PÉRIDIER; BOYER-D'AGBN; Paul
CASTELA; G. CHERATJ, de l'Académie Goncourt; Marcel CLAVIÉ; Benjamin;
CRÉMIEUX; Pernand CRÉMIEUX; Joseph DELTEIL; DENYS-AMIEL; Henri
DTJCLOS; P. DUPLESSIS de POUZILHAC; Raymond ESCHOLIER; Lucien FABRE; Henri FESCOURT; Ernest GATJBERT; Jo GINESTOTJ; Jehan d'ARVIETJ;
Vincent HYSPA; Pierre JALABERT; ROMTJALD-JOTJBÉ ; Jean LEBRAU;
H. MXJCHART; Henri NOELL; Ch PHALIPPOTJ; J.-S. PONS; Armand PRAVIEL; A. ROUQUET ; J. ROZÈS de BROUSSE; Frédéric SAISSET; PAUL-SENTENAC; Léon SOULIÉ; TOTJNY-LERYS ; F. TRESSERRE; Suzanne TESSIER;
Paul VALERY, de l'Académie Française; Georges VILLE ; Jules VERAN, etc.
Lettres Occitanes : Professeur ANGLADE; Jules AZEMA; Dr Paul ALBAREL;
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Beaux-Arts : BERNARD; Auguste CHABAUD; CALMON; DESNOYERS;
DOMERGUE-LAGARDE; H. FAVIER; A. GTJENOT ; GASPARD-MAILLOL;
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PARAYRE; RAMEY; RAMOND; E. REY-ANDREU; Achille ROUQUET; Auguste ROUQUET, etc. etc.
Etudes Economiques : Gaston COMBELERAN; Emile COMET ; L. DOUARCHE;
Jean DUPUY; Aimé GRANEL; A. PASSERIEUX; etc., etc.
Histoire, Archéologie, Fok-Lore : Fernand CROS-MAYREVIEILLE ; E. ROUXPARASSAC; Prosper MONTAGNÉ; FODC.
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exemplaires de luxe numérotés
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Patrimoine écrit occitan:périodiques
Description
An account of the resource
Ce set contient les périodiques numérisés par le CIRDÒC issus des collections des partenaires d'Occitanica
Revista
Item type spécifique au CIRDÒC : à privilégier
Variante Idiomatique
Languedocien
Région Administrative
Languedoc-Roussillon
Aire Culturelle
Languedoc
Roussillon
Type de périodique
Revistas d'estudis localas = Revues d’études locales
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Les Feuillets occitans : Languedoc, Roussillon, pays d'Oc. - 1926, n°08-09 (Mars-Avril)
Subject
The topic of the resource
Littérature occitane -- Périodiques
Mouvement occitan -- Périodiques
Régionalisme -- Périodiques
Régionalisme (littérature) -- Périodiques
Description
An account of the resource
Les Feuillets occitans. - 1926 - N° 8-9
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Cros-Mayrevieille, Fernand
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Groupe occitan (Paris)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1926-03
1926-04
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public/Domeni public
Relation
A related resource
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Les Feuillets occitans (<a href="http://occitanica.eu/omeka/items/show/12808">Accéder à l'ensemble des numéros de la revue</a>)
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
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1 vol. (p. 46-83)
Language
A language of the resource
oci
fre
Type
The nature or genre of the resource
Text
publication en série
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
http://occitanica.eu/omeka/items/show/12825
FRB340325101_M3_1926_08_09
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
19..
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence ouverte
Date Issued
Date of formal issuance (e.g., publication) of the resource.
2016-03-29 Françoise Bancarel
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Lamandé, André (1886-1933)
Crémieux, Fernand
Bausil, Albert (1881-1943)
Tessier, Suzanne
Sentenac, Paul (1884-1958)
Rouquet, Auguste (1887-19..)
Guitard, Eugène Humbert (1884-1976)
Selves, V.
Alternative Title
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Les Feuillets occitans. - 1926, n°08-09 (Mars-Avril)
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Mediatèca occitana, CIRDOC-Béziers, M 3
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Contributeur
Le contributeur à Occitanica
CIRDOC - Institut occitan de cultura
Art
Illustracion dels periodics=Illustration des périodiques
Literatura occitana = littérature occitane
Movement occitan=Mouvement occitan
Novèlas=Nouvelles
Poesia=Poésie