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Joan Jaurés e lo Felibritge / Josèp Anglade
Anglade, Joseph (1868-1930)
Cet article de Joseph Anglade paru dans le Mercure de France le 1er janvier 1926 est le premier texte publié s’intéressant à la pensée et l’action de Jean Jaurès vis-à-vis de la langue occitane.
Le languedocien Joseph Anglade (1868-1930) est agrégé de lettres, spécialiste de la littérature occitane, professeur à la faculté de Toulouse depuis 1910 et fondateur de l’Institut d’études méridionales en 1914 et par ailleurs Majoral du Félibrige. Anglade est représentatif de l’évolution qui s’opère au sein des mouvements de renaissance occitane au cours de l’entre-deux-guerres : rapprochement des mondes savants romanistes et des mouvements renaissantistes, montée en puissance de tendances républicaines et progressistes face aux régionalistes conservateurs.
Jean Jaurès, panthéonisé deux ans plus tôt en 1924, devenait au même moment une figure importante à la fois du progrès social et intellectuel, de l’internationalisme et de l’identité nationale et républicaine en France. Joseph Anglade fut l’un des premiers à saisir l’intérêt de rallier la figure de Jaurès en voie de mythification aux problématiques du combat renaissantiste pour la reconnaissance et le soutien politique en faveur de l’occitan dans la France républicaine du XXe siècle.
Joseph Anglade propose ici, dans une revue nationale, un article plus stratégique que véritablement historique même s’il est riche de sources et d’informations. Il est clair que Joseph Anglade souhaite avant tout rendre compatible les écrits de Jean Jaurès sur la langue et la littérature occitane - essentiellement quatre articles parus dans La Dépêche entre 1909-1911 - avec le projet renaissantiste mené par le Félibrige au point de conclure que « Jaurès avait donc l’âme d’un félibre et d’un bon félibre » ! en reconnaissant tout de même qu’ « il aurait fait des restrictions sérieuses au sujet de certaines idées fondamentales - ou qui paraissent telles - de la doctrine félibréenne et qu’avant d’être déclaré dignus intrare, il aurait dû répondre à quelques questions d’orthodoxie ; car il avait par certains côtés une âme d’hérétique et de mécréant, félibréen s’entend. »
Au final, même s’il tente de dissimuler le profond désintérêt que Jaurès témoigna tout au long de sa vie pour les mouvements de renaissance occitane - à la différence de la pratique de langue occitane pour laquelle sa posture et sa pensée tranchaient avec celles des hommes politiques de sa génération - Joseph Anglade rappelle à juste titre l’intérêt et l’estime que le Jaurès critique littéraire portait à la littérature d’expression occitane de son temps.
Cet article paru en 1926 ouvre en tout cas une question jusque-là totalement - et sciemment ? - ignorée de la plupart des biographes de Jean Jaurès : celle de sa connaissance d'une réalité occitane, d’un certain intérêt pour la littérature occitane voire d'une pensée historique du fait régional occitan marqué par la Croisade contre les Albigeois notamment. Il faut cependant attendre les années 1970 pour que le chantier soit véritablement ouvert par les historiens et spécialistes de Jean Jaurès (André Armengaud, Rémy Pech, Ulrike Brummert) parallèlement à la célébration d’un Jaurès en véritable mythe d’une conscience collective occitane en construction chez les écrivains, artistes et intellectuels des années 1970 et 1980. Entretenant débats et controverses pendant une bonne décennie, les deux « partis », historiens et militants, mirent au jour une autre dimension de la question linguistique chez Jaurès, que ne traitait pas Joseph Anglade en 1926, celle de sa propre « occitanité », de sa pratique de la langue dans le discours public et de son évolution vers une pensée politique de l’enseignement de l’occitan à l’école en 1911, seule - mais puissante - revendication de Jean Jaurès vis-à-vis du « fait occitan ».

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Au-delà du XIXe siècle ? Jaurès, la République et le pluralisme culturel / Marion Fontaine
Fontaine, Marion
« Si Jaurès est aussi célébré aujourd’hui, et de manière aussi consensuelle, c’est parce qu’il exprime une nostalgie, celle éprouvée pour une République française du XIXe siècle, présentée comme unitaire, adossée à une citoyenneté qui aurait alors été vécue comme une évidence et à une culture nationale, douée en même temps d’un rayonnement universel. Cette peinture d’un Jaurès républicain dit le vrai, mais dit-elle tout le vrai ? C’est cette interrogation qu’éclaire cet essai, en s’intéressant à la manière dont l’homme tente de comprendre les changements qui, notamment sur le plan culturel, dessinent le XXe siècle. C’est un Jaurès plus inattendu et moins classique qui apparaît ici et qui ouvre des questions, celles touchant à la gestion de l’unité et à la diversité, qui, plus que jamais, intéressent, notre début de XXIe siècle. L’œuvre jaurésienne peut ne pas seulement servir à conforter des certitudes ou des regrets ; elle est susceptible d’avoir une portée bien plus dérangeante, et bien plus féconde, pour notre temps. »
Cet essai politique revient en particulier sur les articles publiés par Jean Jaurès en 1911 sur la place des langues dites régionales, en particulier l'occitan, dans l'enseignement.
Disponible en téléchargement gratuit sur le site de la fondation Jean-Jaurès : https://www.jean-jaures.org/publication/au-dela-du-xixe-siecle-jaures-la-republique-et-le-pluralisme-culturel/