Explorar los documents (7068 total)

Rapaton-affiche-rapatonadas-2015_IEO-15_vignette.jpg
Je cherche des informations sur le « rapatanàs », sorte de créature effrayante dont j’entendais parler dans mon enfance, dans la région d’Albi.
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)
Votre question : Je cherche des informations sur le « rapatanàs », sorte de créature effrayante dont j’entendais parler dans mon enfance, dans la région d’Albi.

Notre réponse :
Parmi tous les êtres fantastiques qui peuplent l’imaginaire populaire en pays occitans, on trouve un grand nombre de créatures maléfiques dont les parents usent pour faire peur aux enfants et leur signifier dangers et interdits. Ces « croque-mitaines » présents dans les imaginaires du monde entier, prennent des formes, des aspects et des appellations différentes selon les langues, les cultures et les régions.

Image d’Épinal (Le véritable Croquemitaine, Maison Pellerin, 1856 ; détail). En ligne sur gallica.bnf.fr, Collection Bibliothèque nationale de France. « Monsieur Croquemitaine emporte deux petits vauriens dans sa prison »

Dans l’espace occitan :

Parmi les êtres maléfiques les plus connus on trouve lo babau, la babarauda, la babaronha, la babòta, la baragonha, lo barban, la bofatina, la cata-ferrada, la faramauca, la garramauda, la granhauda, la marrochina, la mecosa, lo palhassa, la paparaunha, la patatualha, lo pelomàs, lo pelharòt ou encore la romeca.

Dans le Tarn :

Les nombreuses enquêtes menées par le CORDAE-La Talvera sous la direction de Daniel Loddo font du Tarn une région particulièrement bien documentée sur les imaginaires populaires et les éléments du patrimoine culturel immatériel. Sont attestées notamment la cachavièlha, la garramacha, la bèstia ramacha, la pantaramacha, lo badaluc, la catamiauna, la tataraunha, la cata ramagèla.
Dans le registre des peurs enfantines on retrouve aussi fréquemment des personnages de fées, fadarèlas ou fachilièiras, et les créatures sauvages, la salvatja, la salimonda ou la saurimonda.

Nous n’avons pas trouvé dans la documentation le personnage du « rapatanàs » mais on peut penser qu’il s’agit d’une variante du fameux rapaton, petit diable ou « diable de 2e classe » (Charles Mouly, voir bibliographie ci-dessous). En occitan, le suffixe -às, très courant, est employé comme augmentatif. Le rapatonàs (se prononce « rapatounas ») désigne donc une sorte de gros diable.

Le « rapaton » est l’emblème du festival des « Rapatonadas » (IEO 15). Affiche de l’édition 2015


Le rapaton quant à lui, plus espiègle que véritablement maléfique, a donné son nom au festival des contes et de l’oralité du Cantal, les « Rapatonadas », organisé chaque année par l’Institut d’Etudes occitanes du Cantal.

Pour en savoir plus, quelques conseils de lecture :

- LODDO, Daniel, PELEN, Jean-Noël, Êtres fantastiques des régions de France : actes du colloque de Gaillac, 5, 6, 7 décembre 1997, L'Harmattan, 2001.

- Les croquemitaines : faire peur et éduquer, Centre alpin et rhodanien d'ethnologie, 1998.

- Êtres fantastiques dans les Alpes : recueil d'études et de documents en mémoire de Charles Joisten (1936-1981), Centre alpin et rhodanien d'ethnologie, 1992.

- PINIES, Jean-Pierre, Croyances populaires des pays d'Oc, Rivages, 1984.

Enquêtes ethnographiques du CORDAE-La Talvera :

- LODDO, Daniel, Gents del país gresinhòl : canton de Castelnau-de-Montmiral (Tarn), CORDAE/La Talvera, 2010.

- LODDO, Daniel, Legendas d'Occitània : Albigeois, Montagne Noire, Quercy, Rouergue, CORDAE-La Talvera, 2005.

- LODDO, Daniel, Gents del Segalar : cantons de Carmaux, Monestiès, Pampelonne, Valdériès, Valence : Tarn, C.O.R.D.A.E./La Talvera, 2002.

Consulter le catalogue du centre de documentation du CORDAE-La Talvera : Site CORDAE/La Talvera


Contes avec le personnage de Rapaton :

- MOULY, Charles, « La légende du pont Valentré de Cahors en Quercy », dans : Mon sabot de verre : Contes et légendes des Pays d’Oc, éditions du Raffut, 2008.

- PERBOSC, Antonin, « Polichinelle et Rapatou », dans Contes de Gascogne, éditions Erasme, 1954.
img-01 - Copie1 - Copie.jpg
Estatua de Pepesuc
CIRDÒC - Mediatèca occitana

La statue antique encore visible aujourd’hui à l’entrée de la rue française, sur la place éponyme, est dans la tradition biterroise, celle du héros de la cité, un certain Pépézuc. Exhumée des vestiges antiques de la ville, elle donne corps au personnage de Pépézuc qui prend sa véritable place dans l’espace public au début du XVIIe siècle lorsque associé à la légende de la ville, il entre dans la littérature en incarnant le personnage central du Théâtre de Béziers. La statue devient alors lieu de vénération et de folklore.

Localisation :

Place Pépézuc, Béziers (Hérault)

Datation de l’édifice :

IIIe siècle

Importance pour la culture occitane


L’histoire de la statue : Pépézuc et son symbole


Pépézuc, personnage tutélaire de la ville de Béziers, est représenté par une statue de marbre de l’époque romaine placée au départ de la rue française. Certains érudits ont cru y découvrir la représentation de l’empereur Auguste1;ou la statue d’Hercule2, tandis que d’autres y voient celle de l'empereur romain Tetricus fils (fin du IIIe siècle), chargé de la réparation de la voie Domitienne.Statue romaine identifiée comme celle de l'empereur Tetricus fils (fin du IIIe siècle), Place Pépézuc à Béziers © CIRDÒC

Mentionnée à cet emplacement et sous ce nom en 1348, par le Libre de Memorias de Jacme Mascaro3, la statue fait l’objet de vénération de la part des biterrois. Elle ne prend réellement sa fonction symbolique qu’au début du XVIIe siècle, lors des fêtes annuelles des Caritats (« Charités », en occitan, fêtes de l'Ascension) par la création du personnage de Pépézuc. Le 16 mai 1616, jour de la fête de l’Ascension est représentée pour la première fois la pièce intitulée L’Histoire de Pépézuc. Cette pièce de théâtre, en occitan, allégorie relative aux troubles qui eurent lieu en France dans les premières années du XVIIe siècle, fait intervenir le personnage de Pépézuc qui emprunte son nom au capitaine Pierre Pépésuc (ou Pépézuc) qui, « lors de la prise de Béziers par les Anglais, les empêcha seul d’entrer dans la rue principale, qui reçut pour cela le nom de rue française ».4

Le personnage prend alors toute sa dimension théâtrale en servant d’ornement aux fêtes de Caritats. Participant aux réjouissances publiques, il est « badigeonné d’un lait de chaux » et « descendant de son piédestal il apparaît sur le théâtre populaire pour exprimer en vers languedociens son opinion sur les évènements du jour5. Pourvue de ses attributs guerriers et virils, garant de la virilité des hommes et de la fécondité des femmes, mise en scène par le carnaval et auprès de laquelle passaient tous les défilés, la statue de Pépézuc était saluée par les autorités, les drapeaux et la musique6.


Pépézuc, marque de l'imprimeur du Théâtre de Béziers


Le Théâtre de Béziers désigne l’ensemble des pièces jouées à Béziers lors des fêtes des Caritats au début du XVIIe siècle. Il nous est connu par l’œuvre de l’imprimeur Martel qui édite l’ensemble de ces pièces à l’époque même où elles sont jouées. De 1628 à 1657, il publie les textes de 24 comédies, pastorales, monologues ou farces7 dont les auteurs ne sont pas tous connus, excepté un certain Michaille et l’avocat Bonnet auteur de poèmes primés aux Jeux Floraux de Toulouse8. Martel9 fait preuve de militantisme dans la présentation de l’ouvrage. Il embrasse la cause de Pépézuc, le gardien et le conservateur des anciennes traditions et coutumes de Béziers qu’il entend par sa publication remettre à l’honneur. Aussi, l’imprimeur utilise comme marque de fabrique la représentation de Pépézuc. 
Page de titre du Triomphe de Béziers publié par Jean Martel de Béziers en 1644
La gravure sur bois de la page de titre du Triomphe de Beziers au jour de l'Ascension10 publiée en 164411, est la première représentation du « vaillant Pépézuc ». Pour marquer cette double dimension à la fois sacrée et burlesque, voire païenne, du personnage de Pépézuc, l’image s’accompagne d’une légende le qualifiant :

    Nevout de Mars, fil de Latonne 
      Neveu de Mars , fils de Latonne…
    Mange murailles, brise picques
      Mange murailles, brise piques
    Seco Tonnels, vuide Barriques, 
      Sèche tonneaux, vide barriques…
    Grand empregniyare de Chambrieyres
      Grand fécondeur de servantes.


Pépézuc, emblème du CIDO


Porte drapeau de la littérature et de l’esprit occitan, la représentation de Pépézuc, sera utilisée par les fondateurs du CIDO qui le prennent pour emblème dans leurs premières publications lorsqu’il annoncent la création de la première bibliothèque occitane 12:
« En 1975, un groupe de bibliographes, de savants et d’écrivains associèrent leurs efforts à la ville de Béziers pour créer un Centre International de documentation occitane, public, ce qui était audacieux pour l’époque ».

Bulletin del Centre Internacional de Documentacion Occitana publié de 1976 à 1979.

En plaçant leurs pas dans ceux de Jean Martel13, les fondateurs du CIDO utilisent une image symbole, marque de l’imprimeur biterrois Martel à qui l’on doit la découverte, la sauvegarde du Théâtre de Béziersthéâtre occitan qui aurait inspiré plusieurs pièces de Molière14. Ils reprennent ainsi ses ambitions et fixent leur vocation : sauvegarder et faire connaître le patrimoine de la langue occitane15. Pour cela, ils constituent, à Béziers, une collection publique de référence, unique en son genre, conçue spécialement pour le livre occitan (documentation occitane). Elle portera le nom de Centre International de Documentation Occitane - Bibliothèque d’Occitania, utilisé dès 1978, avant de devenir en 1999 le CIRDÒC Mediatéca occitana qui poursuit aujourd’hui ses objectifs.


-----------------------------------

  • 1.  Émile Bonnet, La statue de Pépézuc : solution d'une énigme archéologique, Montpellier : Impr. E. Montane, 1929.
  • 2.  Anne Rulman (1582-1632), « Récit des anciens monuments qui paroissent encore dans les departemens de la premiere et seconde Narbonnoise et la representation des plans et perspectives des edifices publics sacrés et prophanes, ensemble des palais, statues, figures et trophées, triomphes, thermes, bains, sacrifices, sepultures, medailles, graveures, epitaphes, inscriptions et autres pièces de marque, que les Romains y ont laissées, pour la perpétuité de leur memoire, et notamment dans Nismes, où, de mesme qu'ailleurs, l'injure du tems et la negligence des hommes les avoit ensevelies, avec le narré des estranges révolutions du Languedoc, depuis les Volces, les Romains, les Vendales, les Visigoths, les Sarrasins... et nos rois, qui ont réuni cette belle province à leur domaine. 1er septembre 1626 ». BM Nîmes (B301896101_MS0180_1).
  • 3.  Lo Libre de memorias de Jacme Mascaro (XIVe siècle) publié d'après le manuscrit de Béziers, avec un avant-propos, une notice sur la langue de Mascaro, des notes, un lexique des mots et des formes qui ne se trouvent pas dans le "Lexique roman" de Raynouard, et une table alphabétique des noms propres par Charles Barbier,.... Montpellier : C. Coulet, 1895. Relevé dans : Émile Bonnet, La statue de Pépézuc, op. cit.
  • 4.  Voyage dans les départemens du midi de la France par Aubin Louis Millin ... Tome premier [-Tome IV], A Paris : de l'imprimerie impériale, 1807-1811, IV-I, p. 366, relevé par Philippe Gardy, Le "Théâtre de Béziers" : Béziers au XVIIe siècle , op. cit. p. 9.
  • 5.  Émile Bonnet, La statue de Pépézuc, op. cit. p. 2.
  • 6.  Yves Rouquette, Béziers, les rues racontent, Montpellier : Les Presses du Languedoc, 1999, p. 112.
  • 7.  François Pic, « Bibliographie du théâtre de Béziers », Cahiers de littérature du XVIIe siècle, n°5 , 1983, p. 129-145.
  • 8.  Pouesios diversos del sieur Bounet de Beziers : ambe le remerciomen a messieurs les jutges & mainteneurs des Jocs Fleuraux a Toulouso per la flou del soucy que l'y fourec dounado en l'an 1628 / publ. avec notice biogr. et notes par M. Frédéric Donnadieu. Béziers : J. Sapte, 1898. Philippe Gardy, Le "Théâtre de Béziers" : Béziers au XVIIe siècle : catalogue de l'exposition : Musée des Beaux-Arts de Béziers, 25 avril-17 mai 1983. Béziers : Centre International de Documentation Occitane, 1983. Jean-François Courouau, « Choix et non-choix linguistiques dans l'Histoire de Pepesuc et dans l'œuvre de François Bonnet », publié dans : Français et langues de France dans le théâtre du XVIIe siècle, sous la direction de Bénédicte Louvat-Molozay, Paris : Presses universitaires du Midi, 2015, p. 245-257.
  • 9.  Jean Martel né à Béziers en 1589, deviendra imprimeur officiel de la ville et des évêques de Béziers.
  • 10. Seconde partie du Triomphe de Beziers au jour de l'Ascension contenant la Colere ou Furieuse indignation de Pepesuc & le Discours funebre de son ambassadeur, sur la Discontinuation des anciennes coustumes. Ou sont adjoutées les plus rares pièces qui ont esté representées au susdit jour jusques à present.
  • 11.  Charles Brunet, Manuel du libraire et de l’amateur de livres, Paris, 1860-1865, III, 1477. La production de l’imprimeur Martel est connue par les seules pièces consacrées au Théâtre de Béziers dont seule l’impression de 1644 laisse apparaître cette marque de fabrique. L’impression des premières pièces en 1628 reprend sur la page de titre un fleuron qui ne présente pas les caractéristiques d’une marque d’imprimeur.
  • 12.  Bulletin del Centre international de documentacion occitanan° 4, 1978, p. 1
  • 13.  C’est le CIDO qui à la suite de la Société archéologique en 1859, publiera en 1981, les pièces du théâtre de Béziers (voir bibliographie).
  • 14.  Hypothèse soulevée par Jacqueline Marty, « Quelques emprunts de Molière au Théâtre de Béziers », Revue des Langues Romanes, LXXXI, 1975, I, p. 43-66; battue en brèche par . Philippe Gardy et Jean-François Courouau, « Molière et le « Théâtre de Béziers » : état de la question » publié dans : Français et langues de France dans le théâtre du XVIIe siècle, sous la direction de Bénédicte Louvat-Molozay ; Paris : Presses universitaires du Midi, 2015, p. 175-189.
  • 15.  Donnant ainsi une réalité à un vieux rêve occitaniste, cf. Max Rouquette, « Pour une bibliothèque nationale occitane », Bulletin de la Société des bibliophiles occitans, 1945, (1), p. 41-44.
lo_diari_23.jpg
Lo diari de l'IEO Miègjorn-Pirinèus. - 2014, N°023 (Autona)
Institut d'estudis occitans (Miègjorn-Pirinèus)
Pugin, Sebastian
Taiac, Miquèl
Wolf, Gérard
Taupiac, Jacme (1939-....)
Lobèra, Pèir
Verdier, Gèli
Lo Diari contient des articles sur les événements passés ou à venir, des comptes rendus scientifiques, l’annonce des prochaines parutions, des entretiens avec les acteurs majeurs du monde culturel occitan et un agenda culturel.
lo_diari_24.jpg
Lo diari de l'IEO Miègjorn-Pirinèus. - 2014, N°024 (Ivèrn)
Institut d'estudis occitans (Miègjorn-Pirinèus)
Pugin, Sebastian
Lobèra, Pèir
Taupiac, Jacme (1939-....)
Hagège, Aldric
Wolf, Gérard
Lo Diari contient des articles sur les événements passés ou à venir, des comptes rendus scientifiques, l’annonce des prochaines parutions, des entretiens avec les acteurs majeurs du monde culturel occitan et un agenda culturel.
lo_diari_25.jpg
Lo diari de l'IEO Miègjorn-Pirinèus. - 2015, N°025 (Prima)
Institut d'estudis occitans (Miègjorn-Pirinèus)
Pugin, Sebastian
Bernissan, Fabrice (1968-....)
Lobèra, Pèir
Taupiac, Jacme (1939-....)
Peladan, Georges (1938-....)
Lo Diari contient des articles sur les événements passés ou à venir, des comptes rendus scientifiques, l’annonce des prochaines parutions, des entretiens avec les acteurs majeurs du monde culturel occitan et un agenda culturel.
lo_diari_26.jpg
Lo diari de l'IEO Miègjorn-Pirinèus. - 2015, N°026 (Julhet-Agost)
Institut d'estudis occitans (Miègjorn-Pirinèus)
Pugin, Sebastian
Lafargue, Gisèla
Lobèra, Pèir
Taupiac, Jacme (1939-....)
Hagège, Aldric
Vidal, Alan
Molin, Pierre
Carrère, Sylvain
Chapduelh, Cecila
Lo Diari contient des articles sur les événements passés ou à venir, des comptes rendus scientifiques, l’annonce des prochaines parutions, des entretiens avec les acteurs majeurs du monde culturel occitan et un agenda culturel.
lo_diari_27.jpg
Lo diari de l'IEO Miègjorn-Pirinèus. - 2015, N°027 (Setembre-Octobre)
Institut d'estudis occitans (Miègjorn-Pirinèus)
Pugin, Sebastian
Carrère, Silvan
Molin, Pierre
Hagège, Aldric
Chapduelh, Cecila
Taupiac, Jacme (1939-....)
Lo Diari contient des articles sur les événements passés ou à venir, des comptes rendus scientifiques, l’annonce des prochaines parutions, des entretiens avec les acteurs majeurs du monde culturel occitan et un agenda culturel.
lo_diari_28.jpg
Lo diari de l'IEO Miègjorn-Pirinèus. - 2015, N°028 (Novembre-Decembre)
Institut d'estudis occitans (Miègjorn-Pirinèus)
Pugin, Sebastian
Carrère, Sivan
Molin, Pierre
Taiac, Miquèl
Chapduelh, Cecila
Taupiac, Jacme (1939-....)
Hagège, Aldric
Pouvillon, Hervé
Lo Diari contient des articles sur les événements passés ou à venir, des comptes rendus scientifiques, l’annonce des prochaines parutions, des entretiens avec les acteurs majeurs du monde culturel occitan et un agenda culturel.
2016-01-n029_Lo-Diari_Page_01.jpg
Lo diari de l'IEO Miègjorn-Pirinèus. - 2016, N°029 (Genièr-Febrièr)
Institut d'estudis occitans (Miègjorn-Pirinèus)
Pugin, Sebastian
Lafargue, Gisèla
Molin, Pierre
Taupiac, Jacme (1939-....)
Lo Diari contient des articles sur les événements passés ou à venir, des comptes rendus scientifiques, l’annonce des prochaines parutions, des entretiens avec les acteurs majeurs du monde culturel occitan et un agenda culturel.
vignette_12610.jpeg
Réglementation autour de la signalétique bilingue dans une commune

L’installation de panneaux de signalisation routière (entrées de communes ou d’agglomération et signalétique directionnelle, à distinguer de la signalétique prescriptive qui indique des interdictions et règles pour la sécurité routière) en occitan, catalan, breton, basque, corse, etc. est une initiative de plus en plus fréquente à l’initiative des collectivités territoriales en charge de ces équipements (la collectivité compétente varie selon le territoire ou le type de voie concernés).
Toutefois, il s’agit d’un usage public de langues dites régionales qui peut être considéré comme contrevenant à la législation et à la réglementation en vigueur en matière de langue officielle sur le territoire français. Enfin, ce type d’équipement doit également répondre à des cadres réglementaires stricts (réglementation et prescription des équipements de signalisation routière).


Signalisation directionnelle bilingue breton-français à Lorient. Photo Iconotèca-CIRDÒC.

1/ Législation et réglementation en vigueur

L’article 2 de la Constitution de la Ve République fait du français « la langue de la République », et donc la seule langue ayant un caractère officiel. De ce fait, l’usage d’une autre langue, en particulier les langues dites « régionales » ou « de France » dans la vie publique se voit régulièrement freiné ou même interdits par les administrations, voire attaqué en justice par des adversaires du « plurilinguisme interne » pour reprendre la terminologie du dernier rapport officiel remis sur la question des langues de France à la Ministre de la Culture et de la Communication en 2013.1
Pourtant, l’article 2 de la Constitution n’interdit pas explicitement l’usage d’une autre langue dans la vie publique du moment où l’usage du français est respecté dans son caractère d’officialité, comme le prouve d’ailleurs les très nombreuses dispositions législatives en faveur de l’usage et de la promotion des langues de France qui ont été élaborées depuis plus d’un demi-siècle sans être jugées anticonstitutionnelles.
Le rapport de 2013 réaffirme que « la législation française [en vigueur] ouvre de larges possibilités juridiques » et que le fameux article 2 de la Constitution « prescrit l’usage du français, mais ne proscrit pas d’autres langues, et notamment les langues régionales. » L’article 2 de la Constitution rend en revanche impossible l’usage d’une langue autre que le français lorsque l’information qui est transmise doit pouvoir être comprise de tous, sans ambiguïté ; soit pour des raisons d’intérêt général (par exemple des raisons de sécurité, c’est le cas de la signalisation routière de type prescriptive), soit parce qu’il s’agit d’énoncer des règles, de notifier une norme de droit, de publier une instruction générale. 

Le cadre législatif de référence permettant la mise en place du bilinguisme dans la signalisation routière est la Loi du 4 août 1994 relative à l’emploi de la langue française. Elle réaffirme le principe constitutionnel à l’article 1 (« en vertu de la Constitution, la langue française est un élément fondamental de la personnalité et du patrimoine de la France. Elle est la langue de l'enseignement, du travail, des échanges et des services publics ») et l’applique en matière de signalétique publique à l’article 3 (« Toute inscription ou annonce apposée ou faite sur la voie publique, dans un lieu ouvert au public ou dans un moyen de transport en commun et destinée à l'information du public doit être formulée en langue française »). La Loi du 4 août 1994 précise cependant à l’article 21 que le statut du français langue officielle ne s’oppose pas à l’usage des langues régionales : « Les dispositions de la présente loi s'appliquent sans préjudice de la législation et de la réglementation relatives aux langues régionales de France et ne s'opposent pas à leur usage. » Autrement dit, ni la Constitution, ni la loi n’interdisent l’usage public des langues régionales même si elles le contraignent et l’encadrent.

Dans le cadre de l’affaire des panneaux occitans de la commune de Villeneuve-lès-Maguelone en 2012, la jurisprudence a confirmé ce cadre législatif permettant l’installation de signalisation routière en occitan ou toute autre langue de France (en dehors de la signalisation prescriptive, c’est-à-dire la signalisation ayant une incidence sur la sécurité routière). L’arrêt du 28 juin 2012 de la Cour d’appel de Marseille qui donne raison à la commune de Villeneuve-lès-Maguelone compile utilement tout le cadre législatif et réglementaire nécessaire à l’installation d’une signalisation routière bilingue.
Consulter l’arrêt : ICI. 

En matière de signalisation routière, la réglementation existante permet donc l’installation de panneaux d’entrée de commune en occitan ou en langue régionale du moment où le panneau en langue française est bien présent, et dans la mesure où cette signalétique respecte les réglementations et normes en vigueur dans ce domaine. Le rapport de 2013 préconise d’ailleurs aux collectivités d’aller plus loin en matière de signalétique afin de promouvoir les langues du territoire dans l’espace public : « En matière de signalisation routière, il conviendrait de permettre la mise en place d’une signalisation routière bilingue, au-delà des panneaux d’entrée et de sortie d’agglomération, pour la signalétique n’ayant pas de valeur prescriptive. Dans les transports publics, la signalétique sonore et la signalisation bilingue des noms de lieux, à l’image de ceux du métro de Toulouse, pourrait être étendue sur les autres réseaux, notamment à la SNCF pour les trains express régionaux. » 

Notons que ce cadre législatif s’applique à de nombreux domaines de l’écrit officiel ou administratif, même si les administrations sont souvent réticentes, davantage par prudence que par application stricte de la législation en vigueur, à l’usage du bilinguisme. Le rapport du Comité consultatif de 2013 détaille ainsi de nombreux domaines dans lesquels le bilinguisme pourrait être appliqué.

2/ En résumé :

Voici un résumé des règles à suivre:

  • Il faut respecter la réglementation officielle en terme de signalisation routière ;
  • Dans ce domaine, une langue régionale ne peut se substituer à la langue française, elle ne peut que la compléter par traduction ; 
  • Sur le plan sociolinguistique et historique, il convient de faire des recherches toponymiques afin de déterminer le nom et l’orthographe, voire de faire appel à des experts en lexicographie et terminologie occitanes de votre territoire. 
  • Il est également recommandé d’informer et d’associer les habitants à votre démarche, afin que la pertinence de celle-ci soit bien comprise et qu’ils se sentent concernés. Le rapport de 2013 est riche en conseils sur les bonnes pratiques à mettre en place dans ce contexte. 

3/ Ressources et outils

L’Institut d’Estudis Occitans a édité en 2013 un guide complet et très utile pour vous accompagner dans votre projet. Les sections départementales et régionales de l’IEO sont également des interlocuteurs souvent très précieux pour vous aider dans votre projet.

Loi n° 94-665 du 4 août 1994 relative à l'emploi de la langue française sur Légifrance : ICI. 


1.Rapport du Comité consultatif pour la promotion des langues régionales et de la pluralité linguistique interne (2013) [en ligne sur le Ministère de la Culture et de la Communication 

sus 707