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occ1tan1ca
Estudis
Maguy CHAPOT-BLANQUET
Docteur en Sciences humaines
MÉDITERRANÉE PASSION
INTRODUCTION AU COLLOQUE
"LES CROISADES : ORIENT-OCCIDENT
(XIE AU XIIIE SIÈCLE)"
7E
RENCONTRE INTERNATIONALE
PATRIMOINE HISTORIQUE
BÉZIERS - NÉBIAN - COLLIOURE
10-12 OCTOBRE 2014
DU
Per citar a ueste document I Pour citer ce document :
hapot-Blanquet, Maguy, "Méditerranée passion", in Actes du colloque "Les croisades :
Orient-Occident (XI' au XIII' siècle)", 7, Rencontre internationale du patrimoine
istorique, 10-12 Octobre 2014 , Occitanica, Estudis, [En ligne],
ttp: / /pur 1. org/occitanica/ 10975
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MÉDITERRANÉE PASSION
Del' antiquité à nos jours, la Méditerranée est un espace de conflits, d'affrontements rédhibitoires
car « idéologiques ». Pour l'Egypte, le Pharaon est dieu, les Romains déifient Rome et !'Empereur est
sacré, pour la Perse polythéiste avant d'être Chiite, son empereur est sacré. En occident et en orient avec
Constantin, le christianisme devient religion d'état. Le judaïsme est toléré, peu ou prou, car circonscrit à
un territoire, la Palestine.
En 612, apparait en Arabie, une nouvelle religion monothéiste, l'Islam. « Allah est grand et
Mahomet est son prophète ». Cette troisième {< religion du Livre » édicte ses fondements dans le Coran.
Aux temps des croisades, qui durera 2 siècles (1093-1300), chrétien et musulmans vont s'affronter
à travers leurs idéologies antagonistes.
Mahomet est chef religieux, chef militaire, chef de guerre. Toute action est dictée par Allah au
Prophète à travers le Coran, donc la guerre est une guerre sainte, dite Djihad, faite au nom d'Allah.
Jésus, fondateur du christianisme, est d'essence divine. Sa doctrine est inscrite dans les Evangiles.
Elle est basée sur la non-violence: «tune tueras point» et « mon royaume n'est pas de ce monde>>.
L'Eglise primitive appliquera la règle fondamentale de la séparation du temporel et du spirituel en
matière de pouvoir.
Comment, alors, l'Eglise d'Occident en est-elle arrivée, en 1095, à l'idée de croisade?
Cette idée résulte d'un long processus de transformation de la doctrine chrétienne écrira Jean
Flori.
Dans « la Cité de Dieu », Saint Augustin avait déjà introduit le concept de « guerre juste ». Au X
siècle, avec Grégoire VII, l'Eglise de Rome accroit son rôle politique et l'on assiste à la fusion du
spirituel et du temporel dans la gouvernance de l'Occident tout au long du Moyen Age. Cette fusion,
qui conduit certainement à élaborer le concept de « guerre sainte », rejoint, en quelque sorte, le djihad
musulman, accepté dès ses origines. Il y a, certes, des différences de nature et d'objectifs dans la mise en
pratique. L'expansion musulmane a suivi les conquêtes de ses guerriers. C'est une progressive dilatation
destinée à conquérir, pour l'Islam, des territoires, c'est une guerre de conquête. Pour l'Eglise de Rome, la
guerre sainte est une guerre de reconquête, d'abord défensive, puis offensive. Donnons pour exemple la
Reconquista en Espagne ou la croisade au Proche Orient, terres chrétiennes à l'origine. Avec le talent
d'orateur d'Urbain II, la guerre sainte deviendra Croisade, c'est-à-dire, la sacralisation de l'acte de guerre
(« Dieu le veut») qui découle du caractère unique de Jérusalem dans les mentalités religieuses de la
chrétienté du XI siècle. On peut dire que la I croisade atteint, pour les chrétiens d'Occident, le degré
de sacralité qu'aurait eu, pour les Musulmans, un djihad prêché pour délivrer, non pas Jérusalem,
troisième ville sainte pour eux, mais la Mecque si ces « infidèles» s'en étaient emparés, ce qui ne fut
jamais le cas.
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Pour déclencher la croisade, « il fallait, écrit Jean Flori, un niveau suffisant de valorisation et
de sacralisation de la guerre et un état de tension politico-militaire venant créer un choc
émotionnel permettant à cette sacralisation de s'exprimer à la fois dans les actes et dans les écrits. »
Le facteur déclenchant, le voici : les Turcs menacent Constantinople, massacrent les
chrétiens orthodoxes, l'appel à l'aide du Basileus Alexis auprès de l'Occident est pressant. Ainsi
Urbain II au concile de Clermont en 1096, prêche avec succès la I croisade qui entrainera
l'Occident chrétien dans deux siècles de guerres.
Que dire de cette I expédition ? Rien de ce qui se passa ne pouvait être imaginé ni par les
croisés, ni par Urbain II, ni par le concile de Clermont, écrira Jean Richard. Ce qu'on peut
retenir, c'est que la coopération avec Byzance fut illusoire, qu'avec la prise de Jérusalem la
naissance d'un état latin se dessine, que la rencontre avec l'Orient est faite de heurts, certes, mais
aussi de rapports non conflictuels et que la rapidité des occidentaux à s'adapter à un monde
différent du leur est à leur avantage.
Les 3° et 4° croisades (1188-1205) seront des croisades de reconquête, plus assimilables à
une guerre sainte pour défendre un Orient latin organisé à l'occidentale, même si Jérusalem reste
l'enjeu majeur. Certes, les croisés bénéficient des avantages spirituels et des promesses de paradis
en cas de mort, mais la flamme de la sacralité vacille dans l'organisation de cette nouvelle patrie
outre-mer.
Pour les croisades, en Occident, les choses furent différentes. On ne peut pas parler de
sacralisation de la guerre. Saint Jacques de Compostelle, détruit en 997 par Al Mansour, a moins
d'impact sur la chrétienté que Jérusalem.
Les musulmans, après avoir conquis l'Afrique du Nord, continuent leur avancée sur la Sicile,
les iles occidentales de la Méditerranée, menaçant Rome et pénètrent par Gibraltar en Espagne. Le
roi wisigoth, Rodrigue, ne peut arrêter cette onde de choc et, à l'exception du nord cantabrique,
Galice, Asturies, Leon et Navarre, les musulmans conquièrent la totalité des territoires. Ils
franchissent les Pyrénées, ravagent l'Aquitaine, la Septimanie, la Provence. Les exploits de Eudes,
duc d'Aquitaine, marquent l'arrêt de leur progression permettant à Charles Martel de repousser
un raid près de Poitiers.
Il n'y a pas eu en Espagne 7 siècles de guerre comme en témoigne la présence musulmane
(711-1492). La guerre sainte prêchée par les papes successifs et le djihad relancé par certains
émirs, tel Al Mansour, ou avec les Almohades et Almoravides, font penser à un mouvement
d'accordéon. Les dissensions des uns favorisèrent les avancées des autres. Ainsi, l'émiettement du
califat de Cordoue en royaumes de Taïfas accélèrera la reconquête à partir de 1035.
La reprise du djihad avec les Almohades radicalisera les combats. Ces berbères et maures
vont pratiquer une sorte d'épuration de leurs frères musulmans qu'ils jugent trop occidentalisés et
éloignés d'un Coran strict.
Du coté chrétien, le pape Alexandre II, conscient de la menace pour l'Occident, prêche alors
une guerre sainte et exhorte les princes espagnols à défendre leur territoire et à ne pas s'engager
dans les croisades en Orient. Les bienfaits spirituels leurs seront octroyés de la même façon : la
Reconquista aura une valeur rédemptrice pour quiconque lui viendra en aide.
Les territoires chrétiens d'Espagne étaient à l'image des Taïfas, divisés et bien souvent
hostiles, contractant des alliances avec les émirs et vice versa. I..:autorité spirituelle du pape et les
intérêts politiques fluctuants au cours des siècles ont fini par souder les deux principaux royaumes
Castille et Aragon. Les rois catholiques, Ferdinand et Isabelle, achèveront la Reconquista par la
prise définitive du royaume de Grenade. Mais il aura fallu attendre jusqu'en 1492. De ce long
épisode, l'Espagne, morcelée en petits royaumes, deviendra un royaume unifié, riche de ces
échanges forgés au cours des siècles.
En Orient l'entreprise fut moins chanceuse. Les états latins furent de courte durée, certains
historiens, tel Steven Runciman, concluent à un « vaste fiasco )). Les croisades ont renforcé les
inimitiés entre occidentaux et byzantins. Les chocs idéologiques, les renversements de suprématie
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avec la chute de l'Empire Ottoman et l'arrivée du pétrole ont exacerbé les passions non éteintes à
ce jour.
Cet enseignement doit nous conduire à dégager une part positive dans la transformation de
l'occident consécutive aux croisades. Il faut pour cela s'ouvrir à la mentalité de ce temps
exceptionnel. C'est toute la société qui est mise en cause par la mise en marche de la croisade,
dixit Jean Richard, et, pour le monde des seigneurs, il s'agit d'une mobilisation d'où naitra une
chevalerie dont Saint Bernard mettra en exergue les valeurs dans « l'éloge de la nouvelle
chevalerie>>. Cet éloge donnera naissance à la chanson de geste, reprise plus tard. A cela s'ajoute la
découverte de régions et de mode de penser inconnus jusqu'alors et qui ont favorisé les échanges
commerciaux non négligeables.
Mais n'oublions pas que la Méditerranée est une juxtaposition de peuples voués à se tolérer
selon les aléas politiques et économiques et prêts à s'enflammer si l'idéologie vient à allumer la
mèche.
Maguy Chapot-Blanquet
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Méditerranée passion. Introduction au colloque / Chapot-Blanquet, Maguy
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Méditerranée passion. Introduction au colloque "Les Croisades : Orient-Occident (XIe au XIIIe siècle)"
Méditerranée passion. Introduction au colloque "Les Croisades : Orient-Occident (XIe au XIIIe siècle)"
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Maguy Chapot-Blanquet est docteur en sciences humaines.
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