Place Jasmin, Agen (47000)
La ville d'Agen, qui avait au lendemain de la mort de Jasmin pris en charge ses funérailles, rend une nouvelle fois hommage au poète en érigeant place Saint-Antoine, une statue à sa gloire. Elle fait pour l'occasion appel au soutien des admirateurs du poète par le biais d'une souscription.
Réalisée par le sculpteur Vital-Dubray, la statue est dévoilée le 12 mai 1870. Installée sur son socle dès le 22 avril, elle reste jusqu'à cette date dissimulée sous un long voile sombre qui cache ses traits en attente de l'inauguration officielle (cf. CRDP de Bordeaux. C6076, « La statue de Jasmin ». C. Rapin).
Celle-ci se déroule quelques jours plus tard en présence des proches de Jasmin (sa veuve, Magnonet et son fils, Édouard), des membres du Conseil municipal et sous la présidence du député-maire Henri Noubel. L'édile avait quelques mois plus tôt apporté son soutien à l'entreprise au nom du mouvement de défense et de reconnaissance de la langue d'oc, en offrant 50 francs à la souscription. Au son des fanfares et des discours, la journée est dédiée à la mémoire de Jasmin. Frédéric Mistral, venu pour l'occasion de Provence, représente le Félibrige. Les deux hommes ne se sont pourtant jamais rencontrés. Jasmin en effet, autodidacte indépendant, ne fonda jamais d'école autour de son action littéraire comme linguistique, et répondit par la négative à la demande du Félibrige de rejoindre ses rangs. En ce 12 mai 1870 toutefois, Frédéric Mistral adresse au poète d'Agen un vibrant hommage, reconnaissance du rôle joué par son prédécesseur en faveur de la langue occitane.
Début XIXe siècle
Vital-Dubray(1857-1912) – sculpteur, auteur de la statue
Jacques Jasmin (1798- 1864) – sujet de la statue
Jacques Jasmin, poète agenais, figure aux côtés du Provençal Frédéric Mistral, lauréat du prix Nobel de littérature en 1904, parmi les auteurs occitans phares du XIXe siècle. Avec eux, la littérature occitane fait son entrée dans les salons parisiens et acquiert une reconnaissance nouvelle. Jasmin, précurseurs des félibres, ces poètes réunis autour de Mistral, Roumanille ou Brunel, pour la sauvegarde de la langue occitane, n’appartint pourtant à aucun mouvement et se refusa, en dépit de son succès, à former école autour de son œuvre. Il laisse à sa mort, une importante production, depuis lors toujours lue et éditée.
Né le 6 mars 1798 dans une famille modeste de l'Agenais, Jacques Jasmin, de son vrai nom, Jacques Boé, s'installe à son compte en tant que coiffeur dans le quartier du Gravier à Agen dès l'âge de 18 ans. Le jeune homme se livre parallèlement à sa passion pour l'écriture, publiant dès 1822 sa première œuvre dans le Journal du Lot-et-Garonne : Fidelitat ageneso. La parution dix ans plus tard de ses Papillotos
et sa rencontre avec Charles Nodier, le charisme dont fait preuve le poète, brillant orateur, permettent à Jasmin d'acquérir au fil des années ses lettres de noblesses dans le domaine de la littérature, lui qui fait figure d'exception en proposant une œuvre en langue d'oc. Lauréat de nombreuses récompenses dans sa ville comme au rang national - il est honoré du prix Monthyon de l'Académie française, et le jeune Félibrige lui décerne le titre de « Maître-ès-jeux » - Jasmin demeure malgré tout pour la scène littéraire parisienne ce poète-perruquier, selon les mots de Balzac ; poète « patois » victime de préjugés qui entachent sa pleine reconnaissance. Jasmin s'éteint en 1864, le 4 octobre, en pleine gloire. Son enterrement attire les foules tout comme l'inauguration officielle de la statue qui lui est dédié six ans plus tard.
Bronze – statue
Plâtre – médaillon
La sculpture dressée sur la place Saint-Antoine (rebaptisée place Jasmin le 9 mai 1883), non loin de l'ancien salon de coiffure de Jasmin, est une réalisation du sculpteur Gabriel Vital-Dubray (1813-1892). Faite de bronze, elle faillit être fondue durant l'occupation allemande afin que soit récupéré le précieux métal.
Jasmin est représenté appuyé à une colonne, contre laquelle est posée une lyre, rappel de sa fibre poétique. L'auteur est d'ailleurs immortalisé dans une posture oratoire – on retrouve cette même pose, bras droit levé, main gauche sur le cœur dans une lithographie de Bertrand et Oudin- vêtu d'une redingote, son col enserré d'un noeud papillon, montre de gousset apparente.
Le socle, colonne quadrangulaire, porte différentes informations. Sur la face principale, placés sous l'inscription « À Jasmin », se trouve une plaque figurant deux anges, une lyre et la mention Immortalitat.
Une autre plaque, placée à l'opposé de la précédente, est un rappel aux généreux donateurs à l'origine de l'érection de la statue en mai 1870.
Une dernière enfin, placée au côté droit de la statue, est une citation de Jasmin lui-même : " O ma lengo, tout me zou dit, Plantarey uno estelo a toun froun encrumit »/ « Oh ma langue, tout me le dit. Je placerai une étoile à ton front obscurci ». Ces vers sont extraits de l'épître à Charles Nodier « Des cranto de Paris ».
]]>Place Jasmin, Agen (47000)
La ville d'Agen, qui avait au lendemain de la mort de Jasmin pris en charge ses funérailles, rend une nouvelle fois hommage au poète en érigeant place Saint-Antoine, une statue à sa gloire. Elle fait pour l'occasion appel au soutien des admirateurs du poète par le biais d'une souscription.
Réalisée par le sculpteur Vital-Dubray, la statue est dévoilée le 12 mai 1870. Installée sur son socle dès le 22 avril, elle reste jusqu'à cette date dissimulée sous un long voile sombre qui cache ses traits en attente de l'inauguration officielle (cf. CRDP de Bordeaux. C6076, « La statue de Jasmin ». C. Rapin).
Celle-ci se déroule quelques jours plus tard en présence des proches de Jasmin (sa veuve, Magnonet et son fils, Édouard), des membres du Conseil municipal et sous la présidence du député-maire Henri Noubel. L'édile avait quelques mois plus tôt apporté son soutien à l'entreprise au nom du mouvement de défense et de reconnaissance de la langue d'oc, en offrant 50 francs à la souscription. Au son des fanfares et des discours, la journée est dédiée à la mémoire de Jasmin. Frédéric Mistral, venu pour l'occasion de Provence, représente le Félibrige. Les deux hommes ne se sont pourtant jamais rencontrés. Jasmin en effet, autodidacte indépendant, ne fonda jamais d'école autour de son action littéraire comme linguistique, et répondit par la négative à la demande du Félibrige de rejoindre ses rangs. En ce 12 mai 1870 toutefois, Frédéric Mistral adresse au poète d'Agen un vibrant hommage, reconnaissance du rôle joué par son prédécesseur en faveur de la langue occitane.
Début XIXe siècle
Vital-Dubray(1857-1912) – sculpteur, auteur de la statue
Jacques Jasmin (1798- 1864) – sujet de la statue
Jacques Jasmin, poète agenais, figure aux côtés du Provençal Frédéric Mistral, lauréat du prix Nobel de littérature en 1904, parmi les auteurs occitans phares du XIXe siècle. Avec eux, la littérature occitane fait son entrée dans les salons parisiens et acquiert une reconnaissance nouvelle. Jasmin, précurseurs des félibres, ces poètes réunis autour de Mistral, Roumanille ou Brunel, pour la sauvegarde de la langue occitane, n’appartint pourtant à aucun mouvement et se refusa, en dépit de son succès, à former école autour de son œuvre. Il laisse à sa mort, une importante production, depuis lors toujours lue et éditée.
Né le 6 mars 1798 dans une famille modeste de l'Agenais, Jacques Jasmin, de son vrai nom, Jacques Boé, s'installe à son compte en tant que coiffeur dans le quartier du Gravier à Agen dès l'âge de 18 ans. Le jeune homme se livre parallèlement à sa passion pour l'écriture, publiant dès 1822 sa première œuvre dans le Journal du Lot-et-Garonne : Fidelitat ageneso. La parution dix ans plus tard de ses Papillotos
et sa rencontre avec Charles Nodier, le charisme dont fait preuve le poète, brillant orateur, permettent à Jasmin d'acquérir au fil des années ses lettres de noblesses dans le domaine de la littérature, lui qui fait figure d'exception en proposant une œuvre en langue d'oc. Lauréat de nombreuses récompenses dans sa ville comme au rang national - il est honoré du prix Monthyon de l'Académie française, et le jeune Félibrige lui décerne le titre de « Maître-ès-jeux » - Jasmin demeure malgré tout pour la scène littéraire parisienne ce poète-perruquier, selon les mots de Balzac ; poète « patois » victime de préjugés qui entachent sa pleine reconnaissance. Jasmin s'éteint en 1864, le 4 octobre, en pleine gloire. Son enterrement attire les foules tout comme l'inauguration officielle de la statue qui lui est dédié six ans plus tard.
Bronze – statue
Plâtre – médaillon
La sculpture dressée sur la place Saint-Antoine (rebaptisée place Jasmin le 9 mai 1883), non loin de l'ancien salon de coiffure de Jasmin, est une réalisation du sculpteur Gabriel Vital-Dubray (1813-1892). Faite de bronze, elle faillit être fondue durant l'occupation allemande afin que soit récupéré le précieux métal.
Jasmin est représenté appuyé à une colonne, contre laquelle est posée une lyre, rappel de sa fibre poétique. L'auteur est d'ailleurs immortalisé dans une posture oratoire – on retrouve cette même pose, bras droit levé, main gauche sur le cœur dans une lithographie de Bertrand et Oudin- vêtu d'une redingote, son col enserré d'un noeud papillon, montre de gousset apparente.
Le socle, colonne quadrangulaire, porte différentes informations. Sur la face principale, placés sous l'inscription « À Jasmin », se trouve une plaque figurant deux anges, une lyre et la mention Immortalitat.
Une autre plaque, placée à l'opposé de la précédente, est un rappel aux généreux donateurs à l'origine de l'érection de la statue en mai 1870.
Une dernière enfin, placée au côté droit de la statue, est une citation de Jasmin lui-même : " O ma lengo, tout me zou dit, Plantarey uno estelo a toun froun encrumit »/ « Oh ma langue, tout me le dit. Je placerai une étoile à ton front obscurci ». Ces vers sont extraits de l'épître à Charles Nodier « Des cranto de Paris ».
Plaça Jasmin, Agen (47000)
La Vila d’Agen, que, al lendeman de la mòrt de Jasmin, aviá pres en carga sas funeralhas, rend omenatge un còp de mai al poèta per l’ereccion d’una estatua a sa glòria plaça Saint-Antoine. Fa per l’escasença apèl al sosten dels admirators del poèta pel biais d’una soscripcion.
Realizada per l’escultor Vital-Dubray, es desvelada lo 12 de mai de 1870. Instalada sus son sòcle tre lo 22 d’abril, demòra dissimulada jos un long vel escur qu’escond sos traits en atenta de l’inauguracion oficiala (cf. CRDP de Bordeaux. C6076, « La statue de Jasmin ». C. Rapin).
L’inauguracion se debana qualques jorns aprèp, en preséncia dels pròches de Jasmin (sa veusa, Magnonet e son filh, Edouard), dels membres del Conselh municipal e jos la presidéncia del deputat-cònsol Henri Noubel. L’edil aviá qualques meses abans, portat son sosten a l’entrepresa en lo nom del movement de defensa e de reconeissença de la lenga d’òc per son ofèrta de 50 francs a la soscripcion. Al son de las fanfaras e dels discors, la jornada es dedicada a la memòria de Jasmin. Frederic Mistral, vengut per l’ocasion de Provença, representa lo Felibritge. Los dos òmes se son pasmens jamai rescontrats. En efièch, Jasmin autodidacte independent, fondèt pas jamai d’escòla a l’entorn de son accion literària o linguistica, e respondèt per la negativa a la demanda del Felibritge de jónher lo movement. Çaquelà, en aquel 12 de mai 1870, Frederic Mistral adreiça un omenatge vibrant, en reconeissença del ròtle jogat per son predecessor en favor de la lenga occitana.
A la debuta del sègle XIX.
Vital-Dubray (1857-1912) – escultor, autor de l’estatua
Jacques Jasmin (1798- 1864) – subjècte de l’estatua
Jacques Jasmin, poèta agenés, figura als costats del Provençal Frederic Mistral, laureat del prèmi Nobel de literatura en 1904, demest los autors occitans màgers del sègle XIX. Amb eles, la literatura occitana fa son entrada dins los salons parisencs e ganha una novèla reconeissença. Jasmin, precursor dels felibres, aqueles poètas amassats a l’entorn de Mistral, Roumanille o Brunel, per la salvagarda de la lenga d’òc, apertenguèt pas jamai a un movement e se refusèt, en despièch de son succès, de formar escòla a l’entorn de son òbra, e daissèt a sa mòrt, una produccion importanta e dempuèi, totjorn legida e reeditada.
Nascut lo 6 de març 1798, dins una familha modèsta de l’Agenés, Jacques Jasmin, de son nom vertadièr, Jacques Boé, s’installa a son compte coma perruquièr dins lo barri del Gravier en Agen a solament 18 ans. Parallèlament a son comèrci, lo jove se liura a son passion per l’escritura, e publica tre 1822 sa primièra òbra dins lo Jornal d’Òlt-e-Garona : Fidelitat ageneso. La parucion dètz ans aprèp de sas Papillotos e son rescontre amb Charles Nodier, lo carisme que ne fa pròva e son talent d’orator, permeton a Jasmin de ganhar al fial de las annadas, sas letras de noblesa dins lo domeni de la literatura, el que fa figura d’excepcion per sa proposicion d’una òbra en lenga d’òc. Laureat de recompensas nombrosas dins sa vila coma al nivèl nacional - es onorat del prèmi Monthyon de l’Acadèmia françesa, e lo jove felibritge li decernís lo prèmi de « Mèstre-ès-jocs » - Jasmin demòra ça que la per l’escena literària parisenca aquel poèta-perruquièr, segun los mots de Balzac ; poèta « patés » victima de prejutjats qu’endecan sa complèta reconeissença. Jasmin morís en 1864, lo 4 d’octòbre, en plena glòria. Sas funeralhas atiran la fola coma l’inauguracion oficiala de l’estatua que li es dedicada 6 ans aprèp.
Bronze - estatua
Plastre - medalhon
L’esculptura dreçada sus la plaça Saint-Antoine (tornar baptejada plaça Jasmin lo 9 de mai de 1883), pròche de l’ancian salon de cofadura de Jasmin es una realizacion de l’escultor Gabriel Vital-Dubray (1813-1892). Facha de bronze, manquèt d’èsser fonduda pendent l’ocupacion alemanda per tal que siá recuperat son preciós metal.
Una autra placa, plaçada a l’opausat de la precedenta, es un rapèl als generoses donators a l’origina de l’errecion de l’estatua en mai 1870.
En fin, una darrièra, plaçada al costat dreit del monument, es una citacion de Jasmin : « O ma lengo, tout me zou dit, Plantarey uno estelo a toun froun encrumit » / « Ô ma lenga tot m'o ditz, Plantarai una estela a ton front encrumit.». Aquelas rimas son extrachas de l'espitòla a Charles Nodier « Des crantos de Paris ».