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PDF Text
Text
Université Rennes 2 – Haute Bretagne
Centre de recherches historiques de l’Ouest (CERHIO)
Master-2 Histoire, Sociétés, Cultures
Les écrits révolutionnaires et contre-révolutionnaires
rédigés en breton (1789-1799)
Hervé LE VOT
Sous la direction de Georges PROVOST et de Hervé LE BIHAN
Maîtres de conférences à Rennes II
Rennes : septembre 2012
Cliché de la couverture : GIRARDET, Jules, Les révoltés de Fouesnant ramenés par la garde
nationale de Quimper en 1792 , Musée des Beaux-arts de Quimper.
1
�Les écrits révolutionnaires et contre révolutionnaires rédigés en breton
(1789-1799)
Les abréviations utilisées:
Abréviations des lieux de dépôt :
AD22
Archives départementales des Côtes d'Armor
AD29
Archives départementales du Finistère
AD35
Archives départementales d'Ille-et-Vilaine
AD44
Archives départementales de Loire Atlantique
AD56
Archives départementales du Morbihan
AE-KEM-LEON
Archives diocésaines de Quimper et Léon
A-KERNUZ
Archives de Kernuz
AM-Brest
Archives municipales de Brest
AMM-BREST
Archives de la Marine à Brest
AM-MORLAIX
Archives municipales de Morlaix
AM-QUIMPER
Archives municipales de Quimper
AM-RENNES
Archives municipales de Rennes
AM-ST-BRIEUC
Archives municipales de Saint-Brieuc
AM-VANNES
Archives municipales de Vannes
aucun
Inconnu
B-KERDANET
Bibliothèque Kerdanet à Lesneven
BNF-PARIS
Bibliothèque Nationale Paris
B-RENNES
Bibliothèque des Champs Libres à Rennes
CERHIO
Bibliothèque CERHIO, Rennes II
CRBC
Bibliothèque du CBRC, UBO, Brest
MB-RENNES
Musée de Bretagne à Rennes, Champs Libres
PLEYBEN
Collection Amphernet à Pleyben
Abréviations des citations, nom de l’auteur de la citation, des collecteurs:
AD
Alain Droguet
ADD
Alain Durand
ALM
Andréo Ar Merser
DB
Daniel Bernard
FR
Fañch Roudaut
GLM
Gwenolé Le Menn
HLV
Hervé Le Vot
2
�HP
Henri Pérennès
JLO
Joseph Loth
JMP
Jean-Marie de Penguern
JPH
Jeff Philippe
LOG
Louis Ogès
Abréviations des dialectes bretons :
G
Vannetais
K
Cornouaillais
L
Léonard
T
Trégorrois
3
�« Les écrits révolutionnaires et contre révolutionnaires rédigés en breton,
(1789-1799)»
Introduction
L’objet de ce mémoire est d’effectuer un recensement des textes rédigés en breton, qu’ils
soient révolutionnaires ou contre-révolutionnaires, pendant la période 1789-1799. De ce
corpus nous avons retenu deux thèmes transversaux pour commenter deux objectifs des
révolutionnaires : le premier pour communiquer les idées nouvelles, par les traductions de
tous les documents officiels. Le second qui s’inscrit dans l’esprit des Lumières : celui de
donner une instruction publique à tous les Français.
Par cet objectif, nous pouvons connaître la politique linguistique des révolutionnaires. La
politique nationale se fait en français, la langue de la Raison. Dans un premier temps, les
révolutionnaires sont favorables aux traductions des textes dans les langues régionales. A la
demande des sympathisants locaux de la Révolution, des décrets sont publiés. Une opposition
radicale se développe lors de la Convention montagnarde (juin 93-juillet 94) visant à interdire
les patois et les «idiomes», dans un souci d’unification des français par l’usage d’une langue
commune. Elle sera suivie par une plus grande tolérance après thermidor (juillet 1794).
Parallèlement nous assistons à une tentative d’organisation de l’instruction publique. Le
breton, ainsi que les autres langues régionales, ont été utilisés pour diffuser les idées
révolutionnaires, et c’est par l’utilisation de ces mêmes langues régionales que les contrerévolutionnaires ont combattu cette Révolution.
I) La Révolution française et les langues régionales : une relation délicate
La France, à la fin du XVIIIe siècle, présente une mosaïque de langues provinciales, le
français n’est usité que par une partie de la population. L’enquête de l’abbé Grégoire révèle
que seulement 20% de la population de la France, constituée de 83 départements en 1790,
parle le français. Dans les provinces périphériques il est parlé différentes langues ou, patois, le
flamand, l’alsacien, les langues d’oc : le provençal, le gascon, le languedocien, les langues
d’oïl : les patois normands, picards, le gallo dans la partie orientale de la Bretagne, l’italien en
Corse et, le basque. La première enquête sur la situation linguistique de la France est celle de
l’abbé Grégoire.
Dans l’histoire générale de la Révolution française, la question des langues minoritaires est
négligée, les patois sont écartés, ainsi que les langues d’oïl et d’oc. Seules les langues des
régions périphériques sont citées, et pourtant les Français s’expriment majoritairement en
4
�patois. Connaître comment les langues dans lesquelles les populations
recevaient et
commentaient les nouveautés révolutionnaires n’est pas inintéressant. On voit que pour avoir
été longtemps négligé, ce champ d’études n’en est pas moins important et mérite l’attention.
Ce qui est en jeu à travers ce travail sur des textes en langues minoritaires, c’est la
compréhension des mécanismes de diffusion du savoir politique.
Pour la première fois, on associa langue et nation. Désormais, la langue devint une affaire
d'État: il fallait doter d'une langue nationale la «République une et indivisible» et élever le
niveau des masses par l'instruction ainsi que par la diffusion du français. Or, l'idée même
d'une «République une et indivisible», ne pouvait se concilier avec le morcellement
linguistique et le particularisme des anciennes provinces.1
Pour Paris, cela semble confus, une situation floue : les révolutionnaires ont bien connaissance
de différentes langues ou idiomes dans les provinces périphériques, mais ils n’en mesurent pas
l’importance démographique, ni les contours géographiques. Les ministères n’ont pas de
connaissance précise de la situation linguistique : la variété, les distinctions entre les langues,
les dialectes, les patois et les idiomes, ils n’en ont qu’une idée incertaine. La monarchie ne
s’était guère préoccupée des langues pratiquées dans son royaume. L’Etat a légiféré
tardivement sur la langue. Ce qui faisait l’unité politique du pays c’était surtout la religion et
les provinces. L’Etat royal prescrivit, par l’ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539, l’usage
du français dans les actes publics (baptêmes, mariages, sépultures, jugements) au détriment du
latin tout en reconnaissant la possibilité d’utiliser «le langage maternel». Pour la majorité de la
population du royaume de France, le français d’Ile de France était une langue étrangère.
II) La Révolution française et la langue bretonne
La population de la Basse-Bretagne, à la fin du XVIIIe siècle est majoritairement monolingue
brittophone. La place de la langue bretonne dans la société de Basse-Bretagne au moment de
la Révolution française présente donc un exemple de la difficulté de la transmission du
message révolutionnaire. Le corpus relativement important dont nous disposons témoigne de
l’ampleur des difficultés rencontrées par les autorités locales pour communiquer avec une
population majoritairement bretonnante.
1
Révolution française : La langue nationale (1789-1870) université de Laval, Québec,
ww.tlfq.ulaval.ca/axl/francophonie/HIST_FR_s8_Revolution1789.htm#4_Linstruction_publique_
5
�Le corpus constitué nous permet de mettre en lumière les différences entre les textes originaux
rédigés en français, et leurs traductions en breton. Dans ce corpus nous avons des documents
qui témoignent de la tentative d’organisation d’une instruction publique en Basse Bretagne,
dans le but d’universaliser la langue française là où il était parlé des « idiomes ».
La Basse-Bretagne se distingue par une production assez conséquente en breton pendant la
période révolutionnaire. Daniel Bernard, au début du XXe siècle, fut le premier à établir une
collection de ces documents. Le bicentenaire de la Révolution française fut une nouvelle
occasion de rencontres et, de publications. Nous avons pu constituer un corpus de 203
documents. Plusieurs indices nous permettent de penser que la production, qu’elle soit
d’origine révolutionnaire ou contre-révolutionnaire, fut plus abondante encore.
Les relations entre les autorités, religieuses ou, laïques et, les langues régionales n’ont rien eu
« d’un long fleuve tranquille ». Cela est particulièrement vrai pour les langues des provinces
périphériques de la France. La langue bretonne, selon les périodes, fut utilisée comme vecteur
d’un message pour la propagation de la foi, le moyen de communication avec les fidèles basbretons ; puis pour diffuser les idées nouvelles de la Révolution française. Son usage fut
combattu dès qu’il fut compris comme un moyen contre-révolutionnaire et anti-républicain
par la IIIe République. Cette attitude sera constante avec toutefois des nuances jusqu’à nos
jours.
Un corpus de textes constitués par des collecteurs, des chercheurs avait commencé à dresser
partiellement l’inventaire au XIXe siècle et, au tournant des XIXe et XXe siècles. La situation
du corpus que nous avons constitué est de 203 documents, à la fin juin 2012. Près de la moitié
des documents, 96, sont des chansons, gwerzioù et, cantiques. Ils proviennent pour partie des
collectes de Jean-Marie Penguern et d’Alain Durand. La collection Penguern, ainsi que celles
parues dans Ar Feiz hag Ar Vro, d’Alain Durand ont été reprises par Henri Pérennès dans,
Poésies et chansons populaires bretonnes concernant des évènements politiques et religieux
de la Révolution française 1790-1794. Les autres types de documents sont de type
administratif : 93, affiches, décrets, circulaires, courriers et divers.
Beaucoup de documents, 115, n’ont pas de dialecte précisé. Pour ceux où il est précisé le
trégorrois, 38, est le plus utilisé. La région du Trégor, est la plus prolifique en terme de
production de chansons, de gwerzioù. C’est aussi la constatation d’Eva Guillorel, dans
La
Complainte et la Plainte, Chanson, justice, cultures en Bretagne (XVIe-XVIIIe siècles). Dans
6
�notre corpus, nous avons les collectes d’Alain Durand et la mention de Jef Philippe tous deux
du pays trégorrois, sans oublier François Marie Luzel, dans l’essentiel de ses collectes se fit
dans ce pays.
Daniel Bernard, est la personne qui s’est intéressée le plus à ce sujet, 72 documents ont été
cités par Daniel Bernard, suivi d’Henri Pérennès, 50 documents, Alain Durand, 31 documents.
Daniel Bernard et Henri Pérennès, citent fréquemment les manuscrits collectés par Jean-Marie
de Penguern.
En cumulant les différents lieux de dépôt situés dans
le Finistère, nous obtenons 63
documents recensés. Le Finistère est suivi par les Côtes d’Armor, 19, mais malheureusement
94 documents sont sans indication du lieu de dépôt.
Une analyse par année de production des documents, peut-être faite avec certaine réserve.
Nous avons seulement 109, sur 203 documents, dont on peut connaître une datation, parfois
approchée. En regroupant par année de production, nous obtenons, l’année 1794, avec 45
documents. Nous constatons une accélération de la production sur la période de septembre
1793 à juin 1794, 42 documents.
Les colloques de Montpellier2 développèrent des problématiques sur la politique linguistique
de la Révolution française dans les provinces où l’usage du français n’était pas habituel. Les
révolutionnaires se trouvent confrontés à une demande locale de traduction et les pratiques
locales face à une Contre-Révolution qui utilise les langues régionales.
Nous pouvons nous interroger comment était reçue la politique linguistique de la Révolution
française. La langue française étant vue comme langue de la Raison, peut-on voir face à une
demande locale de traduction, le décalage entre le discours des révolutionnaires parisiens, et
les pratiques locales, dans les provinces où le langage quotidien du peuple n’est pas le
français, face à cette diversité de langue et comment établir une langue universelle comprise
de tous et face à la Contre-Révolution qui utilise les langues régionales. Pouvons-nous
comprendre la réponse des révolutionnaires ? Devant une diversité de langues comment
imposer une langue universelle comprise de tous ?
Notre projet est moins ambitieux, nous nous centrerons sur deux questions, la première sur les
traductions :
2
Images et représentation du sud au moment de la Révolution française, Colloque des 21,22, 23 novembre1985
7
�-
Quels étaient les enjeux et éventuellement les risques des traductions en langue bretonne,
face à la Contre-Révolution qui utilise la langue bretonne ?
La deuxième sur l’instruction publique
-
Comment se faire comprendre sans les traductions et, comment établir une langue
universelle comprise de tous ?
Avant d’aborder les questions des traductions et de l’organisation de l’instruction publique,
nous rappellerons les études précédentes sur ces deux sujets depuis le début du XIXe siècle
jusqu’à nos jours. L’examen du corpus rassemblé dans une base de données nous permettra de
prendre la mesure de l’importance des écrits rédigés en breton pendant la période
révolutionnaire. Les traductions seront examinées, ainsi que leur pratique, leur temporalité,
les difficultés et leurs implications idéologiques. Nous nous interrogerons sur le rôle des
acteurs de la Révolution dans la mise en place d’une instruction publique, les lois, les décrets.
Localement ces décisions entraînèrent des candidatures d’instituteurs bilingues. Les autorités
locales font face à des difficultés qui conduiront à l’échec de cette tentative d’organisation
d’une instruction publique.
8
�Les écrits révolutionnaires et contre révolutionnaires rédigés en breton
(1789-1799)
Chapitre : I
Les recherches précédentes, l’historiographie du sujet et des sources
La Révolution française et les langues régionales :
La situation linguistique de la France en Révolution
L’historiographie du sujet s’inscrit dans un cadre plus général des relations entre l’Etat et les
langues régionales qui ont été étudiées, que ce soit pour la période révolutionnaire ou sur une
période plus longue, allant de la Révolution française de 1789 à la Ve République. Les
historiens et les sociologues, les sociolinguistes ont souligné le conflit entre l’Etat et les
langues régionales.
Cette approche permet l’ouverture d’un champ de recherche interdisciplinaire. Ce champ
d’étude est au croisement de disciplines de sciences humaines. Il a été étudié non seulement
par des historiens, mais aussi par des linguistes, des sociologues, des ethnologues, des
spécialistes de la sociolinguistique et du droit constitutionnel. Le bicentenaire de la
Révolution donna un regain d’intérêt à ce domaine. Ce mouvement s’accompagna de
publications nouvelles.
Les premières recherches du XIXe et du début du XXe siècle avaient permis de constituer
partiellement un inventaire de documents dans les fonds d’archives, ainsi que les collectes de
chansons ou gwerzioù, qui avaient un rapport avec la Révolution française. Il a attiré
l’attention de quelques chercheurs plutôt rares. La préparation du bicentenaire de la
Révolution a cependant donné un coup de fouet à ce type de recherche. Ce fut une nouvelle
occasion de rencontres et de publications.
Des travaux scientifiques se sont penchés sur le rapport de l’Etat et des religions, vis-à-vis des
langues régionales. Au XIXe siècle, la Bretagne, comme d’autres régions françaises ou
européennes, a pris conscience de son patrimoine artistique et culturel. L’originalité de la
Bretagne a tenu à la profusion de ses collecteurs. Le tournant des XIXe–XXe siècles connaît la
naissance de nombreuses sociétés savantes, d’archéologie, d’histoire. La Bretagne n’est pas
absente de ce mouvement, par la création de nouvelles revues comme les Annales
9
de
�Bretagne, le Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, le Bulletin diocésain
d’Histoire et d’Archéologie [de Quimper et Léon].
Les Annales de Bretagne, fondées en 1883 par Joseph Loth (1847-1934), un linguiste. Dans
cette revue il publie de nombreux textes. Il en assume la direction jusqu'en 1910. Daniel
Bernard fut son successeur à la direction de la revue. Cette revue a été un lieu de publication
de Daniel Bernard, Henri Pérennès, François Marie Luzel, Hersart de la Villemarqué.
Joseph Loth mentionne des chansons de l’époque de la Révolution. Une seule d’entre elles
est rédigée en breton et en français, écrite en dialecte vannetais, « Stephan er Roux » 3.
Joseph Loth ne se positionne pas sur la période révolutionnaire en Bretagne, mais sur les
études des langues celtiques. Ce qui explique le fait qu’il ne cite que deux documents sur le
sujet qui nous occupe. Il est en relation avec Daniel Bernard, Henri Pérennés, Théodore
Hersart de la Villemarqué, Anatole Le Braz ainsi que François-Marie Luzel.
Le bicentenaire de la Révolution, en 1989, fut l’occasion d’une nouvelle production
d’ouvrages au niveau national. La Bretagne n’échappe pas à ce mouvement. Après le regain
d’intérêt mémoriel de la Révolution française, les traductions de l’almanach du père Gérard4
présentèrent un cas d’étude à la fois linguistique et historique.
Dans les années qui ont précédé le bicentenaire de la Révolution française, des manifestations
ont eu lieu en France, deux colloques à Montpellier 5(1984-1985) 6, en Bretagne à SaintBrieuc7 (1990), au Pays basque à Bayonne (1989). Nous n’avons pas eu, ou peu, de
manifestations, à notre connaissance, dans les Flandres et, en Alsace. Ce mouvement s’est
accompagné de publications en Occitanie, par Carmen Garabo8, et François Xavier
Emmanuelli9, pour le provençal. Aurélie Arcocha, Jean-Baptiste Orpustan, Pierre Bidart,
Pierre Hourmat, les organisateurs du colloque de Bayonne au pays basque, publièrent les
actes du colloque, 1789 et les basques, histoire, langue et littérature.
3
Annales de Bretagne, 1891-1892, p. 497-498
LE MENN , Gwenolé, BIARD Michel, L’Almanach du père Gérard de Jean-Marie Collot d’Herbois, Saint
Brieuc, Skol, 2003, 518p
5
La question linguistique au sud au moment de la révolution française, Colloque des 8, 9,10 novembre 1984
6
1789 et les Basques, actes du colloque international de Bayonne, 1989
7
DROGUET, Alain, Les bleus de Bretagne de la Révolution à nos jours. Colloques 3-5 octobre, 1990 à Saint-Brieuc,
Ploufragan, la fédération des Côtes-du-Nord 1789, p. 129-133 Saint-Brieuc, Archives départementales des Côtes
d’Armor, 1990
8
Carmen Alén Garabato, Quand le patois était politiquement utile. L’usage propagandiste de l’imprimé occitan à
Toulouse durant la période révolutionnaire, 1999
9
François-Xavier Emmanuelli , Claude Mauron, Textes politiques de l’époque révolutionnaire en langue provençale :
Discours, adresse, traductions, Centre de Recherche et d’étude méridionales, 1986.
4
10
�L’équipe « 18e et Révolution », a organisé un colloque international de lexicologie politique à
Saint-Cloud en 1991. Ce colloque a été suivi de la publication des actes sous le titre Langages
de la Révolution10 (1770-1815).
Pour aborder l’historiographie de notre sujet, nous devons appréhender la situation
linguistique de la France à la fin du XVIIIe siècle et, examiner les conflits entre la Révolution
française et les langues régionales. Nous examinerons les différentes problématiques que les
traductions des décrets, lois, et autres documents officiels dans les langues régionales
suscitèrent. Quelle fut la production historiographique depuis le XIXe siècle à nos jours ?
Notre sujet étant « Les écrits révolutionnaires et Contre-Révolutionnaires rédigés en breton
pendant la Révolution française (1789-1799) », nous approfondirons le cas de la Bretagne et
de la langue bretonne pendant cette période du point de vue de la situation linguistique à la fin
du XVIIIe siècle, ainsi des études réalisées sur ce sujet depuis la Révolution jusqu’à nos jours.
La Bretagne présente-elle un cas similaire aux autres provinces ou se distingue-t-elle des
autres provinces ?
A) L’Etat, et les langues régionales : dans les provinces autres que la Bretagne
Le royaume de France à la fin du XVIIIe siècle présente une diversité de langues régionales
surtout dans ses provinces périphériques, ainsi que deux grandes zones de langue française
patoisante que sont les langues d’oc et les langues d’oïl. Si les langues d’oc on été l’objet de
nombreuses études et manifestations, ce n’est pas la même situation pour langues d’oïl, qui ont
été quasiment occultées dans les études linguistiques à la fin du XVIIIe siècle. Dans l’histoire de
la Révolution française, la question linguistique des langues minoritaires est souvent négligée,
mais également les patois, dans une France où le français est minoritaire. Hervé Luxardo11, dans
un article intitulé « L’Abbé Grégoire en guerre contre les patois » paru dans la revue Les Clefs
pour l’Histoire, examine la situation des patois de la région Ile de France au moment de la
Révolution, en utilisant les réponses au questionnaire de l’Abbé Grégoire qui avait été diffusé
en août 1790. Dans cet article Hervé Luxardo, rappelle que l’Abbé Grégoire ciblait surtout les
langues des provinces périphériques, le basque, le breton, l’allemand, l’italien, mais ne citait pas
les langues d’oc et d’oïl. (De même que Barère oublia les langues d’oc et notamment le gascon
qui était sa langue maternelle).
10
INALF, Langages de la Révolution (1770-1815), Paris, Collection Saint-Cloud, Klincksieck, 1995. Actes du 4e
colloque international de lexicologie politique
11
LUXARDO, Hervé, l’Abbé Grégoire en guerre contre les patois, Les Clefs pour l’Histoire, janv. fév, mars, 2000
11
�L'aire d'extension des langues d'oïl (Source Wikipédia)
Les patois de langue d’oîl couvraient la partie nord de la France, ainsi que sur une partie de la
Belgique et, de la Suisse.
1) l’occitan, les langues occitanes
L’aire géographique couverte par la langue occitane en France, recouvre le Béarn, la
Gascogne, la Guyenne, le Limousin, lʼAuvergne, le sud du Bourbonnais, le Velay, le sud du
Dauphiné, le sud des Alpes, la Provence, le comté de Nice et le Languedoc.
Les colloques qui ont précédé ou suivi l’année du bicentenaire de la Révolution française ont
donné lieu à plusieurs publications suivant les régions concernées. L’aire de la langue occitane
a connu plusieurs colloques à Montpellier (1984-1985), Mont-de-Marsan (septembre 1989),
ce qui engendra des publications nombreuses dans la revue sociolinguistique Lengas. Brigitte
Schlieben-Lange, publia en 1996, idéologie, révolution et uniformité de la langue. Brigitte
Schlieben-Lange (1943-2000) est une chercheuse linguiste, particulièrement des langues
d’oc. Elle a étudié les relations entre les évolutions linguistiques et l’histoire dans Histoire des
idées linguistiques12. Elle écrit : « Il semble bien que toute révolution s'accompagne de débats
linguistiques. (...) La Révolution française ne fait guère exception à cette règle, bien au
12
SCHLIEBEN-LANGE, Brigitte, Révolution française dans Histoire des idées linguistiques, V. 3, sous la dir. de
Sylvain Auroux, Liège, Mardaga, 2000.
12
�contraire : il n'est pas une révolution en dehors d'elle qui se soit intéressée avec une telle
ardeur et sous tant d'aspects différents aux questions linguistiques ».
Ces manifestations furent suivies des publications des actes des colloques de Montpellier à
l’initiative d’Obrador, [laboratoire] : La question linguistique au sud au moment de la
Révolution française13, les 8,10 novembre 1984 et Images et représentation du sud au moment
de la Révolution française les 21,22, 23 novembre 1985. Ces colloques sont l’aboutissement
d’un groupe de travail depuis 1981, avec deux pôles de recherche : « obradors occitans » à
Montpellier, et « obradors occitans en Provènça », à Marseille. Les participants à ces
colloques se posèrent quelques questions à partir du corpus qu’ils avaient à leur disposition :
le nombre de textes, leur provenance géographique, leur chronologie, leur contenu et le mode
de diffusion du message révolutionnaire.
Un ensemble de réflexions émisses par des chercheurs qui sont aussi bien des historiens, des
mentalités souvent, que des spécialistes de langue et de littérature. La jonction entre ces deux
types de chercheurs, et avec les sociolinguistes attachés à l’étude du cas occitan, ne pouvait
mieux se faire qu’autour de ce problème de la politique linguistique au Sud. Ces colloques
posaient des interrogations sur une période où on essaye d’organiser la lutte contre les patois
que par ailleurs on utilise pour communiquer avec les masses analphabètes. L’occitan est aussi
la langue d’un peuple engagé dans une Révolution qui n’est pas exactement celle des
Lumières, langue de l’autonomie villageoise, langue d’une démocratie directe plus ou moins
spontanée qui n’échappe pas aux manipulations extérieures. Jean Sagnes de l’Université de
Montpellier III conclut : « on peut à bon droit mettre en rapport ces écrits avec la
décentralisation que stoppera la répression du fédéralisme ».
Dix ans après cette série de colloques dans le pays occitan, Philippe Gardy, dans son article
« Traduction, traductibilité, équivalence : l’exemple occitan14 », constate que le français est
une langue orale et écrite, dans tous les domaines. L’occitan est essentiellement oral, rarement
écrit. Il ne l’est que pour des usages littéraires de divertissement ou des usages de
communication locale, au mieux régionaux. L’occitan s’écrit quant à lui en rapport direct avec
des variétés parlées. Il est donc dialectal, fragmenté, et qui plus est sans système graphique
13
SCHLIEBEN-LANGE, Brigitte, La question linguistique au sud au moment de la Révolution français, Lengas, revue
sociolinguistique, 17, 1985, . 95-126
14
GARDY, Philippe, Traduction, Traductibilité, équivalence : l’exemple occitan . INALF, Langages de la Révolution
(1770-1815), Paris, Collection Saint-Cloud, Klincksieck, 1995. Actes du 4e colloque international de lexicologie
politique
13
�propre. Le français méridional parlé est évidemment différent du français écrit. L’occitan écrit
apparaît profondément marqué par le français.
Philippe Gardy affirme qu’il n’existe pas, ou pratiquement pas, de traductions entre occitan et
français au XVIIIe siècle avant 1789.
Dans ce même article « traduction, traductibilité, équivalence : l’exemple occitan », Philippe
Gardy classe en 6 catégories les traductions à partir de 1789, pendant toute la Révolution
française.
a) La « traduction instantanée », orale bien sûr : assez nombreux sont les témoignages qui en
révèlent l’existence. Il ne s’agit pas d’une traduction à proprement parler mais bien plutôt
d’une pratique qui s’inscrit dans l’exact prolongement des pratiques de l’Ancien régime : à
la fois glose et illustration, elle s’établit en ligne de rupture et de complémentarité entre les
idiomes.
b) La « traduction réclamée », qui passe par l’écrit : des documents rares. Il s’agit de
prolonger la réception ou la lecture d’un texte en en faisant exécuter une version dans la
langue du lieu. Dans ce cas, il s’agit bien de traduire, et non pas seulement d’expliquer, ou
de commenter.
c) La « traduction élaborée » : entrent dans cette catégorie
aussi bien les traductions
projetées ou produites par l’atelier Dugas15 que certaines tentatives individuelles, peu
nombreuses mais assez bien étudiées ( Bouche, Bernardau, Dousse, . .)
d) Les « traductions inverses » : peu nombreuses, elles sont toujours bilingues et donnent la
version française d’un texte occitan affiché comme premier, sans qu’il soit d’ailleurs
possible de savoir si cette antériorité est bien réelle.
e) Les « traductions internes » : quelques exemples, oraux ou écrits, de traductions à
l’intérieur des grandes aires dialectales occitanes.
f) Les textes bilingues : qui font alterner les langues en fonction des charges sociales ou
symboliques qu’on juge possible de leur attribuer, ou encore qui associent sur un même
support, par exemple la feuille volante, des pièces dans l’une et l’autre langue.
L’auteur cite plusieurs noms de traducteurs, nous n’avons pas d’information sur les citoyens
Bouche, Bernardeau, Dousse. Par contre le citoyen Dugas, est très souvent cité pour les
traductions qu’il avait faites dans les langues occitanes.
15
Dugas, député de Gordes, dans Tarn, deviendra le traducteur officiel du ministère de la Justice, le 20/01/1791
14
�Précisons que dans l’ensemble le corpus, formé par les textes occitans de la période
révolutionnaire, représente un petit nombre de l’ordre de la centaine, à l’exception de la
première catégorie, qu’il est évidemment impossible de nombrer. Ce sont bien des raretés, ou
en tout cas des singularités.
Dans notre analyse du corpus nous avons constaté trois temporalités pour les traductions
textes révolutionnaires en Bretagne. Des périodes que nous avons désignées « des traductions
spontanées et favorable aux traductions », une deuxième période « une opposition radicale »,
la troisième période « une tolérance ». Philippe Gardy montre une progression dans la volonté
de traduction, « instantanée », « réclamée », « élaborée ». Il semble ne prendre en compte que
les textes d’origine révolutionnaire ou de partisans de la Révolution. Les textes contrerévolutionnaires en sont écartés, alors qu’ils étaient dans la langue quotidienne du peuple. Cet
auteur ne nous dit pas la situation lors de la période d’opposition radicale aux traductions et
après l’interdiction du 2 thermidor An II (20/07/1794). L’analyse proposée par Philippe Gardy
est assez semblable à celle que nous avons identifiée pour la première période « spontanée et
favorable à la traduction », une période de montée en puissance des traductions, avant leur
interdiction.
2)
Le pays basque et la langue basque
La zone linguistique où est parlée la langue basque en France se situe principalement dans le
département des Pyrénées-Atlantiques. Cette aire linguistique a diminué au fil des siècles.
Sous l’Ancien Régime le Pays basque avait des institutions ancestrales, le Biltzar du pays de
Labourd, les Etats Généraux de la Soule, les Etats de la Basse-Navarre. La vicomté Royale de
Soule16 était composée de 64 paroisses, un pays d’Etat, régi par la coutume locale, avec un
siège royal, formant un gouvernement particulier et subordonné à celui de Guyenne. Le
Biltzar était une assemblée représentative du Labourd qui a perduré jusqu'en 1789. Cette
assemblée était composée uniquement de membres du Tiers. Les Etats de Basse-Navarre,
héritiers des Cortes du royaume de Navarre, étaient organisés selon le droit commun des
Assemblées d’Etats. La principale prérogative du Biltzar, à l'instar des autres assemblées
locales, la Cour d'Ordre souletine et des États de Basse-Navarre, était l'autonomie financière.
Le Biltzar avait également une fonction militaire: il gérait une milice de 1.000 hommes
chargée de défendre la province. Ces différentes assemblées rédigèrent des cahiers de
doléances différents, leurs statuts étant différents.
16
GOYHENETCHE, Manex, Histoire générale du Pays Basque La Révolution de 1789, Tome IV, Baiona,
Elkarlannean, 2002
15
�Le pays basque à la fin de l’Ancien Régime
Le colloque de Bayonne : 1789 et les Basques, Histoire, langues et littérature17, 30 juin-1er
juillet 1989. Pierre BIDART soutient que si la Révolution française proclame hautement la
soumission du champ linguistique à l’ordre politique par la production d’une « politique
linguistique » inédite, le débat linguistique n’a jamais cessé d’être présent dans l’histoire
culturelle des siècles précédents. La pensée linguistique des acteurs de 1789 trouve ses
origines dans l’idéologie des Lumières et s’inscrit pour une part dans une rupture avec les
conceptions et les usages aristocratiques. Un rapide examen des discours successifs sur la
langue avant les évènements de 1789 permet de mieux cerner les filiations et les ruptures en
même temps que de souligner la spécificité des choix linguistiques de la Révolution française.
Ainsi la politique linguistique des acteurs de la Révolution française visant à imposer le
français, langue de progrès, passe-t-elle par une condition indispensable pour la construction à
l’affirmation
de la Nation française. La constituante fut la promotrice d’une politique
ambitieuse de traduction des textes révolutionnaires dans les langues locales et d’instruction
publique. Aurélie Arcocha18 pour le pays basque désigne les traducteurs par des lettres. Elle
suppose que l’un des traducteurs serait
19
Schlieben-Lange
l’évêque constitutionnel J.B. Sanadon. Brigitte
cite Dithurbide et Larrouy comme traducteurs pour le basque. Pierre
Dithurbide fut député de l’Assemblée Nationale, il avait contribué à la traduction de textes en
17
1789 et les Basques, Histoire, langue et littérature, Colloque de Bayonne 30 juin-1er juillet 1989, Bordeaux,
PUB,1989. Acte du colloque international organisé par le CNRS et le Département Interuniversitaire d’Etudes Basques
de Bayonne
18
ARCOCHA, Aurélie, 1789 et les Basques, p.171-188, Bordeaux, PUB, 1991
19 19
SCHLIEBEN-LANGE, Brigitte, Idéologie, révolution et uniformité de la langue, Belgique, Mardaga, 1996
16
�basque, dont le discours de Robespierre à propos des fêtes décadaires. Pierre Dithurbide20
avait adressé une lettre à Grégoire, le 1er messidor An II (19/06/1794). Dans cette missive il
estimait que la traduction fut « la seule voie qui puisse mettre les lois à la portée des
habitants ». ll cite aussi la Bretagne et l’Alsace. Mais pour lui, ce n’était qu’une étape
intermédiaire, en attendant la disparition du basque, « tandis que l’institution des écoles
préparera la génération future à ne parler que la langue de la République ».
Ferdinand Brunot21, dans son ouvrage Histoire de la langue française, cite des courriers
émanant du Pays basque. Notamment une lettre de la Société des Amis de la Constitution
adressée à l’Assemblée Législative en décembre 1791, pour proposer un traducteur en langue
basque, ainsi qu’une demande d’un représentant en mission pour faire traduire « il seroit à
souhaiter que l’on s’occupât de faire traduire pour les Basques au moins les lois
principales ». Régnier, qui avait fait un séjour au Pays Basque, écrivit à Roland, ministre de
l’intérieur : « Il serait très essentiel et de toute nécessité qu’on traduisit en langue basque
plusieurs bons ouvrages sur la Révolution, pour éclairer ces hommes.»
La production de documents en langue basque comme dans les autres provinces
périphériques est difficile à estimer. Aurélie Arcocha, avait présenté lors du colloque de
Bayonne quatre documents en basque, dont une affiche publiée après le 2 thermidor An II
(20/07/1794). Les documents cités par Valérie Arcocha, et Manex Goyenetche22, avaient été
répertoriés par Julien Vinson23 au XIXe siècle pour la période de 1789 à 1795. Dans les
documents présentés par Valérie Arcocha24, lors du colloque de Bayonne, nous avons un
cahier de doléances, Cahier des vœux et des instructions des Basques françois pour leurs
députés aux Etats Généraux de la Nation, daté du 23 avril 1789, un « Règlement de police
intérieur de l’assemblée électorale
des Basse-Pyrénées, du 13 août 1790 » , une
Proclamation du procureur syndic du district d’Ustaritz sur le paiement des impôts et
l’obéissance à la Constitution, La proclamation du 22 prairial An III (10/06/1795) informant
les habitants de villages basques qui avaient fui la Terreur en Espagne que la loi du 22 nivôse
An II (11/01/1795) traduite en basque les amnistiant avait été sans effet. Manex Goyhenetche
20
GOYHENETCHE, Manex, Histoire générale du Pays Basque La Révolution de 1789, Tome IV, Baiona,
Elkarlannean, 2002
Lettre adressée par Pierre Dithurbide, à Grégoire, le 1er Messidor An II (19/06/1794). Le texte a été cité par B.
Oyharçabal, « Les documents recueillis lors des enquêtes linguistiques en Pays Basque durant la période
révolutionnaire et le premier Empire », p 108-110
21
BRUNOT, Ferdinand , Histoire de la Langue Française, Paris, Colin, 1967
22
GOYHENETCHE, Manex, Histoire générale du Pays Basque La Révolution de 1789, Tome IV, Baiona,
Elkarlannean, 2002
23
VINSON, Julien, Pièces historiques de la période révolutionnaire en français et en basque, 2e fasicule, Chansons,
Proclamations, 1875
24
ARCOCHA, Aurélie, 1789 et les Basques, p.171-188, Bordeaux, PUB, 1991
17
�reprend les mêmes documents. Il cite en plus deux chansons : Les volontaires d’Hasparen, et
Chanson sur les chasseurs basques, ces derniers étaient des militaires basques des
volontaires qui combattirent en Espagne. Un calendrier révolutionnaire traduit en basque fut
publié par le Dr Larrieu dans la Revue de Linguistique et de Philologie comparée, t XXIV,
15 janvier 1891. Doit-on penser que le corpus des documents rédigés en basque, bilingue ou
non, sont rares ?
3) L’Alsace et la langue alsacienne
L’aire linguistique de la langue alsacienne couvre les départements du Bas-Rhin, du Haut
Rhin et la majeure partie du département de la Moselle qui avait fait partie de l’empire
allemand de 1871 à 1918. L’allemand dialectal d’Alsace et l’allemand littéraire ou standard
constituent deux formes d’une seule et même langue, la langue allemande.
Les aires linguistiques de la langue alsacienne au XIX e siècle (source Wikipédia)
18
�L’annexion de l’Alsace à la France25, à partir de 1648, ne modifie pas sa situation linguistique
dans l’immédiat, même si un arrêt du 30 janvier 1685, ordonnant l’usage de la langue
française dans les actes publics, fait du français la langue officielle. À la fin de la première
époque française de l’Alsace (1648-1870), la haute bourgeoisie est francisée, la bourgeoisie
moyenne et les intellectuels connaissent les deux langues, française et allemande, la grande
masse reste monolingue germanophone, même si elle possède déjà quelques bribes de
français. En fait, ne maîtrisent bien le français que ceux qui ont suivi un enseignement
secondaire et les « Français de l’intérieur » installés en Alsace, c’est-à-dire moins de 10 % de
la population. Le français est aussi une langue de classe, de la classe privilégiée. Le
bilinguisme alsacien prend forme, mais il est plus individuel que collectif. Sous la Révolution,
une politique radicale de « dégermanisation » de l’Alsace est entreprise, mais les moyens ne
sont pas à la hauteur de l’idéologie. En 1870, la frontière linguistique est somme toute restée
inchangée.
La question linguistique en A1sace26 se pose de manière très différente des autres provinces
périphériques. L’Alsace était majoritairement germanophone. La pratique de patois
francophone était, en effet, limitée à la région belfortaine et la frontière linguistique
correspondait grossièrement, mais pas exactement, avec l’actuelle limite départementale du
territoire de Belfort. Il faut également remarquer l’existence d’enclaves francophones dans
certaines vallées vosgiennes : Val d’Orbey, Val de Villé, partie supérieure de la vallée de la
Bruche, partie de la petite région de Sainte-Marie-aux-Mines, auxquelles il convient d’ajouter
la principauté de Salm intégrée au Bas-Rhin en 1793. On doit, dès à présent, souligner que ces
zones francophones se sont quelque peu singularisées en matière religieuse par rapport au
reste de la province. Si dans le cas du Belfortais, la question linguistique fut indiscutablement
une cause d’acceptation majoritaire à la Révolution, qu’il faudra nuancer par la proximité
géographique d’autres régions francophones et par le fait que cette région avait été la première
d’Alsace à être incorporée au royaume, il semble que, pour les vallées vosgiennes, le relief ait
été un autre facteur déterminant de particularisme religieux. Même si tous les actes officiels et
proclamations furent publiés, selon l’expression consacrée, « dans les deux langues », il n’en
demeure pas moins qu’une bonne partie de la documentation est en allemand, à commencer
par les procès verbaux de prestations de serment. Notons qu’en Alsace les populations
germanophones ont plus volontiers accueilli les changements apportés de Paris.
25
http://portal-lem.com/fr/langues/alsacien.html ( site : Langues d’Europe et de la Méditerranée)
VARRY, Dominique, MULLER, Claude, Hommes de Dieu et Révolution en Alsace, Turnhout (Belgique), Brépols,
1993
26
19
�Pour Timothy Tackett 27« en Alsace, la conjonction de la barrière linguistique et la présence
d’un nombre aussi important « d’hérétiques » ont suscité dans les populations une méfiance et
une incompréhension profonde vis-à-vis de la Constitution Civile du clergé et, selon Rodolphe
Reuss28,29 ont réuni les conditions d’une lutte religieuse aussi âpre. Elle ne se termina pas
comme dans l’Ouest, par un même type de guerre civile, ce fut sans doute parce que
l’Assemblée nationale exerçait sur ces provinces frontalières une surveillance et un contrôle
plus rigoureux ».
Dans un article de Jean-Pierre Kintz paru dans la Revue d’ Alsace30, en 1989, explique la
situation de la presse politique révolutionnaire en Alsace. Il répertorie les journaux publiés
pendant la Révolution. Ces journaux sont rédigés en langue allemande. Nous constatons, par
différents indices, que la langue allemande était d’usage quotidien et pratiquée par la totalité
de la population alsacienne, et s’affirmait comme une langue écrite, dans une province où la
religion protestante luthérienne s’appuie sur l’écrit. La pratique de l’écrit et, de la lecture en
Alsace est plus avancée que dans d’autres provinces. L’implantation d’une population
protestante en est une des raisons. Cette population est plus familiarisée avec l’écrit, la lecture
de la Bible étant une des pratiques quotidiennes des protestants. La lecture d’une presse
allemande en est un autre facteur d’une meilleure alphabétisation de l’Alsace. Dans le HautRhin et dans le Bas-Rhin à contrario de ce qui ce passa ailleurs, c’est l’écrit public en français
qui fait exception.
La politique linguistique de la Révolution se pose dans des termes tout à fait différents en
Alsace, qu’en Bretagne. L’usage de la langue alsacienne, un dialecte de la langue allemande,
est intégré dans les actes publics et dans la vie quotidienne des Alsaciens. Les écrits en langue
allemande sont d’un usage courant, différemment de la Bretagne, où l’écrit en breton est
exceptionnel, hors, mis dans le domaine religieux.
4) Les Flandres et la langue flamande
La zone linguistique flamande nous apporte peu d’information sur sa situation linguistique à
la fin du XVIIIe siècle. Ce département frontalier, anciennement province des Flandres, prit le
nom de département du Nord en mars 1790. Ce département fut envahi par les armées
27
TACKETT, Timothy, La Révolution, l'Église, la France, Paris, Cerf, 1986.
REUSS, Rodolphe, (1841-1924), historien spécialiste de l’Alsace, il fut conservateur de la bibliothèque de Stasbourg
29
REUSS, Rodolphe, L’ALSACE pendant la Révolution française, Paris, Fischbacher, 1880
30
KINTZ, Jean-Pierre, Pour une étude de la presse politique révolutionnaire de l’Alsace, Revue d’Alsace, 1989
28
20
�autrichiennes en 1791 et, libéré en 1793. La zone linguistique flamande est transfrontalière
avec la Belgique actuelle. Ses limites linguistiques de côté-ci de la frontière franco-belge ont
varié depuis la Révolution française. Elle ne couvre que l’arrondissement de Dunkerque, et
l’ancien arrondissement de Hazebrouck au XXIe siècle. Le flamand est une des deux langues
officielles du royaume de Belgique depuis sa création en 1830. L’Abbé Grégoire avait reçu un
document rédigé en flamand par un évêque du département du Nord31. Il n’était pas d’usage
d’imprimer en flamand avant la Révolution, quelques traductions de l’Almanach du père
Gérard en flamand eurent lieu. La pratique des traductions en Flandres est peu documentée,
nous n’avons pas eu connaissance de manifestations à l’occasion du bicentenaire de la
Révolution.
5) La Corse et, la langue corse
Jusqu'au début du XIXe siècle, avec la date clé de 1852 où seul le français devient officiel et
où l'italien est proscrit, le corse et l'italien sont considérés comme deux formes d'une même
langue, une langue proche du toscan, le corse étant la forme parlée, avec ses variantes locales,
l'italien la langue écrite.
À partir du Second Empire, le corse se trouve coupé de l'italien qui n'est plus la langue
administrative de l'île et tend à être perçu, notamment à travers le lent développement d'une
littérature d'expression corse, comme une langue autonome. Du fait que le corse n'a jamais été
écrit sous l'occupation pisane ou génoise, il est remarquable que les toponymes officiels de
Corse sont pour la plupart écrits en italien et non en corse.
La Corse pendant la Révolution française, fut occupée par des troupes anglaises sous le
commandement de Sir Gilbert Eliot, avec la complicité des nationalistes corses comme Pascal
Paoli. Cet épisode d’occupation anglaise de la Corse dura de février 1794 à avril 1796 date à
laquelle l’armée napoléonienne d’Italie reprend position dans l’île. La Corse échappait ainsi à
la souveraineté de la République française pendant près de deux années.
Nous savons que le citoyen Boldoni32 avait été désigné pour effectuer les traductions en
italien, pendant la Révolution. La langue corse n’était donc pas vue comme une langue, mais
comme une variante dialectale de l’italien.
31
GAZIER, A. Lettres à Grégoire sur les patois de France, Genève, Slatkine Reprints, 1969, page 344 : 6° Herderlyken
Brief van Mr den Bisschop van het departement van het Noorden (Paris, 11 avril, 1790, ; signé Primat, 14p)
32
SCHLIEBEN-LANGE, Brigitte, idéologie, révolution et uniformité de la langue, Liège, Mardaga, 1996
21
�Les dialectes corses ( source Wikipédia)
Dans notre étude sur les langues autres que le français parlées sur le territoire national, nous
n’avons pas eu à notre connaissance de manifestation lors du bicentenaire de la Révolution
française, pour l’aire linguistique de langue corse.
La question de la traduction des textes officiels en langues régionales se présente
différemment selon les aires linguistiques considérées. Elle se traduit par un volume de textes
traduits très inégal.
Les différentes manifestations qui ont eu lieu dans la période du bicentenaire de la Révolution
française, ne mesurent pas le volume de traduction C’est une production difficile à estimer :
pour l’occitan, plus d’une centaine, avec des zones géographiques plus productives que
d’autres comme le toulousain. Au Pays basque, le colloque de Bayonne s’appuie sur quatre
affiches33 ; en Alsace, nous avons connaissance de serment à la constitution civile du clergé
rédigé en allemand, d’une presse en langue allemande. Pour cette dernière province, alors qu’il
a été demandé de traduire dans les deux langues, le plus souvent les documents sont unilingues
allemands. La Bretagne se distingue par une production plus abondante, de l’ordre de 200
documents disponibles, ce qui est peu vu la production lors de la Révolution.
33
Pour le pays basque la 4e affiche présentée lors du colloque de Bayonne est datée du 22 nivôse An II (11/01/1795).
22
�B) La Bretagne et la langue bretonne
1) La situation linguistique en Basse-Bretagne à la fin du XVIIIe siècle
La population de la Basse Bretagne, à la fin du XVIIIe siècle est majoritairement monolingue
breton, excepté dans les villes comme Brest et Lorient. Dans les campagnes seules quelques
personnes font usage du français et, du breton : les notaires, les ecclésiastiques, quelques
personnes lettrées. Pour avoir une estimation de la situation linguistique de la Bretagne, les
seules données dont nous disposons proviennent de l’enquête de Coquebert de Montbret34 en
1806. Elle porte que sur les départements du Morbihan et des Côtes-du-Nord, deux
départements qui sont traversés par la frontière linguistique ce qui exclut le département du
Finistère inclus totalement dans la zone bretonnante. Les enquêtes de Coquebert de Monbret,
révèlent une population bretonne de 1 385 936 habitants et, 995 558 bretonnants en BasseBretagne soit 7/10e de la population totale et, en 1830, une population de 1 501 247 habitants.
Soit environ : 1 050 000 âmes dans la partie bretonnante, un nombre qui ne comprend pas les
militaires, 967 000 parlent le breton, soit 92,00 % de la population de Basse-Bretagne.
La zone bretonnante à la fin du XVIIIe siècle est située à l’Ouest d’une ligne reliant Plouha
sur la côte nord à l’estuaire de la Loire au sud de la Bretagne. Cette zone linguistique n’est pas
homogène, elle comprend quatre zones dialectales selon approximativement les anciens
évêchés d’avant 1790.
34
BROUDIC, Fañch, La pratique du breton de l’Ancien Régime à nos jours, PUR, Rennes,1995
23
�BUHEZ, Association, Parlons du Breton !, Rennes, Editions Ouest-France, 2001, p 163
La frontière linguistique roman/breton a évolué au cours des siècles.
Chercheurs et observateurs ont laissé leur nom aux limites successives.35
2) Les recherches sur l’usage de la langue bretonne pendant la Révolution, du début du XIXe
siècle à nos jours
a) Le XIXe siècle, l’ère des collecteurs
Les collectes orales précédèrent les recherches d’écrits en breton de la période
révolutionnaire. Les premières collectes dans la première moitié du 19e siècle furent
l’oeuvre d’ecclésiastiques. Ce mouvement s’inscrivait dans une démarche de reconquête
des fidèles après la tourmente révolutionnaire, en insistant sur le « martyrologe » des
religieux persécutés pendant la Révolution. Ce qui explique des recherches d’abord
effectuées par des gens d’église. A l’exemple de « Histoire de la persécution religieuse
révolutionnaire en Bretagne à la fin du dix-huitième siècle,36 ainsi que d’autres
publications auxquelles cet ouvrage fait référence « Les confesseurs de la foi », « Les
martyrs de la foi », Le dictionnaire des condamnés »
« journal de l’émigration »,
« Mémoires historiques sur les affaires ecclésiastiques de France ». Toutes ces
publications sont un reflet de l’ambiance où se plaçait l’Eglise de France dans sa
35
BUHEZ, Association, Parlons du breton !, Rennes, Editions Ouest-France, 2001
TRESVAUX, Histoire de la persécution religieuse révolutionnaire en Bretagne à la fin du dix-huitième siècle, Paris,
1845
36
24
�reconquête des fidèles et plus largement de la reconquête de son influence sur les
populations, dans une ambiance de mission où les martyrs de la Révolution étaient mis en
exergue.
Dans ce contexte l’abbé Alain Durand37 (1806-1854) prêtre dans le Trégor, a recueilli des
chansons dans sa paroisse de Plouaret et dans les paroisses alentours. Son ouvrage « Ar
Feiz hag ar Vro »38 un recueil de 41 collectes est rédigé entièrement en breton.
L’orientation de ses recherches s’inscrivait dans le mouvement général de la hiérarchie
catholique, nettement anti- révolutionnaire, et de dénonciation des prêtres jureurs.
Dans ce même courant de pensées bien que plus tardif de près d’un siècle, les recherches
du chanoine Henri Pérennès39 (1875-1951) sont dans la même orientation. Il utilise le
réseau des ecclésiastiques du Finistère pour recueillir des informations comme l’abbé
Jean-Marie Perrot40 (1877-1943), le chanoine Le Calvez de Lesneven et les manuscrits
Cueff de Plouescat.
Henri Pérennès41 (1875-1951) était chanoine archiviste du diocèse de Quimper et de Léon
Il fut directeur du Bulletin diocésain d’Histoire et d’Archéologie, et vice-président de la
société des archives du Finistère. Il publie : Les prêtres du diocèse de Quimper morts pour
la foi ou déportés pendant la Révolution, en 1929. De 1934 à 1938, il rédige 22 articles
dans les Annales de Bretagne, 8 concernent la période révolutionnaire. Cette série de 8
articles s’intitule : « Poésies et chansons populaires bretonnes sur les affaires politiques et
religieuses de la Révolution, ». Il en publie un récolement « Poésies et chansons
populaires bretonnes. Concernant des évènements politiques et religieux de la Révolution
française 1790-1794. Dans ses articles il reprend pour partie des chansons collectées par
Jean-Marie de Penguern.
Jean-Marie de Penguern (1807-1856), effectua des collectes des chants populaires vers
1846 ou 1847. Emile Souvestre (1806-1854) un avocat de Morlaix, l’aida pour réaliser
« Recueil Général des chansons populaires ». Ses collectes ont eu lieu dans les cantons de
37
RAOUL, Lukian, Gériadur ar skivagnerien ha yezhounek vrezhonek aet da anaon a–roak miz meurzh 1992, Brest, Al
Liamm, 1992, 432p
38
DURAND, Alain, Ar Feiz hag Ar Vro, 1789-1814, E Gwened, 1847
39
PERENNES, Henri, Les prêtres du diocèse de Quimper morts pour la foi ou déportés pendant la Révolution,
imprimerie de la presse libérale, du Finistère, Brest, 1929
40
PERROT, Jean-Marie, Buez ar zent, Ar Gwaziou, Morlaix, 1911
41
PERENNES, Henri, « Poésies et chansons populaires bretonnes sur les affaires politiques et religieuses de la
Révolution », Annales de Bretagne , 1934, p. 189-255, 1934, p. 478-541
25
�Perros-Guirec, Lannion et de Taulé, de 1850 à 1852. Penguern publia peu sauf dans le
Lannionais et peut-être dans Journal de Lannion ou Feuille d’annonces de Lannion et de
son arrondissement, Des publications furent effectuées plus tardivement après sa
disparition dans Bulletin Archéologique de l’Association Bretonne, Annales de Bretagne,
Gwerin, de Moadez Glanndour42. Une partie des collectes de Jean-Marie de Penguern, fut
publiée par l’association DASTUM sous le titre Dastumad Penwern43 en 1983.
Au XIXe siècle, François Marie Luzel 1821-1895) [Fañch an Huel] collecta des gwerzioù
relatives à la période révolutionnaire, qui furent publiées dans les Annales de Bretagne, en
1891et189244. (Ar volonter, et l’intrus Tassel). Hersart de la Villemarqué, [Kervarker] (
1815-1895) dans son ouvrage Barzaz Breiz45, publie trois chansons de cette période, Ar
belek forbanet [le prêtre exilé], Ar re c’hlas [les bleus], Ar chouanted [les chouans]. Dans
notre corpus nous n’avons pas retenu ces collectes plus tardives de deuxième main.
b) Les sociétés savantes à la fin du XIXe et au début XXe siècle
Le tournant des XIXe –XXe siècles voit la naissance de nombreuses sociétés savantes,
d’archéologie, d’histoire. La Bretagne n’est pas absente de ce mouvement, par la création
de nouvelles revues comme Les Annales
de Bretagne, Le Bulletin de la Société
Archéologique du Finistère, le Bulletin diocésain d’Histoire et d’Archéologie [de Quimper
et Léon].
Daniel Bernard,46 (1883-1971) est la personne qui s’est intéressée le plus à ce sujet, 73
documents ont été cités par Daniel Bernard, suivi d’Henri Pérennès, 50 documents, Alain
Durand, 31 documents. Daniel Bernard et Henri Pérennès, citent fréquemment des
manuscrits de Jean-Marie de
Penguern.
Daniel Bernard avait des compétences en
sciences et en histoire de la Révolution en Basse-Bretagne. Il participa à plusieurs sociétés
savantes. Il avait 16 ans, lorsqu’il devint membre de la « Société d’Archéologie du
Finistère », le 31 janvier 1900. Secrétaire de l’association (1919-1913), directeur adjoint
des Postes en 1935, à Quimper en 1911, à Rennes en 1918. Il fut à la fin de sa carrière,
42
Maodez Glanndour ou Loiez ar Floc’h deux noms de plume utilisés par l’abbé Louis Auguste Le Floc’h (1909-1986)
recteur de Louannec (22).
43
DASTUM, Dastmad Penwern, Chants populaires bretons de la collection de Penguern, Rennes, DASTUM,
1983
44
LUZEL, François-Marie, « Chansons de l’époque révolutionnaire », Annales de Bretagne, 1891-1892, p. 118-122
45
Hersart de la VILLEMARQUE, Théodor, Barzaz Breiz, Paris, librairie académique Perrin, 1ére édition 1839,
1975
46
BERNARD, Daniel, « La Révolution française et la langue bretonne », Annales de Bretagne, 1913, p. 287331
26
�Contrôleur général des correspondances. Il participa à plusieurs sociétés savantes Il écrivit
un nombre important d’articles en français dans beaucoup de revues, comme Union
Agricole et Maritime de Quimper, les Annales de Bretagne, Buhez Breiz, Le Fureteur
Breton, Nouvelle Revue de Bretagne, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, les
cahiers de l’Iroise. Il a co-rédigé avec François Falc’hun un article « Le discours breton à
Crozon le 12 février 1792 » paru dans les Annales de Bretagne, en 1962.
c) Le bicentenaire de la Révolution : le renouveau des études de l’usage du breton pendant
la Révolution
Le bicentenaire de la Révolution, en 1989, fut l’occasion de manifestations au niveau
national. La Bretagne n’échappe pas à ce phénomène, un colloque fut organisé à SaintBrieuc (1990). Ce colloque sous la direction, d’Alain Droguet, publia Les bleus de
Bretagne de la Révolution à nos jours47. Ce colloque avait pour thème les républicains en
Bretagne. Une des tribunes fut organisée autour du manuscrit de Jean Conan. Ce débat
était animé par Françis Favereau, Per Denez, Joël Cornette . Jean Conan avait été un
militaire avant la révolution. Il est de nouveau enrôlé en 1792 et 1793. Son manuscrit a
pour titre: Les « Aventurio » Avanturio ar Citoien Jean Conan a Voemgamp [Aventures
de Jean Conan de Guingamp], ce manuscrit avait été découvert en 1912. Ce document
original est écrit par un patriote, possédant une instruction superficielle, rédigé dans une
écriture phonétique en vers et en breton. Ce colloque n’avait pas abordé la problématique
des traductions en langue bretonne pendant la Révolution.
L’association « Trégor 89 » publia « la Révolution dans le Trégor »48 en 1986. Cette
association regroupait quelques passionnés d’histoire avec pour objectif de publier un
ouvrage collectif. Participaient à ce collectif Hervé Le Goff, Alain Droguet directeur des
archives départementales des Côtes-d’Armor et, Jef Philippe. Dans cet ouvrage Jef
Philippe rédigea un article intitulé « La chanson bretonne témoin de la Révolution dans le
Trégor », dans cet article il cite trois textes de chansons. Elles sont d’essence contrerévolutionnaire et visent les prêtres constitutionnels. Jef Philippe publia de nouveau un
47
DROGUET, Alain, Les bleus de la Révolution à nos jours. Colloques 3-5 octobre, 1990 à Saint-Brieuc, Ploufragan,
la fédération des Côtes-du-Nord 1789, p. 129-133 Saint-Brieuc, Archives départementales des Côtes d’Armor, 1990
48
PHILIPPE, Jef, « La chanson bretonne témoin de la Révolution dans le Trégor » La Révolution dans le Trégor,
Saint-Brieuc, Trégor 89, 1988
27
�article sous le titre « Encore un chanson sur l’intrus Tassel », dans « La Révolution dans le
Trégor, les Bleus , les blancs et les autres49 »
Dans le cadre du bicentenaire de la Révolution française, André Le Mercier, (Andreo ar
Merser) rédigea un ouvrage 1789 hag ar Brezhoneg, 199050. Son ouvrage est entièrement
rédigé en breton, en deux volumes, l’un contenant les écrits originaux, et le deuxième, une
transcription. Dans le premier, il reprend des documents cités par Daniel Bernard, Henri
Pérennès, Alain Durand. Il collationne soixante-quatorze documents qui sont des textes,
des manuscrits, des chansons ou des gwerzioù. Les transcriptions en breton modernisé
qu’il effectue ne sont pas exemptes de critiques. Le fait que les deux volumes soient écrits
uniquement en breton les rendent accessibles qu’à un public restreint.
Dans un cadre dépassant la Bretagne, l’équipe « 18e et Révolution », a organisé un
colloque international de lexicologie politique à Saint-Cloud en 1991. Ce colloque a été
suivi de la publication des actes sous le titre Langages de la Révolution51 (1770-1815).
Dans les actes du 4e colloque international de lexicologie politique, Yves Le Berre52,
rédige un article sous le titre : « Le baptême républicain du breton comme langue écrite
d’usage politique ». Son article concerne directement ce mémoire, au sujet des traductions
en langue bretonne des documents officiels de la Révolution. Il s’appuie sur un corpus, et
des sous ensemble de ce corpus, dont il n’en donne pas la composition. Dans cet article il
affirme : « qu’il n’était ni vraiment nécessaire ni vraiment utile de traduire les lois pour le
peuple ». Par ailleurs il souligne la situation paradoxale des positions des révolutionnaires
vis-à-vis des idiomes : « Les dirigeants révolutionnaires, ennemis des idiomes, assurent
leur promotion, sinon comme langues officielles, du moins comme véhicule de
communication sociale écrite ». Plus loin dans ce même article il écrit: « Ils le font sans
réelle nécessité, alors que les conditions socioculturelles de l’époque rendent plus que
douteuse la viabilité de leur entreprise ; ils obtiennent un résultat dont la portée est bien
davantage symbolique qu’effective ».
Par cette dernière citation, il sous entend que les populations rurales de Basse-Bretagne
dans leur totalité n’étaient pas à même de lire et de comprendre des textes en breton. Ce
49
PHILIPPE, Jef, « Encore une chanson sur l’intrus Tassel », La Révolution dans le Trégor : les bleus, les blancs
et les autres : analyses, portraits, documents, Saint-Brieuc, Trégor 89, 1989
50
LE MERCIER, André, (Andreo Ar Merser) ,1789 hag ar Brezhoneg, 2V, Brest, Emgleo Breiz,1989
51
INALF, Langages de la Révolution (1770-1815), Paris, Collection Saint-Cloud, Klincksieck, 1995. Actes du 4e
colloque international de lexicologie politique
52
INALF, Langages de la Révolution (1770-1815), Paris, Collection Saint-Cloud, Klincksieck, 1995. Actes du 4e
colloque international de lexicologie politique
28
�que réfute Louis Ogès53 dans ses articles parus de 1939 à 1942 dans Le Bulletin de la
Société Archéologique du Finistère où il note que le niveau d’instruction des populations
bretonnantes du Léon, n’était pas aussi désastreux que l’écrit Yves Le Berre.
Précédemment Louis Ogès avait écrit dans son article paru en 1939 : « Il est vraisemblable
que, tout au moins dans le Léon, la grande majorité des enfants savaient lire, puisque la
réédition du catéchisme diocésain de 1774, est accompagnée d’une note aux prêtres leur
prescrivant de ne pas faire apprendre par coeur le catéchisme aux enfants, mais de leur
faire lire et expliquer ». « La prospérité des collèges de Quimper et de Saint-Pol-de Léon,
la diversité de leur recrutement, prouvent que l’instruction secondaire était en honneur et
assurait à notre région une élite intellectuelle que d’autres provinces pouvaient lui
envier ».
Les propos d’Yves Le Berre, ne correspondent pas à ce que nous connaissons de la
situation du niveau d’instruction des populations dans le Finistère à la fin du XVIIIe siècle.
Si les traductions n’étaient « ni nécessaires, ni utiles », comment aurait-ont pu
communiquer autrement qu’en breton, avec une population qui dans sa quasi totalité ne
connaissait que cette langue ? Une partie non négligeable de cette population avait une
pratique de la lecture54 et de l’écriture du breton, certes a minima. Cet enseignement avait
été reçu dans leur enfance au catéchisme.
d) Le début du 21e siècle
Après le regain d’intérêt mémoriel de la Révolution française, les traductions de
l’Almanach du père Gérard présentèrent un cas d’étude à la fois linguistique et historique.
L’étude de l’Almanach du père Gérard de Collot d’Herbois55 de 1792, constitue un
exemple d’étude interdisciplinaire entre un linguiste breton, Gwénolé Le Menn et, un
historien, Michel Biard. Nous disposons de deux traductions bretonnes de l’almanach,
l’une imprimée à Brest, et l’autre imprimée à Quimper. Cette étude fut publiée en 2002.
53
OGES, Louis. « L’instruction publique dans le Finistère pendant la Révolution », Bulletin de la Société
Archéologique du Finistère, 1939, p. 67-102, 1940, p.109-138, 1941, p. 68-95, 1942, p. 69-143
54
Les foyers possédaient très souvent la vie des saints en breton « Bue ar Zent »
55
LE MENN , Gwenolé, BIARD Michel, L’Almanach du père Gérard de Jean-Marie Collot d’Herbois, Saint
Brieuc, Skol, 2003, 518p (p57-59)
29
�La préparation de ce mémoire nous a permis d’effectuer le recensement des documents qui
ont été cités ou publiés par les prédécesseurs comme Alain Durand56, Daniel Bernard,
Henri Pérennès, la collection Penguern Dastumad Pengwern, l’association Trégor 89,
Andreo ar Merser57, sans oublier le travail de Gwenolé Le Menn à propos de l’almanach
du père Gérard. Cet inventaire a été complété par des recherches dans les fonds d’archives
départementales des quatre départements de Bretagne, la bibliothèque municipale de
Rennes, les Champs Libres. Nous avons pu répertorier 30 nouveaux documents, et
retrouver 28 documents cités par Daniel Bernard.
3) La sociolinguistique de la langue bretonne depuis la Révolution
Valérie Lachuer et Fañch Broudic soulignent tous deux le changement de statut des
langues régionales, un changement provoqué par la Révolution française. Ils ont des
regards similaires sur la langue bretonne vu comme outil politique et idéologique, puis
comme résistance à la pénétration des idées révolutionnaires dans les campagnes.
1) Valérie Lachuer L’Etat face à la langue bretonne
Dans son mémoire de maîtrise Valérie Lachuer L’Etat face à la langue
bretonne58en1998 couvre une période qui va de la Révolution française à la Ve
République, où elle dresse la situation de la langue bretonne à la fin du XXe siècle, qui,
pour elle, est le résultat d’une politique continue depuis la Révolution jusqu’à nos jours.
« La société héritée de la Révolution française est instituée sur un mode profondément
centralisateur et vise à unifier toutes les composantes de la Nation ».
Elle rappelle le discours de Barère du 8 pluviôse An II où il dénonce le danger
représenté par les « idiomes » locaux pour l’unité de la nation nouvellement créée; et
l’action du ministre de l’Instruction Publique de la IIIe République, Anatole de Monzie.
Ils reprennent le même raisonnement, refusant tout droit à la langue bretonne par crainte
de favoriser un « séparatisme » breton.
56
DURAND, Alain, Ar Feiz hag Ar Vro, 1789-1814, E Gwened, 1847 56, ce document est répertorié au Champs
Libres à Rennes sous la référence N° 126382FB
57
LE MERCIER, André, (Andreo Ar Merser) ,1789 hag ar Brezhoneg, 2V, Brest, Emgleo Breiz,1989
58
LACHUER, Valérie, « L’Etat face à langue bretonne », Klask N°4, Rennes, Mouladurioù Skol-Veur Roazhon,
PUR, 1998
30
�Elle distingue trois périodes bien définies : la période révolutionnaire qui pose les bases
idéologiques de la politique de la langue. Puis au cours du XIXe et au début du XXe
siècle, deux périodes qui retracent les hésitations des révolutionnaires : la période allant
jusqu’aux années 1880 où se révèlent les incertitudes face à l’attitude à adopter et où la
langue bretonne demeure utilisée pour la diffusion du français et, donc, plus ou moins
tolérée. Puis à partir de 1880, la IIIe République se radicalise et la guerre contre la
langue bretonne est alors sans ambiguïté.
Valérie Lachuer constate « On peut, cependant, remarquer une certaine évolution
politique : sous la Révolution et, pendant le XIXe siècle, où le statut du breton est passé
de moyen auxiliaire d’enseignement du français à celui de langue totalement bannie de
la vie publique, puis à la fin du XXe siècle s’est vu tolérée à l’école publique en tant que
langue faisant l’objet d’un enseignement particulier ». Elle en conclut que les bases
idéologiques ont été posées dès la Révolution et que la politique des pouvoirs publics
s’est affirmée au XIXe siècle ainsi qu’une continuation de cet esprit jusqu’au XXe siècle.
2) Fañch Broudic, Evolution de la pratique du breton de l’Ancien Régime à nos jours
Si Valérie Lachuer examine la position de la langue bretonne, sous un angle judirique,
Fañch Broudic, dans sa thèse présentée en 1993, Evolution de la pratique du breton de
l’Ancien Régime à nos jours59, publiée en 1995, sous le titre, La pratique du breton de
l’Ancien Régime à nos jours, se pose en sociolinguiste, pour comprendre l’évolution de
la pratique du breton, qu’il croise avec l’histoire : « Sans l’histoire, la sociolinguistique
ne propose aucune explication satisfaisante des transformations qui ont fait passer le
breton de la situation d’une langue majoritaire à celle d’une langue minoritaire sur son
propre territoire »60. La pratique du breton ne peut être isolée de l’ensemble des
données historiques qui ont marqué la Basse-Bretagne depuis la Révolution.
Fañch Broudic termine par cette citation : « il faut attendre la Révolution pour que le
breton, officiellement, change de statut : il devint un outil politique et idéologique. Les
penseurs révolutionnaires ont beau en appeler à la République une et indivisible, il faut
bien qu’ils se fassent entendre des populations : la propagande révolutionnaire est donc
59
BROUDIC, Fañch, Evolution de la pratique du breton de l’Ancien Régime jours, thése, Université de
Bretagne Occidentale, Brest, 1993
60
BROUDIC, Fañch, La pratique du breton de l’Ancien Régime à nos jours, Rennes, PUR, 1995, p.24
31
�traduite en breton. La propagande contre-révolutionnaire lui répond, sous forme de
tracts, de chansons, de livrets, .. »61
Nous pouvons constater que l’historiographie du sujet des textes écrits en breton pendant
la Révolution, a surtout porté sur des documents favorables à la Révolution, les plus
nombreux dans les fonds d’archives. Les recherches récentes sur les documents contrerévolutionnaires est de moindre ampleur, excepté ceux cités par Jef Philippe. Nous
pensons que la production contre-révolutionnaire a été abondante, nous disposons d’assez
peu de documents dans les fonds d’archives excepté ceux qui ont pu être saisis sur des
suspects. Doit-on supposer que nombre d’entre eux ont été détruits après leur découverte
sur ordres des autorités révolutionnaires ?
C) Le discours révolutionnaire, la question linguistique
1) L’enquête de l’abbé Grégoire
De toutes les études sociolinguistiques ou d’histoire des langues pendant de la Révolution
Française, le matériau de base incontournable est l’enquête de l’Abbé Grégoire ainsi que son
« Rapport sur la nécessité et les moyens d’anéantir les patois et d’universaliser l’usage de
la langue française ». Gazier, A. dans son ouvrage Lettres à Grégoire sur les patois de
France 1790-179462 présente une analyse des 34 réponses du questionnaire que l’abbé
Grégoire avait adressé aux départements où il était parlé un langage autre que le français.
C’est à partir de ses conclusions que l’abbé Grégoire rédigea son rapport à la Convention
Nationale « Rapport sur la nécessité et les moyens d’anéantir les patois et d’universaliser
l’usage de la langue française ». Ce rapport, fut présenté le 16 prairial An II (04/06/1794), il
faisait suite au retour d’un questionnaire de 43 questions, adressé par l’abbé Grégoire63 aux
départements et aux districts. Le questionnaire avait été distribué en août 1790, les
premières réponses avaient été reçues de septembre 1790 jusqu’au début de l’année 1791.
La situation politique de la Révolution est totalement différente entre l’été 1790 et, le
printemps 1794 où il présente son rapport. L’abbé Grégoire semble découvrir, à la réception
des réponses, que l’on ne parle « exclusivement » le français que dans « environ 15
61
BROUDIC, Fañch, Parlons du breton !, Rennes, Ouest-France, 2001
GAZIER, A. Lettres à Grégoire sur les patois de France 1790-1794, documents inédits sur la langue, les
moeurs et l'état des esprits dans les diverses régions de la France, au début de la Révolution, Genève, Slatkine
Reprints, 1969
63
LUXARDO, Hervé, l’Abbé Grégoire en guerre contre les patois, Les Clefs pour l’Histoire, janv. fév, mars, 2000
http://brezhoneg.gwalarn.org/istor/gregoire.html
62
32
�départements », et il ajoute : « encore la langue y éprouve-t-elle des altérations sensibles soit
par la prononciation, soit par l’emploi de temps impropres et surannés ». Il note « qu’au
moins 6 millions de Français, surtout des campagnes, ignorent la langue nationale, et qu’un
nombre identique est à peu près incapable de soutenir une conversation suivie ». Il estime
que ceux qui parlent « purement » le français ne seraient que 3 millions sur 28 millions, soit
10,71%. Nous ne connaissons pas sa méthode de statistique, il est en dessous de la situation
linguistique réelle à la Révolution. Les enquêtes, plus tardives pendant le Second Empire
(1863), comptabilisent 7,5 millions de Français ignorant la langue nationale, sur 38 millions
d’habitants, soit 19,73%. En 1789, le français est donc une langue officielle minoritaire !
Non seulement les langues locales sont diverses, elles sont bien vivantes. Par cette enquête
la question linguistique est apparue aux yeux des Jacobins et des partisans de la Terreur
d’Etat comme une question centrale pour l’unification de la Nation.
Ce rapport faisait suite à celui de Barère64 au nom du Comité de Salut public, sur les
« idiomes », du 8 pluviôse an II (27/01/1794) «le fédéralisme et la superstition parlent le
bas-breton, l’émigration et la haine parlent allemand, la contre-Révolution parle l’italien,
et le fanatisme le basque ». Pour la Bretagne,65 Grégoire reçoit deux réponses aux
questionnaires, l’une de Pierre Riou, de Plougonoil [Planguenoual]
66
qui dit être à la fois
Léonard et Trégorrois ; l’autre réponse est de Joseph Lequinio, (1755-1814), né à Sarzeau
(56) qui fut membre des assemblées Législatives et de la Convention. Grégoire affirme, en
1794: « L’unité de l’idiome est une partie intégrante de la Révolution.. Il faut identité de
langage », et dans le même discours « La langue est subordonnée à l’intérêt de la Nation ».
La commission de l’administration du département du Finistère avait envoyé le rapport de
Grégoire devant la Convention du 16 prairial An II (14/06/1794), aux districts avec ces
recommandations : « le zèle que vous mettrez à en propager les principes fera disparaître
du territoire français cette aristocratie de langues qui ne peut être longtemps tolérée chez
un peuple de frères ».67
64
Archives parlementaires, t. LXXXIII, séance du 8 pluviôse an II, p. 713-716
GAZIER, A. Lettres à Grégoire sur les patois de France p. 280-289
66
S’agit-il de Planguenoual (22) ? Planguenoual est en haute Bretagne, et non dans le Trégor
67
BERNARD, Daniel, « La Révolution française et la langue bretonne » , Annales de Bretagne , 1913, p. 287-331
65
33
�Jacques Revel, Dominique Julia, Michel De Certeau qualifient le questionnaire de l’abbé
Grégoire d’ « Une ethnologie de la langue : L’enquête de Grégoire sur les patois »68 dans
un article publié dans Annales, Economies, Sociétés, Civilisations, en 1975.
2) La période révolutionnaire vue par les linguistes et les lexicologues
La politique linguistique des Révolutionnaires fut un sujet d’étude de la part des linguistes
et lexicologues. Le colloque international de Saint-Cloud organisé par l’équipe « 18e et
Révolution » en 1991 témoigne de l’intérêt des linguistiques pour cette période
révolutionnaire dans l’histoire de la langue française. Ferdinand Brunot publia de 1905 à
1938, L’histoire de la langue française, des origines à nos jour, dont le 9e tome concerne la
période révolutionnaire. Michel de Certeau, un linguiste, Dominique Julia, un historien des
mentalités, Jacques Revel, un ethnologue, co-rédigèrent Une politique de la langue : La
Révolution française et les patois, publié en 1976, et réédité en 2002. Dans ces deux études
l’enquête de Grégoire reste la base de leurs recherches.
Dans son ouvrage L’histoire de la langue française, des origines à nos jours,
69
Brunot (1860-1938), un linguiste et philologue, a dans son tome IX,
intitulé « La
Ferdinand
Révolution et l’empire », exploité les documents entreposés aux Archives Nationales
«Pièces relatives à la traduction des décrets dans les différens idiômes, ordonné par décret
du 14 janvier 1790 »70. Son étude de la langue française est dans la perspective de l’histoire
de la langue française et de sa diffusion. Il ne s’intéresse pas aux autres langues parlées, sur
le territoire français à la fin du XVIIIe siècle. Les patois sont exclus de son étude. Dans la
présentation du Tome IX, il décrypte les volontés des révolutionnaires qui comprennent la
langue comme l’élément d’une unité nationale. « Si la langue devient nationale ; c’est que
la nation se forme, sciemment, par des actes de volonté et d’amour, et que la langue
apparaît comme un élément essentiel de la « nationalité ». On croit nécessaire, non plus
seulement de la répandre, mais de l’imposer. Toute une série de mesures sont prises à cet
effet, et constituent une politique. Le langage est devenu une affaire d’Etat ». Au début de
l’année 1794, La convention montagnarde comprend les langages locaux comme des
dissidences, qu’il faut combattre et réduire. Il conclut que cette politique ne pouvait pas
réussir et en effet elle a partiellement échoué. Il reconnait l’importance du lien de la langue
68
De CERTEAU, Michel, JULIA, Dominique, REVEL, Jacques, « Une ethnologie de la langue : L’enquête de
Grégoire sur les patois »68, Annales, Economies, Sociétés civilisations, 1975, volume 30, N°1, p3-41
69
BRUNOT, Ferdinand, Histoire de la langue française, des origines à 1900, Paris , Armand Colin, 1905 à1938
70
AN. AA 32, 963
34
�dans la constitution d’une « Nation » : Car si l’unité de la langue n’est pas le but vers lequel
se dirige une nation, personne ne conteste qu’elle soit un des moyens par lesquels cette
nation dégage sa personne morale ».
En 2002, paru une réédition de l’ouvrage collectif Une politique de la langue71. Dans cet
ouvrage, les auteurs : Michel DE CERTEAU, Dominique JULIA, Jacques REVEL partent
du problème linguistique, que pose aux révolutionnaires, la multitude de patois et dialectes
locaux qui sont un frein à la diffusion des idées nouvelles, alors même qu’ils recherchent
une adhésion populaire. Les difficultés à diffuser et à faire appliquer les nouveaux décrets
les amènent à faire traduire ces décrets. Les représentants en mission voient dans les
idiomes non seulement un obstacle passif, mais un moyen de résistance qui diffuse la
contre-Révolution. Le rapport Grégoire du 16 prairial An II(4/06/1794) et le discours de
Barère du 8 pluviôse An II (27/01/1794) décident la Convention Nationale à interdire les
« idiomes ». Après thermidor, une tolérance de l’utilisation des langues régionales est
acceptée. Les risques d’une traduction hasardeuse pourraient permettre une corruption de la
vérité républicaine. C’est le langage qui doit prendre en charge la symbolisation nécessaire
du patriotisme. La langue remplit et circonscrit le lieu politique et la production d’un
discours doit définir la Nation. La production d’écrits devient centrale. C’est le pouvoir
d’une société de s’affirmer, sous la forme de l’écrit, le droit d’une Raison sur l’Histoire. Le
sentiment d’écrire l’Histoire devient discours produit et productif, une transformation de la
réalité en organisation du progrès. L’écriture est la figure de la Révolution.
D) La question linguistique et l’instruction publique
La question linguistique et l’instruction publique ne peuvent être dissociées. Pendant la
Révolution française, la question de l’instruction publique fut présente dans l’esprit des
élites de la Révolution.
Des études et des ouvrages ont été publiés sur l’organisation de l’instruction publique par la
Révolution française. Dominique Julia publia Les trois couleurs du tableau noir72 Dans cet
ouvrage, l’auteur présente les différentes étapes de la tentative d’organisation d’une
instruction publique par les révolutionnaires. L’organisation de l’instruction publique est
vue par les idéologues de la Révolution française, en faisant abstraction de la diversité des
71
DE CERTEAU, Michel, JULIA, Dominique, REVEL, Jacques, Une politique de la Langue, Paris, Gallimard,
2002
72
JULIA, Dominique, Les trois couleurs du tableau noir, Paris, Belin, 1981
35
�langues sur le territoire national. Ce n’est qu’après l’enquête de Grégoire, que paraît
l’ampleur de la difficulté « d’universaliser la langue française ». Seulement environ 20%
de la population de la République parle le français. Mais ce projet se heurte aux temps
politiques de la Révolution.
Daniel Bernard, avait publié dans les Annales de Bretagne, en 1936, un article intitulé :
L’enseignement primaire dans le district de Pont-Croix (Finistère)73 en l’an II et l’an III.
Dans cet article il fit le point de la situation de l’enseignement avant la Révolution, dans le
sud Finistère actuel. Puis à partir des recherches qu’il avait effectuées dans les archives du
département du Finistère il dresse un tableau des premiers pas d’une instruction publique
dans le district de Pont-Croix et aussi dans les districts voisins de celui de Pont-Croix.
Louis Ogès74 a publié une série d’articles, de 1939 à 1942, dans le Bulletin de la Société
Archéologique du Finistère, « L’instruction publique dans le département du Finistère
pendant la Révolution » . Un article de Quilgars75, H. paru dans les Annales de Bretagne, en
1911, intitulé « La langue bretonne dans le pays de Guérande », dans cet article « Un extrait
du registre des libérations de Guérande daté du 7 germinal An II (27/03/1794). Lors de cette
délibération le sujet principal était l’application du décret du 8 pluviôse An II (27/01/1794),
qui ordonnait la mise en place d’un instituteur de langue française là où il était parlé le
breton.
Conclusion
L’historiographie du sujet s’inscrit dans un cadre plus général des relations entre l’Etat et les
langues régionales qui ont été étudiées, que ce soit pour la période révolutionnaire ou sur
une période plus longue, allant de la Révolution à la Ve République. Les historiens et les
sociologues, les sociolinguistes ont souligné le conflit entre l’Etat et les langues régionales.
Dans la quasi-totalité des histoires générales de la Révolution française la question des
langues minoritaires est superbement ignorée. Les historiens de quelque obédience qu’ils
soient, n’assignent que peu de place aux langues parlées en France autres que le français et
ignorent l’existence des patois, bien que la langue française à la fin du XVIIIe siècle fût
minoritaire sur son propre territoire. Pourtant connaître les langues dans lesquelles les
73
BERNARD, Daniel, « L'Enseignement primaire dans le district de Pont-Croix (Finistère) en l'an 2 et en l'an
3 » , Annales de Bretagne, 43, 1, 1936, p. 168-202
74
OGES, L. « L’instruction publique dans le Finistère pendant la Révolution », Bulletin de la Société
Archéologique du Finistère, 1939, p. 67-102, 1940, p.109-138, 1941, p. 68-95, 1942, p. 69-143
75
QUILGARS, H. « La langue bretonne dans le pays de Guérande », Annales de Bretagne, 1911, p.292-308
36
�populations ont reçu puis commenté les nouveautés révolutionnaires semble un objet
d’étude fondamental. Peu de chercheurs, ont été attirés par ce champ d’étude.
Ce mémoire s’attache à la région de Basse-Bretagne là où la langue bretonne était d’usage
quotidien à la fin du XVIIIe siècle, son objectif principal est d’effectuer un recensement des
textes rédigés en breton, qu’ils soient révolutionnaires ou contre révolutionnaires, pendant la
période de 1789 à 1799. Nous avons utilisé une base de données comme outil informatique.
Cette base de données nous offre la possibilité d’effectuer des analyses du corpus suivant
des critères pertinents, par type de documents, de dialectes, des inventeurs, des lieux de
dépôt, des périodes de production et d’en déduire des observations significatives.
37
�Les écrits révolutionnaires et contre révolutionnaires rédigés en breton
(1789-1799)
Chapitre 2 : LE CORPUS
Analyse des données de la base ACCESS «SKRIDOU-BZH-2»
La base de données recense les documents rédigés en breton de la période révolutionnaire
(1789-1799). Elle contient, en l’état actuel, 203 enregistrements. Le corpus est constitué de
documents issus des fonds d’archives départementales imprimés ou manuscrits dont certains
avaient été cités lors de recherches précédentes. Nous avons enregistré des documents issus
des collectes effectuées au début du XIXe siècle, les collectes plus tardives ou d’authenticité
douteuse de la 2e moitié du XIXe siècle n’ont pas été intégrées dans ce corpus , comme les
collectes d’Hersart de la Villemarqué les chouans, Le prêtre exilé, Les Bleus, ainsi que celles
de François-Marie Luzel. Cette base de données nous offre la possibilité d’effectuer des
analyses du corpus suivant des critères pertinents.
La base de données de type SGDBR construite, à l’aide d’un logiciel ACCESS, est constituée
d’une table principale, et de trois tables annexes. Pour la saisie des documents nous avons 16
champs disponibles. La table principale contient à la fois le numéro de l’enregistrement et, le
numéro de référence de chaque document du corpus. Le deuxième champ contient l’intitulé du
document en breton, l’intitulé en français est précisé dans le troisième champ. Il est possible
que pour certains documents nous n’ayons pas l’intitulé d’origine en français ou en breton. Le
quatrième champ permet de préciser son origine révolutionnaire ou contre-révolutionnaire. Le
cinquième champ concerne le type de document : chanson, gwerz, cantique, textes officiels,
(lois, décrets, avis, adresses, proclamations, circulaires, discours, ..) ou, courriers, sentences,
etc .. Le champ suivant précise la nature du support, feuille, affiche, cahier, livret, .. La date de
création du document est enregistrée dans le format de la date du calendrier révolutionnaire,
suivie de la date équivalente dans le calendrier grégorien. Le dialecte utilisé est précisé, s’il est
bien identifié. Pour les documents que nous avons retrouvés ou découverts dans les dépôts
d’archives, il est précisé les dimensions du document. Le lieu de dépôt est enregistré, suivi de
la précision de la cote si elle est connue. Le champ « imprimeur » nous permet de noter le
nom de l’imprimeur et le lieu d’impression ou, de préciser s’il s’agit d’un document
manuscrit. Le champ « découvreur » nous permet d’enregistrer le nom de la personne qui, la
première, a cité ou découvert le document. Le dernier champ est nécessaire pour fournir des
38
�informations complémentaires ou, des renseignements annexes. Les trois tables annexes
concernent les lieux de dépôt, les dialectes utilisés, les noms des découvreurs. Ces trois tables
permettent, par des listes déroulantes, d’éviter de saisir des informations qui sont récurrentes,
ce qui évite des erreurs de saisie.
Une requête multicritères est disponible afin d’analyser les données contenues dans la base. Le
résultat de la requête est visualisable à l’écran. Deux états sont imprimables, l’un pour éditer la
liste des documents sélectionnés par la requête, cet état contient 5 références de document par
page l’autre nous permet d’imprimer toutes les informations de chaque document sélectionné
par la requête de sélection, cet état contient deux documents par page.
.
1) Les types de documents : leur nature, leur support, leur forme
Les chansons, les gwerzioù et les cantiques sont au nombre de 96 représentent 47% des
documents recensés dans la base de données. Ces documents proviennent, pour partie, des
collectes de Jean-Marie de Penguern et d’Alain Durand. La grande majorité d’entre eux, 89,
soit 92,70%, sont des documents d’origine contre-révolutionnaire. Notons ceux qui ont été
saisis sur des particuliers traduits devant le tribunal révolutionnaire de Brest comme le
manuscrit saisi sur Marie Coublanc76 de Douarnenez ou d’autres trouvés sur des suspects
comme Louis-Marie Goujon77, prêtre réfractaire, du canton de Mûr, et les documents
découverts par suite de dénonciation de Joseph Labbé
78
fermier de l’abbé Laporte de
Plabennec. Dans notre corpus les documents classés contre-révolutionnaires sont au nombre
de 99, soit 48,76% du corpus.
La collection de Penguern, ainsi que celles parues dans Ar Feiz hag Ar Vro, d’Alain Durand
ont été reprises en partie par Henri Pérennès dans Poésies et chansons populaires bretonnes
concernant des évènements politiques et religieux de la Révolution française 1790-1794.
Nous remarquons la forme d’expression contre-révolutionnaire la plus usitée est orale (89)
sont des chansons, gwerzioù et, cantiques, les autres formes sont des discours, catéchisme,
76
N° 180, AD29 10L108_1 , Marie Coublanc couturière à Kerlosquet commune de Douarnenez, Document manuscrit
rédigé uniquement en breton, sans titre, sur 2 pages, 31 couplets.
77
N° 189, AD29 1l549, Louis-Marie Goujon, prévenu d'émigration et arrêté dans la commune de Saint-Guen, canton de
Mûr le 9 floréal An VII, 6 couplets
78
N°181, AD29 10 L 99_1, Joseph Labbé et l'abbé Laporte de Plabennec. Le dossier contient deux documents, l'un en
breton un manuscrit de Joseph Labbé, le deuxième en français qui le dénonce. Joseph Labbé traduisait les
correspondances de l'abbé Laporte de Plabennec. 9 pages
39
�lettres, déclarations. Les documents révolutionnaires ne comprennent que 7 documents sous la
forme de chansons ou de cantiques.
Le groupe de documents (85) venant en deuxième position est de type administratif (lois,
circulaires, proclamations, décrets, avis, ..). Nous disposons de 63 affiches. Les imprimeurs
sont surtout des finistériens: 57 documents imprimés l’ont été dans le Finistère, 7 dans le
Morbihan dont 6 à Vannes, 1 à Lorient, 3 dans les Côtes-d’Armor 2 à Guingamp, 1 à SaintBrieuc. Les imprimeurs que nous avons identifiés sont à Brest Audran, Gauchlet, Malassis,
Derrien à Quimper Havard, Barazer, Derrien, à Landerneau Guyon, Teurnier et Havard, à
Morlaix Guilmer, à Vannes Galles, Bizetet, à Lorient Baudouin, à Saint-Brieuc Prud’hom à
Guingamp Guyon et Tanguy.
L’imprimeur Gauchlet de Brest effectua les impressions du décret « Décret sur le mode de
gouvernement provisoire et Révolutionnaire» du 14 frimaire An II (04/12/1793) sous deux
formes, l’une sous forme d’une affiche. C’est l’affiche exposée au Musée de Bretagne à
Rennes, N° 2379 de notre corpus, et sous la forme d’un cahier, le document N° 7180 du corpus.
Par ces deux formes de diffusion nous observons que leurs destinations étaient différentes :
l’affiche pour une diffusion publique plus large et le cahier pour des fonctionnaires et des
magistrats publics, chargés d’en assurer l’application. La comparaison des deux textes ne fait
pas apparaître de différence dans la traduction en breton. L’imprimeur a reproduit les textes à
l’identique alors qu’il s’adressait à deux publics différents.
Dans l’ensemble, nous pouvons classer 102 documents comme étant d’essence révolutionnaire
ou pro-révolutionnaire et 98 sont contre révolutionnaires. Les deux autres étant des écritures
sur le registre des actes de baptêmes rédigés en breton par le recteur de Ploudalmézeau81.
79
Référence Musée de Bretagne,aux Champls Libres : 99.8663.E.2
AD 22 , 1L372
81
LE MERCIER, André, (Andreo Ar Merser) ,1789 hag ar Brezhoneg [1789 et le breton], 2 volumes, Brest, Emgleo
Breiz,1989
N.B. les deux actes de baptêmes sont enregistrés par Goret, recteur de Ploudalmézeau, ils sont datés pour le N° 127 du
30 août 1793 et pour le N° 129 du 04 février 1795. Jean Goret n’était pas un prêtre jureur
80
40
�Type de documents
84
10
7
6
5
5
10
3
2
eg
is
éc tre
la
ra
tio
n
D
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26
C
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Répartition par famille de documents
120
100
80
60
40
20
0
96
84
12
D
ive
rs
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Ad
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z.
..
er
gw
C
ha
n
so
n,
11
Répartition par famille de documents82
Afin d’illustrer les principaux types de documents, voici quelques exemples. Le premier
exemple: Le cantique à l’Etre suprême qui fut chanté lors de l’inauguration de l’arbre de la
Liberté à Languidic (56). C’est un exemple de chanson révolutionnaire qui prend la forme
d’un cantique religieux, un indice d’une culture religieuse bien ancrée dans l’éducation des
« élites » contemporaines de la Révolution. Ce texte manuscrit est rédigé dans le dialecte
vannetais. Ce document porte le numéro 194 dans la base de données. Ci-dessous une
représentation partielle du document original.
82
N.B. Les documents « administratifs » regroupent des documents officiels, comme lois, décrets, circulaires, arrêtés,
avis, déclarations, registres, proclamations, sentences, adresses. « Divers » rassemble des documents n’entrant pas
dans les catégories précédentes, exemple : actes de baptêmes, almanach, manuscrit de Jean Conan, ..
41
�« La fête de l’être suprême à Languidic, district d’Hennebont »83
Cantic spirituel ton allons enfans de la Patrie
Ni ha ador Doue éternelle
Nous adorons Dieu éternel
haç a car a graïs hurhalon
Et nous l’aimons à plein cœur
a ganne ha louer a vouih ihuelle
A chanter et louer à voix haute
a vant dit mil adoration…. (bis)
Avec mille adorations (bis)
punes guenet bet er bonhéur
[…] été dans le bonheur
Den him din ag in tihouildet
[….]
de spontin en hol tirantet
d‘effrayer tous les tyrans
ha de barvad do her malheur
Et de braver nos malheurs
Doue crouiour a beptra ni zo ho
Dieu créateur de toutes choses, nous sommes
vugalé crouiet (bis)
Tes enfants créés (bis)
Languidic
Fête du 20 prairial
A l’être suprême
Nous rencontrons des dialogues sous forme de questions réponses, à la manière de catéchisme
républicain, à l’exemple de l’Almanach du père Gérard de Collot d’Herbois, traduit dans
plusieurs langues vulgaires ou étrangères. Nous connaissons deux exemplaires de l’almanach
du père Gérard84 traduit en breton : l’un imprimé à Brest, l’autre à Quimper. Nous avons la
lettre manuscrite de candidature à un poste d’instituteur de Jean-Gabriel Lorgant, où il
exprime sa foi républicaine par un dialogue entre deux personnes. Ce document porte le
numéro 192. Ci-dessous le dialogue en breton. Il avait joint le même dialogue en français dans
son courrier.
Antretien entre Per a Jacques85
Dialogue entre Pierre & Jacques
Pierre : Sais-tu ce que c’est qu’aimer sa
P : gouzout a reste petra zo caret e vambro ?
patrie ?
J : Caret a re a ro a Lezennou , pere a so ene
Jacques : aimer ses législateurs qui en sont
P : Pere a gouello Mercou e caromp a re a ra
l’âme
on
83
N° 194, AD56 L1072. N.B. la traduction du cantique en breton du vannetais s’est avérée pour le moment impossible
à traduire en français
84
LE MENN , Gwenolé, BIARD Michel, L’almanach du père Gérard de Jean-Marie Collot d’Herbois, SaintBrieuc, Skol, 2003, 518p
85
N° 192, AD29 8L105_2
42
�P : quelles sont les mailleures preuves que
Lezennou ac ar mambro ?
nous
J: prouf a reomb quemensé da quenta pa
aimons nos législateurs & notre patrie ?
Goulennomb ma choumint en o fost betec ar
J : nous le prouvons, primo quand nous
Peoc’h dan eil pa gavomb mad a lezennou o
demandons qu’ils demeurent a leur poste
santi
jusqu’à la paix & quand nous approuvons
Outo gant plijadur, dan trede, pa orbes soursis
leur choix, en leur obéissant avec plaisir,
gant Ar pez al erruet en or hombajou
tertio
P : Petra en deus Rouet Leach dar
quand nous sommes inquiets sur les résultats
chenchamanchou
de nos combats
Terrullman ?
P : qu’est-ce qui a donné lieu à cette grande
J : Crueldet pennoù curunet, a en hoant o deva
Révolution ?
a francissien da veva a da vervel libr
J : La tirannie des têtes couronnées, & l’envie
P : Liberté a Republic, eus a Frans, evit non
des Français de vivre et mourir libres
pas
P : La liberté de la République française pour
Lavaret dre excellans, ac y a zo fontet Mad
ne pas dire par excellence est-elle bien,
J : Ya, a derhet a rimb mad diz. En eur senti
établie ?
ouch a lezennou, a dre hourach
J : oui, & nous la maintiendrons par notre
P: Peur bezoni ar Peoch ervez da sonje?
soumission aux Lois, & par notre courage
J : pa or bezo distrujet tout en enemiet
P : Quand penses-tu que nous aurons la
P : Peno evezo executet act constitutionel
Paix ?
A boint a boint?
J : Quand nous aurons exterminé tous nos
J: pa vezo great e effet gant decret bras
ennemis
Eus ar 14 vet Frimaire
P : Quand l’acte constitutionnel accepté par le
Souverain sera-t-il exécuté de point en point ? Evelse bezet great
J : Quand le grand décret du 14 Frimaire
aura
Lorgan
Officier public
fait son effet
Ainsi soit-il
Lorgant
Officier public
Nous retrouvons une forme religieuse à la fin du texte aussi bien en français « Ainsi soit-il »
qu’en breton « evelse bezet great » [comme il se doit d’être fait]. Nous pouvons nous poser la
43
�question comment le mot nouveau de patrie, fut traduit en mambro ou suivant la mutation
vambro. Ce qui revient en traduction littérale par traduire le mot patrie par : mère patrie. Il y a
là une adaptation du parlé breton à un concept nouveau, qui n’avait pas d’existence dans le
vocabulaire breton. Alors que le mot Révolution n’a pas de traduction directe autre que
Chenchamanchoù [changement]. Dans le dictionnaire de Favereau
86
aujourd’hui le mot
révolutionnaire est traduit pas dispac’h. Les mots République et France, sont repris
phonétiquement ce qui est souvent le cas pour les nombreux mots nouveaux comme nation,
constitution, convention,
avec le plus souvent des orthographes variées comme Nacion,
Gonstitucion, Gonvencion, etc.. Comme c’était le cas dans le vocabulaire religieux sous
l’Ancien Régime, gommunion, induljancoù, etc..
Les documents officiels (lois, décrets, proclamations, circulaires, avis, adresse, ..) sont publiés
sous forme d’affiches ou de placards pour être exposés dans les lieux publics. Dans notre
corpus nous avons 63 affiches recensées.
DECRET87
DECRED
DE LA
EUS AR
CONVENTION NATIONALE
GONVANCION NACIONAL
e
Du 6 jour de ventôse, an second de la
Eus ar 6 avis ventos, an eil bloaz eus ar
République Française, une et indivisible
Republicq
Franç, unan ac indivisibl
Qui autorise les Administrations de
Dis-
Pehiny a autoris an Adminstracionou
trict à mettre en réquisition tous les
eus an Distric da laqat e requisicion
Bois de Chêne de l’âge de vingt ans
an oll Coageou Dero eus an oad a
et au-dessous
uguent-vloaz, a dindan uguent-vloaz
A LANDERNEAU, L’imprimerie du Citoyen Teurnier
Ce décret du 6 ventôse An II (24/02/1794) est une affiche bilingue, de dimension 31,5X43 sur
deux colonnes, à gauche en français, à droite traduite en breton. Cette affiche est rédigée
suivant les recommandations du bureau des correspondances, demandant que le texte en
86
FAVEREAU, Françis, GERIADUR AR BREZHONEG A-VREMAN , DICTIONNAIRE DU BRETON
CONTEMPORAIN BILINGUE, Morlaix, Skol Vreiz, 2000
87
N°53 AD29 13L176_9 : Décret de la Convention Nationale Qui autorise les Admisnistrations deDistrict à mettre en
réquisition tous les Bois de Chêne de l’âge de vingt ans et au-dessous.(Document en annexe)
44
�français soit apposé au texte traduit. Cette prescription ne fut pas toujours respectée.
Régulièrement nous rencontrons des placards officiels rédigés uniquement en breton et le
document correspondant en français en est séparé. Par exemple, le décret du 29 frimaire An II
(19/12/1793) sur l’organisation de l’instruction publique en français88, n’est pas joint au
document correspondant en breton89. Ce dernier document porte le N°172.
2) Les dialectes utilisés
Beaucoup de documents, 115, n’ont pas de dialecte repérable, ils présentent une sorte de
mixte entre le dialecte léonard et le dialecte cornouaillais. Cette forme d’écriture avait été
signalée par Daniel Bernard. Pour ceux où il est précisé, le trégorrois est le plus utilisé (38). Le
pays du Trégor est le plus prolifique en terme de production de chansons et de gwerzioù. C’est
aussi la constatation d’Eva Guillorel, dans La Complainte et la Plainte, Chanson, justice,
cultures en Bretagne (XVIe-XVIIIe siècles). Dans notre corpus, nous avons les collectes
d’Alain Durand et la mention de Jef Philippe, tous deux sont des Trégorrois et ont œuvré à des
périodes différentes. Jean-Marie Penguern a récolté des chansons sur cette même partie du
Trégor lannionais. Alain Durand et Jeff Philippe citent tous deux des gwerzioù sur le curé
constitutionnel de Plouaret, Alain Tassel. Ce dernier devait être la bête noire des contre
révolutionnaires locaux, le nom de Tassel est remplacé par Gassel dans la gwerz de Durand,
N°149. Jef Philippe90 intitule la gwerz qu’il a découverte aux archives des Côtes-d’Armor91
« encore une chanson sur l’intrus Tassel ». Ce document est référencé sous le N°139 dans le
corpus. Cette même gwerz est appelée par Lan Inizan92 « Gwerez Lull ar bourc’h » [loull ar
Bouc’h]. 93Cette dernière version plus tardive n’est pas prise en compte dans notre corpus
88
AD29 100J159_1 : Décrets Sur l’organisation de l’instruction publique
N° 172, AD29 16L1_1 : DECREJOU : Var ar furmidiguez eus are scol public
90
PHILIPPE, Jef, « Encore une chanson sur l’intrus Tassel », La Révolution dans le Trégor : les bleus, les blancs
et les autres : analyses, portraits, documents, Trégor 89, 1989
91
AD22, fonds Couppé , feuillet, 35J26
92
Lan Inizan, (1826-1891) prêtre et auteur, écrivit entre autres Emgan Kerguidu, [la Bataille de Kerguidu] qui a eu lieu
en 1793, près de Saint-Pol de Léon. Elle opposa des paysans révoltés aux soldats de la République.
93
MAZE, Emmanuel, Une commune rurale des Côtes-du-Nord pendant la Révolution : PLOUARET, CNDP, des côtesdu –Nord, 1978. Selon Emmanuel Mazé, Loull signifie en breton « être dans un état d’ivresse » ; et bouc’h « lourd
d’esprit » ou bouc, animal lubrique.
89
45
�Dialectes utilisés
140
120
100
115
80
60
38
40
20
26
15
9
Vannetais
Cornouaillais
0
Sans indication
Trégorrois
Léonard
N.B .Le lot « sans indication », correspond à la fois à des documents où le dialecte est difficilement identifiable,
ou des documents dont le dialecte est un mixte du léonard et du cornouillais, selon la remarque de Daniel
Bernard.
L’inégale représentation des différents dialectes est sans doute liée aux origines et aux centres
d’intérêt des inventeurs des documents et des collecteurs plus nombreux sur l’ancien évêché
du Tréguier.
3) Les inventeurs des documents
Dans cette présentation d’auteurs, nous avons écarté les collecteurs du XIXe siècle, que sont
François-Marie-Luzel (1821-1895) qui publia des articles dans les Annales de Bretagne, et
Théodore Hersart de la Villemarqué (1815-1895) l’auteur du Barzaz Breiz. Lors de leurs
collectes ils ont reçu des gwerzioù et des chansons relatives à la Révolution française. Ces
collectes étant de deuxième main, nous ne les prenons pas en compte dans notre corpus.
Daniel Bernard94 est la personne qui s’est intéressée le plus à ce sujet, dans le corpus que nous
avons constitué, 73 documents ont été cités par Daniel Bernard, suivi d’Henri Pérennès, 50
documents, Alain Durand, 30 documents. Daniel Bernard et Henri Pérennès, citent
fréquemment des manuscrits de Jean-Marie de
Penguern. Lors de nos deux années de
recherche dans les fonds départementaux de Bretagne nous avons identifié 30
94
BERNARD, Daniel, « La Révolution française et la langue bretonne », Annales de Bretagne / 28, 3, 1913, p.
287-331
46
�documents. Ce qui nous laisse supposer que de nombreux documents de cette période restent
à être recensés.
Les travaux de Daniel Bernard sont de loin les plus importants sur notre sujet et il est le
précurseur de ce type de recherche en Bretagne. Nous retrouvons de nombreux articles qu’il a
rédigés dans les Annales de Bretagne, les Cahiers de l’Iroise et dans le Bulletin de la Société
Archéologique du Finistère.
- 15 articles (de 1912 à 1963) dans les Annales de Bretagne, dont 9 concernant la période
révolutionnaire, sous les titres de La Révolution française et la langue bretonne, en 1913, Le
breton dans les actes publics ,1921 La Révolution française et la langue bretonne, inventaire
de la collection des archives du Finistère des documents officiels de la période
révolutionnaire traduits en breton, avant propos et notes, L'Enseignement primaire dans le
district de Pont-Croix (Finistère) en l'an 2 et en l'an 395, 1936
- 9 articles dans les Cahiers de l’Iroise (de 1954 à 1968), dont 3 concernant la période
révolutionnaire.
- 30 articles dans le Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, (de 1910 à 1966) dont
11 concernant la période révolutionnaire
- 1 article co-rédigé avec François Falc’hun, « Le discours breton à Crozon le 12 février
1792 » paru dans les Annales de Bretagne, en 1962
Alain Durand (1808-1854), fut prêtre, né à Yvias, en Goëlo. Il fut curé à Plouaret et, à
Tréguier, son ouvrage « Ar Feiz hag ar Vro »96 est rédigé entièrement en breton, il respecte la
grammaire « Le Gonidec ». Son ouvrage est critiqué par quelques-uns : « Aussi intéressant
que nettement favorable aux chouans, il fourmille de détails, dont malheureusement on ignore
les sources, mais qui ont pu être fournies par des témoins oculaires des faits ». Si nous
constatons qu’il est nettement anti révolutionnaire, ses collectes ont eu lieu à Plouaret et dans
les communes proches. Il cite, d’ailleurs, les noms des personnes auprès desquelles il a
collecté les chansons. Ces personnes âgées avaient vécu la Révolution. Son ouvrage Ar Feiz
hag Ar Vro contient 41 collectes. Nous en avons retenu 31 liées à la période révolutionnaire.
Elles sont enregistrées la première sous le N° 119, deux séries du N° 141 au N°163, puis du
N°196 au N°202.
95
BERNARD, Daniel, « L'Enseignement primaire dans le district de Pont-Croix (Finistère) en l'an 2 et en l'an
3 », Annales de Bretagne, 43, 1, 1936, p. 168-202
96
DURAND, Alain, Ar Feiz hag ar Vro, 1789-1814, [la Foi et le Pays 1789-1814] Gwened, 1847
47
�Des documents cités par Henri Pérennès97, nous avons retenus pour notre corpus 50
documents qu’il avait été publié de 1934 à 1938, dans les Annales de Bretagne, 8 concernent
la période révolutionnaire. La série de 8 articles s’intitule : « Poésies et chansons populaires
bretonnes sur les affaires politiques et religieuses de la Révolution, ». Pour les documents qui
avaient été collectés par Jean-Marie de Penguern, il précise que 18 de ces derniers font partie
de la collection des manuscrits de Le Cueff de Plouescat ou il précise plus simplement
« manuscrit de Plouescat ».
Au point de vue du thème, les chansons sont de deux sortes : les unes ont pour but d’éclairer
les populations et de les maintenir dans leur fidélité à l’Eglise ; les autres visent à défendre la
position des prêtres constitutionnels en attaquant les insermentés. La plupart de ces poésies
furent composées en dialecte du Léon, quelques-unes sont en trégorrois. Henri Pérennès a
consulté les archives départementales du Finistère et des Côtes-du-Nord, ainsi que celles de la
bibliothèque de Kerdanet à Lesneven, qui lui ont été communiquées par le chanoine Calvez,
curé de Lesneven. Il cite des manuscrits de la collection de Plouescat. Il ne cite pas de
documents auxquels il aurait eu accès en tant qu’archiviste du diocèse de Quimper et de Léon.
Quelques-uns proviennent des manuscrits Lédan, conservés à la bibliothèque municipale de
Morlaix. Plusieurs de ces chants avaient été publiés précédemment en 1847 par l’abbé Durand
dans son ouvrage : Ar Feiz Hag ar Vro. Dans notre corpus, ces documents sont numérotés du
N° 66 et N° 67, suivis d’une série de N°78 à N°126
Alain Durand, et Henri Pérénnès, sont tous deux des ecclésiastiques, leur orientation est
nettement anti révolutionnaire, ils insistent sur les souffrances des prêtres persécutés lors de la
Révolution.
Jean-Marie de Penguern, est issu d’un milieu de magistrat, il fit des études de droit à Paris.
Lui-même devint magistrat, juge de paix à Perros-Guirec et président de tribunal à Lannion,
puis avocat en 1855. Il effectua des collectes des chants populaires vers 1846 ou 1847, par ses
relations avec Emile Souvestre (1806-1854) avocat, écrivain et journaliste originaire de
Morlaix, qui était en relation avec le ministre de l’Instruction publique, Salvandy, et l’aida
pour réaliser « Recueil Général des Chansons populaires ». C’était une reprise de l’idée de
François Guizot, ministre de l’Instruction Nationale (1832-1837) et, incité après la publication
du décret du Ministre Fourtoul, sous le second Empire visant à la publication d’un recueil des
97
PERENNES, Henri, « Poésies et chansons populaires bretonnes sur les affaires politiques et religieuses de la
Révolution » Annales de Bretagne / 41, 1, 1934, p. 189-255/ 41, 2, 1934, p. 478-541
48
�poésies populaires en France. Ses collectes ont eu lieu dans les cantons de Perros-Guirec,
Lannion et de Taulé, de 1850 à 1852.
Sa collection est largement inédite sauf dans différentes revues locales. Il publie des articles,
en 1851, dans le Lannionais et peut-être dans Journal de Lannion ou Feuille d’annonces de
Lannion et de son arrondissement, le bulletin archéologiques de l’Association Bretonne.
D’autres furent publiés après son décès dans Annales de Bretagne, Gwerin, de Moadez
Glanndour98.
La collection fut dispersée à sa mort, puis rachetée en partie par Du Cleuziou, Luzel, le
docteur Halléguen, l’abbé Langlamet de Guingamp. Ces parties de collections ont été acquises
par la Bibliothèque Nationale, département des manuscrits (1891-1910 N111-112). Il est
probable que certaines pièces ont été détruites par l’abbé Daniel, jugées inconvenantes,
satiriques pour le clergé. Quelques pièces sont consultables à la bibliothèque municipale de
Rennes suite aux dons d’Arthur de la Borderie et de François Vallée. Une partie des collectes
de Jean-Marie de Penguern, fut publiée par l’association DASTUM sous le titre DASTUMAD
PENWERN99en 1983.
Collecteurs et inventeurs
73
50
31
1
Louis Ogès
2
Hervé Le Vot
1
Joseph Loth
3
Ar Falz
3
Gwennolé Le Menn
3
Jef Philippe
Andreo ar Merser
Alain Durand
Henri Pérennès
Jean-Marie Penguern
30
6
Daniel Bernard
80
70
60
50
40
30
20
10
0
N.B. le nombre de document attribués à Jean-Marie Penguern est sous-estimé dans notre analyse, nombre de ses
documents ont été cités par Henri Pérénnès.
4) Les lieux de dépôt
98
Moadez Glanndour ou Loeiz Ar Floc’h, deux noms de plume de l’Abbé Louis Augustin Le Floc’h, (1906-1986) il fut
recteur de Louannec (22)
99
DASTUM, Dastumad Penwern, Chants populaires bretons de la collection de Penguern, Rennes, DASTUM,
1983
49
�Malheureusement 101 documents sont sans indication de lieux de dépôt. Pour les lieux de
dépôts identifiés le Finistère est le premier département, 63 documents, nous retrouvons là
encore le résultat du travail de Daniel Bernard, un Finistérien, précurseur en la matière. Ainsi
que la reprise par Andreo Le Merser dans son ouvrage 1789 hag ar Brezhoneg, de Henri
Pérennès, archiviste du diocèse de Quimper et du Léon et de Louis Ogès. Les documents en
dépôt dans le Finistère se répartissent entre plusieurs lieux : les archives municipales de Brest,
de Morlaix, les archives diocésaines de Quimper et de Léon, les archives départementales du
Finistère, des dépôts privés: la collection de Pleyben100, la bibliothèque de la famille
Kerdanet101à Lesneven. L’inventaire nous montre que le département du Finistère est celui
ayant le plus de document en dépôt, nous ressentons là que les recherches de documents en
langue bretonne ont été effectuées plus systématiquement, le travail de Daniel Bernard a laissé
son empreinte. Notons que les archives départementales du Finistère ont effectué un travail
systématique de recensement des documents en breton en dépôt. Ces documents numérisés
sont consultables sur place.
Aux archives départementales du Finistère, sont entreposées les archives de Kernuz. Ce sont
les archives de la famille Armand du Chatellier. Armand du Chatellier (1797-1885) rédigea
Histoire de la Révolution en Bretagne, en 4 volumes, parus en 1836, et réédités en 1977 et
1978.
Les archives départementales des Côtes d’Armor conservent 19 documents. Les archives des
Côtes d’Armor ont en dépôt les fonds privés du Cleuzio. Dans ces fonds privés qui sont
accessibles au public, nous pouvons consulter des documents de la période révolutionnaire en
Bretagne. Dans ce fond du Cleuzio, nous n’avons pas trouvé de documents rédigés en breton.
Les recherches aux archives départementales du Morbihan et de l’Ille-et-Vilaine ont été moins
fructueuses. Nous avons pu trouvés 6 documents rédigés en breton aux archives
départementales du Morbihan à Vannes, et seulement 2 documents aux archives
départementales d’Ille-et-Vilaine à Rennes. Pour ce dernier lieux de dépôt, il n’y a rien
d’étonnant, l’Ille-et-Vilaine, est dans l’aire gallo. La sénéchaussée de Rennes comprenait une
partie bretonnante des Côtes-du-Nord, les documents trouvés sont antérieurs à la création des
départements, donc avant janvier 1790.
100
La collection de Pleyben, un fonds privé de la famille Ansquer, née Amphermet, est déposé aux archives
départementales du Finistère, contient le journal de bord d’un officier de marine de1794
101
Les archives de la famille Kerdanet, à Lesneven, ne sont pas ouvertes au public.
50
�Lieux de dépôt
101
AM-STBRIEUC
6
1
4
1
MB-RENNES
1
Collec.
Pleyben
3
AN-PARIS
2
BNF-PARIS
2
AMMORLAIX
AE-KEMLEON
AD56
AD44
5
2
AM-BREST
6
0
AD35
AD29
AD22
2
BKERDANET
19
A-MMBREST
48
Sans
indication
120
100
80
60
40
20
0
5) Les années de production des documents
Une analyse par année de production des documents peut être faite avec une certaine réserve.
Nous n’avons que 109 sur 202 documents dont on peut connaître une datation, parfois
approchée. En regroupant par année de production, la première place revient à l’année 1794,
avec 45 documents. Nous constatons une recrudescence de production de documents entre
septembre 1793 et juillet 1794: 42 documents, ce qui correspond à la période de la Convention
montagnarde (02/06/1793 à 27/07/1794). Le dernier document du corpus c’est une adresse102
des maires de communes rurales du Finistère à Louis XVIII, rédigée en breton, elle est datée
du 30 avril 1814.
Répartition annuelle des documents retenus
45
50
40
30
0
0
0
1
1
2
1805
1814
3
1804
1
1803
5
1802
0
1801
1
1800
1790
8
1799
4
15
8
1797
5
1789
10
11
1796
20
1798
1795
1794
1793
1792
1791
0
Nous savons par Daniel Bernard103 que Salaun, traducteur du district de Brest, fit cependant
quelques traductions au compte du district de Brest. Le 5 floréal an III (29/05/1795). Il fut
payé 72 livres pour diverses traductions. Le 9 brumaire An III (30/10/1794), il recevait 20
livres pour avoir traduit l’adresse de la Convention au Peuple français du 18 vendémiaire An
III (09/10/1794), et 10 livres pour avoir traduit un avis aux communes du district « pour faire
102
Archives nationales, F1 CIII,3. cité par BERNARD, Daniel : Le duc d’Angoulême à Quimper Juin 1814. Bulletin de
la Société Archéologique du Finistère, 1939, p.44-45
103
BERNARD, Daniel, « La Révolution française et la langue bretonne » , Annales de Bretagne / 28, 3, 1913, p. 287331
51
�renaître l’abondance des denrées sur les marchés ». Malheureusement nous n’avons pas
retrouvé ces traductions correspondantes. Cette information fournie par Daniel Bernard, nous
permet de supposer une production plus importante, que celle que nous constatons dans notre
corpus et que des traductions ont bien continué à être exécutées après le 2 thermidor An II
(20/07/1794).
De nombreux indices nous confortent dans l’idée d’une sous-estimation de la production des
traductions en breton. Elle devait être bien plus importante que celle que nous avons pu
recenser dans notre corpus. L’extrait d’un « Registre des correspondance du directoire du
Finistère »104. Ce registre à la date du 13 juin 1792 note la diffusion en placard, d’une lettre en
français et en breton, émanant du ministère de la Guerre. Le texte du registre est une preuve
que des écrits avaient été traduits à Paris : «Nous avons l’honneur, Messieurs, de vous
adresser Exemplaire d’une lettre imprimée en français et en breton, écrite de Paris Le 30 avril
1792 par le Ministre de la Guerre à MM. Les Administrateurs du Départements du Finistère,
Veuillez bien Messieurs, envoyer à toutes les municipalités afin qu’elles fassent publier et
afficher. Cette Lettre aux lieux accoutumés et que les Cultivateurs soient instruits de
l’avantage qu’il résultera pour ceux d’entre eux qui élèvent des chevaux propres à remplir les
dispositions annoncées dans cette lettre ». Nous n’avons pas retrouvé le document
correspondant dans les fonds d’archives que nous avons consultés. Par ailleurs nous disposons
de deux courriers rédigés en français, concernant la loi du maximum des 8 et 24 messidor an II
(26/06/1794 et 12/07/1794) et portant une note manuscrite dans la marge ordonnant la
traduction et l’impression de ces courriers105 à 300 exemplaires en breton. La lecture106 d’un
extrait d’un registre de correspondances du district de Saint-Brieuc nous apprend
l’interception de paquets de tracts contre-révolutionnaires en langue bretonne provenant de
Jersey.
104
AD 29 7L6 feuillet n°49 p2.
AD22 1L 603 « cette lettre sera traduite en Breton & imprimée au nombre de 300.aff. in 4° & en français au nombre
de 600 aussi in l 4° » les deux notes sont de la même écriture et possèdent la même signature
106
AD22 1L282 « nous avons l’honneur de vous envoyer ci-joins un exemplaire d’un imprimé en langue bretonne,
contenant plusieurs demandes singulièrement ridicules… »
105
52
�Répartition mensuelle des documents au cours de l'année 1793
2
0
décembre
0
septembre
juin
mai
0
avril
février
mars
0
janvier
2
1
août
1
2
novembre
2
juillet
2
octobre
3
Répartition mensuelle au cours de l'année 1794
12
10
8
6
4
2
0
10
8
6
4
e
e
m
br
dé
ce
se
no
ve
m
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to
br
e
1
oc
ao
ût
t
ju
ille
ju
in
3
1
0
m
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ril
av
s
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ar
ie
r
fé
vr
ie
r
0
ja
nv
4
3
pt
em
br
e
5
Septembre 1793 - juillet 1794
12
10
10
8
8
6
5
6
4
2
2
2
4
3
2
ju
ille
t
ai
m
av
ril
ar
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m
fé
vr
ie
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er
ja
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i
br
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m
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no
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br
e
br
e
se
pt
em
0
ju
in
0
0
Conclusion de l’analyse du corpus
Le corpus contient pratiquement pour moitié des documents pro-révolutionnaires, 102
documents et 98 contre-révolutionnaires. Ces derniers sont majoritairement sous forme de
chansons, gwerzioù ou cantiques, la forme orale étant le moyen de diffusion privilégié de la
propagande contre-révolutionnaire. Ces deniers documents sont issus des collectes effectuées
au début du XIXe siècle, y sont inclus des documents saisis sur des suspects contre
révolutionnaires. Les documents saisis sont des manuscrits rédigés en breton sans traduction,
contrairement aux documents d’origine révolutionnaire ou pro-révolutionnaire qui eux
53
�utilisent la forme d’imprimés. Les imprimeurs sont situés majoritairement dans le Finistère à
Brest, Quimper et Landerneau.
Le dialecte le plus utilisé dans les documents que nous avons recensés est le dialecte du
Trégor. Daniel Bernard remarquait que « le dialecte généralement employé est le léonard
mitigé tel qu’il se parlait dans les villes ». Pour lui les traductions qu’il avait consultées dans
le Finistère étaient rédigées dans une langue bretonne constituée d’un mixte du léonard et du
cornouaillais, ce qui expliquerait les difficultés à identifier le dialecte de façon certaine de
plusieurs textes recensés. Rappelons que le trégorois est usité sur deux départements, le
Finistère et les Côtes d’Armor, le Trégor finistérien est aussi appelé « le petit Trégor », il n’est
pas sûr qu’au niveau de la production des documents en breton cela ait une incidence. Il serait
bon de vérifier si Alexandre Lédan, après la Révolution, utilisait le léonard, ou le trégorrois
dans ses travaux, Morlaix étant à la limite des deux zones dialectales.
Nous constatons que l’essentiel des recherches a eu lieu sur le département du Finistère, par le
nombre de dépôt visités, et la présence d’auteurs finistériens comme Daniel Bernard, Henri
Pérennès et Jean-Marie Penguern, Andreo ar Merser. Les deux années de recherche dans les
dépôts des départements de Bretagne, sur ce sujet nous ont permis de découvrir 30 documents
nouveaux.
La période de production la plus importante a été l’année 1794, et l’apogée de cette production
s’est faite de septembre 1793 à juillet 1794. Paradoxalement le moment où se développait une
politique allant à l’encontre des traductions dans les langues autres que le français, jusqu’au
décret du 2 thermidor an II (20/07/1794) interdisant tout usage autre que le français dans les
actes publics.
La traduction des documents officiels en breton, s’est donc effectuée sur une période allant de
janvier 1789 à la période du Ier Empire, avec une recrudescence de l’automne 1793 au
printemps 1794. Nous pouvons supposer que cette pratique s’est prolongée bien au-delà de la
période révolutionnaire.
- Les traductions qui s’étaient faites de manière spontanée localement, recommandées,
ordonnées avant d’être proscrites. Etaient-elles la réponse suffisante à la contre-révolution qui
elle s’exprimait en breton ?
-Comment faire face à une propagande contre-révolutionnaire qui utilise prioritairement la
voie orale pour diffuser son message anti-révolutionnaire ?
54
�- La traduction de textes ne soulevait-elle pas des difficultés aussi bien lexicales, que de
fidélité à l’esprit des textes officiels rédigés en français, cette dernière langue étant elle-même
confrontée à un langage nouveau de la Révolution ?
De ce corpus nous avons retenu deux thèmes transversaux pour commenter deux objectifs des
révolutionnaires : le premier pour communiquer les idées nouvelles, par les traductions de tous
les documents officiels, le second qui s’inscrit dans l’esprit des Lumières, celui de donner une
Instruction publique à tous les Français.
Nous allons aborder le thème des traductions. Comment une opération banale est-elle devenue
un enjeu dans le combat des révolutionnaires ?
55
�Les écrits révolutionnaires et contre révolutionnaires rédigés en breton
(1789-1799)
Chapitre 3 : Les traductions, les enjeux de la traduction
I) La pratique : la nécessité de la traduction, la diffusion du message révolutionnaire
Le français est la langue de la Révolution. Pour transmettre les idées révolutionnaires, il faut
se mettre à la portée des populations que l’on veut rallier à ses idées. Les députés savent par
expérience personnelle qu’ils vont se heurter à la réalité linguistique Les patois appelés à
disparaître demeurent le langage quotidien. C’est pourquoi ils décident, le 14 janvier 1790, de
faire traduire les décrets de l’Assemblée nationale. Les colloques de Montpellier soulignent la
fonction et la portée de l’usage de l’occitan en situation révolutionnaire, ce qui permet de
développer une argumentation face à un auditoire, animée par un orateur acquis aux idées
révolutionnaires. Il faut donc bien, pour que le message passe, le traduire dans les langues du
peuple auquel l’on s’adresse. La Révolution prend acte de l’existence d’un bilinguisme.
L’oralité suffit à l’efficacité de l’argument L’écrit doit être facilement exploitable pour
s’adresser à un auditoire analphabète, et non francophone107.
Le 14 janvier 1790, sur proposition du député François-Joseph Bouchette (1735-1810),
l'Assemblée nationale française décidait de faire publier les décrets de l’Assemblée dans tous
les idiomes qu'on parle dans les différentes parties de la France « L’Assemblée Nationale a
décrété le 14 janvier 1790, que le pouvoir exécutif seroit chargé de faire traduire les Décrets
de l’Assemblée dans les différents idiomes, et de les faire parvenir ainsi traduits dans les
différentes provinces du Royaume »108
Et le député Bouchette de dire : « Ainsi, tout le monde va être le maître de lire et écrire dans
la langue qu’il aimera mieux.» C'est à partir de Paris qu'on rédigea des traductions des
différents décrets destinés à la population. Des bureaux départementaux, par exemple en
Alsace, en Lorraine et en Bretagne, furent créés pour traduire sur place divers textes. En
novembre 1792, la Convention chargea une commission afin d'accélérer les traductions. De
cette façon, la République croyait qu'il fallait recourir au multilinguisme parce que toutes les
langues de France avaient droit de cité. Toutefois, la traduction fut rapidement abandonnée
devant les coûts financiers et l'absence réelle de vouloir conserver les langues régionales.
107
, La question linguistique au sud au moment de la Révolution Montpellier, Lengas, CNRS, et université Paul Valéry,
2 volumes, 1985
108
SCHLIEBEN-LANGE, Brigitte, idéologie, révolution et uniformité de la langue, Belgique, Mardaga, 1996
56
�Aussitôt, les patois devinrent l'objet d'une attaque en règle ! Les révolutionnaires ont même vu
dans les patois un obstacle à la propagation de leurs idées.
Les traducteurs ne sont pas toujours identifiés. Pour l’occitan, Dugas, est souvent cité. Il
exécute des traductions pour 30 départements du Sud. Aurélie Arcocha, pour le pays basque,
désigne les traducteurs par des lettres. Elle suppose que l’un des traducteurs serait l’évêque
constitutionnel J.B Sanadon et le secrétaire Augustin Sordes. D’autres noms sont cités,
Casamajor, Dassance, sans pouvoir affirmer que ces personnes étaient bien des traducteurs. En
Bretagne, nous connaissons quelques noms. Un concours avait été organisé pour recruter des
traducteurs et des copistes dans le département du Morbihan.
Les supports utilisés pour la diffusion du message sont de formes variées (affiches, cahiers,
chansons, dialogues), mais surtout ils entrent dans la mise en œuvre d’une stratégie de
communication. Les traductions se font entre trois acteurs : le traducteur, le lecteur et
l’auditeur. On distingue ainsi des textes qui sont des traductions littérales du discours français,
avec des adaptations aux langues locales et d’autres qui jouent sur l’expression orale. Par
exemple, pour la diffusion de l’almanach du père Gérard, une circulaire du Directoire du
département du Finistère, adressée aux districts du 10 février 1792, précise : « revêtues des
formes picquantes, et de l’expression énergique et naïve de l’idiome celtique »109.
Les travaux entrepris dans les espaces linguistiques concernés montrent les difficultés des
traductions, qu’il s’agisse du vocabulaire, de la syntaxe, ou de la fidélité de la traduction. De
même, la langue française est confrontée à un afflux de mots et de concepts nouveaux. La
convention charge un grammairien, François-Urbain Domergue, d’endiguer le flot de mots
manipulés par les adversaires de la Constitution. François-Urbain Domergue110 (1745-1810)
est professeur de langue française à Paris en 1774. Il participe au Comité d’instruction
publique de la Convention.
La fidélité du sens des traductions devient une préoccupation des autorités révolutionnaires.
Une circulaire du 4 mars 1792 demande de faire vérifier si la traduction de la Constitution
rend exactement le « sens original ». Le député de l’Hérault, Cambon, lors de la séance du 9
décembre 1792, trouve que les « traductions du citoyen Dugas sont vicieuses ». En 1793, les
représentants en mission dans les pays à idiomes notent que ceux-ci ne sont pas seulement un
109
AD29, série L, cote 7L6, feuillet n°10, p.2
GUILHAUMOU, Jacques, http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots_02436450_1982_num_5_1_1087
110
57
�obstacle à la propagation de l’idéologie républicaine mais constituent des fiefs de la résistance
contre-révolutionnaire.
Pour comprendre la problématique des traductions en langue régionales pendant la période
révolutionnaire. Nous devons assimiler que l’attitude des révolutionnaires ne fut pas constante,
elle se décline suivant des temporalités différentes au gré des évènements politiques. Par
ailleurs les traductions soulèvent des difficultés, du point de vue des traducteurs de leurs
compétences, de la complexité lexicale soulevée par un vocabulaire nouveau, de la fidélité et
le risque de détournement du sens.
II) Les trois temporalités des traductions dans les langues provinciales
Dans le processus de traduction des langues régionales l’on peut discerner trois périodes où
l’attitude des révolutionnaires fut différente : d’abord favorable à la traduction, recommandée,
voire ordonnée, puis une opposition radicale, suivie
d’une tolérance. Parallèlement la
Convention nationale ordonne la mise en place d’une instruction publique en langue française.
1) La première période : des traductions spontanées et une position favorable aux
traductions (1789- 1792)
En Bretagne, la pratique a précédé les décrets et bien que ces traductions ne soient pas toujours
l’exacte reproduction des textes officiels, cette tendance est révélatrice de la faveur de la
population bretonne ou du moins des élites instruites et capables de traduire du français dans
une autre langue vernaculaire.
A l’initiative du député flamand Bouchette, l’Assemblée Nationale décrète, le 14 janvier 1790,
de faire traduire ses décrets dans les différents idiomes. Plusieurs personnes proposent leurs
services : Simon en Alsace, Boldoni en Corse, Dithuribe au pays basque, Broussard en
Flandres, Dugas est chargé de s’occuper des traductions dans les « idiomes méridionaux ».
Pour la Constituante, il s’agit avant tout de rendre ces lois accessibles et donc de les traduire
dans les différents « idiomes » locaux.
Dugas fut chargé par la Convention de traduire pour 30 départements du sud. En fait, il ne fit
que des traductions pour 23 départements. Il fit admettre par les assemblées révolutionnaires
que les traductions devaient se faire par département, les départements étant des entités
administratives nouvellement créees en février 1790, au nombre de 83. Ces entités ne
correspondaient pas évidemment aux aires linguistiques du pays et encore moins aux aires
58
�dialectales des langues occitanes. Nous avons là, une fois de plus, un témoignage du peu de
connaissances de la réelle situation linguistique de la France à la fin du XVIIIe siècle par les
révolutionnaires. L’Ancien Régime ne s’était pas plus préoccupé de cette situation. Le
royaume était constitué de provinces qui avaient des statuts particuliers, différents les uns des
autres.
« M. Dugas111, chargé par le ministre de traduire ou faire traduire les décrets dans les
idiomes de 30 départements méridionaux prétend que chaque département a un idiome
différent qui lui est propre. En conséquence il se propose de faire autant de traductions que
de départements. Il convient que le fond de l’idiome est souvent le même dans cinq ou six
départements ; Mais il ajoute que les différences sont assez fortes d’un département à celui
qu’il avoisine, pour que les hommes sans éducation de l’un et l’autre n’entendent pas la même
traduction ».
Dès le décret du 14 janvier 1790, la majorité des avis tend à juger favorable la diffusion des
idées révolutionnaires, tant au niveau national qu’à celui des directoires des départements. De
la part de la population et de leurs représentants s’exprime une demande de traduction plus
généralisée. A la fin de 1791, un cultivateur du Sud-Ouest s’insurgea contre l’idée d’unifier la
langue, « parce que nos paysans méridionaux ont leur idiome naturel et particulier, hors du
quel ils n’entendent rien 112».
D’autres anciennes provinces exprimèrent leur nécessité de traduire les nouvelles lois dans la
langue de leur pays, comme au Pays basque où la Société des amis de la Constitution de
Bayonne avait adressé une lettre à l’Assemblée législative dès le 16 décembre 1791113 pour
proposer un traducteur ecclésiastique basque. Une autre demande fut transmise à Paris par
les représentants en mission : « il seroit à souhaiter que l’on s’occupât de faire traduire pour
les Basques au moins les lois principales. Régnier, qui avait fait un séjour au Pays basque,
écrivit à Roland, ministre de l’Intérieur : « Il serait très essentiel et de toute nécessité qu’on
traduisît en langue basque plusieurs bons ouvrages sur la Révolution, pour éclairer ces
hommes. Je suis parvenu à rassembler un comité de traducteurs qui se feront un plaisir de
traduire et coopérer avec moi à l’instruction de ces gens égarés »114.
111
SCHLIEBEN-LANGE, Brigitte, idéologie, révolution et uniformité de la langue, Belgique, Mardaga, 1996
LUXARDO, Hervé, « l’Abbé Grégoire en guerre contre les patois », Les Clefs pour l’Histoire, janv. fév, mars, 2000
113
BRUNOT, Ferdinand , Histoire de la Langue Française des origines à nos jours, Tome IX, La Révolution et
l’Empire, Paris, Colin, Rééd. 1967,
114
BRUNOT, Ferdinand , Histoire de la Langue Française des origines à nos jours, Tome IX, La Révolution et
l’Empire, Paris, Colin, Rééd. 1967
112
59
�Des traductions spontanées furent effectuées localement. Un député des Bouches-du-Rhône
traduit, en 1792, la Constitution de 1791 : « La Counstitucien francézo » pour les « habitants
deis desparteméns des Bouques-daou-Rhoné, daou Var et deis Basse-Alpes ». Dans le club
d’Aix-en-Provence, pendant trois ans, le secrétaire agrémentait les textes importants de
l’Assemblée d’un commentaire en provençal. Ce moyen de notation, avec des mots en langue
locale en marge, était un moyen mnémotechnique pour préparer une lecture à voix haute
devant un auditoire de Provençaux. Ce mode est aussi signalé pour d’autres documents de
l’aire occitane.
Nous constatons que les traductions étaient demandées à tous les niveaux des institutions
naissantes, depuis les sociétés populaires, les députés, ainsi que des initiatives individuelles,
comme Le Gall, curé constitutionnel de Plounéour-Trez écrit dans une lettre au citoyen Du
Couédic : « Ma traduction fait fortune ici ; je ne puis suffire à en donner des copies à tous
ceux qui m’en demandent »115.
La Convention s’inquiète de la lenteur des traductions, lors de la séance du 6 novembre 1792,
qui ne concerne que l’allemand, le basque, le bas-breton, et les idiomes vulgaires sans les citer,
comme le flamand, le catalan, le corse, les langues d’oc. Les patois ne sont pas inclus dans ce
décret.
Lors de cette assemblée s’ouvre un débat sur les lenteurs des traductions. Barère intervient
pour demander l’accélération dans l’exécution des traductions. Il insiste que les moyens
nécessaires soient accordés à cette tâche. L’assemblée décrète « qu’il sera nommé une
commission chargée d’accélérer la traduction des divers décrets en langue allemande &
idiomes vulgaires, Basque, Bas-Breton». D’après Daniel Bernard116 ce décret fut exécuté car
nous disposons d’un assez grand nombre de traductions des ordonnances de cette Assemblée.
Nous n’en n’avons pas retrouvé dans les dépôts visités. Cette demande de traduction est
renforcée par le décret du 4 décembre 1792. Il cite le castillan, il y a une confusion entre le
catalan, et le castillan.
115
BERNARD, Daniel, « La Révolution française et la langue bretonne » , Annales de Bretagne / 28, 3, 1913, p. 287331
116
BERNARD, Daniel, « La Révolution française et la langue bretonne » , Annales de Bretagne / 28, 3, 1913, p. 287331
60
�DECRET
DE LA
CONVENTION NATIONALE
Du 6 Novembre 1792, l’an Ier de la République Française
Traduction des Décrets en Langue Allemande
& idiomes vulgaires
La CONVENTION NATIONALE, sur proposition
D’un de ses membres, décrète qu’il sera nommé une commission, chargée d’accélérer la traduction des divers décrets
en langue Allemande & idiomes vulgaires, Basque, BasBreton, & c.
Charge le ministre de la justice de rendre compte à cette
commission des travaux qui ont dû être faits, en exécution
des décrets qui ordonnent ces traductions.
La Convention nationale nomme à cet effet pour
commissaires, les citoyens Dentzel, Rhül, Reubell, Meillan,
Cadoy, Grégoire & Léonard Bourdon.
AU NOM DE LA REPUBLIQUE, Le Conseil exécutif
provisoire mande & ordonne à tous les Corps
administratifs & Tribunaux, que les présentes ils
fassent consigner dans leurs registres, lire, publier &
afficher dans leurs départemens & ressorts respectifs,
& exécuter comme loi. En foi de quoi nous avons
signé ces présentes, auxquelles nous avons fait
apposer le sceau de la république. A Paris, le huitième
jour du mois de novembre, mil sept cent quatre-vingtdouze, l’an premier de la république Françoise.
Signé Pache, Contresigné GARAT, Et scellées du
61
�Sceau de la République
Certifié conforme à l’original
Signature de Garat
A PARIS,
DE L’IMPRIMERIE NATIONALE EXECUTIVE DU LOUVRE
M. DCC, XCIL
Décret de la Convention nationale du 6 novembre 1792117 (en français)
Archive du Musée basque, P 2688
Le décret du 6 novembre 1789, nomme Dentzel, comme commissaire chargé de veiller à
l’application du décret. Georges Frédéric Dentzel (1755-1814), était natif de la Rhénanie
Palatinat, ancien pasteur, en 1793, il est élu député du Bas-Rhin à la Convention Nationale.
Dans les commissaires nommés par ce décret, trois sont alsaciens ou germanophones, Dentzel,
Jean-François Reubel (1737-1807), Philippe Rhül (1737-1795) député du Haut-Rhin, et
Arnaud Jean Meillan (1748-1809) est député des Basses-Pyrénées. Dominique Joseph Garat
(1749-1833) ministre de l’Intérieur est basque. Cette commission n’est composée d’aucun
bretonnant.
Le 9 décembre 1792, à la Convention, un membre demande : « je demande que les lois ne
soient plus traduites en idiome gascon » Un autre membre : « Je demande à mon tour que
demain, au petit jour, la Convention décrète que la commission lui fera un rapport sur les
moyens de parvenir à la traduction des lois pour les pays où les citoyens ne parlent pas
communément la langue française ». Les deux propositions sont adoptées. Ces deux positions
nous montrent des divergences au sein de l’assemblée. Nous ressentons, par ces positions
différentes, que les assemblées étaient parcourues par des luttes intestines et un réel débat sur
le statut des langues autres que le français.
Les députés de la Convention montagnarde avaient des positions contradictoires sur les
traductions en langues régionales, les débats n’étaient pas moins vifs dans les départements
où étaient parlées des langues différentes du français. Dans la société populaire de Mendionde,
au Pays Basque le 5 brumaire An II (26/10/1792) l’un de ses membres demandait de : « faire
117
GOYHENETCHE, Manex, Histoire générale du Pays basque La Révolution de 1789, Tome IV, Baiona,
Elkarlannean, 2002, p.388-389
62
�traduire en idiome Basque tout ce qui pourrait concourir à alimenter l’amour de la révolution
qui commence à germer dans cette région ». La mission de traduction et d’explication en
basque fut confiée aux membres de la Société des Sans-Culottes de Bayonne qui dans sa
séance du 5 brumaire An II, prit la décision suivante :« Qu’il soit nommé divers membres pris
dans le sein de la société, chauds partisans patriotes parlant avec perfection la langue du pays
pour y aller prêcher aux frais de la Société la mission apostolique de la Révolution et de tout
ce qui tend au vrai salut de la patrie ». Cette décision fut annulée dès le lendemain par le
représentant du peuple du peuple Cavaignac « la délibération prise dans la précédente sur la
traduction des lois en Basque est rapportée »118. Ces prises de position contradictoires sont
symptomatiques de la vigueur des débats dans la société en Révolution. La place des langues
régionales dans la vie publique devenait un enjeu politique dans la construction d’une Nation,
hésitant entre un modèle fédéral et un modèle centralisé. La place des langues régionales dans
la vie publique reste un débat loin d’être éteint au XXIe siècle.
La Convention montagnarde se montre favorable aux traductions dans un premier temps. Le
mouvement de traduction est renforcé par le décret du 14 frimaire an II119 (04/12/1793), dont
l’article 3- précise : « La commission d’envoi des lois réunira dans ses bureaux, les
traducteurs nécessaires pour traduire les décrets en différents idiomes encore usités en
France, et en langues étrangères pour les lois, discours, rapports, et adresses ».
Pour la Constituante : il s’agit avant tout de rendre ces lois accessibles et donc de les traduire
dans les différents « idiomes » locaux. Cette politique des traductions, bien qu’inégalement
appliquée, fut bien accueillie par le Peuple, et notamment en Bretagne où un nombre important
de textes furent traduits. Notre corpus recense, de janvier 1789 à la fin décembre 1793, 31
documents officiels (lois, décrets, proclamations, circulaires, avis,..) traduits en breton.
Ce décret du 14 frimaire An II (04/12/1793) est exposé au musée de Bretagne à Rennes, sous
forme d’une affiche bilingue en français et breton. Elle est référencée N° 23 dans la base de
données. Ce décret demande de mettre en place des bureaux de traducteurs. Ce décret a été
publié par la Convention montagnarde. Le document a été imprimé à Brest à l’imprimerie
Gauchlet. Une impression sur papier, une technique d’estampe, le format de l’affiche d’ une
118
GOYHENETCHE, Manex, Histoire générale du Pays basque La Révolution de 1789, Tome IV, Baiona,
Elkarlannean, 2002, p.388-389
119
Affiche du musée de Bretagne N° 99.8663E La commission d’envoi des lois réunira dans ses bureaux, les
traducteurs nécessaires pour traduire les décrets en différents idiomes encore usité en France, et en langues
étrangères pour les lois, discours, rapports, et adresses dont la publicité dans les pays étrangers est utile aux intérêts
de la liberté et de la République française. Le texte français sera toujours placé à côté de la version
63
�hauteur de 116 cm, et de 50 cm de largeur, l’affiche est en trois morceaux collés. Le texte est
présenté en quatre colonnes séparées par un motif continu ondulant, les deux colonnes de
gauche pour le texte en français, et les deux colonnes de droite pour le texte en breton.
Sur le bas de la partie rédigée en français, le décret est signé par : Jay, P-J Audoin, Julien (de
la Drôme), Camille Desmoulins, Elie Lacoste,
Pour copie conforme signature de Breard
Duras secrétaire de la commission
Sur le bas de la partie rédigée en breton
Sous la mention : Ar memprou eus ar c’homite a gorrespondanç
( les membres du comité de correspondance)
Les noms de : Jay, P-J Audoin, Julien (eus an drome) , Camille Desmoulins, Elie, Lacoste
L’imprimeur : Gauchlet, à Brest,
Décret sur le mode de gouvernement
Provisoire et Révolutionnaire
Doc N° 23
Décret sur le mode de gouvernement
Decret eus ar 14 frimaire
Provisoire et Révolutionnaire
Voar ar c’his eus ar gouarnamant
Du 14 frimaire
provisouer ha Revolucionner
Section Première
Quevren Quenta
Article III- La commission d’envoi des lois « « III Ar c’hommissionou eus ar chassidigues
réunira
dans
ses
bureaux
les
traducteurs al lezennou e devezo en e vureviou an dud
nécessaires pour traduire les décrets en différents necesser evit trei an decrejou e meur langaich
idiomes encore usités en France et, en langues c’hoas anavezet e Franç, hac e langaich estren
étrangères pour les lois, discours, rapports, et evit al lezennou, an discoursou, an danevellou,
adresses dont la publicité dans les pays étrangers hac an adressou eus a bere an anaouedeges, e ti
est utile aux intérêts de la Liberté et de la an estranjourien a
république française, le texte français sera interejou al liberté
toujours placé à côté de la version
so util
meurbet d’ar
hac ar Republiq franç. Ar
c’hallec a vezo atao e costes ar brezonnec
64
�2) La deuxième période, une opposition radicale : Le retournement de position vis-à-vis des
langues régionales, le passage de la traduction à l’instruction publique (janvier 1794 juillet 1794)
Dès les premiers mois de l’année 1794, de Frimaire à Thermidor, an II, se développent des
campagnes contre les langues régionales et les patois, visant à les faire disparaître et les
interdire, en conséquence, d’interdire les traductions dans les différentes langues en usage en
France.
Avec le décret du 8 pluviôse120 An II (27/01/1794), les langues vernaculaires deviennent non
plus un instrument de la Révolution, mais un danger. Dans ce même décret, un article prescrit
l’envoi d’instituteurs de langue française dans les départements où la population parle une
langue autre que le français. Il ne s’agit plus de traduire des lois mais de mettre en place une
politique efficace d’enseignement de la langue française. Dans ce même décret, il est demandé
aux instituteurs « les jours de décade, de donner lecture au peuple et de traduire vocalement
les lois de la République, en préférant celles qui sont analogues à l’agriculture & aux droits
des citoyens ». Les traductions ne sont donc pas totalement abandonnées, l’oralité est
privilégiée à l’écriture. La traduction est confiée aux instituteurs agents de la propagande
révolutionnaire.
Septembre 1793 - juillet 1794
12
10
10
8
8
6
5
6
4
2
2
2
4
3
2
ju
ille
t
ai
m
av
ril
ar
s
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fé
vr
ie
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ja
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br
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se
pt
em
0
ju
in
0
0
L’analyse du corpus nous montre une recrudescence des traductions dans la période allant de
septembre 1793 à juillet 1794. Nous dénombrons 42 documents sur cette période qui
correspond à la Convention montagnarde (02/06/1793 à 27/07/1794). Cela est-il dû à une
120
N°70, AD29 100J459_1, Décret Qui ordonne l’établissement d’instituteurs de langue française dans les campagnes
de plusieurs Départements dont les habitants parlent diverses idiômes (en français à AD 29, en breton aux archives
municipales de Brest)
65
�frénésie législative des montagnards ? Dans cette même période, le décret du 14 frimaire An
II (04/12/1793), demande la mise en place d’un bureau de correspondances avec des
traducteurs et, le 2 thermidor An II exige l’interdiction d’utiliser d’autres langues que le
français dans les actes publics. Ceci nous paraît paradoxal pour la période où les
conventionnels de la Montagne prennent des positions de plus en plus radicales vis-à-vis
des idiomes et des patois.
Barère dans son violent discours à l’encontre des langues régionales du 8 pluviôse An II
(27/01/1794),. Il déclare à la tribune : « Le fédéralisme et la superstition parlent le basbreton ; l’émigration et la haine de la République parlent allemand; la contre révolution parle
l’italien, et le fanatisme parle le basque. Cassons ces instruments de dommage et d’erreur ».
Notons que dans son discours Barère est ignorant de la situation linguistique réelle de la
France en 1793. A la suite de son discours un décret fut voté pour l’établissement d’un
instituteur de langue française dans les départements dont les habitants parlent des idiomes
étrangers.
Ces décisions faisaient suite à l’enquête de l’abbé Grégoire, bien que Grégoire n’eût pas
encore présenté son rapport. Les documents que Grégoire avait récoltés, à l’issue de la
diffusion de son questionnaire, ne purent être employés en 1791. La rapidité des évènements
révolutionnaires ne lui permit pas d’exploiter les réponses. Dès que les circonstances le
permirent, il s’attacha à son projet d’universaliser la langue française. Le 16 prairial An II
(04/06/1794), il présenta à la tribune son « Rapport sur la nécessité et les moyens d’anéantir
les patois et d’universaliser l’usage de la langue française ». Lors de son long discours, il
argumenta pour l’abandon des langues régionales au profit d’une seule langue. Ses arguments
furent aussi bien financiers, politiques, fonctionnels ou linguistiques : « Proposerez vous de
suppléer à cette ignorance par des traductions ? Alors vous multipliez les dépenses, en
compliquant les rouages politiques, vous ralentissez le mouvement : ajoutons que la majeure
partie des dialectes vulgaires résistent à la traduction ou n’en promettent que d’infidèles ». Il
insista sur « cette inévitable pauvreté de langage ». Par là même, il voulait démontrer que les
langues régionales ne pouvaient s’adapter au vocabulaire nouveau de la Révolution. Grégoire
démontra que l’unité linguistique du pays était indissociable de la Révolution, le lien de la
Nation « je crois avoir établi que l’unité de l’idiome est une partie intégrante de la
Révolution, et, dès lors plus on m’opposera des difficultés, plus on prouvera la nécessité
d’opposer des moyens pour les combattre ». Pour Grégoire, la langue et la Nation ne font
qu’une.
66
�Avant la présentation du rapport de Grégoire, Barère, rapporteur du Comité de salut public,
avait présenté à la tribune de la Constituante, le 8 pluviôse an II (27/01/1794), un rapport sur
les idiomes. Barère avait une connaissance très floue des langues, autre que le français, parlées
en France. Quant aux aires géographiques relatives à chaque parler, il n’en possède que des
approximations. Barère est ignorant de la situation linguistique réelle de la France en 1793.
Pour Barère le breton est parlé en Ille-et-Vilaine, et dans une grande partie de la Loire
Inférieure. « les conséquences de cet idiome trop longtemps perpétré et trop généralement
parlé dans les cinq départements de l’Ouest ».
L’esprit de son discours était celui d’un idéologue et non celui d’un scientifique qui
s’appuierait sur des données. Grégoire, quelques mois plus tard, s’appuiera sur les retours de
son questionnaire. Le discours de Barère demandait l’interdiction des idiomes et, pour cela, il
réclamait l’établissement « d’instituteurs de langue française dans les campagnes ».
Rappelons que Barère avait demandé, lors de la séance de la Convention nationale du 6
novembre 1792, que l’on accélère les traductions. Sur ce rapport du Comité de Salut public, la
Convention nationale décréta, le 8 pluviôse, qu’il serait établi des instituteurs pour enseigner
notre langue dans les départements où elle est la moins connue. Une circulaire du 28 prairial
An II (16/06/1794) rappelle le décret : le décret du 8 pluviôse ordonne, « en conséquence, le
prompt établissement d’un instituteur où les habitants sont dans l’habitude de s’exprimer
dans une langue étrangère ».
La séance du 2 thermidor An II (20/07/1794), fut déterminante pour la relation de la
Révolution avec les langues régionales. Merlin de Douai121 fait un rapport, au nom du comité
de législation, sur les idiomes étrangers dans les Actes : « Citoyens vous avez pris des mesures
le 8 pluviôse, pour faire insensiblement disparaître la diversité des idiomes et ramener tous
les citoyens à l’unité de langage, signe précieux de l’unité de gouvernement. Mais ces
mesures seraient bien illusoires si vous ne vous empressiez d’arrêter, dans plusieurs
départements de la République, un abus qui tend, non seulement à perpétuer, mais même à
nécessiter, à rendre indispensable l’intelligence des idiomes barbares qu’on y parle encore.
Votre comité de législation a eu plusieurs fois occasion de remarquer, que dans les
départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, on se permet de rédiger en allemand les actes les
plus importants de la procédure criminelle.
121
Archives parlementaires, P.V. XLII, 75, Minute de la main de Merlin (de Douai). Décret N° 100.10
67
�Le commissaire national du district de Bergues, séant à Dunkerque, nous mande que dans
cette partie du département du Nord on ne se fait aucun scrupule d’enregistrer des écrits en
langue flamande. Et sans doute, ni le département du Morbihan ni celui du Finistère ne sont
exempts du même reproche qu’en à l’usage du bas-breton ».
Le discours de Merlin de Douai décrit bien l’esprit dans lequel étaient les révolutionnaires de
l’An II vis-à-vis des langues régionales. Leur décision de la publication du décret
d’interdiction des langues régionales dans les actes publics est l’aboutissement de leur
défiance vis-à-vis des langues autres que le français.
Ce décret du 2 thermidor An II (20/07/1794) est voté, interdisant l’usage d’une langue autre
que le français dans la rédaction des actes, sous peine de nullité. Selon les articles 1 et 2 du
décret ; « que nul acte public ne pourra, dans quelque partie que ce soit du territoire de la
République, être écrit qu’en langue française » Article 2- « Après le mois qui suivra la
publication de la présente loi, il ne pourra être enregistré aucun acte, même sous seing privé,
s’il n’est écrit en langue française ». Le décret du 2 thermidor An II (20/07/1794) marque le
début de «la terreur linguistique » selon l’expression utilisée dans l’article La Révolution
française : la langue nationale. (1789-1870, une histoire de la langue française publiée sur le
site internet de l’Université Laval122 au Canada.
Cette évolution de l’esprit des révolutionnaires vis-à-vis des langues régionales aboutit à
l’interdiction de ces langues dans tous les usages publics, par le décret du 2 thermidor An II
(20/07/1794). Les révolutionnaires de la Convention montagnarde changent de position en
quelques mois entre le décret du 14 frimaire An II (04/12/1793) et le décret du 2 thermidor An
II (20/07/1794). Le faisaient-ils sous une pression extérieure, intérieure, ou suivant un
changement de position idéologique ?
Le combat de Barère et de Grégoire contre les langues régionales était-il motivé par une lutte
contre le fédéralisme ? Tous deux citent le fédéralisme dans leur discours. Barère : « le
fédéralisme et la superstition parlent le bas-breton ». La circulaire du Comité de Salut public
du 28 prairial (16/06/1794) qui suit le rapport de Grégoire précise que « C’est un fédéralisme
que la variétés des dialectes ». La lutte contre le fédéralisme par les Jacobins reste un objectif
122
http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/francophonie/HIST_FR_s8_Revolution1789.htm
68
�alors que les Girondins ont été renversés le 14 prairial An II (02/06/1793), et les mouvements
fédéralistes sont vaincus. Toulon a été repris le 26 frimaire An II (16/12/1793), le directoire du
Finistère a été arrêté le 1er thermidor An II (19/07/93).
3) Troisième période: une tolérance : Un abandon de la politique de la « Terreur
linguistique », après le 2 thermidor An II ( 20/07/1794)
Le 16 fructidor An II (02/09/1794), à la demande des députés alsaciens, la Convention décrète
que la loi du 2 thermidor An II (20/07/1794), sur la rédaction des actes en langue française, est
suspendue jusqu’à un rapport des Comités de législation de l’Instruction Publique. Ce rapport
n’ayant jamais vu le jour, le décret de Fructidor a pour effet d’abroger la Loi du 2 thermidor.
Cette nouvelle attitude préconise, non pas de traduire, mais d’utiliser les « idiomes » comme
langue auxiliaire dans l’apprentissage du français.
Pour la Bretagne, nous disposons de 27 documents officiels (circulaires, sentences,
déclarations, proclamations..). Ces documents ont été publiés sur une période allant de juillet
1794 à novembre 1799. Nous savons par Daniel Bernard123 que Salaun, traducteur du district
de Brest, fit cependant quelques traductions pour le compte du district de Brest. Il fut payé
pour des traductions jusqu’au 5 floréal an III (29/05/1795). Nous avons là un témoignage de la
continuation des traductions. Nous devons comprendre que les autorités locales, par
pragmatisme, considérèrent que c’était le meilleur moyen de communiquer avec une
population qui n’entend très majoritairement que le breton et que ce mode de communication a
des effets immédiats, contrairement à une instruction publique qui ne peut être qu’un projet à
plus long terme.
Après le 2 thermidor An II, la propagande continua dans la langue qui portait le mieux, de
nombreux exemples dans d’autres régions que la Bretagne sont cités par Ferdinand Brunot124.
Quatre gendarmes alsaciens rédigeaient leurs procès-verbaux en allemand, le 2 prairial An III
(21/05/1795), ils ne savaient manifestement pas le français.
123
BERNARD, Daniel, « La Révolution française et la langue bretonne » , Annales de Bretagne / 28, 3, 1913, p. 287331
124
BRUNOT, Ferdinand , Histoire de la langue française des origines à nos jours, Tome IX, La Révolution et
l’Empire, Paris, Colin, Rééd. 1967
69
�Répartition annuelle des documents retenus
45
50
40
30
3
0
0
0
1
1
1
1814
1
1805
5
1804
0
1803
1
1802
1790
8
1801
4
15
8
1800
5
1789
10
11
1799
20
1798
1797
1796
1795
1794
1793
1792
1791
0
4) La chronologie des traductions et de l’organisation de l’instruction publique
La chronologie de la politique linguistique de la Révolution française s’insère dans les
principaux évènements de la Révolution. Lorsque les évènements deviennent plus pressants,
et plus dangereux pour les équipes dirigeantes, la pression contre les langues régionales se fait
plus radicale. On passe des traductions écrites demandées, recommandées, et parallèlement à
la mise en place d’une instruction publique : « il vaut mieux instruire que traduire », en
décembre 1793. Puis il faut « universaliser l’usage de la langue française », 16 prairial An II
(04/06/1794). Le point d’orgue de cette répression linguistique sera le décret du 2 thermidor
(20/07/1794) interdisant de toutes langues autres que le français : « que nul acte public ne
pourra, dans quelque partie que ce soit du territoire de la République, être écrit qu’en langue
française ». Peu de jours avant que les Montagnards ne soient renversés le 9 thermidor An II
(27/07/1794), le décret du 2 thermidor n’eut pas d’effet dans ces circonstances. Le 16
fructidor An II (02/09/1794) la convention décréta que l’exécution de la loi du 2 thermidor
précédent serait suspendue jusqu’au nouveau rapport des Comités de Législation et
d’instruction publique. Ce nouveau rapport ne fut jamais fait, ce qui équivalait à l’abrogation
de la loi. Les langues régionales furent de nouveau tolérées pour les traductions et elles
devinrent des auxiliaires de l’enseignement, le 27 brumaire An II (17/11/1794) : «l’idiome du
pays ne pourra être employé que comme moyen auxiliaire ». Quoi qu’il en soit, la politique de
traduction en langue régionale était abandonnée, il allait en être de même de la politique
linguistique de la Révolution.
70
�Chronologie des traductions et de l’organisation de
Chronologie de la Révolution
l’instruction publique
Date
14/01/1790
date
14/07/1789
Prise de la Bastille
04/08/1789
Abolition des privilèges
30/09/1790
Assemblée législative
10/08/1792
Chute de la monarchie
20/08/1792
Victoire de Valmy
22/09/1792
Convention girondine
21/01/1793
Exécution de Louis XVI
Mars 1793
Soulèvement de la Vendée
Diffusion de l’almanach du père
Gérard
06/11/1792
Assemblée Constituante
Décret qui demande de traduire, les
décrets et lois en différents idiomes..
10/02/1792
09/07/1789
Barère
demande
d’accélérer
les
traductions
09/12/1792
Débats à la Convention entre les pour
les traductions et les contre.
De 03 à
Virée de Galerne
12/1793
31/05/1793
Chute des Girondins
02/06/1793
1er thermidor An IIConvention montagnarde
13/07/1793
Les fédérés battus à Pacysur-Eure
19/07/1793
Arrestation du directoire du
Finistère (exécuté
08/1793
22/10/1793
04/12/1793
22/04/1794)
7 brumaire An II
Soulèvement de Lyon et
Laïcisation de l’enseignement
Marseille
14 frimaire An II -Décret sur le
gouvernement provisoire
« La commission d’envoi des lois
réunira
dans
ses
bureaux,
71
les
�traducteurs nécessaires pour traduire
les décrets en différents idiomes 09 à12/1793
Siège de Toulon
encore usité en France, et en langues
étrangères pour les lois, discours,
16/12/1793
rapports, et adresses »
19/12/1793
26 frimaire An II- Toulon
se rend
Décret du 29 frimaire An II, « Sur
l’organisation
de
l’Instruction
publique »
25/12/1793
5 nivôse An II : « écoles primaires
obligatoire et gratuites
27/01/1794
8 pluviôse An II Discours de Barère,
suivi
du
décret « Qui
ordonne
l’établissement d’un instituteur de
langue française dans les campagnes
de plusieurs départements dont les
habitants parlent divers idiomes »
04/06/1794
16 prairial An II Rapport de Grégoire
« Rapport sur la nécessité et les
moyens
d’anéantir
les
patois
et
d’universaliser l’usage de la langue 26/06/1794
Victoire de Fleurus
française »
13/07/1794
25 prairial An II « l’importance
d’une loi pour l’enseignement de la
langue française.. »
20/07/1794
Décret du 2 thermidor An II « que nul
acte public ne pourra, dans quelque
partie que ce soit du territoire de la
République, être écrit qu’en langue
française »
72
27/07/1794
9 thermidor An II
Convention thermidorienne
�17/11/1794
27 brumaire An III, «l’idiome du pays
ne pourra être employé que comme
moyen auxiliaire »
26/10/1795
Directoire
09/11/1799
Consulat
La radicalisation de la lutte contre les langues, autres que le français, se fait de plus en plus
pressante, après le renversement de la Convention girondine, et elle s’accélère dans la
période de fin de l’année 1793 à début 1794. Les langues régionales sont vues comme un
vecteur du fédéralisme, bien que le fédéralisme ait été éliminé de l’espace politique depuis le
mois de juillet 1793, par la bataille de Pacy-sur-Eure, l’arrestation du directoire du
département du Finistère, la répression de Lyon et finalement la reprise de Toulon en
décembre 1793.
Cette attitude, à l’égard d’un mouvement fédéraliste mis à terre, montre-t-elle une peur d’un
retour éventuel des girondins ? Ou l’expression d’un gouvernement faible qui ne peut
assurer son autorité que par la Terreur ? A la quelle s’ajoute une terreur linguistique, une
corrélation de la première ?
II) Les difficultés de la traduction en Basse-Bretagne.
Les traductions dans un premier temps, étaient faites spontanément et localement. Les
autorités des départements qui, par pragmatisme, veulent faire traduire tous les documents
officiels, recherchent des traducteurs qui doivent avoir des compétences dans les deux langues
et être de bons patriotes.
1) Comment traduire ? Et par qui traduire ?
Le 14 janvier 1790, l’Assemblée nationale décréta que « le pouvoir exécutif sera chargé de
faire traduire les décrets de l’Assemblée dans les différents idiomes et de les faire parvenir
73
�ainsi traduits aux différentes provinces du Royaume ». Bien que nous ne disposons pas de
traduction de ce décret, le Directoire du Finistère, par une circulaire datée du 2 mai 1791,
s’adressait aux districts de son ressort en ces termes : « Nous recevons de toutes parts,
messieurs, des demandes pour qu’il soit procédé sans délais à la traduction en langue
bretonne des décrets sur le timbre, sur l’enregistrement, sur les contributions foncières et
mobilières. Comme c’est un travail considérable auquel il nous est impossible de vaquer,
nous vous prions de vouloir nous indiquer si, dans votre arrondissement, on trouverait
quelques personnes assez instruite pour s’en occuper et au moyen d’une récompense honnête
qui pourrait lui être donnée, pouvoir mettre cet ouvrage en état de soutenir l’impression »
A l’initiative du député flamand Bouchette125, l’Assemblée Nationale, décrète le 14 janvier
1790, de faire traduire ses décrets dans les « différens idiomes ». Plusieurs personnes
proposent leurs services qui sont en partie acceptés (Simon, Goebel, Ulrich, Mass en Alsace,
Boldoni en Corse, Dithurbide et Larrouy pour le basque, Brassard pour le flamand) 126 . Le
20/01/1791 Dugas est chargé de s’occuper des traductions dans les « idiomes méridionaux »:
« L’Assemblée Nationale a décrété le 14 janvier 1790, que le pouvoir exécutif seroit chargé
de faire traduire les Décrets de l’Assemblée dans les différents idiomes, et de les faire
parvenir ainsi traduit dans les différentes provinces du Royaume.
L’exécution de ce Décret est d’autant plus pressante, que tous les renseignements pris pour
cette exécution n’ont encore conduit à aucun résultat. Elle est nécessaire, parce que surtout
aux extrémités du Royaume, la loi est troublée, parce qu’elle n’est pas suffisamment connue.
M. Dugas, Député extraordinaire de la commune de Gordes, Département du Tarn, très
instruit de la connoissance de tous les Ydiomes Méridionaux, se charge si Sa Majesté daigne
l’approuver de la traduction de tous les Décrets de l’Assemblée Nationale, sanctionnés par Sa
Majesté, en idiome de chacun des départements qui suivent : (une liste de 30 départements) ».
Dugas n’en traduira que pour 23 départements. A part Dugas et son cabinet, il y a encore
d’autres traducteurs pour le domaine occitan : Dousse dans les Landes, Bernadau à Bordeaux,
surtout Bouche en Provence qui traduit la constitution. Nous ne disposons pas encore
d’inventaires complets pour les traductions dans les autres langues. Pour l’occitan, Dugas127
est souvent cité. Un décret du 21 juillet 1793 autorise le ministère de la Justice à verser 10.000
125
SCHLIEBEN-LANGE, Brigitte, idéologie, révolution et uniformité de la langue, Belgique, Mardaga, 1996
SCHLIEBEN-LANGE, Brigitte, idéologie, révolution et uniformité de la langue, Belgique, Mardaga, 1996
127
Collection générale des décrets rendus par la Convention nationale, volume 5,
http://books.google.fr/books?id=NmFAAAAAcAAJ&pg=PA168&dq=dugas+traducteur
126
74
�livres au Citoyen Dugas, pour ses traductions. Dugas était député du Tarn. Il devient le
traducteur officiel du ministère de la Justice.
Lors du colloque de Bayonne, en 1989, Aurélie Arcocha128 compare des traductions en langue
basque, et pour cela elle identifie les traducteurs par des lettres (A, B, C, D). Elle suppose que
l’un des traducteurs serait l’évêque constitutionnel J.B. Sanadon.
Les notaires, les ecclésiastiques constitutionnels, les hommes de loi sont les plus nombreux
parmi les traducteurs connus. Les différents ministères devaient organiser des bureaux de
traducteurs, à l’exemple du « cabinet Dugas ». L’idée première était que les traductions
devaient se faire à Paris dans les ministères pour mieux en assurer le contrôle. Le manque de
personnel compétent et l’inconvénient de délais trop importants amenèrent un changement
d’attitude. Les traductions furent faites localement.
Le district de Brest répondit, le 10 mai 1791, en proposant M. Salaun, commis des bureaux de
la Marine.129. Le 7 mai, le district de Morlaix avait répondu : « Presque tout le monde parle
breton ici, mais peu sont en état de bien traduire, rapport à l’orthographe ; nous avons, à la
réception de votre lettre, fait donner des avis en ville et avons trouvé un particulier qui s’est
chargé de la traduction des décrets sur la contribution foncière. Nous vous la ferons passer
dès qu’elle sera prête ; nous écrivons ce jour à douze de nos principales municipalités pour
trouver des traducteurs pour les trois autres décrets et espérons qu’il s’en présentera »130. Le
traducteur se nommait Pervès131, de Morlaix. Il commença à traduire à partir du 23 mai 1791.
Un courrier du district de Morlaix nous précise que Pervès réclamait 36 livres, pour ses
traductions et le 27 mai il réclamait 48 livres. Nous retrouvons une suite de demande
d’acomptes de la part de Pervés. Malheureusement nous n’avons pas d’information sur cette
personne, pas plus sur ses traductions.
MM. Jannou et Guillier nous sont connus par le compte rendu d’une séance du directoire du
Finistère du 13 décembre 1790. Il leur est demandé de traduire en breton une proclamation sur
128
ARCOCHA, Aurélie, 1789 et les Basques, p.171-188, Bordeaux, PUB, 1991
BERNARD, Daniel, « La Révolution française et la langue bretonne » , Annales de Bretagne / 28, 3, 1913,
p. 287-331..Salaun fit cependant quelques traductions au compte du district de Brest. Le 5 floréal an III. Il fut
payé 72 livres pour diverse traductions. Le 9 brumaire, il recevait 20 livres pour avoir traduit l’adresse de la
Convention au Peuple français du 18 vendémiaire an III, et 10 livres pour avoir traduit un avis aux communes
du district « pour faire renaître l’abondance des denrées sur les marchés
130
BERNARD, Daniel, « La Révolution française et la langue bretonne », Annales de Bretagne / 28, 3, 1913, p.
287-331
131
BERNARD, Daniel, « La Révolution française et la langue bretonne », Annales de Bretagne / 28, 3, 1913,
p. 287-33.. Nous trouvons un Pervès, en l’An IV, qualifié d’archiviste, et comme administrateur pour
l’inventaire et l’estimation des biens mobiliers des émigrés, mais nous ne savons si c’est le même.
129
75
�les menées des prêtres réfractaires dans le diocèse du Léon. Cette traduction fut imprimée à
3.000 exemplaires.
Dans la séance du 22 brumaire An II (19/02/1794), le directoire du Finistère prend un arrêté
pour nommer un traducteur breton, le citoyen Raoul, de Landerneau, pour une somme
annuelle de 1500 livres. Raoul était ex-chantre de l’église paroissiale de Landerneau et devint
instituteur à Pleyben. Nous savons qu’il a exercé comme traducteur jusqu’en Floréal An II.
Le 12 août 1792, Le Gall132, curé constitutionnel de Plounéour-Trez, écrivait au citoyen Du
Couédic, procureur syndic du district de Lesneven : « Vous savez que dans nos campagnes un
grand nombre ne déblatère contre la Constitution que parce qu’il ne l’entend pas. Le meilleur
moyen de ramener ces critiques de bonne foi, qui blasphèment ce qu’ils ignorent, c’est mettre
la Constitution à leur portée. J’ai voulu le faire en traduisant en Breton. Ma traduction fait
fortune ici ; je ne puis suffire à en donner des copies à tous ceux qui m’en demandent. Comme
c’est ici le gage et le garant de la félicité publique, j’ai donné tous mes soins pour mettre les
habitants de nos campagnes à même de comprendre le contrat qui brise pour jamais les
chaînes de l’esclavage, qui réunit tous les Français dans une même famille de républicains,
en garantissant à chacun des prérogatives qu’il tient des mains de la nature. Je voudrais,
citoyen Du Couédic, que vous fassiez examiner cette traduction et que vous la livriez à
l’impression si elle en était jugée digne ».
La fidélité de la traduction est mise en doute par les auteurs des courriers eux-mêmes : « P.S. :
Si la traduction bretonne ci-jointe ne vous paroit pas rendre de manière suffisamment exacte
le sens de ma lettre, je vous prie d’en faire vous-même la traduction verbale aux habitants de
la paroisse. »133.
Nous constatons que des traductions ont été faites de manière spontanée, et sans coordination,
sur des initiatives personnelles, comme Le Gal, curé constitutionnel, les traducteurs étant peu
assurés de leurs propres traductions et les demandes de traduction sont exprimées par
différents canaux. Nous ressentons une demande d’information face à un afflux de documents
officiels reçus à un rythme soutenu. Des informations officielles où le citoyen, malgré sa
sympathie pour les idées révolutionnaires, ne comprend pas les aléas des décisions des
autorités, qu’elles soient nationales ou locales comme les directoires de département.
132
Le Gall devint par la suite procureur syndic du district de Landerneau. Il avait auparavant quitté les ordres et s’était
marié. Il a laissé sur son époque plusieurs mémoires intéressants, conservés aux archives du Finistère, série F
133
N°5, AD22 4L83, une lettre en français Quimper, 18 août 1789
76
�Devant la difficulté de recruter des traducteurs et aussi dans l’idée d’éviter des traductions qui
leur sembleraient non-conformes à leur attente patriotique, les administrateurs du département
du Morbihan organisèrent un concours pour recruter des traducteurs et des copistes, par un
courrier du 5 septembre 1793. Ce courrier souligne la difficulté de trouver de bons
traducteurs. Il est proposé un traitement de 1500 livres au traducteur, et de 600 livres au
copiste qui lui sera adjoint134. Nous n’avons pas de document afin de connaître la suite qui en
a été donnée. Nous ne savons pas si cette demande a donné les résultats escomptés.
Il n’est pas impossible que les imprimeurs assuraient des traductions comme Alexandre
Lédan135 (1777-1855) à Morlaix au début du XIXe siècle. Cette imprimerie a exercé de 1805 à
1880. Alexandre Lédan a imprimé notamment pour Henri Pérennès. Il était en relation avec
Alain Durand, curé de Plouaret (22).
Les proclamations destinées au peuple des campagnes revêtent en général un genre de sermon
et leur allure est beaucoup plus familière dans la traduction que dans l’original. Le traducteur
semble s’être appliqué à voiler certains termes et certains passages de façon à en alléger le
sens. Les sociétés populaires, où dominait pourtant l’élément agité, prennent un ton doucereux
lorsqu’elles s’adressent aux campagnards136 .
Document N°5 137, version en breton
Document N°5 version en français
Chetu amâ lequeet e Brezonec al liser scrivet
Quimper, 18 août 1789.
e Gallec gant an Aotrou Maire ha Presidant ar Monsieur,
C’homite stabil a Gemper, er 18 a vis Eost
Le Comité permanent de Quimper, instruit
1789
qu’il se répand dans les campagnes de fausses
interprétations des Arrêtés de L’Assemblée
Ar C’homite stabil a Gemper en deus desquet Nationale concernant la suppression des
penaus e roer er Parresiou explicationou faus dîmes, droits de moue, & autres droits
d’ar pez a so bet accordet e Stadou ar féodaux, vous prie de publier dans votre
134
AD56 L815, Une lettre manuscrite, un quatre pages 24X18, des administrateurs du département du Morbihan aux
districts de Vannes, le texte est rédigé en français, datée du 5 septembre de l’an II
135
BAILLOUD , Gérard, L’imprimerie Lédan à Morlaix (1805-1880), Skol, Spézet, 1999, Une thèse sur l’imprimerie
Lédan
136
BERNARD, Daniel, « La Révolution française et la langue bretonne », Annales de Bretagne / 28, 3, 1913, p. 287331 « La commission administrative fit imprimer 600 exemplaires une chanson bretonne composée par le D. Erm «
destinée par son auteur à provoquer l’instruction et les principes par les habitants des campagnes du Finistère » (La
bibliothèque de Quimper possède du même auteur une complainte bretonne sur le Général Moreau)
137
N°5, AD22 4L83 (les deux versions, française et bretonne ont à la même cote d’archive)
77
�Rouantelez var an deog, an arval hac an Paroisse les éclaircissements suivants.
dalc’hou. Ho pidi a ra da bublia en ho Parres
ar pez a so amâ valerc’h.
Il est bien vrai, d’après les Arrêtés de
l’Assemblée Nationale, que la plupart de ces
Dre ordrenançou eus a Stadou ar Rouantelez objets seront supprimés ; mais il est bien vrai
ar guiriou-se a vezo lamet, maes guir ê aussi qu’ils seront remplacés par une forme
penaus e vezint raquitet dre arc’hant ; hac ar équivalente en argent, & que ces changemens
cenchamanchou-se ne allint quet caout leac’h ne pourront avoir lieu cette année.
er bloa-mâ.
Les anciennes loix sont toujours en vigueur &
doivent être exécutées jusqu’à ce que les
Heuliet e vezo ato al lezennou coz quen a nouvelles ne soient promulguées & publiées
vezo embannet ha publiet er Pron al lezennou prônalement.
nevez.
En conséquence les citoyens de Quimper
Rac-se tud Quemper a ro avis d’o breudeur ha préviennent leurs frères & amis les habitants
mignonet an dud divar maez penaus ne allont des campagnes que leur refus de payement de
quet em reüfi da baea ar guiriou-se, hep en ces droits seroit le renversement de l’ordre &
em renta coupal eus an injustiç ar vrassa.
de la justice.
J’ai
l’honneur
d’être
très
sincèrement,
Monsieur
Votre très humble & très obéissant serviteur,
P.S. Si la traduction bretonne ci-jointe en
vous
paroît
pas
rendre
de
manière
suffisamment exacte le sens de ma lettre, je
vous prie d’en faire vous-même la traduction
verbale aux habitants de votre Paroisse.
Le texte traduit en breton est plus concis que la version française, la formulation est plus
directe. Dans la version bretonne c’est le Maire et Président du comité de Quimper qui
s’adresse aux citoyens, dans la version française, c’est le Comité permanent de Quimper. Pour
être mieux reçu par les populations il faut personnaliser « an Aotrou Maire (Monsieur Le
78
�Maire). Aotrou a un sens d’une personne respectable dans la langue bretonne (c’est un
Monsieur !!).
La version en français se termine par une formulation de correspondance habituelle entre gens
lettrés, alors que la version bretonne se termine sans une formule de politesse.
Notons de nouveau le post scriptum qui met en doute la traduction bretonne et demande que
soit faite une traduction verbale pour être lue devant les paroissiens. La forme orale prime sur
la forme écrite.
2) Une difficulté supplémentaire : les quatre dialectes bas-bretons
La zone bretonnante, à la fin du XVIIIe siècle est située à l’Ouest d’une ligne reliant Plouha
sur la côte nord à l’estuaire de la Loire au sud de la Bretagne. Cette zone linguistique n’est pas
homogène, elle comprend quatre zones dialectales selon approximativement les anciens
évêchés d’avant 1790.
Les quatre dialectes bretons : Leon : léonard, Treger, : trégorrois, Kerne : Cornouaillais,
Gwened : Vannetais
BROUDIC, Fañch, Histoire de la langue bretonne, Rennes, Editions Ouest-France, 1999, p.23
La vision traditionnelle des dialectes bretons correspond en partie au découpage des
évêchés sous l’Ancien Régime.
79
�Le dialecte généralement employé est le léonard mixé de cornouaillais tel qu’il se parlait dans
les villes du département du Finistère, d’après Daniel Bernard. Cette remarque est valable
pour les documents qui ont pour origine le Finistère. Nous disposons de 29 documents rédigés
en dialecte léonard, ou cornouaillais, 14 en vannetais, et 34 en trégorrois, incluant quelques
unités en goëlo, qui est considéré comme un sous dialecte du trégorrois. Ces derniers sont
d’ailleurs cités par Alain Durand qui était natif du Goëlo.
Ci-dessous deux exemples d’un même décret concernant la mise en culture des terres des
défenseurs de la patrie, le premier, N°28, imprimé à Brest, en dialecte du Léon et le deuxième,
N°193, sans nom d’imprimeur rédigé dans le dialecte vannetais.
Document N° 28
Document N°193
DECRET
DECRETT
EUS AR
AG ER
GONVANCION NACIONAL
CONVENTION NATIONALLE
Eus an 23 deis ar mis hanvet Nivôse, pe miz
Ag er 23 Nivôfe, enn aill vléatt ag ar
an oerc’h, an eil bloaz eus ar Republic Franç,
république à France, unan ag indivisibl,
unan hac indivisibl
Relatif doh er Labourage enn Douareu
E quenver gounideguenez douarou
Zihuennerion ag er vro
difeneuryen
ar Vam-Bro
E BREST, eus a Imprimeri Gauchlet
N.B. Document N°193, seulement la partie supérieure de l’affiche est visible aux archives du département du
Morbihan
L’orthographe des mots d’une affiche à l’autre est différente pour les mots « DECRET »,
« CONVENTION », « NATIONAL », le format de la date est dans une version précise,
l’équivalent de Nivôse en mois de la neige [miz an oerc’h ].
Le document N°28, se définit « pour la culture des terres des défenseurs de la mère Patrie »,
alors que le document N°193, se dit « Relatif aux labourages des terres des défenseurs et du
pays ».
Cette comparaison de deux documents, tirée d’un même document d’origine en français,
montre des formes différentes. Ces deux documents sont rédigés dans deux dialectes bretons
80
�aussi différents que le léonard du vannetais. Rappelons que les dialectes de la Cornouaille, du
Léon, et du Trégor, (KLT) sont plus proches entre eux que ne l’est le dialecte vannetais (G).
Nous prendrons le document N° 25, dans la base de données, comme exemple des traductions
de circulaire bilingue français et breton. Ce document nous montre la difficulté de la
traduction d’un texte officiel émis par Devismes. Il faut le rendre accessible à une large
population. C’est une affiche de 24X21 sur deux colonnes, en français à gauche, en breton à
droite. Ce document est disponible aux archives départementales des Côtes-d’Armor. Il a pour
titre AU NOM DE L’HUMANITE ET DE L’EGALITE138. Cette affiche est datée du 14
germinal An II (03/04/1794), elle est signée : «Devismes, agent délégué par la commission
des subsistances et le comité de salut public ».
AU NOM
DE L’HUMANITE ET DE L’EGALITE
Tout Cultivateur doit reconnoître
An ano an umanité ac an égalité
pour principe,
Qu’il n’est point le propriétaire du
Ar Hultivateur a glé anevout évit princip,
produit de sa récolte ;
Na équet mest deus a production an douar ;
Qu’il n’en est que le dépositaire ;
Na é dioutan nemert an dépositer ;
Que
les
biens
de
la
terre A harparchant mado an douar dan ol ;
appartiennent à tous ;
A clèont béan vifib da zaoulagat ar lézen.
Qu’ils doivent être visibles sous les
yeux de la loi ;
A cléont béan régulièrement digasset dar
Qu’ils doivent être régulièrement marhajo, évit béan goerzet ar bris da béhini è
apportés dans les marchés, pour y hint taxet dré ar lézen.
être vendus au prix auquel la loi les Ar hultivateur a vir, pé a goache ar susistanç, a
a taxés.
glé béan seller ével eur munter heur hontrel-
Tout cultivateur qui garde ou recèle revolutionner, ac en consequenç, é clé béan
des subsistances, doit être regardé punisser hervé ar lézen a lemet demes ar société
comme un homicide, un contrerévolutionnaire, & en conséquence
NERSS DAR GOUVERNEMENT
il doit être puni au terme de la loi, &
REVOLUTIONNER
retranché de la société.
138
DE VISMES, agent délégué dré ar commission
N°25, AD22 1L479
81
�subistanç ac ar comité silvidigues ar bobl
FORCE AU GOUVERNEMENT
_______________________________________
REVOLUTIONNAIRE
Imprimet dré eurs an départamant Costé an
DEVISMES, agent délégué par la Nord evit béan affichet an ol communo deus e
commission des subsistances et le ressort
comité de salut public
Imprimé par ordre du département En Pors-Brieuc, 14 germinal, an eil blaoes
des Côtes du Nord, pour être affiché demes ar republiq Franç, unan ac inidisib
dans toutes les communes de son
HELLO, président
R. Huette, secrétaire général
ressort.
A port-Brieuc, le 14 germinal, l’an
2 de la république une et indivisible.
HELLO, président
R. HUETTE, secrétaire général
A PORT-BRIEUC, chez J.M. Beauchemin, imprimeur du département des Côtes du Nord
La rédaction du texte en breton est en dialecte trégorrois : les pluriels sont en « O », les
mutations ne sont pas écrites sous la forme « C’H », le traducteur utilise le mot Cultivateur,
qu’il transforme en « Hultivateur », au lieu de « gounideg », « kultivatour » ou « labourerdouar » [travailleur de la terre], c’est un exemple de bretonisation d’un mot français.
Andreo ar Merser (André Le Mercier), dans son ouvrage 1789 hag ar brezoneg, Brest, Brud
Nevez, Emglo Breiz, 1990, un ouvrage en deux volumes rédigé intégralement en breton pour
le premier où il collectionne 74 documents en breton, dans leur version originale et, dans le
deuxième, il en fait une transcription toujours en breton. Mais il ne réécrit pas dans un breton
universalisé139, ce qui en fait un ouvrage réservé à un public restreint. L’exemple suivant nous
permet de mesurer la difficulté de réaliser une traduction fidèle, alors qu’en 1990, année
d’édition de son ouvrage, les règles sont différentes en breton universalisé.
139
Le breton universalisé, est une écriture normalisée du breton qui s’est imposée en regroupant les quatre zones
dialectales : KLT+G ( Cornouaille, Léon, Trégor, + Vannetais) depuis le début des années 1940 (peurunvan) qui est
devenu à partir des années 1960 le breton universitaire ( ar Skolveurieg).
82
�Document N° 25140
An ano an umanité ac an égalité
En anv an delenezh hag an ingalded
Ar Hultivateur a glé anevout évit prinsip,
Al labourien-douar a glé anavezout evit
Na équet meft deus a production an douar ;
pennkaos
Na é dioutan nemert an dépofiter ;
N’int ket mestr eus o produioù eus an
A harparchant mado an douar dan ol ;
douar
A clèont béan vifib da zaoulagat ar lézen.
Emañ nemet an fiziad henañ
A aparchant madoù douar d’an oll
A cléont béan régulièrement digaffet dar A dleont bezañ gwelet dindañ zaoulagat
marhajo, évit béan goerzet ar bris da béhini è al lezenn
hint taxet dré ar lézen.
Ar hultivateur a vir, pé a goache ar fufiftanç, a A dleont bezañ
a-blen digaset d’ar
glé b éan feelr ével un munter heur hontrel- marc’hajoù evit bezañ gwerzet ar briz da
revolutionner, ac en confequenç, é clé béan behini int taxet dre al lezenn
puniffer hervé ar lézen a lemet demes ar fociété
Al labourien-douar a vir , pe a goach ar
magadurioù a gle bezañ sellet evel ur
NERSS DAR GOUVERNEMENT
muntrer, ur stourmer eneb an dispac’h, da
REVOLUTIONNER
heul, e dlé bezañ pinijad hervez al lézenn
DE VISMES, agent délégué dré ar commission ha lemet eus ar c’hevridigezh
subistanç ac ar comité silvidigues ar bobl
_______________________________________
Nerzh d’ar gouarnamant dispac’her
Imprimet dré eurs an départamant Costé an De Vismes , oberer deleget dré ar
Nord evit béan affichet an ol communo deus e c’hefridi magadurioù, hag c’homité
ressort
silvidigezh ar bobl
En Pors-Brieuc, 14 germinal, an eil blaoes
Moulet dré urzh an départamant Costé-
demes ar republiq Franç, unan ac inidisib
an-Norzh, evit bezañ skritelled an oll
HELLO, président
communoù eus e vali
R. Huette, secrétaire général
En Pors-Briec, 14 germinal, an eil
bloavez eus ar Republik Franç, unan hag
diranned
140
AD22 1L422
83
�Hello, pennrener
R. Huette, sekretour peurliesañ
A PORT-BRIEUC, chez J.M. Beauchemin, imprimeur du département des Côtes d’Armor
Version transcrite par Andreo ar Merser (André
Version transcrite en breton universalisé
Le Mercier) 1789 hag ar brezoneg, Brest, Brud
par Hervé Le Vot
Nevez, Emglo Breiz, 1990, p. 242
3) Les traducteurs, leurs compétences
L’opinion de Daniel Bernard doit être nuancée. « La langue en est uniformément détestable et
incorrecte, le traducteur s’est tout simplement contenté de donner une tournure ou une
terminaison bretonne au mot français, sans se donner la peine de rechercher s’il pouvait
exister l’équivalent en breton »141. La remarque de Daniel Bernard est à rapprocher de celle de
Rondonneau, fonctionnaire du Ministère de la Justice, qui s’étonne de trouver autant de mots
français dans les traductions en langues occitanes, faites par Degas. Il se pose la question si les
traductions sont inexactes ou les idiomes méridionaux ne sont-ils que du français
corrompu ?142
Document143 N° 177
Document N°177
DECRET
DECRED
DE LA
Eus ar
CONVENTION NATIONALE,
GONVANCION NACIONAL
Du 5e jour du deuxième mois de l’an second
Eus an 5 Dervez an eil mis eus an eil blavez
de la République Française, Une et
eus ar Republiq Françz, unan ac indivisibl
indivisible,
En pehiny eo comprenet cals à zisposidiguez
Contenant plusieurs dispositions relatives
var an actjou ac ar Contrajou civil
Aux Actes et Contrats civils
Ci-dessus un exemple de reprise de mots français, que l’on bretonnise : contrats devient
contrajou, actes devient actjou, avec des pluriels réguliers en –où.
141
BERNARD, Daniel, « La Révolution française et la langue bretonne » , Annales de Bretagne / 28, 3, 1913, p. 287331
142
SCHLIEBEN-LANGE, Brigitte, idéologie, révolution et uniformité de la langue, Liège, Mardaga, 1996
143
N° 177, AD29 159 L 2_2
84
�L’orthographe des mots n’est pas uniforme : nous trouvons « National » sous des formes
variées en NATIONALLE144 , NACIONAL et, pour le mot CONVENTION il peut être
orthographié en GONVANCION, ou avec une mutation « ar C’honvancion »
Les documents contiennent de nombreux nouveaux mots qui sont traduits en breton sous des
formes les plus diverses :
Français
Breton
Concitoyens
CONCITOYANET, GENCITOYANET
Convention
GONVANCION
Constitution
GONSTITUCION
Décret
DECRET, DECRED
Directoire
DIRECTOUER
Discours
DISCOUR
Extrait
EXTRET
Instruction
INSTRUCCION
Loi
LESENN, LEZEN
Nation
NACION
National
NACIONALE, NATIONALLE
Proclamation
PROCLAMATION, PROCLAMATIONN
Révolutionnaire
REVOLUTIONNER
Dans l’avant propos de ses articles Daniel Bernard écrit : « Les proclamations destinées au
peuple des campagnes revêtent en général un genre de sermon et leur allure est beaucoup
plus familière dans la traduction que dans l’original. Le traducteur semble s’être appliqué à
voiler certains termes et certains passages de façon à en alléger le sens ». Ce que nous
pouvons constater avec le document N°5, l’Adresse du Comité permanent de Quimper aux
habitants des campagnes, en comparant les deux versions en français et en breton.
L’introduction de la lettre traduite se fait plus proche de l’auditoire « Chetu amâ leqeett e
Brezonnec al liser scivet gant.. » [Voici ici mis en breton une lettre écrite par ..]
Un certain nombre de textes bilingues, notamment les candidatures pour des postes
d’instituteurs, permettent d’apprécier un français évolué et un breton, en ce qui concerne les
courriers de Lorgant et de Nédélec, qui sont deux Léonards. Le breton qu’ils utilisent est un
144
N°193, AD56 L815
85
�breton léonard en usage à cette période avant la parution de la grammaire « Le Gonidec » en
1807. Nous pouvons comparer l’écriture des candidats à un poste d’instituteur avec celle de
Jean Conan soldat révolutionnaire, devenu tisserand à Trédrez (22). Il écrit dans un français
approximatif et bretonnise fréquemment des mots français, sa rédaction est le plus souvent
phonétique. Nous constatons que les candidats maîtrisent bien le français et le breton qu’ils
utilisent est souvent le breton des ecclésiastiques. Nous sommes en mesure de penser que
« l’élite» sachant lire et écrire, avait suivi leur instruction générale, dans les écoles religieuses,
telles que les petits séminaires, les séminaires et les collèges où ils avaient reçu une formation
classique, latin, français et le breton pour les Bretons de Basse-Bretagne.
Les traducteurs eux-mêmes ont des doutes sur leur traduction, Une lettre du 4 mars 1792145
envoyée aux départements concernés s’achève par ce texte : « J’ai hâté surtout les traductions
de la Constitution. Je vous envoye MM. Celle qui en a été faite dans l’idiome propre à votre
département. Je vous serai fort obligé de faire vérifier le plutôt possible, si elle rend
exactement le sens de l’original, et en général si elle a les qualités qui forment une bonne
traduction. Je vous prie aussi de me la renvoyer avec le résultat de cette vérification. Dès
qu’elle sera faite. Le désir de répandre les Lumières parmi les citoyens de toutes les classes
vous portera sans doute, MM. A vous occuper de ce travail avec tout le soin et toute l’activité
que son importance exige ».
Ces différentes remarques sont à rapprocher de celle de Le Gall, curé de Plounéour-Trez, qui
demandait au citoyen Du Couédic, de faire examiner sa traduction. P.S. : Si la traduction
bretonne ci-jointe ne vous paroit pas rendre de manière suffisamment exacte le sens de ma
lettre, je vous prie d’en faire vous-même la traduction verbale aux habitants de la
paroisse. »146.
4) Un vocabulaire nouveau, des concepts nouveaux
La difficulté d’employer des mots nouveaux concernait la langue française elle-même : face à
un afflux de mots et de concepts nouveaux la Convention avait chargé François-Urbain
Domergue147(1745-1810), grammairien, d’établir un journal de la langue française et la
néologie lexicale. Nous pouvons prendre l’Almanach du père Gérard comme exemple pour
expliquer des mots nouveaux et abstraits à un auditoire souvent analphabète.
145
SCHLIEBEN-LANGE, Brigitte, Idéologie, révolution et uniformité de la langue, Belgique, Mardaga, 1996
AD22 4L83, une lettre en français Quimper, 18 août 1789
147
DOUGNAC, Françoise, François-Urbain Domergue. Le journal de la langue française et la néologie lexicale
(1784-1795) Thèse de 3e cycle. Paris III, 9 octobre 1981, 259p, Directeur : Maurice Tournier
146
86
�L’Almanach du père Gérard de Collot d’Herbois (1791) est conçu par son auteur comme un
moyen de diffusion de la propagande révolutionnaire. Nous disposons de deux traductions en
breton, l’une imprimée à Quimper, et l’autre à Brest. Dans ces deux ouvrages nous pouvons
examiner comment était expliqué ce nouveau concept comme la « Constitution »148 et
comment cela avait été traduit. Le premier entretien du père Gérard aborde l’explication de la
Constitution.
Version brestoise149
La version française
Version quimpéroise
de Collot d’Herbois
(Quimper début 1792)
PREMIER ENTRETIEN :
ARMANAG
ARMANACH
DE LA CONSTITUTION
AN TAD GERARD
AN
ANTRETIEN QUENTA
TAD COZ GERARD
EUS AR GONSTITUTION
QUENTA ENTRETIEN
Le père Gérard ne cessait de
dire
à
ceux
qui AN TAD GERARD ne baouese
EUS AR GONSTITUTION
l’entouraient : O la bonne da lavaret d’an nep a yoa en dro An Tad Coz GERARD ne
constitution
que
la dezã : O pebez Constitution vad baouze da lavaret d’ar re a
constitution française ! elle eo Constitucion ar Francisien ! yoa en dro dezàn : O caëra
assure notre bonheur et celui assuri a ra hon eüresdet hac hini constitucion eo constitucion
de nos enfants.
hor bugale
ar francizien! assuri a ra hor
bonheur hac hini hor bugale
Le père GERARD répondit : AN TAD GERARD a respontas: An
Tad
Mes amis, CONSTITUTION Va mignounet, CONSTITUCION respontas:
coz
va
Gerad
a
mignonet,
nous dit et signifie un corps a lavar deomp ac a sinifi ur c’horf Constitucion a lavar deomp
dont toutes les parties, toutes eus a pehni an oll lodennou, an oll hac a sinifi ur c’horf eus a
les proportions s’accordent proporcionou en em accord mad pehini an oll memprou hac
bien entre elles, où tout est à entrezo, e pehni tout a so en e an oll bro-porcionnou a sol
sa place et va bien ensemble.
blaç, ac a ya mad assambles.
oll accord entrezo, el leac’h
ma ema pep tra en blaç, hac
e zeont mad assambles
Ces deux exemples de traduction nous permettent de mesurer la complexité de la traduction
face à un afflux de mots nouveaux, de concepts, totalement inusités pour leur auditoire
148
LE MENN , Gwenolé, BIARD Michel, L’Almanach du père Gérard de Jean-Marie Collot d’Herbois, Saint
Brieuc, Skol, 2003, 518p (p57-59)
149
L’impression de la version de Brest par l’imprimeur Malassis aurait été faite entre 1792 et 1794 ( G. Le Menn)
87
�constitué d’une majorité de paysans. La comparaison de la version française avec les deux
versions en breton nous permet de visualiser la difficulté de la traduction, où chaque
traducteur a sa propre sensibilité, et laisse libre cours à son interprétation des textes que l’on
lui demande de traduire150.
Nous pouvons nous poser la question : pourquoi, une fois le père Gérard, suivant le texte
d’origine en français, la seconde fois le grand-père Gérard ? Serait-ce, afin de donner un
sentiment de sagesse plus prononcé chez le grand-père, compris comme un grand sage ? Le
poids du mot n’est plus le même, il s’en trouve plus appuyé dans le sens d’une plus grande
sagesse.
Les traducteurs bretons n’étaient pas les seuls confrontés aux traductions des mots et des
concepts nouveaux qu’ils devaient rendre compréhensibles et audibles pour les populations
auxquelles elles étaient destinées. Pour d’autres régions les traductions sont critiquées. Deux
rapports sont rédigés par Rondonneau, un fonctionnaire du Ministère de la justice, à propos
des traductions de Degas. Ils sont
intitulés respectivement « Observations sur plusieurs
difficultés que présente le décret du 14 janvier 1790, qui charge le pouvoir exécutif de faire
traduire les décrets dans les différents idiomes » et, « Rapport sur la constitution dans les
idiomes propres au départements de la Corrèze, de la Gironde, du Tarn, de l’Aveyron, et des
basses-Pyrénées, présenté au Ministre par M. Dugas. ».
Certaines choses intriguent le
rédacteur de ces deux documents, notamment surtout que tant de mots français émergent dans
les traductions « J’ai trouvé les traductions très littérales. Comme presque tous les mots qui y
sont employés sont des mots français corrompus, on peut sans savoir ces idiomes, apprécier
la fidélité de chaque traduction, sinon, avec une entière certitude, du moins avec une grande
vraisemblance. Mais je ne puis m’assurer, si l’on a quelque fois ou même souvent, employé
des expressions propres à un idiome au lieu de celle d’un autre; je ne puis voir si les mots
purement françois qui se trouvent en assez grand nombre dans une ou deux traductions sont
vraiment des mots de l’idiome dans lequel elles sont faites »151. L’auteur des deux rapports
s‘étonne de trouver autant de mots français dans les traductions en langues occitanes, faites
par Degas. Il se pose la question si les traductions de Degas sont-elles inexactes ou les
idiomes méridionaux ne sont-ils que du français corrompu ?
150
Les deux exemplaires de l’Almanach du père Gérard traduit en breton sont référencés dans la base de données sous
les N° 44 pour la version imprimée à Brest (Tad Gérard = père Gérard) et N°45 pour la version imprimée à Quimper (
Tad Coz Gérard= grand père Gérard).
151
SCHLIEBEN-LANGE, Brigitte, idéologie, révolution et uniformité de la langue, Belgique, Mardaga, 1996
88
�5) La fidélité des traductions, les détournements du sens dans les traductions
La fidélité des traductions est devenue rapidement une question préoccupante pour les
autorités locales. Elles sont confrontées à des incompréhensions de la part des destinataires
des différents textes officiels. Elles doivent assurer une pédagogie dans une langue qui n’a pas
intégré un nouveau vocabulaire, ce qui facilite le détournement du sens des traductions et de
leur interprétation.
Très tôt, dès le début de 1789, des membres du Tiers de Rennes, le 20 février 1789, se
plaignent des modifications du sens faites dans les traductions, des déclarations de la
Noblesse, « Vous avez du voir cette Déclaration qui répète, comme la lettre du chevalier de
Guer, qu’on veut tromper le Peuple. Vous avez su aussi que pour distribuer par toute la
Province, cette Déclaration, MM. De la Noblesse en ont fait imprimer plusieurs milliers
d’exemplaires, & l’on fait traduire dans différents dialectes de la langue celtique, qu’on parle
dans une partie considérable de notre Province ; traduction que leurs commissaires ont fait
avec une étrange infidélité, si bien que la Déclaration Française, en dit seulement qu’on veut
tromper le Peuple & dans la traduction, ont dit que ce sont les Bourgoeis des Villes qui le
veulent tromper »152
Le président et les Comissaires de l’Ordre du Tiers.
Signé Borie le Normand.
De même la circulaire aux Bas-Bretons des environs de Quimper153, datée du 5 janvier 1789,
une affiche avec un titre en français, mais rédigé en breton, cette affiche se termine par un
avertissement en breton : « N’eus forz a belec’h e teui paperiou deoc’h d’ho tistrei, na fiet
quet dezo ; na gredet nemet d’ar pez a deui deoc’h a berz ho preudeur a mignonet eus an
Trede-Stad ». [N’importe d’où vous viendrons des papiers pour vous détourner, ne vous fiez
pas à eux : ne croyez que ce qui vous viendra de la part de vos frères et amis du Tiers Etat]. Ce
document est un exemple de la méfiance de l’ordre du Tiers vis-à-vis de subversions venant
des ordres privilégiés.
Une lettre émanant du Comité permanent de Quimper, datée du 18 août 1789, informe les
habitants des campagnes sur des rumeurs à propos des abolitions des droits féodaux, après la
nuit du 4 août 1789 : « Le Comité permanent de Quimper, instruit qu’il se répand dans les
152
AD35 C4941. Lettre circulaire du président et commissaires de l’ordre du tiers assemblés à l’Hôtel de Ville de
Rennes sur les évènements récents du 26 février 1789.
153
BERNARD, Daniel, « La Révolution française et la langue bretonne », Annales de Bretagne, 1913, p 606
89
�campagnes de fausses interprétations des Arrêtés de l’Assemblée Nationale concernant la
suppression des dîmes, droit de moute, & autres droits féodaux, vous proie de publier dans
votre paroisse les éclaircissemens suivants.154 ». Ce document a été traduit en breton155.
Nous apprenons que le Gall156, curé constitutionnel, par une lettre du 12 août 1792, s’inquiète
des messages propagés par la Contre-Révolution « Le meilleur moyen de ramener ces
critiques de bonne foi, qui blasphèment ce qu’ils ignorent, c’est mettre la Constitution à leur
portée157 ».
Si en Basse-Bretagne, la fidélité des traductions fut un souci constant, nous savons que le
problème de fidélité des traductions fut une préoccupation des autorités révolutionnaires. Un
fonctionnaire du Ministère de la Justice adresse aux départements du sud de la France, une
lettre datée du 4 mars 1792158.
La loi du 14 janvier 1790, n’a pas eu d’application systématique. Cette loi demandait la mise
en place de bureau de correspondance avec des traducteurs. Le travail de traduction de ce
bureau de correspondance est contesté par des autorités locales. En Alsace, on estimait que les
traductions qui arrivaient de Paris, avaient de graves défauts ; d’une part elles sentaient le
français, de l’autre elles étaient en allemand trop pur, et cela était un défaut différent presque
aussi grave. Le département des Hautes-Pyrénées159 se plaignait que «la traduction n’était
point conforme à l’idiome propre à ce département ». Les administrateurs en avaient fait une
autre et renvoyaient la première au Ministre de la Justice, en y joignant un exemplaire de celle
qu’ils jugeaient plus juste. En Moselle160, il était signalé que : Deux différentes traductions
circulent dans le département du Haut-Rhin et du Bas-Rhin ; une grande partie du
Département de la Mozelle, autrefois Lorraine allemande, et dont les habitants ne savent pas
un mot de françois, ne peut jouïr de la connoissance des Lois auxquelles elle est soumise,
puisque ces Lois ne sont pas traduites. Rhül161, le 6 novembre 1792, se plaint de «l’infidélité
pitoyable de la traduction par des traducteurs qui ne savent ni français ni allemand ».
154
N°5, AD22 4L83, une lettre en français Quimper, 18 août 1789
Voir le précédant paragraphe : les difficultés de la traduction.
156
Le Gall devint par la suite procureur syndic du district de Landerneau. Il avait auparavant quitté les ordres et s’était
marié. Il a laissé sur son époque plusieurs mémoires intéressants, conservés aux archives du Finistère, série F
157
BERNARD, Daniel, « La Révolution française et la langue bretonne », Annales de Bretagne / 28, 3, 1913,
p. 287-331
158
Lettre du 4 mars 1792, citée plus haut, paragraphe : les traducteurs, leurs compétences
159
Archives nationales AA32, N°33307, Tarbes 6 décembre 1792
160
BRUNOT, Ferdinand , Histoire de la Langue Française des origines à nos jours, Tome IX, La Révolution et
l’Empire, Paris, Colin, Rééd. 1967, p155
161
Rhül, un des députés alsacien, nommés par le décret du 6 novembre 1792
155
90
�Si les autorités révolutionnaires ont un souci constant de la fidélité des traductions. Les
contre-Révolutionnaires n’ont pas été confrontés à ce problème. Ils diffusent des textes
rédigés de première main dans les langues locales. Nous avons l’exemple du document saisi
sur Marie Coublanc de Douarnenez162, et notamment un document rédigé en gallo.
Ce document rédigé en gallo163, d’une rareté exceptionnelle, est disponible aux archives
départementales du Morbihan. Ce document daté, de mai 1792, se présente comme deux
procès-verbaux d’assemblée d’une paroisse imaginaire, le nom de la paroisse est laissé en
blanc, avec des dates du 1er mai et du 6 mai 1792 et des noms de participants fictifs. Il tourne
en dérision les assemblées municipales. La Contre-Révolution n’hésite pas à utiliser un patois
pour se faire entendre d’une population qui est la cible de leur propagande. Rappelons que 89
documents contre-révolutionnaires sont sous forme orale, (chansons, gwerzioù, cantiques).
Le gallo est une langue patoisante parlée dans la Haute-Bretagne et a une aire linguistique qui
couvre le département de l’Ille-et-Vilaine, la partie orientale du département des Côtesd’Armor et un tiers de la partie orientale du département du Morbihan164.
COPIE FIDELE
Du Procès-verbal de l’Assemblée générale
des Habitants de la Paroisse de…………
& de la délibération par eux prise sur
l’état présent des affaires, le Mardi 1
Mai 1792
(La deuxième partie du document)
PROCES-VERBAL
de l’Assemblée tenue par
les Habitants de la même paroisse, le
Dimanche 6 mai 1792
Titre du document imprimé rédigé en gallo,
consultable aux archives départementales du Morbihan
162
N°180, AD 29 ? 10 L106_1
AD56 L1718 « COPIE FIDELE du procès verbal de l’assemblé générale des habitants de la paroisse de.. »
164
Voir carte des aires linguistiques de la Bretagne, les quatre dialectes Bas-Bretons. La partie orientale de la limite
linguistique est la Haute-Bretagne, le pays gallo.
163
91
�« On nous a trompés, vous dis-je : en vci la
preuve. Ces biaux diseux qui nous ont tant fait avaler d’goujon font gras à lard, & nous j’étons devnus
maigres com des atèles. La nâtion fait bombance,
& nos marmites sont quasi toutes les très pieds en
l’air. Dans le villes le pauve peupe n’est guère mieux.
Ané com d’antan les fripons s’gobergent aux dépens
d’shonnêtes gens. Du reste étèt note faute à tous. Où
Ddabe est-ce que j’avons été pêcher pour écomoder
nos affaires ceux qui l’zavoint gâtées, les avocats,
les proculeux, les maltoutiers ? ça ,’avoit pas de
sens commum. Qui mal fit mal fera. Ces grippe sous
là n’étoint bons qu’à pendre. Aussi Dieu fait queue
bzogne is ont fait. Is ont biau braire : ça ira, ça ira ;
ça va brin ; la chérette est dans le fossé ; à n’pouvoit manquer d’y chère. Dès la promière assemblée
y avoit une drète & une gauche. Les uns crioint dia
& les autres hur ho : falloit bié que la patraque versit
d’un bord ou d’l’autre. Ceux d’asteure que font-is ?
Is mangent le restant d’la charge ; ils mangeront les
chevaux, si Dieu n’y met la main, & la pauvre chérette dviendra c’qu’â pourra. »
Un extrait du texte du document en gallo.
Nous constatons que le détournement du sens des traductions, leur fidélité est un souci
constant des autorités révolutionnaires et, des sympathisants de la cause républicaine cela très
rapidement dès 1789 et constamment pendant la Révolution.
Conclusion :
Les traductions des écrits rédigés en breton se sont étendues sur une période plus longue que la
période révolutionnaire. Le constat que l’on peut en tirer du point de vue historique est que les
traductions en langue bretonne ont commencé avant le 14 juillet 1789 et se sont prolongées
au-delà de l’interdiction faite par le décret du 2 thermidor An II (20/07/1794). Nous disposons
en effet de documents de la période du consulat et du Premier Empire.
92
�Par plusieurs indices, nous pouvons nous rendre compte que la production de documents en
breton fut importante aussi bien par les partisans de la Révolution que par les opposants de
cette Révolution. Nous avons des demandes de tirage en nombre de circulaires jusqu’à 3000
exemplaires en breton, et des saisies de tracts. Mais cela reste un volume difficile à cerner par
rapport aux documents disponibles actuellement dans les archives.
Si dans les régions où il était parlé des langues différentes que le français, les traducteurs ne
sont pas toujours identifiés. Ce qui est noté lors des colloques de Montpellier, de Bayonne où
les contributeurs n’en citent peu, ce n’est pas le cas en Bretagne. Nous avons connaissance de
quelques noms de traducteurs et le département du Morbihan organisa un concours pour le
recrutement de traducteurs et de copistes. Il n’est pas impossible que les imprimeurs soient
eux-mêmes les traducteurs, à l’exemple d’Alexandre Lédan à Morlaix qui exerça le métier
d’imprimeur de 1805 à 1855. Leur niveau de compétence fut très divers.
Les traducteurs furent confrontés à un nouveau vocabulaire dont ils ne maîtrisaient pas
toujours le sens face à une Contre-Révolution qui en détournait les termes ou les tournait en
dérision, sous forme de chansons, de gwerzioù ou cantiques, ce denier mode de diffusion étant
plus accessible à un auditoire analphabète, monolingue breton et de tradition orale.
La traduction est devenue un enjeu de la Révolution en Basse-Bretagne, auquel répondait la
Contre-Révolution. Là le sens en était modifié cette fois, non plus d’une manière inconsciente,
mais bien sciemment dans le but de discréditer la Révolution et ses partisans zélés.
La traduction des textes en langues régionales qui paraissait le moyen immédiat le plus adapté
pour diffuser le message révolutionnaire dans les campagnes ne parut pas suffisante.
L’idéologie révolutionnaire, inspirée par les Lumières, réclamait une instruction publique,
accessible à toute la population. Le décret du 8 pluviôse An II165 (27/01/1794), ordonnait la
mise en place d’ « un instituteur de langue française dans chaque commune de campagne des
départements du Morbihan, du Finistère, des Côtes-du-Nord, & de la partie de la Loire
Inférieur, dont les habitants parlent l’idiome appelé bas-Breton ».
165
N°70, AD29 100 J 459_1
93
�L’universalisation de la langue française devint l’objectif principal des révolutionnaires. La
généralisation de l’Instruction publique devint prioritaire aux yeux des idéologues de la
Révolution.
L’instruction publique est indissociable d’une approche de la situation linguistique de la
France en Révolution. Nous allons aborder la partie « Instruction Publique »: comment cette
grande idée d’une instruction publique pour tous a-t-elle été abordée en Basse-Bretagne ?
94
�Les écrits révolutionnaires et contre révolutionnaires rédigés en breton
(1789-1799)
Chapite 4 : L’instruction publique
De l’interdiction des « idiomes et des patois » à l’universalité de la langue française
De la traduction à l’instruction publique. L’instruction publique le moyen d’universaliser la
langue française
Les révolutionnaires ont identifié, dans la multitude des langues non françaises parlées sur le
territoire de la République Française, un obstacle à la diffusion des idées révolutionnaires, et à
l’universalité de la langue française. Après avoir ordonné les traductions des lois et des
décrets dans les langues régionales et utilisé ces « idiomes » comme vecteur des idées
révolutionnaires, comme moyen de propagande, l’Almanach du père Gérard est l’illustration
la plus aboutie de cette propagande révolutionnaire, la Convention change radicalement de
position, en interdisant les langues régionales dans la vie publique. Le moyen qui leur paraît le
plus efficace pour faire disparaître l’usage des « idiomes » est l’enseignement de la langue
française dans toutes les communes de la République. La préoccupation d’une union
linguistique entre tous les citoyens français devient la priorité. « La Convention nationale a
senti l’importance d’une loi pour l’enseignement de la langue française aux citoyen, des
divers pays où l’on parle des idiomes différents »166.
L’opposition à l’utilisation des langues régionales, exprimée par les Montagnards, décide le
Directoire du Finistère à diffuser une circulaire aux districts le 2 thermidor An II
(20/07/1794). Dans l’idée d’une République une et indivisible, à la fin de l’année 1793, les
républicains, veulent généraliser l’usage du français dans tous les départements de France et
prennent la mesure d’une nécessité de l’instruction des populations. La loi du 5 nivôse An II
(25/12/1793) rendait l’école obligatoire et gratuite en salariant les instituteurs publics aux frais
de l’Etat. Les décrets du 29 frimaire An II (19/12/1793) sur l’organisation de l’instruction
publique, suivi du décret du 8 pluviôse an II (27/01/1794) étaient publiés par la Convention
Ce dernier donnait l’ordre de placer un instituteur de langue française dans chaque commune,
là où était parlée une langue différente du français. Le décret du 29 frimaire an II
(19/12/1793), précisait que « l’enseignement se fera en langue française, l’idiome du pays ne
pourra être employé que comme moyen auxiliaire » ce qui sera complété par la loi du 27
brumaire An III (17/11/1794): où il était demandé d’utiliser la langue du pays pour enseigner
le français, et il était également demandé aux maîtres d’école de connaître le breton.
166
Lettres à Grégoire sur les patois de France 1790-1794, p 283 Genève, Slatkine Prints, 1969
95
�La Révolution allait donc mettre l'éducation à l'ordre du jour. La Constitution adoptée en
septembre 1791, qui ne fut jamais appliquée, rangeait l'instruction publique parmi les
«Dispositions fondamentales garanties par la Constitution». Il sera créé et organisé une
Instruction publique commune à tous les citoyens, gratuite à l'égard des parties
d'enseignement indispensables pour tous les hommes et dont les établissements seront
distribués graduellement, dans un rapport combiné avec la division du royaume.
Dominique Julia, dans son ouvrage Les trois couleurs du tableau noir167, présente la tentative
d’une organisation d’une instruction publique pendant la Révolution française. Pour lui
l’organisation de l’instruction publique était vue par les idéologues de la Révolution française,
en faisant abstraction de la diversité des langues sur le territoire national. Ce n’est qu’après
l’enquête de Grégoire, que paraît l’ampleur de la difficulté « d’universaliser la langue
française ». Le projet de la mise en place d’une instruction publique se heurte aux temps
politiques de la Révolution, les mandatures s’avèrent trop brèves, et les changements
d’orientation politique parfois brutale, sous la pression d’évènements intérieurs et extérieurs à
la France en Révolution. La vie mouvementée du comité d’Instruction publique, créé par
l’Assemblée législative en 1792, est bridée pendant la Convention montagnarde, et finalement
la création des écoles est abandonnée au bon vouloir des autorités locales en 1795.
Les principaux participants au Comité de l’instruction publique furent : Condorcet ; J-M
Chénier, Lakanal, Sieyès, Grégoire; Romme ; Le Pelletier de Saint-Fargeau, Thibaudau,
Joseph Fouché, Louis David. Ces personnes participèrent au Comité d’instruction publique à
différentes périodes mais pas simultanément. Le premier projet d’instruction publique fut
présenté par Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord168. Joseph Fouché169, en juin 1793,
présenta un discours « Réflexions sur l’éducation publique ». Fouché, en novembre 1792, était
favorable aux congrégations pour l’enseignement et en mars 1793, prend une position
fortement anti-cléricale. Entre temps il avait voté la mort du roi Louis XVI. Fouché avait été
professeur dans la congrégation des oratoriens avant la Révolution. Les positions changeantes
de Fouché sont symptômatiques des changements d’orientation des révolutionnaires au gré
des évènements, et des influences partisanes au sein des différentes assemblées.
167
JULIA, Dominique, Les trois couleurs du tableau noir, Paris, Belin, 1981
TULARD, Jean Talleyrand : la douceur de vivre, Paris, Bibliothèque des Introuvables, 2011
169
MADELIN, Louis, Fouché, MADELIN, Louis, Fouché, Paris, Nouveau Monde éditions, 2010, réédition
d’une thèse de 1901
168
96
�Pour trouver des modalités d'application, cinq projets de décrets furent déposés avec pour
auteurs Talleyrand, Nicolas de Condorcet, Louis-Michel Le Peletier, Gabriel Bouquier et
Joseph Lakanal. Talleyrand170, l'un des grands hommes politiques de l'époque, proposa en
1791 à l'Assemblée nationale qu'il y ait une école primaire dans chacune des municipalités:
« Une singularité frappante de l'état dont nous nous sommes affranchis, est sans doute que la
langue nationale, qui chaque jour étendait ses conquêtes au-delà des limites de la France, soit
restée au milieu de nous comme inaccessible à un si grand nombre de ses habitants, et que le
premier lien de communication ait pu paraître, pour plusieurs de nos contrées une barrière
insurmontable. Une telle bizarrerie doit, il est vrai, son existence à diverses causes agissant
fortuitement et sans dessein ; mais c'est avec réflexion, c'est avec suite que les effets en ont été
tournés contre les peuples. Les Écoles primaires vont mettre fin à cette étrange inégalité : la
langue de la Constitution et des lois y sera enseignée à tous ; et cette foule de dialectes
corrompus, derniers restes de la féodalité, sera contrainte de disparaître : la force des choses
le commande »171
Le niveau d’instruction des populations dans le Finistère est décrit dans un rapport des
administrateurs de ce département : « Notre département est l’un de ceux où l’instruction est
la plus négligée. Les habitants des campagnes y vivent dans la plus affligeante ignorance. Il
n’y a dans nos municipalités rurales que peu de citoyens qui parlent la langue française et un
plus petit nombre encore qui puisse le lire et écrire le français; de la l’impossibilité où ils sont
de saisir l’esprit des nouvelles lois et d’en sentir les bienfaits.172. ». Une autre personne écrit :
« qu’en moyenne, sur cent notables paysans, pendant les cinquantes années qui précèdent la
révolution, trente au moins écrivent d’une main ferme et expérimentée : un peu plus de trente,
sans avoir une écriture ferme, savent cependant signer ; on en trouve guère plus de trente qui
soient complètement illéttrés173. ». On ne peut être plus expressif sur la situation de
l’instruction des populations de ce département où la langue bretonne est très majoritairement
la langue quotidienne.
La politique linguistiques des Révolutionnaires se présente sous deux volets, le premier celui
de la traduction, le deuxième celui de l’Instruction publique. Pour comprendre comment s’est
fait ce glissement, il nous faut présenter les initiateurs de la mise en place de l’isntruction
170
DE WARESQUIEL,Emmanuel, Talleyrand : Le Prince immobile, Paris, Fayard, 2003
Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord (1754-1838)
172
BERNARD, Daniel, L'enseignement primaire dans le district de Pont-Croix (Finistère) en l'an 2 et en l'an 3,
Annales de Bretagne, 43, 1, 1936, p. 168-202
173
DUPUY, Antoine, « L’agriculture et les classes agricoles en Bretagne au XVIIIe siècle », Annales de Bretagne,
1890. p3
171
97
�publique. Quelles furent les dispositions législatives prises pour cette organisation ? Quels
étaient les postulants aux postes d’enseignants ? Pourquoi cette idée généreuse fut un échec ?
I) Barère, Grégoire , Talleyrand, Desmoulins, Fouché
Les individus qui ont fait la Révolution étaient le produit de l'Ancien Régime. Ils disposaient
d'une solide éducation classique et ils savaient s'exprimer oralement. Lorsqu'il était temps de
parler en public, ces bourgeois instruits ont su puiser dans la littérature des Lumières les idées,
les mots, les phrases et les éléments de discours qu'il leur fallait pour impressionner les foules.
Nous pouvons citer les principaux acteurs de la Révolution qui se sont posé la question
linguistique de la France et de l’enseignement de la langue française, comme Talleyrand,
Barère, l’Abbé Grégoire, Fouché174, Condorcet, Lakanal. Fouché, ancien oratorien, professeur
de sciences s’imposa au Comité d’instruction publique à partir de 1792.
Jusqu’à la Révolution, on ne se préoccupait pas beaucoup de la question des langues. Mais à
partir de 1789, une France voulue comme « une et indivisible » s’employa à imposer une
langue unique, le français. Les discours des révolutionnaires montrent une image de la
Bretagne, comme un pays arriéré, superstitieux, surtout la « basse Bretagne » qui parle une
langue barbare…
Les députés Barère et Grégoire furent parmi les plus acharnés contre les idiomes et les patois.
Barère put dire « Le fédéralisme et la superstition parlent le bas breton, le fanatisme le
basque. Brisons les instruments de dommage et d’erreur. Il vaut mieux instruire que faire
traduire, comme si c’était à nous à maintenir les jargons barbares et ces idiomes grossiers
qui ne peuvent plus servir que le fanatisme et les contre-révolutionnaires ». Ce discours fut
entendu de certains bretonnants et il est intéressant, à ce sujet, de voir que le traducteur de
l’édition brestoise de l’Almanach du père Gérard ajoute au texte français « Mais puisqu’il n’y
a plus ni bretons, ni Gascons, ni Normands, car nous sommes tous Français, crions donc
ensemble en bon français (la langue) : Vive la Nation ! 175
Talleyrand, durant l’année 1791, dirige la rédaction d’un important rapport sur l’instruction
publique, qu’il présente à l’assemblée constituante juste avant sa dissolution. La Convention
Nationale met en place un comité d’instruction sur l’organisation de l’instruction publique.
174
175
MADELIN, Louis, Fouché , Paris, Nouveau Monde éditions, 2010
Le Menn, Gwénolé , Biard, Michel, L’Almanach du père Gérard, de Collot d’Herbois, Saint-Brieuc, Skol, 2003
98
�(Couthon, Thibeaudeau, Pélissier, Domergue, Grégoire) qui aboutit au décret du 29 frimaire
an II (19/12/1793).
L’acharnement de Barère a vouloir éradiquer les langues autres que le français, est un exemple
exacerbé d’une vison étriquée et sectaire de la situation linguistique réelle de la France en
Révolution. Bertrand Barère de Vieuzac (1755-1841) est qualifié de personnage à la position
« ondoyante », déroutant, mélange indiscernable de sincérité, et de calcul, selon Alain
Alcouffe- Ulrike Brummert. Et selon Louis Madelin176, « Barère, souple et rampant, se
ralliait toujours à celui qui semblait triompher un instant, l’homme le moins sûr du monde ».
Ces deux descriptions de Barère par deux historiens nous le décrivent comme un personnage
opportuniste et qui n’hésite pas à renier ses prises de positions précédentes.
Bertrand Barère de Vieuzac fut député des Hautes Pyrénées à la Constituante et à la
Convention. Il fut rapporteur attitré du Comité de Salut Public. Sa position fut des plus
changeantes. Marat177, dans le publiciste du 21 juin 1793, le décrit : « Barère est l’un des
hommes les plus dangereux, un politique fin et rusé, habitué à nager entre deux eaux et à faire
échouer toutes les mesures révolutionnaires par l’opium du modérantisme ».
Barère s’exclame dans son discours du 8 pluviôse An II (27/01/1794) : « Ces instituteurs
n’appartiendront à aucune fonction de culte quelconque ; point de sacerdoce dans
l’enseignement public ; de bons patriotes, des hommes éclairés, voilà les premières qualités
nécessaires pour se mêler d’éducation. Les sociétés populaires indiqueront des candidats :
c’est de leur sein, c’est des villes que doivent sortir ces instituteurs, c’est par les représentants
du peuple, envoyés pour rétablir le gouvernement révolutionnaire, qu’ils seront choisis. Leur
traitement sera payé par le trésor public. La République doit l’instruction élémentaire à tous
les citoyens ; leur traitement n’éveillera pas la cupidité ; il doit satisfaire aux besoins d’un
homme dans les campagnes ; il sera de 100 Fr par mois. »
Barère toujours, dans ce même discours du 8 pluviôse An II, il déclare : « il faut populariser
la langue, il faut détruire cette aristocratie de langage qui semble établir une nation polie au
milieu d’une nation barbare [ ]. Ne vaut-il pas mieux établir des instituteurs de notre langue
que des traducteurs d’une langue étrangère [ ]. La langue d’un peuple libre doit être une et
la même pour tous [ ] donner aux citoyens, le même langage »
176
177
MADELIN, Louis, Fouché, Paris, Nouveau Monde, 2010
MARAT, le publiciste du 21 juin 1793
99
�Non seulement certains slogans des orateurs de cette période (sept 1793 à juillet 1794) doivent
être mis en perspective mais l’ensemble du rapport doit être étudié dans le contexte d’une
assemblée traversé par des luttes intestines et violentes. Il y avait des partisans extrémistes du
français et des partisans des idiomes dans la même assemblée. Nous avons vu que le 9
décembre 1792, deux membres de la Convention girondine proposaient des motions opposées
à propos des traductions. Notons que Barère avait des liens avec Dugas. Ils participaient tous
deux au journal Le point du jour .
Le rapport de Barère, membre du Comité de salut public, déclencha l'offensive en faveur de
l'existence d'une langue nationale. C'est l'un des textes les plus importants de toute la période
de la Révolution française, avec celui de l'abbé Grégoire, au sujet des langues de France et de
la Nation en général. Dans son « Rapport du comité de salut public sur les idiomes » il
s’insurge contre les traductions qui ont été faites dans les « jargons barbares » et des « idiomes
grossiers » : Combien de dépenses n'avons-nous pas faites pour la traduction des lois des deux
premières assemblées nationales dans les divers idiomes de France! Comme si c'était à nous
à maintenir ces jargons barbares et ces idiomes grossiers qui ne peuvent plus servir que les
fanatiques et les contre-révolutionnaires ». Rappelons que Barère s’était insurgé contre les
retards pris par les opérations de traductions, lors de la séance de la Convention nationale du 6
novembre 1792, « que l’on accélère les traductions ».
L’Abbé Henri Jean-Baptiste Grégoire avait une vue plus précise quoique partielle de la
situation linguistique de la France après les retours de son questionnaire diffusé en Août 1790.
Dans son : « Rapport sur la nécessité et les moyens d’anéantir les patois et d’universaliser
l’usage de la langue française », le 16 prairial An II (04/06/1794) l’abbé Grégoire y écrit :
« on peut uniformiser le langage d’une grande nation. Cette entreprise qui ne fut pleinement
exécutée chez aucun peuple, est digne du peuple français, qui centralise toutes les branches
de l’organisation sociale et qui doit être jaloux de consacrer au plus tôt, dans une République
une et indivisible, l’usage unique et invariable de la langue de la liberté. »
Le rapport de l’abbé Grégoire s’appuie sur une véritable enquête sociolinguistique, les
réponses à un questionnaire de pas moins de quarante-trois questions relatives aux aspects
internes et externes de la variété de langue parlée localement et aux mœurs et coutumes de la
population. L’abbé Grégoire avait distribué son questionnaire à de nombreux collaborateurs
formant un véritable réseau d’informateurs sur l’ensemble du territoire de la France. Pour la
100
�Bretagne,178 Grégoire reçoit deux réponses aux questionnaires, l’une de Pierre Riou, de
Plougonoil [Planguenoual] 179qui dit être à la fois léonard et trégorrois. L’autre réponse est de
Joseph Lequinio, (1755-1814), né à Sarzeau (56) qui fut membre de l’Assemblée Législative
et de la Convention.
L'abbé Grégoire commença son enquête le 13 août 1790. Il reçut seulement 49 réponses qui se
sont étalées jusqu'en 1792. On y compte 43 questions concernant «le patois et les mœurs des
gens de la campagne». Parmi les régions qui ont été les plus représentées, mentionons le SudOuest (avec onze réponses, dont Périgueux, Bordeaux, Mont de Marsan, Auch, Agen,
Toulouse et Bayonne); le Midi (avec quatre réponses, dont Perpignan, Carcassonne,
Montpellier et «la Provence»); le Sud-Est (sept commentaires avec Lyon, la Drôme, l'Ain et le
Mâconnais); l'Est (avec huit lettres provenant d'Alsace et de Lorraine et trois du Jura); le Nord
(avec cinq réponses, comme l'Ouest avec deux réponses) : les Côtes-du-Nord, le Finistère, le
Morbihan et Saint-Calais dans la Sarthe.
L’enquête de l’Abbé Grégoire comportait cinq questions relatives à l’instruction publique,
numérotées de 31 à 35.
31- dans les écoles de campagne, l’enseignement se fait-il en français ? Les livres sont-ils
uniformes ?
32- Chaque village est-il pourvu de maître et de maîtresse d’école ?
33- Outre l’art de lire, d’écrire, de chiffrer et le catéchisme, enseigne-t-on autres chose dans
ces écoles ?
34- Sont-elles assidument surveillées par MM. Les Curés et Vicaires ?
35- Ont-ils un assortiment de livres pour prêter à leurs paroissiens ?
Lequinio180 avait répondu au questionnaire pour le département du Morbihan, au sujet des
questions de l’éducation
N°31 : Il n’y a point d’écoles dans les villages.
N°32- Il n’y a point de maîtres et maîtresses d’école, si ce n’est dans les gros bourgs
N°33- On n’enseigne rien du tout
N°34-35- les curés ne surveillent point des écoles qui n’existent pas et n’ont point de livre à
prêter.
178
Lettres à Grégoire sur les patois de France p. 280-289
Pierre Riou de Plougonoil ( ou Planguenoual (22) ?. S’agit-il de Planguenoual (22) ? Planguenoual est en haute
Bretagne, et non dans le Trégor
180
Joseph LEQUINIO, (1755-1814) né à Sarzeau (56) Député de la Convention Nationale(1792)
179
101
�Pierre Riou, dans sa lettre datée du 7 octobre 1791, en réponse à l’Abbé Grégoire. Il écrit :
« Peu de villages ont fournis de maîtres ou maîtresses. Quelques ambulants en font métier »
plus loin « Rien d’autre chose ne s’y enseigne que la lecture bretonne et latine, rarement
l’écriture ». « Le nombre de ceux qui conçoivent ce qu’ils lisent en français est bien petit» .
« Les livres les plus communs à leur disposition, les seuls même en usage, sont les cantiques
chez les femmes, et les bréviaires chez les hommes ».
Pierre Dithurbide, ancien avocat du tribunal de baillage, et député de Basses-Pyrénées,
écrivit une lettre à Grégoire. Il estimait dans ce courrier que les traductions en langues
vernaculaires étaient « la seule qui puisse mettre les lois à la portée des habitants ». Pour
Pierre Dithurbide ce ne pouvait-être qu’un pis aller dans l’attente d’une mise en place d’une
instruction publique accessible à tous en attendant la disparition du basque : « Tandis que
l’instruction des écoles préparera la génération future à ne parler que la langue de la
République ».
La correspondance de Pierre Dithurbide
exprime un sentiment partagé par ses
contemporains, les traductions en langues régionales ne pouvaient être qu’une transition
avant la mise en place d’une instruction publique généralisée sur tout le territoire de la
République afin « universaliser la langue française » .
Avec une sorte d'effarement, l'abbé Grégoire révéla dans son rapport du 16 prairial An II
(04/06/1794), qu'on ne parlait « exclusivement » le français uniquement dans « environ 15
départements» (sur 83). Il lui paraissait paradoxal, et pour le moins insupportable, de constater
que moins de trois millions de Français sur 25 parlaient la langue nationale, alors que celle-ci
était utilisée et unifiée «même dans le Canada et sur les bords du Mississipi ». À la suite de
son rapport, la Convention adopta le décret suivant :
La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son Comité d'instruction
publique, décrète : « Le Comité d'instruction publique présentera un rapport sur les moyens
d'exécution pour une nouvelle grammaire et un vocabulaire nouveau de la langue française. Il
présentera des vues sur les changements qui en faciliteront l'étude et lui donneront le
caractère qui convient à la langue de la liberté »
Nous remarquons, que le décret souligne le besoin de normaliser une grammaire et une
lexicologie qui s’adaptent au mieux à l’irruption de nouveaux mots et de nouveaux concepts
102
�que la Révolution génère. François-Urbain Domergue (1745-1810) un grammairien et
journaliste, fut chargé de normaliser un nouveau dictionnaire ainsi qu’une nouvelle
grammaire, il devint académicien en 1803.
Cependant, le décret n'a jamais été appliqué. Puis le Comité de salut public réaffirma la
nécessité de supprimer les «dialectes»: «Dans une République une et indivisible, la langue
doit être une. C’est un fédéralisme que la variété des dialectes [… ], il faut le briser
entièrement.»
La conclusion soutenue devant la Convention est qu’un Français sur cinq à peine a une
connaissance active et passive de la langue nationale telle que pratiquée à la Convention et
dans le peuple de Paris. Cette enquête révèle à ce moment que la situation linguistique repose
sur une grande diversité où prédominent un grand nombre de dialectes ou de patois. Par
ailleurs, les distinctions entre langues, dialectes et patois sont loin d’être limpides pour les
élites révolutionnaires. Il n’y a pas de possibilité de compréhension entre elles.
Desmoulins proposait au parti de la Montagne un large programme d’éducation nationale et
de grands travaux publics, de science, de gloire et, de joie, capable de réconcilier à la
Montagne, toutes les forces de civilisation : « Hâtons-nous d’ouvrir des écoles primaires » :
c’est une des critiques de la Convention qu’elles ne soient pas encore établies. « S’il y avait
eu, dans les campagnes, sur le fauteuil du curé, un instituteur national qui commentât les
Droits de l’Homme et l’almanach du père Gérard, déjà serait tombée de la tête des bas
bretons la croûte de la superstition, cette gale de l’esprit humain, et nous n’aurions pas, au
milieu des lumières du siècle et de la nation, ce phénomène de ténèbres dans la Vendée, le
Quimper-Corentin, et le pays de Lanjuinais (qui était de Rennes), où des paysans disent à des
commissaires : « faites-moi donc vite guillotiner afin que je ressuscite dans trois jours »181.
En réalité, cette image caricaturale de la Bretagne est ancienne. La Bretagne, étant un élément
de résistance, a peut-être été plus durement maltraitée pendant l’époque révolutionnaire.
A l’issue ces démonstrations la nécessité de l’instruction devient évidente: « Car si
l’instruction est le besoin de tous, c’est surtout dans nos campagnes que ce besoin se fait
sentir. Prodiguer la lumière et la prodiguer de manière qu’il suffise d’ouvrir les yeux pour
181
Jaurès, Jean Histoire socialiste de la Révolution française, édition et revue annoté par Albert Soboul, , Paris édition
Sociales, 1992
103
�voir clair, c’est déjouer les projets des aristocrates et des insermentés qui ne peuvent rien sur
l’esprit du peuple qu’en le trompant sur ses vrais intérêts »182.
II) Les décrets sur l’organisation de l’instruction publique
Dans nos recherches nous avons à notre disposition des lois et des décrets concernant la
tentative de mise en place d’une instruction publique en basse Bretagne. Pour le décret du 29
frimaire An II (19/12/1793), Sur l’organisation de l’Instruction publique, nous avons
l’original en français et, sa traduction en langue bretonne Var ar Furmidiguez eus ar scol
publiç. Ce sont deux documents distincts, et non pas un seul document où seraient juxtaposées
la version française et la version bretonne, comme il fut demandé par le décret du 14 frimaire
An II (04/12/1793). Les deux versions sont enregistrées sous le même numéro N°172 dans la
base de données «BD-Skridou-Bzh-2 ».
Le décret du 29 frimaire An II (19/12/1793) N° 172
DECRETS183
DECREJOU184
DE LA CONVENTION NATIONALE
EUS AR
Du 29e, jour de frimaire, an second de la République
GONVANCION NACIONAL
Française, une et indivisible
Eus ar 29 a viz Frimer, an eil bloaz eus ar Republiç Franç,
Sur l’organisation de l’Instruction publique
unan ac indivisibl
Var ar Furmidiguez eus ar scol publiç
Section première
QENTA SECCION
De l’Enseignement en général
III
III
Les citoyens et citoyennes qui voudront user de Ar citoyanet hac ar citoyanezet o devezo c’hoant
la liberté d’enseigner, seront tenus,
da gaout al liberte da desqi, aveso obliget,
1°) De déclarer à la municipalité ou section de la 1° Da declary d’ar municipalite pe d’ar seccion
commune, qu’ils ont l’intention d’ouvrir une eus o c’homun, e maint en intancion da diguery
école ;
ur scol ;
2°) De désigner l’espèce de science ou art qu’ils 2° Da disquez bep seurt guizyeguez pe sqiant en
se proposent d’enseigner ;
em proposont da desqi ;
3°) De produire un certificat de civisme et de 3) Da bresabty ur certificat a citoyan mad, hac a
bonnes mœurs, signé par la moitié des membres gundumat, sinet gant an anter eus ar memprou
182
BERNARD, Daniel,, La Révolution Française et la langue bretonne, Annales de Bretagne, 1936
N°172, AD29 , 21L117_1
184
N°172, AD29, 16L1_1, pour la version en breton, une partie du document est endommagée et inexploitable
183
104
�du conseil général de la commune ou de la eus ar c’honsaill […………]
section du lieu de leur résidence, et par deux
membres au moins du comité de surveillance de
la section ou du lieu de leur domicile, ou du lieu
qui en est le plus voisin.
Section II
De la surveillance de l’Enseignement
II :
Tout instituteur ou institutrice qui enseigneroit
dans son école des préceptes ou maximes
contraires aux lois et à la morale républicaine,
sera dénoncé par la surveillance, et puni selon la
eus ar Republiç, aveso denoncet dre ar sur
[……] ciçset hervez ar vrasder eus an drouc
ober.
gravité de son délit.
III
Article III :
Pep instituter, pe institutricez pehini a outraich
Ils seront salariés par la République, à raison du
nombre des élèves qui fréquenteront leurs
écoles, et conformément au tarif compris dans
l’article suivant.
ar bividiguez publiç, aso denoncet dre ar
surveillanç, hac conduet diracq ar poliç a
coreccion, pe dirac pep tribunal al compentant,
evit beza barnet henny hervez al lezen.
Article IV
IV
Les instituteurs et institutrices qui ouvriront des
écoles dans les communes de la République,
quelle que soit leur population, recevront
annuellement, pour chaque enfant ou élève,
savoir :
An instituterien pe institutricezet pere a digoro
scolyou a commanyou ar Republiç, n’en eus calz
petra a alle beza o fopulacion a recevo bep
bloas, evit pep crouadur pe disqibl, da
c’houzout :
L’instituteur, 20 liv.
An instituter, 20 liv
L’institutrice, 15 liv.
An institutricez, 15 liv.
Les communes éloignées de plus d’une demielieu du domicile de l’instituteur le plus voisin, et
dans les quelles, par défaut de population, ils ne
s’en établiront pas, pourront, d’après avis du
directoire de district, en choisir un. La
République lui accordera un traitement annuel
de 500 liv.
Ar c’hommunyou ecartet pelloch evit un anterleo eus a domicil an instituter tosta, hac ebars en
pere en defaut a populacion, n’en em etabloiçse
qet a instituter, ech c’halfont, goude aviz
directored an distric, choaz unan. Ar Republiç a
accordo dezan un tretamand bep bloaz eus a
pemp cant livr.
A LANDERNEAU
E Landerne, eus a imprimeri a Nicolas Havard
105
�de l’imprimerie du Citoyen TEURNIER
Pour le décret du 8 pluviôse An II (27/01/1794), nous avons l’original en français et la
traduction en langue bretonne. La version originale traduite en breton a été reproduite dans
l’ouvrage d’Andreo Ar Merser185.Ce décret, rappelons le, faisait suite au discours de Barère
«Rapport au Comité de Salut Public sur les idiomes »
DECRET
186
DECRED 187
N°2107
EUS AR
N°2107
DE LA CONVENTION NATIONALE
GONVANCION NATIONAL
Du 8e jour de Pluviôse ; an second de la
Eus an eiz-vet deiz eus a viz Pluvios, an eil bloaz eus ar
Republicq franç, una ac indivisibl
République Française,
Pehini a ordrenn an etabliçzamant eus an
une et indivisible
Institueryen gallecq var ar measyou eus a cals a
Departemanchou euz a bere an Habitanted a
Qui ordonne l’établissement d’Instituteurs de
barland yezou diffarand
langue Française dans les Campagnes de
plusieurs départemens dont les Habitants
Ar Gonvancion National, goude bezâ clevet ar
parlent divers idiômes
raport euz e c’houmite a salut public, a zecred :
La CONVENTION NATIONALE après avoir
entendu le rapport de son comité de salut
public, décrète :
compter du jour de la publication du présent
décret, un instituteur de langue Française, dans
commune
Etabliczet evezo ebars en decq devez, da gounta
eus an deiz eus ar bublication eus an decred
presant, un instituter euz al langaich gallecq ebars
ART. Ier : Il sera établi dans dix jours, à
chaque
Article Qenta
de
campagne
des
départemens du Morbihan, du Finistère, des
Côtes-du-Nord, & dans la partie de la Loire
inférieure dont les habitants parlent l’idiôme
appelé bas-Breton.
en
pep
commun
var
ar
meazebars
en
departamanchou Morbihan, Finistère, Costezyouan-Nord, ac e bars en ul loden eus a departamant
al Loar izelaf a bere an habitanded a barland un
yez hanvet brezounecq.
II
Hanvet evezo er memes tra un instituter gallecq
ebars er c’houmunyou var ar maeas eus an
departamanchou ar Rhin huel, ac yzell, ebars en
II- Il sera procédé à la même nomination d’un
185
departamachou Corz, ebars el loden eus an
BM-Brest Andreo ar Merser, 1789 hag ar brezoneg Brest, Brud Nevez, 1990, pour la version en breton
AD29- 100j459_1, pour la version en français
187
Andreo ar Merser, 1789 hag ar brezoneg, Brest, Brud Nevez, 1990, pour la version en breton
186
106
�instituteur de langue Française dans les departamant ar Mosell, eus a departamant an
communes des campagnes des départemens du Nord, a Mont-terribl, an Alp-Arvor, ac ebars el
haut & bas Rhin, dans le département de Corse, loden eus a departemant ar Perineau-yzell, eus e
dans la partie du département de la Moselle, du bere an habitanted a barlant yezyou etranjour.
département du Nord, du Mont-terrible, des
Alpes-maritimes,
&
dans
la
partie
III
du Ne allo beza choazet instituter hebed en touez ar
département des basses Pyrénées, dont les ministret nen eus caz a bez seurt cult pe religion ê
habitants parlent des idiômes étrangers.
c’halfen bezâ, nac en touez ar re pere o devezo
apparchantet eus an dud diaguent privilegiet;
III. Il ne pourra être choisi aucun instituteur hanvet evezont gant represanntouryen ar bobl, var
parmi les ministres d’un culte quelconque, ni an disquêzadurez great dre ar compagnunezou
parmi ceux qui auront appartenu à des castes ci- populer.
devant privilégiées ; ils seront nommés par les
IV
représentans du peuple, sur l’indication faite
Obliget evezont da disqi bemdez ar gallecq ac an
par les sociétés populaires.
declaration a viryou an den dan oll citoyanet
jaouanc eus en daou sex, pere an tadou, ar
IV- Ils seront tenus d’enseigner tous les jours la mammou ar goardet a culatoret; azo obliget da
langue Française & la déclaration des droits de gaçz ebars er scolyou public.
l’homme à tous les jeunes citoyens des deux En deizyou a decadi, e raïnt lectur d’ar bobl ac e
sexes, que les pères, mère & tuteurs sont troint ê brezounecq a c’henon hepqen, alobligés d’envoyer dans les écoles publiques.
lezennou eus ar Republicq, o prefery ar re ho
Les jours de décade, ils donneront lecture au deus raport d’ar gounidegues a da viryou ar
peuple & traduiront vocalement les lois de la citoyanet.
République, en préférant celles qui sont
V
analogues à l’agriculture & aux droits des An instituteryen a recevou eus an tensor publicq
citoyens.
un tretamant a bemzecq cant livr bep bloaz, avezo
paëat er fin a bep miz en coufr an districq, var ur
V- Les instituteurs recevront du trésor public certificat a residançz roët gant ar municipalite, a
un traitement de quinze cents livres par an, aqed ac a oaz eus fonccionou roët gant an ageant
payable à la fin de chaque mois à la caisse du national eus a bep coumun.
district, sur le certificat de résidence donné par
la municipalité, & d’assiduité & du zèle de
VI
leurs fonctions donné par l’agent national près Ar c’hompaignunezou populer azo pedet da
chaque commune.
augmanty etabliçzamant ar clubzyou evit trey dre
c’henou an decrejou ac al lezennou eus ar
107
�VI- Les sociétés populaires sont invitées à Republicq, a da vultipliâ ar moyenou da ober
propager l’établissement des clubs pour la hanaout ar gallecq var ar measyou ar re pellâ. Ar
traduction vocale des décrets & des lois de la c’homite a salut publicq azo carguet da guemeret
République, & à multiplier les moyens de faire evit qement-ze an oll muzuryou a gredo neceçzer.
connoitre
la
langue
Française
dans
les
campagnes les plus reculées. Le comité de salut
public est chargé de prendre à ce sujet toutes Guëlt a certifiet conform dar c’hopy syellet gant
syl188 ar Republicq, ac adresset dor goüarnamand
les mesures qu’il croira nécessaire.
gant minstr an diabarz franç.
Great en commission ar goüarnamand eus ar
Finistère, en, Landerne, ar c’heuch a viz ventos,
eil bloaz eus ar Republicq, unan ac indivisbl.
Sinet Moyot, presidan
Goëz henâ, secretour-general
A Landerneau189, de l’Imprimerie de N. Havard
A PARIS
DE L’IMPRIMERIE NATIONALE EXCUTIVE DU
LOUVRE
e
AN II de la République
La traduction de ce décret ne fut certifiée que le 6 ventôse An II (24/02/1794) et une copie de
cette traduction fut adressée au ministre de l’intérieur. « Guëlt a certifiet conform dar c’hopy
syellet gant syl ar republicq, ac adresset dor goüarnamand gant minstr an diabarz franç.
Great en commission ar goüarnamand eus ar Finistère, en Landerne, ar c’heuch a viz ventos,
eil bloaz eus ar Republicq, unan ac indivisbl » [Vue et certifiée conforme la copie scellée du
sceau de la République et adressée par notre gouvernement par le ministre de l’intérieur. Fait
par le gouvernement du Finistère, à Landerneau, le 16 ventôse, la deuxième année de la
République une et indivisible]
De ces documents originaux à notre disposition nous pouvons faire ressortir les points
marquants, comme les salaires proposés, le breton en tant que
instituteurs agents de propagande révolutionnaire.
188
189
Syl, orthographe actuelle, Sill : sceau, syllet , devient sillet : scellé
Le chef-lieu du Finistère avait été transféré à Landerneau à partir du 19 juillet 1793
108
langue auxiliaire, les
�1) Le salaire des enseignants
Le décret du 29 frimaire An II (19/12/1793), octroyait un salaire des instituteurs et
institutrices au prorata du nombre d’élèves inscrits soit 20 livres pour un instituteur et 15
livres pour une institutrice par enfant. Celui du 8 pluviôse an II (27/01/1794) octroie 1.500
livres par an à chaque instituteur, payé mensuellement (article V). Le traitement n’est plus
au prorata du nombre d’élèves, mais forfaitairement pour l’année. Les deux décrets, à deux
mois d’intervalle ne proposent pas les mêmes conditions salariales aux enseignants, ce qui
démontre une fois de plus, le peu d’assurance des décisions prises par les gouvernements de
la Révolution. La question salariale des instituteurs fut abordée d’une curieuse manière par
Boissy d’Anglas190, dans son rapport du 6 messidor An III191 (24/06/1795), où il était
proposé que les instituteurs ne seraient plus salariés, mais seulement logés par la Nation.
2) Le breton comme langue auxiliaire dans l’apprentissage du français
Une circulaire du Comité de Salut Public, du 25 prairial, an second (13/07/1794) de la
République une et indivisible, rappelle « l’importance d’une loi pour l’enseignement de la
langue française aux citoyens des divers départements ou l’on parle des idiomes
différents ». Ce même courrier cite le décret du 8 pluviôse an II (27/01/1794) qui ordonne, le
prompt établissement d’un instituteur de langue française, dans chaque commune de
campagne des départements où les habitants sont dans l’habitude de s’exprimer dans une
langue étrangère.
Après la chute de Robespierre le 9 thermidor an II (27/07/1794) la Convention
thermidorienne devient moins intransigeante vis-à-vis des langues régionales. La loi du 27
brumaire An III (17/11/1794), au chapitre IV, paragraphe 3, demandait que :
« L’enseignement sera fait en langue française, l’idiome du pays ne pourra être employé
que comme moyen auxiliaire192. Le décret sur l’organisation des écoles publique du 8
pluviôse An II (27/01/1794), ne précisait pas l’utilisation des langues régionales comme
langue auxiliaire à l’apprentissage du français. Il y avait donc une évolution des esprits visà-vis des langues régionales, elles ne sont plus totalement proscrites. L’intransigeance
proclamée par le décret du 2 thermidor n’était plus de mise, il ne sera d’ailleurs pas
190
Boissy d’Anglas (1756-1826) homme politique et homme de lettres
BRUNOT, Ferdinand , Histoire de la Langue Française des origines à nos jours, Tome IX, La Révolution et
l’Empire, Paris, Colin, Rééd. 1967
191
192
BERNARD, Daniel, « La Révolution française et la langue bretonne », Annales de Bretagne, 1912, p. 287-331
109
�appliqué. Les évènements révolutionnaires étaient plus rapides que les applications de ses
lois et décrets.
L’utilisation des langues régionales comme langue d’apprentisage du français fut appliquée
dans d’autres départements. Dans le département des Basses-Pyrénées Dominique Garat193,
en tant que président de l’administration cantonale d’Ustaritz194, eut à examiner le 30
ventôse An IV (20/03/1796) les aptitudes du « citoyen Pierre Claverie » « pour enseigner à
lire, à écrire, à calculer et les éléments de la morale républicaine ». Le futur instituteur dut
subir une version en basque, car commente Dominique Garat, « dans les communes
basques, un instituteur doit savoir très bien le basque et le français, autrement les écoliers
pourroient oublier le basque, sans apprendre le françois »
La Convention reconnaissait donc la nécessité d’utiliser les langues régionales dans
l’apprentissage du français. Lors du recrutement des instituteurs, l’administration était tenue
de s’assurer la connaissance du breton dans les régions où cette langue était usitée, ce
qu’elle ne fit pas toujours. Le district de Pont-Croix recruta un instituteur qui ne connaissait
pas le breton mais déclara : « que l’intention du législateur était moins d’enseigner le breton
que de le faire oublier195 ». Dans leurs rapports aux districts, plusieurs instituteurs disent
employer régulièrement le breton dans leur enseignement.196 Le combat des révolutionnaires
pour contrecarrer les actions de propagande des opposants doit être fait avec la langue du
pays.
3) Les instituteurs agents de la propagation de la Révolution
Les instituteurs sont aussi chargés de traduire oralement en public les jours de décadi de de
même que les amis de la Constitution (article VI du décret du 8 pluviôse an II197). « Les
instituteurs et institutrices sont tenus de faire connaître oralement, les décrets et les lois de
la République ». Ils deviennent les agents propagateurs de la Révolution et de la langue
française dans les campagnes les plus éloignées.
193
GOYHENETCHE, Manex, Histoire générale du Pays Basque La Révolution de 1789, Tome IV, Baiona,
Elkarlannean, 2002
194
Archives communales d’Ustaritz, BB9, f° 192-193
195
BERNARD, Daniel, « L'enseignement primaire dans le district de Pont-Croix (Finistère) en l'an II et en l'an
III », Annales de Bretagne, 43, 1, 1936, p. 168-202
196
BERNARD, Daniel, « L'enseignement primaire dans le district de Pont-Croix (Finistère) en l'an II et en l'an
III », Annales de Bretagne, 43, 1, 1936, p. 168-202
197
AD29 100J459_1
110
�L’article IV du décret du 8 pluviôse, dans la version en français, précise que : « Les jours de
décade ils donneront lecture au peuple & traduiront vocalement les lois de la république,
en préférant celles qui sont analogues à l’agriculture & aux droits des citoyens ». Le décret
traduit en breton donne pour l’article IV : « An deizyou decadi, e raïnt lectur d’ar bopl ac e
troïnt brezounecq a c’henou hepqen, al-lezenou eus sar Republicq, o prefery ar re ho deus
raport d’ar gounidegeues a da viryou ar citoyenet198 ».
Et l’article VI du même décret demande que : « Les sociétés populaires sont invités à
propager l’établissement des clubs pour la traduction vocale des décrets et des lois de la
République et de multiplier les moyens de faire connaître la langue française dans les
campagnes les plus reculées. Le comité de salut public est chargé de prendre à ce sujet
toutes les mesures qu’il croira nécessaire ». Les traductions ne sont donc pas proscrites en
janvier 1793, l’oralité reste privilégiée sur l’écrit.
Le décret traduit en breton pour l’article VI nous donne :« Ar c’hompaignunezou populer
azo pedet da augmanty etabliçzamant ar clubzyou evit trey dre c’henou an decrejou ac al
lezennou eus ar Republicq, a da vultipliâ ar moyenou da ober hanaout ar gallecq var ar
measyou ar re pellâ. Ar c’homite a salut publicq azo carguet da guemeret evit qement-ze an
oll muzuryou a gredo neceçzer ». Nous remarquons qu’au lieu du mot « propager » en
français, il est utilisé le mot « augmenté» en breton, ceci afin de rendre le langage plus
acessible, plus imagé à la population.
Tous les moyens doivent être mis en œuvre pour faire connaître la langue française, non
seulement par les instituteurs, mais aussi par les amis de la Constitution, les sociétés
populaires.
4) Un renforcement des exigences en janvier 1794.
Le décret du 8 pluviôse rappelle le décret du 29 frimaire précédent et renforce ses exigences,
une obligation d’envoyer les enfants à l’école et, de recruter des instituteurs de langue
française dans chaque commune des départements du Morbihan, du Finistère, des Côtes-duNord, et de Loire-Inférieure là où il est parlé une langue connue sous le nom de breton.
198
Andreo ar Merser, 1789 hag ar brezoneg , Brest, Brud Nevez, 1990
111
�Le district de Guérande199, en Loire-Inférieure, délibère le 7 germinal An II (27/03/1794) de
l’application du décret du 8 pluviôse, dans son ressort, et charge la municipalité de Batz qui
serait la seule concernée par ce décret de l’appliquer dans les délais d’une décade. « Le
conseil délibérant, et ouïe de nouveau l’agent national provisoire, arrête que la
municipalité de Batz qui paraît seule dans le cas de la loi du 8 pluviôse, sera tenue de
mettre à exécution dans les délais d’une décade après réception du présent ; invite en
conséquence la Société populaire dudit lieu à désigner le citoyen qui devra être proposé aux
représentants du peuple comme instituteur, lui recommandant de ne laisser tomber leur
choix que sur des sujets dont le patriotisme, la capacité et les connaissances dans les deux
langues le rendent digne d’une place aussi intéressante : la régénération de l’esprit
public »200. Cette mention d’une délibération dans le district de Guérande est intéressante,
du fait quelle atteste l’existence, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, que la commune de Batz
(44) constitue un isolat de la langue bretonne dans la presqu’île de Guérande. Il en était de
même pour les marais de la Brière.
Entre les décrets du 29 frimaire An II et celui du 8 pluviôse An II, les conditions salariales
proposées aux enseignants ne sont pas les mêmes. Le 8 pluviôse : l’installation des
instituteurs doit être faite sous un délai d’un décadi, alors qu’il n’avait pas été précisé de
délai dans le premier décret. De même les directives pédagogiques du décret du 29 frimaire,
l’article II précisaient « Les citoyens et citoyennes se borneront à enseigner à lire, à écrire,
et les premières règles de l’arithmétique, seront tenus de se conformer dans leurs
enseignemens aux livres élémentaires adoptés et publiés à cet effet par la représentation
nationale ». Le décret du 8 pluviose, à l’article IV, se veut plus ferme pour l’enseignement
du français et du civisme aux écoliers : « Ils seront tenus d’enseigner tous les jours la
langue française & la déclaration des droits de l’homme à tous les jeunes citoyens des deux
sexes, que les pères et mères & tuteurs sont obligés d’envoyer dans les écoles publiques ».
Les termes du décret du 8 pluviôse sont plus fermes que celui du 29 frimaire. Le 29 frimaire
l’article II de la section III donne des directives pédagogiques et l’article VI, demande
d’envoyer les enfants à l’école « Les pères, mères, tuteurs ou curateurs seront tenus
d’envoyer leurs enfants ou pupiles aux écoles du premier degré ». Il est à noter que la
traduction en breton de cet article passe de tenus à obligation « an tadou, ar mammou ar
199
QUILGARS, H. « La langue bretonne dans le pays de Guérande », Annales de Bretagne, T XXVI, 1911, p. 290-308
Doc AD44 série L, district de Guérande P. 293 : Extrait du registre de délibération du district de Guérande du 7
germinal anI I
200
Note : La langue bretonne a maintenant disparu confinée en dernier lieu dans les villages de Kermoisan et de Roffiac
en la commune de Batz, elle s’est éteinte il y a une dizaine d’années, avec les plus vieux habitants (1911)
112
�goardet a culatoret; azo obliget da gaçz ebars er scolyou public ». Le décret du 8 pluviôse
insiste sur l’enseignement de la langue française, et des droits de l’homme.
Le ton du décret du 8 pluviôse est nettement plus comminatoire et, la traduction bretonne est
encore plus ferme. Pour le décret en français nous avons : «Ils seront tenus d’enseigner tous
les jours la langue Française & la déclaration des droits de l’homme à tous les jeunes
citoyens des deux sexes ».
Le decret traduit en breton de ce même article nous donne : « Obliget evezont da disqi
bemdez ar gallecq ac an declaration a viryou an den danoll citoyanet jaouanc eus en daou
sex ». La version traduite en breton est plus un ordre au lieu de : « ils seront tenus » cela
devient, « obligés ils seront ».
Plus loin, des menaces de sanctions par la police correctionnelle en cas de manquement à
l’encontre des parents qui ne mettraient pas leurs enfants à l’école (Article XV) sont
clairement signifiées. Nous ressentons que la tension se faisait plus pressante au fil des mois
à l’encontre des langues différentes du français.
III) Les candidatures d’instituteurs
L’organisation de l’instruction publique nécessite un recrutement d’enseignants. Nous allons
examiner trois candidatures spontanées de postulants à un poste d’instituteurs, de Jean
Nédélec, Jean-Gabriel Lorgand et Jean-René Péton. Les documents manuscrits dont nous
disposons sont de la même zone dialectale, le Léon. Ces trois candidatures sont bilingues. Et
de plus nous disposons d’une adresse d’un instituteur Rolland à ses concitoyens, qui se
plaint de la défection de ses écoliers dans la commune de Guissény.
Les décrets demandaient des instituteurs de langue française et que ce soient des patriotes
convaincus, comme le décret du 29 frimaire An II (19 décembre 1793), dans la section
première de l’article III il est précisé, « Les citoyens et citoyennes qui voudront une liberté
d’enseigner seront tenus : 3) De produire un certificat de civisme et de bonnes mœurs, signé
par la moitié des membres du comité générale de la commune, .. ». La Section II- Article
II rajoute: «L’instituteur ou institutrice qui enseignerait des préceptes ou maximes
contraires à la morale républicaine, sera dénoncé par la surveillance et puni selon la
gravité du délit ». Un décret du 7 brumaire An II (27/11/1793) avait déjà laïcisé
l’enseignement en écartant les ecclésiastiques de la fonction d’instituteurs.
113
�Dans les lettres manuscrites de motivation, les candidats font montre de leur civisme et de
leur patriotisme, de leur connaissance de la langue bretonne et des communes où ils
postulent. Ce sont des documents intéressants sur plusieurs points : leur patriotisme, leur
connaissance de la langue française et du breton, les localités où ils postulent et
la
traduction qu’ils en donnent en breton.
Goulven Monnot201, ancien commis dans un magasin du port de Brest en l’An II sollicitait,
un poste d’instituteur à Saint-Honoré : « je suis bon républicain, mon patriotisme est à toute
épreuve, je connoit l’arritmétique je soit parfaitement l’idiome bretonne, et pour ce qui
regarde le patriotisme et mon sivisme, je vous fourniroit l’épreuve le plus autantique ».
Malgré son orthographe et une syntaxe hésitante, il fut accepté par le jury. Nous le
retrouvons en l’An X, comme greffier du juge de paix à Plogastel où il était noté : « sans
talent, sans moralité, ivrogne ». Cette candidature met en avant le patriotisme et la
connaisance de la langue bretonne du postulant. Elle est un exemple de candidature où le
patriotisme et la connaissance de la langue bretonne priment devant une connaissance
générale approfondie.
1) Les candidats, leur lettre de candidature
Les candidats instituteurs ou institutrices rencensés par Daniel Bernard202 pour le district de
Pont -Croix, avaient des profils différents et variés. Jacques Kerautret, conseiller municipal
à Pont-Croix, instituteur à Beuzec-Cap-Sizun, est un ancien sergent, de même Alain
Guezennec, 67 ans, fait école dans la chapelle des Ursulines de Pont Croix. Michel Arhan à
Cléden-Cap-Sizun, est cultivateur, fils du juge de paix. Hervé Le Bras et Guillaume
Goardon, maîtres d’école à Beuzec Cap Sizun, et à Plogoff, sont tous deux anciens élèves du
séminaire de Quimper. Nous retrouvons plusieurs anciens notaires : Jacques Félix Calloch à
Kérilis, Jean-Baptiste Trévidic et, Pier Marie Ollivier à Meilar-Plonëis, Augustin Piriou à
Guilers, Jean Lannou à Audierne. Louis Le Corre instituteur à Esquibien est un ancien
huissier.
Les trois candidatures que nous allons présenter sont celles de Jean Nédélec, et de Jean
Gabriel Lorgant. Elles sont consultables aux archives départementales du Finistère dans un
201
BERNARD, Daniel, « L'enseignement primaire dans le district de Pont-Croix (Finistère) en l'an II et en l'an III »,
Annales de Bretagne, 43, 1, 1936, p. 168-202
202
BERNARD, Daniel, « L'enseignement primaire dans le district de Pont-Croix (Finistère) en l'an II et en l'an III »,
Annales de Bretagne, 43, 1, 1936, p. 168-202
114
�fichier numérisé. La candidature de Jean-René Péton203 est citée par Louis Ogès dans son
article paru dans le Bulletin de la Société Archéologique du Finistère de 1940.
a) Jean Nédélec.
La candidature de Jean Nédélec,204 pour un poste d’instituteur à Porspoder, c’est un
document bilingue en français et en breton, une lettre manuscrite, sur deux colonnes,
32,5X21, rédigée au recto et au verso, datée du 16 pluviôse An II (04/02/1794). Nous ne
savons pas de quelle commune il est, mais nous sommes certain que Porspoder205 est une
commune voisine. Porspoder est une commune du Léon. Nous ne connaissons pas qu’elle
était sa profession précédente.
Liberté
Liberté
égalité
Egalité
Ian Nédélec
N° 3
Dar Citoïannet eus a compagnunez
Jean Nédélec
Mignonet ar Bobl e Kear Brest
A la société populaire et républicaine de
Brest
Citoïannet ( Brezonnec)
ar francisien a zo vont erfin da
Citoyens (français)
gouisia eus en desgadures convenable
Da eur bobl libr. Disteraduriou a
Les français vont enfin jouir des biens
Schol ancien, pere a laze ar furnez
Faits d’une éducation républicaine
a roui-plaz dar guesteillou sellout
Aux vétilles de l’ancienne école, qui
Eus a raison, an levroriou, pere tud
Suffoquaient le bon sens, vont succéder
Tromplus o devoa interest dalc’henent
Les préceptes lumineux de la raison, et
An envoriou-ze, evel ouc’h eur vremañ
Les erreurs que les imposteurs intéressés
amposonnet a zisparisso , er momant
Entretenais avec soin, semblables à
ma savo an cals eus vrionnez
Une vapeur méphitique, vont se
gouzout a ris penaos, ivid rei deac’h
Dissiper aux premiers raions de La vér
Dan effechou heurus-ze, ezo important
ité mais vous savez , citoyens que, pour
Lacat Epen an éducation public
Produire ses heureux effets, il impose
tud desguet, tud a gar léalamant a
De placer à la tête de l’éducation
revolution, tud pere, goude beza
203
Ogès, Louis, L’instruction publique dans le Finistère pendant la Révolution, Quimper, Bulletin de la Société
Archéologique du Finistère, 1940, p. 199-220
204
N°173, AD29- 8L 105_1
205
La commune de Porspoder, est limitrophe des communes, de Plourin, Landunvez, Lanildut (29)
115
�publique des hommes instruits
eget ar poultr eus an inolaterez
Des hommes vraiment patriotes, qui
Coz edevez an talvoud ac an nerz
Ayant depuis longtems secoué la poussière
Da gonforti an fanatiquel , ac a
Des préjugés, aient le talent et le courage
Chaseal ar moustr spontus-ze
De combattre le fanatisme et de
Betec en e gavarn, diveza-in Eur
poursuivre ce monstre hideux jusques
Brezel epfini a dle beza etre an
Dans ses derniers retranchemens
aneval gouez-ze ac eur scholaer mad
Il doit exister une guerre à mort
me eur c’houmbato eternalamant ac
Entre ce tyran de l’esprit humain
gant fichanç dre ar raison , ma
Et un bon instituteur moi, je le comb
Ne dorin bet biscoas, nac manac’h
-attrai avec confiance et intrépidité
Na belec, dre ar raison ma naé
Parceque jamais je ne fus ni prêtre,
Douan nemed den eus va micher
Ni moine, parceque mon métier est
A pa meus titr ebet, nemed an
D’être homme, et le titre dont je
Titr Eus a republicain francen
m’en orgueillis, celui de Républicain
ar garantez a meus ivid ar mad
français .L’amour du bien public
Public a triomf eus va modestie
a vaincu ma modestie. J’oserai vous
Credout a rin Lavaret deoc’h penaos
parler de moi-même, j’oserai vous
e zon capabl da veza e pen an
dire que, quoique doué de médiocre
Desgadurez, dre ar raison ma ouzon
valeur, j’ai néanmoins d’autant plus
ar brezonnec pehini a meus desguet
D’aptitude à enseigner dans nos
etre Diouvrac’h va mam ar munisi
municipalités rurales que j’ai une
palité eus Porspoder pehini a zo
connaissance parfaite de l’idiome
Va Bro, o devezo un instituteur, evel
breton, pour l’avoir appris pour
Mac’h ordren en decret nevez eus ar
ainsi dire, entre les bras maternel
convention national
(recto)
La commune de porspoder contigue
( recto)
A celle qui ma vu naître, va avoir
an tud ar vro-ze ar zano ac’hanon
Un instituteur, conformément au
bezo devezo fichanç enon , ac dre
Décrets qui vient d’être rendu par La
guemeus-ze bellin ober ar mad
Convention nationale. Les habitants
en o zouez ar mad pehini a
De cette commune me connaissent
Meus volontez da ober
presque tous ; J’ose même dire qu’ils
M’honoreront de leur confiance cette
116
�Ïec’het ac carantez er breur
Confiance pourrait me faciliter
Dar citoiannet à compos ar
Les moyens d’opérer le bien parmi eux,
Compagnunez eus a vignonet ar
Et je me flatte d’en avoir la volonté
Bobl e Kear Brest
Brest 16 pluviôse l’An 2me de
La République une et indivisible
E Brest ar c’herzecvet, eus a
Salut Fraternité
vis glao, ac an Eil Blavez
eus ar Républic unan ac indivisbl
Jean Nédélec
Ïan Nédélec
b) Jean-Réné Marie Péton.
La candidature de Jean-René Marie Péton206 est formulé par une lettre de candidature
référencé N° 195, il a alors 30 ans, il est né à Gouesnou (29). Elle est datée du 1er ventôse
An II (19/02/1794). C’est un ancien caporal fusilier du second détachement de la garde
nationale de Brest, qui a glorieusement participé à la bataille de Pontorson. Il adresse à la
société populaire de Brest une « pétition en langue française et, en idiome appelé basbreton » à l’effet d’obtenir une place d’instituteur de langue française dans sa commune
natale de Gouesnou. Jean-René Marie Péton, fut nommé à Gouesnou, par Jean Bon SaintAndré, le 17 ventôse An II, et installé le 19 du même mois, sa lettre est datée du 1er
ventôse an II (01/02/1794).
Le 1er ventôse de l’an II de la République
une et indivisible
Ar henta ventos, er eilvet blavez eus ar Republic
unan ac indivisibl
Citoyens
Citoyenet
Les communes des campagnes avaient besoin Ar municipalitéou divar ar meas o doa isoum, pell
depuis longtemps d’une loi pour l’instruction a yoa eus el lezen var ar scolliou public. Ar
publique. La Convention en a senti la Convention et deus sentet an nécessité ac e deves
nécessité et elle vient de décréter qu’il y aurait décrétet evit peb municipalité eurs mestr scoll
206
Ogès, Louis, L’instruction publique dans le Finistère pendant la Révolution, Quimper, Bulletin de la Société
Archéologique du Finistère, 1940, p. 199-220
117
�dans chaque municipalité de campagne un patriot mat a capabl da combatti a da zistrujea ar
instituteur patriote et capable de combattre et prejugeou faos a souille calonnou an habitanted
de détruire les préjugés fanatiques qui règnent divar ar meas, en eur expliqua dezo an avantachou
encore parmi les cultivateurs, en faisant eus or Constitution républican. Ar mestr scoll, och
connaître les avantages que leur procure notre pen beza patriot, a ranc gouzout brezonnec.
Constitution républicaine. Il faut que cet Citoyenet, a langach ze zo naturel d’ing, a gad an
instituteur joigne à son patriotisme l’idiome avantachou da veza annavezet e pares Gouesnou e
breton. Citoyens, cet idiome m’est naturel et pelleach ezoun ganet. Ech assurant deoch et tuing a
avec l’avantage d’être connu dans la paroisse ben da operi ar mat a da zervicha utilamant ar
de Gouesnou, mon lieu natal. J’ose vous Republic.
assurez d’opérer le bien et de servir utilement Rac ze e pedan ahanoch, citoyenet, mar quivit
la chose publique.
ahanon capabl da occupi eur plaç evel honnez, da
Je vous prie donc, Citoyens, si vous me jugez lacat talvout va goulen e quichen an administration
capable d’occuper pareille place, d’appuyer eus an district. Assuri a ran deoch e remplissing
ma demande auprès de l’administration du anizi gant an activité a dléer da hortoz eus er
district. Je jure de la remplir avec l’activité patriot mad.
qu’on doit attendre d’un bon patriote.
Salut et Fraternité
Salut et Fraternité
J. R-Marie Péton
J.R-M Péton Notes :
(calonnou) : Kalonus : fortifiant
(souille) : souilhañ/suilhañ : souiller, s’enfoncer
c) Jean Gabriel Lorgant.
d)
Le troisième courrier manuscrit bilingue français-breton de candidature à un poste
d’instituteur est de Jacques Gabriel Lorgant207 de Lannilis, il est daté du 19 ventôse An II
(20/02/1794). Ce document est référencé N° 192 dans notre corpus. Par sa missive nous
apprenons qu’il est avocat et officier public, il est âgé de 62 ans, il est de Lannilis, dans le
Léon.
Dst de Brest (District de Brest)
Aux Citoyens représentans du Peuple près les
207
N°173, AD29 8L105_2
118
�Côtes de Brest & de Lorient
Cathéchisme
Constitutionnel
Est dit par Jacques Gabriel Lorgant agé de
62 ans cy devant avocat & a present officier public
De la commune de Lannilis District de Brest
Département du Finistère, que, sur L’instruction verbale
Lui donnée par le Citoyen hervé Saläun administrateur
Du district de Brest a son dernier voyage a Lannilis
Dans cette 2e décade de ventose, & d’après la publication
Faite aujourd’huy audit Lannilis, au décret du 8 pluviose
Concernant les instituteurs, il a fait le dialogue cy &
L’autre part, tant en français qu’en breton & croyant
Avoir rempli le vœu de la Convention nationalle, il va
Requerir avec confiance.
Qu’il vous plaise, Citoyen, voir cy inclus le
Dialogue en question, y ayant égard & L’exposé sincère
Cy defsus, Lui accorder une place d’instituteur dans sa
Commune de Lannilis & un Evenement que votre
Justice ne se porte pas a le juger ainsi en l’état
Lui indiquer les préalables qui lui restent a
Remplir avant d’occuper Cette place, Requerant sur le
Tout L’adhésion du Club de Brest, & ferez justice
A Lannilis le 19 ventose L’an 2e de la
République Française, une et indivisible
Lorgant
Officier Public
Jean-Marie Lorgant a rédigé la motivation de sa candidature en français à la troisième
personne. Cela est-il une manière propre aux hommes de lois qu’il est ? Ou une façon
modeste de proposer ses services ?
Avec sa lettre de candidature Jean Gabtriel Lorgant joint un dialogue en forme de
catéchisme où il montre sa foi républicaine. Ce catéchisme se présente sur deux pages en
119
�regard l’une de l’autre, celle de gauche est rédigée en français, celle de droite est rédigée
en breton.
Il termine par une formule empruntée au rituel religieux qui termine les prières :
Ansi soit-il. Evelse bezet great [comme il se doit d’être fait]
Dialogue entre Pierre & Jacques
Pierre : Sais-tu ce que c’est qu’aimer sa patrie ?
Jacques : aimer ses législateurs qui en sont l’âme
P : quelles sont les mailleures preuves que nous
Aimons nos législateurs & notre patrie ?
J : nous le prouvons, primo quand nous
Demandons qu’ils demeurent a leur poste
Jusqu’à la paix & quand nous approuvons
Leur choix, en leur obéissant avec plaisir, tertio
Quand nous sommes inquiets sur les résultats
de nos combats
P : qu’est-ce qui a donné lieu à cette grande Révolution ?
J : La tirannie des têtes couronnées, & l’envie des
Français de vivre et mourir libres
P : La liberté de la République française pour
Ne pas dire par excellence est-elle bien, établie ?
J : oui, & nous la maintiendrons par notre
soumission aux Lois, & par notre courage
P : Quand penses-tu que nous aurons la Paix ?
J : Quand nous aurons exterminé tous nos
Ennemis
P : Quand l’acte constitutionnel accepté par le
Souverain sera-t-il exécuté de point en point ?
J : Quand le grand décret du 14 Frimaire aura
Fait son effet
Ainsi soit-il
120
�Lorgant
Officier public
Antretien entre Per a Jacques
P : gouzout a reste petra zo caret e vambro ?
J : Caret a re a ro a Lezennou , pere a so ene
P : Pere a gouello Mercou e caromp a re a ra on
Lezennou ac ar mambro ?
J: prouf a reomb quemensé da quenta pa
Goulennomb ma choumint en o fost betec ar
Peoc’h dan eil pa gavomb mad a lezennou o santi
Outo gant plijadur, dan trede, pa orbes soursis gant
Ar pez al erruet en or hombajou
P : Petra en deus Rouet Leach dar chenchamanchou
Terrullman ?
J : Crueldet pennoù curunet, a en hoant o deva
a francissien da veva a da vervel libr
P : Liberté a Republic, eus a Frans, evit non pas
Lavaret dre excellans, ac y a zo fontet Mad
J : Ya, a derhet a rimb mad diz. En eur senti ouch
a lezennou, a dre hourach
P: Peur bezoni ar Peoch ervez da sonje?
J : pa or bezo distrujet tout en enemiet
P : Peno evezo executet act constitutionel
A boint a boint?
J: pa vezo great e effet gant decret bras
Eus ar 14 vet Frimaire
Evelse bezet great
Lorgan
Officier public
121
�N.B. Pierre est un mercier, & Jacques est jardinier
2) Leurs motivations
a) La volonté des candidats instituteurs d’affirmer leur patriotisme
Le décret du 8 pluviôse (29/01/1794) art 3, précise : III. « Il ne pourra être choisi aucun
instituteur parmi les ministres d’un culte quelconque, ni parmi ceux qui auront appartenu
à des castes ci-devant privilégiées ; ils seront nommés par les représentans du peuple, sur
l’indication faite par les sociétés populaires ». Les candidats doivent faire la preuve de
leur patriotisme et de leur attachement aux valeurs républicaines et ne pas avoir appartenu
à aucune caste de privilégiés. Un décret du 7 brumaire An II (25/12/1793) avait laïcisé
l’enseignement en écartant les ecclésiastiques des fonctions d’instituteurs208.
Jean Nédélec209 de Porspoder (29N) écrit dans sa lettre de candidature : « des hommes
vraiment patriotes qui ayant depuis longtems secoué la poussière des préjugés et de
combattre le fanatisme ». Qu’il traduit en breton par : « lacat epen en éducation public tud
desguet, tud léalamant a revolution, tud pere, goude beza eget ar poultr eus an inolatrez
coz edevez an talvoud ac an nerz da conforti an fanatiquel ». Puis plus loin : « parceque je
ne fut ni prêtre, ni moine, parceque mon métier est d’être homme, et le titre dont je m’en
orgueillis, celui de Républicain français ». Sa reprise en breton devient : « Ne dorin bet
biscoas, nas manac’h, na belec, dre ar raison ma naé douaun nemed den eus va vicher a
pa meus titr ebet, nemed an titr eus a republicain francen ».
La version en breton de Jean Nédélec, est d’une expression plus forte, plus proche d’une
démonstration orale. Par exemple pour traduire : « je ne fut ni prêtre, ni moine », il appuie
en disant en breton « Ne dorin bet biscoas, nac manac’h Na belec ». Le mot « biscoas »,
pour jamais au lieu de « ne fût ni prêtre ni moine », qui peut se traduire en breton par
james, ou biskoazh, le mot biskoazh est d’un poids plus fort, dans le sens d’une
exclamation ( Biskoaz kemend-all !!)210
208
BERNARD, Daniel, L’enseignement primaire dans le district de Pont-Croix (Finistère) en l’an II et en l’an III,
Annales de Bretagne, 1936, p.168-202
209
N°173, AD29 8L105-1
210
GROS , Jules, Trésor du Breton parlé, Brest, Emgleo Breiz, Brud Nvez, 1993
122
�Jean Nédélec, reprend des mots du discours de Barère : « combattre le fanatisme et de
poursuivre ce monstre hideux jusques dans ses deniers retranchemens ». Ce qu’il traduit
par : « an nerz da gonforti an fanatiquel, ac a chaseal ar moustr spontus-ze betec en e
gavarn ». Ici encore l’expression en breton est plus forte qu’en français. Retraduit en
français ce passage devient : [La force de conforter contre le fanatisme et de chasser le
monstre affreux-ci, jusqu’à sa caverne].
Nous avons vu précédemment que Jean-Gabriel Lorgant de Lannilis (29N) joignait un
dialogue républicain, à la façon des catéchismes. Ce document est qualifié dans la marge
par une main anonyme de Catéchisme Constitutionnel211. L’expression de son patriotisme
est originale, il présente sa foi républicaine sous la forme d’un dialogue de catéchisme,
question-réponse. Les termes de « aimer sa patrie [] les combats révolutionnaires [] la
liberté républicaine [] le retour à la paix » sont d’autant d’expressions qui expriment sa
foi révolutionnaire. N’oublions pas qu’il était demandé par le décret du 8 pluviôse An II,
que les instituteurs traduisent oralement les lois de la République : « Les jours de décade,
ils donneront lecture au peuple & traduiront vocalement les lois de la République, en
préférant celles qui sont analogues à l’agriculture & aux droits des citoyens ».
Des phrases de décret sont reprises par les candidats instituteurs: « La convention
nationale a senti l’importance d’une loi pour l’enseignement de la langue française aux
citoyens, des divers pays où l’on parle des idiomes différents »212 ». Ce que reprend JeanMarie Péton dans sa lettre de candidature : « La convention nationale en a senti la
nécessité et elle vient de décréter.. » et en breton « ar Convention et deus sentet an
nécessité ac e decrétet…. »
b) Ils justifient leur connaissance du français et du breton
Les candidatures sont manuscrites et bilingues, français-breton. Par cette démarche ils
démontrent qu’ils ont une maîtrise à la fois du français et, du breton, leurs lettres
permettant de juger de leur niveau d’instruction dans les deux langues.
Jean Nédélec souligne sa connaissance du breton comme langue maternelle : « que j’ai
une bonne connaissance parfaite de l’idiome breton, pour l’avoir appris pour ainsi dire,
211
212
N°192, AD29 8L105_2
Lettres à Grégoire sur les patois de France 1790-1794, p 283 Genève, Slatkine Prints, 1969
123
�entre les bras maternel ». Qu’il traduit par : « Credout a rin Lavaret deoc’h penaos e zon
capabl da veza e pen an Desgadurez, dre ar raison ma ouzon ar brezonnec pehini a meus
desguet etre Diouvrac’h va mam ». Ce qui devient si l’on remettait en français, une
nouvelle expression : « Croyez moi je vous dis comment je suis capable de venir à la tête
de l’éducation, par la raison que je sais le breton celui que j’ai appris dans les bras de ma
mère . Son expression en breton « e pen desgadurez » est à rapprocher de l’expression
commune « deuet da ben » (venir à bout de quelque chose). De nouveau nous constatons
que la forme en breton est d’un poids beaucoup plus imagé que la forme française.
Jean-Marie Péton déclare : « il faut que cet instituteur joigne à son patriotisme l’idiome
breton » Ce qu’il traduit par : « Ar mestr scoll, och pen beza patriot, a ranc gouzout
brezonnec. Citoyenet, a langach ze zo naturel d’ing ». Ici aussi la traduction en breton est
d’une expression plus forte que la version française, le retour de sa version bretonne en
français, nous donnerait : « Un maître d’école doit d’abord être un patriote, et doit savoir
le breton »
Jean-Gabriel Lorgant, nous l’avons vu, rédigeait la motivation de sa candidature en
français et poursuivait par un dialogue en français et en regard la traduction de ce même
dialogue en breton.
c) La connaissance des localités où ils postulent
Jean Nédélec déclare dans son courrier : « La commune de Porspoder contigüe à celle qui
m’a vu naître », et en breton il écrit « an tud ar vro-ze ar zano ac’hanon bezo devezo
fichanç enon ». Ce qui revient à dire en français : Les gens de ce pays me connaissent ils
me feront confiance. Le discours en breton est plus expressif et, plus proche de la langue
quotidienne du public auquel il s’adresse.
Jean-Marie Péton justifie que non seulement il connaît le breton, mais c’est aussi la langue
parlée à Gouesnou : « Citoyens, cet idiome m’est naturel et avec l’avantage d’être connu
dans la paroisse de Gouesnou, mon lieu natal » et en breton « Citoyenet, a langach ze zo
naturel d’ing, a gad an avantachou da veza annavezet e pares Gouesnou e pelleach ezoun
ganet ». Jean-Marie Péton parle de la paroisse du Gouesnou à la date du 1er ventôse an II (
01/02/1794). Ce terme paroisse apparaît anachronique en l’An II et, pour lui ce n’est pas
124
�faire preuve de manque de patriotisme que d’utiliser une désignation passée pour une
commune.
IV) Les difficultés et l’échec de l’instruction publique
Suffisait-il de décréter, de légiférer pour que les écoles s’ouvrent dans toutes les
communes, et qu’elles soient pourvues de leur instituteurs ou institutrices, et que les
parents mettent leurs enfants dans les écoles, et que des locaux soient disponibles pour les
recevoir ?
Nous allons comprendre les difficultés auxquelles les autorités locales furent confrontées
et qui aboutirent à l’échec de cette grande et généreuse idée d’une instruction publique
accessible à tous.
1) L’adresse du citoyen Rolland aux habitants de Guissény
Dans notre corpus nous disposons d’un document manuscrit bilingue français-breton,
rédigé par le citoyen Rolland213 à ses concitoyens de Guissény (29), daté du 11 messidor
An II (27/06/1794). Le texte est sur deux colonnes, l’une en français, l’autre en breton. Ce
document se présente sous la forme d’un cahier de 6 pages (27X21), il est référencé sous
le N° 174 dans notre corpus. En titre du document il annonce : « Adresse du Citoyen
Rolland instituteur de langue française à ses concitoyens de la commune de Guissény ».
L’adresse du citoyen Rolland aux habitants de Guissény nous permet de faire quelques
commentaires sur son mode de traduction du français au breton. La version française de
son discours est rédigée dans un français évolué comme le sont les termes du discours
révolutionnaire qu’il utilise. De même qu’il posséde une bonne maîtrise de la langue
française écrite, sa maîtrise du breton écrit est de bon niveau en dialecte léonard.
Par cette adresse du Citoyen Rolland de Guissény, nous constatons que ce citoyen de
bonne volonté républicaine se trouve en butte à une désaffection des écoliers de la
commune de Guissény et du peu d’enthousiasme des parents d’envoyer leurs enfants à
l’école.
213
N°174, AD29-25L104_1
125
�Il rappelle que sept jours plutôt il s’était déjà adressé aux habitants de sa commune. Les
parents de la commune lui avaient promis une soixantaine d’élèves trois mois avant. Dans
les faits seulement dix se sont présentés. « je le Sais, mes concitoyens, il n’y a pas Encore
trois mois que plus de Soixante m’ont Demandé pour instruire leurs Enfants pas un de
ceux-ci ne S’est venu inscrire pourquoi ?. Et en breton : « E chouzout a Ran, va
qencitoyanet, neus qet choas try mis, och peu tri uguent o Deus goulennet achanon Evit
Desqibugale pas unan Eus arRe-mañ ne De Deuet Denem insciva perac ? »
Du onze Messidor L’an deux
Eus an unecvet Messidor Eil bloas
De la République une & indivisible
Eus ar Republic unanac indivisbl
Le Citoyen Rolland instituteur de
Ar Citoyen Rolland instituteur Eus
La Langue française, à ses concitoyens
Al Langaich Gallec De gencitoyanet
De la Commune de Guissény
Eus an gomun a visseny.
J’ai eu plaisir de vous prévenir
ar Blijadur a meus bet a ho prévenir
Le quatre de ce mois an II aussitôt mon
ar pevare eus ar mis-mañ, qerquent a
installation comme instituteur de la
ma on bet Laqaët E carge, vit mestr ar
Langue française que tous ceux d’entre
Scol gallec penaus ar re en o toues père,
vous qui , conformément aux décrets du
conformamant Dan Decret Eus an navet
29 frimaire, 8 pluviose & d’autres
var-nuguent frimair, eis pluvios a
Relatifs à (mot barré)
Decrejou all, père a set och an organisation
l’organisation
Eus man instruction public, o Devoa, Evel
De l’instruction publique avait comme
tadou, mammou guarderien pe guarderiennez
pères, mères, tuteurs, tutrices, des
Bugale pe vinoret En oad dea Receo
enfans, ou pupiles en age de recevoir
qentellou, o Divige, Da zont, Da Reiho
Des principes eussent à les venir
anoyou, Dindan an Dec Derves Eus va
faire inscrire dans la décade de
Suplication : Lennet emeus Deoch
ma publication. je vous ai différentes
Lies a veaich, ac e gallec ac e Breznonnec
fois donné lecture, en français &
an Decrejou pere a sel och an instruction
En breton, des différents décrets
buplic, Maes evel ma velan gant
Relatifs à l’instruction publique
glachar, peautramant noch eus get
Mais comme je vois avec douleur, ou
Sautet a ouach ar gonseqançou Eues an
que vous n’avez pas assez senti les
Decrejou-mañ Dictet goude an natur,
126
�conséquence de ces décrets, dictés
Soutenet gant al Lezennou eus ar Reson
d’après
vad, pe autramant och bet Disatiet
nature, appuyés des principes de la
gant adversourien Bonheur ar bobpl
Saine raison, ou que vous avez été
Ezan Da len a Da explica deoch choas
Dissuadé par les ennemis du Bonheur
an Decrejou-se Eürus, mar guellan
ober Deoch Santout och interest ochunan
public je vais vous donner encore
ac ar prise eus an Dlé Sacr peini a
Lecture et explications de ces décrets
Rengit naturalamant d’ho pugale
heureux, si je puis vous faire sentir vos
propres intéréts & le prix de la déte
Mont a Ra eus eus och interest ochunan
Sacrée qui vous lie naturellement à
ac eus a ini ho pugale. Evit guir ar franç
vos enfans
ganet a neves, composet a eur Bobl Libr,
il va de vos propres intérets & de
a Souveren, ne Dle mui parlant nemet
Ceux de vos enfans. En effet
Eur memes Langaich, oumañ Eo ar
La france régénérée composée d’un
voyen veritabl Da Lacât Rên an union
peuple libre & souverain ne doit
ac ar feiz vad.
plus parlé que La même langue, c’est
pet gueich noch-huget bet tromplet
Le vrai, c’est peut étre le seul moyen
ime chui ablamour ne ouïach qet ar
De faire regner l’Union & la
gallec ? a Beguement a gonditionou
bonne foi
pounner a memes mezus, nocheus-ha
Combien de fois vous n’avez pas été
qet bet Eneme guarget abalamour
trompés, Dites-vous parceque vous
na ouiach na Lenn na Scriva, pe
ne savez pas la langue française ?
ablamour, ne ouiach qet an hed Eus an
Combien de conditions onéreuses
termeniou ? eus abet çican, eus a bet
méme honteuses ne vous étes vous point
proces n’och-ha qet bet anablet ?
chargés pour ne Savoir ni lire ni
ar fouez, Eus ar chuesen a bet Derves
Ecrire ou pour ne point connaître la
a bet nosves, a bet mis, a bet bloaves
portée des expressions ? De combien de
ne Dint-hi qet bet collet ac effacet
chicane, de combien de procès n’avez-
En un instant ? pet famill a oustllou
vous pas été accablés ? Le fruit des
ar ciçan a veve En ho eas gant a pez
Sueurs de combien de jours, de nuits,
a Dennet Eus ho Sottenterziou-ha ?
De combien de mois, de combiens
pet no neus-ni qet guelet pere evit Enem
d’années
Denna eus a eur proces commançet evit
n’a-t-il pas été perdue & effacée dans un
Eur principal mobilier bevar Scoët
instant ? Combien de familles, d’agents
127
�De la chicane vivaient dans l’aisance
Du revenu de vos sottises ? Combien
n’a-t-on pas vus qui ; pour se retirer
D’un procès intenté pour au principal
pe un Diner a ben-vin, o Deus faüsset
mobilier de 12£ ou pour un denier de
Evit peur baca ho avocadet, pe brocureurien
cherreté, ont fini, pour satisfaire
Da Rei Dezo pevar pe bempcant Livr eus
Leurs avocats ou Leurs procureurs, pour
a Leve prob. an exemplou-mañ n’int bet
Leur Laisser Des quatre ou cinq cents
nemet Re ordinal !
Livres De leur propre Rentes ? ces
Exemples n’ont été que trop fréquens
---------------
Evit un affer a netra & Comerach
pour une
Un noter pe un avocat, & baca a Reach
affaire de rien, vous preniez un
Eus a bevar –Scoët bemdes, aviziou
procureur, un notaire ou, un avocat
Eis Scoët, Rei a Reach Dezan Eur march
vous Le payiez à 12£ quelquefois à
En Eur Sal e tebre ar guella bouët, chui
24£ par jour, vous lui donniez un
a zebre un tam bara eïs glañ, Epamann
cheval vous alliez pieds nuds, il
er porz pe er mechausey, e Leach n’ho poa
Mangeoit en une salle Les meilleurs
evit Camarad nemet o march, petra a
mets, vous mangiez un morceau
Zigaçach-ha a vad dar guear? penaus
De pain d’orge, sans beur, dans la
o poa great beaich a penaus oz coustet
cour ou dans l’écurie, n’ayant
Deoch anter cant scoët, evit Desqi ar pez
pour Compagnon que votre Cheval
A ouiach ochunan. Ar maledictionou
qu’apportiez vous de bon chez vous
o c’heus Roët-goude ho Soltentezioù
En arrivant que vous aviez
Sevichet-int-hy Da Sevel o fortune?
voyagé & qu’il vous avait couté
50 écus pour Réapprendre, ce que
Respontit………guell ochu bet
vous saviez vous même, Les malédictions
Recevet gant mestr ar çican pa n’ho
que vous avez données après vos Sottises
poa mui netra ? a pez a zo arruet
ont-elles servi à Relever … votre
gueneoc’h o pige Diarbennet m’ho pige
fortune ? Répondez ….. avez-vous
gouezet ar gallec. Mil gueich och bet
Eté mieux reçu de vos professeurs de
guerzet Diras o taoulagat a ne ouiach Dare
chicane quand vous n’aviez plus rien
gant tud nebeutoch Desqet evidoch, nemet
Ce qui vous est arrivé vous L’eussiez
ma parlantent gallec. Sur on ervad
évité si vous saviez Sans le français vous
penaus Parres guisseny a Roe bep bloas
avez été mille fois vendus devant vos
muioch arhant E çircan par evit
propres yeux & vous n’en Saviez Rien
na bae Bremañ Evit & all gontributionou?
128
�par des gens bien moins instruits que vous
Si ce n’est qu’ils parlaient français, je suis Ret e vige Eur Revolution Evel oumañ
Morallement sûr que la commune de
Evit o tenna Eus a eur
Guisseny donne annuellement beaucoup
Reustladen214 a Lezennou pere alies bras
plus d’argent En pure chicane, qu’elle ne
ne vezent qet anavezet gant ar re memes
paye actuellement pour toutes Ses
pere o grea.
contributions
Santout a Rit an oll guirioueziou
il fallait une Révolution comme Celle-ci
a Repetañ Deoch, great o cheus ar prouff
pour vous tirer d’un dédale de Loix très
anezo. Mes ho sclavaich a So bet
Souvent inconnue De ceux même qui
qeït, ger bras o cheus Languizet enmañ
Les faisaient
ma och Deuet Denen gustumi, a boan
Vous Sentez toute Les vérités que E Santit-ha Er torret o chadennou,
je vous répète, vous en étes à L’épreuve
guelet a Rit ar prison Digor, a choas
Mais votre esclavage a été Si Long vous
E Mauger o tenna Er meas evel Divar
y avez Si bien Languis, que vous vous
boues an Dourn.
y êtes accoutumés a peine Sentez vous
pobl mad, Docil, mes Dall, Dizroït
que
Eus och erro liva, Dizroït Eus ho
vos fers sont Brisés, vous voyez la
Superstitionou, Renoncit Da opinionou
prison ouverte, Encore faut-il vous
faux Laqeat En o penn, gant tud
En faire Sortir Comme par La main
Drouc-inspiret a Diboeltet, Digorit
peuple bon, docile, mais aveugle
Er fin o taoulagat D’ar Reson a D’ar
Revenez de vos Erreurs , Revenez de vos
Sqyant vad pere ne seblantit qet
Superstitions renoncez à des préjuger
choas anaout aoualch.
Enfantés par le fanatisme ouvrez enfin
abeleach Es teu neus qet, choas
Les
Dec eus ar Barres-mañ, o defe, Enem
yeux à la Raison d’un bon sans que
inscrivet evit an instruction?
vous ne Semblez par Encore assez
E chouzout a Ran, va qencitoyanet,
connaître
neus qet choas try mis, och peu
tri uguent o Deus goulennet achanon
D’où vient qu’il n’y a pas Encore une
Dixaine de cette Commune qui Se Soit
fait inscrire pour L’instruction ? je le
Evit Desqi o bugale pas unan Eus ar
214
Reustladen, ou Rouestladenn : embrouille, embarras, Rouestlad : enchevêtrement, Rouestled : retors. FAVEREAU,
Françis, GERIADUR AR BREZHONEG A-VREMAN , DICTIONNAIRE DU BRETON COMTEMPORAIN BILINGUE,
Morlaix, Skol Vreiz, 2000
129
�Sais, mes concitoyens, il n’y a pas
Re-mañ ne De Deuet Denem insciva
Encore
perac? ablamour ma Eo a Lesen er
trois mois que plus de Soixante m’ont
goulen : ablamour ar Scoliou ne vezint
Demandé pour instruire leurs Enfants
mui er memes, ablamour Emeur o vont
pas un de ceux-ci ne S’est venu inscrire
Da zesqi Doctrin an ifern; ablamour
pourquoi ? parce que La Loi le demande ? ar vugale qerqent a ma vezint desquet
parce que Les écoles Seront plus
a Ranco o partia evit an Armeou
Les mèmes parceque L’on va Enseigner
chetu ase al Langaïch, pe qentoch
La Doctrine de L’enfer parceque Les
an alter Eus an Aristocratet En o
Enfants aussitot instruits aussitot
angoni.
partis pour Les armées, voila Le
Va Doue ! a ne deus qet bet Laqeat
Langage ou plutot Le Délire Des
Da Redet En o toues Eur brud qasimant
Aristocrates à L’agonie.
qen disqiantet, peus bet qestion denem
anroli evit qerent Difenerien ar vro
he Bon Dieu ! n’a-t-on pas fait
Pere o deux guir er Sicouriou accordet
courrir parmi vous un bruit
gant ar mad oberou national an
presqu’aussi extravagant Lorsqu’il
Effronteria So bet da Lavaret penaus
Ya eu question de S’inscrire pour Les
Ar re a brofit-ge Eus ar Sicouriou-mañ
parens Des Défenseurs de La patrie
ne velgent mui o bugale-mañ
qui ont droit aux Secours accordés
Dra-se a yoa guerzo evit biqen
par La Bienfaisance nationale ?
Re all o Deus lavaret penaus oa evit
L’on a osé dire que ceux qui profitaient
truardi ar bobl zo e promettet ar
De ces Secours ne verrait plus Leurs
Sicouriou-mañ pere ne arreajent biqen
Enfants, que c’était Les vendre, à jamais
Pa zeus bet qestion da Reçeo ar Sicourioù
D’autres avaient Dit que c’était pour
Lod o Deveus falvezet Enem inscriva
Engueuser Le peuple que L’on promettait
Pa oa achu al Listen. Avis evenn
ces Secours qui ne Serait jamais
Dar re Divisa-mañ Deneur a Dretti
arrivé.
Evit ar Sicourioù o Doa guir da chortos
Lorsqu’il y a la question de Recevoir
D’an Drompterien pe Re Dromplet.
ces secours une partie à voulu
pere o deus Disatiet, ounes a So un Dlé
S’inscrire quand La Liste était
a Rengout bremañ Dezo, an int obliget
Achevée. je Serais d’avis à ces
E Constianç de faea, ma c’hour-fe
Derniers de S’adresser, pour Les
ganto c’hoas, pe mar o deus biscoas
Secours qu’ils avaient droit d’attendre
bet eur santimant bennac a henor
Aux fanatisans ou fanatisés qui Les
ac a houestis.
130
�ont dissuadés, c’est une dète qui Leur
Evit prouf Deoch, va Mignonet,
Est actuellement due par eux, & qu’ils
Penaus, a zifenner e feson Ebet
Sont En conscience obligés d’acquitter
ouzoch ho e religion pe o cult ( nemet
S’il leur Restait Encore ou s’ils sont
Diana al Lesennou a Superstitionou)
jamais Eu quelques santimens
Evit prouf Deoch er fin penaus
D’honneur & De probité
ar Scoliou a vezo atau Er memes,
a penaus an oll Cult a So Libr.
Ezan da Rei Deoch choas Lectur
Pour vous prouvez, mes
amis qu’on ne vous défend En Rien
Eus an Decret Eus, an tryveachvet
Votre culte (aux principes de la
frimair peini a Sel och c’hult
Superstition près) pour vous prouver
Enfin que ce Seront toujours les mémes
aman E lenneo an Decrejou
Ecoles & que tout culte est Libre
Lavaret Diaranc
je vais vous donné Encore Lecture
Du décret du 18 frimaire relatif
O pidi ac o Suplia a Ran
Aux Cultes.
Va mignonet, En ano, ar yaouantis
En ano ho bugale, Eus o profit o chunan
Ici on lit Les Décrets, Ci-devant
ac interest a pugale memes, ac evit
Mentionnés.
mad an oll e general. Da zont
Incessamant Denem inscriva pidi
a Rije ar Municipalité Da ober
Je vous invite, mes amis au
nom de La jeunesse, au nom de
vos propres Enfants pour vos
Soun ar c’hloch, var dro e pad En anter
Intérêts & Les Leurs & pour le bien
Qart-heur, Diout ar mitin, ac un
De tous En général. De venir
anter qart heur goude cres-deis Evit
vous faire inscrire incessamment
Commancammant an instructionou
je prierai La municipalité de
Pemdiziec o chortos ma vezo ar
faire faire Sonner la Cloche
vestr ac ar vestreset ar Scoliou
pendant environ un demi quart
qenta E poent Da Labourat
D’heure du matin, & un autre après
Enem, Chring an Devez er da Zesqy
midy, pour L’ouverture, des
Ive D’ar Scolaerien Lenn a Scriva
instructions journalières. En
ac ar, c’henta Reglennou215 eus
215
Arithmétique est tradui par Rolland reglenou ar chifr [le règlement des chiffres]. Ce traduit par Aritmitik dans le
dictionnaire FAVEREAU, Françis, GERIADUR AR BREZHONEG A-VREMAN , DICTIONNAIRE DU BRETON
COMTEMPORAIN BILINGUE, Morlaix, Skol Vreiz, 2000
131
�attendant que Les instituteurs &
ar chifr
institutrices des écoles primaires
soient en activité, je me ferai un
Devoir D’apprendre aux élèves a
Lire & écrire & Les premiers
principe de L’arithmétique
Dans la traduction bretonne de son adresse, il traduit le mot commune, une fois en
comun, et deux fois en parres [paroisse]. Cette dernière traduction étant plus
significative aux habitants de Guissény, le mot commune n’est pas encore intégré dans
le langage quotidien. Le mot concitoyen, il le traduit par qencitoyanet. Cette forme de
traduction de concitoyen en qencitoyanet, est rare dans les textes que nous avons
recensés. Le plus souvent citoyen se traduit en Citoïen, citoyan216, concitoyanet217. Les
orthographes du mot citoyen, et concitoyen sont des plus variées par le fait de sa
nouveauté. Le plus fréqemment, les nouveaux mots sont bretonnisés.
Dans son argumentation sur les avantages de connaître le français et leur faire sentir les
coûts financiers que cela leur éviterait, les valeurs numéraires en livres il les exprime en
écus (scoët218), un écu valant trois livres. L’écu est une valeur numéraire plus parlante.
Ce mot skouëd a été conservé jusqu’à nos jours dans le parler quotidien des bretonnants.
Dans cette adresse il rappelle les décrets du 29 frimaire et du 8 pluviôse, sur
l’organisation de l’instruction publique. Rappelons que le décret du 8 pluviôse rendait
obligatoire la présence des enfants aux écoles : « conformément aux décrets du 29
frimaire, 8 pluviose & d’autres Relatifs à l’organisation De l’instruction publique avait
comme pères, mères, tuteurs, tutrices, des enfans, ou pupiles en age de recevoir Des
principes eussent à les venir faire inscrire dans la décade de ma publication. » . Et en
breton « conformamant Dan Decret Eus an navet var-nuguent frimair, eis pluvios a
Decrejou all, père a set och an organisation Eus man instruction public, o Devoa, Evel
tadou, mammou guarderien pe guarderiennez Bugale pe vinoret En oad dea Receo
qentellouDa zont, Da Reihoanoyou, Dindan an Dec Derves Eus va Suplicatio». Il
insiste qu’il s’est adressé précédemment à eux en français et en breton.
216
N°17, AD29 159L 2_3
N°32, AD29 14L 1_1
218
Le mot écu en breton traduit pas Rolland en scoët, s’écrit en breton standard skouëd ou skoed
217
132
�Dans son discours il se lance dans une diatribe pour montrer les avantages de connaître le
français « Sans le français vous avez été mille fois vendus devant vos propres yeux & vous
n’en Saviez Rien par des gens bien moins instruits que vous. Si ce n’est qu’ils parlaient
français, ». Ce qu’il traduit en breton : « Mil gueich och bet guerzet Diras o taoulagat a ne
ouiach Dare gant tud nebeutoch Desqet evidoch, nemet ma parlant gallec ». C’est une
expression courante jusqu’au XXe siècle « ne vije ket gwerzet » [je ne serais pas vendu],
utilisée par des personnes qui ne parlent pas ou comprennent peu le français, mais
suffisamement pour ne pas être vendu.
Le citoyen Rolland est un républicain convaincu. Dans son discours il clame sa foi
républicaine et la nécessité d’un langage commun : « La France régénérée composée
d’un peuple libre & souverain ne doit plus parler que la même langue c’est le vrai c’est
peut-être le seul moyen de faire régner l’Union & la bonne foi ». Dans sa version en
breton il déclare : « Evit guir ar Franç ganet a neves, composet a eur Bobl Libr, a
Souveren, ne dle mui parlant nemet eur memes langaich, ouman eo ar voyen veritabl da
lacat ren en union ac ar feiz vad ». Pour traduire l’expression France régénérée en
breton, il la traduit par ganet a neves [né de nouveau].
Il expose les avantages de la Révolution : « il fallait une Révolution comme Celle-ci
pour vous tirer d’un dédale de Loix très Souvent inconnue De ceux même qui Les
faisaient ». Et en breton : « Ret e vige Eur Revolution Evel oumañ Evit o tenna Eus a
eur Reustladen a Lezennou pere alies bras ne vezent qet anavezet gant ar re memes
pere o grea ». Par ailleurs il argumente sur les avantages de connaître le français et,
prend comme exemple les procès et autres chicaneries judiciaires dont sont victimes les
populations paysannes, un reflet des soucis fréquents auxquels sont confrontés les
habitants des campagnes.
Il répond à une propagande contre-révolutionnaire qui fait obstruction aux initiatives des
républicains locaux. Il s’insurge des contres vérités des aristocrates: Les écoles Seront plus
Les mèmes parceque L’on va Enseigner La Doctrine de L’enfer parceque Les Enfants
aussitot instruits aussitôt partis pour Les armées, voila Le Langage ou plutot Le Délire
Des Aristocrates à L’agonie. Qu’il traduit par : Evit Desqi o bugale pas unan Eus ar Remañ ne De Deuet Denem insciva perac? ablamour ma Eo a Lesen er goulen : ablamour ar
Scoliou ne vezint mui er memes, ablamour Emeur o vont Da zesqi Doctrin an ifern;
133
�ablamour ar vugale qerqent a ma vezint desquet a Ranco o partia evit an Armeou chetu
ase al Langaïch, pe qentoch an alter Eus an Aristocratet En o angoni.
Le citoyen Rolland fait état de rumeurs, de propagande contre-révolutionnaires qui contrecarrent son action d’enseignant républicain. Il se veut le porte drapeau de la Révolution
dans un pays du nord Léon, qui est peu réceptif aux idées révolutionnaires, un pays sans
cesse parcouru par des prêtres réfractaires. Comme le prêtre Yves-Marie Brannelec219 de
Guisseny, qui fut condamné à mort par le tribunal de Brest le 28 germinal An II
(17/04/1794) et Anna Roussel condamnée à la déporation pour l’avoir hébergé.
Rolland s’exclame dans son adresse : « he Bon Dieu ! n’a-t-on pas fait courir parmi vous
un bruit presqu’aussi extravagant Lorsqu’il Ya eu question de S’inscrire pour Les parens
Des Défenseurs de La patrie qui ont droit aux Secours accordés par La Bienfaisance
nationale ? L’on a osé dire que ceux qui profitaient De ces Secours ne verrait plus Leurs
Enfants, que c’était Les vendre, à jamais D’autres avaient Dit que c’était pour Engueuser
Le peuple que L’on promettait ces Secours qui ne Serait jamais arrivé. ». Sa traduction en
breton devient : « Va Doue ! a ne deus qet bet Laqeat Da Redet En o toues Eur brud
qasimant qen disqiantet, peus bet qestion denem anroli evit qerent Difenerien ar vro Pere
o deux guir er Sicouriou accordet gant ar mad oberou national an Effronteria So bet da
Lavaret penaus Ar re a brofit-ge Eus ar Sicouriou-mañ ne velgent mui o bugale-mañ Drase a yoa guerzo evit biqen Re all o Deus lavaret penaus oa evit truradi ar bobl zo e
promettet ar Sicouriou-mañ pere ne arreajent biqen »
Le cas du citoyen Rolland qui n’arrive pas à promouvoir l’enseignement public dans son
village du nord Léon à Guissény, est un témoignage de la désaffection des populations
pour une nouvelle éducation, devant laquelle elles se montrent sceptiques.
2) L’échec de l’instruction publique
Précédemment nous avons vu que l’administration du département du Finistère faisait
appliquer et traduire les décrets et les circulaires concernant l’organisation d’une
instruction publique. La Circulaire du Comité de Salut Public, du 25 prairial, an second
(13/07/1794) de la République une et indivisible, rappelle « l’importance d’une loi pour
l’enseignement de la langue française aux citoyens des divers départements ou l’on parle
219
AD29 159L 1_1
134
�des idiomes différents ». Ce même courrier cite le décret du 8 pluviôse an II (27/01/1794)
qui ordonne le prompt établissement d’un instituteur de langue française, dans chaque
commune de campagne des départements où les habitants sont dans l’habitude de
s’exprimer dans une langue étrangère. Malgré toutes ces dispositions la mise en place
d’une instruction publique fut vouée à l’échec. Les causes de cet échec sont multiples.
La première raison la plus importante est le résultat d’une politique incohérente, du fait de
l’instabilité politique des gouvernements révolutionnaires qui légifèrent dans un désordre
absolu et multiplient les décrets, les lois, successifs, inapplicables dans une situation de
mutation politique et économique. Le pays dans son ensemble est dans une situation
d’insécurité, que ce soit aux frontières ou à l’intérieur de ses frontières. L’insécurité dans
les campagnes est grande en Bretagne : la virée de Galerne qui d’octobre à décembre
1793, touche la partie orientale de la Bretagne, le complot de La Rouerie220, ainsi que des
actes de brigandage, le début de la chouannerie, surtout dans le Morbihan. Les assemblées
révolutionnaires sont le lieu de luttes internes violentes, d’intrigues, d’influences au gré
des évènements. Les mêmes personnes prennent des positions différentes selon leur propre
intérêt, selon leur ambition politique, comme Barère ou Fouché. Un climat de peur
s’instaure entre les membres de différents courants représentés à la Convention
montagnarde.
Les décrets et les lois sont parfois contradictoires, on passe de la traduction à l’instruction
sans transitions et, sont inapplicables en regard de leur exigence comme la mise en place
d’instituteurs dans un délai de 10 jours après la publication du décret.
Des orientations difficiles à suivre, il n’y pas de constance dans l’action, comme
l’utilisation de la langue bretonne comme langue auxiliaire, recommandée, puis proscrite
et, de nouveau recommandée par le 27 brumaire An II (17/11/1794).
Les financements d’un projet d’une telle ampleur n’étaient pas à la hauteur face à un
programme aussi vaste. De nombreux courriers221 d’enseignants réclamant leur traitement
attestent les difficultés financières auxquelles étaient confrontées les trésoreries des
districts, cela devient un motif principal de démission des instituteurs.
220
LENOTRE, G. ,Le marquis de la Rouerie et la conjuration bretonne (1790-1793), Paris, librairie académique Perrin
et Cie, 1905
221
AD56, série L816, Une demande de salaire par les instituteurs de Ploërmel
135
�Le manque de locaux est un autre point noir. Les districts avaient conseillé d’utiliser les
bâtiments, saisis comme bien public (écoles religieuses, couvents, presbytères,
séminaires), alors qu’ils avaient été vendus précédemment comme biens nationaux. Les
descriptions des locaux utilisés pour faire école par les instituteurs sont accablantes. A
Audierne, Michel Kerloch écrit à la municipalité pour se plaindre du peu de moyens mis à
sa disposition : « le local où se tient l’école est un vrai grenier, sans fenêtres, sans tables,
sans bancs, et cependant il y a jusqu’à 133 élèves, qu’il est obligé de faire rester debout.
De plus il n’avait pas de logement 222».
La qualité des enseignants était très diverse, le recrutement du corps des enseignants était
hétéroclite. Les enseignants de l’Ancien Régime avaient été exclus depuis le décret du 7
brumaire An II (27/11/1793) qui avait écarté les ecclésiastiques des fonctions instituteurs.
Ce sont les anciens religieux des congrégations, comme les ursulines et les oratoriens. De
ce fait les personnes les plus aptes à assurer un enseignement étaient bannies. Nous avons
une dénonciation d’anciennes religieuses des ursulines qui continuaient à enseigner à
Vannes223, malgré l’interdiction qui leur était faite. Les autorités révolutionnaires
craignaient que ces personnes professent des principes contraires à la Révolution. Le
recrutement se faisait d’abord sur le critère de patriotisme républicain des candidats. Les
candidats déclaraient leur foi républicaine, comme les trois candidatures incluses dans
notre corpus, de Jean-Gabriel Lorgant , Jean Nédélec, Jean-René Péton.
La qualité du recrutement des enseignants n’est pas homogène. Nous avons des anciens
hommes de lois, notaires, greffiers, avocats, et aussi des personnes dont leur niveau
culturel n’était guère élevé. Pour Louis Le Corre ancien huissier, maire de Pont-Croix, le
district observe « que Louis Le Corre est âgé de plus de 60 ans, qu’il est sujet à de
fréquents cas d’épilepsie, qu’il est trop peu instruit, quoique dans les bons principes de la
Révolution ».
Les difficultés de recrutement de personnes aptes à pouvoir un poste d’enseignant ne sont
pas rencontrées uniquement en Bretagne. Pour les Basses-Pyrénées, le Comité de
Mauléon224 souhaitait qu’au lieu d’utiliser le basque, il soit enseigné le français à ceux qui
ne le parlaient pas ( CR du 29 messidor An II ( 27/06/1794) : « Un député de la Société de
222
BERNARD, Daniel, « L’enseignement primaire dans le district de Pont-Croix (Finistère) en l’an IIet l’an III »,
Annales de Bretagne, 1936, p. 168-202
223
AD 56 série L
224
GOYHENETCHE, Manex, Histoire générale du Pays Basque La Révolution de 1789, Tome IV, Baiona,
Elkarlannean, 2002
136
�Mauléon demande la parole et dit que la société de Mauléon voulant propager les
principes républicains en faisant apprendre la langue française aux Basques, elle avait
délibéré de choisir des instituteurs pour cet objet, mais que n’en pouvant pas trouver
suffisamment, elle invitait la société de Bayonne à s’occuper de cet objet ». De même en
Alsace225, les administrateurs du Haut-Rhin, le 12 ventôse An II (03/03/1794) écrivent : «
Les 10/12e du département ne parlent que l’idiome étranger. Or, aux termes de l’art IV,
les instituteurs français doivent connaître les deux langues. Il sera impossible de trouver
des personnes dans ce cas pour chaque commune. Les personnes instruites et
recommandables par leur civisme sont déjà occupées dans les différents services tant que
militaires que civils ; on ne peut admettre aux fonctions d’enseignement les ministres du
culte et encore moins les adversaires du régime ». Le manque de personnel capable
d’assurer un enseignement avait été signalé dès la réception du décret du 8 pluviôse An II
(27/01/1794). Le département des Pyrénées orientales s’adressait au Comité de Salut
public le 5 germinal An II (25/03/1794) en ces termes : «l’établissement des instituteurs de
langue française dans nos campagnes est le seul véritable moyen de révolutionner tous les
esprits…. Mais, citoyens représentants, l’effet d’un si salutaire décret sera nul par
manque d’instituteurs ». De toutes part il est fait mention d’un manque de personnes
suceptibles de pourvoir les postes d‘enseignement surtout dans les régions où il est parlé
d’autres langues que le français. Les conditions requises d’être à la fois capable
d’effectuer un enseignement en langue française, et dans un idiome local, complexifient le
recrutement, dans des régions où l’enseignement du français est une priorité des autorités
révolutionnaires.
Les candidats volontaires pour assurer un poste d’enseignement furent une majorité de
lettrés qui avaient perdu leur charge, comme les notaires, huissiers, avocats.
Daniel Bernard226cite plusieurs anciens notaires ou hommes de loi qui prirent des postes
d’instituteurs dans le district de Pont-Croix : Augustin-Charles Piriou à Guilers, JeanBaptiste Trévidic, à Meilars, Pierre-Marie Ollivier à Ploneïs, Jacques-Félix CallochKerilis, Jacques Le Boulch à Pont-Croix, Jean Lannou à Audierne. Les charges de notaire
de l’ancien régime avaient été supprimées. Ces personnes quittèrent leur fonction
d’instituteur dès que les charges de notaires furent rétablies. Jean-Marie Violat, ancien
commis aux greffes du marquisat de Pont-Croix, devint instituteur à Primelin.
225
BRUNOT, Ferdinand , Histoire de la Langue Française des origines à nos jours, Tome IX, La Révolution et
l’Empire, Paris, Colin, Rééd. 1967
226
BERNARD, Daniel, « L’enseignement primaire dans le district de Pont-Croix (Finistère) en l’an IIet l’an III »,
Annales de Bretagne, 1936, p. 168-202
137
�Ce personnel qui avait profité d’une opportunité pour assurer sa subsistance, leur charge
étant abolie, n’avait aucun encadrement hériarchique, seulement sous le contrôle des
municipalités, un contrôle qui pouvait aller à l’encontre du but recherché. Ainsi la
municipalité de Peumeurit demande, le 7 thermidor An II (28/07/1794), à l’instituteur
Cosquéric, de dispenser les écoliers « pendant les travaux de la récolte, étant
indispensables à leurs parents, surtout pour garder les bestiaux » . Leur activité comme
enseignant est parfois de courte durée : Jean Lannou, ancien notaire, instituteur à
Audierne, exerce du 1er messidor An II (19/06/1794) au 24 nivôse An II (13/01/1795), soit
un peu plus de six mois.
D’autres, bien que recrutés, avaient des niveaux d’instruction très faibles comme MarieAnne Pennamen, veuve Keruzorel227, institutrice à Beuzec, et Marie-Jeanne Kersauson. La
première écrivit au district pour se plaindre de son salaire trop faible à son avis : « Si l’on
veut maintenir ces écoles il faut augmenter notre traitement qui n’est plus suffisant pour
vivre ». Son écriture est phonétique, et contient de nombreux bretonnismes. Dans cette
lettre elle écrivait : « je ne puis gerre vous donner de lanseignement concernant les écoles
dont je suis cargée228, je nais que six éleuve qui apprenant à lire et qui viennent deux fois
par jour à l’école.. je vous dirai seulement qu’il se présente beaucoup de difficulté dont on
apprand dans la manière d’apprendre à lire aux enfans surtout lorsqu’ils sont en grand
nombre, c’est qu’on est obligé de leur faire école à l’un parès l’autre ». Manifestement
cette personne n’avait pas une bonne maîtrise de la langue française et encore moins de
son écriture.
Marie Jeanne Kersauzon, veuve Guillier institutrice à Cléder, dans une lettre datée du 29
prairail An II (17/06/1795), écrit au district : « je vous en vois une liste des anfan qui me
vienne reguillairement tous les jours, elle sont longue à prandr,e jannè quis ont été 3 moy
à aprandre à conaitre leur laitre. Jay eus un plus grand nombre danfan pandan le tan du
catéschisme, mais elle ne viene plus étant a preusan ocupé a serclé les blé et panné et ne
pouron reuvenir qua prais la reucolte ». Nos deux institutrices finistériennes ne sont pas
plus avancées l’une que l’autre dans la maîtrise de la langue française écrite.
227
BERNARD, Daniel, « L’enseignement primaire dans le district de Pont-Croix (Finistère) en l’an IIet l’an III »,
Annales de Bretagne, 1936, p. 168-202
228
Cargée, pour karg, qui signifie plus pour un fardeau, ici un bretonisme du mot charge : responsabilité
138
�Conclusion
L’objectif de l’enseignement entrait dans une démarche politique et non pédagogique.
Ogès 229, dans son article intitulé « L’instruction publique dans le Finistère pendant la
Révolution », constate que : « Pour le Comité de salut public la question était envisagée
du côté politique et non du point de vue pédagogique ». Le recrutement était fait en
priorité sur des critères de motivations républicaines, un exemple à Pont-Croix230, une
lettre de candidature, avec beaucoup de fautes de français, mais il est malgré cela recruté.
Les populations n’avaient pas confiance dans ces nouvelles écoles, et jugeaient les
enseignants incompétents. L’adresse de l’instituteur Roland231 aux habitants de Guissény
est un exemple de cette désaffection de la population pour envoyer les enfants à l’école.
Les paysans, les pêcheurs redoutaient que l’on retire des bras pour travailler, garder le
bétail ou, comme mousse des bâteaux de pêche. Cette défiance vis-à-vis des écoles était
amplifiée par la propagande contre révolutionnaire, l’on y allait enseigner « la doctrine de
l’enfer ». Et que si les enfants étaient instruits ils seraient requis aux armées. L’instituteur
Augustin Charles Piriou, à Guilers, ancien notaire, écrit au directoire du Finistère le le 11
brumaire An II (1/11/1794), qu’il n‘a pu ouvrir son école faute d’éléve. Jean Le Blouch à
Plouhinec, déclare « qu’il n’a qu’un seul éléve et qu’il ne l’a pas revu depuis quinze
jours ».
L’esprit des populations dans les campagnes n’est pas ouvert à une éducation aux enfants.
Les paysans ne comprennent l’absence des enfants que comme des bras qu’on leur retire.
Les documents que nous avons recensés dans notre corpus illustre donc la tentative d’une
organisation de l’instruction publique en Basse-Bretagne, une province qui, vue des
Conventionnels, était à franciser en priorité comme les autres provinces où il était parlé
une autre langue que le français. Nous avons pu observer des décisions certes généreuses
de mettre l’éducation à la portée de tous, mais non dénuées d’objectif idéologique.
Des décrets avaient été traduits en breton, pour les rendre plus accessibles à une
population très majoritairement bretonnante. Les candidatures bilingues aux postes
229
OGES, Louis, « L’instruction publique dans le Finistère pendant la Révolution », Bulletin de la Société
Archéologique du Finistère, 1939, p. 67-102, 1940, p.109-138, 1941, p. 68-95, 1942 p. 69-143
230
BERNARD, Daniel, « L’enseignement primaire dans le district de Pont-Croix (Finistère) en l’an IIet l’an III »,
Annales de Bretagne, 1936, p. 168-202
231
N°174, AD29 25L104_1
139
�d’instituteurs, qui par cette démarche prouvaient leur connaissance de langue bretonne, en
même temps qu’ils exprimaient leur patriotisme républicain.
Toutes ces démarches témoignent qu’une partie éclairée de la population s’était montrée
enthousiaste à l’idée d’une instruction publique ouverte à tous. Malgré la bonne volonté de
quelques-uns, les résultats ne furent pas au rendez-vous. Les tentatives faites par la
Convention pour organiser l’enseignement primaire et propager l’instruction publique
avaient presque complètement échoué en Basse-Bretagne comme ailleurs. Les instituteurs
et les administrateurs ont fait connaître les causes. Si la Convention n’a pas obtenu les
résultats de ses décisions en matière d’éducation nationale, c’est qu’on oublie les
circonstances, le renouvellement simultané de toutes les institutions, la guerre aux
frontières et, à l’intérieur, le déchaînement des passions, la nécessité presque quotidienne
de sauver la Patrie et la Révolution. Les moyens financiers et en personnel n’étaient pas à
la hauteur de l’ambition affichée. Une défiance de population vis-à-vis des écoles attisée
par la propagande contre-révolutionnaire se rajoutait aux raisons de l’échec de
l’organisation de l’instruction publique.
140
�« Les écrits révolutionnaires et contre révolutionnaires rédigés en breton,
(1789-1799)»
Conclusion
La recherche à partir d’un recensement, non exhaustif, des écrits révolutionnaires et contrerévolutionnaires rédigés en breton nous a permis d’aborder un champ d’étude peu étudié. Ce
champ d’étude va bien au-delà de la seule région de Basse-Bretagne.
L’étude de la situation linguistique de la France à la fin du XVIIIe siècle permet l’ouverture
d’un champ de recherche interdisciplinaire. L’historien perçoit au travers des différentes
politiques de traduction et d’organisation d’une instruction publique, les aléas des incertitudes
à l’intérieur des assemblées révolutionnaires, des influences des courants internes à ces
assemblées, des luttes d’influence au gré des évènements intérieurs ou extérieurs au territoire
national. Les lexicologues s’intéressent à cette période pour comprendre comment un afflux
de mots, de concepts nouveaux, devaient être intégrés dans l’usage quotidien.
Pour être accessible à un public plus vaste, dans des aires linguistiques où le français n’était
pas
connu, que ce soient des langues régionales, ou des patois, les directives des
révolutionnaires devaient être traduites dans les langues régionales. Le discours
révolutionnaire pour être rendu plus accessible, la traduction prenait des formes orales, les lois
et décrets devant être lus en public, un public bien souvent analphabète. L’historien des
mentalités constate la méfiance des populations vis-à-vis de nouvelles institutions, comme la
création des écoles publiques, indépendantes de toutes influences religieuses.
Depuis la seconde moitié du XIXe et du début du XXe siècle des érudits avaient constitué
partiellement un inventaire de documents dans les fonds d’archives, ainsi que les collectes de
chansons qui avaient un rapport avec la Révolution française.
Le bicentenaire de la Révolution fut l’occasion d’une nouvelle production d’ouvrages et de
rencontre au niveau national. Nous avons eu des manifestations en France, à Montpellier
232
(1984-1985)
233
, en Bretagne à Saint-Brieuc234 (1990), au Pays basque à Bayonne (1989).
Nous n’avons pas eu, ou peu, de manifestations, à notre connaissance, en Flandres, Alsace,
232
La question linguistique au sud au moment de la révolution française, Colloque des 8, 9,10 novembre 1984
1789 et les Basques, actes du colloque international de Bayonne, 1989
234
DROGUET, Alain, Les bleus de la Révolution à nos jours. Colloques 3-5 octobre, 1990 à Saint-Brieuc, Ploufragan,
la fédération des Côtes-du-Nord 1789, p. 129-133 Saint-Brieuc, Archives départementales des Côtes d’Armor, 1990
233
141
�Corse, les patois ont été exclus de ce type de manifestations. Doit-on en conclure que dans les
régions où ont été organisés des colloques ces régions ont une affirmation identitaire, plus
expressive que d’autres ? Ce qui n’explique pas pourquoi nous n’avons pas d’information
pour la région de Corse, où la reconnaissance de langue est revendiquée, dans un mouvement
d’expression de forte identification régionale, parfois bruyamment exprimée.
Au début du XXIe siècle, l’ouvrage, Une politique de la langue235, co-rédigé par Michel De
Certeau, Dominique Julia, Jacques Revel, les auteurs partent du problème linguistique, que
pose aux révolutionnaires, la multitude de patois et dialectes locaux. Gwénolé Le Menn et
Michel Biard, en 2002, étudièrent les deux versions en breton de l’almanach du père Gérard.
C’est un exemple type de coopération entre un linguiste et un historien.
L’enquête de l’Abbé Grégoire236, ainsi que son « Rapport sur la nécessité et les moyens
d’anéantir les patois et d’universalisé l’usage de la langue française », reste pour toutes les
études sociolinguistiques ou de l’histoire de la langue française, lors de la Révolution
française, le matériel incontournable.
Ce mémoire s’attache à la région de Basse-Bretagne là où la langue bretonne était d’usage
quotidien à la fin du XVIIIe siècle, son objectif principal est d’effectuer un recensement des
textes rédigés en breton, qu’ils soient révolutionnaires ou contre révolutionnaires, pendant la
période de 1789 à 1799
Une base de données informatisée nous a offert la possibilité d’effectuer des analyses du
corpus suivant des critères pertinents et, d’en déduire des enseignements significatifs. Cette
base de données est appelée à vivre pour recevoir de nouvelles découvertes, des évolutions
fonctionnelles, et de nouvelles analyses afin de déterminer si les premières analyses se
confirment ou s’infléchissent.
Le corpus contient approximativement autant de documents révolutionnaires que de
documents contre révolutionnaires, le nombre de documents recensés, 203 peut paraître faible
par rapport à une production estimée qui fut prolifique pendant la période concernée.
Les traductions des écrits rédigés en breton se sont étendues sur une période plus longue que la
période révolutionnaire. Le constat que l’on peut en tirer du point de vue historique est que les
235
236
DE CERTEAU, Michel, JULIA, Dominique, REVEL, Jacques, Une politique de la Langue, Paris, Gallimard, 2002
GAZIER, A., Lettres à Grégoire sur les patois de France 1790-1794, Genève, Slatkine Reprints, 1969
142
�traductions en langue bretonne ont commencé dès janvier 1789 et, se sont prolongées au-delà
de l’interdiction, en réalité éphémère, faite par le décret du 2 thermidor An II (20/07/1794).
Nous disposons en effet de documents de la période du consulat et du début du Premier
Empire. Les traductions qui s’étaient faites de manière spontanée localement, furent
recommandées, ordonnées avant d’être proscrites, puis tolérées. Les traductions des
documents officiels ne furent pas suffisantes pour combattre la propagande contrerévolutionnaire qui s’exprimait en breton, utilisant prioritairement la voix orale pour diffuser
son message. La traduction de textes soulevait des difficultés aussi bien lexicales, que de
fidélité à l’esprit des textes officiels rédigés en français. Le décret du 2 thermidor An II, fut le
paroxysme de la « Terreur linguistique ». Quoi qu’il en soit, ces mesures répressives ne furent
jamais efficaces237.
Par plusieurs indices, nous pouvons supposer que la production de documents en breton fut
importante aussi bien par les partisans de la Révolution que les opposants de cette Révolution.
Nous avons des demandes de tirage en nombre de circulaires jusqu’à 3000 exemplaires en
breton, et des saisies de tracts. Mais cela reste un volume difficile à cerner par rapport aux
documents disponibles actuellement dans les fonds d’archives. L’évaluation de la production
de documents révolutionnaires ou contre-révolutionnaires est le plus souvent sous estimée
dans les autres régions françaises, excepté en Alsace, où les documents rédigés en langue
allemande étaient habituels.
Les traductions des textes révolutionnaires dans les langues régionales, n’eurent pas le succès
attendu par les révolutionnaires. Les acteurs de la Révolution avaient une connaissance très
approximative de la situation linguistique réelle de la France à la fin du XVIIIe siècle. Il y eut
un ensemble de circonstances défavorables au développement d’une politique de traduction,
du fait d’une instabilité politique, des décisions contradictoires et incohérentes, une politique
qui n’était pas basée sur une conception politique de la langue mais sur une idéologie d’une
langue universelle pour une France une et indivisible. Les traductions étaient faites dans un
but d’une lecture publique. L’expression orale était privilégiée d’où un décalage entre l’oral et
l’écrit, du fait de la différence du mode de lecture. On pensait lecture silencieuse, alors qu’il
fallait penser lecture publique. Contrairement à la Bretagne, certaines régions n’avaient pas de
traditions écrites pour les textes religieux ou populaires. Face à une contre-révolution plus
proche des populations qui utilisent les langues régionales, ainsi, que les patois, les langues du
peuple. Ces différentes raisons conduisirent la politique de traduction à l’échec.
237
Université de Laval au Québec, Canada
http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/francophonie/HIST_FR_s8_Revolution1789.htm#4_Linstruction_publique_
143
�Les différentes politiques des conventionnels, selon les voeux de l’Abbé Grégoire,
« d’anéantir les patois », « d’universaliser la langue française » n’atteignirent pas les buts
recherchés. La «Terreur linguistique» ne réussit pas à détruire la «tour de Babel dialectale».
Quoi qu’il en soit, ces mesures répressives ne furent jamais efficaces. Outre les résistances la
sécularisation des lieux ecclésiastiques entraîna la disparition de la plupart des écoles, alors
que l'État n'avait pas les moyens de les remplacer. L'enseignement du français demeura une
ambition que les petites écoles de village ne purent se permettre de satisfaire, faute de moyens
financiers et faute d'instituteurs.
Les révolutionnaires avaient l’ambition d’une politique qui se donnait comme objectif de faire
changer la langue de plusieurs millions de personnes ne pouvait espérer aboutir à un résultat
satisfaisant en quelques années avec des moyens en personnels et financiers aussi faible au
regard de l’objectif à atteindre. Il faudra attendre le XIXe siècle et des décennies d’instruction
publique obligatoire pour mettre en œuvre les politiques linguistiques proposées par l’Abbé
Grégoire.
Les recherches du XIXe et du début du XXe siècle, s’attelaient surtout à effectuer un
recensement des textes rédigés en breton. Cependant ils n’effectuaient pas toujours de
commentaires sur les textes recensés ou collectés, c’est le cas de l’Abbé Durand et d’Henri
Pérennès. Peu de chercheurs effectuèrent des comparaisons linguistiques comme le fit Daniel
Bernard mais pas systématiquement. L’exemple de Gwenolé Le Menn dans son étude de
l’Almanach du père Gérard est à retenir pour ce type d’étude. Dans le mémoire nous avons
comparé pour quelques-uns des documents les textes lorsque nous avions les versions
française et bretonne. Il serait intéressant de développer une analyse approfondie des
documents dont nous disposons des deux versions.
Ce mémoire nous permet d’envisager des approfondissements de ce champ d’étude, qui
implique des travaux d’historiens, de linguistes. Ce domaine des sciences sociales mérite plus
d’attention. Nous constatons de nombreuses lacunes : un inventaire des documents reste à être
complété par des recherches plus étendues dans des fonds d’archives municipales, des villes
de Basse Bretagne, des fonds nationaux, archives nationales et la BNF. Le manque
d’information sur la situation linguistique pendant la Révolution des régions où nous avons
peu d’indices, Alsace, Flandres, Corse devra être comblé et une comparaison des situations
linguistiques de ces régions entre elles s’imposera.
144
�Les écrits révolutionnaires et contre révolutionnaires rédigés en breton
(1789-1799)
Bibliographie
ARCOCHA, Aurélie, 1789 et les Basques, Bordeaux, PUB, 1991
BAILLOUD, Gérard, L’imprimerie Lédan à Morlaix (1805-1880), Spézet, Skol, 1999
BALCOU, Jean, LE GALLO, Yves Histoire littéraire et culturelle de la Bretagne,
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Gériadur ar Skrivagnerien .. rédigé uniquement en breton
Le dictionnaire de Roparz Hemon est avec seulement les entrées en breton
150
�DE WARESQUIEL, Emmanuel, Talleyrand : Le Prince immobile, Paris, Fayard,
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Revues
Ar Falz N° 69, 1er trimestre 1990
Ar Falz N°65-66 Juillet 1989
Annales de Bretagne, 1913 p. 605-613
Annales de Bretagne / 41, 2, 1934, p. 478-541
Annales de Bretagne / 42, 1, 1935, p. 66-145
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Sites internet
Annales historiques de la Révolution française www.ahrf.revues.org/2229
Annales de Bretagne et des Pays de l’ouest http://abpo.revues.org/
Office de langue bretonne http://www.ofis-bzh.org
DASTUM, http://www.dastum.net/
Ar bed keltiek: http://www.arbedkeltiek.com/galleg/livres/etatface.htm
Persee: http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots
Université Laval au Québec, Canada :
http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/francophonie/barere-rapport.htm
http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/francophonie/HIST_FR_s8_Revolution1789.htm
.
Les exemples matériels :
Un décret du 14 frimaire an II (4 décembre 1794), visible au musée de Bretagne, les
Champs Libres à Rennes, rédigé en français et en breton
« Sur le mode de gouvernement provisoire et révolutionnaire »
« Var ar ch’is eus ar gouarnaman provisouer ha Révolutionner »
Pour cette étude nous avons consulté 62 documents originaux rédigés en breton dans les
fonds d’archives, des départements d’Ille-et-Vilaine, des Côtes-d’Armor, du Finistère,
du Morbihan et de la bibliothèque municipale de Rennes, ainsi que le musée de
Bretagne, aux Champs Libres à Rennes. Ces documents sont répertoriés dans la base de
données avec leur lieu de dépôt et leur cote d’archivage précisée. Les références des
151
�documents récoltés dans les fonds d’archives visités et enregistrés dans la base de
données sont consultables sur les états imprimés de cette base de données.
Archives :
Séries d’époque révolutionnaire (1790-1800), archives d’le-et-Vilaine
-
série L, documents produits pour l’ensemble des administrations et tribunaux
d’époque révolutionnaire
-
K lois ordonnances, arrêtés (Bulletin des lois, Moniteur universel)
-
1Q, biens nationaux
Archives départementales du Finistère, des Côtes d’Armor, du Morbihan
-
bibliothèque municipale de Morlaix (fond Lédan)
-
CG22, Centre de Généalogie des Côtes d’Armor. Archives municipales de SaintBrieuc
Les fonds des bibliothèques :
- Bibliothèque municipale de Rennes, les Champs Libres à Rennes
- Kernuz, fond Paul du Chatellier, Archives départementales du Finistère
Autres sources :
-
Office de langue bretonne, 10 rue Nantaise 35000 RENNES 02 23 44 04 30
http://www.ofis-bzh.org
-
DASTUM, 16 Rue de la santé 35000 RENNES 02 99 30 91 00
http://www.dastum.net/
152
�« Les écrits révolutionnaires et contre révolutionnaires rédigés en breton,
(1789-1799)
Table des matières
Abréviations
2
Introduction
4
I) La Révolution française et les langues régionales : une relation délicate
4
II) La Révolution français et la langue bretonne
5
Chapitre 1
Les recherches précédentes, l’historiographie du sujet et des sources
La Révolution française et les langues régionales:
La situation linguistique de la France en Révolution
A) l’Etat et les langues régionales: Les provinces autres que la Bretagne
9
11
1) L’occitan, les langues occitanes
12
2) Le pays Basque et la langue basque
15
3) L’Alsace et l’alsacien
18
4) Les Flandres et la langue flamande
20
5) La Corse, et la langue corse
21
B) La Bretagne et la langue bretonne
23
1) La situation linguistique de la Bretagne, à la fin du XVIIIe siècle
23
2) Les recherches sur l’usage de la langue bretonne pendant la Révolution
française, du début du XIXe siècle à nos jours
24
a) Le XIXe siècle, l’ère des collecteurs
24
b) Les sociétés savantes à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle
26
c) Le bicentenaire de la Révolution : un renouveau des études de l’usage du
breton pendant la Révolution
27
e
d) Le début du XXI siècle
29
3) La sociolinguistique de la langue bretonne depuis la Révolution
C)
30
a) Valérie Lachuer L’Etat face à la langue bretonne.
30
b) Fañch Broudic, Evolution de la pratique du breton de l’Ancien
Régime à nos jours
31
Le discours révolutionnaire, la question linguistique
32
1) L’enquête de l’Abbé Grégoire
32
2) La période révolutionnaire vu par les linguistes
34
153
�D)
La question linguistique et l’instruction publique
Conclusion de l’historiographie
35
36
Chapitre 2
Le Corpus :
Analyse des données de la base ACCES « SKRIDOU-BZH-2 »
38
1) Les types de documents : leur nature, leur support, leur forme
39
2) Les dialectes utilisés
45
3) Les inventeurs des documents
46
4) Les lieux de dépôt
49
5) Les années de production des documents
51
Conclusion de l’analyse du corpus, les remarques les lacunes
53
Chapitre 3
Les traductions, les enjeux de la traduction
I) La pratique la nécessité de la traduction, la diffusion du message révolutionnaire
56
II) Les trois temporalités des traductions dans les langues provinciales
58
1) La première période, des traductions spontanées et une position favorable aux
traductions (1789-1792)
58
2) La deuxième période, une opposition radicale : Le retournement de position
vis-à-vis des langues régionales, le passage de la traduction à l’instruction
publique (janvier 1794-juillet 1794)
65
3) Troisième période : une tolérance : Un abandon de la politique de la Terreur
69
4) La chronologie des traductions et de l’organisation de l’instruction publique
70
III) Les difficultés de la traduction en Basse-Bretagne
73
1) Comment traduire, Et par qui traduire ?
73
2) Une difficulté supplémentaire : les quatre dialectes bas-bretons
79
3) Les traducteurs, leurs compétences
84
4) Un vocabulaire nouveau, des concepts nouveaux
86
5) La fidélité des traductions, les détournements du sens dans les traductions
89
Conclusion de la partie : Les traductions : les enjeux de la traduction
154
92
�4e partie :
L’Instruction publique
De l’interdiction des « idiomes et des patois » à l’universalité de la langue française
De la traduction à l’instruction publique. L’instruction publique le moyen d’universaliser
la langue française
95
I) Barére, Grégoire, Talleyrand, Desmoulins, Fouché
98
II)
Les décrets sur l’organisation de l’instruction publique
104
1) Les salaires des enseignants
109
2) Le breton comme langue auxiliaire dans l’apprentissage du français
109
3) Les instituteurs agents de la propagande révolutionnaire
110
4) Un renforcement des exigences en janvier 1794
111
III) les candidatures des instituteurs
113
1) Les candidats, leur lettre de candidature
114
a) Jean Nédélec
115
b) Jean-René Péton
117
c) Jean Gabriel Lorgant
118
2) Leurs motivations
122
a) La volonté des candidats instituteurs d’affirmer son patriotisme
122
b) Ils justifient leur connaissance du français et du breton
123
c) La connaissance des localités où ils postulent
124
IV) Les difficultés et l’échec de l’instruction publique
125
1) L’adresse du citoyen Rolland aux habitants de Guissény
125
2) L’échec de l’instruction publique
134
Conclusion de la partie : instruction publique
139
Conclusion générale du mémoire
141
Bibliographie
145
Table des matières
153
155
�Documents fournis en annexe :
N°1-Instruction pour l’organisation des Etats Généraux, manuscrit et imprimé
N°5-Chetu amaâ lequeet e Brezhonec al liser scrivet
N°23-Le fac-similé de l’affiche du Musée de Bretagne, Les Champs Libres à Rennes N°23
N°25- Au nom de l’Humanité et de l’égalité, Port-Brieuc 14 germinal An II N°25
N°53- Décret du 6 ventôse An II, qui autorise les administrations de District à mettre en
réquisition tous les bois de chêne de l’âge du ans et au-dessous.
N°77-Déclaration de la Noblesse du 18 janvier 1789, manuscrit et imprimé N° 77
N°172 - Décret sur l’organisation de l’instruction publique du 29 frimaire An II (19/12/1793)
Le document en français, et le document en breton
- Chronologie de la Révolution française
- Page d’accueil « Menu général de la Base de données des écrits rédigés en breton
Révolutionnaires et Contre-Révolutionnaires »
- Formulaire de saisie des documents
- Liste des documents recensés dans la base ACCESS, juillet 2012
156
�Les écrits révolutionnaires et contre révolutionnaires rédigés en
langue bretonne (1789-1799)
Documents originaux ou des transcriptions d’originaux colligés par Hervé Le Vot
BLOCH, Alexandre, Défense de Rochefort-en -Terre, 1885, Château de Rochefort-en-Terre.
Pour un contact ou une demande de renseignement : hlevot@wanadoo.fr
1
�Sommaire
1-AD35-C1808-b : Instruction pour les Etats Généraux du roiaume, de 179 (manuscrit en français) ................................. 11
3-BM-Rennes-100189- Déclaration de l’ordre de la Noblesse (transcription en français et en breton) ............................. 12
4-AD29-204J55-1: LISER D’ar Bobl a Vreiz aberz o Deputet d’ar Stadou General ( en breton) ............................................ 14
4-AD29-204J55-2: LISER D’ar Bobl a Vreiz aberz o Deputet d’ar Stadou General ( en breton) ............................................ 15
4-AD29-204J55-3: LISER D’ar Bobl a Vreiz aberz o Deputet d’ar Stadou General ( en breton) ............................................ 16
4-AD29-204J55-4: LISER D’ar Bobl a Vreiz aberz o Deputet d’ar Stadou General ( en breton) ............................................ 17
4-AD29-204J55-5: LISER D’ar Bobl a Vreiz aberz o Deputet d’ar Stadou General ( en breton) ............................................ 18
4-AD29-204J55-6: LISER D’ar Bobl a Vreiz aberz o Deputet d’ar Stadou General ( en breton) ............................................ 19
5-AD22-204J55-a: Chetu amä lequeet e Brezonec al lifer fcivet egallec gant Aotrou Maire ha Prefidant ar Chomité ftabil a
Guemper; er 18 a vis Eoft 1789 ............................................................................................................................................ 20
5-AD22-204J55-b: Lettre du comité permanent de Quimper (la version française du précédent document) .................... 21
9-AD29-18L1-0: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis c'huevrer 1791
Breuder Ha Mignonet ........................................................................................................................................................... 22
9-AD29-18L1-1: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis c'huevrer 1791
Breuder Ha Mignonet ........................................................................................................................................................... 23
9-AD29-18L1-2: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis c'huevrer 1791
Breuder Ha Mignonet ........................................................................................................................................................... 24
9-AD29-18L1-3: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis c'huevrer 1791
Breuder Ha Mignonet ........................................................................................................................................................... 25
9-AD29-18L1-4: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis c'huevrer 1791
Breuder Ha Mignonet ........................................................................................................................................................... 26
9-AD29-18L1-5: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis c'huevrer 1791
Breuder Ha Mignonet ........................................................................................................................................................... 27
9-AD29-18L1-6: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis c'huevrer 1791
Breuder Ha Mignonet ........................................................................................................................................................... 28
9-AD29-18L1-7: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis c'huevrer 1791
Breuder Ha Mignonet ........................................................................................................................................................... 29
9-AD29-18L1-8: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis c'huevrer 1791
Breuder Ha Mignonet ........................................................................................................................................................... 30
9-AD29-18L1-9: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis c'huevrer 1791
Breuder Ha Mignonet ........................................................................................................................................................... 31
9-AD29-18L1-10: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis c'huevrer 1791
Breuder Ha Mignonet ........................................................................................................................................................... 32
9-AD29-18L1-11: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis c'huevrer 1791
Breuder Ha Mignonet ........................................................................................................................................................... 33
9-AD29-18L1-12: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis c'huevrer 1791
Breuder Ha Mignonet ........................................................................................................................................................... 34
2
�11-AD56-2J91-1: EN DIRECTOUER A Zepartemant er Morbihan d'en dut Aziar er Mezeu, Hon BREDER HAC AMIEU ........ 35
11-AD56-2J91-2: EN DIRECTOUER A Zepartemant er Morbihan d'en dut Aziar er Mezeu, Hon BREDER HAC AMIEU ........ 36
11-AD56-2J91-3: EN DIRECTOUER A Zepartemant er Morbihan d'en dut Aziar er Mezeu, Hon BREDER HAC AMIEU ........ 37
11-AD56-2J91-4: EN DIRECTOUER A Zepartemant er Morbihan d'en dut Aziar er Mezeu, Hon BREDER HAC AMIEU ........ 38
11-AD56-2J91-5: EN DIRECTOUER A Zepartemant er Morbihan d'en dut Aziar er Mezeu, Hon BREDER HAC AMIEU ........ 39
11-AD56-2J91-6: EN DIRECTOUER A Zepartemant er Morbihan d'en dut Aziar er Mezeu, Hon BREDER HAC AMIEU ........ 40
11-AD56-2J91-7: EN DIRECTOUER A Zepartemant er Morbihan d'en dut Aziar er Mezeu, Hon BREDER HAC AMIEU ........ 41
13-AD22-1L514-a: Ar général a Brigad DANICAN, d’an habitantet, dimeus distrigou, Rostrenen, Loudeac, ha Guengamp
.............................................................................................................................................................................................. 42
13-AD22-1L514-b: Ar général a Brigad DANICAN, d’an habitantet, dimeus distrigou, Rostrenen, Loudeac, ha Guengamp
.............................................................................................................................................................................................. 43
15-AD29-159L1 : BARNIDIGUEZ RENTET DRE AN TRIBUNAL REVOLUTIONNER, Euz an 28 Jerminal, (miz ar séau) ar bloaz
2. Dre pehiny e discloeryet Yan-Mary Branellec Boelecq rebel, beza er sujet d'an déportation ......................................... 44
17-AD29-159L2-1: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN, HAC AR CITOYAN45
17-AD29-159L2-2: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN, HAC AR CITOYAN46
17-AD29-159L2-3: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN, HAC AR CITOYAN 47
17-AD29-159L2-4: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN, HAC AR CITOYAN 48
17-AD29-159L2-5: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN, HAC AR CITOYAN 49
17-AD29-159L2-6: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN, HAC AR CITOYAN 50
17-AD29-159L2-7: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN, HAC AR CITOYAN 51
17-AD29-159L2-8: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN, HAC AR CITOYAN 52
17-AD29-159L2-9: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN, HAC AR CITOYAN 53
17-AD29-159L2-10: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN, HAC AR CITOYAN
.............................................................................................................................................................................................. 54
17-AD29-159L2-11: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN, HAC AR CITOYAN
.............................................................................................................................................................................................. 55
17-AD29-159L2-12: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN, HAC AR CITOYAN
.............................................................................................................................................................................................. 56
17-AD29-159L2-13: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN, HAC AR CITOYAN
.............................................................................................................................................................................................. 57
17-AD29-159L2-14: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN, HAC AR CITOYAN
.............................................................................................................................................................................................. 58
17-AD29-159L2-15: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN, HAC AR CITOYAN
.............................................................................................................................................................................................. 59
22-AD29-10L212-a : INSTRUCCION var ar c'hounidiguez hac an uzaich eus an avalou douar ............................................. 60
22-AD29-10L212-b : INSTRUCCION var ar c'hounidiguez hac an uzaich eus an avalou douar ............................................. 61
22-AD29-10L212-c : INSTRUCCION var ar c'hounidiguez hac an uzaich eus an avalou douar ............................................. 62
22-AD29-10l212-d : LIBERTE, EGALITE FRATERNITE Instruction à propos de la culture et de l'usage des pommes de terre
.............................................................................................................................................................................................. 63
3
�22-AD29-10L212-e : LIBERTE, EGALITE FRATERNITE Instruction à propos de la culture et de l'usage des pommes de terre
.............................................................................................................................................................................................. 64
22-AD29-10L212-f : LIBERTE, EGALITE FRATERNITE Instruction à propos de la culture et de l'usage des pommes de terre
.............................................................................................................................................................................................. 65
23-BM-RENNES-23-BM-RENNES-99.8663.E.2 : DECRED var ar C'hiz euz ar Gouarnamant provizouerr ha Revolucionner,
An14 euz ar miz hanvet frimaire........................................................................................................................................... 66
25-AD22-1L479: An ano an umanité ac an égalité. Ar Hultivateur a glé anevout évit princip: ............................................ 67
28-AD29-10L212 : DECRET EUS AR GONVANSION NACIONAL E-quenver gounideguenez douarou difeneuryen ar Vam-Bro
Great er Gomission eus an departamant a Finister, e Landerne, an 18 pluviôse, pe miz Glao, an eil bloaz ....................... 68
29-AD22-1L596-a : EXTRET euz ar Rejistr euz an arreteou euz ar c'homite a silvidigez publiq euz ar Gonvancion nacional.
Eus an 20 vendemiaire (mis ar vandaich) ar bloas 3 eus a republiq Franç, unan hac indivisbl ............................................ 69
29-AD22-1L596-b : EXTRET euz ar Rejistr euz an arreteou euz ar c'homite a silvidigez publiq euz ar Gonvancion nacional.
Eus an 20 vendemiaire (mis ar vandaich) ar bloas 3 eus a republiq Franç, unan hac indivisbl ............................................ 70
30-AD22-1L596-1-a: PROCLAMATION HA REQUISITION Euz Ar Represantet Ar Bobl, e quichen costessiou Brest hac an
Oriant , d'an autoriteou constituet ha d'ar citoyant eus an Departamanchou a Finister, Costessiou an Nord, Morbihan, al
Loire Inférieure, hac Ille et Vilaine ........................................................................................................................................ 71
30-AD22-1L596-1-b: PROCLAMATION HA REQUISITION Euz Ar Represantet Ar Bobl, e quichen costessiou Brest hac an
Oriant , d'an autoriteou constituet ha d'ar citoyant eus an Departamanchou a Finister, Costessiou an Nord, Morbihan, al
Loire Inférieure, hac Ille et Vilaine ........................................................................................................................................ 72
30-AD22-1L596-1-c: PROCLAMATION HA REQUISITION Euz Ar Represantet Ar Bobl, e quichen costessiou Brest hac an
Oriant , d'an autoriteou constituet ha d'ar citoyant eus an Departamanchou a Finister, Costessiou an Nord, Morbihan, al
Loire Inférieure, hac Ille et Vilaine ........................................................................................................................................ 73
32-AD29-14L1 : AN ADMINISTRATION eus an Departamant a Finister d'E Concitoyanet ................................................... 74
33-AD29-10L97 : Lesen pehiny a orden da Ziarbern ar vrigandach hac ar Muntrou EN DIABARZ Eus ar 24 a Vessidor
seizvet bloavez eus ar Republiq franç, unan hac indivisibl .................................................................................................. 75
36-AD22-1L495-a: LIBERTE, EGALITE, HUMANITE, Bevan Libr, per vervoel Proclamation, digant a Citoyen BOURSAULT . 77
36-AD22-1L495-b: LIBERTE, EGALITE, HUMANITE, Bevan Libr, per vervoel Proclamation, digant a Citoyen BOURSAULT . 78
36-AD22-1L495-c: LIBERTE, EGALITE, HUMANITE, Bevan Libr, per vervoel Proclamation, digant a Citoyen BOURSAULT .. 79
36-AD22-1L495-d: LIBERTE, EGALITE, HUMANITE, Bevan Libr, per vervoel Proclamation, digant a Citoyen BOURSAULT . 80
36-AD22-1L495-e: LIBERTE, EGALITE, HUMANITE, Bevan Libr, per vervoel Proclamation, digant a Citoyen BOURSAULT . 81
38-AD22-1L733 : REPUBLIQUE A France Armé er Huéh Héaul, Ar harter-general ag en Oriant, er seihuet arnugnet ag er
miss, hannuet Germinal, blé 8 .............................................................................................................................................. 82
41-AD56-1L726 : ER GENERAL LEMOINE Commandantt arrondissemantt er Morbihan, D'enn Habitantett hag en
Départemantt mann. ............................................................................................................................................................ 83
42-AD29-10L98-2-a: PROCLAMATIONN Représentandet err Bobl daviet è Arméyeu Cuh-hiaul er Porheu-mor à Vroest,
hac à Cherbourg, hac en Departemanteu tost ..................................................................................................................... 84
42-AD29-10L98-2-b: PROCLAMATIONN Représentandet err Bobl daviet è Arméyeu Cuh-hiaul er Porheu-mor à Vroest,
hac à Cherbourg, hac en Departemanteu tost ..................................................................................................................... 85
42-AD29-10L98-2-c: PROCLAMATIONN Représentandet err Bobl daviet è Arméyeu Cuh-hiaul er Porheu-mor à Vroest,
hac à Cherbourg, hac en Departemanteu tost ..................................................................................................................... 86
43-AD22-1L143-a Disclaercion err rè-à gomand en Armée Catholic ha Royale à Vretagne ................................................ 87
4
�43-AD22-1L143-b: Disclaercion err rè-à gomand en Armée Catholic ha Royale à Vretagne ............................................... 88
43-AD22-1L508-1: Proclamation des chefs de l’Armée Catholique et Royale de Bretagne ................................................. 89
43-AD22-1L508-2: Proclamation des chefs de l’Armée Catholique et Royale de Bretagne ................................................. 90
43-AD22-1L508-3: Proclamation des chefs de l’Armée Catholique et Royale de Bretagne ................................................. 91
43-AD22-1L508-4: Proclamation des chefs de l’Armée Catholique et Royale de Bretagne ................................................. 92
43-AD22-1L508-5: Proclamation des chefs de l’Armée Catholique et Royale de Bretagne ................................................. 93
53-AD29-13L176: Decret 6 ventôse An II, Pehiny a autoris an Admistracionou eus an district da laquat e reqisicion an oll
coagou Dero eus an oad a uguent-vloaz............................................................................................................................... 94
54-AD29-14L55: Libertez, Ingalder, Unvez, Guen Vreuzdeur, Honestis, Justiç, an hano d'ar bobl Franç, Topsent, Brue,
Guezno, ha Guermeur, Represantourien ar Bobl equichen Armeou Costeziou Brest ha Cherbourg, hac en
Departamanchou eus depandandanç ..D'AN DUD A ZIV AR MEAS ...................................................................................... 95
57-AD29-13L215 : EGALITE LIBERTE CARENTES ENTRE BREUDEUR PE AR MARO MA VEVO AR REPUBLICQ, unan ac
indivisbl. Ar verificatour gueneral eus an assignajou de Goncitoyanet................................................................................ 96
70-AD29-100J459-a: Décret du 8 pluviôse an II, N° 2107-qui ordonne l'établissement d'instituteurs de langue française
dans les campagnes de plusieurs départements dont les habitants parlent divers idiomes ............................................... 97
70-AD29-100J459-b: Décret du 8 pluviôse an II, N° 2107-qui ordonne l'établissement d'instituteurs de langue française
dans les campagnes de plusieurs départements dont les habitants parlent diversidiomes ................................................ 98
71-AD22-1L372-a: Decret var ar c'his eus ar gouarnamant provisouer ha revolutionner eus ar 14 ar mis hanvet frimaire,
eil bloas eus ar Republicq ..................................................................................................................................................... 99
71-AD22-1L372-b: Decret var ar c'his eus ar gouarnamant provisouer ha revolutionner eus ar 14 ar mis hanvet frimaire,
eil bloas eus ar Republicq ................................................................................................................................................... 100
71-AD22-1L372-c: Décret sur le mode de gouvernement provisoire er révolutionnaire du 14 frimaire an II de la
République .......................................................................................................................................................................... 101
71-AD22-1L372-d: Décret sur le mode de gouvernement provisoire er révolutionnaire du 14 frimaire an II de la
République .......................................................................................................................................................................... 102
75-AD29-159L2 : DECRED eus 7 brumaire an II. Relatif dan dispignou an anlevant eus a signou ar roueac'h en ilisou ac er
monumenchou all public .................................................................................................................................................... 103
77-AD35-C6203-a: DECLARATION Noblans Breiz, Affemblet dré urs ar Rouè en flado mil feiz cant nao a pevar ugent.
Rennes, le 18 janvier 1789 .................................................................................................................................................. 104
77-AD35-C6203-b: Déclaration de la Noblesse de Bretagne, assemblée par ordre du roi, aux Etats de mille sept cent
quatre vingt neuf, Rennes, le 18 janvier 1789 .................................................................................................................... 105
77-AD35-C6203-c: Déclaration de la Noblesse de Bretagne, assemblée par ordre du roi, aux Etats de mille sept cent
quatre vingt neuf, Rennes, le 18 janvier 1789 (suite)......................................................................................................... 106
164-cahier-iroise : Hymne chanté lors de la plantation de l'arbre de la Liberté à Plougastel-Daoulas ............................. 107
165-AD29-24L87 : INSTRUCCION DAN HABITANTED DIVAR AR MEAZ............................................................................... 109
167-AD29-19J19-a : DISCOUR prononcet gand ar Citoyenn CHAPPUIS, Administratour eus a zepartamant ar Finister, d'ar
decvet a vis messidor, deves gouel al Labour Douar .......................................................................................................... 110
167-AD29-19J19-b : DISCOUR prononcet gand ar Citoyenn CHAPPUIS, Administratour eus a zepartamant ar Finister, d'ar
decvet a vis messidor, deves gouel al Labour Douar .......................................................................................................... 111
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�167-AD29-19J19-c : DISCOUR prononcet gand ar Citoyenn CHAPPUIS, Administratour eus a zepartamant ar Finister, d'ar
decvet a vis messidor, deves gouel al Labour Douar .......................................................................................................... 112
168-AD29-24L127-a : DECRED Eus ar GONVANCION NACIONAL Eus ar 16 deiz a vis vantos, en eil bloas. Pehiny a accord
Sicouryon dar Citoyanet paour incapapl dalabourat, ac a difen ar clasqeres dan nep a zo capapl da labourat................ 113
168-AD29-24L127-b : DECRED Eus ar GONVANCION NACIONAL Eus ar 16 deiz a vis vantos, en eil bloas. Pehiny a accord
Sicouryon dar Citoyanet paour incapapl dalabourat, ac a difen ar clasqeres dan nep a zo capapl da labourat................ 114
169-AD29-10L186 : ADMINISTRATOURIEN departamant Finister D'HO CITOYANNET, Hon Breudeur.............................. 115
171-AD29-10L74_1-a : AVERTISSAMANT D'AR POBL var ar choas zo da ober , e peb Quear hac e peb Parres eus an
Officerein nevez hanvet Officerien Municipal .................................................................................................................... 116
171-AD29-10L74_1-b : AVERTISSAMANT D'AR POBL var ar choas zo da ober , e peb Quear hac e peb Parres eus an
Officerein nevez hanvet Officerien Municipal .................................................................................................................... 117
171-AD29-10L74_1-c : AVERTISSAMANT D'AR POBL var ar choas zo da ober , e peb Quear hac e peb Parres eus an
Officerein nevez hanvet Officerien Municipal .................................................................................................................... 118
171-AD29-10L74_1-d: AVERTISSAMANT D'AR POBL var ar choas zo da ober , e peb Quear hac e peb Parres eus an
Officerein nevez hanvet Officerien Municipal .................................................................................................................... 119
172-AD29-16L1; DECREJOU Eus ar Gonvencion Nacional Var ar Furmidiguez eus scol publiç .......................................... 120
172-AD29-21L117 : Décret de la Convention Nationale sur l'organisation des l'enseignement public ............................. 121
173-AD29-8L105_1-a: Ïan Nédélec Dar Citoïannet eus ar compagnunez mignonet ar Pobl e kear Brest ........................ 122
173-AD29-8L105_1-b: Ïan Nédélec Dar Citoïannet eus ar compagnunez mignonet ar Pobl e kear Brest ........................ 123
173-AD29-8L105_1-c: Ïan Nédélec Dar Citoïannet eus ar compagnunez mignonet ar Pobl e kear Brest ......................... 124
174-AD29-25L104-1-a: Ar Citoyen Rolland instituteur Eus al languaich Galleg de Citoyannet Eus ar gommun a Gwiseni
............................................................................................................................................................................................ 125
174-AD29-25L104-1-b: Ar Citoyen Rolland instituteur Eus al languaich Galleg de Citoyannet Eus ar gommun a Gwiseni
............................................................................................................................................................................................ 126
174-AD29-25L104-1-c: Ar Citoyen Rolland instituteur Eus al languaich Galleg de Citoyannet Eus ar gommun a Gwiseni127
174-AD29-25L104-1-d: Ar Citoyen Rolland instituteur Eus al languaich Galleg de Citoyannet Eus ar gommun a Gwiseni
............................................................................................................................................................................................ 128
175-AD29-159L1 : BARNIDIGUEZ RENTED DRE TRIBUNAL REVOLUTIONNER pehini var discloeration eus jury. Penaus
Anna-Mary-Francesca Coatanscour intanvez Launay hag Suzanna-Augustina Coatanscour intanvez .............................. 129
176-AD29-10L98 : DEPARTAMANT FINISTER Extret eus cahierou ar Départamant Ar C'henta eus mis meurs mil feiz cant
unnec ha pevar uguent ....................................................................................................................................................... 130
177-AD29-159L2 : DECRED Eus An GONVANCION NACIONAL Eus an 5 dervez ar eil mis eus an eil blavez eus Républicq
Franç. Pehni eo comprenet cals a zisposidéguez Var an actjou ac contrajou civil ............................................................. 131
178-AD29-3BK212-a: TESTAMANT LOYS C'HUEZECVET EUS AN HANO Evel ma zeo bet caçet gant ar commun d'ar conseil
executif ............................................................................................................................................................................... 132
178-AD29-3BK212-b: TESTAMANT LOYS C'HUEZECVET EUS AN HANO Evel ma zeo bet caçet gant ar commun d'ar conseil
executif ............................................................................................................................................................................... 133
178-AD29-3BK212-c: TESTAMANT LOYS C'HUEZECVET EUS AN HANO Evel ma zeo bet caçet gant ar commun d'ar conseil
executif ............................................................................................................................................................................... 134
6
�178-AD29-3BK212-d: TESTAMANT LOYS C'HUEZECVET EUS AN HANO Evel ma zeo bet caçet gant ar commun d'ar conseil
executif ............................................................................................................................................................................... 135
179-AD29-18L6-a: Serment du vicaire de Saint-Eloy (6 février 1791) Prestation de serment en breton à la constitution
civile du Clergé par M. Capitaine, vicaire de St Eloy ........................................................................................................... 136
179-AD29-18L6-b: Serment du vicaire de Saint-Eloy (6 février 1791) Prestation de serment en breton à la constitution
civile du Clergé par M. Capitaine, vicaire de St Eloy ........................................................................................................... 137
179-AD29-18L6-c: Serment du vicaire de Saint-Eloy (6 février 1791) Prestation de serment en breton à la constitution
civile du Clergé par M. Capitaine, vicaire de St Eloy ........................................................................................................... 138
179-AD29-18L6-: Serment du vicaire de Saint-Eloy (6 février 1791) Prestation de serment en breton à la constitution
civile du Clergé par M. Capitaine, vicaire de St Eloy ........................................................................................................... 139
180-AD29-10L108-a : Chanson incendiaire contre les ecclésiastiques qui ont pêté serment. Saisie sur une couturière
Marie Coublanc de Kerlosquet en Douarnenez .................................................................................................................. 140
180-AD29-10L108-b : Chanson incendiaire contre les ecclésiastiques qui ont pêté serment. Saisie sur une couturière
Marie Coublanc de Kerlosquet en Douarnenez .................................................................................................................. 141
181-AD29-10L99-a: Maximou ha Reglemiou a gomportamant evit dud catholic eus ar Franç Er circontançou presant .. 142
181-AD29-10L99-b : Maximou ha Reglemiou a gomportamant evit dud catholic eus ar Franç Er circontançou presant . 143
182-AD29-18L26: DECRED Concerni a boan da bronoç enep a guz beleyen.. Sujet da véza deportet .............................. 144
183-AD29-57J46-a : REGRET ur éné Fidel voar malheurioù à franç hag ispiscial War ar c'holl deus a Religion Catholiq .. 145
183-AD29-57J46-b : REGRET ur éné Fidel voar malheurioù à franç hag ispiscial War ar c'holl deus a Religion Catholiq .. 147
184-AD29-10L155 : DISCOUR VAR AR RESOUN Dre Citoyan DEVISMES. Agent dreisordinal eus ar C'homité a Silvidigez
Publiq hac a Gommission ar bevanç en arrondissamant an arme eus gostessiou Brest.................................................... 148
185-AD29-1M128 : AR Citoyen RUDLER Prefet eus a departamant a Finister D'An habitantet eus an Departamant ...... 149
186-AD29-110J106-a: CABITEN AN RECRUTAMANT e Departamant Finister Da Gonscriver ar reserv eus ar bloavez, nao,
dec, unnec, daouzec, ha trizec, Va mignonet.. ................................................................................................................... 150
186-AD29-110J106-b: CABITEN AN RECRUTAMANT e Departamant Finister Da Gonscriver ar reserv eus ar bloavez, nao,
dec, unnec, daouzec, ha trizec, Va mignonet.. ................................................................................................................... 151
186-AD29-110J106-b: CABITEN AN RECRUTAMANT e Departamant Finister Da Gonscriver ar reserv eus ar bloavez, nao,
dec, unnec, daouzec, ha trizec, Va mignonet.. ................................................................................................................... 152
187-AD22-1L417-a : Acte en langue bretonne, concernant l'amnistie générale ............................................................... 154
187-AD22-1L417-b : Acte en langue bretonne, concernant l'amnistie générale ............................................................... 155
188-AD22-1L447-1: An illis Catholic a so ar Société Santel ............................................................................................... 156
188-AD22-1L447-2: An illis Catholic a so ar Société Santel ............................................................................................... 157
188-AD22-1L447-3: An illis Catholic a so ar Société Santel ............................................................................................... 158
188-AD22-1L447-4: An illis Catholic a so ar Société Santel ............................................................................................... 159
188-AD22-1L447-5: An illis Catholic a so ar Société Santel ............................................................................................... 160
188-AD22-1L447-6: An illis Catholic a so ar Société Santel ............................................................................................... 161
188-AD22-1L447-7: An illis Catholic a so ar Société Santel ............................................................................................... 162
188-AD22-1L447-8: An illis Catholic a so ar Société Santel ............................................................................................... 163
188-AD22-1L447-9: An illis Catholic a so ar Société Santel ............................................................................................... 164
7
�189-AD22-1L549-2: Ne gouszet quet mui deinq, mui douz................................................................................................ 165
189-AD22-1L549-2: Ne gouszet quet mui deinq, mui douz................................................................................................ 166
189-AD22-1L549-3: Ne gouszet quet mui deinq, mui douz................................................................................................ 167
189-AD22-1L549-4: Ne gouszet quet mui deinq, mui douz................................................................................................ 168
189-AD22-1L549-5: Ne gouszet quet mui deinq, mui douz................................................................................................ 169
190-BM-RENNES-80265-1: RUDIMANT EUS AR FINISTER, Composet e gallec ha laquaet e brefonec, evit defqui facilamant
hac e nebeut amfer, da barlant, da lenn ha da fcriva correctamant, evel ur Grammairien............................................... 170
190-BM-RENNES-80265-2: RUDIMANT EUS AR FINISTER, Composet e gallec ha laquaet e brefonec, evit defqui facilamant
hac e nebeut amfer, da barlant, da lenn ha da fcriva correctamant, evel ur Grammairien............................................... 172
190-BM-RENNES-80265-3: RUDIMANT EUS AR FINISTER, Composet e gallec ha laquaet e brefonec, evit defqui facilamant
hac e nebeut amfer, da barlant, da lenn ha da fcriva correctamant, evel ur Grammairien............................................... 173
190-BM-RENNES-80265-4: RUDIMANT EUS AR FINISTER, Composet e gallec ha laquaet e brefonec, evit defqui facilamant
hac e nebeut amfer, da barlant, da lenn ha da fcriva correctamant, evel ur Grammairien............................................... 174
190-BM-RENNES-80265-5: RUDIMANT EUS AR FINISTER, Composet e gallec ha laquaet e brefonec, evit defqui facilamant
hac e nebeut amfer, da barlant, da lenn ha da fcriva correctamant, evel ur Grammairien............................................... 174
190-BM-RENNES-80265-6: RUDIMANT EUS AR FINISTER, Composet e gallec ha laquaet e brefonec, evit defqui facilamant
hac e nebeut amfer, da barlant, da lenn ha da fcriva correctamant, evel ur Grammairien............................................... 176
190-BM-RENNES-80265-7: RUDIMANT EUS AR FINISTER, Composet e gallec ha laquaet e brefonec, evit defqui facilamant
hac e nebeut amfer, da barlant, da lenn ha da fcriva correctamant, evel ur Grammairien............................................... 177
192-AD29-8L105- 1: Lettre de candidature à un poste d'instituteur de Jacques Gabriel Lorgant de Lannilis ................... 178
192-AD29-8L105- 2: Lettre de candidature à un poste d'instituteur de Jacques Gabriel Lorgant de Lannilis ................... 179
193-AD56-L815 : DECRETT AG ER CONVENTION NATIONALLE, Ag er 23 nivôfe, enn aill vléatt ag er république à France,
unan ag indivifble, Relatif doh er Labourage enn Douareu Zihunennerion ag er Vro ........................................................ 180
194-AD56-L1072-a: Cantic Spirituel ton allons enfans De la patrie ................................................................................... 181
194-AD56-L1072-b: Cantic Spirituel ton allons enfans De la patrie ................................................................................... 182
194-AD56-L1072-c: Cantic Spirituel ton allons enfans De la patrie .................................................................................... 183
194-AD56-L1072-d: Cantic Spirituel ton allons enfans De la patrie ................................................................................... 184
195-BASF-1940-1 : Candidature de Jean-René Marie Péton pour un poste d'instituteur au Gouesnou ........................... 185
195-BASF-1940-2 : Candidature de Jean-René Marie Péton pour un poste d'instituteur au Gouesnou ........................... 186
195-BASF-1940-3 : Candidature de Jean-René Marie Péton pour un poste d'instituteur au Gouesnou ........................... 187
203-BASF-1939-pp.44-45 : Vive Louis an Trivechet ! Vive ar Roue mad, pehini n'en deus quen désir nemert da renta
deomp an eurusted or boa collet ....................................................................................................................................... 188
223-F-M-LUZEL-AR VOLONTER ........................................................................................................................................... 189
249-AD22-1L547-1 : Fête de la souveraineté du Peuple à Plestin, le 30 Ventôse An VII ................................................... 192
249-AD22-1L547-2 : Fête de la souveraineté du Peuple à Plestin, le 30 Ventôse An VII ................................................... 193
249-AD22-1L547-3 : Fête de la souveraineté du Peuple à Plestin, le 30 Ventôse An VII ................................................... 194
252-BN-D XIV-3-1: Réclamation des pauvres Breton laboureurs en langue bretonne pour être rédigé en français par une
remontrance consernans la supression du domaine congéable et la perception ou continuation des prémesse et retrait
ligager ................................................................................................................................................................................. 195
8
�252-BN-D XIV-3-2: Réclamation des pauvres Breton laboureurs en langue bretonne pour être rédigé en français par une
remontrance consernans la supression du domaine congéable et la perception ou continuation des prémesse et retrait
ligager ................................................................................................................................................................................. 196
252-BN-D XIV-3-3: Réclamation des pauvres Breton laboureurs en langue bretonne pour être rédigé en français par une
remontrance consernans la supression du domaine congéable et la perception ou continuation des prémesse et retrait
ligager ................................................................................................................................................................................. 197
252-BN-D XIV-3-4: Réclamation des pauvres Breton laboureurs en langue bretonne pour être rédigé en français par une
remontrance consernans la supression du domaine congéable et la perception ou continuation des prémesse et retrait
ligager ................................................................................................................................................................................. 198
252-BN-D XIV-3-5: Réclamation des pauvres Breton laboureurs en langue bretonne pour être rédigé en français par une
remontrance consernans la supression du domaine congéable et la perception ou continuation des prémesse et retrait
ligager ................................................................................................................................................................................. 199
252-BN-D XIV-3-6: Réclamation des pauvres Breton laboureurs en langue bretonne pour être rédigé en français par une
remontrance consernans la supression du domaine congéable et la perception ou continuation des prémesse et retrait
ligager ................................................................................................................................................................................. 200
253-BN-Lb 4027 19 : Adresse de la Société des Amis de la Constitution de Guingamp. Aux Habitants et Cultivateurs des
Campagnes.......................................................................................................................................................................... 201
9
�1-AD35-C1808-a : INSTRUCTION Evit Stadou ar rouantelez er bloaz 1789
10
�1-AD35-C1808-b : Instruction pour les Etats Généraux du roiaume, de 179 (manuscrit en français)
11
�3-BM-Rennes-100189- Déclaration de l’ordre de la Noblesse (transcription en français et en breton)
Déclaration de l’ordre de la Noblesse
Rennes le 10 janvier 1789
L’Orde de la Noblesse, après avoir proféré le serment
solennel de ne participer à aucune administration qui seroit
contraire à la Constitution de la Bretagne, croit devoir faire
connaître ses vrais sentiments au peuple qu’on veut tromper.
Les intérêts de cette portion précieuse de la Nation ont toujours été chers à l’ordre de la Noblesse ; s’ils étaient lésés dans
la répartition générale des impôts, ledit ordre déclare qu’il
est dans son cœur de discuter ces intérêts, avec sagesse,
la justice et le désintéressement qui sont la base e des sentiments qui lui sont propre. Si cette discussion n’a pas encore
eu lieu, l’ordre du tiers y a seul mis obstacle.
Le Comte de Boisgelin
Président de la Noblesse
Déclaration a Lez great gant ar Noblançs evit souten ar bopl
An Noblançs eus a vreis, assamblet er stadou, dalhet er
guear a Roasoun, er blaves 1788, goude beza touet var o lez
ne guémergent na plaçs na carg nevez, a guement a vije
countrol d’o Lezennou sacr, douguet en amzer Ducheçs
memeorabl Anna, en em gred obliget, var o enor, a dre o
choustiançs da ziscleria dar bobpl, a glasqueur da zalla, e vir
santimanchou.
Ia, soulagament ar paysantet a so bet a beb amzer, e caloun
an’ Noblançs. Mar dè bet ar paysantet, bété brema re sammet
drè chargou, an Noblançs a toue a fgresi Caloun, é prest
da zelou a da boueza o oll goulennou gant justçs, furnes a
guirionez evit o brassa soulagamant : a ma ne quet bet
selaounet choas o goulennou, eo drè faot ar Bourchissien.
Deux imprimés s.l.n.d. (bibliothèque des Archives du Finistère)
Traduction littérale du breton par Daniel Bernard
Déclaration et serment fait par la noblesse pour soutenir le peuple
La noblesse de Bretagne, assemblée dans les Etats tenus dans la ville de Rennes en l’année 1788, après avoir
juré qu’ils ne prendraient ni place ni charge nouvelle qui serait contraire à leurs lois sacrées portées au temps
de notre duchesse mémorable Anne, se croient obligés sur leur honneur et par leur conscience de dévoiler au
peuple que l’on cherche à aveugler ses vrais sentiments.
Oui, le soulagement des paysans a été de tout temps dans les cœurs de la noblesse. Si les paysans ont été
jusqu’à maintenant trop accablés par les charges, la noblesse jure du fond du coeur qu’elle est prête à écouter et
à peser toutes leurs demandes avec justice, sagesse et vérité pour leur plus grand soulagement, et si leurs
demandes n’ont pas été encore écoutées, c’est par la faute des bourgeois.
12
�3-BM-Rennes-100189- Déclaration de l’ordre de la Noblesse (transcription en français et en breton)
(suite)
Note sur la langue par P. Le Roux
Le breton de ces deux pièces est, d’une façon générale, le breton du Léon, employé comme langue écrite; des
formes comme ur, un, c’hevreurn c’hech’vet sont conformes à l’orthographe ordinaire du XVIIIe siècle : en eus
gleout, reüsset, que l’on trouve dans le dictionnaire du P. Grégoire de Rostrenen, sont plutôt de HauteCornouaille. Quand aux formes voar (à côté de var), da c’hout, na vo, e vo (à côté de e vezo) gret, elles se
trouvent en Tréguier, Cornouaille, et, la première exceptée, en bas Vannetais. Il se peut donc que le traducteur
ait été originaire de l’est de la Cornouaille.
Sources :
2 documents du même thème de déclaration de l'ordre de la Noblesse le 1er du 10 janvier 1789 et le 2nd du 18
janvier 1789 ( voir N° 77) Annales de Bretagne, 1911-1912, pp. 605 à 613. Visible aussi à AD29. Bibliothèque
du Champ Libre à Rennes, 1Mi 292 ou 12143, aussi 48058/19 ou 62307
13
�4-AD29-204J55-1: LISER D’ar Bobl a Vreiz aberz o Deputet d’ar Stadou General ( en breton)
14
�4-AD29-204J55-2: LISER D’ar Bobl a Vreiz aberz o Deputet d’ar Stadou General ( en breton)
15
�4-AD29-204J55-3: LISER D’ar Bobl a Vreiz aberz o Deputet d’ar Stadou General ( en breton)
16
�4-AD29-204J55-4: LISER D’ar Bobl a Vreiz aberz o Deputet d’ar Stadou General ( en breton)
17
�4-AD29-204J55-5: LISER D’ar Bobl a Vreiz aberz o Deputet d’ar Stadou General ( en breton)
18
�4-AD29-204J55-6: LISER D’ar Bobl a Vreiz aberz o Deputet d’ar Stadou General ( en breton)
19
�5-AD22-204J55-a: Chetu amä lequeet e Brezonec al lifer fcivet egallec gant Aotrou Maire ha Prefidant ar
Chomité ftabil a Guemper; er 18 a vis Eoft 1789
20
�5-AD22-204J55-b: Lettre du comité permanent de Quimper (la version française du précédent
document)
21
�9-AD29-18L1-0: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis
c'huevrer 1791 Breuder Ha Mignonet
22
�9-AD29-18L1-1: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis
c'huevrer 1791 Breuder Ha Mignonet
23
�9-AD29-18L1-2: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis
c'huevrer 1791 Breuder Ha Mignonet
24
�9-AD29-18L1-3: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis
c'huevrer 1791 Breuder Ha Mignonet
25
�9-AD29-18L1-4: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis
c'huevrer 1791 Breuder Ha Mignonet
26
�9-AD29-18L1-5: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis
c'huevrer 1791 Breuder Ha Mignonet
27
�9-AD29-18L1-6: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis
c'huevrer 1791 Breuder Ha Mignonet
28
�9-AD29-18L1-7: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis
c'huevrer 1791 Breuder Ha Mignonet
29
�9-AD29-18L1-8: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis
c'huevrer 1791 Breuder Ha Mignonet
30
�9-AD29-18L1-9: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis
c'huevrer 1791 Breuder Ha Mignonet
31
�9-AD29-18L1-10: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis
c'huevrer 1791 Breuder Ha Mignonet
32
�9-AD29-18L1-11: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis
c'huevrer 1791 Breuder Ha Mignonet
33
�9-AD29-18L1-12: Manifest Mignoned Lezenn diazez an dud a Iliz, E Quemper, en ugent a devès a vis
c'huevrer 1791 Breuder Ha Mignonet
34
�11-AD56-2J91-1: EN DIRECTOUER A Zepartemant er Morbihan d'en dut Aziar er Mezeu, Hon BREDER HAC AMIEU
35
�11-AD56-2J91-2: EN DIRECTOUER A Zepartemant er Morbihan d'en dut Aziar er Mezeu, Hon BREDER HAC AMIEU
36
�11-AD56-2J91-3: EN DIRECTOUER A Zepartemant er Morbihan d'en dut Aziar er Mezeu, Hon BREDER HAC AMIEU
37
�11-AD56-2J91-4: EN DIRECTOUER A Zepartemant er Morbihan d'en dut Aziar er Mezeu, Hon BREDER HAC AMIEU
38
�11-AD56-2J91-5: EN DIRECTOUER A Zepartemant er Morbihan d'en dut Aziar er Mezeu, Hon BREDER HAC AMIEU
39
�11-AD56-2J91-6: EN DIRECTOUER A Zepartemant er Morbihan d'en dut Aziar er Mezeu, Hon BREDER HAC AMIEU
40
�11-AD56-2J91-7: EN DIRECTOUER A Zepartemant er Morbihan d'en dut Aziar er Mezeu, Hon BREDER HAC AMIEU
41
�13-AD22-1L514-a: Ar général a Brigad DANICAN, d’an habitantet, dimeus distrigou, Rostrenen, Loudeac,
ha Guengamp
42
�13-AD22-1L514-b: Ar général a Brigad DANICAN, d’an habitantet, dimeus distrigou, Rostrenen, Loudeac,
ha Guengamp
43
�15-AD29-159L1 : BARNIDIGUEZ RENTET DRE AN TRIBUNAL REVOLUTIONNER, Euz an 28 Jerminal,
(miz ar séau) ar bloaz 2. Dre pehiny e discloeryet Yan-Mary Branellec Boelecq rebel, beza er sujet d'an
déportation
44
�17-AD29-159L2-1: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN,
HAC AR CITOYAN
45
�17-AD29-159L2-2: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN,
HAC AR CITOYAN
46
�17-AD29-159L2-3: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN,
HAC AR CITOYAN
47
�17-AD29-159L2-4: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN,
HAC AR CITOYAN
48
�17-AD29-159L2-5: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN,
HAC AR CITOYAN
49
�17-AD29-159L2-6: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN,
HAC AR CITOYAN
50
�17-AD29-159L2-7: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN,
HAC AR CITOYAN
51
�17-AD29-159L2-8: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN,
HAC AR CITOYAN
52
�17-AD29-159L2-9: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN,
HAC AR CITOYAN
53
�17-AD29-159L2-10: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN,
HAC AR CITOYAN
54
�17-AD29-159L2-11: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN,
HAC AR CITOYAN
55
�17-AD29-159L2-12: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN,
HAC AR CITOYAN
56
�17-AD29-159L2-13: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN,
HAC AR CITOYAN
57
�17-AD29-159L2-14: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN,
HAC AR CITOYAN
58
�17-AD29-159L2-15: ACT CONSTITUTIONEL ERAOC PINI EMA AN DECLARATION EUS A VIRIOU AN DEN,
HAC AR CITOYAN
59
�22-AD29-10L212-a : INSTRUCCION var ar c'hounidiguez hac an uzaich eus an avalou douar
60
�22-AD29-10L212-b : INSTRUCCION var ar c'hounidiguez hac an uzaich eus an avalou douar
61
�22-AD29-10L212-c : INSTRUCCION var ar c'hounidiguez hac an uzaich eus an avalou douar
62
�22-AD29-10l212-d : LIBERTE, EGALITE FRATERNITE Instruction à propos de la culture et de l'usage des
pommes de terre
63
�22-AD29-10L212-e : LIBERTE, EGALITE FRATERNITE Instruction à propos de la culture et de l'usage des
pommes de terre
64
�22-AD29-10L212-f : LIBERTE, EGALITE FRATERNITE Instruction à propos de la culture et de l'usage des
pommes de terre
65
�23-BM-RENNES-23-BM-RENNES-99.8663.E.2 : DECRED var ar C'hiz euz ar Gouarnamant provizouerr ha
Revolucionner, An14 euz ar miz hanvet frimaire.
Décret sur le mode de gouvernement Provisoire et Révolutionnaire, du 14 frimaire An II
66
�25-AD22-1L479: An ano an umanité ac an égalité. Ar Hultivateur a glé anevout évit princip:
Au nom de l'humanité et de l'égalité. Tout cultivateur doit reconnaître pour principe:
67
�28-AD29-10L212 : DECRET EUS AR GONVANSION NACIONAL E-quenver gounideguenez douarou
difeneuryen ar Vam-Bro Great er Gomission eus an departamant a Finister, e Landerne, an 18 pluviôse,
pe miz Glao, an eil bloaz
68
�29-AD22-1L596-a : EXTRET euz ar Rejistr euz an arreteou euz ar c'homite a silvidigez publiq euz ar
Gonvancion nacional. Eus an 20 vendemiaire (mis ar vandaich) ar bloas 3 eus a republiq Franç, unan hac
indivisbl
69
�29-AD22-1L596-b : EXTRET euz ar Rejistr euz an arreteou euz ar c'homite a silvidigez publiq euz ar
Gonvancion nacional. Eus an 20 vendemiaire (mis ar vandaich) ar bloas 3 eus a republiq Franç, unan hac
indivisbl
70
�30-AD22-1L596-1-a: PROCLAMATION HA REQUISITION Euz Ar Represantet Ar Bobl, e quichen
costessiou Brest hac an Oriant , d'an autoriteou constituet ha d'ar citoyant eus an Departamanchou a
Finister, Costessiou an Nord, Morbihan, al Loire Inférieure, hac Ille et Vilaine
71
�30-AD22-1L596-1-b: PROCLAMATION HA REQUISITION Euz Ar Represantet Ar Bobl, e quichen
costessiou Brest hac an Oriant , d'an autoriteou constituet ha d'ar citoyant eus an Departamanchou a
Finister, Costessiou an Nord, Morbihan, al Loire Inférieure, hac Ille et Vilaine
72
�30-AD22-1L596-1-c: PROCLAMATION HA REQUISITION Euz Ar Represantet Ar Bobl, e quichen
costessiou Brest hac an Oriant , d'an autoriteou constituet ha d'ar citoyant eus an Departamanchou a
Finister, Costessiou an Nord, Morbihan, al Loire Inférieure, hac Ille et Vilaine
73
�32-AD29-14L1 : AN ADMINISTRATION eus an Departamant a Finister d'E Concitoyanet
74
�33-AD29-10L97 : Lesen pehiny a orden da Ziarbern ar vrigandach hac ar Muntrou EN DIABARZ Eus ar
24 a Vessidor seizvet bloavez eus ar Republiq franç, unan hac indivisibl
75
�35-AD29-14L48 : ARMEYEU Er porheu mor a Vreft ag à Cherbourg Lazare Hoche, Général maestre
d'y verdir ag en Arméyeu
76
�36-AD22-1L495-a: LIBERTE, EGALITE, HUMANITE, Bevan Libr, per vervoel Proclamation, digant a
Citoyen BOURSAULT
77
�36-AD22-1L495-b: LIBERTE, EGALITE, HUMANITE, Bevan Libr, per vervoel Proclamation, digant a
Citoyen BOURSAULT
78
�36-AD22-1L495-c: LIBERTE, EGALITE, HUMANITE, Bevan Libr, per vervoel Proclamation, digant a
Citoyen BOURSAULT
79
�36-AD22-1L495-d: LIBERTE, EGALITE, HUMANITE, Bevan Libr, per vervoel Proclamation, digant a
Citoyen BOURSAULT
80
�36-AD22-1L495-e: LIBERTE, EGALITE, HUMANITE, Bevan Libr, per vervoel Proclamation, digant a
Citoyen BOURSAULT
81
�38-AD22-1L733 : REPUBLIQUE A France Armé er Huéh Héaul, Ar harter-general ag en Oriant, er seihuet
arnugnet ag er miss, hannuet Germinal, blé 8
82
�41-AD56-1L726 : ER GENERAL LEMOINE Commandantt arrondissemantt er Morbihan, D'enn Habitantett
hag en Départemantt mann.
83
�42-AD29-10L98-2-a: PROCLAMATIONN Représentandet err Bobl daviet è Arméyeu Cuh-hiaul er Porheumor à Vroest, hac à Cherbourg, hac en Departemanteu tost
84
�42-AD29-10L98-2-b: PROCLAMATIONN Représentandet err Bobl daviet è Arméyeu Cuh-hiaul er Porheumor à Vroest, hac à Cherbourg, hac en Departemanteu tost
85
�42-AD29-10L98-2-c: PROCLAMATIONN Représentandet err Bobl daviet è Arméyeu Cuh-hiaul er Porheumor à Vroest, hac à Cherbourg, hac en Departemanteu tost
86
�43-AD22-1L143-a Disclaercion err rè-à gomand en Armée Catholic ha Royale à Vretagne
87
�43-AD22-1L143-b: Disclaercion err rè-à gomand en Armée Catholic ha Royale à Vretagne
88
�43-AD22-1L508-1: Proclamation des chefs de l’Armée Catholique et Royale de Bretagne
89
�43-AD22-1L508-2: Proclamation des chefs de l’Armée Catholique et Royale de Bretagne
90
�43-AD22-1L508-3: Proclamation des chefs de l’Armée Catholique et Royale de Bretagne
91
�43-AD22-1L508-4: Proclamation des chefs de l’Armée Catholique et Royale de Bretagne
92
�43-AD22-1L508-5: Proclamation des chefs de l’Armée Catholique et Royale de Bretagne
93
�53-AD29-13L176: Decret 6 ventôse An II, Pehiny a autoris an Admistracionou eus an district da laquat e
reqisicion an oll coagou Dero eus an oad a uguent-vloaz
94
�54-AD29-14L55: Libertez, Ingalder, Unvez, Guen Vreuzdeur, Honestis, Justiç, an hano d'ar bobl Franç,
Topsent, Brue, Guezno, ha Guermeur, Represantourien ar Bobl equichen Armeou Costeziou Brest ha
Cherbourg, hac en Departamanchou eus depandandanç ..D'AN DUD A ZIV AR MEAS
95
�57-AD29-13L215 : EGALITE LIBERTE CARENTES ENTRE BREUDEUR PE AR MARO MA VEVO AR
REPUBLICQ, unan ac indivisbl. Ar verificatour gueneral eus an assignajou de Goncitoyanet
96
�70-AD29-100J459-a: Décret du 8 pluviôse an II, N° 2107-qui ordonne l'établissement d'instituteurs de
langue française dans les campagnes de plusieurs départements dont les habitants parlent divers
idiomes
97
�70-AD29-100J459-b: Décret du 8 pluviôse an II, N° 2107-qui ordonne l'établissement d'instituteurs de
langue française dans les campagnes de plusieurs départements dont les habitants parlent diversidiomes
98
�71-AD22-1L372-a: Decret var ar c'his eus ar gouarnamant provisouer ha revolutionner eus ar 14 ar mis
hanvet frimaire, eil bloas eus ar Republicq
99
�71-AD22-1L372-b: Decret var ar c'his eus ar gouarnamant provisouer ha revolutionner eus ar 14 ar mis
hanvet frimaire, eil bloas eus ar Republicq
100
�71-AD22-1L372-c: Décret sur le mode de gouvernement provisoire er révolutionnaire du 14 frimaire an
II de la République
101
�71-AD22-1L372-d: Décret sur le mode de gouvernement provisoire er révolutionnaire du 14 frimaire an
II de la République
102
�75-AD29-159L2 : DECRED eus 7 brumaire an II. Relatif dan dispignou an anlevant eus a signou ar
roueac'h en ilisou ac er monumenchou all public
103
�77-AD35-C6203-a: DECLARATION Noblans Breiz, Affemblet dré urs ar Rouè en flado mil feiz cant nao a
pevar ugent. Rennes, le 18 janvier 1789
104
�77-AD35-C6203-b: Déclaration de la Noblesse de Bretagne, assemblée par ordre du roi, aux Etats de mille
sept cent quatre vingt neuf, Rennes, le 18 janvier 1789
105
�77-AD35-C6203-c: Déclaration de la Noblesse de Bretagne, assemblée par ordre du roi, aux Etats de mille
sept cent quatre vingt neuf, Rennes, le 18 janvier 1789 (suite)
106
�164-cahier-iroise : Hymne chanté lors de la plantation de l'arbre de la Liberté à Plougastel-Daoulas
Les Cahier de l’Iroise
BERNARD, Daniel, Hymne chanté lors de la plantation de l’arbre de la Liberté à Plougastel-Doulas, Les
Cahiers de l’Iroise, N°2, 1954, p41 :
Couplets en breton
A greiz calon, citoyanet,
Canomp, dansomp gant joaüstet ;
Laouënamant on deuz plantet
Ar signal euz hon erustet ;
Dougomp henor ha carante
D’Ar vezen sacr al liberte.
et la traduction en français
Du fond du Cœur, citoyens
Chantons, dansons avec joie ;
Joyeusement nous avons planté
Le signe de notre bonheur ;
Portons honneur et amour
A l’arbre sacré de la Liberté
Deuet amzer an ingalite
Canomp-hi gant fidelite
Den superb, lez ta vanite
Eur bragou-bras zo coulz ha te !
Dougomp henor ha carante
D’ar vezen sacr al liberte.
Le temps de l’égalité est venu,
Chantons-le avec fidélité.
Homme superbe, laisse ta vanité ;
Un paysan est autant que toi !
Portons honneur et amour
A l’arbre sacré de la Liberté
Pebez choa ! Pebez plijadur !
Guirriou an den a zo assur :
Oll hon deuz ar memez musur ;
Maez oll bezomp honnest ac fur.
Dougomp henor ac carante
D’ar vezen sacr al liberte
Quelle joie ! Quel plaisir !
Les droits de l’Homme sont assurés :
Nous avons tous la même mesure ;
Mais soyons tous honnêtes et sages.
Portons honneur et amour
A l’arbre sacré de la Liberté !
Goazet, potret, libr ac laouen
Dansit oll dindan ar vezen.
Quemerit dorn eur femelen,
Ar peb a boc d’ho pergeren,
Dougit henor ac carante
D’ar vezen sacr al liberte.
Hommes, garçons, libres et joyeux,
Dansez tous sous l’arbre.
Prenez la main d’une femme
Et donnez un baiser à votre cavalière
Portez honneur et amour
A l’arbre sacré de la Liberté
Pellaït, aristocratet,
En hon touez ne zansot quet ;
Sarrit, sarrit ho muzellou
Ne ganit quet hor c’homplejou ;
It da Loperec da zansal
Ar velyen a ro ar bal 1
Eloignez-vous, aristocrates,
Parmi nous vous ne danserez pas ;
Fermez, fermez, vos lèvres
Ne chantez pas nos couplets ;
Allez dansez à Lopérec,
Les Prêtres donnent le bal
Caër ho deuz c’hoari coucou,
Cavet e bet ho riboulou ;
Great ho deuz dour beniguet mat
Evit eur scoet ar voutaillat;
Eva ho gret chopinad
Quen na gaillarent ho dilliat.
Ils ont beau jouer à cache-cache,
On a découvert leurs traces ;
Ils ont fait de la bonne eau bénite
Pour un écu la bouteille ;
Ils ont bu tant de chopines
Qu’ils ont souillés leurs habits
1
Ce couplet et le suivant rappellent un essai d’organisation de la Chouannerie à Lopérec sous la direction de l’abbé Christophe Le
Pape, originaire de Lopérec et prêtre habitué de cette paroisse avant la Révolution. Une liste d’inscrits fut découverte au Crevel, en
Lopérec, au domicile du prêtre qui avait réussi à s’évader. Les conjurés, au nombre d’une trentaine, furent traduits devant le tribunal
criminel de Quimper. Ils déclarèrent qu’ils avaient été inscrits à leur insu et furent acquittés.
107
�Tutchentil revolt ac menac’h
Beleien foll, cris ha savac’h,
Achu e ze hon esclavach;
Ho pennou zo quezet er sac’h
Ar Vande zo pis net rincet
Ac an treïtourien difoultret
Gentilshommes et moines
Prêtres fous, cruels et farouches,
Notre esclavage est terminé ;
Vos têtes sont tombées dans le sac.
La Vendée est soigneusement rincée
Et les traites foudroyés.
Le chant qu’on vient de lire a été composé par Paul-Etienne Testard, demeurant au Passage, en PlougastelDaoulas. Il naquit au manoir de Keranc’hoat en Loperhet, le 4 octobre 1712, d’Etienne Testard, avocat au
parlement de Paris, et de Jeanne-Barbe Blanchet de la Villesbrée. Sa naissance coutât la vie à sa mère.
Après ses études au collège de Quimper, Testard s’établit comme négociant au Passage et y épousa, le 23
janvier 1733, Françoise-Rosalie Le Ségalen du Cléguer.
Ayant perdu sa femme en 1750, il se remaria, le 29 janvier 1753, avec Anne-Jacquette Simon, fille d’un ancien
maire de Brest.
Paul-Etienne Testard eu cinq enfants, trois garçons et deux filles. Deux des garçons émigrèrent. Considéré
comme bon patriote, le père ne fut pas inquiété, mais son mobilier fut vendu. Parmi les livres de sa bibliothèque
transférés à Landerneau, on remarque le Dictionnaire de la langue bretonne, de Dom Le Pelletier. Testard
versifiait facilement, aussi bien en français qu’en breton, Dans la Muse bretonne de 1810, on trouve deux
poèmes de lui : Le lit à part, p129. et Sur la vieillesse, p149.
Sa chanson ar marichal paour eu un grand succès à la fin du XVIIIe siècle. Les fédérés bretons se rendant à
Paris la chantèrent le long de la route et la reprirent même une fois arrivés dans la capitale. Au XIXe siècle elle
fut réimprimée plusieurs fois. Dans le Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, année 1935, M. Savina
a donné le texte de deux autres chansons bretonnes de Testard : Bal Breton et Chanson Biron.
108
�165-AD29-24L87 : INSTRUCCION DAN HABITANTED DIVAR AR MEAZ
INSTRUCTION AUX HABITANTS DES CAMPAGNES
109
�167-AD29-19J19-a : DISCOUR prononcet gand ar Citoyenn CHAPPUIS, Administratour eus a zepartamant
ar Finister, d'ar decvet a vis messidor, deves gouel al Labour Douar
110
�167-AD29-19J19-b : DISCOUR prononcet gand ar Citoyenn CHAPPUIS, Administratour eus a zepartamant
ar Finister, d'ar decvet a vis messidor, deves gouel al Labour Douar
111
�167-AD29-19J19-c : DISCOUR prononcet gand ar Citoyenn CHAPPUIS, Administratour eus a zepartamant
ar Finister, d'ar decvet a vis messidor, deves gouel al Labour Douar
112
�168-AD29-24L127-a : DECRED Eus ar GONVANCION NACIONAL Eus ar 16 deiz a vis vantos, en eil bloas.
Pehiny a accord Sicouryon dar Citoyanet paour incapapl dalabourat, ac a difen ar clasqeres dan nep a zo
capapl da labourat
113
�168-AD29-24L127-b : DECRED Eus ar GONVANCION NACIONAL Eus ar 16 deiz a vis vantos, en eil bloas.
Pehiny a accord Sicouryon dar Citoyanet paour incapapl dalabourat, ac a difen ar clasqeres dan nep a zo
capapl da labourat
114
�169-AD29-10L186 : ADMINISTRATOURIEN departamant Finister D'HO CITOYANNET, Hon Breudeur..
Administration central du Finsitère à ses administrés, Mes Fréres..
115
�171-AD29-10L74_1-a : AVERTISSAMANT D'AR POBL var ar choas zo da ober , e peb Quear hac e peb
Parres eus an Officerein nevez hanvet Officerien Municipal
116
�171-AD29-10L74_1-b : AVERTISSAMANT D'AR POBL var ar choas zo da ober , e peb Quear hac e peb
Parres eus an Officerein nevez hanvet Officerien Municipal
117
�171-AD29-10L74_1-c : AVERTISSAMANT D'AR POBL var ar choas zo da ober , e peb Quear hac e peb
Parres eus an Officerein nevez hanvet Officerien Municipal
118
�171-AD29-10L74_1-d: AVERTISSAMANT D'AR POBL var ar choas zo da ober , e peb Quear hac e peb
Parres eus an Officerein nevez hanvet Officerien Municipal
119
�172-AD29-16L1; DECREJOU Eus ar Gonvencion Nacional Var ar Furmidiguez eus scol publiç
120
�172-AD29-21L117 : Décret de la Convention Nationale sur l'organisation des l'enseignement public
121
�173-AD29-8L105_1-a: Ïan Nédélec Dar Citoïannet eus ar compagnunez mignonet ar Pobl e kear Brest
122
�173-AD29-8L105_1-b: Ïan Nédélec Dar Citoïannet eus ar compagnunez mignonet ar Pobl e kear Brest
123
�173-AD29-8L105_1-c: Ïan Nédélec Dar Citoïannet eus ar compagnunez mignonet ar Pobl e kear Brest
124
�174-AD29-25L104-1-a: Ar Citoyen Rolland instituteur Eus al languaich Galleg de Citoyannet Eus ar
gommun a Gwiseni
125
�174-AD29-25L104-1-b: Ar Citoyen Rolland instituteur Eus al languaich Galleg de Citoyannet Eus ar
gommun a Gwiseni
126
�174-AD29-25L104-1-c: Ar Citoyen Rolland instituteur Eus al languaich Galleg de Citoyannet Eus ar
gommun a Gwiseni
127
�174-AD29-25L104-1-d: Ar Citoyen Rolland instituteur Eus al languaich Galleg de Citoyannet Eus ar
gommun a Gwiseni
128
�175-AD29-159L1 : BARNIDIGUEZ RENTED DRE TRIBUNAL REVOLUTIONNER pehini var discloeration
eus jury. Penaus Anna-Mary-Francesca Coatanscour intanvez Launay hag Suzanna-Augustina
Coatanscour intanvez
129
�176-AD29-10L98 : DEPARTAMANT FINISTER Extret eus cahierou ar Départamant Ar C'henta eus mis
meurs mil feiz cant unnec ha pevar uguent
130
�177-AD29-159L2 : DECRED Eus An GONVANCION NACIONAL Eus an 5 dervez ar eil mis eus an eil blavez
eus Républicq Franç. Pehni eo comprenet cals a zisposidéguez Var an actjou ac contrajou civil
131
�178-AD29-3BK212-a: TESTAMANT LOYS C'HUEZECVET EUS AN HANO Evel ma zeo bet caçet gant ar
commun d'ar conseil executif
132
�178-AD29-3BK212-b: TESTAMANT LOYS C'HUEZECVET EUS AN HANO Evel ma zeo bet caçet gant ar
commun d'ar conseil executif
133
�178-AD29-3BK212-c: TESTAMANT LOYS C'HUEZECVET EUS AN HANO Evel ma zeo bet caçet gant ar
commun d'ar conseil executif
134
�178-AD29-3BK212-d: TESTAMANT LOYS C'HUEZECVET EUS AN HANO Evel ma zeo bet caçet gant ar
commun d'ar conseil executif
1
135
�179-AD29-18L6-a: Serment du vicaire de Saint-Eloy (6 février 1791) Prestation de serment en breton à
la constitution civile du Clergé par M. Capitaine, vicaire de St Eloy
136
�179-AD29-18L6-b: Serment du vicaire de Saint-Eloy (6 février 1791) Prestation de serment en breton à
la constitution civile du Clergé par M. Capitaine, vicaire de St Eloy
à la
137
�179-AD29-18L6-c: Serment du vicaire de Saint-Eloy (6 février 1791) Prestation de serment en breton à
la constitution civile du Clergé par M. Capitaine, vicaire de St Eloy
138
�179-AD29-18L6-: Serment du vicaire de Saint-Eloy (6 février 1791) Prestation de serment en breton à la
constitution civile du Clergé par M. Capitaine, vicaire de St Eloy
Serment-restrictif du vicaire de Saint-Eloy le 6 février 17912
Retranscription du texte original . Document aux archives départementales du Finistère AD 29 18L6
La particularité de ce texte c’est un P.V. d’enregistrement du serment de Capitaine vicaire de Saint-Eloy (29).
Les parties de présentation et de fin du texte sont rédigées en français, et les déclarations du vicaire sont faites
en breton, enregistrées tel que en breton.
Procès verbal de prestation du Serment Civique par le
vicaire deservant en execution du Décret du 27 9bre
Sanctionné le 26 xbre 1790.
Ce jour six février mil sept cent quatre onze onze
heures du matin en L’église de La treuve de St Eloy, au
prône de la grand messe en presence du Conseil Général
De La Commune et Des fidèles assemblés Mr. Capitaine
vicaire de St Eloy s’est présente et a dit qu’en exécution
Du Décret de l’assamblée nationale du 27 9bre sanctioné
par le roi le 26 xbre 1790 et publié en cette municipalité
Le 30 janvier 1791 a dit en langue vulgaire ce qui suit :
1° e touan da veilla s’avan eneou eus andre ma pere a so
Laqueet em carq
2° e touan da vesa a fidel da nation ac d’am roue, Doue
a viro , sia ven treitour dan nation na da Doue
3° e houlen ousin da sermanti da sifen eus ar vaoluers
al Lesen et Constitution Decretet gant an assamble
nationale ac sanctionet gat ar roue cals a articloux
gavan eno var pere ma houstiance ne prenet quet din
Sermanti. chetu ase tout.
et le dit Capitaine a fais Le serment précedent huit
jours après la publication de la Loi.
De tout quoi nous maire et officiers municipaux Sousignés
avons dressé le present procès-verbal sous nos signe
et de celui de notre vicaire ce jour 6 février
mil sept cents quatre vingt onze.
Signatures des contractants
Mr Capitaine vicaire de St Eloy
Ollivier Marhic Jean Coniou
Le Lanne
maire
Traduction :
1° je sermenterai de veiller avec soin sur les âmes qui me sont confiées
2° je sermenterai d’être fidèle à la nation et au roi, à Dieu ne plaise que je sois traître à la nation, et ni au roi.
3° on me demande que je soutienne de toutes mes forces la Loi et la Constitution décrétées par l’Assemblée,
sanctionnée, par le roi, il s’y trouve plusieurs articles sur lesquels je ne puis prêter le serment vu que ma
conscience ne me permet pas.
2
Histoire en Bretagne, La Révolution dans le Finistère (1789-1799), Quimper, CDDP du Finistère, 1978
139
�3° on me demande de sermanter de défendre les valeurs de la Loi et Constitution décrétée par l’assemblée
nationale et sanctionnée par le roi beaucoup d’articles que je trouve dedans sur ma conscience ne me permet
pas de sermanter. Voilà tout.
180-AD29-10L108-a : Chanson incendiaire contre les ecclésiastiques qui ont pêté serment. Saisie sur une
couturière Marie Coublanc de Kerlosquet en Douarnenez
140
�180-AD29-10L108-b : Chanson incendiaire contre les ecclésiastiques qui ont pêté serment. Saisie sur une
couturière Marie Coublanc de Kerlosquet en Douarnenez
141
�181-AD29-10L99-a: Maximou ha Reglemiou a gomportamant evit dud catholic eus ar Franç Er
circontançou presant
142
�181-AD29-10L99-b : Maximou ha Reglemiou a gomportamant evit dud catholic eus ar Franç Er
circontançou presant
143
�182-AD29-18L26: DECRED Concerni a boan da bronoç enep a guz beleyen.. Sujet da véza deportet
144
�183-AD29-57J46-a : REGRET ur éné Fidel voar malheurioù à franç hag ispiscial War ar c'holl deus a
Religion Catholiq
145
�146
�183-AD29-57J46-b : REGRET ur éné Fidel voar malheurioù à franç hag ispiscial War ar c'holl deus a
Religion Catholiq
147
�184-AD29-10L155 : DISCOUR VAR AR RESOUN Dre Citoyan DEVISMES. Agent dreisordinal eus ar
C'homité a Silvidigez Publiq hac a Gommission ar bevanç en arrondissamant an arme eus gostessiou
Brest
148
�185-AD29-1M128 : AR Citoyen RUDLER Prefet eus a departamant a Finister D'An habitantet eus an
Departamant
149
�186-AD29-110J106-a: CABITEN AN RECRUTAMANT e Departamant Finister Da Gonscriver ar reserv eus
ar bloavez, nao, dec, unnec, daouzec, ha trizec, Va mignonet..
150
�186-AD29-110J106-b: CABITEN AN RECRUTAMANT e Departamant Finister Da Gonscriver ar reserv eus
ar bloavez, nao, dec, unnec, daouzec, ha trizec, Va mignonet..
151
�186-AD29-110J106-b: CABITEN AN RECRUTAMANT e Departamant Finister Da Gonscriver ar reserv eus
ar bloavez, nao, dec, unnec, daouzec, ha trizec, Va mignonet..
152
�153
�187-AD22-1L417-a : Acte en langue bretonne, concernant l'amnistie générale
154
�187-AD22-1L417-b : Acte en langue bretonne, concernant l'amnistie générale
155
�188-AD22-1L447-1: An illis Catholic a so ar Société Santel
156
�188-AD22-1L447-2: An illis Catholic a so ar Société Santel
157
�188-AD22-1L447-3: An illis Catholic a so ar Société Santel
158
�188-AD22-1L447-4: An illis Catholic a so ar Société Santel
159
�188-AD22-1L447-5: An illis Catholic a so ar Société Santel
160
�188-AD22-1L447-6: An illis Catholic a so ar Société Santel
161
�188-AD22-1L447-7: An illis Catholic a so ar Société Santel
162
�188-AD22-1L447-8: An illis Catholic a so ar Société Santel
163
�188-AD22-1L447-9: An illis Catholic a so ar Société Santel
164
�189-AD22-1L549-2: Ne gouszet quet mui deinq, mui douz
165
�189-AD22-1L549-2: Ne gouszet quet mui deinq, mui douz
166
�189-AD22-1L549-3: Ne gouszet quet mui deinq, mui douz
167
�189-AD22-1L549-4: Ne gouszet quet mui deinq, mui douz
168
�189-AD22-1L549-5: Ne gouszet quet mui deinq, mui douz
169
�190-BM-RENNES-80265-1: RUDIMANT EUS AR FINISTER, Composet e gallec ha laquaet e brefonec, evit
defqui facilamant hac e nebeut amfer, da barlant, da lenn ha da fcriva correctamant, evel ur Grammairien
170
�171
�190-BM-RENNES-80265-2: RUDIMANT EUS AR FINISTER, Composet e gallec ha laquaet e brefonec, evit
defqui facilamant hac e nebeut amfer, da barlant, da lenn ha da fcriva correctamant, evel ur Grammairien
172
�190-BM-RENNES-80265-3: RUDIMANT EUS AR FINISTER, Composet e gallec ha laquaet e brefonec, evit
defqui facilamant hac e nebeut amfer, da barlant, da lenn ha da fcriva correctamant, evel ur Grammairien
173
�190-BM-RENNES-80265-4: RUDIMANT EUS AR FINISTER, Composet e gallec ha laquaet e brefonec, evit
defqui facilamant hac e nebeut amfer, da barlant, da lenn ha da fcriva correctamant, evel ur Grammairien
190-BM-RENNES-80265-5: RUDIMANT EUS AR FINISTER, Composet e gallec ha laquaet e brefonec, evit
defqui facilamant hac e nebeut amfer, da barlant, da lenn ha da fcriva correctamant, evel ur Grammairien
174
�175
�190-BM-RENNES-80265-6: RUDIMANT EUS AR FINISTER, Composet e gallec ha laquaet e brefonec, evit
defqui facilamant hac e nebeut amfer, da barlant, da lenn ha da fcriva correctamant, evel ur Grammairien
176
�190-BM-RENNES-80265-7: RUDIMANT EUS AR FINISTER, Composet e gallec ha laquaet e brefonec, evit
defqui facilamant hac e nebeut amfer, da barlant, da lenn ha da fcriva correctamant, evel ur Grammairien
177
�192-AD29-8L105- 1: Lettre de candidature à un poste d'instituteur de Jacques Gabriel Lorgant de
Lannilis
178
�192-AD29-8L105- 2: Lettre de candidature à un poste d'instituteur de Jacques Gabriel Lorgant de
Lannilis
179
�193-AD56-L815 : DECRETT AG ER CONVENTION NATIONALLE, Ag er 23 nivôfe, enn aill vléatt ag er
république à France, unan ag indivifble, Relatif doh er Labourage enn Douareu Zihunennerion ag er Vro
180
�194-AD56-L1072-a: Cantic Spirituel ton allons enfans De la patrie
181
�194-AD56-L1072-b: Cantic Spirituel ton allons enfans De la patrie
182
�194-AD56-L1072-c: Cantic Spirituel ton allons enfans De la patrie
183
�194-AD56-L1072-d: Cantic Spirituel ton allons enfans De la patrie
184
�195-BASF-1940-1 : Candidature de Jean-René Marie Péton pour un poste d'instituteur au Gouesnou
185
�195-BASF-1940-2 : Candidature de Jean-René Marie Péton pour un poste d'instituteur au Gouesnou
186
�195-BASF-1940-3 : Candidature de Jean-René Marie Péton pour un poste d'instituteur au Gouesnou
187
�203-BASF-1939-pp.44-45 : Vive Louis an Trivechet ! Vive ar Roue mad, pehini n'en deus quen désir
nemert da renta deomp an eurusted or boa collet
Erreur ! Des objets ne peuvent pas être créés à partir des codes de champs de mise en forme.
223-F-M-LUZEL-AR VOLONTER
François Marie Luzel (1821-1895)
Fañch an Uhel
François-Marie Luzel3 est né le 6 juin 1821 au manoir de Keramborgne en Plouaret (Trégor) d’une famille
paysanne républicaine.
Son oncle, l’historien Julien-Marie Le Huërou, élève de Michelet à l’Ecole normale supérieure, l’initie
précocement au collectage (de chansons et de manuscrits de pièces de théâtre populaire). Nommé professeur à
Rennes, c’est lui qui fait entrer son neveu au collège royal que le jeune Luzel quitte à la fin de la seconde pour
passer
son
baccalauréat
par
lui-même
ce
sera
son
seul
diplôme.
En 1843, son oncle se suicide. François-Marie Luzel hérite de ses manuscrits et se donne pour but de poursuivre
son œuvre. De fait, son premier cahier de collectage date de 1844 et plusieurs de ses cahiers dérivent
manifestement des collectes de son oncle. Son premier volume publié sera, en 1863, L’Histoire de la
Constitution anglaise de Julien-Marie Le Huërou, qu’il éditera en même temps que Sainte Tryphine et le roi
Arthur, un manuscrit de théâtre populaire pour la première fois traduit et présenté comme une œuvre à part
entière.
Sa vie s’organise en trois périodes : une période que l’on pourrait dire d’attente, au cours de laquelle il
augmente les collectes de son oncle et fournit un travail considérable de recherche et de traduction ; une grande
période de collecte et de formation correspondant aux missions obtenues de 1863 à 1874 ; enfin, une période de
mise en œuvre au cours de laquelle, jusqu’à ses derniers jours, il s’efforce, non sans peine, de publier et
compléter le matériau engrangé au cours d’un demi-siècle de collecte.
F-M Luzel, Chansons Bretonnes, Annales de Bretagne, 1891-1892, p.118-122
Ar VOLONTER
Vive la République ! Vive la Liberté (bis)
Mot a ran da ganan eur ganaouenn newe
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
Le Volontaire
Vie la République, Vive la Liberté (bis)
Je vais chanter une chanson nouvelle.
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
Bars en mîz aoust diweza ann dra-ma’ zo c’hoarvezet ( C’est au mois d’août dernier qu’arriva ceci (bis)
bis)
Une frégate de la Nation se perdit sur la côte de
Ur fregatenn d’ann Nation war-dâl Pennmarc’h c ollet
Penmarc’h
Manturlura lurette,
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette!
Lonfarlura lurrette !
3
Site internet : Garae ethnopole http://www.garae.fr/spip.php?article209
188
�Ur fregatenn d’an Nation war-dâl Penmarc’h collet Une frégate de la nation se perdit sur la côte de
(bis)
Penmarc’h (bis)
A oa daou lestr d’ar saoz er mor euz hi gwedel
Manturlura lurette,
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
Lonfarlura lurrette !
On nous envoya la nouvelle et lettre au capitaine (bis)
Casset a zo deomp kêlou, d’ar c’hapitenn lizer (bis)
Afin de sortir, pour faire croisière
Ewit sortial er mês, da ober ar c’hroisier.
Manturlura lurette,
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
Lonfarlura lurrette!
Au bout de deux ou trois jours que nous fûmes sortis
A-benn daou pe dri de ma oamp-ni sortiet (bis)
(bis)
A oe seis lestr d’ar Saoz hon deveus rancontret
Nous rencontrâmes sept navires anglais
Manturlura lurette,
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette
Lonfarlura lurrette !
Ma oemp-ni estonet, calz a oa contristet (bis)
O Welet e-touez ar saoz ez oamp-ni digwezet
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette!
Nous fûmes étonnés, beaucoup furent contristés (bis)
De voir que nous étions tombés parmi les anglais
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
Arc’hapitenn a lâre neuze d’he vartoloded (bis)
-Allas! Allas! Bugale, mont a rimp en ur pontet!
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette!
Le capitaine disait alors à ses matelots (bis)
Hélas ! hélas ! mes enfants, nous irons sur le ponton !
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
Allas! Allas! Bugale, mont a raimp en ur pontet (bis)
Dont a ra ‘r Saozon war-n-omp, evel chas arajet
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette!
Hélas ! hélas ! mes enfants nous irons sur le ponton
(bis)
Les anglais viennent sur nous comme des chiens
enragés
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
Ar re-man oa citoyaned, hac ho defoa calon (bis)
Doa tac’het ‘n bec ar wern vraz pavillon ann Nation
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette!
Ceux-ci étaient des citoyens, des hommes de cœur
(bis)
Et ils avaient cloué le pavillon de la Nation au haut du
grand mât.
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
Ann amzer a oa caer, ann aël oa a-benn (bis)
Le temps était beau, le vent debout (bis)
Stanket oa dre-holl ouzimp, mont a rencomp d’ann Le passage nous était fermé partout, il fallait aller à la
Dorc’henn.
Torche.
Manturlura lurette,
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette!
Lonfarlura lurrette !
Ar c’hapitenn a lâre, en dorgenn p ‘oe arruet (bis)
Gwelet brema, bugale, a combatti a rafet ?
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
Le capitaine disait, arrivé à la torche (bis)
Voyez à présent, mes enfants, voulez-vous combattre,
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
Vive la République, Vive la Liberté (bis)
Cabiten, ni a gombatto, bete coll hon buhe
Manturlura lurette,
Vive la République, Vive la Liberté (bis)
Capitaine, nous combattrons jusqu’à perdre la vie !
Manturlura lurette,
189
�Lonfarlura lurrette !
Lonfarlura lurrette !
Lakit ann tann er forn, ha lakit-han boulou ru !
Ma iafemp da gombatti brema gant boulou ru
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
Qu’on allume la fournaise et tout de suite (bis)
Pour que nous combattions avec des boulets rouges.
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
Criz a vije a galon, mar n’hen dije goelet (bis)
En corn aod ann Dorgenn ann hini vije bet,
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
Il eût été dur de cœur, s’il n’eut pleuré (bis)
Celui qui eût été au coin du rivage de la Torche
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
O welet ar boulou ruz, ho gwelet o c’hoari (bis)
Eno gant ar Volonter a oa a combatti
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
En voyant les boulets rouges, en les voyant jouer (agir)
(bis)
Là, avec le volontaire qui combattait
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
Hac ar c’henta boulet ho deveus bet tennet (bis)
Ann Angageant diout-ho a zo bet revulet :
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
Et au premier boulet qu’ils lancèrent (bis)
L’Engageante s’éloigna d’eux
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
Hac ewit ober d’hê em renta en ho flaso (bis)
Gant ar voleet kenta ho d-êus collet kourach
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
Et pour leur faire se rendre à leurs places (bis)
A la première bordée ils avaient perdu courage.
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
Ar volonter a c’hede eno en ho hichen (bis)
Na pa d’êus gwelet unan a oa o vont da denn’
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
Le Volonataire guettait près d’eux (bis)
Quand il en vit un qui allait tirer
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
Mar defimp ar bonheur da gaout c’hoas hou buhe (bis)
Ni blanto en Keritry eur wen al Liberté ;
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
Si nous avons le bonheur de sauver notre vie (bis)
Nous planterons à Kerity un arbre de la Liberté
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
Ni blanto en Keriyy eur wern al Liberté,
Hac ar flamm d’ann Nation, ha car bonnet war-c’horre.
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
Nous planterons à Kerity un arbre de la Liberté
Avec la flamme de la nation et le bonnet dessus
Manturlura lurette,
Lonfarlura lurrette !
Canet gant Anna Ar Pap, Groeg Pêr Lagadec, euz Cant par Anne Le pape femme de Pierre Lagadec, de
Kerity Penmarc’h -1863.
Kerity Penmarc’h, en 1863.
Note de Luzel : Je n’ai point de renseignements sur le combat qui fait le sujet de cette pièce, incomplète, du
reste.
190
�249-AD22-1L547-1 : Fête de la souveraineté du Peuple à Plestin, le 30 Ventôse An VII
191
�249-AD22-1L547-2 : Fête de la souveraineté du Peuple à Plestin, le 30 Ventôse An VII
192
�249-AD22-1L547-3 : Fête de la souveraineté du Peuple à Plestin, le 30 Ventôse An VII
193
�194
�252-BN-D XIV-3-1: Réclamation des pauvres Breton laboureurs en langue bretonne pour être rédigé en
français par une remontrance consernans la supression du domaine congéable et la perception ou
continuation des prémesse et retrait ligager
195
�252-BN-D XIV-3-2: Réclamation des pauvres Breton laboureurs en langue bretonne pour être rédigé en
français par une remontrance consernans la supression du domaine congéable et la perception ou
continuation des prémesse et retrait ligager
196
�252-BN-D XIV-3-3: Réclamation des pauvres Breton laboureurs en langue bretonne pour être rédigé en
français par une remontrance consernans la supression du domaine congéable et la perception ou
continuation des prémesse et retrait ligager
197
�252-BN-D XIV-3-4: Réclamation des pauvres Breton laboureurs en langue bretonne pour être rédigé en
français par une remontrance consernans la supression du domaine congéable et la perception ou
continuation des prémesse et retrait ligager
198
�252-BN-D XIV-3-5: Réclamation des pauvres Breton laboureurs en langue bretonne pour être rédigé en
français par une remontrance consernans la supression du domaine congéable et la perception ou
continuation des prémesse et retrait ligager
199
�252-BN-D XIV-3-6: Réclamation des pauvres Breton laboureurs en langue bretonne pour être rédigé en
français par une remontrance consernans la supression du domaine congéable et la perception ou
continuation des prémesse et retrait ligager
200
�253-BN-Lb 4027 19 : Adresse de la Société des Amis de la Constitution de Guingamp. Aux Habitants et
Cultivateurs des Campagnes
Adresse de la Société des Amis de la Constitution
de Guingamp, aux habitants et cultivateurs des campagnes
5 mars 1791
Document à la Bibliothèque Nationale Lb 40 27 19
ADRESSE DE LA SOCIETE DES AMIS D LA CONSTITUTION DE GUINGAMP, Aux habitants et
cultivateurs des campagnes.
A RENNES chez R. Vatar, fils, imprimeur de la correspondance de Rennes, à l’assemblée Nationale, rue de
l’Hermine, N°791, au premier étage. M.DCCXCI.
Document cité en annexe, dans LE GOFF4, Hervé, Les riches Heures de Guingamp, Guingamp, éditions de la
Plomée, 2004, p.745
Frères et Amis,
Vous exercez le premier, le plus noble et le plus
utile des arts, celui de cultiver la terre. Dans le
commencement du monde on lui consacra des
autels ; aujourd’hui même encore les Chinois, ce
peuple antique, si recommandable par ses vertus et
la sagesse de ses loix élève des arcs de triomphe
aux cultivateurs laborieux et intelligents ; leur
Empereur, pour honorer cette profession, met luimême tous les ans la main à la charrue.
En France, les préjugés qui obscurcissoient la
raison, et qui étouffoient les lumières du bon sens,
vous avoient pendant plusieurs siècles condamnés
à vivre dans l’avilissement et dans le mépris. Ce
que l’on appelloit les deux premiers ordres de
l’état, le haut clergé et la noblesse, du sein de leur
oisiveté superbe, osoient insulter à vos travaux, ils
vous regardoient comme leurs esclaves, ils avoient
projeté sur vous presque tout le fardeau des
subsides ; vous étiez soumis au paiement du francfief, de la taille ordinaire et extraordinaire ; tous les
ans l’on vous condamnoit pendant plusieurs
semaines à ferrer de grandes routes sur lesquelles
vous marchiez le plus ordinairement les pieds nus ;
le tirage du sort vous enlevoit ce que vous aviez de
plus cher, vos enfants et vos domestiques.
Ces abus, ce despotisme n’existent plus ; la justice
et l’égalité ont repris leurs droits, les choses sont
rentrées dans l’ordre, et un nouveau monde vient
de naître pour les françois.
Breuder a Mignonet,
Er hentan at squienchou à exercet ; gonit à
Labourat an douar. Dar squient se, en
comançamant ar bed è consacret auteriou ; hénoret
evoa meurbet, ac hirié hoas, en henor dar
Labourerien prim a squientet, é teu eur pobl ar
muan ancien, meulab dré, é vertoiou ar dré furnez é
lésennou, da zevle mercou dispar a pompus. An
impamaër memeus dimez ar bopl-se a d’en bep
bloa da laquaet é dorn voar an halaër, evit en
henorit mui eus mui.
En Franç ar raison tensovoallaet, ar sclerigen
mouget dré ar fals-opinion en pad cals a amser, en
defoa barnet ar suient-se de goeach ebars an
disprisanç ac ar stad ar muan dister; dimés a
guement-se evoa quiriec an dud pinvizic dimés an
ilis ac an noblanç, péré a greis o didalvoudéguez
pompus a disprisé o labour, evel sclaved evoch
dirach o dauu-lagat, voarnoch o defoa tollet quasi
an ol boués dimés an truajou, péan a rech francfief, an taillou ordinal ac extraordinal, tremen a
rech bep bloas calz a suniou évit dressan an inchou
bras, voar béré an darn vuan dimez an amser, n’ah
guerzech nemert o tried en noas. Dré nerz e tenet
dimez o trivach ar pez o poa a vuan caret, o pugale,
o servigerien, dré an denadur dimez a ford.
An disurgeou-se ar mestroniageous-se n’ho deus
quen a lech ; al léaldet ac ingalder o deus adquemeret o drojou. Peptra a so renget hervé an eurz
naturel, ac a greis an denfvoaligen a so sortiet, en,
loden vras, eur bed nevé.
Nos représentants à l’assemblée nationale ont
ouvert le code de la nature, ils y ont lu, que nous On Breuder péré on represant e bars an assemblé
avons un père commun, une même origine, que général, o deus lavaret : bugaléz e homp dimez eur
4
LE GOFF4, Hervé, Les riches Heures de Guingamp, Guingamp, éditions de la Plomée, 2004
201
�nous sommes tous frères et citoyens d’un même mémés tad, dimez eur mémés mammen et homp
empire, que l’homme enfin est tout par lui-même.
sortiset, ol e homp Breuder, bourhigen, habitantet e
homp ol dimez eur mémés rouantélés, dré zé
Ces principes éternels d’équité ont été développés ansavomp pénos an den a gav en nan e unan
par eux, ils sont aujourd’hui à la base de notre quement a hel da haontaët.
constitution.
Evel lesennou o deus, dré sclerigen, fondet ar
Les titres de comtes et de marquis, ces écussons, principo se léaldet peré a bado da virviquen, a hané
ces armoiries, qui flattoient la vanité des grands, o deus tennet ordrenanson evit a nation entier.
ont aussitôt disparu ; les françois, rangés au niveau,
ont repris les noms de leurs pères, ils ne Querquenteo disparisset, an titro a gomt ac a
reconnoissent plus d’autres distinctions, d’autres varquis, an armoriou ar squoëjou merquou péré a
noblesse, que celle du mérite, des vertus et des baré orgouil ar penou bras dimez ar rouantelés,
talens.
renquet voar ar memeus linen, ar bopl dimez a
Franç, en deus at-quemeret an anoyou dimez a
L’égalité s’est établie dans la répartition des zado, na deu quen da anaveout distincyion na
impôts, on les a soumis aux règles d’une juste differance a bed na quen noblanç nemert an hini a
proportions, et chaque citoyen sans distinction de so diaséet voar ar vertuiou an donézonnou ar
rang, les paye et y contribue, à raison de son squient ac an talanchou.
aisance et de ses faculté ; bientôt même ces impôts
ne s’étendront plus sur les choses que l’usage et Ebars an ingail dimez an truajou a renn breman al
l’habitude nous ont rendues nécessaires, telles que lealdet, en ingail just a deu don sujan ol, a pep den
les boissons et le tabac.
ep diffranç a reng, a deu do féan a da contribuin
pep hini hervé e binvidiguez ac e chevanç ac en ber
Frères et amis, nos représentants ne se sont pas amser nevon quet diaséet an truajou voar dréou
bornés à la réforme de ces premiers objets, leurs dent da véan nescesser dré an acustumanç, de laret
vues bienfaisantes se sont encore fixées sur une eo en efag ac ar butun.
cette multitude de tribunaux qui existoient pour le
malheur des campagnes ; ils ont rerrassé la Quemense, nen deo hoas Breuder a mignonet
chicane ; et ces procureurs-fiscaux, ces praticiens nemet-ar homançamant dimez a labouriou on
voraces, qui n’avoient, comme on l‘a dit, que breuder en assemblé national, o squient,
l’instinct du loup, la ruse du renard, et le scleigennet en deus groet dezé teuler o daou lagat
croassement du corbeau, privés à jamais de leur voar an nombr bras dimez ar jurisdictiono peré a so
état, ne pourront plus exercer leur brigandage. Sur bet quiriecc da guement a valheur a hirrioud ac a
les ruines de ces juridictions subalternes, se sont anquen voar ar mez displantet à deus ar chicanerés,
élevés des tribunaux de district, composés de ac ar procuraret fiscal, ac ar scrivagnerien connaret
magistrats que vous avez nommés vous-même, et en péré ne voëlet nemert connoramant ar bléidi,
que aurez la liberté de renommer ou de changer finesséo al louarn, ac ar moëjou dimez ar brini
tous les six ans ; ils prononceront gratuitement sur privet evit biquen dimez o stat ancien na hallouint
vos affaires les plus importantes ; et quand aux quen contenti nac exerci o laëronciou. An
petits différens que vous pourriez avoir, vous avez tribunaliou a zistrict a so enum zavet voar ad
dans vos cantons, à la proximité de vos demeures, distrug dimez ar juridictiono inferior, ac a so
des juges de paix qui sont aussi de votre choix, et composet a varnerien pere o heus choaset chui
dont les fonctions sont de terminer promptement et ohunan, péré a hellet da chang pé da continuin bep
sans frais, tous les procès de peu de conséquence.
chuech vla. Evit netra e varnouint och afferiou a re
vrassan, ac evit prononç voar o tabujou particulier
Vos recteurs, vos curés à portions congrues, ces voar och afferiou a neubeut boüés, o heus en o
hommes utiles qui supportoient tout le poids du cantonniou en o toés barnerien a beuch, péré o
travail, languissoient dans le besoin, tandis qu’ils heus ivé choaset, peré o parnou prim ac eb frejou.
avoient à peine de quoi vivre, de riches évêques,
d’opulents bénéficiers, d’inutiles chanoines, O pastoret o peleyen pensionnet, tud quen
insultoient par leur faste à la misère publique, ils necessair peré a plegué dindan ar bech dimez à
prodiguoient dans des plaisirs de toutes espèces et labour, a voa bevet en creix an nécessité, a boan o
202
�dans un luxe révoltant, un patrimoine sur lequel les
conciles et les pères de l’église, leur prescrivoient
de ne prendre que le simple nécessaire, pour
distribuer le surplus en aumônes, et le répandre
dans le sein des pauvres.
La nation indignée de l’usage scandaleux qu’ils
faisoient de ces biens, s’en est emparée pour payer
la dette de l’état, et dans la place de ces mêmes
biens dont ils faisoient un si mauvais usage, si
contraire à leur salut, on leur a fait un traitement
honnête, on leur a donné des pensions qui sont plus
que suffisantes, pour entretenir les ministres d’un
dieu qui naquit dans une étable, et qui pendant sa
vie, a dit à ses disciples, et leur a répété, qu’ils ne
doivent laisser après eux qu’un linceul pour les
ensevelir.
defoa peadra da vévan, ac esquibien, abbadet,
chaloniet diboan lun a vado an ilis, peré no defoa
goneet enep feçon, d’ré o ré vras disping a disprisé
ar glahar, ar vizer re anaveet en toez ar bopl, o
impliant in plijaduerou a bep sort spes, o tismant
en vaniteo a ré disprisaplan, mado peré na defoant
da implian nemert evit quavet o magadurez ac o
esomo ebquen, hervé ol lezennou an ilis ac an tado
santet, evit rei ar rest en aluzon da re ar muan
ezomus.
An nation gant despet o voelet o exemplo fal ac an
implig scandulus pehini a rent dimezar mado sé e
deus o hemeret evit pean ar glé, dimez ar
rouantelés, an en lech arm ad osé à béré o deus
groët eun implig quen fal eun implig quen contrel
do silvidignez, e deus roet dezé un traitamant
honest, reit à so desé pensiono peré à so en tual da
Frères et amis, cette révolution, ces changements suffisant evit magnan ministret eun doué ganet en
ont dû sans doute exciter les cris de tous ceux qui heur chraou dister pehini a bresegué dé disquibien,
par l’abus du pouvoir, s’étoient crus pétris d’un n’a lezet o coudé nemert eun nincel evit o lienny.
autre limon que nous.
An disurs pretandet ar chanjamanchou man,
Les ci-devant comtes et marquis, les prélats breuder a mignonet, an deus occasionet cals a
crossés, se sont agités, et se tourmentent encore de glemmou a beurs à ré péré o devoa credet, dré an
mille manières, pour tâcher de nous faire retomber usag fal o deus groët dimez o velly, evoant gunidic
dans les fers que nous avons brisés; les uns ont dimez eun douar disanval dimez on hinny.
quitté leur pays, et se sont réfugiés chez nos
voisins ; ils y travaillent à vouloir soulever contre A ré a hanvet goezal comtet a marquigen, ac ar
nous les puissances étrangères ; ils sollicitent breladet gant o distinctiono o deux cals ac en meur
l’angleterre, l’empire, la sardaigne, à porter le fer a feçon finvet evit on angagin da goëan e bars a
et le feu, dans le sein de la patrie qu’ils ont chadennou peré on deus toret ; darn o deus coüitaet
abandonnée.
o bro ac a so e neum dennet en toés on amezinz ace
non labour evit revoltin à enep dimp ar stadou
Les autres, c’est-à-dire les prélats, d’intelligence estranjour, alyan a reont on enep bro-zoz, stadou
avec ces transfuges, cherchent à souffler parmi an impalaeër a cals a vroyou al, evit digas en on
nous le feu du fanatisme et de la guerre civile, ils chreis anhouarn ac tan goudé bean on dilezet.
écrivent, ils prêchent, que la religion est perdue,
que l’assemblée nationale veut détruire le culte de Darn al, da laret eo cals a breladet a unan gantez, a
nos pères ; des prêtres égoïstes et hypocrites glask hoëzan en on toues an tan dimez ar falsfaignent de les croire, et répètent les mêmes inspirationnou ac ar brezel en diabars ar
discours ; mais suivez de près tous ces fourbes, et rouantelez, presech, scrivan a reont eo collet a
vous verrez que c’est l’ambition, l’intérêt, et religion, penos evanq den assemblé général
surtout la vanité, qui les portes à déclamer contre distrugy lezen a feis on tadou ; beleyen arpet voar
une constitution qui doit faire la gloire et le eur sclerigen meur bed tensal ar hipocrite a ro da
bonheur de la france.
gredin penos o deus feis en quement se, ac a deu da
at-laret er memeus comsou ; mes heuillets a dost an
Les décrets de l’assemblée nationale, les loix affronterieu-se, ac e voelfet scler eo an interest an
qu’elle a publiées sur l’organisation civile du ambition ac ar vanité peré o hondu, o clasq ober
clergé, ne portent aucune atteinte à la sainteté de disprisan lezennou peré a reyou ar gloir, ar vat ac
notre religion, au contraire, elles ramenent cette ar bonheur a rouantelez franç.
religion à sa pureté primitive, à son ancienne
splendeur.
En nep feçon nen deo attaquet dré décréjou an
203
�Sous l’ancien régime, les rois ou plutôt des
courtisannes, telles que les Pompadour, les
Dubaril, les Polignac, toutes ces femmes sans
pudeur, avoient la feuille des bénéfices et
nommoient aux évêchés , les évêques nommés par
elles, donnoient aussi à la protection et à la
naissance, toutes les meilleures paroisses ; jettez
encore les yeux sur les cures qui dans chaque
diocèse sont les plus lucratives, et vous verrez
toutes, ou presque occupées par des ci-devant
nobles.
Comme le mérite et les talens n’étoient pas euxmêmes comptés pour rien, les prêtres les plus
dignes du caractère dont ils étoient revêtus,
vicarioient pendant leur vie, ou recevoient sur la
fin de leurs jours, quelques chétives et misérables
paroisses.
Nos représentans à l’assemblée nationale, se sont
justement élevés contre ces désordres ; d’abord
comme il y avoit trop d’évêchés, ils en ont
supprimés quelques-uns ; ils ont ensuite décrétés
que le peuple qui avoit nommés ses juges et ses
représentans, nommeroit aussi ses évêques et ses
recteurs. Le Roi a approuvé et adopté cette
réforme ; mais les évêques, les prélats , ceux
surtout qui regorgeoient de biens, et qui avoient
malgré les conciles accumulé sur leur tête une
multitude de bénéfices, se sont d’abord roidis
contre cette organisation civile du clergé; leurs
yeux fascinés par l’intérêt, n’ont vu dans une
réforme salutaire, qu’impiété, hérésie et sacrilège;
ils ont refusé un serment que nous avons tous
prêtés, celui de maintenir la constitution , et d’être
fidéle à la nation, à la loi et au roi : pour engager
les prêtres des villes et des campagnes à refuser
aussi ce serment, et à se révolter contre la loi, ils
ont eu recours aux ruses de l’intrigue, à
l’imposture, à la bassesse ; ils ont rédigé des
protestations incendiaires, ils ont fabriqué de
fausses bulles du pape ; ils ont colporté et fait
circuler ces pièces ; ils ont écrit des lettres
particulières, pour inviter les prêtres à ne point
prêter le serment que l’on exigeoit d’eux, c’est-àdire à ne pas permettre que des évêques et des
chanoines, qui avoient quarante ou cinquante mille
livres par an à dépenser, fussent réduits à un
revenu annuel de douze ou quinze mille livres; car
ces princes de l’église ne s’imaginent pas qu’il soit
possible de vivre apostoliquement avec un
traitement aussi modique ; et quoique Saint-Pierre,
204
assemblé national, evit ar pez a sell a dud a ilis, ar
santeles dimez a religion er hontrel, digaç a ra ac
religion dé nettoni a dé lufr quentan.
En pad al lezen ancien, arrouanez, pe evit laret
gouël, gouisy, al lès, grogués a merhet ar vez
dimez an natur, a hanvé dan ol benefico, d’an
escoptio, ac an esquibien hanvet drézé, a presanté
yve, dré brotection dré faveur, da heur guinidic
nobl, ar goellan paroujou ; teullet hoas o taolagat
voar ar pinfinguan paroujou dimez an excoptiou, ol
e hint dalhet dré veleyen goëzal nobl.
Ar squient ac an talanchou ne voan contet evit
netra, ar veleyen a muan dign dimez o haracter, a
labouré en pad o bué, ac ar pez a hellent da dapout,
en o hosny, e voa an disteran paroujou.
An dizurjo-se an deus revoltet on breuder dimez an
assemblé national; re voa a escoptiou, retranchet e
deus cals a nezé, goudé bean decretet e téfloa ar
bopl henvel ar varnerien ar re a dlé monete vidomp
dar stadou general, o deus ive décretet e tefloa er
memeus pobl henvel e esquibien e bastoret ; ar
roué en deus adoptet, meulet, a réforme-se, mes an
esquibien, ar bredalet peré an de foa re vado, peré,
a henep al lezennou dimez an ilis o defoa bergnet
voar o fen cals a veneficio, a so deut da neun reudy
enep al lezen prononset evit an dut a ilis ; o daoulagat chalmet dré an interest no deus goület en heur
reform quen mad ne mert disprianç, evit ar feis,
huguenodag a sacrilag, reüset o deus eur lez pehiny
o deus groet ol da laret eo difen lezen nevez ar
rouantelez, da vean leal dan nation dal lezen a dar
roué, evit angagin ar veleyen dimez a guer a divoar
ar mez da reüs ar sermant-se a de num revolty ;
clasquet o deus evit se an ol fineséo, an
dromplerez, groët o deus scrouijou leun a
brotestationou, capabl da lisquin ar rouantelez,
fabriquet o deus bulio faux a beurs ar pap, casset a
digasset o deus an ol effego-se, scrivet o deus,
lizerou particulier evit difen ar veleyen da brestan
al leïs a houlenner digante; na bermettet quet e
teuffe esquibien, chaloniet peré o defoa daou-ugant
anter cant mil livr da dispign dre vloas, da vean
reduiset da jouissan ebquen dimez a zaou-zec pe
bemzec mil livr leuvé. Rac ar brincet-se dimez an
ilis na hellont quet compren eo possubl bevan en
guis an ebestel gant eur somm quen dister herve o
santimant ; couscoudé, sant paër, dimez a behini e
neum hanvont succesoret a valee voar e droad ;
mes hint e renq cavet carozou, liquiben, palejou a
re superpan, tolliou meurbet dispignus, an aour ar
�dont ils se disent les successeurs, allât à pied et
couchât sur la terre, il leur faut des carrosses, des
laquais, des palais magnifiques, des tables
somptueuses ; il leur faut que l’or et la soie brillent
autour d’eux dans ce monde pour être sauvés dans
l’autre.
Quelques prêtres imbéciles ou abusés, quelques
ecclésiastiques lâches rempans, ont eu la faiblesse
de croire ces prélats, et de répéter après eux qu’ils
ne pouvoient en conscience jurer de maintenir une
constitution qui rappelloit les membres des autels à
la simplicité des beaux jours de l’église ; mais les
véritables prêtres, ceux qui sont pénétrés des
sublimes vérités de la morale, ceux qui adorent
Dieu de cœur et d’esprit, ceux qui lui rendent de
purs hommages, ont tous prêtés ce serment, ils ont
applaudi à une réforme que l’on peut appeller
évangélique.
Frères et amis, suivez les conseils de ces bons, de
ces honnêtes ecclésiastiques, mais fermer l’oreille
aux propos insidieux des autres prêtres qui se sont
montrés réfractaires à la loi ; ils voudroient vous
engager, vous précipiter dans des factions
dangereuses; ne les écoutez pas ;continuez comme
vous l’avez fait jusqu’ici de vivre en paix sous vos
toîts rustiques; travaillez, cultivez l’héritage de vos
pères, et que les intérêts de quelques prélats
orgueilleux, de quelques prêtres abusés ou
fanatiques, ne troublent pas votre repos; soyez sûr
que tout ce qu’ils vous suggèrent, et que tout ce
que vous débitent les ci-devant nobles, sur la
révolution actuelle, sur tous les changements qui
s’opèrent, sont autant de mensonges et
d’impostures ; ils vous disent que la religion est
perdue; cela est faux ; ils savent eux-mêmes que
l’assemblée nationale n’a travaillé qu’à la rendre
plus respectable dans son culte ; ils vous disent que
vous allez être écrasé sous le poids des impôts ;
cela est faux; vous paierez sans doute des impôts,
l’état sans eux, ne pourroit se soutenir; mais ils
seront également répartis, et vous en connoitrez
l’emploi ; si dans ce moment le fardeau vous
paroissoit plus pesant, ce n’est qu’une mauvaise
suite du mauvais régime de cette administration
prodigue et désordonnée, qui ruinoit les peuples
sans leur être utile.
Grâces à l’administration sage et paternelle qui
vient d’être établie, à cette administration que vous
avez confié vous-mêmes à des hommes de votre
choix, le vide sera bientôt rempli, et de jour en jour
205
sey a renq steredennan luguerny voar o zro er bed
man evit cavet ar barados ar bed-al.
Beleyen sempl a speret, pe dromplet, tud a ilis
digalou a soupl en deus bet ar simpladures da
gridin ar breladet-se a da lavaret o goudé na hellen
quet en consianç ober a lez da difien ar gonstitution
nevez a franç, pehiny quouscoudé a digas ministret
an auter dar simplicité a reyné en pad an deyo
caëran dimez an ilis. Mes ar guir dud a ilis, o halon
leun dimez a virioneo, ar binvidignez-cristen, ar re
a rent dean melodiou pur a noet, o deus prestet ar
sermant o deus recevet eur réform pehini a zo
meubet conform ac hanval ous speret an aviel.
Breuder a mignonet heuillet quelenadurès ar
veleyen vat ac honest, mes, na chelaouet enep
feçon finesseo ar re no deus quet e neum sujet da
lezen ; o hegarin a vang dezé, o precipitan en
complojou risclus, bevet en peuch evel mo heus
groet beté vreman, labouret, goneet an heritag
dimez o tadou, dispriset interets ar bredalet, leun a
vanité, ar veleyen surprenet disquientet ; quement a
hellont da laret dach voar suget arr gonstitution,
dimez an dud a ilis, quercouls ac ar re a vo nobl
diaguent nen deo nemert guevier a tromplerez.
Laret a reont eo collet ar feis ar religion, quellies a
haou ; ansav a reont, och-unan penos en assemblé
national ne deus labouret, nemert evit renti ar
religion muoh respetapl en e cérémoniou ac en e
sureté. Laret a reont dach e veet flastret dindan ar
boés dimeus an truajou péan a reet eb doutans
truajou, mes gant justic evouint diaséet, gout a
réfet och implig, mardeu breman ar boés da vean
poagnus, na dréet en tamal nemert da eur
gouarnamant dispignus ep raison, pehini a distrugé
a rouigné ar bopl ep rein dean vat ar bed.
Dré furnez an administration leun a garanté pehini
en deus ordrennet on breuder en assemblé national
fized en tud peré o deus choaset, ar pes a dlé ar
rouantelez a veopéet an ber amser ac eh ansafet
penos eo scanvoh ar boès a nean.
Anfin, mar eoch direpos a trubuillet voar ar pes a
voelet ac a glevet deut en guer, enon e queffet guir
vignonet dimez e lezen nevez, peré no deus quen
hoant nemert procurin ar vat ar bonheur dimeus o
breuder, peré o sclerigennou voar o doutanso a
difficulteo, quellies goeg o peo hoant da houllen
cusuil digant mignonet ar gonstitution nevez pere a
zo etablisset an guengamp, autoriset a beurs an
assemblé national, gant fianç deut do havout, gant
plijadur e scuillouint en toës o breuder an ol
�vous verrez le poids de ces impôts diminuer.
sicouriou peré a alyon deze ac o sclerigen.
Enfin, si dans tout ce que vous voyez, si dans tout
ce que vous entendez, quelque chose vous
embarrasse, si vous avez quelques inquiétudes,
quelques soucis, venez en ville, au lieu de ces
hommes qui jadis vous rebutoient, vous y
trouverez de véritables patriotes, une société des
amis de la constitution ; société qui est approuvée
et et autorisé par les décrets de l’assemblée
nationale. Cette société qui n’est animée que du
bien de ses concitoyens, se propose d’éclaircir vos
doutes, de résoudre vos difficultés ; et toutes les
fois que vous voudrez la venir la consulter, elle
vous offre les secours de ses lumières.
Great en hon touëz en Guengamp ar pempet a vis
meurs 1791.
Fait en société à guingamp, le 5 mars 1791.
ROBINET, Président, Le Bouetté, Secrétaire,
Bidard, greffier
206
ROBINET, Présidan, Le Bouetté, Secreter, Bidart,
Secreter.
�
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Les écrits révolutionnaires et contre-révolutionnaires rédigés en breton : 1789-1799 / Hervé Le Vot ; sous la direction de Georges Provost et de Hervé Le Bihan
Subject
The topic of the resource
Breton (langue) -- Et la Révolution française -- Thèses et écrits académiques
Bretagne (France) -- Histoire -- 1789-1799 (Révolution) -- Thèses et écrits académiques
Politique linguistique -- France -- 1785-1815
France -- 1789-1799 (Révolution)
France -- Langues -- 1785-1815
Description
An account of the resource
<div style="text-align: justify;">Master-2 Histoire, Sociétés, Cultures, Université Rennes 2 Haute-Bretagne, Centre de recherches historiques de l’Ouest (CERHIO)<br /><br />Ce mémoire effectue un recensement des textes rédigés en breton, qu’ils soient révolutionnaires ou contre-révolutionnaires, pendant la période 1789-1799. De ce corpus l'auteur a retenu deux thèmes transversaux pour commenter deux objectifs des révolutionnaires : le premier pour communiquer les idées nouvelles, par les traductions de tous les documents officiels, le second qui s’inscrit dans l’esprit des Lumières : celui de donner une instruction publique à tous les Français.</div>
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Le Vot, Hervé
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
2012
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Mémoire sur les écrits révolutionnaires et contre-révolutionnaires rédigés en breton accompagné du corpus des archives colligées par l'auteur Hervé Le Vot
Mémoire sur les écrits révolutionnaires et contre-révolutionnaires rédigés en breton accompagné du corpus des archives colligées par l'auteur Hervé Le Vot
Source
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Université Rennes 2
Date Issued
Date of formal issuance (e.g., publication) of the resource.
2017-11-13 Françoise Bancarel
Rights
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Hervé Le Vot
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
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2 vol. (156, 206 p.)
Language
A language of the resource
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Type
The nature or genre of the resource
Text
monographie imprimée
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