[imatge id=22179]Max Rouquette (1908-2005) est un écrivain languedocien issu de l’arrière-pays de Montpellier. Il y fut médecin un temps, avant d’exercer en ville pour la Sécurité Sociale. Il choisit comme langue d’écriture la langue occitane de son enfance, nous laissant ainsi une oeuvre magnifique, aujourd’hui reconnue internationalement, avec des recueils de poèmes (Los sòmis dau matin, 1937 ; Sòmis de la nuòch en 1942…), des oeuvres en prose (la série des Verd Paradís), des romans (La cèrca de Pendariès ; Tota la sabla de la mar de la mar ; …), des pièces de théâtre (Lo Metge de Cucunhan, 1942 ou Medelha, 1989), des essais, des traductions de Dante ou encore de Federico Garcia Lorca, des articles et des contributions de toutes sortes.
Animateur de l’occitanisme depuis sa période estudiantine, membre du Nouveau Languedoc (1928), membre de la Société d'Études Occitanes (SEO), rédacteur en chef de la revue Occitania (1936), il est aussi en 1945 l’un des fondateurs de l’Institut d’Études Occitanes (IEO). En 1962, avec Jean Camp et Jòrgi Reboul il fonde le Pen Club de langue d’oc.
Joueur passionné de balle au tambourin, il participe à sa renaissance par la création d’une fédération en 1939, et la refonte de ses règles en 1954, à partir de celles du tamburello italien.
Biographie détaillée :
Max Rouquette naît le 8 décembre 1908 d’Adèle Altairac et de Constantin Rouquette, vignerons à Argeliers dans l’Hérault. La famille de son père vient de La Couvertoirade, sur le Larzac, « la terre abandonnée » qui le fascinera toute sa vie. Son enfance est immergée dans la langue occitane, et marquée charnellement par le contact avec une nature sauvage qui deviendra le théâtre « mi-garrigue, mi-serrane » de son oeuvre d’écrivain. Celle-ci sera aussi marquée par la disparition de sa mère, enlevée par l’épidémie de grippe espagnole en 1917. À dix ans, Max Rouquette quitte l’école du village pour continuer ses études secondaires au petit puis au grand Lycée de Montpellier. Pensionnaire, il y découvre avec enthousiasme la culture classique et le monde de l’écriture avant, diplôme de baccalauréat en poche, d’étudier la médecine dans la pluriséculaire faculté de la ville.
C’est à cette période, tournant le dos à un Félibrige jugé trop passéiste, qu’il rejoint Le Nouveau Languedoc, association estudiantine occitane jumelée avec les Catalans et fondée par Jean Lesaffre. Il en fera un outil ambitieux de diffusion et de valorisation de la culture d’Òc, ce qui contribuera à poser les fondements de l’occitanisme moderne.
Il envoie à François Dezeuze son premier texte en 1927, sous l’impulsion de Max Cantagrilh : Lo paure òme e la crotz, publié dans Campana de Magalouna, journal « clapassier » d’expression occitane. La jeune garde estudiantine se liera ainsi avec les « Dissabtièrs », membres de la société créée en 1925 autour de François Dezeuze et de René Tulet, qui se retrouvent une fois par semaine - le samedi - pour deviser et échanger. C’est là que Max Rouquette côtoie et rencontre nombre de personnalités, dont le poète catalan Josèp Sebastià Pons qui aura sur lui et son style d’écriture une influence décisive.
Il publie dans la revue Òc de la Société d’Études Occitanes des poèmes remarquables - et remarqués, et passe, en 1931, le concours de l’internat de médecine à Toulon. Il y rencontre sa future épouse, Leona, aux origines corses. Il fait son service militaire dans la Marine, anime avec Charles Camproux un journal militant, Occitania, qui prolonge l’action du Nouveau Languedoc en élargissant son propos à l’ensemble des pays d’Oc. C’est le moment où il commence à écrire des oeuvres en prose d’un genre nouveau, faisant du monde des garrigues cachées une métaphore cosmique de l’âme humaine chassée du jardin d’Eden, et reléguée dans le néant de l’existence du XXe siècle.
Max Rouquette soutient sa thèse et s’installe comme médecin de campagne à Aniane en 1936, dans le contexte du Front Populaire pour lequel il a de la sympathie. Il en profite pour renforcer sa connaissance de la langue d’oc, Dins la boca dau pòble d’Òc, et prend le temps d’écrire l’une de ses plus belles pages. Mobilisé en 1939 en Tunisie, il revient vite au pays pour reprendre ses activités de médecin dans les difficiles conditions du temps.
Il écrit, à partir d’un conte de Joseph Roumanille, sa première pièce de théâtre en 1942, Lo Metge de Cucunhan, tout en s’investissant dans le fonctionnement de la future Société d’Études Occitanes. Ce travail mènera à sa fondation officielle en 1945, aux côtés d’Ismaël Girard et de René Nelli. Max en sera un temps le secrétaire puis le président. La Sécurité Sociale étant sur le point d’être créée, il en obtient le concours et déménage à Montpellier pour devenir médecin-conseil.
Max Rouquette disait que dans ses rêves heureux il rêvait de balle au tambourin. C’est à cette période qu’il s’investit dans la renaissance de ce jeu qui l’ancre un peu plus encore dans l’arc méditerranéen. Il contribue en 1939 à le doter d’une nouvelle fédération. Il sort un premier livre en 1948 (il y en aura deux autres plus tard), Le jeu de balle au tambourin, doté d’un lexique occitan, la langue d’origine du tambourin. Max Rouquette pensait que l’avenir de l’occitan et celui du jeu de paume languedocien ne pouvaient être dissociés. Il fera ensuite évoluer ce sport en 1954, en empruntant plusieurs règles aux Italiens pour rendre le jeu plus vif, tout en équipant le batteur languedocien d’un long manche de micocoulier.
Il dirige de 1954 à 1958 Vida Nòva, une revue occitano-catalane qui permet aux écrivains catalans espagnols de s’exprimer dans leur langue, alors prohibée. En 1962, avec Jean Camp et Jòrgi Reboul, il forme le Pen-Club du Languedoc, dont il sera le président.
À partir de 1974, c’est la retraite : l’urgence d’écrire le rattrape encore, notamment pour terminer les sept tomes de Verd Paradís. De 1978 à 1983 il dirige la revue Òc, une revue novatrice à la pointe de la création en occitan et en catalan. Dans ses pages, sa plume vive et aiguisée et ses qualités de polémiste font merveille au service de la langue d’oc, de la littérature et de la culture. Il revient à la poésie avec D’aicí mil ans de lutz en 1995, et se consacre ensuite à une écriture qui se diversifie avec des romans, du théâtre, des bestiaires ou encore des collaborations avec des photographes.
Traduite en français et dans de nombreuses langues, son oeuvre sort de la confidentialité du petit cercle des occitanistes pour atteindre la notoriété internationale à partir des années 1980. Sa pièce de théâtre Lo Glossari / Le Glossaire entre en 1998 au répertoire de la Comédie Française et sa tragédie Medelha / Médée, considérée comme un chef-d’oeuvre, est montée en français en 2003 et reprise en 2008.
Max Rouquette décède à Montpellier le 24 juin 2005, lors de la Saint-Jean d’été qui lui était si chère, à l’âge de 96 ans. La publication d’inédits et le rayonnement de l’oeuvre de Max Rouquette se poursuit aujourd’hui à travers une association, Amistats Max Rouquette, grâce au travail, entre autres, de Jean-Guilhem Rouquette - l’enfant de Max, de Jean-Frédéric Brun et de Jean-Claude Forêt. Depuis 2007 ils éditent chaque année une très belle revue, les Cahiers Max Rouquette, qui aborde successivement tous les aspects du grand oeuvre de l’enfant d’Argeliers.
Max Roqueta (1908-2005) es un escrivan lengadocian sortit del rèire país de Montpelhièr. I faguèt un temps de medecin abans que d’exercir en vila per la Securitat Sociala. Causiguèt la lenga occitana de son enfança coma lenga d’escritura per nos daissar una òbra de las bèlas, uèi reconeguda internacionalament, amb de poèmas recampats en recuèlhs (Los sòmis dau matin, 1937 ; Sòmis de la nuòch, en 1942 ;…) de pròsas (La tièira dels Verd Paradís), de romans (La cèrca de Pendariès ; Tota la sabla de la mar de la mar ; …), de pèças de teatre, (Lo Metge de Cucunhan, 1942 o Medelha, 1989), d’ensages, de traduccions de Dante o de Federico Garcia Lorca, d’articles e de contribucions de totas menas.
[imatge id=22179]Animator de l’occitanisme dempuèi son temps d’estudiant, sòci del Nouveau Languedoc (1928), membre de la Societat d'Estudis Occitans (SEO), cap redactor de la revista Occitania (1936), es tanben en 1945 un dels fondators de l’Institut d’Estudis Occitans (IEO). En 1962, cotria Jean Camp et Jòrgi Reboul, forma lo Pen-Club de lenga d’Òc.
Jogaire –bateire- e afogat de tambornet participa a sa renaissença per la creacion d’una federacion en 1939 e la refonda de sas règlas en 1954, a partir del tamburello italian.
Biografìa detalhada :
Max Roqueta nasquèt lo 8 de decembre de 1908 d’Adèla Altairac e de Constantin Roqueta, que fasián de vinhairons a Argelièrs dins Erau. La familha de son paire davalava de La Covertoirada, sul Larzac, « la tèrra abandonada » que l’enfachinèt sa vida tota. Son enfança es imergida dins la lenga occitana e marcada carnalament per lo contacte amb una natura salvatja que vendrà lo teatre bèl « mièg garriga, mièg serrana » de son òbra d’escrivan. Serà còrferida tanben per la despartida de sa maire enlevada per la marrana de la gripa espanhòla en 1917. A dètz ans, Max Roqueta quita l’escòla del vilatge per continuar sos estudis segondaris al pichon puèi al grand Licèu de Montpelhièr. Pensionari, i descubrís estrambordat la cultura classica e lo mond de l’escritura abans que, bachelieirat en pòcha, d’estudiar la medecina dins l’anciana facultat d’aquela vila. Es dins aquela temporada, virant l’esquina a un Felibritge jutjat tròp passadista e mejancièr, que rejonh Le Nouveau Languedoc, associacion estudianta occitana afrairada amb los catalans e fondada per Joan Lesaffre. Ne van far un esplech ambiciós de difusion e de valorizacion de la cultura d’Òc e contribuïr a pausar las fondamentas de l’occitanisme modèrne.
Manda a Francés Dezeuze, en 1927, jot l’escais de Max Cantagrilh –un masatge de la comuna d’Argelièrs- son primièr tèxte : Lo paure òme e la crotz qu’es publicat dins la Campana de Magalouna, jornal clapassièr de lenga d’òc. La jove còla estudianta se va ligar amb los vièlhs Dissabtièrs1 de Dezeuze e participar a d’unes de sos acamps. Aquí Max Roqueta costeja mond bèlses, mai que mai lo poèta catalan Josèp Sebastià Pons qu’aurà sus el e sus son biais d’enfàciar la causa escricha una influéncia decisiva.
Publica dins la revista Òc de la Societat d’Estudis Occitans de poèmas que son remarcats e passa, en 1931, lo concors de l’internat de medecina a Tolon. I encontra sa futura esposa, Leona, de las originas còrsas. Fa son servici militar dins la Marina, anima amb Carles Camprós un jornal militant Occitania qu’esperlonga l’accion del Nouveau Languedoc en l’espandissent a l’ensems dels païses d’Òc. Es lo moment que comença d’escriure de pròsas d’una noveltat totala, tresmudant lo mond de las garrigas nautas en metafòra cosmica de l’anma umana derrabada del jardin d’Eden e escampada dins lo non-res esglasiant de l’existéncia del sègle XX.
Max Roqueta sosten sa tèsi e s’installa coma metge dins lo campèstre, a Aniana, en 1936 dins lo revolum del Front Populaire per qual a de simpatias. N’aprofiècha per afortir sa coneissença de la lenga d’òc, Dins la boca dau pòble d’Òc, e pren lo temps d’escriure d’unas de sas paginas mai polidas. Mobilizat en 1939, en Tunisia, se’n torna lèu al país per repréner sas activitas de medecin dins las condicions malaisidas del temps. Escriu, a partir d’un conte de Josèp Roumanille, sa primièira pèça de teatre, en 1942 : lo Metge de Cucunhan tot s’investissent dins lo fonctionament de la Societat d’Estudis Occitans. Aquel trabalh caparrut mena en 1945, còsta Ismaël Girard e Renat Nelli, a la fondacion oficiala de l’Institut d’Estudis Occitans. Max ne farà un temps lo secretari puèi lo president. La Securitat Sociala es a se metre en òbra, capita lo concors e muda a Montpelhièr per faire lo medecin-conselh.
Max Roqueta disiá que dins sos sòmis aüroses somiava de tambornet. Es a aquel moment que se ronça dins la respelida d’aquel jòc que l’ancora un pauc mai dins l’arc mediteranèu. Participèt en 1939 a i donar una federacion novèla. Sortís un primièr libre en 1948 (n’i aurà dos autres mai tard), Le jeu de la balle au tambourin, amb un lexic occitan, la lenga d’origina del tambornet. Se pensava Max Roqueta que l’avenidor de l’occitan e del jòc de pauma lengadocian non podián èsser desseparats. Farà puèi en 1954 evolucionar aquel espòrt en manlevant d’unas règlas als italians per rendre lo jòc mai viu tot servant lo batedor lengadocian del margue long de falabreguièr.
Baileja de 1954 a 1978 Vida Nòva una revista occitano-catalana que permet als escriveires catalans espanhòls de se poder exprimir dins sa lenga enebida en aquel temps. En 1962, amb Jean Camp et Jòrgi Reboul, forma lo Pen-Club de lenga d’Òc, ne farà lo president.
A partir de 1974, es la retirada, l’urgéncia d’escriure l’arrapa un còp encara, emai aquela d’acabar d’en bèl primièr los sèt tòmes de Verd Paradís.
De 1978 a 1983 dirigís la revista Òc, una revista novatritz a la poncha de la creacion en occitan e en catalan. Dins aquelas revistas, sa pluma viva e aguda e sas qualitats de polemista fan miranda, al servici de la lenga d’òc, de la literatura e de la cultura. Se’n torna en poesia amb D’aicí mil ans de lutz en 1995 e se consacra puèi cap-e-tot a son escritura que se diversifica amb de romans, de teatre, de bestiaris o dins de collaboracions amb de fotografs.
Revirada al francés e dins de nombrosas lengas, son òbra sortís de la confidencialitat del pichon cercle dels occitanistas per tocar a la notorietat internacionala a partir de 1980. Sa pèça de teatre lo Glossari/le Glossaire dintra en 1998 al repertòri de la Comédie Français e sa tragedia Medelha/Médée, considerada coma un cap d’òbra es creada en francés en 2003 e represa en 2008.
Max Roqueta se defunta a Montpelhièr lo 24 de junh de 2005, per la Sant Joan d’estiu que li èra talament cara, annadit de 96 ans. La publicacion d’inediches e l’espandiment de l’òbra de Max Roqueta se perseguís uèi a travèrs d’una associacion : Amistats Max Rouquette, mercé lo trabalh, entre autres, de Joan Guilhem Roqueta -l’enfant de Max, de Joan Frederic Brun e Joan Claudi Forêt. Dempuèi 2007 editan cada annada una revista de las bèlas, les Cahiers Max Rouquette qu’abòrda successivament totes los aspèctes de l’òbra grand de l’enfant d’Argelièrs.