Le bon soir des moundis. Tust, Tust, quié-là ? [Toulouse] : [s.n.], [17..]
Ce feuillet contenant deux textes imprimés au recto et au verso est connu par un seul exemplaire relié avec d’autres brochures en occitan dans un recueil provenant de la collection de l’érudit et bibliophile occitaniste Frix Taillade (1819-1901) dont la bibliothèque a été acquise en 1906 par la bibliothèque de l’université de Toulouse. Il est aujourd’hui conservé dans le fonds ancien de l’université de Toulouse. (Bibliothèque universitaire de l’Arsenal - SCD Toulouse-1 ; cote : Resp 35341-3/26)
Ce document occitan toulousain est imprimé sur un feuillet recto-verso de format moyen (390 × 185 mm) pouvant s’apparenter à de la production populaire de colportage qui proposait à la vente ambulante des ouvrages imprimés à faible prix. Cette pratique a grandement œuvré à la bonne diffusion de nombreuses œuvres entre le Moyen ge et le XXe siècle. Les œuvres de Pèire Godolin, Jasmin, Mesté Verdié et certains almanachs félibréens ont notamment été assez largement diffusés grâce au colportage.
Sans date ni nom d’auteur ou d’imprimeur, il a été daté postérieur aux années 1720-1730 du fait de la mention du « pape de Hollande ». Il est possible de voir dans ce terme une allusion au schisme provoqué aux Provinces-Unies (actuels Pays-Bas) par le prélat catholique Dominique-Marie Varlet (1678-1742), évêque in partibus de Babylon, excommunié en 1725 pour avoir administré des sacrements aux Provinces-Unies alors qu’il était relevé de ses fonctions, et en opposition aux ordres du pape. Refusant de se soumettre au Saint-Siège, Varlet fonde alors une église catholique schismatique à Utrecht, qui sera plus tard connue sous le nom d’Église vieille-catholique ou Union d’Utrecht.
Le recto contient « Le bon soir des moundis » (le bonsoir des Toulousains), suivi du sous-titre « Tust, Tust, quié-là ? » (toc, toc qui est là ?). Le verso contient un autre texte, en français celui-là, intitulé « Pour les femmes ».
Le bon soir des moundis se compose de deux parties. La première est une liste d’injures populaires en occitan. Plusieurs d’entre elles ne manquent pas de verve, certaines relève presque de l’absurde : Capèl de ressegaire, que le mèstre non val gaire (Chapeau de scieur, dont le maître ne vaut pas grand-chose), Visatge de pautrada, fisionomia mancada (Visage d’étron, physionomie manquée), Frut d’espital, enfant de còr de Marselha (Fruit d’hôpital, enfant de chœur de Marseille), Visatge de cuèr bolhit, visatge de trenta-sièis faiçons (Visage de cuir bouilli, visage de trente-six façons)...
La seconde est intitulée « Passen as souhaits » (passons aux souhaits) et énumère des souhaits absurdes et burlesques. Là encore, les souhaits en question ne souffrent pas de la comparaison avec les insultes qui les précèdent, au niveau de la richesse imaginative, loufoque et fantaisiste : Te soèti las perpelhas coma una bòta de rafes (Je te souhaite les paupières comme une botte de radis), Te soèti las dents e la machoara rengadas coma las nòtas de musica (Je te souhaite les dents et la mâchoire rangées comme les notes de musique). Nous nous rapprochons parfois quasiment de l’ambiance d’un tableau de Jérôme Bosch : Te soèti que tas costèlas serviscan de cabana al diable per se metre a l’abric del solelh (Je te souhaite que tes côtes servent de cabane au diable pour se mettre à l’abri du soleil), Te soèti que quand te mocas, te mocas la cervèla (Je te souhaite que quand tu te mouches, tu te mouches la cervelle), Te soèti que Lucifèr te trigosse per de vinhas podadas de frèsc, juscas que siás en brotons (Je te souhaite que Lucifer te trimballe à travers des vignes taillées de frais jusqu’à ce que tu sois en boutons). Le cauchemar n’est pas loin derrière le bouffon, et l’œuvre s’enrichit d’une dimension presque inquiétante de par la fantaisie absurde et débridée de l’imagination dont elle fait preuve. Même le décor familier de Toulouse devient fantasmagorique : Te soèti que le dòma dels Carmes e des Recolets te serviscan de pendents d’aurelhas (Je te souhaite que le dôme des Carmes et des Récollets te servent de boucles d’oreilles), Te soèti quatre caissals coma le Pilièr d’Orleans (Je te souhaite quatre molaires comme le Pilier d’Orléans).
Au terme de trente-six souhaits se trouve une Respounso (réponse), qui se limite, en une dizaine de lignes, à d’autres insultes ainsi qu’à une série de bon soir dans le même esprit. Le tout se clôture par la sentence amix eron, amix sion (ils étaient amis, qu’ils soient amis).
Nous n’en savons pas plus sur l’identité des deux interlocuteurs ni sur leur querelle.
Le texte français imprimé au verso du feuillet porte le titre Sur les femmes, sans davantage de précisions. S’il serait quelque-peu exagéré et anachronique de le qualifier de féministe, c’est néanmoins un texte qui plaide - en apparence - l’égalité entre hommes et femmes, voire même la supériorité de celles-ci sur la gent masculine : “De plus l’origine et le nom de la femme, selon l’Écriture sainte, est plus noble que celui de l’homme”. Le moins que l’on puisse dire est qu’il est en rupture totale de ton et d’atmosphère avec la partie occitane du recto. Faut-il y voir un éloge carnavalesque ? L’inversion des valeurs étant une des bases de Carnaval, il est possible que le plaidoyer en faveur de la prise de pouvoir des femmes dans la société relève en réalité du même esprit subversif et provocateur que la partie occitane.Il s’agirait alors de ce qu’on appelle en rhétorique une antiphrase.
Si ce type de documents est rare aujourd’hui dans les collections publiques, cela ne veut pas dire qu’ils n’étaient pas nombreux dans la production imprimée de diffusion populaire, en particulier à Toulouse, qui fut depuis la fin du XVIe siècle un foyer de littérature burlesque, satirique et populaire d’expression occitane.
Il est malheureusement difficile de reconstituer le rôle et la « vie » que pouvait avoir un tel texte dans le Toulouse du XVIIIe siècle. Son format, son support et son contenu invitent à penser qu’il ne s’agit pas d’écrits pour êtres lus mais sans doute dits ou joués. S’agit-il d’un texte carnavalesque ? On sait l’importance du carnaval dans l’ancienne Toulouse, connu par de nombreux écrits, depuis Godolin au XVIIe siècle. Plusieurs passages semblent directement inspirés du grand poète populaire toulousain Godolin, des noms sont tirés de ses œuvres, comme Ramonet l’Asclaire (Raymond le fendeur de bûches) à moins qu’il ne s’agisse de folklore toulousain qu’avait exploité Godolin dans ses œuvres. Nous savons que Godolin a repris plusieurs personnages de l’imaginaire local, comme Tòcasòm.
[imatge id=21065]
Plusieurs lieux emblématiques de Toulouse sont cités dans le Bon soir des moundis, comme le couvent des Carmes, celui des Recollets et celui des Cordeliers, ou encore l’église de la Dalbade, le quartier Arnaud-Bernard (la Naubernat), le « pont » et ses « lunes », comprendre le Pont-Neuf (les « lunes » étant sans doute les six dégueuloirs dont il est percé), ou encore le Pilier d’Orléans, célèbre pilier de la cathédrale Saint-Étienne au pied duquel est enterré Pierre-Paul de Riquet.
Certaines de ces insultes seront reprises par le farceur bordelais Meste Verdié (1779-1820) dans sa farce Cadichoune e Mayan (1819) indiquant une certaine diffusion de ce texte, par voie écrite ou orale.
Le Bon soir des moundis est un texte de poésie burlesque en occitan, assez énigmatique, construit en vers irrégulier comme un inventaire des insultes et vœux de malheur. Il est daté du milieu du XVIIIe siècle, imprimé en feuillet et connu par un seul exemplaire conservé à la Bibliothèque universitaire de l’Arsenal (Toulouse-1).
Ce type de document à diffusion populaire est assez rare dans les collections publiques. Il appartient cependant à un corpus foisonnant de textes burlesques et carnavalesques qui composent une grande part de la littérature occitane de l’époque moderne (XVIe-fin XVIIIe siècle) dont Toulouse est un des principaux foyers autour du très célèbre poète Godolin (1580-1649).
Peu connu, décrit par le savant Jean-Baptiste Noulet dans son Essai sur l’histoire littéraire des patois du midi de la France au XVIIIe siècle (Paris : J. Techener, 1859, p.172) come contenant un « tissu d’ordures et d’injures dégoûtantes, en usage, ce semble, parmi le bas peuple, à la fin du XVIIIe siècle » on le percevra aujourd’hui au contraire comme un témoignage précieux de la langue populaire des Toulousains, de leurs divertissements et de leur humour dans une culture collective fortement imprégnée de carnavalesque.
Le feuillet contient au dos un autre texte en français intitulé « Pour les femmes » (et non “Contre” comme le prétend Noulet) qui est un argumentaire de défense des femmes, arguant leur nature égale voire supérieure à l’homme.
Le bon soir des moundis. Tust, Tust, quié-là ? [Toulouse] : [s.n.], [17..]
Ce feuillet contenant deux textes imprimés au recto et au verso est connu par un seul exemplaire relié avec d’autres brochures en occitan dans un recueil provenant de la collection de l’érudit et bibliophile occitaniste Frix Taillade (1819-1901) dont la bibliothèque a été acquise en 1906 par la bibliothèque de l’université de Toulouse. Il est aujourd’hui conservé dans le fonds ancien de l’université de Toulouse. (Bibliothèque universitaire de l’Arsenal - SCD Toulouse-1 ; cote : Resp 35341-3/26)
Ce document occitan toulousain est imprimé sur un feuillet recto-verso de format moyen (390 × 185 mm) pouvant s’apparenter à de la production populaire de colportage qui proposait à la vente ambulante des ouvrages imprimés à faible prix. Cette pratique a grandement œuvré à la bonne diffusion de nombreuses œuvres entre le Moyen ge et le XXe siècle. Les œuvres de Pèire Godolin, Jasmin, Mesté Verdié et certains almanachs félibréens ont notamment été assez largement diffusés grâce au colportage.
Sans date ni nom d’auteur ou d’imprimeur, il a été daté postérieur aux années 1720-1730 du fait de la mention du « pape de Hollande ». Il est possible de voir dans ce terme une allusion au schisme provoqué aux Provinces-Unies (actuels Pays-Bas) par le prélat catholique Dominique-Marie Varlet (1678-1742), évêque in partibus de Babylon, excommunié en 1725 pour avoir administré des sacrements aux Provinces-Unies alors qu’il était relevé de ses fonctions, et en opposition aux ordres du pape. Refusant de se soumettre au Saint-Siège, Varlet fonde alors une église catholique schismatique à Utrecht, qui sera plus tard connue sous le nom d’Église vieille-catholique ou Union d’Utrecht.
Le recto contient « Le bon soir des moundis » (le bonsoir des Toulousains), suivi du sous-titre « Tust, Tust, quié-là ? » (toc, toc qui est là ?). Le verso contient un autre texte, en français celui-là, intitulé « Pour les femmes ».
Le bon soir des moundis se compose de deux parties. La première est une liste d’injures populaires en occitan. Plusieurs d’entre elles ne manquent pas de verve, certaines relève presque de l’absurde : Capèl de ressegaire, que le mèstre non val gaire (Chapeau de scieur, dont le maître ne vaut pas grand-chose), Visatge de pautrada, fisionomia mancada (Visage d’étron, physionomie manquée), Frut d’espital, enfant de còr de Marselha (Fruit d’hôpital, enfant de chœur de Marseille), Visatge de cuèr bolhit, visatge de trenta-sièis faiçons (Visage de cuir bouilli, visage de trente-six façons)...
La seconde est intitulée « Passen as souhaits » (passons aux souhaits) et énumère des souhaits absurdes et burlesques. Là encore, les souhaits en question ne souffrent pas de la comparaison avec les insultes qui les précèdent, au niveau de la richesse imaginative, loufoque et fantaisiste : Te soèti las perpelhas coma una bòta de rafes (Je te souhaite les paupières comme une botte de radis), Te soèti las dents e la machoara rengadas coma las nòtas de musica (Je te souhaite les dents et la mâchoire rangées comme les notes de musique). Nous nous rapprochons parfois quasiment de l’ambiance d’un tableau de Jérôme Bosch : Te soèti que tas costèlas serviscan de cabana al diable per se metre a l’abric del solelh (Je te souhaite que tes côtes servent de cabane au diable pour se mettre à l’abri du soleil), Te soèti que quand te mocas, te mocas la cervèla (Je te souhaite que quand tu te mouches, tu te mouches la cervelle), Te soèti que Lucifèr te trigosse per de vinhas podadas de frèsc, juscas que siás en brotons (Je te souhaite que Lucifer te trimballe à travers des vignes taillées de frais jusqu’à ce que tu sois en boutons). Le cauchemar n’est pas loin derrière le bouffon, et l’œuvre s’enrichit d’une dimension presque inquiétante de par la fantaisie absurde et débridée de l’imagination dont elle fait preuve. Même le décor familier de Toulouse devient fantasmagorique : Te soèti que le dòma dels Carmes e des Recolets te serviscan de pendents d’aurelhas (Je te souhaite que le dôme des Carmes et des Récollets te servent de boucles d’oreilles), Te soèti quatre caissals coma le Pilièr d’Orleans (Je te souhaite quatre molaires comme le Pilier d’Orléans).
Au terme de trente-six souhaits se trouve une Respounso (réponse), qui se limite, en une dizaine de lignes, à d’autres insultes ainsi qu’à une série de bon soir dans le même esprit. Le tout se clôture par la sentence amix eron, amix sion (ils étaient amis, qu’ils soient amis).
Nous n’en savons pas plus sur l’identité des deux interlocuteurs ni sur leur querelle.
Le texte français imprimé au verso du feuillet porte le titre Sur les femmes, sans davantage de précisions. S’il serait quelque-peu exagéré et anachronique de le qualifier de féministe, c’est néanmoins un texte qui plaide - en apparence - l’égalité entre hommes et femmes, voire même la supériorité de celles-ci sur la gent masculine : “De plus l’origine et le nom de la femme, selon l’Écriture sainte, est plus noble que celui de l’homme”. Le moins que l’on puisse dire est qu’il est en rupture totale de ton et d’atmosphère avec la partie occitane du recto. Faut-il y voir un éloge carnavalesque ? L’inversion des valeurs étant une des bases de Carnaval, il est possible que le plaidoyer en faveur de la prise de pouvoir des femmes dans la société relève en réalité du même esprit subversif et provocateur que la partie occitane.Il s’agirait alors de ce qu’on appelle en rhétorique une antiphrase.
Si ce type de documents est rare aujourd’hui dans les collections publiques, cela ne veut pas dire qu’ils n’étaient pas nombreux dans la production imprimée de diffusion populaire, en particulier à Toulouse, qui fut depuis la fin du XVIe siècle un foyer de littérature burlesque, satirique et populaire d’expression occitane.
Il est malheureusement difficile de reconstituer le rôle et la « vie » que pouvait avoir un tel texte dans le Toulouse du XVIIIe siècle. Son format, son support et son contenu invitent à penser qu’il ne s’agit pas d’écrits pour êtres lus mais sans doute dits ou joués. S’agit-il d’un texte carnavalesque ? On sait l’importance du carnaval dans l’ancienne Toulouse, connu par de nombreux écrits, depuis Godolin au XVIIe siècle. Plusieurs passages semblent directement inspirés du grand poète populaire toulousain Godolin, des noms sont tirés de ses œuvres, comme Ramonet l’Asclaire (Raymond le fendeur de bûches) à moins qu’il ne s’agisse de folklore toulousain qu’avait exploité Godolin dans ses œuvres. Nous savons que Godolin a repris plusieurs personnages de l’imaginaire local, comme Tòcasòm.
[imatge id=21065]
Plusieurs lieux emblématiques de Toulouse sont cités dans le Bon soir des moundis, comme le couvent des Carmes, celui des Recollets et celui des Cordeliers, ou encore l’église de la Dalbade, le quartier Arnaud-Bernard (la Naubernat), le « pont » et ses « lunes », comprendre le Pont-Neuf (les « lunes » étant sans doute les six dégueuloirs dont il est percé), ou encore le Pilier d’Orléans, célèbre pilier de la cathédrale Saint-Étienne au pied duquel est enterré Pierre-Paul de Riquet.
Certaines de ces insultes seront reprises par le farceur bordelais Meste Verdié (1779-1820) dans sa farce Cadichoune e Mayan (1819) indiquant une certaine diffusion de ce texte, par voie écrite ou orale.
Le Bon soir des moundis es un tèxte de poesia borlesca en occitan, pro enigmatic, construch en vèrs irregular coma un inventari de las insultas e vòt de malastre. Es datat del mitan del sègle XVIII, estampat en fulhet e conegut per un sol exemplar conservat a la Bibliothèque universitaire de l’Arsenal (Tolosa-1).
Aquel tipe de document a difusion populara es pro rar dins las colleccions publicas. Aparten pasmens a un còrpus abondós de tèxtes borlesques e carnavalesques que compausan una granda part de la literatura occitana de l’epòca modèrna (sègle XVI-fin sègle XVIII) dont Tolosa es un dels principals fogals a l'entorn del fòrça famós poèta Pèire Godolin (1580-1649).
Pauc conegut, descrich per le sabent Jean-Baptiste Noulet dins son Essai sur l’histoire littéraire des patois du midi de la France au XVIIIe siècle (Paris : J. Techener, 1859, p.172) coma contenent un « tissu d’ordures et d’injures dégoûtantes, en usage, ce semble, parmi le bas peuple, à la fin du XVIIIe siècle » (teissut d'orduras e d'injúria desgostanta, en usatge, çò sembla, demest lo bas poble, a la fin del sègle XVIII) lo percebrem uèi al contrari coma un testimoniatge preciós de la lenga populara dels Tolosencs, de lors divertiments e de lor umor dins una cultura collectiva fòrtament emprenhada de carnavalesc.
Lo fulhet conten al revèrs un autre tèxte en francés titolat « Pour les femmes » (Per las femnas) (e non “Contra” coma o pretend Noulet) qu'es un argumentari de defensa de las femnas, argüissent lor natura egala veire superiora a l’òme.
Le bon soir des moundis. Tust, Tust, quié-là ? [Toulouse] : [s.n.], [17..]
Aquel fulhet que conten dos tèxtes estampats al rècto e al versò es conegut per un sol exemplar religat amb d’autras brocaduras en occitan dins un recuèlh eissit de la colleccion de l’erudit e bibliofila occitanista Frix Taillade (1819-1901) que sa bibliotèca es estada aquesida en 1906 per la bibliotèca de l’Universitat de Tolosa. Es uèi conservat dins lo fons ancian de l’Universitat de Tolosa (Bibliotèque universitaire de l’Arsenal - SCD Toulouse-1 ; quòta : Resp 35341-3/26).
Aquel document occitan tolosenc es imprimit sus un fulhet rècto-verso de format mejan (390 × 185 mm) que se pòt aparentar a de produccion populara de còlportatge que propausava a la venda ambulanta d'obratges estampats a feble prètz. Aquela practica a grandament obrada a la bona difusion de nombrosas òbras entre l'Edat Mejan e lo sègle XX. Las òbras de Pèire Godolin, Jasmin, Mesté Verdié e d'unes almanacs felibrencs son per exemple estada largament difusats mercés al còlportatge.
Sens data ni nom d’autor o d’estampaire, es estat datat posterior a las annadas 1720-1730 del fach de la mencion del « pape de Hollande » (Papa de Olanda). Es possible de veire dins aquel tèrme una allusion al esquisma provocat a las Províncias-Unidas (actuals Païses-Basses) per lo prelat catolic Dominique-Marie Varlet (1678-1742), avesque in partibus de Babilònia, excomunicat en 1725 per aver administrat de sagraments a las Províncias-Unidas mentre qu'èra estat relevat de sas foncions, e en oposicion als òrdres del papa. Refusant de se sometre al Sans Ses, Varlet fonda alara una glèisa catolica esquismatica a Utrecht, que serà apuèi coneguda jos lo nom de Église vieille-catholique (Glèisa vièlha-catolica) o Union d’Utrecht.
Lo rectò conten « Le bon soir des moundis », seguit del jos-títol « Tust, Tust, quié-là ? ». Lo verso content un autre tèxte, en francés aquel es titolat « Pour les femmes » (Per las femnas).
Le bon soir des moundis se compausa de doas partidas. La primièra es una lista d’injúrias popularas en occitan. Mantunas mancan pas de vèrbia, d'unas relèvan quasi de l’absurde : Capèl de ressegaire, que le mèstre non val gaire, Visatge de pautrada, fisionomia mancada, Frut d’espital, enfant de còr de Marselha, Visatge de cuèr bolhit, visatge de trenta-sièis faiçons ...
La segonda es titolada « Passen as souhaits » e enumèra de vòts absurdes e borlesques. Tornamai, los vòts en question sofrisson pas de la comparason amb las insultas que los precedisson, al nivèl de la riquesa imaginativa, folastre e fantasista : Te soèti las perpelhas coma una bòta de rafes, Te soèti las dents e la machoara rengadas coma las nòtas de musica. Nos saram de còps de l'ambient d'un tablèu de Jérôme Bosch : Te soèti que tas costèlas serviscan de cabana al diable per se metre a l’abric del solelh, Te soèti que quand te mocas, te mocas la cervèla, Te soèti que Lucifèr te trigosse per de vinhas podadas de frèsc, juscas que siás en brotons. La calcavièlha es pas luènh darrièr lo bofon e l’òbra s'enriquís d’una dimension quasi inquietanta de per la fantasiá absurda e desbridada de l'imaginacion que ne fa pròva. Emai lo decòr quasi familièr de Tolosa deven fantasmagoric : Te soèti que le dòma dels Carmes e des Recolets te serviscan de pendents d’aurelhas, Te soèti quatre caissals coma le Pilièr d’Orleans.
Al tèrme de trenta-sièis vòts se tròba una Respounso (responsa), que se limita, en un desenat de linhas, a d’autras insultas e una seria de bon soir dins lo meteis esperit. Lo tot se clava per la senténcia amix eron, amix sion.
Ne sabèm pas mai sus l’identitat dels dos interlocutors ni sus lor garolha..
Lo tèxte francés imprimit al verso del fulhet pòrta lo títol Sur les femmes, sens mai de precision. Se seriá un pauc exagerat e anacronic de lo qualificar de feminista, es pasmens un tèxte que plaideja - en aparéncia - l’egalitat entre òmes e femnas, emai la superioritat d'aquelas sus la gent masculina : “De plus l’origine et le nom de la femme, selon l’Écriture sainte, est plus noble que celui de l’homme” (Emai, l'origina e lo nom de la femna, segon l'Escritua Santa, es mai nòble qu'aquel de l'òme). Lo mens que se'n pòsca dire es qu'es en rompedura totala de ton e d'atmosfèra amb la partida occitana del rècto. I cal veire un elògi carnavalesc ? L’inversion de las valors es una de las basas de Carnaval, es possible que lo plaidejat en favor de la presa de poder de las femnas dins la societat relèva en realitat del meteis esperit subversiu e provocator que la partida occitana.
S'aquel tipe de documents es rare uèi dins las colleccions publicas, aquò vòl pas dire qu'èran pas nombroses dins la produccion estampada de difusion populara, en particulièr a Tolosa, que foguèt dempuèi la fin del sègle XVI un fogal de literatura borlesca, satirica e popular d'expression occitana.
Es malurosament dificil de reconstituir lo ròtle e la « vida » que podiá aver un tal tèxte dins lo Tolosa del sègle XVIII. Son format, son supòrt e son contengut convidan a pensar que s'agís pas d’escriches per èsser legits mas probable diches o jogats. S’agiriá d’un tèxte carnavalesc ? Sabèm l’importància del carnaval dins l’anciana Tolosa, coneguda per de nombroses escriches, dempuèi Godolin al sègle XVII. Mantuns passatge semblan dirèctament inspirats del grand poèta popular tolosenc Godolin, de noms son tirats de sas òbras, coma Ramonet l’Asclaire al mens que s'agisca de folclòre tolosenc qu’aviá espleitat Godolin dins sas òbras. Sabèm que Godolin a représ mantuns personatges de l'imaginari local, coma Tòcasòm.
[imatge id=21065]
Mai d'un luòc emblematics de Tolosa son citats dins lo Bon soir des moundis, coma lo Convent des Carmes, aquel dels Recollets e aquel dels Cordeliers, o encare la glèisa de la Dalbade, le quartièr de la Naubernat, lo « pont » e sas « lunas », comprendre lo Pont-Neuf (las « lunes » son probable los sièis desgolidors que lo perçan), o encara lo Pilier d’Orléans, celèbre pilar de la catedrala Saint-Étienne al pe del qual es enterrat Pierre-Paul de Riquet.
D'unas d'aquelas insultas seràn represas per lo farsejaire bordalés Meste Verdié (1779-1820) dins sa farça Cadichoune e Mayan (1819) e indica una cèrta difusion d'aquel tèxte, per via escricha o orala.