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— 153 -
RÉUNION D'EAUZE
Nous engageons vivement nos confrères de l'Escole, à
arriver à Eauze, dès le vendredi soir, ou au plus tard, le
samedi matin, afin qu'ils puissent assister aux fêtes que
l'hospitalière cité nous offre dès le samedi. Courses de taureaux, illumination générale de la ville en l'honneur des
Félihres.
Voici l'horaire qui leur facilitera ce charmant voyage :
EAUZE
HEURES D'ARRIVÉE ET DE DÉPART
Arrivée du côté de Riscle, Tarbes,
Pau, Bayonne, Orthez, Dax
7
1
S
10
h.
h.
h.
h.
41
4
26
55
matin.
soir.
soir.
soir.
Arrivée de Port-Ste-Marie, Bordeaux, Agen, Toulouse
9 h.
Midi
4 h.
8 h.
Départ
4 h.
9 h.
Midi
4 h.
8 h.
37 matin.
32
25
32 soir.
24 soir.
27 matin.
15
9 soir.
9 soir.
Départ
h.
h.
h.
h.
10 matin,
49
—
9 soir,
31 soir.
Nous avons déjà dit que la ville d'Eauze offre de grandes
ressources de logement. Nous croyons devoir donner cidessous la liste des hôtels où nos amis seront admirablement reçus :
Hôtels
Lavay.
Maupeu, Vignes, Durand, Soubiran, Dumotée,
Le Président de l'Escole,
Adrien
PLANTÉ.
�LE MOUVEMENT FÉLIBRÉEN DANS LE SUD OUEST "
— SUITE ET FIN —
Cet élan n'a pas été spontané : il a eu une préparation lente et
les iélibres ont eu des précurseurs. Mentionnons tout d'abord les
diverses sociétés savantes qui ont fait œuvre décentralisatrice en
ressuscitant l'histoire des hommeâ, des œuvres et des choses du
pays. En première ligne se présente la Société historique de la Gascogne dont l'organe est cette Revue de Gascogne si littéraire dans ses
recherches historiques ou archéologiques. A l'origine, aux époques
de création, la poésie a précédé la science.: Le contraire se voit
dans les époques de reconstitution : c'est la science qui déblaie le
terrain, met au jour les titres de fierté locale et donne l'essor à
l'élan poétique. Cela est si vrai, que l'homme qui a été pour ainsi
dire la cheville ouvrière de la Revue de Gascogne, le docte M. Léonce
Couture, est mort cigalier, félibre majorai. Et nul n'avait mieux
mérité ce titre par l'attention constante et sympathique qu'il avait
prêtée, dans sa Revue, à l'essor de la littérature populaire. Dax
avec sa Société de Brrda, Pau avec sa Société des Lettres, Sciences et
Arts, et les Etudes historiques de l'infatigable abbé Dubarat, Tarbes,
Agen, Bordeaux, Toulouse, Bayonne, etc., ont vaillamment donné
leur coup de pioche pour déblayer la vérité historique et réhabiliter la Gascogne oubliée. De leur côté, des folkloristes nombreux
recueillaient avec une patience admirable les prières, formules
populaires, dictons, œuvre fruste,*mais souvent géniale, delà littérature et de l'esprit populaire.
Entre temps, des poètes surgissaient qui faisaient de nouveau
briller la langue et les souvenirs de la petite Patrie : telles des
fleurs, humbles ou superbès, écloses dans l'interstice pleurant de
deux pierres moussues sur dés ruines monumentales. Qui ne
connaît Jasmin, si inspiré avec le seul cadre d'Agen? Jasmin
se croyait le dernier des Troubadours lorsque la Provence lui répondit en glissant dans le ciel un nouveau soleil, Frédéric Mistral.
Le Béarn vivait toujours de son Despourrins' dont on veut contester l'authenticité, comme on conteste celle d'Homère. Plaines,
bois, montagnes, ville fastueuse répétaient à l'env'i ses chansons.
Hatoulet célébrait le vin dans un style moins châtié, mais non
moins convaincu que celui d'Horace. En Béarn, la chanson gaie
semble sortir des entrailles du sol, et la rime, nouvelle vestale,
(1) Voir la Ire partie dans le N° de Juin.
�n'a jamais laissé s'éteindre, dans ce plantureux terroir, le feu
sacré sur l'autel de ta poésie. Avec Lespy, c'est le feudiste, le
paléographe, le grammairien qui brille et interprète savamment
la vieille langue. De leur côté, l'abbé Lamaysouette donne une
traduction francisante de l'Imitation de Jésus Christ et l'abbé
Bidache une traduction archaïque des Evangiles.
Lacountre, le poète errant et incompris, quitte la Bigorre pour
promener sa flûte et ses vers dans les rues de Pau : ses œuvres ont
été misérablement lithographiées en un in-folio de 8 p., non paginé,
daté de 1871).
On voyait le Gers rééditer les vieux auteurs, Pey de Garros
e
n
du xvi siècle et d'Astros-d'Arquier du xvn siècle. Alcée
Durrieux éditait deux volumes de son cru, Las Belhados de Ley'touro, œuvre bizarré et sans portée.
e
Les Landes avaient eu, au xvm siècle, les Fables Causides de
e
Batbedat. Au xix siècle, elles ont leur maître indiscutable Isidore
Salles qui, sous-préfet à Dax, rompt des lances gasconnes, sous
le pseudonyme du Paysan de Cagnotte, avec l'abbé Maumen qui
signait Un paysan de Grenade. Ce brave abbé Maumen, mon compatriote d'Aire, s'il vous plaît, avait l'humeur caustique et l'esprit
satirique par excellence. On avait beau lui reprocher de méconnaître trop souvent les règles poétiques : peine perdue. Plus lier
que jamais de ses hiatus, il appelait un chat un chat et Rollet un
fripon. Il publia des Gasconnades devenues célèbres... et presque
introuvables! Son Mayre gris est resté typique. Plus tard, sous le
nom d'Henri de las Teutères, il publia YAlmanach dons paysans,
célèbre dans les marchés d'Aire, Mont de-Marsan et Villeneuve,
mais presque sans mérite littéraire. La loi sur l'instruction obligatoire lui inspire cette boutade dans l'Almanach de 1883, p. 64.
N'auram pas mey auquès, n'auram pas même auquères ;
Ets même que debran, tous nouâtes députât»,
— Ou ne-n minjeran pas, — abé souegn dous auquats.
Ne j'aura pas en loc mey brassés, ni brassères.
Un poète à l'âme tendre, au style fin et délicat, à la cadence
harmonieuse fut le bon et docte chanoine Pédegert dont M. Gabarra a publié les œuvres et dont il prépare la vie. Nous avons
apprécié ce délicat littérateur dans la Semaine Religieuse d'Aire.
Tous les gourmets en littérature romane devraient posséder
ces vers.
' De son côté, M. le chanoine Beaurredon, ancien vicaire général
de Saint-Denis (Béunion) et ancien curé de Lévignac. dans les
Landes, apportait son précieux tribut philologique dans deux
�- 186 brochures : Etudes Landaises et Grammaire du Gascon landais;
ce dernier ouvrage fut couronné par l'Académie de Bordeaux.
IV
Il y a environ huit ans, quelques hommes formèrent le projet,
audacieux s'il en fut, de réveiller la langue gasconne, de son
sommeil, ou pour mieux dire de la léthargie qui prenait tout à fait
la tournure d'une crise mortelle. Ils étaient jeunes, mais l'avenir
est aux jeunes. Le talent débordait en eux plus que la formation
poétique ou littéraire. Mais n'a-t-on pas remarqué que les plus
illustres musiciens n'ont reçu qu'une instruction à peine élémentaire, lorsqu'ils ont eu la chance d'en recevoir une? Le génie suffit
à tout, et chanter sa poésie en vers harmonieux ou en phrases
musicales, c'est tout un, suivant la vocation artistique. D'ailleurs
les jeunes gens dont nous parlons, et dont quelques uns exerçaient
une profession ouvrière, eurent vite fait de se former eux mêmes
à l'étude des langues utiles et des auteurs qui faisaient loi dans
la littérature ou sur le Parnasse. Ils résolurent de fonder une
société littéraire, agissante, prête à jeter, à tous les échos de la
Gascogne, les beaux accents de la vieille langue maternelle, qui
tombait en désuétude, et à revendiquer graduellement le droit aux
mœurs, franchises et coutumes dont les ancêtres avaient vécu.
A ces volontaires de l'Idée, il fallait un chef expérimenté. C'est
ici que se montre dans tout son jour le rôle précurseur des sociétés
savantes qui déblayaient le terrain depuis un demi-sièclè. Le
groupe des jeunes s'adressa à M. Adrien Planté, président de la
Société des sciences, lettres et arts de Pau, membre de la Société de
Borda, béarnais de bonne race, d'une urbanité exquise, d'une
érudition sûre, d'un dévouement à toute épreuve. L'érudit, dans
lequel vibrait un poète aimable, se mit à la tête de la jeune phalange, fonda l'Escole Gastou-Fcbus dont le porte-parole fut la revue
mensuelle des Beclams de Biarn et Gascougne, et, nouveau troubadour, promena triomphalement son Escole, de ville en ville, sur la
vieille terre de Gascogne. La vieille terre, d'abord étonnée d'entendre dire que le Gascon pouvait penser, parler, rire, chauler,
pléurer avec des allures aussi géniales que celles de la langue
française, prêta l'oreille, s'émut, s'ébranla à tel point que l'Escole
Gastou-Febus compte aujourd'hui plus de quatre cents adhérents.
Cette fois, l'ordre des facteurs fut changé, pour parler comme les
sciences positives. Paris fit écho à la province, et les Gascons de
Paris, sous la conduite du regretté Félix Despagnet, se rangèrent
nombreux sous le drapeau, fièrement porté, de Gastou-Fébus.
�— 157 —
Successivement Biarritz en 1898, Dax en 1899, Bagnères en 1900,
Pau en 1901, Saint-Sever en 1902, Argelès en 1903 firent fête à la
jeune Escole qui ouvrit des concours littéraires et distribua solennellement ses prix aux heureux lauréats, poètes ou prosateurs
gascons. Partout l'accueil fut flatteur, fraternel, parfois même
enthousiaste comme à Pau, où la Provence se donna rendez-vous,
Mistral en tête, parfois encore d'une couleur de vie locale intense
comme à Argelès. En l'année 1904, Eauze, la vieille métropole de
toute la Gascogne, doit avoir les honneurs de la félibrée. Instinctivement, et comme pour mieux marquer ce travail fécond que
l'érudition des Sociétés savantes avait commencé en déblayant le
terrain, l'Escole Gastou-Febus décerna un prix au chercheur qui
avait le plus honoré le département, dans lequel se tenaient les
grandes assises félibréennes annuelles, par ses publications historiques, scientifiques ou archéologiques. Ainsi la poésie tendait
noblement la main à la science, tant il est vrai que les deux font
œuvre commune dans les divers départements formés -de nos
anciennes provinces.
Quelques esprits inquiets se sont demandé pourquoi le mouvement félibréen ou décentralisateur s'applique à la seule langue.
Il est vrai que d'autres, moins ambitieux, ont cru devoir le localiser dans les seules courses de taureaux dont une partie du Midi
et de la Gascogne est si friande. Nous répondrons que les uns et
les autres tombent dans un excès. A l'heure où nous sommes, il
faut viser au plus pressé, ne pas se borner à l'accessoire et ne pas
embrasser à la fois toutes les parties du but. Il faut agir comme
avec un édifice croulant ou s'apprêtant à crouler, regarnir les
joints, gratter la mousse, enlever les lierres, contre-fonder les
parties les plus menacées, et tâcher surtout de conserver la partie
principale de l'édifice. La langue paraissant plus menacée peutêtre que le reste, on restaure la langue, on prouve qu'elle a la
souplesse, la sonorité, le nerf, l'élégance sobre ou abondante des
autres langues. On supplie le peuple de ne pas la délaisser, de la
remettre en honneur, de ne pas renier les ancêtres qui nous l'ont
scrupuleusement transmise comme un précieux héritage plusieurs
fois séculaire. Or la langue est le reflet de la pensée, delà volonté,
des coutumes, des mœurs, des besoins, des aspirations de l'âme
humaine. La langue est la clef d'un peuple. Bestaurez votre langue,
parlez-la bien pure, bien nette, bien harmonieuse, et vous sentirez
l'âme gasconne revivre en vous, retrouver ses aspirations, ses
besoins d'antan, réclamer et imposer les mœurs, coutumes et
traditions dont cette langue lui rappelle le précieux et vivace
souvenir.
C. DAUGÉ.
�ESLOUS È FRUTS
Lou nouste gran amie, En Peyre Devoluy, capouljè dou Félibridge q-ue-s anounce la gauyouse debarade dens lou catsérou
familiaù d'ûe gaymante anyouline qui s'apère Magali !
A la balénte may que-s permélem d'auffri noustes coumplimens amistous é de la prega 'de ha lous mey beroys arrisoulets a
la maynadine, au noum de l'Escole Gastou-Fébus.
Au pay, hurous e lier que diseram de tout cô : « Hardit, méste,
e Diu p'ayudi.
•
A. P.
LE DISCOURS ST~ ESTELLEN
Dans le dernier numéro des Reclams, nous avions annoncé
la publication complète dans celui-ci, du discours prononcé
par le Capoulié Devoluy, aux fêtes du Cinquantenaire du
Félibrige. A la réflexion, nous avons pensé qu'il serait peutêtre préférable d'analyser le document et d'en donner de
larges extraits.
L'éloquent orateur a pris pour thème l'idée, juste en ellemême, de faire des Sept de Font-Segugne, les continuateurs
au point de vue historique et littéraire du. génie méridional,
étouffé par la Croisade contre les Albigeois. Personne n'était
mieux qualifié que lui pour cette œuvre patriotique. Il suffit
pour s'en convaincre de se reporter aux articles parus sur
cette question dans YAioli et signés P. Devoluy.
La première partie du discours est donc purement histo rique :
« Abandouna de tóuti, lou darrié prince naturau dóu Miejour,.
En Ramoun VII de Toulouso, duque de Narbou.no o marqués de
Prouvènço, èro vengu dins soun alódi próuvençau pèr ié leva sa
darriero armado, pèr ié lucha sa darriero lucho. Soun ereditàri
enemi, aièr encaro fort pichot sire à respèt d'éu, venié d'adurre
davans Avignoun, pèr la rapino e lou masèu, uno armado de cènt
milo ome que sarravon la vilo. » (1).
(1) Abandonné par 1ous, le dernier prince naturel du Midi, Raymond VII
de Toulouse, duc de Nârbonne et marquis de Provence, était venu dans son
fief provençal pour y lever sa dernière armée, pour y lutter sa dernière lutte.
Son ennemi héréditaire, hier encore fort petit sire à côté de lui, venait de
conduire devant Avignon, pour la rapine et le massacre, une armée de cent
mille hommes qui assiégeaient la ville.
�La race du Midi était épuisée par vingt années d'une
guerre d'extermination : Toulouse, Muret, Carcassonne ,
Béziers et Beaucaire étaient tombées. Tout n'était cependant
pas perdu car :
« Au mitan dóu lassige universau e de la desafecioun, Avignoun
s'aubourè vers l'ounour di siècle en desplegant au vènt-terrau la
bandiero estrassado de la patrie- e recoulant davans si bàrri bèn
garni l'esperfors de cènt milo escapoucho. » (1).
Mais Avignon, n'est pas totalement abandonnée ; elle n'est
pas seule à tenir tête aux nouveaux barbares. Des troupes
de partisans s'organisent qui harcèlent l'ennemi ; enlèvent
ses convois, détruisent les récoltes pour affamer les assiégeants ; et, leur raid accompli, se mettent à l'abri dans les bois
qui couvrent les hauteurs de Gadagne et de Camp-Cabèu :
« Lou sèti d'Avignoun, pamens, tiravo de long, e, despièi mai
de très mes, menaçant de mètre en desbrando l'espedicioun de la
Crousado, l'ardènto republico tenié tèsto sènso falido i cènt milo
arlandié que l'assalissien emé ràbi ; e, d'en pertout, lis iue se viravon vers la ciéuta valènto ; e, d'en pertout, un nouvelun d'esperanço regreiavo dins li courado. Barri suprême de la defénso, tant
qu'Avignoun tenié, l'on se disié que la patrio encaro batié veno e
poudié se reviscoula. » (2).
Le Comte de Toulouse âme de la résistance, enflammait
l'ardeur des combattants... niais la vaillante cité finit par
succomber sous les assants des assiégeants. En apprenant
cette funeste nouvelle, Raymond assembla ses fidèles :
'— « Baroun, ço dis lou comte, avèn acaba nosto jouncho ! Près
e Parage, aro an viscu. Avignoun debaussa, ' touto esperanço es
derouïdo !... Aclapa pèr l'Astrado, à tout lou mens noun vole pas
qu'emé iéu tóuti vous aprefouhdigués. Vous desligue de vosti sar(f) Au milieu de la lassitude universelle et de la défection, Avignon monta
dans l'honneur des siècles en déployant la bannière lacérée de la patrie et en
arrêtant devant ses remparts bien défendus le suprême effort de cent mille
brigands.
(2) Le siège d'Avignon pourtant se prolongeait et depuis plus de trois mois,
menaçant de mettre en déroute l'expédition de la Croisado, l'ardente république résistait sans défaillance aux cent mille pillards qui l'assaillaient avec
rage ; et de tous côtés les regards se tournaient vers la valeureuse cité et de
toutes parts un renouveau d'espérance germait dans les cœurs. Rempart
suprême de la défense, tant qu'Avignon était debout on se disait que le cœur
«e la patrie battait encore et qu'elle pouvait se relever.
�ramen ; espeças vòsti glàsi e vous escavartés à la gàrdi de Diéu sus
li camin de l'eisiï... 0 Prouvènço ! tout es perdu. La civilisacioun
es ferido à la mort... L'Endeveni nous sara traite, coume nous es
traito l'ouro presènto : nosto memòri patrialo, l'enemi la cargara
de messorgo e d'ahiranço ; e vese, iéu, la iengo mémo de nosto
raço que, descasudo dóu trône soubeiran, mai esoarnido qu'uno
bóumiano, sara messo dins un tau menesprés que nòsti felen élimeme auran crento de la parla. » (1).
<c Mais nos enfants verront luire le jour de la justice »... et
avant de se séparer et de se perdre dans les routes de l'exil,
les derniers fidèles de la liberté, sur l'ordre de Raymond,
creusent une fosse profonde dans laquelle est déposé, entouré
des plis de l'oriflamme, le glaive national....
« Pièi, li siècle de calabrun se debanèron. Li messorgo e l'ahiranço faguèron soun obro caïno. E de touto aquelo civilisacioun
galiero, de tout aquèu lustre de la patrio, de touto aquelo glori
nouvelàri que resplendis incoumparablamen sus très siècle d'is
tòri, lou souveni même, coundana coume nn crime, n'en fuguè
secuta, foro-bandi. » (2).
Il était écrit que viendrait le, jour de la revanche pacifique :
« Fraire dou Miejour ! Lou glàsi naciounau que despièi tant de
siècle dourmié dins lou secrèt de la séuvo emmascado, li sèt eros
de Font Segugno, i'a cinquanto an que l'an dessousterra !...
l'a cinquanto an que venguèron eici, dins lou mistèri freirenau
de la pouëslo e de l'engèni e que, tout tremoulant d'uno santo
embriagadisso, sachèron retrouba l'armo escoundudo di sèt
Ramoun, e, la fargant de nou, desfourrelèron sus li pople lou
Veçbe lampejant !
0 Diéu que lis as coungreia, Estello Santo que li counduguères,
(1) Barons, dit te Comte, nous avons fini notre tâche ! Valeur et noblesse
ont vécu ! Avignon tombé, toute espérance est détruite. Accablé par la fatalité,
je ne veux point qu'avec moi vous vous anéantissiez. Je vous délie de votre
serment. Déposez vos épées et dispersez-vous à la garde de Dieu sur les routes
de l'exil.... 0 Provence ! tout est perdu. La civilisation est frappée à mort...
L'avenir nous trahira comme nous trahit l'heure présente. Notre souvenir
sera chargé de mensonges et de haine, et je vois la langue même de notre
race qui, déchue du trône souverain, pourchassée comme une bohémienne,
sera tellement méprisée qúe nos fidèles eux-mêmes n'oseront plus la parler.
(2) Puis les siècles d'obscurité se déroulèrent, les mensonges et la haine
firent leur œuvre de Gain. Et de toute cette civilisation, de tout cet éclat, de
cette gloire qui resplendit incomparablement sur trois siècles d'histoire, le
souvenir même, condamné comme un crime, fut persécuté, proscrit.
�- 161 -
noun avès pas vougu, dins vosto justice- tutelàri, que la patrlo
miejournalo degoulèsse pèr sèmpre au founs dóu garagai ! An
aquelo patrio matrassado, renegado, agounido, avès vougu ié
rèndre lou Glàsi naciounau, valènt-à dire la counsciènei de la raço
e de la lengo, que li pople que n'en soun véuse noun soun plus
rèn qu'uno póutiho sènso noum. » (1).
Les sept fondateurs ont fait rentrer dans l'ombre le mensonge, ils ont désarmé la haine ; ils ont redonné aux fidèles
la conscience de leur valeur et relevé cette langue qui restait
confinée dans l'usage populaire, cette langue que parlent
aujourd'hui onze millions de méridionaux. Ils ont proclamé
la noblesse de ses origines, la fécondité de son génie et suscité
ce superbe éclat « de glorio et de belesse que fai lume à la
terro nostro et que jamai s'escantira '» (2).
Et parce que c'est à Font-Segugne que s'est ourdie la
grande conjuration des revendications, parce que là s'est
allumé ce miraculeux foyer, ce coin de terre demeurera à
jamais sacré pour l'avenir.
Mais soyons tous aussi ardents qu'unis ; que les âmes
s'enflamment et que les mains se serrent.
« E subre l'autar de la patrio, davans lou Grand-Prèire que l'encarno inmourtalamen, fasen coume éli lou sarramen di mascle :
juren d'un cor soulet de médita, d'aprendre e de coumprendre;
juren d'oubra sènso falido pèr lou triounfle de nósti Dre majour.
E d'aquestè brès fouguejant de la respelido, d'aqueste repaire
invióula di Faidit, parten tóuti, escalabert coume éli, destressounen
pèr la vitòri avenidouiro la mai santo e la mai leialo di guerro, la
guerro pacifico de l'estrambord e de la fe, la guerro de la plumo e
(1) Frères du Midi ! Le glaive national qui depuis tant de siècles dormait
dans le secret de la forêt enchantée, les sept héros de Font-Segugne l'ont
déterré voici cinquante ans !...
Il y a cinquante ans qu'ils vinrent ici dans le mystère fraternel de la poésie
et du génie et que, tremblants d'une sainte ivresse, ils surent retrouver l'arme
cachée de Raymond et, la créant de nouveau, brandirent sur les peuples le
Verbe éclatant.
0 Dieu qui les as créés, Etoile Sainte qui les conduisis, vous n'avez p»s
voulu dans votre justice tutélaire que la patrie méridionale s'engloutit à jamais
au fond du gouffre. A cette patrie abattue, reniée, mourante, vous avez voulu
rendre le glaive national, c'est-à-dire la conscience de la race et de la langue
sans lesquelles les peuples ne sont qu'une poussière sans nom.
(2) De gloire et de beauté qui illumine notre pays et qui ne s'éteindra
jamais.
2
�— 162 —
delà paraula, pèr counfoundre l'errour, pèr prouclama la verita
fegoundo, pèr coubra, dins un mot, tout lou relarg usurpa de noste
patrimòni, en cridant, voulountous e freirau, coume autre-tèms,
li Rèire :
« Que Diéu rende la terro à si fidèus amant! » (1).
«—»vJJt»»rT, ■—»
LOUS DE OÈY
LOU
DIE
COUÎ^SEILS A LAS AUEILHÈROS
Juenos é frescos aueilhèros,
Quan augisson bostos cansous,
Touts s'estangon ser las carrèros,
Lous Rouchinols bengon jelous.
Dens (s) lous bruchóts, las Parinthiétos
En dus bouléts ban s'estujà,
E dab lous Gardis las Lausétos
Piulon deci, piulon delà.
Debàt lou soureilh qui flamino
Uaytàts, uaytàts lous agnerous
Per la coumo, per le coulino
Au brut gayres dous esquirous. —
Mais embarràts la nèyt bengudo :
Pou mièy dou bós, cabbàt l'arriu,
Lou loup toudyour, à la tengudo,
Cerquo per ci, cerquo perquiu.
Hugi'ts lous galàns, amiguétos,
E pous baràts jitàts sas lhous :
Pràmo d'uo lhou, mignounétos,
Pouyrén riulejà forços plòus. —
(t) Et sur l'autel de la patrie, devant le Grand prêtre qui immortellement
l'incarne, faisons comme eux le serment des forts : jurons d'un seul cœur de
méditer, d'apprendre et de comprendre ; jurons de travailler sans défaillance
pour le triomphe de notre Droit suprême.
Et de ce berceau, brillant et chaud foyer de la renaissance, de ce repaire
inviolé des bannis, des déshérités, partons tous, hardis comme eux, poursuivons pour la victoire future la plus sainte et la plus légale des guerres, la
guerre pacifique de l'enthousiasme et de la foi, la guerre par la plume et par
la parole pour confondre l'erreur, pour proclamer la vérité féconde, pour
fecouvrer, en un mot, tout le territoire usurpé de notre patrimoine, en criant
dans la volonté fraternelle comme autrefois les aïeux :
« Que Dieu rende la terre à ses amants fidèles ! »
�— 163 —
' Sé tournauots atau floucàdos
Beyrets las géns à debisà ;
E boudréts pas (s), fièros maynàdos,
, Que diguen ci, que diguen là.
Pracô, berôyos pastourétos,
Quan seguirèy bóstes troupèts
Dechàts, deguen bostos manétos,
Birà hilèros é husèts :
Sé m'augissots per escajénço,
A mous prepaus harsits d'amou
Guàrdats toudyour bouno arcueilhénço
Pensàts à jou, pensàts à jou !
L. DE BRESCON
(Gers).
QUE SOUY MADU
Un cop, en Chalosse, — que-m souy dechat dise, qu'ère à Castagnos, — un bielhoun abè pou de mouri.
Qu'abè passât de sedze ans lous très bins ; més qu'ère dret coum
ue nique de palhè, très coum un bigarrèu, e qu'abè tout so qui
eau enta s'a-t bira dab la pou.
— « Tè, gouyat, que souy madu, se dit au hilh, un brespe d'estiu.
— Que nou, pay, que nou.
— Si, gouyat, si ; que souy madu ! »
Qu'a t dechèn atau.
Banlèu — « que souy madu ! » — estou la cante dou bielhoun.
Ere sedut? ère lhebat ? e s passejabe ?
— « Que souy madu, gouyat.
— Que nou, pay; qu'èts lou mey beroy bielh de Castagnos.
— Gouyat, jou que m'a-t sey ; que souy madu ! »
Que j'a bielhs, e sustout bielhes, qui biben de plagne : lou de
Castagnos ère d'équets.
Qu'arribèn à la sazoun de las pères, e que j'abè de bèts pérès au
casau.
Ere empericlat lou tems aquet brespe ? N'a-t se.
Lou bielhoun tourna mey que jamé dise au hilh :
— « Que souy madu, gouyat. Jou que m'a-t trobi, que souy
madu !
— Pr'aco, se s dit lou hilh, b'a-t saurey s'é madu l'omi. »
Que dit au pay :
— « Pay, s'anabem au casau amassa dues pères ?
�— 164 —
— Coum boulhis gouyat. »
Que se-n y ban.
Qu'abise un pérè, haut chens n'esta e de boune segoutide.
— « Pay, se dit, poujats au pérè, e segoutitsdou enta ha
degroua las pères. De bach aban que las aparerey. »
Lou pay pouje, léujè coum nat gat esquiro, e segoutech lou pérè.
Las pères casen au prumè cop : que gu'abè un palhat.
— « Adare, sarrats hort », se hè lou gouyat.
E que-s hique à segouti lou pérè.
Lou pay hè un crit :
— « E que hès ? Nou, dèche, que-m bas ha case.
— Sarrats hort.
— Que-m bos ha péri.
— Dechats-me ha ! »
E lou hilh tourne segouti mey hort qu'au prumè cop.
Que segouti bères pauses.
— « Couquiat, se hasè lou pay, a-t bos decha ? Se bau à terre,
que-m cópi l'esquie ! »
Las pères casoun toutes, lou pay ne casou pas : nade geyre n'ère
gahade au murre coum ét au pérè.
— « E doun, pay, s'ou dichou lou hilh coan abou prou segoutit,
be-p a-t disey, jou, n'èrets pas madu. Las pères an toutes debarat ;
bous qu'èrets beroy estacat au pérè. »
Lou bielhoun arnegabe. Més la segoutide estou de las bounes :
que decha de dise qu'ère madu, e qu'atendou bèt tems de-n esta.
C. DAUGÉ.
L'AGULHE
A Rosa L...
Despuch lou matî dinqu'óu sé
Soubén engoè la noèyt biéngude
Tau mé plausé, tau lou plasé,
Court moun agulhe puntagude.
Trauque la séde ou lou coutou
La percale, lou mouletou ;
Ta touts lous gous, toutes payères,
Hém camises, raubes leuyères.
Atau coum lou boun Diu las hé,
Que soun beroyes las maynades ;
Qu'estan pla miélhe, per ma fé,
Quoan las habém drin fayçounades.
�— 165 —
La mode cambie soubén,
Més boule, boule coum lou bén.
Ta touts lous gous, toutes payères,
Hém camises, raubes leuyères.
Caucop lou didau malestruc
T'embie mau hassi que hassi.
Més dab lou dit û petit truc
E lou fourfoulh prén boune graci.
U cop acabat lou tribalh
N'habém pas nat pòu dou miralh ;
Ta touts lous gous, toutes payères,
Hém camises, raubes léuyères.
Qu'ès d'aciè lou miélhe trempât,
E nou n'ès pas brigue ourgulhouse ;
Més qu'at pouts dise e qu'èy bértat,
N'ès pas soubén adroumilhouse.
Lusénte coum l'array de sou,
Que f embriagu'e ûe cansou,
Quoan hèm en ta toutes payères •
Camises é raubes leuyères.
Héns lou pouchét dou debantau,
Talèu coum acabat l'aubratye,
Tu, la reynéte de l'oustau,
Que t'estuyes chéns nat tapatye.
Que-t sabes countenta de chic,
Même quoan das quauque pechic,
En han en ta toutes payères
Camises é raubes leuyères.
Despuch lou matî dinqu'ou sé,
Soubén engoè la noèyt biéngude,
Tau tou plasé, tau mé plasé,
Tout en poussant la pantagude,
Cousturère aus oelhous hardits,
Cante, l'agulhe au cap dous dits.
En han en ta toutes payères
Camises é raubes leuyères.
Andréu
BATJDORRE.
�— 166 —
AU CABE S ALI È
Aquéste més de Yulh, û sé oun la lue arrayabe au miey d'û cèu
chens nade nuble, oun las éstéles hissaben coum claus d'or, oun
lous auyamis pradès cridasseyaben hens las 'èrbes, oun lous barbòus de luts luslben p'ous estrems dous camîs, — û de queths
beths sés d'estiu qui paréchen esta hèyts ta l'amou e tau bounhur,
— lous noustes amies saliès que-s soun atustats enso dou counf ray
Cazanave.
Au partimen de la crampe qu'ère pénude la papérole oun se
leyèn lous noums dous quarante-cinq saliès, chibaliès de GastouFébus, debath aqueste entitulat : « Gurmeth félibrenc salie » e
aquestes moûts : « Gurmera ta tiéche, — tiéche ta-s ha counéche. »
U burèu qu'estou apitat : lou Jules de Despaux qu'esté noumat
présiden, Madamisèle Elisabeth Saubot, daune dou félibridye saliè,
e lou Yan de Perbosc, secretari.
Qu'èren aquiu louscapulats del'endrét, coum MM. EnricLafoun,
E. Thore, P. Hourdebaigt, Gazanabe, E. Domercq, Yan de Gamu,
J.-B. Sen-Guily, J.-B. Perriès, lous dus rays Despaux, e bère
troupe d'autes.
Yan dou Bousquet, batiat saliè per la hèyte, que leyou aqueste
létre d'ALCartero :
« ... Que m'hauré hèyt beroy gay, qu'ad coundat plâ, de troubam
« au miey d'aquelhs baléns qui clabèren ûe nabère estéle au beth
« cèu dounouste Biarn toustem aymat.... Qu'habets dit que Salies
« que sera la Bile-Sente dou Félibridye Biarnés Gascou, qu'at
« beyrats, lous Saliès ne-b héran pas menti.
« ... Seguin sus aquero l'arreque félibrenque, que-s balheh oey,
« ùe reyne (que me laiherats dus pots, guzard, e quoate si eau!) e
» n'en poudèn pas causi nade de melhe qu'aquére brabe Yanote,
« qui hé lusi dab tan d'esclat las bostes darrères hèstes.
« ... Lou tribalh de l'eschami saliè que sera de ha ayma la nouste
« bère lengue biarnése, de sauba-le dou desbroum, d'amucha que
« lous Biarnés de oey n'han pas bergougne dou lou débisa, liéré
« tadye sacrad dous bielhs, que las bertuts de la rasse ne soun pas
« pergudes....
« 0, nous que-t goarderam ô Bouts dou nouste Biarn,
« Pramou qu'hayim béstissi ou de séde ou de rase
« Qu'ès sang dou nouste sang, carn de la nouste carn,
• Lou goardian dous larès, lou dous débis de case,
« E sustout per aco,
« Pramou que-ns tanhs au cô,
« Paraulis enhadan, sabrous coum la méurane,
« Bielh parla toustem yoen, bère lengue mayrane ! »
�— 16?
Puch, que s'y débisa de boune lencou biarnése e que s'y canta
de bielhs bersets saliès, sabrous e salats. — Dab la soue bouts
encantadoure, — encantadoure coum la bère noeyt d'amou qui
entriagabe touts lous côs — lou félibre Dussès que canta lous" Soubénis de Case ", d'Alexis Peyret, boutats en musique per
moussu Prada. — L'Albert de Despaux, toustem a Tendaban, que
canta ribant, dab l'ayude de touts, l'immourtau " Piquetalos ", e
la serade que s'acaba au cant dou quoatuor de " Charpie ".
Ta acaba, que descidan de s'amassa tout trésau dissatte de cade
mes, en esperan lous mayes dibertissemens de l'iber, — e que
poden counda que dap homisdequethpéu, nes'yhéra passounque
de bou tribalh enta la glûri de la thine patrie salière e biarnése.
E tout aquéro que-s hésou, coum de yuste, au brut de las
tringlades.
TOURNA Y POUSQÏJIN.
DISTINCTIONS HONORIFIQUES
Nous sommes heureux de signaler la promotion de M. Poullard,
Directeur de l'Ecole Normale de Lescar, au grade d'Officier de
l'Instruction Publique.
M. Poullard est l'ami de notre Escole ; il a facilité l'entrée de
notre Bulletin dans l'établissement qu'il dirige avec tant de dévouement et d'intelligence et il sait y faire comprendre la pensée
de notre œuvre.
C'est qu'il est, comme nous, grand partisan de l'enseignement
de l'histoire locale et il a poussé ses élèves à envoyer à nos Jeux
Florr ux des pages ^intéressantes que nous avons été heureux de
couronner.
M. Poullard est un travailleur, lauréat de la Société Archéologique d'Eure-et-Loir, il a publié des travaux très remarqués.
Personne, mieux que lui, n'est en situation de soutenir auprès
de l'autorité académique, le vœu d'introduire dans les programines
d'histoire que l'on refond actuellement, pour être appliqué en
octobre prochain, ce qu'il n'est pas permis à un petit Françaisile nos
écoles d'ignorer sur l'histoire particulière de sa région. Grâce à son
intervention éclairée, ce vœu sera réalisé.
Nous offrons à M. Poullard nos plus chaleureuses félicitations,
ADRIEN
PLANTÉ,
Préaident de l'Escole Gastou-Fébus.
�— 168
*
*
*
Lou Viro-Soulèu dou més de Yulh d'augan que balhe lou palmarès
dous Yocs Flouraus pariséncs, Qu'y hem relhèu dou noum de
Mous de Bancal, qui ha arrapat ûe medalhe d'aryén, per ûe Estudi
en loéngue d'Oc, titulade Lou moulin d'Oli. Mous de Bancal qu'ey
l'inspettou de Pau qui ha tan hèyt entad ourbi la porte de l'escole
purmère à la loéngue de case ; qu'ey lou coullabouradou autan
moudèste qué balén dous noustes RECLAMS. La nautat qui l'abièy
que-s hè doun dus cops gran gayé qu'ey dou houns dou cô qui ou
mandam lous noustes coumpliméns.
L. R.
LOUS D'AUTES COPS
Un mot encore sur le poète Destrade
Je dois à une intéressante communication de M. Charles du
Pouey de pouvoir mettre en relief certains traits nouveaux de la
physionomie du poète Destrade, dont les Reclams d'Avril et de Mai
ont parlé.
Il s'agit d'une poésie (1) à peu près inédite adressée par Destrade
à Achille Jubinal, le fameux érudità qui nous devons de curieuses
recherches sur la littérature du moyen-âge, le fondateur de la
Société académique des Hautes-Pyrénées, le député au Corps législatif, en 1852, de la ville de Bagnères qui fut dotée par son représentant d'une bibliothèque et d'un musée.
Dans cette pièce de vers, Destrade se montre le poète du peuple,
le poète démocrate, uniquement sensible au sort des malheureux,
ouvrant largement son cœur, à défaut de sa bourse, aux misères
et aux souffrances des déshérités d,e la vie :
Rarémens qu'ey laoudat, jamey n'ey prés ma lyro
Per haoussa lous hurous ;
N'ey pas bruslat encens que per lou qui souspiro,
Ténut sus u grabat, lous oueilhs bagnats de plous.
,Oh! per eths qu'a sounat mey d'uo cansounetto....
Qu'abèn tan de chagri !
Bardo-oubrè, p'éous oubrès qu'ey goardat ma musetto,
Y que jougabi dous réfri.
,
(Í) Cette poésie " A Moussu Achillo Jubinal " parut dans la Chronique
de la Bigorre (16 mai 1857), journal dont M. Charles du Pouey était rédacteur en chef.
�— 169 —
Aujourd'hui, au moyen des Instituts et Universités populaires,
des Conférences, des Promenades à travers les musées et les
bibliothèques, on veut faire l'éducation artistique du peuple, on
veut élever son âme vers l'idéal, vers la conception du Beau, de
l'art et de l'esthétique. Dans son épître à Jubinal, Destrade entrevoit et chante justement le rôle éducateur des chefs-d'œuvre :
Qu'ey tan dous de poudé, couan fenech la semmano,
Passéyas, bisita
Lous chefs-d'obro de Fart ; l'âmo que débié grano,
Que s'eslhebo tan haout nou sab mey s'abacha.
Achillo, que pensabos
Per eslhéba l'oubrè,
Per rescaouha soun cô, brisa toutos sas trabos,
De l'art jettaou feslam, — qu'ey u ta gran larè
Que lou larè deou cô ; — aou miey de sa famillo,
La noueyt à souns bésis, à sa hemno, à sa hillo,
A souns maynats qué dits tout ço qui by de bèt,
Que parlo
lèou soun hilh que bastecli soun castèt.
Destrade loue Jubinal d'avoir fondé à Tarbes et à Bagnères
bibliothèques, musées, Académie ; il loue l'activitédu savant sans
cesse occupé à enrichir ses collections et il trouve pour exprimer
cette idée une image charmante, d'une franche saveur de terroir :
Pertout, en touts lous locs, de tons en tens qu'cspiguos
Gaouqués cabeilhs perguis, dap amou qu'éous appriguos,
Qu'arribos dens lou pèys, tout fier de toun buti,
Puch qué partés batlèou per mielhé l'enrichi.
La fin du compliment à Jubinal mérite aussi d'être citée. La
pensée est délicate, avec une pointe de préciosité :
Per te biéné flouca ma flou qu'ey drin pallousso....
Més Tarbos qué la prén, déjà qué i'amistouzo ;
Passado per sas mas l'hèou qu'ét agradéra.
A notre époque de démocratie, où on s'intéresse plus que jamais
au sort des travailleurs, à leur formation intellectuelle et morale,
il est piquant de faire remarquer que le petit rimeur béarnais fut
un précurseur dans cet ordre d'idées.
Que M. Charles du Pouey mé permette de lui adresser ici un
reconnaissant merci « per habé espigat aquêt cabelh pergut JJ !
Abbé J.-B.
LABORDE.
�— 170 —
DEUX DOCUMENTS SUR DESPOURRINS
Dans une étude trop peu connue, rarement citée, Champfleury
s'exprimait ainsi : « Quoiqu'il ne soit pas compris dans la glorieuse
pléiade des poètes français, Despourrins tiendra toujours son rang
en tête de ceux qui aúronf conservé à la poésie patoise une position de second ordre. Ses chansons sont restées dans le Béarn :
tous les paysans les savent par cœur, et comme il a exprimé des
sentiments intimes, des peines de cœur, des plaintes d'amant
abandonné, des reproches d'ingratitude à de belles infidèles,
toujours ses vers trouveront de l'écho dans le cœur des paysans» (1)..
Il est bon, il est utile de recueillir les notes qui lui ont été
consacrées.
Nous en présentons deux aujourd'hui à nos amis. La première
nous a été communiquée par le Maître de Maillane qui a su faire
éclore, à notre époque, les fleurs poétiques qui cultiva le poète
béarnais. La seconde était oubliée depuis plus d'un demi-siècle
dans un recueil parisien, d'où elle méritait d'être extraite.
Une lettre de Jean Reynaud.
■ PAU, 6
Janvier
1851.
« Je suis allé l'autre jour visiter une vallée que je ne connaissais pas
encore, la vallée d'Aspe ; les communes se sont cotisées pour élever un
obélisque en marbre, dans un site admirable, au dessus du village où il est
né, à un chansonnier de la vallée qui vivait au dernier siècle et qui leur a
laissé les chansons et les airs dont ils jouissent encore. Ce n'est pas là de
l'engouement pour un contemporain, c'est de la reconnaissance digne et
sincère.
« Que voulez-vous, me disait un pasteur, nous ne sommes pas grands
poètes par ici, et sur les pâturages, pour nous divertir, nous ne chantons
guères que ses chansons ». On a sculpté sur la base les instruments de.
musique de la montagne de quatre vers béarnais qui semblent le développement de Et in arcadia... ce culte pour la mémoire du Chansonnier montre
que ces braves gens sont plus poètes qu'ils ne le pensent ».
(Jean Iieynaud, Correspondance familière, Paris, Imprim. Motteroz, 1886).
(1) Chansons populaires des Provinces de France, notices par Champfleury, accompagnement de piano par J.-B. Wekerlin. Paris, Bourdil 1860,
p. 97-98.
�— 171
—
CYPRIEIV DESPOURRI1VS
LE POÈTE DES PYRÉNÉES (1).
« Monsieur,
« Un de vos articles sur les Pyrénées (2) m'a rappelé un souvenir
consigné en une page d'album que je vous envoie, m'imaginant
qu'elle vous intéressera peut-être ; et dans cette espérance, je me
permets d'y joindre quelques éclaircissemens dont vous disposerez
à votre gré.
« Je revenais d'Espagne par la vallée d'Aspe ; mon muletier
m'avait demandé quelques heures de repos pour ses mules au pied
du fort d'Urdos, et, me souciant assez peu pour moi-même de celte
halte dans un mauvais cabaret, j'avais pris les devants. La beauté
sauvage du site m'entraînait, quand bientôt, par un brusque changement, comme il arrive souvent dans les vallées de montagnes,
je vis s'ouvrir devant moi un joli bassin circulaire, bien arrosé,
bien cultivé, bien planté, garni d'une demi-douzaine de villages,
et entouré de pâturages et de riants bocages qui s'élevaient ayec
toutes sortes d'ondulations jusqu'à la région des escarpements et
des neiges. A ma droite, au faîte d'une colline toute diaprée, de
bouquets, de peupliers et de hêtres, et dominant d'une centaine
de mètres un village, se dressait un obélisque qui se détachait
comme un trait de lumière sur les ombres de la montagne. « Ah!
me dis-je, quelque bataille est donc venue ensanglanter ces beaux
lieux ! Voilà le souvenir du canon. Ou plutôt ne serait-ce pas un
monument d'honneur à la mémoire de quelque général né dans
ces paisibles vallées et demeuré la célébrité du pays? » J'avais de
l'avance ; le monument n'était qu'à un quart d'heure de la route :
commémoration d'un héros ou commémoration d'un combat, je
n'étais pas fâché, au moment où je remettais le pied sur le sol de
France, de m'y heurter à un monument de notre gloire. Je m'engageai donc dans un des sentiers de-la prairie, et commençai à
gravir.
« Jugez de ma surprise lorsque, arrivé au pied de ce superbe
obélisque de marbre blanc, au lieu des trophées militaires que je
m'attendais à y trouver, mes yeux tombèrent sur le trophée champêtre, dont je vous ad/esse le dessin. La musette, le flageolet, les
(1) Lettre au Rédacteur en chef du « Magasin Pittoresque ».
(2) Le « Magasin Pittoresque » avait publié, avec vues, divers articles sur
'es Hautes-Pyrénées.
�— 172 —
deux tambours de basque, le chalumeau : je reconnus bien vite
les insignes d'un musicien de la montagne. Quatre vers en béarnais, gravés sur une autre face du piédestal, et dans lesquels je
démêlai tant bien que mal une allusion au pasteur d'Arcadie : Et
in Àrcadia, achevèrent de donner à ma découverte toute certitude.
J'avais lu autour du médaillon : A Despourrins, la vallée d'Axpe.
Despourrins était donc un poète de la vallée auquel ses compatriotes avaient élevé ce monument.
« Sans doute, si Despourrins avait composé ses poésies en français,
j'aurais été inexcusable; mais partout ailleurs que dans le Béarn
on me pardonnera mon ignorance. Despourrins est, en effet, un
auteur de pastorales, non point de pastorales comme il y en a tant
à l'usage des boudoirs et des cours élémentaires, mais de vrais
pastorales des champs, à l'usage des vrais bergers. J'avais entrevu
de loin un montagnard; j'allai à lui, et il me mit au courant en
deux mots d'une justesse parfaite. « Ah! monsieur, me dit-il,
voyez-vous, nous ne sommes pas de grands poètes dans la vallée ;
quand nous voulons nous divertir sur les pâturages, c'est toujours
une chanson de Despourrins que nous chantons. C'est pour cela
que la vallée s'est réunie pour lui dresser cette pierre dans cet
endroit-ci, d'où il était. »
« On ne s'est pas contenté de lui élever un obélisque, on l'a
imprimé très-dignement en un beau volume qui contient ses vers
et sa musique; si bien qu'à l'aide de ce volume, que j'eus soin
de me procurer dans la ville prochaine, je serais en état de vous
parler de Despourrins presque aussi savamment qu'un littérateur
béarnais. Ce n'est pourtant pas ce que je veux : ce qui me touche,
ce qui m'a mis la plume à la main, c'est cet acte de reconnaissance.
N'y a-t il pas là un exemple ? Pourquoi n'élève t on, en général,
de monuments qu'aux hommes dont la renommée a répandu le
nom? Ceux dont les bienfaits sont demeurés concentrés dans
l'intérieur d'une ville ou d'un canton ne méritent-ils point aussi
qu'on se souvienne d'eux au pays natal ? Précisément parce qu'ils
sont de nature à trouver un plus grand nombre d'imitateurs,
n'est-il pas d'autant plus utile de recommander leur exemple? Et
enfin n'est il pas d'autant plus glorieux pour leur pays de les
honorer, qu'il témoigne par là de sa gratitude et non point de son
orgueil? Voilà, Monsieur, les réflexions qui m'ont engagé à vous
adresser l'esquisse de ce petit monument, l'enseignement moral
�- 173 qui en émane me paraissant tout à fait dans l'esprit de votre
excellent recueil.
« Agréez, etc.. » (1).
Louis
BATCAVE.
LECTURES HISTORIQUES
RÉUNION
DU
BÉARN
A
LA
FRANCE
La réunion du Béarn à la France est le fait le plus considérable de l'histoire de notre petit coin de terre. On peut
bien dire que les Béarnais ne la souhaitèrent pas et même
protestèrent très vivement. Nous en avons pour preuve la
délibération des Etats de Béarn du 1er février 1617. A l'unanimité, les Etats décidèrent qu'on s'opposerait à l'union
projetée. Voici le procès-verbal, traduit du béarnais en
français, de cette mémorable séance :
Sur l'avis venu de divers lieux que S. M. a décidé l'union du
présent pays au royaume de France, les Etats extraordinairement
convoqués, à la requête des syndics, en vertu de la charge que
lesdits Etats généraux leur en avaient donné au mois de septembre
1615, ont voté ce qui suit :
M. de Gabaston, président. : Attendu que les Fors sont la loi
fondamentale et le pacte contractuel du souverain avec les habitants du pays dont il doit jurer l'observation à son nouvel avènement; attendu aussi que des Fors il résulte que led. pays est une
souveraineté distincte et indépendante de toute autre souveraineté et
royaume et que les habitants qui au commencement se régissaient
par fors et coutumes ont choisi leurs seigneurs pour s'y maintenir
sans les pouvoir altérer, modifier, réformer, sinon avec les Etats
dud. pays, et que par conséquent S. M. ne peut, sauf avis, unir
(1) Le directeur de la Revue faisait suivre cet article de quelques détails
biographiques et disait. « Il n'est pas nécessaire d'être Béarnais, comme
notre correspondant paraît le supposer, pour connaître Despourrins ; tous
ceux qui ont visité les Pyrénées avec un peu de goût, non seulement pour
leurs sites, mais pour leur population, le connaissent au moins de nom. Ses
chansons y sont populair.es dans toute la région béarnaise, et quelques-unes
s'y chantent si communément qu'on peut en quelque sorte les y regarder
comme nationales. » Suivait transcrite d'après les procédés d'E. Duverger
l'air : Là haut, sus las mountagues, avec traduction et commentaire. La
gravure retouchée de Gorse qui se trouve dans le tome I des Poésies de
Vignancour était reproduite, ainsi que le cartouche décrit dans la lettre.
Magasin Pittoresque année 1852, p. 143.
�— 174 —
led. pays souverain aud. royaume de France, sans le consentement
desd. Etats, sinon en brisant le premier caractère et fondement
desd. fors et de leurs libertés qui leur sont plus chères que leurs
propres vies, les Etats ne peuvent transmettre à la postérité un
changement de régime si radical, conséquence de cette- union,
réprouvée par le roi Henri-le-Grand, d'heureuse mémoire, lorsqu'il
réunit l'ancien domaine aud. royaume de France.
11 sera donné aux syndics charge expresse de s'opposer à toutes
expéditions de lettres patentes qui pourraient être transmises, et,
d'une manière générale, à tous actes qui pourraient se faire sur le
présent pays pour établir lad. union, comme contraires aux fors
et coutumes du Béarn.
Et vu l'importance du sujet, pour assister les syndics et poursuivre les oppositions, on désignera, ainsi que cela se pratique en
pareille matière, des membres du premier et du second Etat, en
nombre suffisant, avec ample pouvoir et puissance de faire toutes
diligences, d'employer tous moyens d'opposition jugés nécessaires
et convenables, et de convoquer en assemblée générale les Elats,
d'agir et de procéder, comme bon leur semblera ; d'ores et déjà les
Etats approuvent tout ce que leurs délégués feront, et prenant congé
en corps de M. de La Force, lieutenant général, ils lui rendront
compte de leur décision et le prieront d'en aviser S. M., comme
d'une chose important à son service.
A l'unanimité des votants, dans les deux assemblées, l'opinion du président des Etats fut adoptée. MM. de Buros, de
Brasselay et le député de Sauveterre émirent le vœu que
quiconque ne s'opposerait pas à l'union fût déclaré ennemi
du pays. On décida même — chose inouïe — que tout le
monde signerait cette délibération; ce qui fut fait le lendemain 2 février, par les réformés et les catholiques. Cinq
pages du registre des Etats (Archives des B. P., C. 707, fol. 79
et suiv.) sont couvertes de signatures.
Après trois années de troubles et d'agitations, Louis XIII
vint en Béarn et publia le 20 octobre 1620, l'Edit qui unissait
pour toujours le Béarn à la France, en sauvegardant toutefois les fors et libertés du pays. En voici la teneur :
Louis, par la grâce de f>ieu, Roi de France et de Navarre, Seigneur Souverain de Béarn, à tous présents et venir, Salut.
Le soin que nous prenons du soulagement, repos et sûreté de
nos sujets, et encore de l'observation des lois et coutumes de notre
royaume, nous a fait jetter les yeux tant sur les terres que nous
possédons de notre royaume de Navarre, que de notre pays et
souveraineté de Béarn; et considérant qu'elles sont posées aux
�— i7b —
trémités de la France, et par conséquent exposées aux immoons et indignations des étrangers ; Nous souvenant d'ailleurs que
ar le traité fait à Loudun l'année 1016, nous accordâmes à ceux
e la Religion prétendue réformée, l'union de leurs églises à celles
e France, en considération et conséquence de ce que nous avions
ésolu unir notre pays de lîéarn à la Couronne ; étant bien informé
de ce que notre très honoré Seigneur et Père, le Roi Henri le
Grand, de très heureuse mémoire, avoit, avant son décès, commandé la réunion à la Couronne de France, de toutes les terres
qu'il possédoit avant que la succession du royaume lui fût échue :
maintenant que Nous sommes en notre pays, ayant reconnu ce qui
est plus important pour le bien d'icelui, Nous avons estimé devoir
apporter un ordre par lequel Nous puissions prévenir les malheurs
et inconvénients qui arriveraient, si par défaut d'héritier mâle de
notre Maison Royale, lesdits pays échéoietít par succession à des
Princes étrangers, qui seroit leur ouvrir une porte pour entrer en
notre royaume et y nourrir des guerres qui apporteraient indubitablement la ruine et désolation totale de nos sujets ; ce qui Nous
aurait fait juger ne pouvoir mieux ni plus commodément faire,
qu'en unissant, tant ladite Couronne de Navarre, que pays Souverain de Béarn, à notre Couronne de France, ensemble les justices
souveraines desd. deux pays, en un corps et parlement, composé
en sorte que la personne y puisse être en paix, de manière que de
l'une et de l'autre Religion qui sont auxdits pays, en puissent
demeurer contens et satisfaits, et délivrés des craintes et soupçons
qu'ils pourraient avoir d'ailleurs.
ACES CAUSES, de l'avis des Princes, étant près de Nous, de nos
Officiers de notre Couronne et principaux de notre Conseil, et de
notre pleine puissance et autorité Royale et Souveraine, Nous
avons par cet Edit, perpétuel et irrévocable, uni et incorporé,
unissons et incorporons ladite Couronne et pays de Navarre et
notre Pays et Souveraineté de Béarn, Andore et Donezan et terres
qui en dépendent et qui ont accoutumé d'en ressortir, à notre
Couronne et domaine de France, pour être dorénavant censés
membres d'icelle et de même nation, qualité et condition que les
autres membres, de notre royaume, Couronne et domaine, sans
néanmoins déroger aux fors, franchises, libertés, privilèges et
droits appartenans à nos sujets dud. royaume et pays du Béarn,
que Nous voulons leur être inviolablement gardés et entretenus ;
n'y dérogeant, sinon en tant qu'il serait besoin pour l'effet des
présentes. Et pour la justice souveraine desdits pays, avons uni ,
les Officiers de la Chancellerie de Saint-Palais à notre Conseil de
Pau, et ordonné que celui qui sera pourvu au lieu de Vice-
�— 176 —
Chancelier dudit Saint-Palais, qui est à présent, entrera comme
troisième Président, et les Conseillers dudit Saint-Palais, nos
Procureurs généraux audit Pau, semblablement comme Conseillers ; et notre Avocat audit Pau avec notre Avocat et Procureur
général audit Saint-Palais, serviront audit Pau en leursdites
charges, qui tous ensemble s'appelleront dorénavant le Parlement
de Pau, et pour juger souverainement en dernier ressort, en la
même forme et manière, et avec pareil pouvoir et autorité, et
jouir des mêmes honneurs, prérogatives et privilèges que nos
autres Parlemens; et ce sans qu'il leur soit besoin d'autres provi
sions, ni en général ni en particulier, que de notre présent Edit
de création et établissement : et afin qu'ils puissent avoir plus
d'occupation et droit pour le soulagement de notre pays de Soûle,
avons icelui pays de Soûle attribué à notre Parlement de Pau, et
icelui pour cet effet distrait de notre Parlement de Bordeaux.
Et d'autant que nous voyons que nos sujets catholiques plaidant
contre ceux de la Religion prétendue réformée pourroient avoir
quelque soupçon contre les juges de notred. Parlement, pour être
la plupart de lad. Religion, Nous voulons et ordonnons en ce cas,
s'ils le requièrent, que leurs procès tant civils que criminels soient
jugés par égal nombre de juges de l'une et de l'autre Religion.
Voulons en outre et ordonnons que les ordonnances, arrêts et procédures de notredite Cour de Parlement soient faits et expédiés en
langage françois (1). Si donnons en mandement à nos amis et féaux
Conseiilers, les gens tenant notredit Conseil ordinaire et Cour
Souveraine de Béarn, par Nous présentement établi en Parlement,
que ces présentes ils fassent lire, publier et enregistrer et exécuter,
garder et observer inviolablement à l'avenir selon leur forme et
teneur, sans qu'il y puisse être contrevenu en quelque sorte ou
manière que ce soit : Car tel est notre plaisir. Et afin que ce soit
chose ferme et stable à toujours, Nous avons fait mettre notre Scel
à cesdites présentes, sauf en autres choses, notre droit et l'autrui
en toutes.
Donné à Pau au mois d'Octobre, l'an de grâce mil six cents vingt,
et de notre règne le onzième. Signé LOUIS.
Et au repli : Et par le Roi, Seigneur Souverain de Béarn, DE
LOMENIE, avec le grand Sceau et Armes de Sa Majesté en cire verte
y pendante. Et audit repli et recoing d'icelui, Visa. Collationné sur
le registre du Parlement de Navarre. Signé, LOUSTAU.
(1) L'Escole de Gastou-Fébus remarquera ici la suppression du
pour tous les actes du Parlement de Pau, depuis t620.
Lou Yérant
béarnais
: H. MAURIN.
�
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Reclams de Biarn e Gascougne. - Anade 08, n°08 (Aous 1904)
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Félibrige
Gascon (dialecte) -- Périodiques
Littérature gasconne -- Périodiques
Histoire locale -- Gascogne (France)
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Reclams. - août 1904 - N°8 (8e Année)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Escòla Gaston Fèbus
Source
A related resource from which the described resource is derived
<p>Bibliotèca de l'Escòla Gaston Febus</p>
<p><br /><a href="http://www.reclams.org/" target="_blank"><img style="height: 97px;" src="http://occitanica.eu/images/omeka/gaston_febus.jpg" alt="" height="97" /></a> </p>
Publisher
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Escole Gastou Febus (Pau)
Imprimerie de Vignancour (Pau)
Date
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1904-08
Relation
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Vignette : <a href="http://www.occitanica.eu/omeka/files/original/e472a8c919c77eed6b76d1205b58246f.jpg">http://www.occitanica.eu/omeka/files/original/e472a8c919c77eed6b76d1205b58246f.jpg</a>
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Daugé, Césaire
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Baudorre, André (1866-1941)
Tourna y pousquin
Lou reclams
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Batcave, Louis (1863-1923)
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