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Arrivées et Départs de Capvern-Mauvezin
HORAIRE
D'ÉTÉ
ARRIVÉE de la Direction de Rayonne et DÉPART pour Toulouse
NUIT.
1
5
8
MATIN ...
9
11
h.
h.
h.
h.
h.
7
1
51
2
2
53
22
59
4
SOIR.
5
6
7
8
h.
h.
h.
h.
h.
h.
h.
h.
27
2
30
25
12
53
37
3
ARRIVÉE de la Direction de Toulouse et DÉPART vers Bayonne
NUIT.
MATIN
3 h. 17
3 h. 45
5 h. 18
6 h. 41
8 h.. 59
9 h. 31
11 h. 6
il h. 55
1
3
3
SOIR.
6
6
7
11
h.
h.
h.
h.
h.
h.
h.
42
30
48
33
55
50
28
PRINCIPAUX HOTELS DE CAPVERN
HÔTEL BEAU-SÉJOUR. —
La journée de
9
fr. à
11
fr.
— La journée de 12 fr.
MAISON DUPLAN. — La journée de 6 fr.
HÔTEL DU PARC. — La journée de 11 fr. 50.
GRAND HÔTEL.
La journée de 8 fr. à 10 fr.
La journée de 6 fr. 75, plus la chambre à voir.
— La journée de 11 fr. 50.
— Prix Modérés.
HÔTEL DES PALMIERS. —
HÔTEL MODERNE. —
HÔTEL RICHELIEU.
HÔTEL DES BAINS.
Le Président, sera, dès le 22 Août, installé à Capvern, Hôtel BeauSéjour. C'est là qu'il prie les confrères de lui adresser leurs communications.
Il est absolument inutile de lui demander des bons de réduction à
partir du 15 Août,
�-1162 -
Lou
Prousèy d'û Biarnés
COUNDES E HISTOEROTS
pèr
J.-V.
L AL ANNE
« Après le plaisir d'entendre des contes, je n'en sais pas
de plus grand que celui même de conter », écrivait, un jour,
l'aimable Charles Nodier. Et, il faut le croire, J.-V. Lalanne
est tout à fait de cet avis : il prit un <r plaisir extrême » à
entendre narrer, en son village natal de Bellocq, aux heures
de la tendre enfance, puis en diverses localités où le porta
l'accomplissement de son devoir d'éducateur, ces récits pour
lesquels les ruraux n'ont que dédain, car il nous offrit
naguère un premier volume, et aujourd'hui, l'heure de la
retraite venue, encore actif, ahoécat, il présente au pays de
Béarn, aux amateurs de sa littérature populaire, un second
recueil dont il me demande de dire quelques mots.
Certes, j'avais regret à répondre à son vœu amical, car un
pareil volume se suffit à lui-même et je souhaiterais volontiers que la « harangue restât au bout du pont. » Nul lecteur
(•1) Beau volume édité par la Maison Vignancour, E. Marrimpouey, Imprimeur, 2, place du Palais-de Justice, à Pau. Prix sur papier vergé bouffant 6 fr.
et sur papier Japon, 15 fr., (on en a fait un tirage de 15 exemplaires sur
papier Japon, numérotés à la machine). Il sera mis en vente à partir du
20 Août prochain. Des prix de faveur seront faits à tous ceux qui achèteront l'ouvrage jusqu'au 30 septembre. 4 fr. sur papier vergé bouffant et 12 fr.'
sur papier Japon, pris au Bureau de l'Imprimerie. Ajouter 50 centimes pour
l'envoi par la poste.
�— 163 —
Béarnais ou Gascon ne songerait à s'en plaindre. Mais
l'amour propre est ingénieux, subtil, suggère de bonnes raisons de se décider. Peut-être, ai-je pensé, ne sera-t-il pas
inutile, du moins pour les folkloristes, d'indiquer ce qu'est
cette collection de récits, et voilà démontrée l'utilité de la
harangue.
Donc, et j'y reviens, pendant les longues années d'une vie
active, occupée, Lalanne a recueilli de ci, de là, d'un peu
partout, des sujets d'affabulations populaires. Il les a emmagasinés dans ces cases dont un philosophe nous dit que la
mémoire est constituée et sans tenir à être ce que mon excellent ami J.-F. Bladé appelait un « scribe intègre et pieux »,
— d'aucuns accusent le conteur gascon d'avoir transcrit de
« belles infidèles !» — il en a tiré, à point nommé, ces récits.
De là, il ressort que les folkloristes devront user du présent
recueil avec précaution. On ne leur offre pas, ils en sont
avisés, une collection conforme aux exigences des mythologues. Nullement. Lalanne a puisé dans le fonds, dans le
tréfonds populaire, au gré de son caprice, la trame de son
récit qu'il a coloré des enjolivements suggérés par une imagination riche, abondante, soutenue par une langue nerveuse, sobre et cependant pleine de suc et de moelle. En un
mot il a écrit pour conter, comme le désirait Voltaire : « Je
veux qu'un conte soit fondé sur la vraisemblance et qu'il ne
ressemble pas toujours à un rêve ; je désire qu'il n'ait rien
de trivial ni d'extravagant ; je voudrais surtout que sous le
voile de la fable, il laissât entrevoir aux yeux exercés quelque vérité fine qui échappe au vulgaire. »
Le procédé n'est pas nouveau. Lorsque Charles Perrault
publiait, en 1697, chez Claude Barbin, et sans nom d'auteur, l'un des petits livres les plus exquis du xvne siècle et qui
fut tout de suite vraiment populaire, qui l'est resté, il était
un personnage important dans la République des Lettres :
académicien vénérable, auteur de gros ouvrages, d'un poème
épique. Eh ! bien, cet humide volume, écrit comme en se
jouant, par manière de distraction, garantira toujours son
nom de l'oubli. Il eut le succès que l'on sait et de nombreuses
générations rediront le mot de La Fontaine sur Peau d'âne.
�— 164 —
Par délassement aussi Lalanne a lié cette seconde gerbe.
Ces contes ont réapparu à l'imagination du narrateur, sans
ordre cherché : il les a enregistrés et couchés par écrit. Ne
cherchons donc point des catégories logiques : cela n'empêche point cependant que l'on n'y puisse faire des groupements.
Voici d'abord les animaux et en tête Maître Renard. On
le dote de malice, d'astuce et La Fontaine a célébré le
Renard gascon. Eh bien ! j'y ai regret, mais le Goupil
Béarnais me semble être arrivé tard, le jour de la création,
à la distribution des dons de l'intelligence. Dans Pets et
giboulée, il prend la fuite devant ces raisins dorés à souhait
et le coup de cette queue que, dans la chasse, il porte au
nez des chiens pour les détourner de la piste, lui sert à luimême d'épouvantail. Dans le Chat et le Renard, le félin
doucereux le met dedans fort poliment. Renard se venge,
c'est entendu, mais il a été d'abord pris au piège. Il lui vient
envie de connaître l'espace, comme un homme-oiseau et
l'aigle le laisse choir sur le sol (l'Aigle et le Renard). Décidément c'est bien la faillite de sa réputation et comme le
Bonhomme le connaissait mal ! Heureusement qu'il prend sa
revanche avec Maître Ysengrin dans les Trois chevrettes
béarnaises, proches parentes de celles dont Rabelais a conté
l'histoire. Il faut effrayer le Loup qui a jeté son dévolu sur
les trois bêlantes bêtes et leur a donné une journée pour se
mettre bien en point. Une ruse de guerre renouvelée des
vieux Gaulois aura plein succès. Des boules seront mises au
haut de quatre cornes : deux cornes en resteront privées et
le dialogue s'engage. — Chevrettes, qu'avez-vous au bout des
cornes? — Des yeux de loups.— Et pourquoi l'une de vous
n'en a-t-elle pas ? — Pour y mettre les tiens, Loup. — D'ici
on voit la fuite d'Ysengrin. — Le Propos des trois Bêtes est
significatif. Une pluie torrentielle a entraîné vers la Bidouze
enflée par les eaux une meule de paille portant le chat, le
coq et la bonne vieille poule. Les deux mâles sont peu
courageux : ils miaulent et cocoricotent plaintivement,
tandis que la dame de la basse-cour les console, en raillant
j'imagine, et en poursuivant son office de picoreuse. Elle
�- 165 avait raison. Un cri sauveteur les amène à la rive et tandis
que ses compagnons se tirent des grègues, la bonne bête
va tranquillement déposer son œuf où il faut.
Et ce défilé des gens avisés, terme poliment atténué dont
je qualifie ceux que caractérise une absence totale de sens
moral. Le borgne raille le bossu qui de bonne heure promène
son paquet et celui-ci de riposter : Quelle heure, il est, je
ne sais ; mais de bonne heure, je pense, puisque chez toi
une seule fenêtre est ouverte (Le Borgne et le Bossu). Il faut
le voir est un conte dont je soupçonne Lahontan d'avoir
fourni les éléments. Les habitants de ce village, auquel se
rattache le souvenir de l'immortel auteur des Essais, ont
quelque vénération pour Eole : ils sont placés en face du
vent de mer! Un juge objecte à un témoin du sexe féminin:
on n'est bon témoin que quand on a vu. Or la pécore n'était
pas comme le diablotin dont parle Rabelais, elle savait
tonner et le fit entendre. — Mais, il fallait avoir vu ! —
Dans, Lève la perruque, un jouvenceau plaît à une jeune
fille qui avait du de quoi — (le mot était français avant d'être
resté béarnais) — et faisait la difficile : il avait si bonne
façon et surtout si belle chevelure blanche descendant harmonieusement sur les épaules ! On signe un contrat stipulant
perte de l'apport pour qùi romprait les fiançailles. A l'église,
interrogé par le prêtre prêt à bénir, le garçon poli soulève
sa perruque pour dire oui. Effroi de la belle qui se dédit
en le voyant cap-pélat (chauve) d'où le proverbe : Pour bien
traiter ses affaires, il faut lever sa perruque.
J'ai porté un jugement sévère sur les avisés et Dulong le
justifie avec abondance. C'était un fieffé coquin et voleur
que ce particulier qui se résolut un jour à s'amender et à
passer par la boîte aux trente-six trous. En écoutant le chapelet des péchés, l'homme de Dieu s'endort et, — chassez le
naturel il revient au galop, vous vous rappelez la chatte
d'Esope — Dulong en profite pour tâter fructueusement sa
poche et l'alléger de la bourse. Il s'accuse aussitôt d'avoir
pris dix écus — Rendez-les. — Les voulez-vous ? — Qu'en
ai-je besoin '? — Que faut-il donc faire si le volé ne les veut
pas ? — Les garder ! — Mon père absolvez-moi. Et comme
�— 166 —
Bidau s'entend à berner le juge qui veut l'amener à confesser
un crime : il lui promet de répéter ses refrains. L'homme de
loi commence : Bidau est un brave homme — Bidau est un
brave homme — Bidau a tué un homme — Oh ! non, Bidau
ne chante pas cela. Morale : Un méfait ne trouve jamais son
auteur. Le Pasteur en voyage est le narré du plaidoyer qui a
rendu Saint Yves patron des avocats. Le Pasteur Ossalois
reproduit la réponse d'un pasteur de la vallée, fine et malicieuse, au Seigneur qui, dans la salle du château de Pau, à
une tenue des Etats de la province, lui demandait narquoisement comment on siffle pour réunir les brebis. L'homme
delà montagne de le lui montrer en sifflant... doucement et
discrètement :... ainsi fait-on quand les bêtes sont proches.
— Autre scène qui n'est pas pour démentir l'esprit de finesse
des gars d'Ossau : elle se passe à Pau (le Pasteur et le Sellier).
Le pasteur venant pour la première fois dans la capitale, voit
chez un sellier un beau cheval de montre ; il le vante au
négociant qui répond : J'en suis l'auteur. — Diable, vous
êtes plus fort que votre père. — Et pourquoi '? — Vous avez
fait un cheval, il n'avait su faire qu'un âne. — Dans le
Testament du Seigneur de Saucède un héritier déshérité
recourt à un de ces fins limiers de procédure qui ont plus
d'un tour dans leur bissac : c'est le propre meunier du
seigneur. Le décès survenu, le coquin se met au lit, et au
notaire mandé dicte un testament par lequel le Seigneur
l'institue son héritier.
. Plusieurs contes sont d'inspiration religieuse. Aide-toi
mon hommel A Baigts, Notre-Seigneur voyageant avec Saint
Pierre, rencontre deux charretiers embourbés dont l'un
invoque le secours du ciel, tandis que l'autre jure et tempête
pour s'encourager à extraire la voiture de l'ornière. A celui-ci
vont les préférences du Sauveur. Saint Pierre aiderait plutôt
le premier. Il fait piètre figure dans la légende béarnaise le
bon porte-clefs du Paradis. Dans la Prière, Dieu lui promet
un poulain de trois ans contre un âne, sa monture, s'il est
capable de réciter le pater sans distraction. Et Pierre de
commencer pour s'interrompre aussitôt par ces mots : « Y
joindrez-vous la selle? » —Notre Seigneur eut dessein un
�- 167 —
jour d'adoucir l'entêtement des Basques. Hélas, il y a bien
mal réussi (Mouchicou) ! Aussi fut-il décrété que les fds de
l'Euskal-Herria n'entreraient point au Paradis. Comme de
juste le premier qui se présenta fut éconduit et s'installa
près de la porte sur un siège. Puis un beau jour, pfuit... il
parvient à se glisser dans une longue théorie. Colère de
Saint Pierre. Comment le retrouver? Autant vaudrait chercher une aiguille dans une botte de paille. Une bonne idée
e
lui vient à l'esprit, un intendant en usera au xvm siècle
pour faire payer aux Basques leiirs impôts. Il mande un
•tambourin et en avant zizi, pampam, Mouchicou. D'entendre l'air classique, le Basque se met à baller et l'apôtre
vous l'envoie dehors, je ne dis que ça. Et le Basque balle,
balle, tant et si bien que toutes les fenêtres du palais céleste
s'ouvrent pour permettre de regarder, puis la théorie céleste
en fait autant et Saint Pierre lui-même, se sent des fourmillements aux jambes, cristi !... Le Basque en profite,
s'avance, exécute un bond magistral et le voilà au Paradis
maître de la porte. L'apôtre est obligé de composer avec lui
et ainsi on a chance de rencontrer des Basques au Paradis si
quelques-uns d'entre eux, comme je le leur souhaite, ont
mérité d'y avoir accès. Une fois non pas deux est le récit
bien connu de la porte du Ciel refusée par le grave porteclefs à un homme qui a eu la sottise de prendre deux femmes
successivement.
L'Avenir. Dieu change l'orgueil des Ossalois qui croient
voir l'avenir et leur donne l'espoir d'une vallée pleine de
délices. —Le curé de Lucq a une façon un peu vive de prouver
le mystère de la Trinité au catéchisme. Disons qu'il avait
été dénoncé à son évêque par les habitants du monastère.
La fourche a trois dents qui ne font qu'une fourche. Ce
moine que vous voyez, qui nous écoute, est barbu comme un
bouc, déchaussé comme un chien, ayant ceinture comme
un voleur et le tout fait... un joli homme. — Comment au
pays des Landes on entre au Ciel : c'est peu compliqué ; on
demande à voir un brin, on entre et l'on fait comme un
e
célèbre maréchal de France au xix siècle ! — Trois primeurs
en Ossau. Un pauvre est dédaigné par le couple riche, par
�- 168 le lévite et tombe accablé de fatigue sur le chemin. Survient
une jeune fille qui le restaure. Le pauvre lui donne en remerciement : le feu, l'eau, le parfum delà virginité et l'honneur.
C'était, on l'a bien deviné, le Sauveur. Telle l'œuvre, tel
l'ouvrier, long récit, de belle envolée, de la lutte des deux
principes : le bien et le mal, Satan veut s'égaler à Dieu,
créer une personne : son orgueil est châtié.
Ceci nous mène aux récits concernant les hommes d'église.
Oh ! il n'y a rien de méchant, rien de malicieux et Dieu sait
cependant si nos aïeux se privaient de mettre en scène tout
ce qui portait robe, soit de prêtre, soit de juge ou d'avocat.
On n'ignore pas avec quelle liberté, quelle licence même,
nos Fabliaux en ont usé.
Le Prêtre et le Meunier nous présente un dialogue amusant.
Comment vous appelez-vous meunier ? — Je ne m'appelle
jamais, c'est moi qu'on appelle. — Où mène ce chemin ? —
Je ne l'ai jamais vu bouger de place. — Que fait-on de la
canaille chez vous'?— Si je vous le disais, vous ne le croiriez
pas. — A Jurançon, un prêtre s'amusa à recouvrir d'une
soutane certain biberon qui aurait dû s'appeler Tâtevin.
Revêtant l'esprit de son nouvel emploi, notre homme réussit
à entrer en grâces auprès de l'évêque de Lescar qui le nomme
curé de Saubole. Là, le régent malin se méfie que l'homme
de Dieu ignore le latin et pour en avoir le cœur net décide
de se faire enterrer vivant. Le curé bronche dans la lecture
de l'office, ordonne au peuple de sortir et punit le curieux
en lui assénant un maître coup d'escabeau qui vous le laisse
mort. Et rouvrant les portes : « Avisez-vous, vous autres,
quand vous m'apporterez un mort, qu'il le soit bien. Nous
avons failli enterrer un vivant ». Le Monde de Monein aime
les avances. Un évêque d'Oloron, grand seigneur, se plaignait au curé que les habitants de cette paroisse ne lui rendissent pas hommage. Le curé l'invite à parcourir la rue
avec lui : il cause à l'un, à l'autre, caresse les enfants et
reçoit mille bénédictions. Oui, dit l'évêque, mais vous faites
les avances. — Oh, nous ne sommes pas ici en France,
reprend l'homme de Dieu, et si vous voulez des honneurs à
Monein, gagnez-vous-en.
�— 169 —
J'ai plaisir à retrouver la version d'un conte de fée, la Fée
Béarnaise, bien connu, mais regret aussi à ce qu'il soit le
seul. Une jeune fille va laver un « ventre », expression par
laquelle, en Béarn, nous désignons les intestins servant à
confectionner les gras-doubles. Un boyau s'échappe que la
fée fait retrouver sur un jasmin en même temps qu'une
étoile vient se poser sur la tête de l'enfant. La voyant si belle,
sa sœur en pense crever de jalousie. Elle essaie, mais en
vain, de recommencer l'expérience ; elle en est ridiculement
marquée. Persécutions contre la favorite des fées jusqu'au
jour où un fils de Roi la réclame en mariage.
Passons maintenant aux nobles. Saluons d'abord notre
Henri et le Meunier Michaud, récit ample dont l'action bien
connue est localisée en Béarn. — A la noce d'un de ses
soumis Le Seigneur de Navailles consent à abandonner ce
fameux droit dont on ne parle tant que parce qu'il n'a
jamais existé dans son obscène réalité, à la condition toutefois qu'il lui- sera permis d'embrasser la mariée. Généreux,
il promet à son soumis qu'il en pourra faire autant à la future
dame du château. Or le jour arrive où la demeure féodale
va recevoir une nouvelle maîtresse. Et ce jour-là le soumis
va réclamer son dû, qui lui est accordé, et se retire en
grommelant : « Pourquoi n'était-ce pas autre chose ! »
Suivent les récits longs, imagés, descriptifs. Le Pont
d'Orthez et la légende classique de sa fondation par le diable ;
les Revenants où passe comme le frisson d'épouvante que
suscitent certaines œuvres d'Edgard Poë ; le souvenir de la
Pechoune, la douce centenaire de Bidache ; le Pays que
j'aime le mieux, et c'est le pays natal, Bellocq, l'ancienne
bastide ; le Valet à l'ancienne mode, celui de l'antique moulin
de Massicam à Bérenx, vieil entêté, attaché à la terre qui est
presque sienne, un tenant des pratiques anciennes ; le Régent
á l'ancienne mode, ou choix d'un régent à Sainte-Suzanne :
il y a là un portrait de seigneur dont on trouverait, je crois,
peu d'exemplaires en Béarn, où souvent le noble laboura sa
terre un peu plus grande que celle du paysan ; mais j'aime ce
salut au dominé de l'ancien temps qui eut bien ses qualités et
ses vertus modestes. Enfin pour terminer un long, long récit
�— 170 —
Un farceur de choix, défilé de farces diverses et amusantes.
Voilà rapidement résumé ce que contient ce recueil. L'auteur a mis à le composer ses qualités habituelles de narrateur, sobre, vivant, intéressant et mouvementé. J'ai à peine
besoin de louer la langue qu'il manie avec tant d'aisance.
Elle a été l'objet de trop de jugements favorables pour que
j'aie quoi que ce soit à y ajouter. Lalanne reste fidèle à luimême et la diversité des récits auxquels il la ploie montre la
richesse de sa palette. Je n'aurais que l'embarras du choix
pour citer quelques extraits significatifs, tant les petits
tableaux abondent. Je ne puis cependant résister au plaisir
de faire une exception. Lalanne a eu joie à célébrer le
pays natal avec cette longue coudée du Gave que le soleil
couchant dore de ses feux, et met en défi qui que ce soit
de le contredire. Ce n'est certes pas moi qu'il trouvera pour
son adversaire. Si, à l'ombre des vieilles tours du château
de la reine Jeanne, non loin de la Chambre des Fées,
Lalanne sentit peut-être sourdre une vocation dlécrivain du
pays Béarnais pour en célébrer le passé, je ne puis oublier
qu'aux heures pleines de poésie gracieuse de la première
enfance, mes regards posèrent souvent sur ce paysage que
me révéla la campagne et que peut-être les pierres du château
m'inspirèrent le goût des monuments Béarnais. On m'excusera donc si je cite ce passage avec le plaisir que l'auteur a
eu à l'écrire :
« Entèr Berénx e Baylocq, biladyes de l'amassât de Salies,
que quirauléyen ûe arruade de tarrès qui n'an pas la
renoumiade d'ous de Yuransou, més qui saben toutû autan
coum éths amistousa lou passeyedou.
Be soun doun éths beroys e gaymans pèr la primabère,
quoand lou roumén e cabélhe e qui lou milhoc e la habole
amanten coum d'ûe nebade bérde la sole blancouse de la
terre ; quoand la bit e bidélhe lou tath a l'entour de la tire ;
quoand la hoélhe e floque lou cassou, agrade lou brouth
. dou tauzî !
Lou berdurè que puye, que debère, que s'esparpalhe, en
estuyan debath lous arreplécs dou sou debantau, ù eschami
de tribalhedous.
�— 171 —
Lou pic de la destrau, maneyade per la mâ brinchude dou
bousquè, que trauque la hoelhade ; l'aperét dou bouyadou,
la cante dou bignè, lous anilhéts de la pourîe, lou dindòu
de las esquires, lou cloc-cloc de las arrodes broussères, las
mile bouts dons auserous a l'aie lauyère qu'y hèn ûe musique de bite, de yoye e d'amou : en baganaut qu'en cerqueréts d'autan beroye aus houstaus de la bile oun, a
pous de pecétes, e claroune lou couyre, e sounsaynéye lou
briulou. »
En lisant ces lignes, revenait à ma mémoire un fragment
de l'étude de Sainte-Beuve sur Virgile, qui précède la traduction de Félix Lemaistre : « Ainsi Virgile est surtout
sensible à la fraîcheur profonde d'un doux paysage verdoyant et dormant ; au murmure des abeilles dans la haie ;
au chant, mais un peu lointain de l'émondeur là-bas, sur le
coteau ; au roucoulement plus voisin du ramier ou de la
tourterelle ; il aime cette solitude silencieuse et tranquille,
cette monotonie qui prête à une demi-tristesse et au rêve. »
Ne sent-on pas dans le petit tableau béarnais cette poésie
des champs !
On peut lire ces récits en toute confiance. Rien, je le crois,
ne suscitera la critique. Surtout qu'on n'aille pas chercher
au-delà de ces plaisanteries anodines, de ces facéties. Il y a
une bonne tenue morale, une gaîté à la manière de cette
définition de La Fontaine : « Je n'appelle pas gaîté ce qui
excite le rire, mais un certain charme, un air agréable qu'on
peut donner à toute sorte de sujets. »
Louis
BATCAVE.
En tête de ce livre écrit par un Béarnais à l'honneur de la
langue Béarnaise, je voulais aussi mettre une préface en
Béarnais. Mais les explications qui précèdent m'ont suggéré
de l'écrire en Français. J'ai entendu des mythologues
adresser à Lalanne. à l'occasion de son premier recueil, le
reproche qu'on ne pût faire le départ du fonds traditionnel
et des enjolivements. J'ai été maintes fois questionné à ce
sujet. J'ai donc voulu expliquer son procédé de composition et, dès lors, il m'a paru préférable de le faire en usant
de la langue nationale et c'est aussi le motif pour lequel j'ai
traduit les titres des récits,.
Orthez, août 1911.
�— 172 —
LA RAISON D'ÊTRE
de l'Ecole Gaston-Phébus
IV
Le sens de la tradition s'est tellement oblitéré durant les deux
dernières générations du peuple béarnais, qu'il ne sent plus la
nécessité de sauver sa langue, avec le peu qui lui reste de personnalité. On en est venu dans les cercles bourgeois, lorsqu'on nous
y entend employer le parler de nos pères, à nous taxer d'affectation à l'originalité, et il est devenu courant jusque dans les milieux
ruraux, — nous en avons à chaque instant des preuves — de
penser et de croire que c'est parce que « félibres » que nous persistons à lui être fidèle ; de là à penser et à croire que les non
« félibres » n'ont qu'à s'eD désintéresser, il n'y a qu'un pas, et ce
pas est vite fait.
Qu'on juge si cela ne constitue pas un danger.
A la vérité, si nous entendons nous servir de la langue béarnaise
et la servir, c'est avant tout, c'est surtout, c'est tout uniment et
tout bêtement parce que béarnais.
Il est d'ailleurs infiniment probable que n'eut été la législation
en vigueur au moment de son élaboration et les difficultés presque
insurmontables qu'on eut alors éprouvé de son fait, à créer de
toutes pièces une œuvre béarnaise, il est infiniment probable que
le mouvement béarnais, parallèle à celui de Provence et similaire
à lui, serait resté absolument autonome, « ami et allié » du Félibrige, mais non fondu en lui.
Il fut question, même après notre affiliation à la Société Mistralienne, de trouver pour nous une appellation qui nous fut propre
et particulière. Certains préconisèrent celle de « goudaliès » ; ils
n'eurent pas grand succès. D'autres estimèrent qu'il valait mieux
n'adopter aucune qualification quelle qu'elle fut, et leur raisonnement était à peu près celui-ci :
Pourquoi faire de nous, en Béarn, des sortes de merles blancs,
et prendre une étiquette plus ou moins heureuse mais qui en tous
cas pourrait donner lieu à des interprétations diverses et présenter des inconvénients ? Dans cet ordre de choses, ce qui n'est
pas nécessaire est inutile, et ce qui est inutile est dangereux par
le fait seul que c'est inutile. Nous sommes béarnais jusqu'à la
�— 173 —
langue, nous sommes les béarnais intégraux ; restons purement et
simplement des béarnais. Ce n'est pas nous qui avons besoin
d'être singularisés, ce sont les autres, les oublieux, les béarnais
honteux ; et depuis longtemps notre peuple les a marqués, il les a
appelés « lous françimands». Les béarnais, c'est nous.
L'auteur de cet article croit pouvoir déclarer ici qu'il était
parmi ceux qui raisonnaient ainsi, et qu'il est encore de ceux
— il y en a quelques-uns — qui n'acceptent pas pour eux l'apellation de « félibres» se contentant d'être des béarnais et de revendiquer le seul nom de béarnais comme leur.
Il n'est au surplus probablement pas irrévérend de se poser
cette question, comme entre parenthèse : Mistral et ses premiers
disciples n'auraient-ils pas eu, même littérairement et linguistiquement, une action plus profonde et plus effective sur le peuple
de Provence, s'ils avaient, au lieu de chercher un vocable dont on
ignore encore la signification, pris pour eux le seul qualificatif de
Provençaux, — Provençaux en tout, pour tout, y compris le parler.
Il y a les Jeunes Tchèques et les Vieux Tchèques, les Jeunes Turcs
et les Vieux Turcs ; ils auraient pu être, ouïes Jeunes Provençaux,
les Provençaux du renouveau ; ou les Vieux Provençaux, les Provençaux non contempteurs du passé ; ou enfin, plutôt, les Provençaux tout courts, les vrais, les Provençaux complets, les Provençaux entiers.
Mais ceci ne nous regarde guère, et ce peut sembler ici d'autant
plus un hors-d'œuvre, qu'il serait parfaitement oiseux et même
ridicule souverainement, de paraître remettre réellement la chose
en question. Nous nous bornons à déclarer, puisque l'occasion
s'en présente, et sans engager en quoi que ce soit l'état-major de
l'Ecole Gastou-Phébus dans son ensemble, que c'est le principe
que nous aurions voulu voir triompher pour nous.
Et si au cours de cette étude, dans laquelle nous avons essayé de
faire ressortir le devoir de chacun et de tous, nous avons pu froisser quelque susceptibilité, nous n'allons pas jusqu'à implorer
l'aman, mais nous sollicitons l'amicale indulgence de nos collègues ; ils nous l'accorderont, s'ils considèrent que c'est l'amour le
plus impérieux et le plus jaloux de notre petite patrie, qui nous
l'a dictée.
YAN DOU BÉARN.
�- 174
Les Vendanges
i
Lou Picapout au bin ta caut,
Lous Malagas catsus las trilhos
An sous grus d'aur é las Merilhos
Roussejon dab l'Angelicaut.
CHÔ
Trucats hardit pous ataliès
Dab lou martèt ou la malhuco :
Lou mès balen, lou mès qui truco
Es toudyour rèy chou'touneliès.
II
Acarats de caps au sourelh,
Lou Marouquin é la Chalósso
Dab la Blanqueto un pauc mès trósso
Maduron lou darrè chaurelh.
CHÔ
Rountats pipardos é semaus,
Reyaurats la bielho futalho,
Sinsats d'estoupo la founcalho
Edescapsats lous grans boucous.
�- 175 III
Sous Bouchales, sous Jurançous
Sou Chasselas en courrejados
Aus uelhs de tour abarrejados
Las Bespos pounthion sous hissous.
CHÔ
Anem Creynaros ahilats
Bosto lengo é boste ganthiéto,
La déchets pas à la pouthiéto
Sé breynots dab lous juens droullats.
IV
Lou Bourroun blan, aus mayes fréts,
De bouno guardo é bouno sabo,
Lou Silan, la poupo de erabo
Pindouleran dab lous Claréts.
CHÔ
Aprestats payréts é nauquéts,
Las hantaumos, las houradéros,
Las grans carretos bregnadéros
E lous hounilhs é lous brouquéts.
DE BRESCON.
varia de Condom
Bielh roundèu dou Bach-Armagnac!
Lou Testomens de la Mule
Au gnigue gnigoulet
la mulo qu'ey trop cargado !
dit au soun hilh que bau mouri (bis)
au gniguo gnigoulet
bèy serca lou noutari !
�— 176 You que bòy hè moun testomens
au gniguo gnigoulet
p'ou repau de mon amno !
(bis)
Que dau moun cabaus herratiès (bis)
au gniguo gnigoulet
qu'«n heran un enclumi !
Que dau mous oèlhs aus lunatiès (bis)
Au gniguo gnigoulet
qu'en heran besigletos !
Dau mas aurelhos aus massous (bis)
au gniguo gnigoulet
qu'en heran de truèlos !
Dau mas camos aus flauhutès (bis)
au gniguo gnigoulet
qu'en heran flauhutetos !
Que dau mous pèds aus toubaquès (bis)
au gniguo gnigoulet
qu'en heran toubaquèros !
Que dau ma pèt aus caperâs (bis)
au gniguo gnigoulet
qu'en heran de soutanos !
Que dau ma coudo aus arentiès (bis)
au gniguo gnigoulet
s'en bireran las mousquos !
Qué dau mas tripos aus courbas (bis)
au gniguo gnigoulet
m'en canteran : coàc, coàrrou !
A tu moun hilh qué-t dau lou prat (bis)
au gniguo gnigoulet
per n'e pèyche l'erbéto
Marius FONTAN.
�Noubèles
Pau. — Lou Bulletin de l'Association amicale de Lescar que da
toustém quauque tros de biarnés. Au n° 2 d'augan, que y a u
counde de J.-V Lalanne e dues poésies d'Eyt e de Baudorre.
Cade semmane, tout parié l'Indépendant, que hique las soues
" Causes biarnéses ", coundes e pouesies, sinnades de Lou de Vaut
cop, de Al-Cartero, de Baudorre, etc.
Hens Le Patriote, Le Petit Béarnais e La Croix des Basses-Pyrénées
qu'y soun las letres dou Talhur, dou Gantouniè e dou Carbouè tout
cap de oeyt dies.
Chic à chic las hoelhes pouletiques e autes que soun amiades à
coumpréne que drin de gascou qu'ey u besougn tad ères, se bòlen
countenta lous leyidous.
Bagnéres-de-Bigorre. — A l'acampade dou mes de Yulh de la
Soucietat Bamond, Mous de Pepouey qu'a présentât u estùdi hèyt
per u proufessou de Fribourg sus lous tribalhs dou défunt roumaou
niste, lou D Dejeanne. Mous de Jeanroy que bié, dab quauques
amies, d'acaba la publicaciou de las obres dou troubadou Marcabru, publicaciou coumençade per l'ancien sos-president de GastouFebus. Lou libe que bau 5 Hures enço de Privât, liberayre a
Toulouse.
Barboutan d'Armagnac. — Lou 6 d'Aoust qui bié, La Bouts de
la Terre que hara la soue segounde hèste de 1911 en aquere poulide
bilote oun las aygues bouréchen coum à d'Acs. Mous de Cassaët,
lou baient felibre d'Euze, que la presidara, e que s'y troubaran,
bessè, u sarrot de mounde aymadous de la Gascougne.
Ha s escribe per abance e embia lous dinès dou banquet (3 liures)
à M. Forgues à l'establissimén de Barboutan-les-Thermes (Gers).
Toulouse. — La hèste annau de 1' " Escolo Moundino " que-s
hé à Toulouse lous 27 et 28 de May. La brespade dou 27, à l'anciane
Facultat de Letres, que s'amassaben Mous de Sourreil presidén,
Bivière, Bosès, Mous de Desazars e Anglade de l'Académie dous
Yocs-Flouraus, Pasquier, archibiste, u escabot d'autes e, au miey
d'ets, Mous de Faure-Dère e Mous de Sarrieu.
Lou councert qui segui qu'esté hèyt (ço qui nou s'ère goayre bis)
d u cap à Vaut sus ayres lengadoucias. Beroy aco !
Decouracious. — Noustes counfrays Eyt, reyent d'Auberti, e
Pourtau reyent d'Arthez-d'Assou qu'an recebut lou 14, las palmes
Académiques. Coumpliments.
M. C.
�- 178 -
Causes de Nouste
La Loéngue de case a l'Escole purmère Au numéro de Yulhét, lous Reclams qu'an publiquatû artigle de
you sus aquére custiou qui deuré esta lou maye tesic de tout
felibre.
Aquéth artigle que m'a hèyt arriba ûe coumunicaciou e ûe
létre.
La coumunicaciou que s'éy abiade p'ou canè de Mistral. Talhuc
d'ûe gazéte mentabude Le Petit Marseillais, sinnat, P. Ruat et titulat : La Doctrine du Félibrige.
Qu'y trobi, amoullades en û petit moullou, û hardèu de las idées
qui soun las mîes. Més qu'y auri boulut aquéste qui proberé, suban
you, qu'èm mascles mascluts e nou pas sauneyedous lampouynès :
« Que eau demanda chéns ces, dab seguide, paciénee e cabourrudè
que la loéngue dou bris que-s sèdi detire a l'escoh purmère enta-d ayda
a la mustre de lasoue so de France. E si lou félibrige n'éy pas pouderous
d'ûe acciou sus lous goubernadous de France, qui soun lous goubernadous dou Mieydie, si ne-s sab pas ha escouta dous députais qui soun
lous noustes, dous Ministres qui pagam dab las noustes pecétes, dou
félibrige, qu'en hasin tisous coum se hè d'û arbou qui porte toustém
flous e yaméy frute ».
�- 179 A maugrat d'aquére manque lou debis de P. Ruat qu'éy beroy :
que-m hè gay de balha-n assiu û boussî :
Voilà trente ans que nous avons l'instruction obligatoire. Eh bien ! Prenez
cent élèves du Midi pourvus du certificat d'études, vous n'en trouverez pas
dix sachant rédiger une lettre de famille sans fautes d'ortographe. Et cela,
parce que Paris s'obstine à vouloir leur enseigner une langue qui est, pour
ainsi dire, étrangère, par une sorte de méthode Berlitz inapplicable à des
enfants.
Si les instituteurs prenaient l'habitude d'expliquer le français par comparaison avec la langue parlée dans le pays — dont la prononciation donne
très exactement l'orthographe — les élèves arriveraient à savoir écrire
parfaitement les deux langues à l'âge de 12 ou 13 ans.
Depuis près de sept cents ans qu'on leur en fait défense, si les habitants
du Midi continuent à parler le langage d'oc sans pouvoir s'en déshabituer,
c'est qu'ils ont des raisons naturelles pour cela. Cette langue est mieux
adaptée à la vie de la terre et aux termes des métiers que le français ; elle est
imagée, poétique et sonore ; enfin, plus de deux mille mots n'ont pas leurs
synonymes en français, et la plupart des expressions sont intraduisibles.
Mais, en outre, grâce aux bienfaits de l'influence française, ouvriers,
paysans et bourgeois, tous ou presque tous, parlent également le français.
Ils estropient quelque peu ce dernier, parfois, mais ils ont ainsi deux formes
de langage pour s'exprimer et personne ne peut oser dire qu'on est plus
pauvre en connaissant deux langues que si l'on n'en connaissait qu'une seule.
La létre qu'éy dou frère Savinien, dou sou noum Mous de
Lhermitte.
Avignoun, 8 de juliet, 1911.
Valent Majourau,
Ai reçaupu e legi emé forço
Reclams de Biarn e Gascougno.
interès voste article, 1° partido, dins
Sias intra dins lou viéu de la questioun que trate desempièi trento-cinq an :
« L'Ensignamen dóu francés pér la lengo d'o ». Vesès qu'a proun fa béu
camin, e lou recouneirés miéus dins la fueio jauno qu'acoumpagno aquesto
letro.
Emé bono entencioun an vougu, d'uni que i'a, parla rèn que dóu prouvençau o de la lengo d'o ; mai ges d'escolo, que sache, se i'es durbido.
Dounc n'en restan à la traducioun, mervihous estrumen que rendrié nòstis
escoulan dous cop pu fort pèr lou francés e capable de coumprendre, de
senti e de parla sa lengo meiralo en l'escrivènt coume se dèu.
Màntis escolo, devers vautre e dins noste caire, se coungoustavon à-n-aquéu
pres-fa.
Mai lis escolo libro an moula e aquéli dou Gouvèr mancon d'iniciativo.
Lou Félibrige, semblavo qu'acô lou regardavo gaire enjusqu'eici ; pameno
sus un raport, en 1910, au Counsistòri, se prenguè la counclusioun d'adóuta
la Metodo di « Versioun prouvençalo-franceso ».
Erian, sus acô d'aqui, d'accord emé lou Gouvèr amor que louDireitour de
l'Ensignamen, Bayet, me digué 'n jour au Menistèri :
�- 180 -
« Je ne vois pas pourquoi M. l'Inspecteur d'Académie ne permettrait pas
de se servir de cette méthode ».
Uno Coumessioun de la lengo d'o es noumado dins lou Counsistòri. Mai
s'es jamai acampado, e, à la darniero sesiho dóu Counsistòri e dou Counsèu
generau, an pas agu lou tèms d'acaba uno discussioun duberto sus aquéu
poun intéressant. Es verai de dire que l'ouro de la felibrejado anavo pica.
Se reprendra mai, fau l'espéra, emé lou bon voulé de tóuti.
Pamens se perd de tèms e de camin tóuti H jour.
Tre que lou majourau Maurise Faure fuguè nouma Menistre de l'Itrucioun publico, se ié mandé dire qu'esperavian de vèire enseri dins une
circulàri o un reglamen, très article : o tant soulamen lou proumié.
Ie On pourra se servir de la langue d'oc pour mieux enseigner le français.
E quaurié dounc pouscu ié rebeca ?
2° La langue d'oc est admise dans la liste des langues vivantes et dans
les programmes du Certificat et du Brevet.
3° On accordera quelques points supplémentaires aux candidats qui auront
fait preuve de savoir en version.
Aurié, crese, pas miéus demanda, noste Menistre que me disié antan :
« Toutes les fois que j'ai l'occasion d'en parler aux personnages de l'Instruction
publique, je leur dis qu'ils n'ont rien de mieux que la traduction pour
apprendre le français aux élèves du Midi ».
Mai sian pas proun esta pèr apiela l'afaire. Lou Félibrige, la presso, à
leva quàuqui flàmi revisto e journau li counferènçi publico, lis aderènt,
istitutour e parènt d'escoulan, nous an defauta.
Avèn lou pan e lou coutéu... quouro se taiaran li lesco ? Ah ! s'erian, li
majourau, tôuti d'acord emé la fe felibrenco e patrioutico, tardarian pas longtèms !... L'acioun, à la fin, prendrié cors. Que lou fague Santo Estello !
Demore, valènt majourau, voste bèn dévot.
I
J. L.
Aquiu qu'ey la beroye cante, la cante de l'homi qui né s
counténte pas de sauneya, e qui crét dab resou que eau gaha lou
tau p'ous cors e la betère p'ous pintous.
Eth soulét qu'éy anat ta-u Ministre.
Mercés a-d éth lou Goubernadou de yé, quoand lou hèsin
reproch d'abé manquât au sou debé, ne pot pas respoune : N'y abi
pas pensât !
Dous mayouraus ou melèu d'ous qui debantéyen lou félibrige
ne moutim pas :
An soulémen lou téms ou l'idée de pensa-y ?
J.-V. LALANNE.
�— 181
-
Maubesi
Sus u tucòu bagnat de luts, d'array bermelh,
Dauan lous pics gigants, tout fier que-s quilhe encore,
Rebiscoulat, tout nau, qu'arrid au grand sourelh,
Maubesi, castet hort deus-s segnous de Bigorre.
REPIC
E l'auet bist lou castet bielh,
Bagnat de luts e de sourelh,
Lous brès antic deu-s tiers biscoumtes de Bigorre ?
Dauan lous pics couhats de nèu,
Bastit à miey cami deu cèu,
Coume û gigant que-s quilhe encore !
II
Espiats la bielhe tour, au bet soum deu sendè,
Amuchant las parets apelhades de yeyre !
Se lou gahus hastiau e y a heyt sou nidè,
Lou tems en cade corn, qu'a rougagnat la peyre.
III
Salut ! ô bielhe tour, oun Febus a cantat !
L'oumpredeu fier Segnou, quoanl'estele eslugreye,
Au houns dou nouste cèu de Bigorre encantat,
Coume ù houlet gaymant, la noeyt que y boulateye.
IV
Coume û cassou querat, lou fier castet, tout boeyt,
E gnacat per lous ans, à bets esboulhs partiue,
Calhauère sensé amne, au desbroumb de la noeyt ;
De plagues escarnat, doucement que-s mouriue.
V
Mes u G'ascou baient, ù félibre, qu'a dit:
« Lou bielh castet que tagn à la choyé patrie ;
« You que relheuarey lou castet desruit ;
« Hardit! entounem touts la cante d'allegrie! »
(1| Que publicamla pouésie sansère dou nouste counfray Abadie doun la
tnaye part qu'ey estade hicade en musique.
�— 182 —
VI
Atau Parle Bibal ; puch, d'û yeste reyau,
Que yetè puguats d'aur; e lou frayde Mouncade,
Que tourne este sus pè, tout enlusit de nau :
L'Escole qu'a soun nid : Maynats canten l'aubade !
VII
Glorie à d'aquet baient ! à l'orne yenérous !
L'imatye dou Passai de la Terre gascoune
Jàmey nou périra, tant que y aye Gascous !
Au Mesta d'aci-tau trisquem ue couroune !
P. ABADIE.
Reyen à Soumbru près Maubourguet.
Bruts de dronles
Mesperqué doun mescla-s aus bruts de la marmalhe
Qui ne sab pas lou sé s'a plourat lou matin ?
Tan per tan s'estupat lou hoec de la batalhe,
Que béden lou trucat courre après lou mutin.
Que saben, lous paréns, que la grane dispute
Cridade a plegns bramets prous petits coulerous
Se bayt chèns fondeméns que crèbe a la minute :
Ets tabégn, bèt tems a, qu'estoun lhèu plourinous.
Digun lou léndouman n'es soubién de la bélhe ;
Lous tougnats recebuts que soun dap lous tournats ;
Un blau ne coumpte pas mey que l'esquich d'û pélhe :
Pr-un même amusemén touts que soun éntraynats.
E tan que durera la houlie innouciente,
Atau, toustém atau que heran lous dronlots:
Dou mau heyt chéns carcul pot dounc esta counsciénte,
Coum l'ômi de resoun, l'amne dous gouyatots.
Saben ets soulemén ço que mau ha bòu dise ?
Nou ! mes l'atye benlèu qu'ous at aprénera.
D'es fâcha d'are enlà nat n'aura la betise :
Au serbice de touts, cadun que bienera.
Louis
LAMAIGNÈKE.
�- 183 -
Lous Lîbis
Lou Castèt de Maubesin, de C. DAUGÉ, (pouèmi illustrât per
E. Lacoste, 1 b. in-8° : au Castèt de Maubesi en Bigorre).
Be n'y a dous qui-s sedoun à las amassades de Gastou Febus,
dous qui cantèn en coumpagnie bère cansou, dous qui rimèn odes
e sounets, b'en y a hères !
Quauques-us que despenoun medalhes aus councours, mes, e
soun goàyres lous qui-s soun, coum at caleré, estacats à l'obre ?
Qu'ous coundarén ad ayse, e se mantu yoen punteye e s'ey la
nouste yoye, qu'ey encoère en ço dous qui-s yuntèn aus prumès
dies de 1896 que lou larè cauhe lou mey. Enter touts, lou yamey
las e l'emparaulit de toute ore qu'ey de segu Daugé.
Deleyén coum la pensade, biste, biste, pressât, pressât, que
balhe tribalhs d'istòri, d'arqueoulouyie, de numismatique, de prose
e bèrs, e oey, que-ns e da u pouèmi sus la debise dou castèt de
Maubesi : J'ay belle dame.
Beyats dounc aquere daune, à la noeyt clabade, qu'apèreàla
seguide lous sents e lous héros de nouste :
E biole e tambourin, pegnicats pou dit jaune,
Lous morts de Maubesin que sounen à darrocs.
Qu'arriben. atau, dens la gran crampe : Bernât de Maubesi,
Peyroune de Bigorre, lou duc d'Anjou, Gastou-Febus e u bielh
troubadou... Sus rîtmes de toute payère cadu que dit la soue cante.
A tout trabès, enter miey lou debis dous persounàtyes, lou
cantadou qu'a pintrat bistes de noeyt e de terre, e aco qu'ey d'ue
pouesie franque tau coum nou s'ère audide quauque tems a per
1 Gascougne.
Uue ore que truquèbe au cluchè de Tournay
E lou truc que ringuèbe cla. La souric-caute
Qu'amassèbe mousquits de neyt à cop de gaule :
Que s'entenè lou Gabe à la plane de Nay.
Au blu dou cèu nat crum nou basé maquedure
E lou boè qu'arrouquèbe à pugìis au pè dou bros.
Lou cabelh que pleguèbe à la palhe madure,
L'aygue que gourgueyèbe au penen de l'Arros.
L'aujàmi panadou galoupèbe la lane ;
Hèyt d'oumpres e de luts, un plasën droumilhè
Qu'ensaquèbe à de boun la mountagne e la plane ;
De capsus à cabbat lou can qu'ère au palhè.
�- 184 —
Per l'espincèu dou mèste Ed. Lacoste, aquet pouèmi emprimat
qu'ey debiengut ue yolhe de prêts : très ou quoate grabadures :
lou Cubertis, Gastou-Febus, lou Troubadou, que soun, que b'at
prouméti, de las beroyes, d u mèste-pintre.
E cause qui n'.ey pas ourdinàri, — qu'at eau dise hort ta que-s
sàpie ! — lou libe doun an tirât très mile edsemplàris qu'ey u
presén dou nouste capdau d'aunou, de Mous de Bibal, lou rebastidou de Maubesi.
M. C.
LETRES DE TOUT TREM
A Moussu lou Méste d'ahas dous
<t
Reclams »
« Moussu lou Méste d'ahas,
« Lou soulet îoundatou de l'Escole ne souy pas, se-m pensi ;
foundatou que-n souy de segu dap ue troupe d'autes.
« Ey dit que lou Bacquiè-Fonade que m'abè dat nade idée ? Que
crèy d'abe escribut que m'abè enguichat. En biarnés, « enguicha »
que bòu dise encouradya ; lou Lespy que dits exciter, so qui s'en
tourne bahide au medich.
« Per aco, moussu, lou sou que-s lhebera toustem acera hore.
« So qui-m trigne, qu'ey que l'Escole que camini beroy, e arremey.
« Beyat de pe las bira beroy bous tabey.
«
YAN DOU BOUQSUET ».
Nabèths Counfrays
M. Mailho, Jean, Instituteur à Bonnefont (H.-P.)
M. Tucat, Instituteur à Livron, par Espoey (B.-P.)
M. Graziani, archiviste bibliothécaire de la ville de Bayonne.
Lou Yérant : E. MARRIMPOUEY.
PATI.
EMPRIMERIE VIGNANCOUR — PLACE DOU PALAYS.
�
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Title
A name given to the resource
Patrimoine écrit occitan:périodiques
Description
An account of the resource
Ce set contient les périodiques numérisés par le CIRDÒC issus des collections des partenaires d'Occitanica
Revista
Item type spécifique au CIRDÒC : à privilégier
Région Administrative
Aquitaine
Variante Idiomatique
Gascon
Aire Culturelle
Gascogne
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Title
A name given to the resource
Reclams de Biarn e Gascougne. - Anade 15, n°08 (Aous 1911)
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Reclams. - Annada 15, n°08 (Aost 1911)
Subject
The topic of the resource
Occitan (langue) -- Périodiques
Littérature occitane -- Périodiques
Gascon (dialecte) -- Périodiques
Littérature gasconne -- Périodiques
Description
An account of the resource
Reclams. - août 1911- N°8 (15e Année)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Lalanne, Jean-Victor (1849-1924)
Batcave, Louis (1863-1923)
Béarn, Yan dou
De Brescon
Fontan, Marius
Camelat, Miquèu de (1871-1962)
Abadie, P.
Lamaignière, Louis
Bousquet, Yan dou
Marrimpouey, E.
Source
A related resource from which the described resource is derived
<p>Bibliotèca de l'Escòla Gaston Febus</p>
<p><br /><a href="http://www.reclams.org/" target="_blank" rel="noopener"><img style="height: 97px;" src="http://occitanica.eu/images/omeka/gaston_febus.jpg" height="97" /></a> </p>
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Escole Gastou Febus (Pau)
Imprimerie de Vignancour (Pau)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1911
Relation
A related resource
Vignette : <a href="http://www.occitanica.eu/omeka/files/original/e472a8c919c77eed6b76d1205b58246f.jpg">http://www.occitanica.eu/omeka/files/original/e472a8c919c77eed6b76d1205b58246f.jpg</a>
<a class="link_gen " href="http://www.sudoc.fr/039860345" target="_blank" rel="noopener">http://www.sudoc.fr/039860345</a>
Is Part Of
A related resource in which the described resource is physically or logically included.
Reclams de Biarn e Gascounhe <a href="http://www.occitanica.eu/omeka/items/show/2019">(Accès à l'ensemble des numéros de la revue)</a>
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