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Estudis
JEAN-MARIE SARPOULET 1
LES PREMIÈRES DÉCENNIES DES
RECLAMS DE BIARN E GASCOUGNE
2
Pour citer ce document :
Jean-Marie Sarpoulet, « Les premières décennies des Reclams de Biarn e Gascougne »,
Occitanica.eu, Estudis, [en ligne], mis en ligne le 11 décembre 2013.
Permalien : www.occitanica.eu/campus/Reclams_JMSarpoulet_11122013_fr
Jean-Marie Sarpoulet est inspecteur pédagogique régional d’occitan dans l’académie de Bordeaux. Docteur ès Lettres de
l’université Bordeaux III, agrégé de lettres modernes et certifié d’occitan, il a publié en 2005 aux presses universitaires de
Bordeaux Les débuts des Reclams de Biarn et Gascougne, revue occitane en Gascogne, 1897-1920.
1
2
Le nom de la revue changea plusieurs fois de graphie : au début, Reclams de Biarn e Gascounhe, puis, selon la
graphie de l’Escole, Reclams de Biarn et Gascougne, puis Reclams de Bearn e Gasconha, et enfin, en raccourcissant,
Reclams.
1
�Reclams il y a cent ans…
Quand on aborde ce monument de la littérature occitane que représentent les Reclams, (monument
à la fois pour le contenu, la durée, la qualité des écrits) deux écueils guettent le lecteur. D’abord
l’anachronisme qui voudrait faire des hommes — et des rares femmes… —qui ont bâti la revue dans
les dernières années du XIXe siècle d’autres « nous-mêmes », porteurs de nos problématiques et
adossés à une littérature mondiale qui s’est structurée après deux conflits mondiaux, des millions de
morts, la crise des nationalités et la montée de la mondialisation ; ensuite le manque de perspective,
qui ferait prendre le « mouvement de la surface des choses » pour des modifications de structures
sociétales : ainsi, Anne-Marie Thiesse, depuis un peu plus de vingt ans, a bien montré comment
s’élabore « l’invention de la France3 », et, au-delà, la « naissance des identités nationales4 ». Elle a
précisé comment, en valorisant le passé et la ruralité, les promoteurs des langues et des cultures
régionales rassurent sans le vouloir les populations inquiètes par l’entrée dans une modernité
industrielle.
De quoi s’agit-il ?
En 1897, l’occitan est la langue majoritaire du grand Sud-Ouest. Elle le sera encore un bon quart de
siècle5, puis, sous l’effet entre autres de la scolarisation, de la première guerre mondiale et de l’exode
rural, elle cédera peu à peu la place au français, jusqu’à n’être plus comprise que par au mieux un
quart des habitants de cette région au début du XXI e siècle6. La littérature occitane, qui fut
fondatrice au Moyen Âge, bien illustrée au XVI e et renaissante dès le milieu du XIX e siècle à l’est de
l’aire linguistique est alors, bien entendu, presque totalement inconnue de ces locuteurs. C’est au
cœur de cet écartèlement que vont naître les Reclams.
En Béarn, l’occitan, langue d’État jusqu’en 1621, fut encore utilisée dans un usage public jusqu’à la
Révolution française. Au XIXe siècle, langue de communication très largement majoritaire dans la
population, elle est présente à l’écrit dans les journaux grâce à des billets de polémistes (Larroque,
Chesnelong, Planté…) mais également dans des anthologies de chants et des recueils poétiques
(Vignancourt, Navarrot, Bataille-Furet…), Vastin Lespy publie en 1880 son Dictionnaire béarnais
ancien et moderne. C’est sur ce terreau que naît, après une tournée des félibres parisiens en 1890,
d’abord une école félibréenne en 18967, puis, un an plus tard, une revue, Reclams de Biarn e
3
Anne-Marie Thiesse, Ils apprenaient la France, Paris, Maison des Sciences de l’homme, 1997.
Anne-Marie Thiesse, La création des identités nationales, Paris, Seuil, 1999.
5
Le travail réalisé par Édouard Bourciez qui demanda à la même période la traduction d’une version modifiée de la
parabole de l’enfant prodigue par les instituteurs aquitains montre une langue bien conservée y compris à l’intérieur des
villes comme Bordeaux.
6
On se référera avec intérêt à l’enquête sociolinguistique réalisée à la demande du Conseil régional d’Aquitaine, de l’EtatDRAC et des cinq départements aquitains : Enquête sociolinguistique : Présence, pratiques et représentations de la
langue
occitane
en
Aquitaine,
Région
Aquitaine,
avril
2009
[en
ligne]
:
http://aquitaine.fr/IMG/pdf/Enquete_linguistique.pdf
7
Le premier président de l’Escole est Adrien Planté, Pierre-Daniel Lafore est trésorier et Michel Camélat secrétaire. Il y a
deux présidents d’honneur, Isidore Salles et Vastin Lespy.
4
2
�Gascounhe qui se donne pour objectif d’« entretenir le culte du parler des aïeux, garder les traditions,
sauver l’âme de nos provinces. »8
L’Escole Gastoû Fébus, du nom de ce fastueux prince des Pyrénées, apparaît alors comme une
« forme-élément » de la vaste et disparate mosaïque félibréenne et comme une « forme-structure »
qui organise les diverses participations de l’espace gasconophone (on notera l’importante croissance
du nombre des abonnés : partis de moins de 200 abonnés en 1898, les Reclams en eurent un peu plus
de 500 en 1908). Ainsi, née à l’origine avec la participation des Béarnais et des Bigourdans, l’Escole
s’ouvre rapidement à des Landais, à des Gersois et à quelques Girondins.
Le lecteur va voir, sous ses yeux s’inventer une littérature et se mettre en place une littérarité. Des
littérarités.
Les fondateurs travaillent en effet plusieurs chantiers en même temps, du point de vue linguistique,
d’abord (quelle langue utiliser, comment l’écrire, que dire ?) et du point de vue culturel (quelle
culture transmettre, comment la transmettre, comment diffuser la littérature gasconne, quelle place
faire au musée pour « conserver » ?).
Cela dit, ne nous y trompons pas, les gens actifs, dans les Reclams, comme dans toute association, ne
furent jamais très nombreux. Parmi les auteurs, ce sont toujours les mêmes noms qui reviennent.
Le temps des normativisations
Pour fixer la graphie, après d’importants et fructueux débats 9, l’Escole fait appel au titulaire de la
chaire de Langues et littératures du Sud-ouest de l’Université de Bordeaux, le professeur Édouard
Bourciez. Revenant sur certains choix graphiques de Lespy, et se fondant sur les travaux de l’Escole de
1899, Bourciez reprend dans sa norme de 1900 le code graphique du français, sauf pour les
phonèmes qui n’y existent pas ou plus : la consonne spirante latérale palatale voisée /ʎ/ notée <lh> et
les diphtongues diverses.
En même temps que la question de la normativisation graphique se pose la question de la
normativisation linguistique : quelle langue utiliser, à partir de quelle variété linguistique élaborer la
norme,… ? De manière très moderne, certains comme Camélat essayent bien de renvoyer à la
tradition littéraire du Béarn et de poser l’écart nécessaire entre une variante littéraire et le parler des
villages, mais c’est peine perdue face à d’autres auteurs qui se réfèrent à la « langue du peuple » qu’il
faut parler si on ne veut pas que « le peuple » se détourne des objectifs de l’Escole. Une commission
du dictionnaire ne produira rien.
Que dire ?
8
9
Lettre circulaire d’Adrien Planté, 1896 (texte reproduit dans J.-M. Sarpoulet, op.cit., p. 229-230)
Dès les premiers numéros des Reclams, Pierre-Daniel Lafore, qui signait Yan dou Bousquet publia des « Notes
orthographiques » qui faisaient le point sur les éléments de désaccord entre les auteurs et ceux qui faisaient consensus.
Rappelons qu’à cette époque, certains auteurs pensaient que le gascon venait du grec et notaient donc le son /k/ par un
<K>.
3
�Un des premiers travaux de l’Escole est d’aider ses lecteurs à s’approprier une histoire passée. Pour
cela les Reclams publient une série d’articles sur la tradition populaire, aussi bien sur les moments de
la vie que les mythes liés à la sorcellerie. Ils donnent également d’autres textes sur le passé littéraire,
de langue d’oc ou en français sur les thèmes régionaux. Enfin, l’histoire régionale est également
abordée à travers l’étude de textes anciens ou le récit d’événements fondateurs. Peu de travail en
revanche sur les jeux traditionnels, à part quelques pages sur l’opposition de la course landaise d’un
côté et de la corrida à l’espagnole de l’autre.
« Qué souy paysâ, rèy de la terre » (je suis paysan, roi de la terre) 10
Dans les Reclams, comme dans la littérature régionaliste d’expression française, le héros est le paysan.
Cette image s’oppose clairement à la vision que portent les romans de Flaubert, Zola ou même
Maupassant pour qui le paysan reste l’élément arriéré d’une civilisation fermée, politiquement
conservatrice. Cette image du monde agricole se double alors d’une importante crise financière, liée
au désintérêt de la part de la bourgeoisie rentière qui préfère investir dans les emprunts d’état. Ce
contre-pied littéraire des Reclams porte donc une vision idéologique : en proposant une vision
positive du paysan, père nourricier, héros d’une géographie idéale aux accents dix-huitiémistes plus
que personnage des temps modernes, on reparle de l’âge d’or que furent ces temps où l’on parlait
occitan. Pourtant, alors que 42,60 % de la population active française est composée d’agriculteurs, il
n’y en a aucun parmi les membres de l’Escole ni parmi les auteurs.
La langue et les marques de la tradition étaient conservées, voire diffusées, à travers des jeux floraux,
des fêtes félibréennes qui mettaient en scène la parole publique de la langue et également par le
musée de Mauvezin, qui représentait un modèle de musée d’arts et traditions populaires.
L’Escole : le discours et le réel…
L’Escole vit dans son siècle. Elle s’affronte donc à la question scolaire : comment contribuer à
transmettre la langue par le biais de l’École de la République. La question est complexe. Personne ne
parvient vraiment à la trancher. La langue est toujours interdite à l’école primaire 11. Certes, les
Reclams organisent des concours scolaires, ses membres créent des recueils de versions, des manuels
d’histoire locale. Les membres de l’Escole, devenus ministres, ne font pas grand-chose pour permettre
à la langue d’être enseignée : l’idée de la nation une et indivisible se construit une fois les cultures
régionales définies comme provinciales. À cet égard, le discours politique des Reclams reste flou : « la
grande cause de décentralisation régionaliste et de libération méridionale » aimait à dire au début du
siècle son capdau, son chef, Adrien Planté qui porte en elle la dialectique de « la petite et de la grande
patrie », ne débouche sur rien. Il faut « être de bons Gascons pour être de bon Français ». Certains,
10
Andrèu Baudorre, « qu’èm paysâs », Reclams, mai 1906, p. 97-98 et Reclams, novembre 1906, p. 275.
11
L’article 15 du règlement scolaire des Basses-Pyrénées indique bien « le français sera seul d’usage dans l’école. »
Rappelons que la doctrine française officielle venant de l’inspecteur général Carré est d’enseigner en français, sans passer
par des traductions (cité dans L. R., « Las loéngues de case », Reclams, novembre 1902, p. 235.
4
�comme Philadelphe de Gerde ou Miquèu de Camélat ont des positions plus claires, mais ils resteront
toujours minoritaires, voire marginaux, dans un milieu qui, s’il reconnaît — à grand peine — leur
génie littéraire, hésite à comprendre ce dont parlait ces patriotes gascons… La Grande Guerre arrive
là-dessus qui rebat les cartes et fonde étrangement l’idéologie nationale sur le meurtre de milliers de
jeunes garçons venus des régions de France.
Après la Grande Guerre, l’incapacité des Reclams à se renouveler thématiquement comme à dépasser
les contradictions internes de son discours ne doit pas se cacher derrière les quelques chefs-d’œuvre
qu’ils publient. Le public boude une production, qui, sans doute, ne sait pas lui parler.
Reclams au bout du compte ?
Arrivé au terme de son voyage, le lecteur attentif pourra regretter que les auteurs des débuts des
Reclams ne soient pas allés assez loin dans la normativisation linguistique, que leurs choix politiques
aient été passablement tièdes, et qu’en somme, bien souvent, la revue n’apparaisse que comme une
revue française, parfois d’expression occitane. Mais il ne faut pas oublier les deux écueils que nous
signalions en introduction : les Reclams ont réalisé un travail qui ne connaît que peu de précédents
dans l’histoire littéraire occitane. Grâce à eux, on n’a jamais autant écrit en gascon, ses auteurs ont
codifié la langue, proposé des thèmes, écrit des chefs-d’œuvre à portée universelle. Et surtout, ils ont
fécondé toute la renaissance littéraire, linguistique et culturelle de l’ouest du domaine linguistique
occitan que nous voyons aujourd’hui.
5
�
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Campus
Estudis
Région Administrative
Aquitaine
Variante Idiomatique
Gascon
Aire Culturelle
Béarn
Gascogne
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A name given to the resource
Les premières décennies des Reclams de Biarn e Gascougne / Jean-Marie Sarpoulet
Subject
The topic of the resource
Occitan (langue) -- Périodiques
Littérature occitane -- Périodiques
Gascon (dialecte) -- Périodiques
Littérature gasconne -- Périodiques
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Sarpoulet, Jean-Marie
Publisher
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CIRDÒC - Mediatèca occitana
Date Created
Date of creation of the resource.
11/12/2013
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Les premières décennies des Reclams de Biarn e Gascougne / Jean-Marie Sarpoulet
Les premières décennies des Reclams de Biarn e Gascougne / Jean-Marie Sarpoulet
Description
An account of the resource
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<div style="text-align: justify;">Cet article de Jean-Marie Sarpoulet, inspecteur pédagogique pour l'occitan dans l'académie de Bordeaux, retrace le contexte des deux premières décennies (1897-1920) de publication de la revue <em>Reclams</em>.</div>
Vous pouvez consulter sur Occitanica <a href="http://www.occitanica.eu/omeka/items/show/2019">l'ensemble des numéros de la revue</a>, depuis 1897, année de sa première parution, jusqu'en 1945. <br />
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<div style="text-align: justify;">Aqueste article de Jean-Marie Sarpoulet, inspector pedagogic per l'occitan dins l'academia de Bordèu, presenta lo contèxt dels dos purmèrs decennis (1897-1920) de publicacion de la revista <em>Reclams</em>. <br /><br /></div>
<div style="text-align: justify;">Podètz consultar sus Occitanica <a href="http://www.occitanica.eu/omeka/items/show/2019">l'integralitat dels numeròs de la revista</a>, de 1897, annada de sa primièra parucion fins a 1945.</div>
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Date Modified
Date on which the resource was changed.
2017-04-12 Jeanne-Marie Vazelle
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