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« La colomba de lutz » de Joan Luc Severac
Severac, Jean-Luc
Assié, Benjamin
Plongeant profondément ses racines dans l’histoire de Minerve (Hérault), Jean-Luc Séverac peint, grave, sculpte aussi bien les galets que la pierre ou le bois, et ce depuis des décennies. Faisant corps avec Minerve, cité emblématique intimement liée à l’histoire des Cathares, il sculpte en 1982 la Colombe de Lumière qui deviendra tant l’emblème du lieu que sa « carte de visite ». Il explique :
« J'ai choisi la colombe, ascendante comme un esprit méditatif monte vers le ciel, pour ses vertus symboliques évidentes. »
« C’est une sculpture de lumière, un signe solaire, un moment de paix. La lumière, le soleil et la paix sont les forces que le catharisme représente. Les Cathares s'étaient élevés au-dessus de la matière. Voilà pourquoi je n’ai pas fait une colombe de pierre, mais une colombe de lumière. La lumière, c’est-à-dire l'absence de matière, est la seule chose qui puisse symboliser le catharisme. »

La présente photographie a été prise à Minerve en 2016 par Benjamin Assié.

Au pied de la stèle se trouve une inscription :
Als Catars
1210

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COMDT, Fonds des Ballets occitans de Toulouse
Assié, Benjamin

Les archives des Ballets occitans de Toulouse documentent une période et une action pionnière dans le mouvement de renouveau folk occitan des années 1960-1970.

Histoire du fonds et présentation du producteur

Les Ballets occitans de Toulouse sont une compagnie de spectacle vivant créée en 1962 par Françoise Dague. La compagnie a joué un rôle majeur pour le renouveau culturel occitan, en particulier en matière de musiques et danses dites traditionnelles ou populaires en Languedoc et Gascogne.
En savoir + sur Les Ballets occitans de Toulouse : lire l'article Les Ballets occitans de Toulouse dans l'Enciclopèdia. 

Contenu du fonds

Le fonds des Ballets occitans de Toulouse reflète la double activité de la compagnie, qui joua un rôle pionnier dans le mouvement de renouveau culturel occitan des années 1960-1970. Créés en 1962 par Françoise Dague et dissous en 1985, les Ballets occitans eurent une double activité pour la sauvegarde et la transmission du patrimoine chanté et dansé occitan : d’une part une activité de collectage via des enquêtes orales, d’autre part une activité de création et de diffusion de spectacles vivants interprétant les expressions et répertoires populaires occitans.
Le fonds comprend deux corpus d’enquêtes et documents :

  • un corpus d’enquêtes « Enregistrements sur les danses et musiques occitanes », qui comprend 6 enquêtes conduites par Françoise Dague dans les années 1960-1970, représentant 5h53 d’enregistrements sonores et audiovisuels, menées essentiellement dans la zone pyrénéenne (Couserans, Bigorre, Béarn, etc.) ;
  • les archives de la compagnie qui rassemblent 82 ensembles d’enregistrements et matériaux documentaires liés aux créations des Ballets occitans et à leur diffusion : enregistrements de spectacle, bandes de travail mais aussi un important ensemble de photographies, coupures de presse, programmes, archives de la compagnie.

Fonds complémentaire

Le fonds du Conservatoire occitan conserve également un ensemble d’enregistrements des activités et des créations des Ballets occitans réalisés par le Conservatoire.

Instruments de recherche disponibles

Le fonds des Ballets occitans est inventorié et indexé au sein du portail documentaire du COMDT.
Voir le fonds des Ballets occitans sur le portail documentaire du COMDT. 

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Manifestacion Anem Òc, Montpellier, lo 24 d'octobre 2015
Assié, Benjamin
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Manifestation Anem Òc, Montpellier, le 24 octobre 2015
Assié, Benjamin
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Manifestation Anem Òc, Montpellier, le 24 octobre 2015
Assié, Benjamin
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Les collections du Centre occitan des musiques et danses traditionnelles Toulouse Occitanie (COMDT)
Assié, Benjamin
Créé en 1971, le Conservatoire occitan de Toulouse, devenu le Centre occitan des musiques et danses traditionnelles Toulouse-Occitanie (COMDT), fut l’un des premiers organismes créé pour assurer la sauvegarde des cultures orales et populaires dans une visée de transmission et création. Il est l’un des membres fondateurs de la fédération des acteurs et actrices des musiques et danses traditionnelles, la FAMDT, qui regroupe notamment la plupart des grands centres de ressources en archives orales en France.
Le COMDT est un lieu de transmission et de création, autant que de recherche et documentation sur les cultures de tradition orale occitanes.

Histoire des collections

Son lien originel avec des acteurs importants du collectage de la mémoire des cultures orales et populaires du Languedoc et de Gascogne, en particulier la compagnie des Ballets occitans de Toulouse et Françoise Dague, ses relations constantes dans le cadre de ses activités avec les praticiens et experts des musiques et danses populaires d’Occitanie (musiciens, enseignants, transmetteurs, collecteurs, ethnomusicologues, facteurs d’instrument, etc.) ont permis de réunir pour son centre de documentation un ensemble remarquable de fonds d’archives orales (son, vidéo et documentation liée : photos, archives papier, etc.)

Présentation des collections et fonds documentaires

Le centre de documentation du COMDT propose une riche documentation éditée (livres, revues, CD, etc.) et de nombreuses ressources inédites (archives) sur les pratiques musicales, chantées, contées et dansées des pays d’Oc, particulièrement de la zone Languedoc-Gascogne.

Bibliothèque et documentation éditée

En accès libre dans la salle de lecture, le centre de documentation propose une riche documentation (livres, revues, CD, DVD), pour la consultation sur place ou le prêt aux adhérents, documentant les musiques et danses populaires des pays d’Oc et plus largement l’ethnomusicologie et les musiques et danses traditionnelles en France et en Europe.

Volumétrie : 2600 livres, 1600 CD et disques vinyles, 180 titres de périodiques.
Domaines couverts : ethnomusicologie, littérature orale et ethnographie des régions occitanes, de la France et du monde.
Conditions de consultation : en accès libre pour la consultation sur place ou le prêt.

Voir le site du COMDT pour les modalités d’accès, de consultation et de prêt : https://www.comdt.org/ressources/centre-de-documentation/

Voir les collections du COMDT

Les fonds d’archives orales 

Le COMDT conserve une quarantaine de fonds d’archives (son, audiovisuel, photographies et documentation papier) documentant le patrimoine oral régional, pour la plupart constitués par des privés ou des associations dans le cadre de collectages et d’enquêtes musicaux ou ethnologiques depuis le début des années 1950 jusqu’à nos jours.
Une grande partie des fonds d’archives orales a été déposée ou donnée au COMDT pendant la phase la plus active du renouveau folk occitan (1970-1980) et couvre l’espace Gascogne-Languedoc.

Volumétrie : 44 fonds représentant 1’600 heures d’enregistrement, plusieurs milliers de documents papier (documentation, photographies).
Domaines couverts : chant occitan de tradition orale, pratiques dansées d’Occitanie, littérature orale occitane, rites et pratiques collectifs (fêtes, croyances, sociabilités, etc.)
Modalités de consultation : sur place, une partie est numérisée et accessible en ligne sur le portail documentaire du COMDT.

Corpus et fonds d'archives

Fonds des Ballets occitans de Toulouse

Le Conservatoire occitan de Toulouse à sa création en 1971 (devenu plus tard le Centre occitan des musiques et danses traditionnelles) est une émanation directe de la compagnie des Ballets occitans, créée par Françoise Dague une décennie plus tôt.

Présentation détaillée du fonds : COMDT - Fonds des Ballets occitans

Patrimoine sonore sur le pays agenais (Lot-et-garonne)

Le COMDT conserve plusieurs fonds issus d’un partenariat avec l’Association pour la culture populaire en Agenais (ACPA) conclu en 2004.
- Fonds de l’Association des quatre cantons du Haut-Agenais
- Fonds Denise Baratz
- Fonds Claude Pons
- Fonds de la Fédération des oeuvres laïques du Lot-et-Garonne
- Fonds de la Maison des jeunes et de la culture / Maison de la vie rurale de Monflanquin
- Fonds Pèire Boissière - Radio 4 cantons
- Fonds Pèire Boissière
- Fonds Association pour la culture populaire en Agenais (ACPA)
- Fonds Michel Valière - Haut-Agenais
- Fonds Lo Pifre Fonds des ATP Marmande
- Fonds Annie Parrouy

Fonds Marinette Aristow-Journoud

Éducatrice et conseillère technique et pédagogique nationale d’arts et traditions populaires au sein de l’Éducation Nationale, Marinette Aristow-Journoud a constitué entre 1954 et 1970 un fonds d’enregistrements liés à son activité de pédagogue.

Présentation détaillée : COMDT - Fonds Marinette Aristow-Journoud

Fonds Didier Olive

Enquête ethnomusicologique menée dans la zone Cabardès-Montagne Noire, pays de la bodega ou craba (cornemuse de la Montagne Noire).

Présentation détaillée : COMDT - Fonds Didier Olive

Fonds Francine Lancelot

Francine Lancelot (1929-2003), chercheuse, danseuse et chorégraphe s’est très tôt intéressée aux danses traditionnelles régionales et à l’étude des danses anciennes, populaires et savantes. Le fonds concerne ses recherches sur les pratiques dansées en Gascogne (Gers, Landes, Béarn).

Présentation détaillée : COMDT - Fonds Francine Lancelot
 

Fonds Pierre Bec et Eliane Bec-Gauzit

Fonds Pierre Corbefin

Faire une recherche, consulter les fonds en ligne

Le COMDT décrit l’ensemble de ses collections au sein d’un catalogue informatisé accessible en ligne.
Le portail documentaire du COMDT donne aussi accès aux ressources numérisées.
Aller sur le portail documentaire du COMDT : http://cataloguedoc.comdt.org/

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Lo Consistòri del Gai Saber e los Jòcs florals
Assié, Benjamin

Les Jeux floraux sont un concours de poésie en langue occitane instauré en 1324 par le Consistòri del Gai Saber, qu’on peut sans doute considérer comme la plus ancienne académie littéraire au monde. La création d’un concours poétique en langue occitane au début du XIVe siècle est une tentative de restauration de la langue occitane comme grande langue de création poétique après la fin de l’âge d’or des troubadours occitans (XIIe et XIIIe siècle).
Le Consistoire et ses Jeux floraux ont évolué au fil des siècles, jusqu’à abandonner l’usage de la langue occitane au XVIIe siècle lorsque Louis XIV transforme le Consistoire en Académie. En 1895, dans le contexte du mouvement de renaissance d’oc qui s’intensifie dans le dernier quart du XIXe siècle auréolé de la popularité de Frédéric Mistral et du développement  du Félibrige, l’occitan est rétabli dans les concours au côté du français. Des Jeux floraux avaient été restaurés quelques années avant à Barcelone et Valence. 

La fondation du Consistoire et les jeux floraux de Toulouse

[imatge id=21651]Aux XIIe et XIIIe siècles, les troubadours occitans sont à l’origine d’une révolution esthétique, linguistique et idéologique qui va marquer pour longtemps la culture européenne. La renommée et la puissance de leur poésie chantée en langue « vulgaire », dépasse les frontières de l’Occitanie médiévale. Alors que l’art du trobar décline dans le courant du XIIIe siècle sous les coups de la Croisade contre les albigeois qui voit s'effondrer le monde seigneurial et se mettre en place un nouvel ordre moral, c’est à l’étranger, particulièrement en Italie et en Catalogne, que l’on compose les outils de la sauvegarde de l’art poétique troubadouresque : grammaires de la langue occitane associées à des traités d’art poétique et compilation de la poésie des troubadours dans des recueils manuscrits, les cançonièrs (chansonniers).

Ce mouvement de sauvegarde et volonté de restauration de l’art poétique troubadouresque, qui associe conception poétique, morale (l’amour) et usage de la langue occitane comme langue de la poésie et du fin’amor, a également lieu dans l’espace occitan au tout début du XIVe siècle.

Conscients de l’éclat de l’héritage littéraire et linguistique des troubadours - les derniers troubadours sont morts à la fin du XIIIe siècle - les élites toulousaines de la génération suivante lancent un mouvement de renaissance de la poésie et de la langue occitanes à travers une institution, peut-être la plus ancienne société littéraire au monde, la « sobregaya Companhia dels VII trobadors de Tolosa », « Compagnie du gai savoir » ou « Consistoire de la Gaie-Science ». Pour ce faire il rédigent une « loi » poétique, les Leis d’amor (lois d’amour), qui, à l’image de ce qui a été fait en Catalogne ou en Italie (« Razos » et autres « Doctrinas » du trobar occitan), associent norme de la langue et norme de l’art poétique. Enfin, sur la base du Consistoire et de sa loi, un concours de poésie est organisé dans l’ambition de (re)faire de Toulouse une capitale de l’art poétique.

Le concours littéraire, les Jeux floraux de Toulouse, distinguent les lauréats en les faisant « troubadours », même si leur style et la qualité de leurs productions demeurent au final assez éloignés de ceux de leurs prestigieux prédécesseurs. Surveillés par l’Inquisition, les poètes d’expression occitane du XIVe siècle privilégient notamment les odes à la Vierge Marie aux poèmes d’amour.

En 1393 Barcelone instaure également ses Jeux Floraux.

Las Leis d’amor

Les Leis d’amor, sont rédigées bien après la constitution de la Compagnie. Face au déclin des compétences poétiques d’expression occitane, les « mainteneurs » ont dû juger bon de doter la Compagnie et son concours poétique d’un outil leur permettant de juger au mieux de la qualité des pièces qui leurs sont proposées. Ils commandent à l’avocat toulousain Guilhem Molinier un traité de grammaire et de rhétorique occitanes. Il leur est livré en 1356 et s’intitule les Leis d’amor. Il constitue un témoignage précieux de l’état de la langue occitane au XIVe siècle et son intérêt est tout autant littéraire que linguistique. En effet, il y est autant question de l’état de la langue tant au niveau dialectal que grammatical, mais aussi de la bonne manière de rédiger des compositions littéraires. Ce traité est aussi un livre-monument pour la cité toulousaine, offrant à sa langue un statut symbolique si ce n’est officiel et assoit la position de Toulouse comme capitale de l’expression en langue d’oc au moment où la couronne de France vient d’annexer l’ancien comté et voit en la cité la ville-capitale de sa nouvelle province « de Languedoc ».[imatge id=21652]

Propriété de l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse, toujours en activité sept siècles après sa fondation, le manuscrit des Leis d’amor est conservé à la Bibliothèque d’étude et du patrimoine de la Ville de Toulouse qui l’a numérisé et mis en ligne sur sa bibliothèque numérique Rosalis.

Consulter le manuscrit des Leis d’amor : https://occitanica.eu/items/show/10655

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Les Saumes pagans de Marcelle Delpastre
Assié, Benjamin

Les Saumes pagans (Psaumes païens) est le premier grand recueil poétique publié par Marcelle Delpastre (1925-1998) aux éditions Novelum (IEO Perigòrd, Périgueux) en 1974. Le recueil contient 70 psaumes en occitan limousin composés depuis le début des années 1960. Le recueil la fait connaître au milieu des lettres d’oc et reconnaître immédiatement comme une poète à la fois singulière et de très grande ampleur.

Depuis le milieu des années 1960 Marcelle Delpastre était connue des milieux de la promotion de la langue et de la culture du Limousin et publiait régulièrement des textes d’étude sur les traditions limousines - contes, proverbes, chansons, etc. - dans la revue Lemouzi et Études limousines. C’est en participant aux activités de Lemouzi qu’elle entame une œuvre poétique en occitan : après avoir entendu une conférence de l’universitaire et poète limousin Jean Mouzat (1905-1986), expérience qui fut pour elle une révélation sur la richesse et les capacités de sa langue maternelle, elle commence à écrire ses premiers poèmes en occitan. S’ensuit la publication de quelques premiers textes dans la revue Lemouzi, dont le premier, « La Lenga que tant me platz » (Lemouzi, 13, avril 1974). Dès 1968 elle obtient une première reconnaissance hors du Limousin en se voyant décerné le prix Jaufre Rudel pour un long poème, La vinha dins l’òrt, publié par la société organisatrice du prix (Bordeaux : escole Jaufré-Rudel, 1968) qui constitue dans sa bibliographie, son premier livre publié.
Mais c’est avec la parution du recueil Saumes pagans aux éditions Novelum (section périgourdine de l’IEO qui avait repris la fameuse collection « Messatges ») qu’elle va véritablement être découverte par les milieux littéraires occitans et immédiatement reconnue comme une écrivaine de très grande ampleur.
Dans la revue OC, qui avait publié en 1969-1970 neuf psaumes de Marcelle Delpastre, Joan-Pèire Tardiu rend compte, dès sa parution, du premier recueil de Marcelle Delpastre : « … Estranh poder de seduccion que lo d’aqueles Saumes pagans : una fòrça, una vigor rara los anima. La vida se i fa sentir pertot, quitament dins lo “còr de las pèiras”. Un animisme discret mas incontestable se fa jorn dins gaireben cada poèma e contribuís a donar aquesta impression de singularitat que se desmentís pas tot de long del recuèlh… » (OC, 248, ivèrn de 1974-1975)

La forme : le psaume

Sur le plan de la forme, Marcelle Delpastre a abandonné les formes versifiées classiques pour aller vers le psaume. Grande lectrice de la Bible, Marcelle Delpastre a adopté la forme du psaume et son unité d’écriture, le verset, au début des années 1960, au moment d’ailleurs où elle commençait à écrire en limousin.
En tout Marcelle Delpastre a écrit un millier de psaumes en occitan et en français, en très grande partie composés dans un cycle de sept ans entre 1965 à 1971 et publiés en quatre recueils : les Saumes pagans, les cinq volumes des Paraulas per ‘questa terra (I, II, III, IV, V), Le chasseur d'ombres et autres psaumes et L’araignée et la rose.
Du point de vue du style, c’est la musicalité intense et singulière de la poésie de Marcelle Delpastre qui enveloppe immanquablement son lecteur, c’est une poésie du rythme où fond et forme se mêlent et donnent l’envie de la dire ou de l’entendre dire. Celle pour qui chanter « était véritablement pour elle comme respirer, parler, rire, cela faisait partie de la conversation »1, experte de la tradition du chant en Limousin.
Elle refusera d’ailleurs que sa poésie soit chantée :  « Ma poésie a sa musique, elle n’a pas besoin de la vôtre ! » a-t-elle répondu à Jan dau Melhau qui voulait mettre en musique quelques-uns des Saumes pagans :  « Par contre elle aimait bien que l’on fit de la musique autour de ses poèmes, ne lui déplaisait pas qu’on les psamoldiât sur quelque bourdon. Pourvu, toujours, qu’on en respectât bien le rythme. »2
Dès les Saumes pagans, Marcelle Delpastre s’affirme comme une voix poétique de très grande ampleur, celle d’un rythme, d’un souffle, qui donne voix à l’univers lui-même avec qui elle se confond, comme en témoigne le premier psaume, « Preludi » qui ouvre le recueil en forme de contrat de lecture :

« Qu'escotetz, qu'escotetz pas, qué quò me fai ?   
Queu que passa, qu'escote o que passe, qué quò me fai ?
Si escotatz lo vent, quand bufa dins los faus e quand brama dins l'aire ;
si sabetz escotar lo vent, quand mena sas nivols coma de grands ausels de mar, e quand brama dins l'aire emb sa gòrja de giau ;   
si avetz auvit per cas la font e la granda aiga e la fuelha purar, lo marmús de l'erba madura en los prats,
podetz saber çò qu'ai a dire.
Zo sabetz desjà. »

Que vous écoutiez, que vous n'écoutiez pas, qu'est-ce que cela me fait ?
Celui qui passe, qu'il écoute ou qu'il passe, qu'est-ce que cela me fait ?
Si vous écoutez le vent, quand il souffle dans les hêtres et quand il brame dans l'air ;
si vous savez écouter le vent, quand il mène ses nuages comme de grands oiseaux de mer, et quand il brame dans l'air avec sa gorge de gel ;
si vous avez parfois entendu la fontaine et le fleuve et la feuille pleurer, le murmure de l'herbe mûre dans les prés,
vous pouvez savoir ce que j'ai à dire.
Vous le savez déjà.

Témoin tout à la fois comme paysanne de Corrèze, ethnologue et poète, de la fin d’un monde, le thème de la mort du pays, traverse également le recueil :

« Anei vers queu país coma aniriatz ad un amic, li borrar sus l’espatla : desvelha-te ! »
J’allai vers ce pays, comme on irait vers un ami, lui taper sur l’épaule : réveille-toi !

Saumes pagans, « Queu país » / Ce pays.

« Parle d’un país mòrt que ne sap pas si viu d’enguera. D’un país mòrt dins sas romecs ; dins la rulha de sas levadas, d’un país que s’oblida se-mesme. »
Je parle d’un pays mort qui ne sait pas s’il vit encore. D’un pays mort dans ses ronces ; dans la rouille de ses rigoles. D’un pays qui s’oublie lui-même.

Saumes pagans, « Lo país mòrt » / Le pays mort.

Editions

  • Revue OC, novèla seria, 1, ivèrn 1969-1970 :
     
    Neuf psaumes avaient été publiés par Marcelle Delpastre dans la revue OC sous le titre, déjà, de Saumes pagans à l’hiver 1969-1970 :: « Lo chamin de pèira » ; « L’Amor » ; « La Mar » (L’aiga, que totjorn davala) ; « La Mar » (La mar chanta sa jòia) ; « La Mòrt » ; « Lo Còrs » ; « Queu pais » ; « Laus de la dolor » ; « Lo Miralh ».
  • Marcela Delpastre, Saumes pagans, Périgueux : Novelum, colleccion Messatges, 1974.

    Édition originale. Recueil de 70 psaumes en occitan, sans traduction française.
  • Marcela Delpastre, Saumes pagans, Royer : Las Edicions dau Chamin de Sent Jaume, 1999.

    Nouvelle édition, établie par Jan dau Melhau, avec traduction française en regard.
    Peu après la parution des Saumes pagans, Marcelle Delpastre rencontre Jan dau Melhau et Michel Chapduelh qui vont créer avec elle une revue Lo Leberaubre. Jan dau Melhau, écrivain, chanteur crée au début des années 1980 une maison d’édition, Las edicions dau chamin de Sent Jaume, qui accomplira le travail précieux de l’édition progressive, de 1987 à 2014, de l’œuvre complète de Marcelle Delpastre.  Il publie une nouvelle édition des Saumes Pagans en 1999.
    La première édition (Novelum, 1974) est unilingue tandis que la seconde édition (Lo Chamin de Sent Jaume, 1999) est bilingue occitan-français. Les deux éditions atteignent une diffusion de grande ampleur pour un recueil poétique, qui plus est dans une langue minorisée (2000 exemplaires).
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Bernard Lesfargues, fondateur des éditions Fédérop
Assié, Benjamin

Bernard Lesfargues (1924-2018), Abel-Bernard Lesfargues à l’état civil, est né à Bergerac dans le quartier populaire où son père était marchand de bois et de charbon. S’il a passé une grande partie de sa vie à Paris puis à Lyon où il était professeur agrégé d’espagnol, il demeura attaché à la langue et à la culture de son Périgord natal où il revient à la fin de sa vie.
Élève en hypokhâgne-khâgne à Paris au sortir de la guerre, le sentiment d’exil le rapproche des cercles occitanistes présents dans la Capitale (les Amis de la Langue d’Oc où il fait la connaissance de personnalités importantes du mouvement occitan en pleine reconstruction : Pierre-Louis Berthaud, Jean Lesaffre, Jean Mouzat, Henri Espieux, Bernard Manciet), participe à l’aventure de l’Institut d’estudis occitans nouvellement créé à Toulouse et rencontre Robert Lafont qui s’affirme vite, en tant qu’écrivain autant que militant, comme une personnalité centrale de la jeune génération.

Après avoir obtenu l’agrégation d’espagnol il enseigne à Paris puis à Lyon où, dans le sillage de Mai 1968 il ouvre un cours d’occitan.
Dès 1946, il crée une éphémère mais importante revue poétique qui fait la part belle à la poésie et à la critique littéraire, Les Cahiers du Triton bleu, dans lesquels il publie des poèmes en occitan de la jeune génération et surtout une Anthologie de la jeune poésie occitane qu’il codirige avec Robert Lafont (Les Cahiers du Triton bleu, Paris : J. Chaffiotte, 1946). À la fin des années 1970, il anime avec son ami et complice Jean-Marie Auzias, Philippe Gardy, Jean-Paul Creissac ou encore Joël Meffre, la revue de création et de critique littéraires occitanes Jorn, dirigée par l’écrivaine Roseline Roche.

C’est à Lyon qu’il crée en 1975 la maison d’édition Fédérop qui le suivra ensuite en Périgord. Fédérop édite des écrivains du monde entier, et notamment ses compagnons de littérature occitane comme Max Rouquette, Bernard Manciet ou Philippe Gardy.
Il est également reconnu comme un traducteur pionnier en ayant traduit en français les plus grands écrivains castillans ou catalans du XXe siècle.
Comme écrivain occitan il publia plusieurs recueils poétiques à la suite de Cap de l’aiga (coll. « Messatge »,IEO, 1952).

Une partie de ses archives sont conservées à l’Universitat autonoma de Barcelona où une bibliothèque porte son nom.

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Le Comité occitan d'études et d'action (COEA)
Caucat, Domenge
Assié, Benjamin
Le Comité occitan d’étude et d’action (COEA) est un organisme militant créé en 1962 à Narbonne par un collectif de personnalités déjà impliquées dans le mouvement occitan, notamment au sein de l’Institut d’Estudis Occitans, « des écrivains et des militants de l’action dite culturelle, essentiellement linguistique, abordant les problèmes économiques et sociaux. » comme ils se définissent eux-mêmes, dans le Bulletin d’information du COEA (janvier 1970).
Dans les faits il est initié par Robert Lafont engagé depuis le début des années 1950 comme Secrétaire général de l’IEO pour la refondation d’une stratégie, d’une pensée et d’une action occitanes sur l’analyse des réalités économiques et sociales. Il est pendant une décennie le le principal animateur et le Secrétaire général du COEA, qui compte également parmi ses membres Yves Rouquette, Guy Martin, Gaston Bazalgues, Jean Larzac, Claude Marti, Michel Grosclaude, Bernard Lesfargues, Michèle Stenta, entre autres (source : Bulletin d’information du COEA).

Origines

En 1950, Robert Lafont devient Secrétaire général du tout nouvel Institut d’Estudis Occitans, fondé à Toulouse en 1945. Il présente un rapport de rupture avec l’action et l’objectif traditionnel - culturel, savant et linguistique - des organisations occitanes. Tout au long des années 1950 il ne cessa d'argumenter en faveur d’une refondation d’une stratégie occitaniste qu’il souhaite fondée sur une analyse solide des réalités économiques et sociales et proposer ainsi un projet politique pour l’avenir de l’Occitanie.
La position de Lafont convainc une nouvelle génération militante mais fait débat et entraîne un temps de crise avec les tenants d’une position « culturelle » autour de Bernard Manciet et surtout Félix Castan. La crise au sein de l’IEO est soldée en 1964 par l’exclusion de Manciet, Castan et Ismaël Girard.
Entretemps, le mouvement des mineurs de Decazeville avait fait émerger dans l’opinion occitane et dans les médias, une prise de conscience du malaise occitan autour de la notion de « colonialisme intérieur ». Robert Lafont avait analysé en 1954 dans son essai Mistral ou l’illusion (Paris : Plon) le rendez-vous manqué entre le mouvement félibréen et la révolte des viticulteurs languedociens de 1907 qui aurait pu déboucher, selon lui, à une adhésion massive de la société au mouvement de renaissance occitane du moment où il ne se cantonnait plus à l'action littéraire et linguistique, et ainsi déboucher sur un projet politique pour l’Occitanie. C’est donc pour ne pas rater un nouveau rendez-vous avec le mouvement social que le COEA est créé dès 1962, sans attendre la transformation au sein de l’IEO.

L’organisation

Quelques mois après sa création, le Bulletin d’information du COEA (n° 2, 15 mars 1963) fait un premier bilan de la nouvelle organisation : il annonce une cinquantaine de personnes adhérentes, la tenue d’une première assemblée générale en mai 1962 et l’adoption de statuts ouvrant la voie à une existence légale. L’organisme se veut « d’un type entièrement nouveau » et doté d’une doctrine qui « doit être entièrement neuve ». L’établissement de cette doctrine doit se faire dans le cadre de séances de travail et de débats par correspondance mais déjà le premier bulletin, « à un grand nombre d’élus du Pays d’Oc », contient une synthèse sur le concept de colonialisme intérieur à la fois comme grille d’analyse mais également comme vecteur de propositions politiques concrètes.
Sur le plan de l’organisation militante, le COEA affiche l’ambition de créer à partir du Comité central un maillage de « comités occitan d’action » au niveau régional, local, et dans les entreprises. Les fonctions entre le comité central et les comités divers sont définies ainsi : « le comité central analyse la situation, donne des directives et les comités divers sont les organes de l’intervention. » L’ambition est de mettre sur pied une organisation militante et ne pas devenir une organisation « académique », c’est-à-dire purement intellectuelle. Il s’agit également pour le COEA de créer un réel mouvement d’opinion autour de ses analyses et propositions et de favoriser « une prise de conscience occitane ».
Dans les faits, le développement d’une organisation militante massive ne s’est pas réalisé même s’il est fait état au fil des Bulletins d’un Comité auvergnat d’étude et d’action ou d’un COEA Paris.
En 1964 Robert Lafont, Yves Rouquette et d’autres membres actifs du COEA fondent la revue Viure. Si elle n’est pas un organe direct du COEA, elle est un lieu de diffusion et de débat sur les idées portées par l’organisation.
Le COEA publiera quelques livres : Principes d'une action régionale progressiste (Nîmes : COEA, 1966, réed. 1969), Le petit livre de l'Occitanie (Saint-Pons : 4 Vertats, 1971 ; réed. Paris : Maspero, 1972). Mais c’est avec les essais politiques de Robert Lafont autour du problème région et du colonialisme intérieur, publiés à grand tirage chez de grands éditeurs parisiens, que les analyses et propositions du COEA seront véritablement connues et diffusées auprès de l’opinion : La Révolution régionaliste (Paris : Gallimard, 1967), Sur la France (Paris : Gallimard, 1968), Décoloniser en France. Les Régions face à l’Europe (Paris, Gallimard, 1971), Clefs pour l’Occitanie (Paris : Seghers, 1971), Lettre ouverte aux Français d’un Occitan (Paris : Albin Michel, 1973), La Revendication occitane (Paris : Flammarion, 1974) ou encore Autonomie, de la Région à l’autogestion (Paris, Gallimard, 1976).

Le rôle politique

En juin 1964, le contact avec la vie politique est établi : le COEA participe avec des délégués à la Convention des Institutions Républicaines, nouveau parti politique créé par François Mitterrand, qui aboutira sept ans plus tard au fameux congrès d’unification des socialistes d’Épinay-sur-Seine (juin 1971). Le COEA reconnaît s’être constitué en club politique - mais refuse explicitement de devenir un « parti politique » traditionnel - afin d’entrer en contact avec d’autres clubs politiques (comme le Front régionaliste corse).
S’il fait partie des clubs fondateurs de la Convention des Institutions Républicaines qu’il fait adhérer à la problématique de l’autonomie régionale, le COEA prend ses distances avec l’organisation de François Mitterrand dans sa dynamique d’union avec la SFIO et la famille radicale. Non seulement la SFIO et les radicaux n’ont pas exprimé de position favorable aux problématiques régionalistes, mais de nombreux membres du COEA sont adhérents ou sympathisants des deux autres forces de la gauche des années 1960 : le parti communiste et le PSU. En 1967 la séparation avec la Convention des Institutions Républicaines est actée. Dans les faits le PSU de Michel Rocard apparaît de plus en plus comme l’organisation politique la plus proche des problématiques politiques du COEA (dénonciation d’une situation de colonialisme intérieur, défense de l’autonomie régionale, de l’autogestion, etc.) On peut sans doute mettre au compte du COEA le fameux rapport « Décoloniser la province » présenté en 1966 par Michel Rocard lors des Rencontres socialistes de Grenoble.
Le Comité occitan d’étude et d’action disparaît à l’orée des années 1970 et débouche sur la candidature de Robert Lafont, candidat des « minorités nationales » à l’élection présidentielle de 1974. Le COEA rendait possible une telle candidature, non seulement en permettant de mûrir une analyse et des propositions capables de tenir une telle candidature, mais également en établissement les liens entre organisations politiques régionalistes et en diffusant les idées du colonialisme intérieur en dehors des cercles militants. La candidature ayant été invalidée par le Conseil constitutionnel, les comités de soutien vont se transformer en mouvement autonome Volèm viure al país qui sera l’organisation des années 1970.
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