Agence des Musiques des Territoires d'Auvergne (AMTA)
1 route d’Ennezat - BP 169 F- 63204 RIOM cedex
Tél : 04 73 64 60 00 | Fax : 04 73 64 60 09
contact@amta.fr
http://lafeuilleamta.fr
Créé en 1985, l’Agence des Musiques des Territoires d’Auvergne a constitué une équipe de collecteurs qui se sont rendus sur les territoires d’Auvergne pour enregistrer récits, connaissances, savoir-faire et récits de vie amenant à la constitution d’un fonds documentaire centré sur le patrimoine oral régional.
L’AMTA assure également la diffusion et valorisation de ce patrimoine par la mise en place d’actions culturelles sur le territoire, la sensibilisation et la formation des acteurs du milieu musical, professionnels de la culture, de l’éducation et du tourisme.
L’AMTA conserve aujourd’hui des enregistrements sonores, vidéos, des photographies et partitions issues d’enquêtes, pour la plupart ethnomusicologiques, réalisées de 1950 à aujourd’hui, dont un grand nombre en langue occitane. Ces documents issus de collectes abordent pour la plupart les sujets du chant, de la musique et de la danse de tradition orale ainsi que témoignages autour des savoir-faire traditionnels et récits de vie sur le territoire auvergnat.
Ces enquêtes ont été réalisées sur le terrain par des structures et associations concernées par le Patrimoine Culturel Immatériel ainsi que par des particuliers, collecteurs passionnés.
Depuis 2010, l’AMTA mène une campagne de numérisation et de mise en ligne de ses fonds, aujourd’hui constitués de plus de 1000 heures de son, 800 heures de vidéo et 10 000 photographies.
Les enregistrements sonores numérisés sont consultables depuis la Base Interrégionale Patrimoine Oral.
Le fonds photographique est, lui consultable via la photothèque des archives départementales du Puy-de-Dôme.
Robert Dagnas (27/01/1922 - 07/02/1976) a animé pendant plus de vingt ans une émission hebdomadaire, Chas Nos (Chez Nous) sur la radio Limoges Centre Ouest qui deviendra Radio France Limoges puis France Bleu Limousin. Dans ces émissions, il fait intervenir des témoins locaux qui livrent le répertoire dansé, chanté, conté de la région, ou témoignent de la vie quotidienne passée et des traditions orales.
Créateur en 1941 puis animateur du groupe folklorique Lous Velhadours de Sen Junio, Robert Dagnas est très impliqué dans la vie locale. Il sillonne le territoire limousin à la recherche de chanteurs, conteurs, danseurs, musiciens ou plus largement de témoins du temps passé.
Chaque rencontre faisait l’objet d’un enregistrement qui tient lieu de repérage pour ses émissions radiophoniques. Si la rencontre s’avérait concluante, un second enregistrement était réalisé avec le matériel de la radio. C’est ce dernier qui servait de matière principale pour les émissions de radio.
Un ensemble de 450 bandes magnétiques a été récupéré suite au décès de Robert Dagnas par Françoise Etay qui a décidé de les confier à l’IEO Limousin. En partie détérioré, le fonds a été restauré et numérisé par Fabrice San Juan et a été monté, séquencé, décrit et mis en ligne par Pascal Boudy.
L'IEO Limousin a réalisé deux documentaires sur le fonds Robert Dagnas et son histoire :
Dépôt de Françoise Etay
Fonds clos
Ce fonds contient des enregistrements réalisés par Robert Dagnas dans le cadre de la préparation de son émission Chas Nos, diffusée sur Radio France Limoges.
On y trouve ainsi des émissions montées et prêtes à être diffusées mais également des collectages bruts réalisés auprès d’habitants de la région qui livrent chansons populaires et/ou traditionnelles, musiques traditionnelles, contes, récits de vie, la plupart en occitan.
Des sermons religieux en occitan ainsi que des enregistrements de Félicie Brouillet, conteuse de la région figurent également dans le fonds.
En savoir plus sur Félicie Brouillet et accéder aux enregistrements la concernant.
Parmi les noms des informateurs et figures locales interrogés par Robert Dagnas, nous pouvons mentionner : Mmes Basset, Besson, Chabeaudie, Ducouret, Fauroit, M. Biossac, Trarieux. Des musiciens locaux de grande valeur figurent également dans ce fonds : le duo Colon et Secours, Eugène et René Thomas, Marcel Auger, Eugène Tarrade, Alfred Pineau ou encore Berthe et Henri Chevalier.
Aux côtés de ces documents, on trouvera également des enregistrements d’émissions de radio diverses ainsi que des archives sonores familiales.
Enfin, le fonds comprend également 50 fiches descriptives rédigées par Robert Dagnas : elles contiennent des informations sur les personnes interrogées, lieux et dates de collecte.
1954-1974
Occitan (Limousin)
Français
450 bandes magnétiques
Enregistrements sonores
Manuscrits/Tapuscrits
L'ensemble du fonds a été numérisé, une partie (240 bobines) est consultable en ligne sur La Biaça. Accéder à l'ensemble des enregistrements disponibles en ligne.
Enregistrements consultables sur demande. Accéder au formulaire de contact de l'IEO Limousin.
Consulter les conditions générales d'utilisation de La Biaça.
Jean-Philippe Dalbera (1947-...) professeur en sciences du langage et chercheur au sein de l’unité mixte de recherche Bases, Corpus, Langage de l’université Nice - Sophia Antipolis a commencé ses travaux de recherche par l’étude du dialecte provençal dans sa variante nissarde avant d’étendre ses investigations à l’ensemble des dialectes occitans des Alpes-Maritimes. Ces travaux donneront lieu à la rédaction d’une thèse sur “Les Parlers des Alpes-Maritimes, étude comparative, essai de reconstruction” soutenue en 1984 à l’Université Toulouse-le-Mirail.
Par la suite, il entreprend de rassembler l’ensemble des données dialectales produites sur l’ensemble du territoire occitan au sein du Thésaurus occitan (THESOC).
Cet outil de géolinguistique propose des données linguistiques issues d’enquêtes de terrain, des données linguistiques procédant d’études menées dans les domaines de la lemmatisation, de l’étymologie ou encore de la morphologie, des données bibliographiques mais aussi des outils d’analyse et de traitement des données.
C’est au cours de l’ensemble de ces travaux, et plus spécifiquement de l’étude des dialectes occitans des Alpes-Maritimes que Jean-Philippe Dalbera réalise ou dirige des enquêtes orales en linguistique sur l’aire géographique des Alpes-Maritimes et la vallée ligure de la Nervia. Les bandes magnétiques, supports d’origine de ces enquêtes sont aujourd’hui conservées par les Archives départementales des Alpes-Maritimes.
Dépôt
Fonds clos
Le fonds Jean-Philippe Dalbera contient l’ensemble des enquêtes sonores réalisées dans le cadre de ses recherches sur les dialectes occitans du département des Alpes-Maritimes.
Les enregistrements contiennent aussi bien des propos libres que des réponses spécifiques à des questions de linguistique et dialectologie. Si les enquêteurs se sont principalement appuyé sur un questionnaire développé à partir des modèles de divers atlas linguistiques, les récits et explications complémentaires des témoins ont été intégrés à l’enquête.
Les questionnaire utilisé pour toutes les enquêtes comportait deux parties :
La plupart des témoins interrogés au cours de ces collectages sont âgés de plus de 60 ans et nés dans la localité dans laquelle ils vivaient au moment de l’enquête.
Ces enregistrements ont été réalisés sur les communes de : Belvédère, Bendejun, Breil-sur-Roya, Beuil, Cagnes-sur-mer, Coaraze, Castillon, Gilette, Gorbio, Grasse, Isola, La Brigue, La-Croix-sur-Roudoule, Lantosque, La Turbie, L’Escarène, Malaussene, Menton, Mouans-Sartoux, Moulinet, Nice, Peille, Péone, Puget-Rostang, Roquebillière, Saint-Auban, Saint-Etienne-de-Tinée, Saint-Martin-d’Entraunes, Saorge, Sigale, Sospel, Saint-Martin-Vésubie, Saint-Sauveur-dur-Tinée, Tende, Thiery, Utelle, Vallauris, Venanson, Villeranche-sur-mer.
1976-1998
Français
Occitan (Provençal, Vivaro-Alpin)
304 fichiers numériques
Enregistrements sonores
16AV0001 - 16AV0164
Les enquêtes sont consultables en ligne dans leur intégralité via le compte Dailymotion des Archives départmentales des Alpes-Maritimes.
Les phonèmes seuls, issus de ces enquêtes, sont accessibles via le THESOC.
Fonds consultable en ligne, pour en savoir plus, voir les conditions de consultation sur le site des Archives départementales des Alpes-Maritimes
Voir les conditions de reproduction sur le site des Archives départementales des Alpes-Maritimes
Créée en 1979, l'association CORDAE-La Talvera œuvre à la conservation et à la valorisation du patrimoine culturel occitan. Ses activités se développent dans plusieurs domaines : la recherche (collectage), la sauvegarde et documentation du patrimoine occitan, l'édition et la diffusion ainsi que la formation et création artistique.
L'association mène depuis ses origines un important travail de recherche ethnologique, essentiellement en Occitanie, touchant non seulement les communautés occitanes mais aussi les communautés immigrées.
Lors des différentes enquêtes sur les traditions orales du territoire occitan, le CORDAE - La Talvera a souvent été confronté à des siffleurs : siffleurs de danses et charmeurs ou imitateurs d’oiseaux. Ces rencontres ont amené à la création d'un fonds documentaire inédit autour de ce phénomène, essentiellement constitué dans les années 1990, à l'initiative de Daniel Loddo et Xavier Vidal. Il continue toutefois à être alimenté par les témoignages de siffleurs rencontrés au gré des nombreuses enquêtes de terrain réalisées par l'association (certains collectages, réalisés dans les années 2000 ne sont pas encore analysés mais iront rejoindre ce fonds).
Cette enquête a donné lieu à l'édition d'un CD avec livret de 100 pages, d'un film documentaire (aujourd'hui numérisé et disponible en DVD) et d'une exposition photographique (photographies de Dominique Delpoux). Un colloque sur les langages sifflés, pour lequel les actes ont été édités en 1995, a également été organisé par l'association en 1993 à Albi.
Versement (production du CORDAE)
Fonds ouvert
Ce fonds regroupe tous les témoignages sonores ou vidéo ayant trait aux siffleurs de danses et imitateurs d’oiseaux, recueillis lors d'enquêtes de terrain dans les communes de Albi (81), Balaguier-sur-Rance (12), Brasc (12), Castres (81), Castanet (82), Centrès (12), Fons (46), Labastide-du-Vert (46), Le Garric (81), Lisle-sur-Tarn (81), Lunac (12), Marssac-sur-Tarn (81), Montcléra (46), Montpezat-de-Quercy (82) Parlan (15) Rayssac (81), Saint-Hilaire (46), Salvagnac (81), Saussenac (81), Villeneuve-sur-Tarn (81).
Il est complété par des photographies, prises sur le terrain lors des différentes campagnes de collectage.
Le périmètre géographique de ce fonds, à l'origine limité aux départements du nord Midi-Pyrénées (Tarn, Aveyron, Tarn-et-Garonne, Lot), a été au fur et à mesure élargi à d'autres départements et aires culturelles, notamment avec une campagne photographique réalisée autour du concours d'imitations d'oiseaux à Piolenc dans le Vaucluse (Voir les références et les photographies sur la base documentaire de La Talvera).
Le fonds contient pour le moment l'ensemble des documents produits entre 1988 et 1993 mais est amené à être complété par des collectages sonores ou vidéos et des photographies issus des enquêtes de terrain réalisées depuis 1993 par l'association.
1988 -
Occitan
Français
40 heures d'enregistrement sonores (enregistrements originaux sur cassettes DAT mais aussi quelques bandes analogiques), 10h de captations vidéo, 500 photographies.
Enregistrements sonores
Documents audiovisuels
Documents iconographiques
Inventaire du fonds disponible en ligne sur le catalogue documentaire du CORDAE-La Talvera : http://cordae-talvera-documentation.kentika.fr
Consultation libre, sur rendez-vous, à l'exception des documents vidéos.
Reproductions numériques possibles sur autorisation
77 rue Magenta
69100 VILLEURBANNE
Tél : 04 78 70 81 75
fax : 04 78 70 81 85
www.cmtra.org
L'enquête menée de 1790 à 1794 par l'abbé Henri Grégoire (1750-1831), député de l'Assemblée constituante puis de la Convention nationale n'est pas une enquête administrative de statistique officielle, même si elle est soutenue par les institutions révolutionnaires. L’abbé Grégoire mène un projet à visée politique et dont le but est clairement un « inventaire avant disparition » (Merle, 2010). Le questionnement sur les « patois » s'accompagnait d'ailleurs de nombreuses demandes relatives aux mœurs et à la moralité du peuple. Pour autant, l’entreprise de l’abbé Grégoire est bien la première enquête s’intéressant à la sociologie linguistique de la France, avec un questionnaire comportant quarante-trois rubriques. L'enquête Grégoire sollicitait les sociétés patriotiques des Amis de la Constitution et non les administrations.
Elle donna lieu au Rapport sur la nécessité d’anéantir les patois et d’universaliser l’usage de la langue française, présenté par l’abbé Grégoire au nom du Comité d’Instruction publique devant la Convention nationale le 16 prairial an II.
Les matériaux et documents produits pour l’enquête (réponses à la circulaire de l’abbé Grégoire, envoi d’imprimés en langues de France) sont répartis entre deux fonds documentaires :
- Bibliothèque de la Société de Port-Royal - Fonds de l’abbé Henri Grégoire >> fiche de fonds
- Bibliothèque nationale de France, NAF 2798 >> fiche de fonds
Voir tous les documents sur l’enquête Grégoire disponibles sur occitanica
L'Enquête impériale sur les patois, menée entre 1807 et 1812, est la première enquête de linguistique officielle, organisée par le bureau de la Statistique du ministère de l'Intérieur. Elle a été conduite par le savant Charles-Etienne Coquebert de Montbret et son fils Eugène, grands érudits et spécialistes des langues. La méthode de l'enquête est très différente de celle de l'enquête de l’abbé Henri Grégoire qui poursuivait un but politique plus que sociolinguistique ou scientifique, celui de prouver « la nécessité » et de trouver « les moyens d'anéantir les patois et d'universaliser l'usage de la langue française ». L’enquête impériale met en place une méthode proche de la dialectologie moderne en demandant, commune par commune via l’administration départementale, la traduction systématique d’un même texte, la Parabole de l'enfant prodigue. Interrompue en 1812, elle est resté inachevée.
Une partie des traductions de la Parabole de l’enfant prodigue en langues de France recueillies au cours de l’Enquête impériale a été publiée par Eugène Coquebert de Montbret dans les Mélanges sur les langues, dialectes et patois : renfermant, entre autres, une collection de versions de la Parabole de l'enfant prodigue en cent idiomes ou patois différens, presque tous de France… Paris : Delaunay, 1831.
Les archives de l’enquête ont été dispersées, une partie semble perdue. La documentation sauvegardée se trouve pour une bonne partie au sein du fonds Charles-Etienne et Eugène Coquebert de Montbret à la Bibliothèque municipale de Rouen, à la Bibliothèque nationale de France, aux Archives nationales et dans plusieurs Archives départementales.
- Bibliothèque Municipale de Rouen, Fonds Coquebert de Montbret … >> fiche de fonds
- Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, « Notes et documents sur les patois de la France » : NAF 5910-5914 >> Fiche de fonds
- Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, Collection Coquebert de Montbret (volumes « Linguistique ») : NAF 20080-20081 >> Fiche de fonds
- Archives Nationales, F/17/1209 : “Enquête sur les patois”
Voir tous les documents sur l’Enquête impériale sur les patois disponibles sur occitanica
Victor Duruy, ministre de l’Instruction publique sous le Second Empire de 1863 à 1869, lance en 1864 une enquête statistique destinée à mieux connaître la situation de l’enseignement primaire en France. L’enquête de 1864 se démarque des enquêtes précédentes par le degré de précision du questionnaire, destiné à dresser un tableau très précis de la situation de l’enseignement primaire en France. Par la circulaire du 28 mai 1864, le ministre Duruy adresse aux préfets un questionnaire qui devait être renseigné par les inspecteurs primaires, les inspecteurs d’académie et les recteurs, devant y ajouter un rapport d’ensemble concernant leurs circonscriptions scolaires.
Pour la première et la seule fois dans l’histoire de la statistique scolaire en France, le questionnaire comprend une rubrique sur les “idiomes et patois en usage” :
“ Existe-t-il des écoles où l’enseignement est encore donné en patois exclusivement ou en partie ? Nombre des écoles où l’enseignement est donné en totalité en patois ? En partie seulement ? Combien d’enfants savent le parler sans pouvoir l’écrire ? Quelles sont les causes qui s’opposent à une prompte réforme de cet état de choses ? Quels sont les moyens à employer pour le faire cesser. Joindre au rapport un fragment du patois ou de l’idiome avec la traduction littérale.” (circulaire du 28 mai 1864, publiée dans : Bulletin administratif du ministère de l’Instruction publique, nouvelle série, t. I, Paris, 1864).
Les directives données en font une enquête statistique particulièrement précise et développée et surtout, en intégrant dans un questionnaire précis sur les usages linguistiques dans les écoles et parmi les enfants, l’enquête Duruy produit jusqu’à l’enquête INSEE “Étude de l’histoire familiale” de 1999, la seule matière documentaire permettant une connaissance statistique assez précise de la situation sociolinguistique à l’échelle de la France.
Archives Nationales F/17/3160 : Instruction publique : “Statistique. États divers.” Ce dossier donne le résumé par département des réponses données à l’enquête du Ministère de l’Instruction publique de 1864. Les réponses à l’enquête du Ministère de l’Instruction publique de 1864 semblent ne pas avoir été conservées.
En 1873, Charles de Tourtoulon et Octavien Bringuier, deux philologues félibres de l’école de Montpellier entreprennent une mission pour la Société pour l'étude des langues romanes, soutenue par le ministère de l’Instruction publique (arrêtés ministériels du 2 mai et du 11 juin 1873) en vue de déterminer la limite entre la langue française et la langue occitane ou domaine d’oïl et domaine d’oc. La mission Tourtoulon-Bringuier est la première grande enquête linguistique nationale fondée sur une enquête de terrain armée d’une méthodologie scientifique : les études sont menées sur les lieux mêmes, par les mêmes personnes, afin que le même esprit préside à l'ensemble des recherches, et aussi pour que les nuances phonétiques, si difficiles à noter exactement, le soient par les mêmes personnes. Ils mettent au point un alphabet phonétique et des critères linguistiques déterminés par avance.
L’Enquête Tourtoulon-Bringuier est menée au cours de deux missions : la première de l’embouchure de la Gironde jusqu’en Creuse, puis une seconde de la Creuse jusqu’en Allier. Seule la documentation de la première enquête est connue et accessible. Elle concerne 150 communes d’enquête et environ 500 personnes interrogées.
Les résultats de l’enquête Tourtoulon-Bringuier, publiés en 1876 dans un rapport au Ministre de l’Instruction publique intitulé “Étude sur la limite géographique de la langue d'oc et de la langue d'oïl” amèneront à repenser la conception des frontières linguistiques de façon non linéaires mais forcément approximatives.
L’école philologique de Paris dirigée par Gaston Paris et Paul Meyer lancent une contre-enquête dans le département de la Creuse, menée par Antoine Thomas (40 communes du sud de la Creuse).
La mission Tourtoulon-Bringuier, menée sous l’égide de la Société pour l’étude des langues romanes, qui s’oppose à l’école philologique de Paris, et dont les membres étaient proches, voire actifs dans la renaissance occitane félibréenne, se démarque également dans ses motivations idéologiques, comme l’a noté Guylaine Brun-Trigaud : “Son but officiel consistant à déterminer la limite oc-oïl pour toute la France, mais on peut penser qu’il s’agissait par ce biais d’évaluer le territoire que pourraient légitimement revendiquer les félibres, qui, depuis 1854, prônaient un retour de la langue et de la culture occitanes, autour de la personnalité de Mistral” (“Les enquêtes dialectologiques sur les parlers du Croissant : corpus et témoins”, Langue française. Vol. 93, n°1, 1992. En ligne)
Étude sur la limite géographique de la langue d'oc et de la langue d'oïl Premier rapport à M. le Ministre de l'Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts. Extrait des Archives des Missions scientifiques et littéraires, troisième série - tome troisième, Paris, Imprimerie Nationale, 1876. >> En ligne
Archives nationales F/17/2943 : Ministère de l’Instruction publique : Octavien Bringuier - Dossier sur la mission en France ayant pour but d’étudier la limite entre les parlers d’oc et les parlers d’oïl.
1/ Les Archives de la parole
Les projets de « panthéons sonores » de personnalités célèbres voient le jour dès la fin du XIXe siècle alors que se développent les techniques d'enregistrements. En 1899, une première institution chargée de constituer des fonds d'archives sonores est créée avec les Phonogrammarchiv de l’Académie autrichienne des sciences (Österreichische Akademie der Wissenschaften)
En savoir + : voir les fonds occitans du Phonogrammarchiv de Vienne référencés dans le Répertoire du patrimoine culturel occitan
En France, Alfred Ponge projette vers 1904 la création d'un musée phonographique et réalise ses premiers enregistrements, parmi lesquels celui de Frédéric Mistral, alors lauréat du prix Nobel, récitant quelque vers de son chef-d’œuvre en provençal Mirèio. L'enregistrement de Frédéric Mistral, comme l'ensemble des cylindres d'enregistrement de Ponge, ont malheureusement disparu. Voir l'article consacré à ce sujet dans Occitanica
Il faut attendre 1911 pour qu'une institution dédiée à la création et la sauvegarde d'archives sonores soit créée en France, à la Sorbonne. Ce sont les "Archives de la parole", dirigées par le grammairien et historien de la langue française Ferdinand Brunot dans le cadre du projet d'Institut de phonétique de l'Université de Paris. Il bénéficie du soutien de l'industriel Émile Pathé qui dote les Archives de la parole d'un corpus d'enregistrements et surtout de matériels nécessaires à la réalisation d'enregistrements sur disque plat.
À l'instar du Phonogrammarchiv de Vienne, que Ferdinand Brunot a visité en 1910, les Archives de la parole vont produire leur propre documentation par des campagnes d'enregistrements sonores en studio et sur le terrain. Trois-cents enregistrements sont réalisés entre 1911 et 1914, répartis entre les différentes sections de l'institution :
O – Orateurs : enregistrements de grands orateurs contemporains et voix célèbres ;
L – Langues : enregistrements des langues étrangères et méthodes de langues ;
M – Maladies : enregistrements liées aux pathologies de l'expression et de l'audition ;
D – Dialectes : enregistrement des dialectes du monde, en particulier les langues et dialectes de France
2/ La section D : Enregistrements dialectaux des Archives de la Parole
Ferdinand Brunot, ancien élève du philologue Gaston Paris, puis collaborateur du chartiste médiéviste Léon Clédat, s'intéresse tout particulièrement à la dialectologie, discipline en vogue à la fin du XIXe siècle et qui a donné lieu à la publication du monumental Atlas linguistique de la France de Jules Gilliéron et Edmond Edmont.
Cet atlas a été dirigé par J. Gilliéron à partir d'enquêtes par questionnaire menées sur le terrain par E. Edmont entre 1897 et 1901, couvrant 639 localités du domaine gallo-roman. Prenant l'enquête écrite pour modèle, Ferdinand Brunot envisage un ambitieux chantier d'enquêtes sonores sur douze ans prévoyant 15'000 disques d’enregistrements couvrant 2'500 localités à visiter. De ce projet inabouti « d'Atlas linguistique phonographique de la France », seules trois missions sont menées en 1912-1913 par les Archives de la Parole : juin-juillet 1912 dans les Ardennes franco-belges ; juin 1913 dans le Berry ; août 1913 en Limousin.
Fonds clos.
Le fonds de l'Enquête phonographique en Limousin est constitué de 72 enregistrements sonores sur 48 disques plats Pathé Saphir de 30 cm de diamètre réalisé par Ferdinand Brunot entre le 22 juillet et le 30 août 1913 en Corrèze dans le cadre des activités des Archives de la Parole (Université de Paris) et d’un projet inabouti d'Atlas linguistique phonographique de la France. Chaque disque est accompagné d'une fiche d'enquête qui documente sur l'identité du locuteur.
Itinéraire de l’Enquête phonographique en Limousin
1913
occitan
48 disques + fiches d’enquêtes
Disques (90 t, saphir)
AP
> Répertoire national des bibliothèques et fonds documentaires (RNBFD)
Description générale du fonds des Archives de la parole.
http://ccfr.bnf.fr/portailccfr/jsp/index_view_direct_anonymous.jsp?record=rnbcd_fonds:FONDS:730
> BnF - Archives et manuscrits : inventaire complet du sous-fonds [Enquête phonographique en Limousin] http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ead.html?id=FRBNFEAD000078617
> BnF - Catalogue général : notices des documents constituant l’[Enquête phonographique en Limousin]
http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb413012180/PUBLIC
Disques originaux, archives papier et photographiques non communicables (sauf autorisation du Service des documents sonores du Département de l'Audiovisuel).
Originaux numérisés consultables librement en ligne (Gallica)
Reproduction (partielle ou intégrale) soumise à autorisation écrite (Département de l'Audiovisuel, Service des documents sonores).
www.bnf.fr
Rose SALLE a vécu la plus grande partie de sa vie à Carcès (département du Var) où elle était assistance maternelle. Chanteuse et conteuse de tradition orale, elle a fait l'objet d'un important collectage ethnographique et linguistique entre 1984 et 1995 par Jean-Luc Domenge, enseignant, fondateur du musée des Arts et Traditions populaires de Castellane auteurs de nombreux articles et recueils sur la langue et les cultures populaires provençales.
Au cours de 63 entretiens menés sur une décennie, représentant au total 126 heures d'enregistrements sonores déposés aux Archives départementale du Gard et ayant servi à plusieurs importants recueils composant la collection « Contes et chansons populaires de Provence » (éd. Cantar lou païs), Rose Salle constitue un important corpus linguistique et culturel.
Les principaux thèmes abordés par l'enquête concernent les âges de la vie, les cultures matérielles et immatérielles, les croyances, les expressions, etc. et surtout un important répertoire de chansons et contes qui ne semblent contenir aucune influence des mouvements renaissantistes du XIXe et XXe siècle (félibrige, occitanisme), ce qui en fait un important témoignage de la langue « naturelle » et des cultures provençales en dehors de tout projet de prestige littéraire, de reconstitution culturelle ou de revendications linguistiques et politiques.
Modalités d’entrée :dépôt par Jean-Luc Domenge
Accroissement :
« Le fonds présenté est une partie du corpus ethnologique et linguistique de Rose Salle interviewée par Jean-Luc Domenge (34 heures et 5 minutes sur un total de 126 heures) , choisis en collaboration avec le déposant.
Conformément au contrat de dépôt, ne sont pas inclus, dans cet inventaire à ce jour, des interviews que M. Domenge se réserve d'éditer. Au fur et à mesure des autorisations de celui-ci, ces contenus viendront compléter l'inventaire en ligne.
Rose Salle raconte, dans ce fonds majoritairement en provençal, la vie quotidienne de 1914 à 1950 dans un village du Centre Var (Carcès). Les thèmes principalement abordés sont les âges de la vie, les costumes, les croyances, la sorcellerie, la cuisine, les expressions, la médecine populaire, les métiers, les plantes dont celles médicinales et la vie domestique.
Plusieurs classes "patrimoine" d'école élémentaire ont rencontré Rose. Les échanges en français ont été aussi enregistrés. » (source : Inventaires en ligne des Archives départementales du Gard : http://www.archives.var.fr/)
Dates extrêmes :1984-1995
Langues représentées dans le fonds :Occitan
Français
Importance matérielle :26h d'enregistrements sonores. Les témoignages sonores sont accompagnés de 58 transcriptions en provençal, de 2 captations vidéo et d'un ensemble de documentation personnelle écrite et iconographique de Rose Salle.
Supports représentés :Manuscrits/Tapuscrits
Enregistrements sonores
Documents audiovisuels
36 AV
Instruments de recherche disponibles :Archives privées - communicables selon les conditions du contrat de dépôt
Conditions de reproduction :Soumis à l'accord du donateur.