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Tipe : Fons documentari

Histoire du fonds

Le fonds régional de la BM de Bergerac a été fortement développé à partir de 1989 (environ 8 000 titres actuellement) , de manière empirique, par une bibliothécaire qui vient de prendre sa retraite. La classification est anarchique. Le fonds régional et le fonds ancien doivent être récolés et l'indexation doit être reprise entièrement. Les documents pouvant constituer un fonds spécifique occitan doivent être identifiés, rassemblés, évalués et réindexés. Il faudrait un projet complet de valorisation de ces fonds mais la collectivité n'envisage pas pour l'instant de recrutement, la BM de Bergerac pouvant être transférée d'ici 3 ans à la future Communauté d'agglomération. L'avenir immédiat du fonds régional (entretien, enrichissement, exploitation) est très incertain.

Modalités d'entrée :

 

Accroissement :

Fonds ouvert (peut connaître des accroissements)

Description du fonds

L'absence de signalisation claire des documents relatifs à l'occitanie ne permet pas un descriptif plus précis que les indicatins données précédemment. Les disciplines les plus nettement représentées sont l'histoire, la linguistique, la toponymie, la littérature. Par ailleurs des cours hebdomadaires d'occitan sont données par M. Jean-Claude Dugros, à la BM de Bergerac, sous l'égide de l'Université du Temps Libre, depuis au moins 10 ans.

Dates extrêmes :

La plupart des documents ont été publiés depuis 1980. Mais certains peuvent être beaucoup plus anciens.

Langues représentées dans le fonds :

 

 

Importance matérielle :

Sur 53 m linéaires, un certain nombre de documents indexés en dewey comme indiqué précédemment, ont été rassemblés sans identification particulière. Mais on peut trouver de nombreux autres documents en lien avec l'occitanie, notamment des romans, dans les autres rayons. Les réponses qui suivent sont approximatives en l'absence d'inventaire.

Supports représentés :

Monographies Imprimées, Périodiques (presse et revues), Enregistrements sonores

Pour le consulter

Identifiant du fonds :

plusieurs indices dewey : 849 et subdivisions - 447 - 449- 398- - -

Instruments de recherche disponibles :

La totalité du fonds régional et une partie du fonds ancien sont dans catalogue informatisé de la BM, mais il n'est pas en ligne.

Conditions d'utilisation

Conditions de consultation :

Certains documents peuvent se trouver dans le fonds ancien donc non accessibles directement. Les autres, jusqu'à nouvel ordre, sont en accès direct en consultation sur place ou en prêt.

Conditions de reproduction :

Photocopie

Mise en ligne : 21/10/2013
Appartient à :
Les fonds occitans de la Médiathèque de Bergerac
Tipe : Practica esportiva / Data : 2014-09-22
"Lou Cétori es baraquetaïré
As plesis, mola pas jamaï;
Mès sustout ce qu'aima lou maï
Es de veïré un bon ajustaïré."
Jousèp SOULET – 1917
 
Un quatrain dont voici la traduction proposée par le Centre Culturel Sétois (cf. BLANC, Louis-Paul.Les joutes à Sète. Sète, Centre culturel sétois, 1968)
"Le Sétois avant tout aime sa baraquette
Il aime encore plus les plaisirs et la fête;
Son divertissement toutefois le meilleur
C'est voir et applaudir un superbe jouteur."

L'identité d'une ville se construit fréquemment autour d'un ensemble de mythes fondateurs, de marqueurs symboliques réunissant sa population. Ville jeune, Sète naît réellement avec son port en 1666. C'est tout naturellement que le port, les canaux qui font de Sète la Venise languedocienne, la baleine de sable - son emblême, et les produits locaux faisant la part belle aux fruits de la mer - pensons à la tielle - soulignent le caractère maritime de celle qui fut au départ une île entre mer et étang.

Aux rangs des symboles et mythes fondateurs figurent sans conteste les joutes nautiques, pratiquées une première fois lors des Fêtes accompagnant la fondation officielle de la ville. Si Sète n'en est pas le berceau originel, les joutes nautiques de la ville se sont progressivement hissées vers les sommets de la pratique.

 

I/ Aux origines était le port

La naissance de la pratique des joutes à Sète, accompagne celle de son port, officiellement inauguré le 29 juillet 1666 (cf. TREMAUD, Hélène. Les joutes languedociennes. Paris, éd. Maisonneuve et Larose, 1968). Pour son baptême, la ville de Sète reçu les joutes en présent. Ce seraient des pêcheurs d'Aigues-Mortes qui auraient pour l'occasion initiés les habitants locaux à cette pratique sportive durant ces journées particulières.

Les joutes nautiques semblent exister depuis la haute antiquité. De part le monde et à toutes les époques, des témoignages oraux ou archéologiques attestent de l'existence de cette forme de divertissement. En France plusieurs types régionaux cohabitent, mais les joutes de Sète bien que n'étant pas les plus anciennes, sont à l'heure actuelle les plus connues et les plus actives. Les joutes françaises s'organisent généralement sur le principe suivant : deux hommes (rarement des femmes) se font face, postés sur une plate-forme à l'arrière d'une barque. Chacun au moment du croisement de ces deux embarcations, tente alors de faire tomber son adversaire à l'aide de lances de bois.
 
Il n'est pas impossible de voir dans les joutes nautiques, à l'instar des tournois d'antan, les réminiscences de ces entraînements au combat et d'affrontement des chevaliers qui marquèrent les temps de paix. Les joutes nautiques en perpétuent d'ailleurs le vocabulaire : joute, jouteurs, pavois, lance, quintaine... le lexique et l'imaginaire chevaleresque entourent aujourd'hui encore les fêtes nautiques. Les jouteurs de Sète, chevaliers intemporels dont le succès demeure source d'admiration.
 
Pays de mer, Sète adopte sans surprise les joutes nautiques, dans cet espace où l'ennemi vient plus souvent de la mer (ce fut le cas notamment en 1710 avec l'attaque anglaise de son port)(cf. Sous la direction de Jean Sagnes. Histoire de Sète. Toulouse, Éd.Privat, 1991.P.94). Pour d'autres auteurs cependant, les joutes nautiques seraient par nature plus dans le divertissement que dans l'affrontement ou le caractère militaire. Les origines en seraient ainsi égyptiennes, du temps des Nautonniers conducteurs de barques sur le Nil (un bas-relief d'Akhethetep en est la principale source) (cf. BLANC, Louis-Paul. Les joutes à Sète. Sète, Centre culturel sétois, 1968. P5).

 

A/ Principe et outils d'une pratique entre sport et traditions

 

Les règles :

Le but des joutes est donc simple, faire tomber à l'eau son adversaire. Afin que l'opération se fasse sans incidents ni tricheries, un ensemble de règles encadra progressivement la pratique. Il est ainsi interdit de faire tomber son adversaire faire l'avant, d'appuyer son genou ou son pavois sur la tintaine, ou de toucher de sa lance une autre partie que le centre du pavois (et ce pour ne pas blesser l'adversaire).

Alors que les barques s'apprêtent à se croiser, les jouteurs sont prêts au combat, pavois sur le bras gauche, placé devant la poitrine, lance dans la main droite, passée horizontalement sous l'aisselle ; en position, pied gauche vers l'avant, genou fléchi pour supporter le poids du corps, pied droit en arrière, jambe tendue. En Provence, le coup se porte encore droit, tel qu'il devait l'être également à ses débuts à Sète. Placé sur une tintaine progressivement plus large, le Sétois doit à présent faire davantage appel à son sens de l'équilibre qu'à une question de force pure. Le premier faisant tomber son adversaire à l'eau a donc gagné.

Si aucun ne tombe au bout de trois passes consécutives, la victoire se décide alors au point. Un jouteur parvenant à faire chuter trois adversaires de suite accédera au tour de revanche, et étape après étape, à la finale.

 

Matériel

- La barque : Les barques des joutes, peintes de blanc et aux couleurs de leur équipe (rouge ou bleue) comptent chacune un patron, un aide-patron (le barreur) ainsi qu'une équipe de douze rameurs afin d'assurer relais et repos (8 rameurs en permanence). Il est à noter qu'en complément de l'équipage, qui assure la circulation de la barque, figurent les jouteurs, placés à l'arrière du bateau, mais également deux musiciens placés à l'avant de celui-ci.

- Le pavois : il s'agit de deux pièces de bois jointes par des liteaux cloués. Elles sont généralement faites de bois sec, léger mais dur, ce qui explique une préférence marquée pour le peuplier. Les pavois mesurent 3 cm d'épaisseur environ et 71 cm de longueur. Ces pavois portaient autrefois les armes de la ville ainsi que les devises suivantes : « Vive le roi » et « Vive les mariés » ou « Vive la jeunesse » selon les cas. Celles-ci tendent à évoluer. Il n'est pas rare de ne voir aujourd'hui que les seules mentions R.F. (République Française) et Ville de Sète.
 
- La lance : de bois léger, en général du pin, elle mesure 2m75 de long, et s'affine progressivement jusqu'à la pointe, munie d'une couronne de fer (à pointes). De nos jours les lances sont généralement peintes de blanc, avec souvent un grand liseré, bleu ou rouge, qui va en tournoyant de la poignée jusqu'à la couronne finale. Il permet durant le jeu de définir si le jouteur ne pratique pas la lance « courte », en prenant sa lance bien plus au centre que ce que les règles l'autorisent.
 
- La tintaine ou quintaine : La tintaine est-elle la seule plate-forme sur laquelle se hisse les jouteurs, ou le bateau dans son ensemble ? Les opinions divergent sur le sujet, tout comme sur l'origine du terme tintaine. Certains textes anciens, mentionnent l'existence de barques-tintaines, d'autres de barques-quintaines. Il est probable que le terme original quintaine est été progressivement modifié en tintaine par les jouteurs locaux, empruntant ainsi à l'occitan la forme « ten-té », tiens-toi. Au Moyen Age, le mot quintaine figure dans le lexique chevaleresque. La quintaine est alors un mât d'exercice, progressivement transformé en un mannequin du nom de « faquin de quintaine ». Une miniature du XVe siècle présente d'ailleurs un exemple d'entraînement d'un jouteur nautique s'apprêtant à frapper de sa lance un mât placé sur la rive.
 
- Le costume : tout de blanc vêtus, les jouteurs portent parfois un canotier sur la tête. C'était autrefois un bonnet recouvert de dentelles. Les cocardes de couleur semblent elles aussi avoir disparues : celle de la jeunesse comportait alors deux rubans, l'un blanc, l'autre bleu, rouges et verts pour les mariés. De fait, la coutume de s'habiller entièrement de blanc, est assez récente, et apparaît aux alentours du XIXe siècle. Auparavant, les jouteurs pratiquaient en costume, ceux-ci tirant toutefois sur le blanc, marquant par celui-ci et des couleurs différenciées, leur appartenance à un groupe spécifique, jeune ou mariés. Il n'était pas rare alors d'y voir de la couleur, fréquemment rouge ou bleue. Le blanc moderne est en fait le signe d'une évolution plus générale, prenant en compte les nouvelles règles vestimentaires rencontrées dans les autres sports, tout en limitant l'apport d'un confort qui se ferait au détriment de la « prestance » des jouteurs. Celle-ci demeure d'ailleurs d'importance, le débraillement d'un des participants pouvant lui faire l'objet d'une observation de la part du jury. Les joutes demeurent ainsi dans leur déroulement et dans le règle, une pratique entre sport et traditions, comme en témoigne d'ailleurs son déroulement particulièrement codifié et ritualisé (cf. à ce sujet : PRUNEAU, Jérôme. Les joutes languedociennes. Paris, L'Harmattan, 2003. P.62).
 

 

II/ Une pratique entre sport et traditions

À Sète, les joutes se déroulent dans le Canal royal, ce bras d'eau relayant la ville à l'étang de Thau, creusé par Riquet à l'époque de Louis XIV et de son ministre Colbert. Un espace délimité par le pont National et le pont Legrand, et que s'approprient pour un temps les jouteurs. Leur pratique s'inscrit alors pleinement dans la ville, sa vie quotidienne et son histoire, en ce cadre d'exception qui renvoie aux origines et aux pères fondateurs de la ville. L'espace d'ailleurs se modifie le temps de la fête. Des gradins, ouverts à tous et gratuits, permettent aux spectateurs de tous horizons de s'installer pour regarder l'affrontement.

 

A/ Le temps de l'avant

Le déroulement des fêtes était autrefois extrêmement ritualisé. Le 23, habillés de propre les jouteurs partent prendre possession du drapeau, avant de se rendre à la Mairie recevoir les dernières consignes. La journée du 24 est le temps des visites et des invitations aux personnages de marques, qui reçoivent pour l'occasion un long ruban bleu et rouge nommé livrée. Le soir, un tour de ville en musique et drapeaux se déroule aux lueurs des flambeaux, avant qu'à minuit, les jouteurs n'entonnent une sérénade devant l'église consacrée à Saint-Louis.
 
Le lendemain matin, dès huit heures, les jouteurs se rendent à la mairie, de là, tout le groupe, officiels comme participants, se rendait autrefois à la messe de neuf heures. Après un passage par la Mairie où était annoncé l'horaire des joutes, le spectacle sur le Canal royal pouvait prendre place (il est arrivé que ces joutes se déroulent également dans le port, au lieu dit « le cul de bœuf » (cf. BLANC, Louis-Paul. Ibid. P.12).
 
Le cérémoniel, s'il a évolué depuis les débuts, demeure d'importance en ce qui concerne les joutes sétoises, tout comme le costume. Les jouteurs en se pliant à ces règles, soulignent leur appartenance à ce groupe spécifique. La fréquence des tournois, et l'évolution même de la pratique au fil des siècles, ont quelques peu mis à mal le respect de ce cérémonial. Les fêtes de la Saint-Louis, constituent malgré tout en ce domaine, un temps à part.

 

B/ L'importance de la musique

La musique est un des éléments indissolubles de la fête elle-même. Elle en ponctue les principaux moments, défilés comme tournois, et accompagne son histoire. Signe de cette importance, il existe d'ailleurs une chanson spécifique aux joutes, dont les paroles et l'origine demeurent l'objet de spéculations. Elle était pour Toussaint Roussy, une création de Lully (cf. Blanc. Ibid. P.30 ). Elle serait pour d'autres auteurs et analystes, non pas du XVIIe mais du XVIIIe siècle, C.Ponsonailhe voit dans l'opéra l'ancêtre de cette chanson, et ce serait ainsi « annoté comme timbre dans l'opéra « dé Frountignan » » que figurerait l'air des joutes, dont l'auteur serait donc l'auteur occitan et félibre Nicolas Fizes.

Les paroles, quelle qu'en soit l'auteur réel, constituent une importante source d'information sur cette pratique qui a aujourd'hui quelque peu évoluée. En voici une version (il en existe effectivement différentes variantes) :
Source. Louis-Paul Blanc, Les joutes à Sète, Sète, Centre culturel sétois, 1968 [?] : 
« Maridas, tenes bous ben
Aïci ya la jouïnessa qu'arriba
Anbé soun Cap de Jouven
Naz en l'er et jarret qué tiba
Pabihoums, ajustaïres
Et pioï lous tambourinaïres
Sans oublida l'aoubï
Que nous buffara tout yoï.
 
Mariés, tenez-vous bien,
Voici la jeunesse qui arrive
Avec son Chef de jeunesse
Nez en l'air et jarret tendu
Pavillons, jouteurs
Et puis les tambourineurs
Sans oublier le hautbois
Qui nous jouera tout aujourd'hui.
 
Sus la Tintaïna, maridas
Quaou-ès-aquei que se y azarta ?
Seres toutes désquihas,
Couma dè capoutchins de carta.
Ne toumbarès à l'aïga
Aplatis cuom una palaïga
E coularès à foun
Coum'una balla de ploum.
 
Sur la Tintaine, mariés
Quel est celui qui se hasarde ?
Vous serez tous enlevés,
Comme des capucins de cartes,
Vous tomberez à l'eau
Aplatis comme une sole
Et vous coulerez au fond
Comme une balle de plomb.
 
Sitôt douna lou signaou
Buff'aouboï ! La barqu'es en routa,
Pioï très salus couma caou,
E chaqu'ajustaïre s'arbouta ;
Quante béou cop de lança !
La tintaïna ne balança
Ya'un pavès de crebat
Maï dégus ès pas toumbat.
 
La jouinessotta das blus
Que risié d'aou pabihoum routché,
Avié pariat détch escus
Qué né toumbarien aoumen doutché ;
Yé l'an jougada grisa,
Yan fach bagna la camisa
La lanc'é lou pavès !
Lou Gaoutché m'a toumba très !
 
La petite jeunesse des bleus
Qui riait du pavillon rouge
Avait parié dix écus
Qu'il en tomberaient au moins douze ;
On l'a leur a joué grise
On leur a fait mouiller la chemise
La lance et le pavois !
Le gaucher en a tombé trois !
Las ajustas de Sant Louis
Es quicon qué jamaï nous lassa,
Tout Ceta sé réjouis
E lous estrangès benou'en massa !
Tant qu'aouren lou Bourdigou
Achès pas paou qué finigou
Aquel joc sé fara
Tant que Ceta durara !
 
Les joutes de Saint-Louis
C'est quelque chose qui jamais ne nous lasse
Tout Sète s'en réjouit
Et les étrangers viennent en masse !
Tant que nous aurons le Bordigue
N'ayez pas peur que cela finisse
Ce jeu se fera
Tant que Sète durera !

Présente lors des défilés durant lesquels elle accompagne la procession, la musique est par ailleurs omniprésente au moment des passes, dont elle rythme le cours et qu'elle semble illustrer, commenter.

Le répertoire des hautbois et des tambours traditionnels, se compose d'un ensemble d'airs bien connus des participants et de leurs spectateurs réguliers. Ils ont de fait peu changé au fil du temps, se transmettant de génération en génération. Durant les défilés, seront interprétés de préférence « La marche de l'Académie », « Larose » « Toete », « Cauvy », appellations parfois floues qui renvoient à leur compositeur. « La valse du chef de gare » rappelle que longtemps, les joueurs de hautbois venaient de loin pour mettre en musique les fêtes de Sète.

Durant les joutes elles-mêmes, un couple de musicien est installé dans chacune des barques, à l'avant de celle-ci. On les distingue visuellement par leur tenue. Galons, rouges ou bleus, ornent leur veste blanche, et sur leur tête comme sur celle du commissaire, ils portent un canotier. Les musiciens accompagnent la passe en sonnant si l'on peut dire « la charge ».

A la musique occitane traditionnelle, hautbois et tambours (aubòi e tambornet), s'est progressivement ajoutée celle des bandas, ces groupes d'influence espagnole. Aux avants-postes pour annoncer l'arrivée des jouteurs, elles sonnent le départ du défilé avec « la festa de l'issanka » (cf. LOPEZ-DREAU, C., in Bulletin de la Société d'Etudes Histoiques de Sète et sa région, Frontignan, 1998, Pp.183-188), chanson traditionnelle sétoise.

 

C/ Le temps de l'après, la convivialité

Les joutes terminées, vient la remise des prix, puis la fête célébrant les vainqueurs. C'était autrefois le temps de la dédicace de madrigaux à ces dames, rappelant les origines chevaleresques et courtoises des joutes. De tout temps, et en dépit d'une évolution profonde de cette pratique entre le XVIIe siècle et nos jours, la fin des joutes fut également l'occasion de repas et d'échanges entre les différents sociétés participantes, en faisant un réel moment de convivialité et de rencontres entre les jouteurs sétois. Après l'affrontement sur les eaux, vient le temps de la réconciliation sur terre, autour d'un verre de « pastaga ».

 

III/ Évolution d'un tournoi

Depuis ses origines, les joutes, pratique vivante, ont évolué à Sète comme ailleurs. Comme toute pratique profondément ancrée dans l'histoire et l'évolution d'un groupe social en particulier, et d'une communauté dans son ensemble, les joutes se sont adaptées, aux nouveaux modes de vie, aux réalités économiques et sociales nouvelles.

La fin du XVIIIe siècle semble marquée par le tournant d'un combat par équipe, à une lutte d'individu à individu, dont les modalités s'ordonnance dès lors sur la base du hasard d'un tirage au sort. Un temps, l'opposition nouvelle, bascule de celle de deux groupes d'âge, groupe des jeunes célibataires face aux hommes mariés, à celle de métiers, de quartiers, voire de communautés : lutte entre quartier-haut et la Bourdigue, pêcheur de haute-mer et pêcheur d'étang. 

Le début du XXe siècle, marqué en 1902 par la création de la première société de jouteur, la « Société des jouteurs cettois » opère une nouvelle évolution (cf. DI NITTO, Paul-René. C'était Cette. Ch.III. Montpellier, Espace Sud, 1996. P.171). Progressivement le jeu se codifie de plus en plus (on passe à un nombre limité de passes, cinq puis trois), emprunte aux sports leurs caractéristiques (le blanc de la tenue, le caractère compétitif qui augmente quand croît le nombre de sociétés), sans perdre malgré tout, son identité réelle.

 

Personnages et temps forts de cette pratique

Saint-Louis de 1891, deux femmes sur la tintaine. Cette année-là, les joutes jusque-là réservées aux seuls jouteurs locaux, s'ouvrent régionalement, avec la création du tournoi du Lundi. L'édition de 1891 est également marquée par la participation de deux sœurs, Anne et Elyse Sellier, toutes deux originaires de la Pointe Courte. L'Éclair du 2 septembre 1891 fait le résumé de cette joute particulière, qui vit s'affronter les deux sœurs (Anna envoyant sa sœur mais aussi un autre jouteur, dans les eaux).

Quelques jouteurs célèbres :

  • Barthélémy Auvenque, dit le Terrible, l'un des premiers champions historiques des joutes sétoises, Don Quichotte de l'Ancien Régime, qui fit le défi de jouter conre le pont levis en bois qui traversait le canal royal à son époque.

  • Hilaire Audibert dit l'Espérance, originaire du Quartier Haut, qui se démarqua en portant habit noir et cravate blanche sur la tintaine, fut gravement blessé (il manqua perdre un œil) et Martin le Gaucher, de la Bordigue, sont successivement les champions des joutes au XIXe siècle.

  • Louis Vaille dit le Mouton, premier XXe siècle, dix fois triomphateur de la Saint louis entre 1904 et 1923 (cf. BLANC. Ibid. P.35). Un homme d'une importante corpulence, il pesait aux alentours de 150 kg, qui souffrit d'un manque de popularité très certainement lié à cette physionomie hors du commun.

  

Conclusion

Codifiées différemment, empruntant aux sports modernes son organisation, les joutes nautiques n'en demeurent pas moins traditionnelles dans leur forme et leur respect d'un certain cérémonial, bien que la fréquence accrue du nombre de tournois diminue d'autant l'intérêt portée aux défilés. Cependant les joutes de la Saint-Louis demeurent un temps à part. Elles sont surtout partie prenante de l'identité sétoise et contribue hier comme aujourd'hui, à la bonne vie de la cité et à la sociabilisation entre communautés. L'ensemble des cérémonies, défilés, rites qui entouraient et entourent toujours la pratique des joutes, contribuent à l'affirmation d'un groupe social unifié.

 

BIBLIOGRAPHIE

BLANC, Louis-Paul.Les joutes à Sète. Sète, Centre culturel sétois, 1968.

DI NITTO, Paul-René. C'était Cette. Ch.III. Montpellier, Espace Sud, 1996.

LOPEZ-DREAU, C., in Bulletin de la Société d'Etudes Histoiques de Sète et sa région, Frontignan, 1998, Pp.183-188.

PRUNEAU, Jérôme. Les joutes languedociennes. Paris, L'Harmattan, 2003.

Sous la direction de Jean Sagnes. Histoire de Sète. Toulouse, Éd.Privat, 1991.

TREMAUD, Hélène. Les joutes languedociennes. Paris, éd. Maisonneuve et Larose, 1968
Mise en ligne : 22/09/2014
Tipe : Centre de ressorsa / Data : 2014 (dernière modification)

Présentation de l’établissement

La Bibliothèque de Carcassonne - aujourd’hui Réseau de lecture publique de Carcassonne agglomération - est créée en 1804 pour accueillir les fonds de livres et manuscrits issus de la nationalisation des biens du clergé - bibliothèques de l'abbaye de Lagrasse, des couvents des Jacobins, des Carmes et des Capucins de Carcassonne - et des familles nobles émigrées, en particulier l’importante bibliothèque de la famille de Murat, magistrats carcassonnais.
Ce n’est qu’à partir des années 1830 que la Bibliothèque de Carcassonne commence à fonctionner véritablement, entamant l’inventaire de ses collections. Il faut attendre 1834 pour que le manuscrit de Flamenca (ms. 34 de la Bibliothèque de Carcassonne), copie unique d’un chef-d’œuvre occitan du XIIIe siècle, provenant de la collection de Murat, soit découvert et signalé à François Raynouard qui le publie pour la première fois en 1835.

Descriptions des fonds :

La Bibliothèque de Carcassonne conserve une importante documentation occitane au sein du fonds des manuscrits, mais aussi au sein de ses fonds régional et musical.

Manuscrits occitans :

Le fonds général des manuscrits de la Bibliothèque de Carcassonne contient une dizaine de manuscrits en occitan, dont le très célèbre manuscrit de Flamenca. La plupart des manuscrits sont liés aux écrivains et personnalités de l’Aude engagés dans les mouvements de renaissance occitane à partir du milieu du XIXe siècle : Achille Mir (ms. 91, ms. 49, ms. 24190 ; ms. 36284), Gaston Jourdanne (ms. 45, 24352, 26155, 14779) et les animateurs de la revue La Tèrra d’Oc, en particulier Louis Alibert et Paul Albarel (ms OC TER : « Tèrra d’Oc »).
Signalons également un recueil de « Poésies patoises » de l’abbé Philippe Samary, député du Clergé aux États généraux (ms. 155) et le recueil de « chants d’église [traduits] en patois », œuvre d’Antoine Nérie (1745-1824), curé d’Alzonne, qui traduisit en occitan les chants liturgiques à destination des paroissiens audois et dont le recueil connut cinq éditions entre 1820 et 1827 (ms. 27).

Documentation régionale :

La Bibliothèque de Carcassonne possède une importante documentation occitane moderne et contemporaine au sein de son fonds régional et d’un fonds occitan, régulièrement enrichie. Le fonds régional s’est développé à partir de l’acquisition au début du XXe siècle de la bibliothèque de Gaston Jourdanne (1858-1905), maire de Carcassonne, avocat et journaliste, érudit et historien du Félibrige. Il rassembla de son vivant une importante bibliothèque sur l'histoire de Carcassonne et de sa région.
Le fonds régional de la Bibliothèque de Carcassonne est particulièrement riche sur les écrivains audois, comme Joë Bousquet, Gaston Bonheur ou encore René Nelli.

Dates extrêmes :

XIIIe - XXIe siècle

Langues représentées dans le fonds :

français, occitan (languedocien)

Importance matérielle :

12 ms. , env. 500 imprimés (monographies, périodiques) et enregistrements sonores

Supports représentés :

manuscrits, monographies imprimées, périodiques, musique imprimée (partitions), musique enregistrée (CD)

Accroissement :

fonds ouvert

Modalités d’entrée :

achat, dons, legs

Pour le consulter

Identifiant du fonds (cotes extrêmes) :

F.Rég (Fonds régional), OC (fonds occitan contemporain), Ms. (Fonds général des manuscrits)

Instruments de recherche disponibles :

- Fonds régional : Catalogue en ligne du réseau de lecture publique de Carcassonne agglomération : http://catalogue.carcassonne-agglo.fr
- Manuscrits : Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France. Départements — Tome XIII. Carcassonne. Consultable en ligne : http://ccfr.bnf.fr/portailccfr/jsp/index_view_direct_anonymous.jsp?record=eadcgm:EADI:FRCGMBPF-110696201-01a.xml

Conditions d’utilisation

Conditions de consultation :

Contacter l’établissement : http://catalogue.carcassonne-agglo.fr

Conditions de reproduction :

Contacter l’établissement : http://catalogue.carcassonne-agglo.fr
Mise en ligne : 29/09/2014
Tipe : Fons documentari

Histoire du fonds

La bibliothèque de la Société de Port-Royal est une bibliothèque privée spécialisée dans l’histoire religieuse de la France moderne. La collection est constituée au cours du XVIIIe siècle par des fidèles du jansénisme. Passée de mains en mains, la collection est vendue et dispersée à la Révolution. C’est en 1802 qu’une société est fondée pour faire vivre le patrimoine et le souvenir du jansénisme et de Port-Royal des Champs. L’important fonds de livres et de manuscrits provenant de la collection de l’abbé Henri Grégoire a été transmis par son secrétaire, l’abbé Jean-Louis Rondeau puis par Gabriel Girard, prêtre de la paroisse Saint-Séverin. La Société Saint-Augustin, ancêtre de la Société de Port-Royal l'a reçu en 1840.

Le fonds de l’abbé Henri Grégoire conservé à la Bibliothèque de la Société de Port-Royal rassemble des imprimés et des manuscrits provenant de l'abbé révolutionnaire et représente une importante documentation sur la Révolution française. Les manuscrits du fonds Grégoire comprennent de nombreuses correspondances reçues par l’abbé Grégoire pendant la Révolution, dont une partie concerne l’Enquête sur les patois de 1790-1794, première grande enquête menée en France sur la situation sociolinguistique.

Modalités d'entrée :

Legs

Accroissement :

Fonds ouvert (le fonds s’accroît régulièrement de documents sur la Révolution française)

Description du fonds

La Bibliothèque de la Société de Port-Royal conserve une grande partie des matériaux produits par l’enquête de l’abbé Henri Grégoire sur les « patois » entre 1790 et 1794. L’autre partie est conservée à la Bibliothèque nationale de France (BnF- Dpt des manuscrits - NAF 27981). Contenu :

- Ms. REV 222 : recueil factice contenant les réponses à la circulaire de l’abbé Grégoire.

- Ms. REV 223 : recueil factice contenant des pièces imprimées en « patois » envoyées à Grégoire en même temps que les réponses à la circulaire.

La plupart des documents réunis dans ces deux recueils ont été publiés par Augustin Gazier dans la Revue des langues romanes à partir de 1874 (t. V) puis en monographie : Augustin Louis GAZIER, Lettres à Grégoire sur les patois de France, 1790-1794 : documents inédits sur la langue, les mœurs et l’état des esprits dans les diverses régions de la France au début de la Révolution ; suivi du Rapport de Grégoire à la Convention… Paris : A. Durand et Pedone-Lauriel, 1880 (reprint : Genève : Slatkine, 1969). En revanche, Augustin Gazier n’avait pas connaissance du recueil BnF-NAF 2798, resté inédit.

Dates extrêmes :

- réponses à l'enquête de l'abbé Grégoire : 1790-an III

- pièces justificatives : 1687-an II

Langues représentées dans le fonds :

français, alsacien, basque, breton, occitan (tous dialectes), dialectes de langue d'oïl (berrichon, bourguignon-morvandiau, franc-comtois, picard, poitevin-saintongeais, wallon)

Importance matérielle :

2 recueils factices : 100 + 22 ms.

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Ms. REV

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Tipe : Practica esportiva / Data : 2014-10-13

Un caillou, puis une balle, une main, puis une raquette... au fil des siècles et de par le monde, les hommes ont créé tout un panel de jeux dits de paume. Le tambornet, jeu traditionnel du Languedoc figure dans cette grande famille. Comme la plupart des sports traditionnels, sa pratique a évolué avec le temps afin de coïncider avec les pratiques culturelles et sportives modernes. Jeu typique du Languedoc, il s'est depuis développé hors de ses frontières naturelles au gré des migrations et des rencontres avec d'autres jeux de paume similaires. Au cours du XXe siècle, sa pratique connaît successivement un essoufflement avant que l'action de différents passionnés, dont l'auteur occitan d'Argelliers, Max Rouquette, ne concoure à un renouveau et à une restructuration de ce sport.

Du jeu de paume au jeu de tambourin

Naissance et évolution

Des jeux de balles de l'Antiquité jusqu'au jeu de paume

Le jeu est pour l'homme, tant un défouloir qu'un mode d'apprentissage. Réflexes de chasse ou de guerre, éléments de sociabilité et de dépassement de soi... on trouve trace de jeux de types divers dès les plus hauts temps de l'humanité.

Le pourtour méditerranéen voit ainsi très tôt apparaître différents jeux pratiqués à même la main, d'où la dénomination de jeu de "paume" : Égypte, Grèce, Empire Romain, les grandes civilisations de l'Antiquité ont toutes laissé des témoignages de pratiques diverses, telles les sources peintes de Beni Hassan en Égypte (cf. Rouquette, Max. Le Livre du Tambourin : un grand sport international en plein essor, Montpellier , CRDP, 1986. p.12 ). Le jeu de paume semble pénétrer en France via le monde romain. Dès lors, le jeu se développe progressivement dans les différentes régions du Royaume, que ce soit dans l'évêché de Rouen ou dans la province du Languedoc.

C'est à compter du XIVe siècle que ce sport apparaît dans les sources écrites. L'humanisme de la Renaissance, prônant le principe d'un "esprit sain dans un corps sain", porte un nouvel éclairage sur le jeu de paume. Pétrarque l'évoque dans son De remediis ultriusque fortunae (1320-1336), tout comme le médecin de Padoue, Mercurile (De gymnastica). Tous souligne les apports de cette pratique, combinant adresse et réflexion. Les jeux de paume, dans le sens de "jeux de balles", se développent ainsi dès l'origine tant auprès des élites, qu'auprès d'un plus large public.

La naissance d'un sport occitan : langue et coutumes d'une région

Les jeux de balles ou jeux de paume, présentent en France une grande variété de formes fonction des régions qui les pratiquent. Le Pays Basque a sa pelote (basque), le Languedoc son tambornet

 Le jeu de balle au tambourin appartient à la branche des jeux de longue-paume, une forme pratiquée en France depuis le Moyen Âge (cf. GUIRAUD, Christophe. Espaces sportifs et usages sociaux : étude comparative de l'implantation du rugby et du jeu de balle au tambourin dans le département de l'Hérault.  Paris, Institut National du Sport et de l'Education Physique, 1985. P.159). D'une branche commune, le jeu s'est ensuite adapté à son environnement, proposant un ensemble de règles spécifiques et un lexique original, produit dans la langue alors maternelle de cette région, l'occitan.

Les origines de ce sport progressivement passé dans la sphère populaire et le monde rural, notamment viticole, demeurent sujettes à caution. Face à l'insuffisance des sources concernant ce sport, de nombreuses hypothèses furent ainsi formulées, notamment la voie italienne du fait d'une similarité entre le "tambournet" et le "tamburello". Cette piste fut toutefois abandonnée. Le Tambourin a indéniablement une origine locale et demeure aujourd'hui comme hier le témoignage et le vecteur de la culture occitane régionale.

Principe et règles

Principe du tambornet

Le jeu de balle au tambourin est un sport individuel joué en équipe. (cf. Max Rouquette. Ibid. P.13). À l'instar des jeux de double dans un match de tennis, chaque individu joue seul face aux membres de l'équipe adverse. Au gré des évolutions et des codifications, le jeu de balle au tambourin a vu ses règles et son matériel évoluer, concourant à la création d'un sport qui tout en appartenant à part entière à la grande famille des jeux de paume, possède des caractéristiques propres qui le différencient.

Dans sa forme moderne, lo tambornet voit s'affronter deux équipes de cinq joueurs chacune sur un terrain de 80 mètres de longueur sur 20 mètres de largeur. Les équipes se font face de part et d'autre d'une ligne médiane tracée au sol, la « Basse ». Le principe du tambourin consiste à renvoyer dans le camp adverse, une balle. Celle-ci, en caoutchouc d'un diamètre réglementaire de 61mm, a aujourd'hui remplacé les balles faites en peau ou vessie d'animal. Chaque équipe compte deux cordiers, placés devant, un tiers placé au centre, et deux joueurs de fond, l'un ayant également pour mission d'engager le jeu, c'est le "batteur". Chacun des joueurs est doté d'un tambourin "classique", dont le format et l'apparence s'apparente à celle de l'instrument de musique.

L'apparition de cet outil est le fruit d'une réflexion ayant conduit à l'utilisation successive du battoir en bois des lavandières, puis celle d'un brassard, cylindre de bois tenu par le joueur à l'aide d'une poignée transversale. Le brassard est mentionné une première fois dans les sources écrites au cours du XVIe siècle (GILLAND, G. Histoire de Gignac de son origine à nos jours. Maurin-Lattes : Impr. du Paysan du midi, 1977. P.16). De nos jours, et depuis le XIXe siècle, le jeu se pratique à l'aide d'un tambourin tendu de tissu synthétique le plus souvent mais parfois encore, fait en peau de chèvre.

Un lexique natif en occitan

 Adaptation régionale dans sa forme de l'universel jeu de paume, le jeu de balle au tambourin est également languedocien par son lexique, l'occitan, langue maternelle des joueurs durant les siècles où se formèrent les principes et règles de ce jeu. Certains de ces termes ont depuis été traduits voire transposés en français. Demeure malgré tout un important lexique en occitan relatif à ce jeu, dont voici pour exemple quelques éléments et leur explication :
Alandar : faire voler la balle très haut.
Aquet : moitié du terrain qui fait face à la batterie.
Aquetar : reprendre la balle venue du battoir.
Arescle : cercle de lamelles concentriques en bois de mûrier qui constitue l'armature sur laquelle est tendue et clouée la peau parcheminée.
Aterrar : faire courir la balle sur le sol.
Bassa : ligne médiane des cinquante mètres ; se dit aussi d'une balle qui, à la mise en jeu par le batteur ne franchit pas cette ligne.
Bateure : battoir; batteur.
Ceuclar : se dit d'une balle qui dévie dans sa course en décrivant une courbe sur un plan horizontal
Clavels : clous: les clous de fer, fines pointes ; les clous de cuivre à tête large et arrondie servant à fixer les lanières de cuir de couleur.
Clausa : se dit d'une balle qui franchit la ligne de fond adverse; se dit aussi de cette ligne.
Corda : ligne des joueurs d'avant. Ils sont trois.
Cordiers : joueurs d'avant. Celui du milieu porte le nom de tiers.
Crosar : jouer en diagonale.
Dalhar : littéralement « faucher » se dit du joueur qui, par un geste de faucheur, envoie la balle en faute du côté opposé à la main qui joue.
Desclavetat : se dit du tambourin dont la peau cesse d'être tendue par le relâchement des clous ou déchirure des bords de la peau.
Detibat : détendu, se dit d'une peau insuffisamment tendue ou détendue par l'humidité de l'atmosphère
Fanabregon : micocoulier ou alisier sont les arbustes qui fournissent les manches légèrement flexibles des battoirs.
Freta : nom de la muraille qui fermait un des grands côtés du terrain et dont l'action sur les balles était admise à une certaine époque.
Jaça : emplacement marquant l'arrêt d'une balle après son premier bond ; ou son point de sortie du jeu, quand elle ne peut plus être rejouée.
Joc : jeu, nom du terrain; du jeu dans son ensemble. C'est aussi le cri du batteur lorsque, après les balles d'essai auxquelles il a droit, il annonce que la balle qu'il va lancer comptera pour la partie.
Marca : bâton de couleur servant à indiquer l'emplacement d'une jaça.
Marcaire : marqueur, celui qui jalonne les jaçes ou chasses
Pauma : balle
Pelh : désigne ici la peau de chèvre parcheminée
Riban : lanières de cuir rouge, vertes ou bleues servant à cacher les bords de la peau et ornementer le tambourin.
Tambornet : désigne à la fois l'instrument de jeu et le sport qu'il désigne
(Cf. Max Rouquette, ibid).

La "langue" du jeu de balle au tambourin est également porteuse de nombreuses références au monde agricole qui s'expliquent par le contexte principal de pratique de ce sport, et nous renseignent ainsi sur des usages et un vocabulaire aujourd'hui disparus ou peu usités. La transposition de ce vocabulaire vers le français s'est faîte dans le sens d'une transmission du jeu et de ses règles vers les personnes extérieures à ce "milieu" (cf. Guiraud, Christophe. Ibid. P.160). Durant des siècles, le jeu de balle au tambourin n'avait pas présenté de règles réellement uniformisées. Alors que la pratique tend à s’essouffler au cours de la seconde moitié du XXe siècle, le jeu se modifie, se codifie, au gré des rencontres et des échanges avec son voisin transalpin, le tamburello, et grâce à l'action de divers pratiquants et militants du monde occitan.

Une pratique entre tradition et modernité

Le tournant du XXe siècle

Les premières décennies du XXe siècle annoncent un tournant dans la pratique du tambornet. À l'instar de bien des sports traditionnels, le jeu de balle au tambourin va au cours de ce siècle conjuguer entre modernité et traditions, en miroir des évolutions qui touche le monde sportif en général, un monde qui se professionnalise et s'organise autour de fédérations et de clubs.

Naissance des premiers concours et fédérations

Le tambourin d'avant 1914-1918 est encore organisé sur un mode traditionnel. Les premiers concours à audience régionale se mettent en place et sont alors principalement situés dans la vallée de l'Hérault. Le tambornet, jeu populaire pratiqué au cœur de la communauté villageoise sur les grandes places, accompagne alors bien souvent les jours de marché et les fêtes patronales, temps forts de sociabilité comme le confirment des documents d'archives relatifs à cette période pour Montpellier.(Guiraud, C. Ibid. P.240).

Le jeu de tambourin connaît au XXe siècle une très grande popularité, mais demeure encore très peu organisé, ses règles pouvant évoluer d'un village à l'autre. Au cours des premières années du XXe siècle une double dynamique se met en place notamment portée par les membres du Félibrige, conduisant à une plus grande uniformisation des règles et voyant l'apparition de championnats réguliers.

En 1909 naît du côté de Pézenas, un premier concours opposant les équipes des villages alentours. Fautes de règles communes, le tournois se déroule alors dans le respect de celles proposées par l'équipe organisatrice. Les années 1920 sont pour leur part marquées par l'apparition conjointe d'un concours nouveau, initié par le journal royaliste l'Éclair, et d'un premier championnat du Languedoc de jeu de balle au tambourin ouvert aux équipes des concours rivaux. Les rencontres sont largement commentées dans le journal, le sport devenant le support des idées régionalistes de ce média. (cf. Guiraud, C. Ibid. P.124). Parallèlement, et dans ce même contexte de réflexion sur la dimension "méridionale" de ce sport, prend forme une première fédération en 1923, créée par des membres de la bourgeoisie montpelliéraine. La fédération compte à sa naissance dans ses rangs trois félibres : André Pagès, Hyppolite Arnaud et Adrien Fédières. Le sport se codifie, poèmes et chants sont créés sur ce sujet nés de l'implication félibréenne. Mais cette première fédération ne résiste pas à la véritable crise et désaffection qui secoue la pratique du Jeu du Tambourin dans les années 1930 (cf. Max Rouquette. Ibid).

Max Rouquette : porteur d'un renouveau

Un renouveau s'opère toutefois quelques années plus tard, grâce à l'initiative du poète et militant occitan Max Rouquette, originaire d'Argelliers et lui-même joueur passionné de ce sport. L'écrivain prend acte des défauts apparents de ce sport. Il souligne ainsi le manque d'organisation de la pratique, qui, en dépit de la naissance conjointe de différents championnats et d'une première fédération, n'est pas parvenu encore à se structurer. Face aux progrès constant du nombre de licenciés dans les sports collectifs venus d'outre-manche dans la région, Max Rouquette souligne le manque de communication autour du tambourin. Afin de palier à ses insuffisances, naît une seconde fédération en 1938, la Fédération Française du Jeu de Tambourin. Opérations de communication et de diffusion du sport vont au cours des années qui suivirent, se conjuguer avec la rencontre enrichissante du cousin italien, le tamburello.

Les échanges interculturels

C'est au cours d'un voyage transalpin durant l'année 1954, que Max Rouquette prend connaissance du tamburello, jeu de paume italien présentant d'importantes similarités avec le tambornet occitan. Les italiens utilisent dans la pratique de leur sport, un tambourin tendu d'une peau de mulet ayant pour principal avantage de ne pas se déformer par temps humide, au contraire de la peau de chèvre. L'autre particularité du tamburello consiste en sa poignée, alors inexistante sur les tambourins français. La pratique confirme la supériorité et la maniabilité de l'instrument italien, qui s'impose progressivement sur les terrains de jeu français. Les tambourins sont depuis 2005 conçus en France, suite à la création d'une fabrique, LOUJOC, à Balaruc-les-Bains par des étudiants en BTS. Elle s'est depuis installée à Gignac, centre d'accueil de la Tambourithèque, qui dévoile l'histoire du sport.

Ces rencontres entre tamburello et tambornet impulsent une dynamique nouvelle. La pratique elle-même et les règles évoluent de concert pour s'adapter aux usages contemporains. Le synthétique remplace peu à peu la peau de bête. Surtout, les terrains diminuent de taille, accélérant le rythme du jeu; la règle des chasses est abandonnée : le jeu se codifie et s'ouvre à de nouveaux publics. La compétition elle-même voit ses frontières repoussées. Championnats départementaux ou régionaux, cohabitent avec des concours mondiaux voyant s'opposer des joueurs français et italiens, mais également Allemand, Écossais, Brésiliens...au gré des migrations de population et de l'implantation locale de nouvelles équipes séduites par cette forme de jeu de paume (cf. Gilland G. Ibid. P.19).

Mise en ligne : 13/10/2014
Tipe : Article biografic
Comédienne, auteure, metteur en scène, Anne Clément a composé et compose aujourd'hui encore un vaste panel d'œuvres qui illustrent et valorisent l'histoire et la culture occitanes. Le parcours de cette artiste coïncide avec les grands heures du théâtre d'oc contemporain. Membre du Teatre de la Carriera, elle a contribué au passage d'un théâtre militant vers un théâtre de civilisation, puisant dans l'histoire et les personnalités du pays d'oc, la matière de sa création.  
 
 

I/ Au cœur du renouveau du théâtre d'oc

Par son père, Anne Clément possède des attaches lorraines, par sa mère, elle est liée à la culture du Midi, et c'est à Paris que son enfance se déroule ( Préface de Danielle Jullien in CLEMENT, Anne. L'estrangier.Paris : Solin ; [Arles] : Teatre de la Carriera, 1981. P.7). Après des cours de théâtre au Conservatoire de Montpellier et des études de lettres effectuées dans la capitale, elle retourne dans le Sud de la France pour assouvir sa passion pour le théâtre.

 

A/ Mort et résurrection de M. Occitania

Elle rejoint alors les rangs de la jeune troupe du Teatre de la Carriera, qui sillonne les routes du Midi pour présenter des pièces en français et en occitan. Ces dernières puisent dans le patrimoine culturel et linguistique de cette région pour proposer des œuvres aux accents de manifeste, telle la pièce fondatrice du mouvement : Mort et résurrection de M.Occitania (1972).

Cette pièce marque le point de départ d'un mouvement théâtral militant qui va irradier la création occitane des années 1970. Un théâtre qui se créé au contact des viticulteurs, des mineurs, des ouvriers, s'enrichit de la mémoire collective et de ce qu'on appelera plus tard le patrimoine culturel immatériel ; un théâtre qui nourrit son jeu du carnavalesque le plus populaire, voire le plus anthropologique.

 

B/ Découverte et apprentissage d'un processus d'écriture

Anne Clément va apprendre et s'approprier au sein de la troupe, un procédé d'enquête et de recherche qui accompagnera désormais sa démarche d'écriture. Ce processus de création, conduit les membres du Teatre de la Carriera a envisagé différemment le message que leurs pièces pourront véhiculer en direction du public. La fin de la décennie 1970 va ainsi être marquée par la mutation d'un théâtre militant en un théâtre de civilisation. Tandis que plusieurs compagnies de la période s'éloignent du mouvement de théâtre d'Oc, celui-ci se régénère à partir du travail mené pendant plus d'une décennie au plus près du "Pòble d'òc". Il s'enrichit de recherches de répertoire comme de formes, puisées dans l'inconscient profond d'un territoire millénaire. Le carnaval, découvert au départ comme trace sensible de l'identité d'oc, a gagné en épaisseur et préside désormais à un art du Jogar, qui imprègne les mises en spectacle du monde par les troupes du théâtre d'Oc (Cf. Jòga, exposition du CIRDÒC sur le théâtre d'Oc contemporain).

 

C/ D'un théâtre militant à un théâtre de civilisation

Le désir de mémoire, au cœur des problématiques sociétales contemporaines, constitue l'une des problématiques mises en scène par le théâtre occitan. Ce dernier va l'interpréter sous diverses formes et points de vue, et proposer au travers de mise en scène où le carnavalesque le dispute au politique, une lecture critique de l'Histoire.

Les codes carnavalesques réactivés dans le cadre de la production du théâtre d'Oc, amènent avec eux la question de l'inversion des rôles hommes-femmes, traditionnels dans cette forme spectaculaire. Ce renversement des fonctions, en fin de compte très codifié et inscrit dans une forme, le carnaval, traditionnellement masculine, ne dépasse jamais une certaine qualification des rôles profondément traditionnels de ces dernières dans des sociétés où les femmes furent longtemps mises à la marge. Au tournant des années 1980, la voix des femmes va progressivement trouver une place nouvelle. S’ouvre alors une ère pour la troupe durant laquelle la parole féminine et féministe se trouve sur le devant de la scène. (L’écrit des femmes p.6).

 

II/ Anne Clément : nouvelle voix du théâtre d'oc

A/ Parole(s) de femmes

Anne Clément va contribuer fortement à l’écriture de cette page de l’histoire de la troupe. Depuis sa création, le Teatre de la Carriera s’est toujours organisé autour d’un équilibre entre hommes et femmes. Celles-ci ont pu dès les débuts contribuer au travail d’enquête et de sélection des thèmes. Toutefois, ceux-ci sont dans les premières années, fortement lié au contexte social et économiques des pays d’oc. Le quotidien et la lutte des mineurs, viticulteurs ou ouvriers de la région, constituent la matière de la création des débuts. Une réalité principalement masculine offrant peu d’opportunité aux comédiennes de la troupe, contraintes dans le meilleur des cas au travestisement ou à l’incarnation de personnages et valeurs symboliques, par essence asexués : République, jeunesse…(cf. TEATRE DE LA CARRIERA. L'Écrit des femmes : paroles de femmes des pays d'oc. Paris : Solin, 1981).
 
Les femmes de la Carriera posent alors les bases d’une écriture théâtrale nouvelle. Au printemps 1978 paraît un article intitulé “La Fille d’Occitania parle-t-elle de la femme occitane ?“ (cf. L'Écrit des femmes. Ibid. P.8), ce papier pose le premier les prémisses d’une réflexion sur la place et les réalités de la femme occitane. Les femmes du Teatre de la Carriera vont bénéficer d'un double contexte favorable à l'émancipation de leur parole et de leurs capacité créatrice. Alors qu'en France s'opère une libération de la femme, le Teatre de la Carriera voit sa situation également évoluer vers une plus grande place donnée aux femmes. Aux lendemains de Bogre de Carnaval, Claude Alranq, jusqu'alors auteur principal des pièces présentées par la troupe, prend de la distance à cette période, laissant la voie libre à de nouveaux auteurs. Anne Clément, Marie-Hélène et Catherine Bonafé proposent alors leurs propres créations. A l’automne, deux des trois spectacles à l’affiche sont féminins, la Galina et Saisons de femme(cf. L'Écrit des femmes. Ibid. P.8). Cette dernière portant sur l’émancipation d’une femme, est le fruit d’une rencontre avec une quinzaine de femmes dans le canton de Saint-Hippolyte-du-fort.
 
Ces deux pièces reprennent en effet les codes et les principes scénaristiques mis en œuvre par la troupe : enquête et confrontation au réel sont à la base de la création. Anne Clément, comédienne, devient également auteure, un pan de son activité qu’elle ne laisse dès lors plus de côté.
 

B/ Gargamela théâtre : une voix internationale

Après 1983 et la fin de son aventure aux côtés du Teatre de la Carriera, elle s'installe dans la maison familiale de Les Claries, dans les Basses Cévennes. (cf. Biographie de l'auteur, ägon). Anne Clément fonde en 1988 une troupe nouvelle aux côtés de Jean Hébrard, Gargamèla Théâtre. Auteure et directrice artistique au sein de la troupe, également comédienne, elle y perpétue une démarche d'investigation et de recherche pour produire des oeuvres nouvelles ancrées dans l'histoire et la culture des pays d'Oc. Gargamela sillonne les routes de France mais se produit également à l'étranger. Etats-Unis, Afrique, Amérique du Sud accueillent tour à tour la jeune troupe (cf. Introduction de Danielle Julien. Ibid. P.7).

Voix de femmes et théâtre de civilisation se conjuguent dans les pièces présentées alors. Aliénor d’Aquitaine pour la pièce A l’entrada del tems clar, Clara d’Anduze, mais également Ramon de Perilhos sont ainsi tour à tour mis à l’honneur dans une réflexion perpétuelle autour de la valorisation du patrimoine occitan. L'emploi de l'occitan se conjugue avec celui du français voire de l'anglais (A l'entrada dels tems clar), dans une recontre des langues concourrant à l'enrichissement de la pièce, de son rythme, mais également de sa réception. Anne Clément, tout en mettant à l'honneur des personnages historiques occitans et des thématiques 'locales' conquiert le public international par l'universalisme du ton et des messages donnés. Elle ouvre ainsi la voie à une découverte de la culture et du patrimoine occitans, auprès de publics nouveaux.
 

  

Biographie :

Préface de Danielle Jullien in CLEMENT, Anne. L'estrangier.Paris : Solin ; [Arles] : Teatre de la Carriera, 1981. (Cote CIRDOC : T Fra CLE e)
 
TEATRE DE LA CARRIERA. Mort et résurrection de M. Occitania. [S.l.] : 4 Vertats, 1972. (Cote CIRDOC : CBA 341).
 
TEATRE DE LA CARRIERA. L'Écrit des femmes : paroles de femmes des pays d'oc. Paris : Solin, 1981 (Cote CIRDOC : T.LAN TEA e)
 
ALRANQ, Claude. Répertoire du théâtre d'oc contemporain : 1939-1996. Pézenas : Domens, 1997. (Cote CIRDOC : 846 ALR).  
 
Mise en ligne : 13/10/2014
Tipe : Article biografic / Data : 2012

Hercule Birat, né en 1796 dans la ville de Narbonne, fut une figure locale notable des débuts du XIXe siècle. Chansonnier satirique, poète français comme occitan, considéré par certains comme un précurseur des Félibres, il revendique de son vivant son style populaire et provincial (dans le sens de local), pour une oeuvre plurielle, reflétant près d'un demi-siècle de vie narbonnaise.

 

 



Les premières années

 

Hercule Birat naît à Narbonne le 30 juillet 1796, dans une famille de juristes toulousains, installés dans la région depuis la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Sa mère, Hostalot de son nom de jeune fille, est pour sa part une Narbonnaise de souche.

 

Hercule Birat poursuit tout d'abord des études de droit, dans la tradition familiale, à Toulouse et Paris, avant de devenir géomètre puis matelot sur un navire faisant cap vers la Martinique. A la mort de son père en 1820, il rentre en France, se marie l'année suivante et s'installe alors sur un domaine agricole dans la proximité de Homps.

 

 



Le poète

 

Ce n'est donc qu'à l'âge mûr que le Narbonnais entreprend de coucher sur le papier et par la voie des vers ses impressions sur la vie de ses concitoyens. En 1837 paraît sa première publication, La Fête de Notre-Dame-du-Cros.Il a alors passé la quarantaine. Son second ouvrage paraît neuf ans plus tard, en 1846. Intitulé Voeux à Notre-Dame-des-Auzils, il est, par sa thématique, proche du précédent texte de l’auteur.

 

L’installation de celui-ci à Narbonne deux ans plus tard, dans le contexte particulierdes débuts de la IIe République, influencera nettement sa production, qui adopte alors une tonalité plus satirique.

 

 



Le satiriste

 

Hercule Birat, qui loue à l'un des clubs républicains de la ville un local dans sa demeure, est en contact direct avec leurs idées, chaudement exprimées, souvent au détriment de son sommeil.

 

L'auteur puise dans cette situation la veine d'une production satirique visant ses hôtes républicains, mise en musique sur des airs populaires de l'époque. De cette période, nous gardons principalement l'écho de Birat lui-même, qui aurait déclaré avoir été "menacé d'avoir à porter sur ses épaules, à travers la ville, le buste de Marianne" (cf. MECLE, André, Hercule Birat, le Poète de Narbonne. In La Voix Domitienne, n°26-27 de 1997). Cet épisode aurait inspiré La Passion dal paure cansouniè narbounès.

 

 

 



Le rapport à la langue d'oc

 

Birat propose lui-même une poésie provinciale, locale. Il en vient progressivement à écrire autant en occitan qu’en français ;La Passion dal paure cansouniè narbounès est ainsi composée, comme plus tard d'autres de ses pièces, en dialecte narbonnais. Penché sur la prose de ses contemporains des Pays d'oc, il trouve en Jasmin, qu'il découvre à l'occasion d'une lecture de l'auteur à Narbonne, un modèle (cf. à ce sujet la préface de La Passiou dal pauré cansouniè narbounés).

 

La République installée, ses remuants hôtes l’ayant quitté, Birat explore de nouvelles voies d'expression. Il aborde alors le genre de l'épopée burlesque à travers deux textes en occitan :Dialogos entre la mountagno de Minerbo é lou Pic de Noro etLa Naissenço de Jacquès Premie. Birat voit en ces textes le sésame de son entrée à la Commission archéologique et littéraire de Narbonne. Par deux foix éconduit, Birat reprend les couleurs de la satire pour composer en janvier 1857 Les Lamentations du poète narbonnais, bientôt suivies d'une Supplique à Messieurs les membres de la Société archéologique. Effet direct de ses écrits ou heureux hasard, il intègre deux mois après la parution de ce second texte la Commission tant désirée, pour une courte durée toutefois.

 

 



 

Poésies narbonnaises

 

En 1861, les différents textes poétiques d'Hercule Birat sont réunis dans un même ouvrage, augmentés d'entretiens en prose entre l'auteur et un "artistarque", proposant un dialogue sur la qualité de son oeuvre. Les piques plus ou moins dissimulées en direction de ses confrères de la Commision font scandale et le conduisent à la démission.

 

Nonobstant son aspect polémique, cet ouvrage témoigne de la qualité de la plume de Birat, peintre de son époque, de sa région et son histoire. Le poète, féru d'histoire régionale, consulte par ailleurs les principaux écrits historiques réunis à son époque.

 

Ses textes nous renseignent sur la grande comme sur la petite Histoire, nous livrant de nombreux portraits croustillants de ses contemporains, ainsi qu'une perspective différente sur les événements marquant de la vie narbonnaise de l’époque.

 

Attaché à l'histoire et au patrimoine de sa région, Birat se distingue également par ses talents de conteur et de passeur de mémoire. Outre les nombreuses transcriptions de textes et légendes du cru, parfois agrémentéesde sa touche personnelle, il propose de nombreuses créations originales basées sur des textes primitifs, notamment dans le cycle de Saint-Paul dont fait partie le fameux La Gragnotto dé Sant-Paul daté de 1856, repris plus tard par Mistral dans son Mémoires et récits.

 

Bien que moins connu, son Sermon du père Bourras (tiré des Poésies narbonnaises, 5e et 6e entretien, second volume, certainement rédigé aux alentours de 1855) s'inscrit dans la longue lignée de textes reposant sur la tradition populaire qui donnèrent naissance au Curé de Cucugnan. Birat se serait appuyé sur ce bref dialogue: "Pam, pam, pam ! - Que tusto dé bas ? - Lou Pero Bourras – Cal demandats ? - Dé gens de Ginestas – Aïci y gna pas, anats pu bas – Dintrats, dintrats y'n manco pas !" Il semble que l'abbé Bourras, curé de Ginestas, acteur principal du sermon, ait effectivement existé. Originaire d'Espagne, il aurait en fait exercé son ministère non à Ginestas, mais du côté de Luc-sur-Orbieu ou de Marcorignan (À ce sujet, voir L'Inventeur du sermon du Curé de Cucugnan, conférence du Dr P. Albarel, Narbonne, 1927 et les écrits de Gaston Jourdanne).

 

Tristesse du curé face à l'indifférence des fidèles de sa paroisse, différentes étapes menant du Paradis à l'Enfer, et conclusion finale sont similaires dansLe Sermon du père Bourras et les versions successives du Curé de Cucugnan, faisant du texte de Birat le précurseur (il paraît en 1861 dans les Poésies narbonnaises) d'une pièce incontournable du patrimoine littéraire.

 

 

En dépit de ses apports à la littérature populaire et occitane, Henri Birat ne connut de son vivant qu'une aura principalement locale, recevant toutefois une certaine reconnaissance de ses pairs en 1866. Cette année-là, l'Académie des Jeux floraux remet au poète narbonnais un Jeton d'argent. En 1924, il était également honoré lors de la Sainte-Estelle. (cf. L'Inventeur du sermon du Curé de Cucugnan).

 

 

Henri Birat décède le 14 mai 1872 à Narbonne.

 

 

 

 



Pour en savoir plus:

 

Dr. P. ALBAREL, L'Inventeur du sermon du Curé de Cucugnan, conférence, Narbonne, 1927. (Cote CIRDOC : CBB 16)

 

BIRAT, Hercule, La Passiou dal paouré cansouniè narbounés : pot-pouirit démagogico-soucialisto, Narbonne, impr.de Caillard, 1850. (Cote CIRDOC: CBB 420-19).

 

BIRAT, Hercule, Poésies narbonnaises en français et en patois, suivies d'entretiens sur l'histoire, les traditions, les légendes, les moeurs, etc., du pays narbonnais, Narbonne : E. Caillard, 1860  (Cote CIRDOC: CAC 452-1).

 

BIRAT, Hercule, Une nouvelle étoile télescopique : satire dialoguée contre l'auteur des poésies narbonnaises, Narbonne : Caillard, 1867 (Cote: CBB 371-22).  

 

MECLE, André, Hercule Birat, le poète de Narbonne, In La Voix Domitienne n°26-27 de 1997, p. 138-142 (Cote CIRDOC: O2).

 

PELISSIER DE LA PALME, . "La Vérité sur le Curé de Cucugnan" in La Cigalo Narbouneso, n°3, Mars-Avril 1914, p29-46. (Cote CIRDOC: KI3).

Mise en ligne : 25/06/2012
Tipe : Òbra
Pendent la Primièra guèrra mondiala, la premsa en occitan se fa lo resson de la crisi que travèrsa l'ensems de la societat francesa. Aquel periòde es tanben ric en creacion de títols de premsa occitana novèls, mai que mai en causa del besonh de crear de ligam amb l'arrièr, mèna a la creacion de jornals de trencadas et de guèrra.

Pichòt torn de l'evolucion de la premsa en occitan pendent la Primièra guèrra mondiala.

1/ Jornals de trencadas en occitan

Los « jornals de trencadas » representan un tipe de publicacion ligat a l'evolucion de la guèrra de 1914-1918. Apareisson tre que lo front s'estabiliza e que comença la guèrra de trencadas, concebuts pels soldats e pels oficièrs al front. 

St Thomas, 22 juillet 1915, Au repos - Albums Valois. Colleccion Valois (VAL 120), coll. BDIC

Enterrats dins las trencadas, de soldats regidisson, d'un biais manuscrit primièr, puèi jos la forma de pichòtas fuèlhas roneotipadas o estampadas, de jornals destinats a amusar lors camaradas. Jògan un ròtle essencial per lo moral de las tropas : emplenan l'abséncia de novèlas e ajudan, amb umor, a véncer lo lagui emai lo desesper.

Lo primièr, l'Écho de l'Argonne, naís en octòbre de 1914, puèi los jornals de trencadas se multiplican sul front francés : Le Petit Colonial, L'Écho de l'Argonne, Le Poilu et L'Écho des marmites son los primièrs a èsser creats, amb una periodicitat sovent incèrta. Son pasmens recensats mai de 450 títols, sovent tirats a un pichon nombre d'exemplaris, a l'excepcion de qualques uns, coma Le Crapouillot imprimit a mai de 1500 exemplaris e que coneisserà una longevitat excepcionala.

Los jornals editats per las tropas de primièra linha son majoritaris mentre que los jornals de las unitats de seconda linha (artilhièrs e territorials, còrs de tecnicians militars, cavalièrs e blindats) representan pas qu’un tèrç de las publicacions.
Los títols son redigits dins las unitats mens expausadas que l'infantariá de primièra linha. Emanan generalament de soldats qu’an una especialitat (forrièr, balardièrs, telefonistas, vaguemèstres, ciclistas, cosinièrs, etc.). Mantuns jornals de trencadas son estats redigits completament en occitan. La magèr part d'eles son creats per las societats felibrencas constituidas al Front.

>Títols recensats :

Lou Boulet rouge, n°3, 27 d'octobre de 1917 - Fons Jouveau (JOU 19-6), Coll. CIRDÒC

Ecò dóu Bousquetoun. Escolo dóu Boumbardamen. [S.l.] : [s.n.], 1915-1919.
Veire la ficha de presentacion e los numèros disponibles en linha.

Buletin de l'Escolo dóu Boumbardamen
. Escolo dóu Boumbardamen. [S.l.] : [s.n.], 1916.
Veire la ficha de presentacion e los numèros disponibles en linha.


Lou Boulet rouge [dóu Lio-Tenènt Teissier 12e Cie dóu 416e S.P. 198]. [S.l.] : [s.n.], 1917-1919.
Veire la ficha de presentacion e los numèros disponibles en linha.

2/ Jornals e revistas de guèrra en occitan

A la diferéncia dels jornals de trencadas, aqueles títols son elaborats a l’arrièr, e per çò que tòca a l'espaci occitanofòn, fòrça luènh del Front. Pasmens, son d'unes còps en contacte dirècte amb los combatents, siá per la correspondéncia, siá perque lor redactor, coma Peire Azema, per Lou Gal de Montpelhièr, a fach l'experiéncia del combat abans d'esser reformat après una nafradura grèva.

Pòdon tanben èsser un ligam entre los combatents, coma dins lo cas de la Gazeto Loubetenco, ont lo redactor Joseph Loubet, que se definís coma un « grafiè de tóuti », s'encarga de reculhir las nòvas que recep del Front e de las faire circular alprèp de sos lectors-informators.

Çaquelà per capitar a la publicacion calguèt per totes passar l’òsca de las condicions materialas impausadas per la realitat dels combats e la susvelhança aumentada de la censura que portava son atencion sus totes los escambis de correspondéncia amb lo Front.

>Títols recensats :

Aficha publicitària pel jornal Lou Gal, coll. CIRDÒC (Aff. 685)

La Gazeto Loubetenco. [Paris] : [J. Loubet], 1915-1917
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Lou delubre : Santo Ventùri ! [Le Mont de la Victoire] : buletin di felibre de la grando guerro. Aix-en-Provence : [s.n.], 1915-1916.
Veire la ficha de presentacion
 

Lou Gal. Mount-Peliè : [s.n.], 1915-1920
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Lou Secrèt
. Le Cailar (Gard) : [s.n.], 1918-1919.
Veire la ficha de presentacion e los numèros disponibles en linha.
 

L’Escolo de l’Uba-Luen [de l’Extrême-Nord]. [S.l.] : [s.n.], [s.d.].
Aucun exemplaire connu à ce jour, identifié grâce grâce aux informations contenues dans Lou Libre d’or de Santo Estello (p.63) et Noto de guerro de Marius Jouveau.

3/ L'occitan dins la premsa e las revistas francesas

L'occitan es present dins la premsa e las revistas francesas publicadas pendent la primièra guèrra mondiala. Sa traça se pòt trapar dins las publicacions que pareisson sus lo Front e que son nascudas amb la guèrra, mas tanben dins las que pareisson a l’arrièr e que son en màger part de revistas regionalas o regionalistas.

>Títols del Front :

Hurle Obus : Échos des terribles torriaux, organe des tranchées du 12e territorial infanterie. [S.n.] : [s.l.], 1916-1917.
Jornal de trencadas publicat de 1916 a 1917 que conten una cronica redigida totalament en picard. Un poèma de Camille Dupetit, titolat Fausse Alerte seriá estat publicat dins aquela rubrica.
Consultar los numèros disponibles en linha

Poil et Plume, Gazette inoffensive et intermittente: poil des rudes lapins, plume des joyeux coqs du 81me Régiment d'Infanterie. [S.l.] : [s.n.], 1916.
Tre sa parucion al mes de març de 1916, lo jornal met en abans sus la cobèrta de sos tres primièrs numèros “Vivo lou Clapas!” expression contestada e remplaçada apuèi per “Vivo lou Miejour” per satisfaire a las reclamacions de l’ensems dels soldats meridionals. Lo jornal publicava d’articles de tota mena : reclams, rubricas de bons mots que d’unes èran redigits en occitan. Estampat a Cavalhon, son tiratge variava entre 2000 e 3000 exemplaris.

 

La Vie poilusienne : Journal du 142e régiment d’infanterie. [S.l.] : [s.n.], 1916-1917.
Aquel jornal, fondat per Pierre Causse (1883-1951) - felibre montpelhierenc, vinhairon e poèta conegut jol nom de « Caussou de l'Oulivié » o del « felibre de l'Oulivié » – pareguèt pel primièr còp en mai 1916 dins las trencadas a la dreita de la bòria de Beauséjour, imprimit sus 4 paginas, tirat a 1200 exemplaris. La Vie poilusienne, que s'adreiçava al regiment 142, constituit de soldats del Miègjorn, publicava vèrs e pròsa en lenga d'òc. Lo jornal, imprimit a Montpelhièr tre lo numero 6, coneisserà 9 numèros.

L'Écho du boqueteau
Veire la ficha de presentacion e los numèros disponibles en linha

>Títols de l'arrièr :

Le Rayon. Supplément du Poilu Saint-Emilionnais. Bulletin religieux. Bordeaux : [s.n.], 1917-1919.
Fondat per l'abat Daniel Bergey (1881-1950), mobilizat al 18en regiment d'infantariá, aquel jornal imprimit a Bordèu es lo segond suplement al Poilu Saint-Emilionnais. Èra pas solament l'organ del 18e RI mas lo dels combatents de tota una comuna e de lor familha ; lo jornal recebiá de nòvas de tots los Peluts de Sant-Emilion disseminats sul Front. Publica d'articles e de poèmas en lenga d'òc (bearnés) e en basc. Fondat en 1915, lo jornal desapareis en 1919 amb sos suplements.

 

Le Petit Var. Toulon : [s.n.], 1880-1944.
Le Petit Var es un quotidian republican socialista. A l'imatge d'una granda part de la premsa meridionala, pren lo partit dels soldats del 15en còrps contra l'accusacion de coarditge lançada pel senator Gervais. « Nos explicarem mai tard » escriu Le Petit Var lo 26 d'agost de 1914, e respectant sa promessa, publica una campanha per una reparacion morala pendent tot lo mes de julh 1919. Lo jornal publica tanben a una frequéncia irregulara de dessenhs umoristics redigits en occitan, que l'autor demòra encara uèi desconegut.

Revue Méridionale. Carcassonne : [s.n.], 1889-1915.
Fondada a Carcassona per Achille Rouquet en 1886, a l’origina jol nom de Revue de l'Aude, la Revue Méridionale es una revista regionalista que publica los tèxtes dels grans autors del Miègjorn : Achille Mir, Frédéric Mistral, Joseph Roumanille, Gaston Jourdanne, Auguste Fourès. Acòrda una plaça larga a l'occitan e publica tanben d'autors parisencs coneguts coma Mallarmé. En 1915, dins sa 30ena annada, la revista publica lo « Clam de guèrra occitan » de Prosper Estieu, en data del 27 d'agost de 1914. Las annadas de guèrra seràn marcadas per la publicacion de correspondéncias de guèrra, de nòvas del Front e de poèmas patriotics. La revista arrestarà de paréisser en 1916.

Le Feu. Aix-en-Provence : [s.n.], 1905-[1943?]. (NS 1917)
Organ del regionalisme mediterranenc, la revista Le Feu es publicada dos còps per mes a Ais-de-Provença per Émile Sicard e Joseph d'Arbaud. Aprèp una pausa al moment de la declaracion de guèrra, Le Feu torna paréisser dins una novèla seria en genièr de 1917. La revista mòstra son estacament a Mistral, a la renaissança provençala e a la fraternitat dels paises d'Oc, reivendica la renaissança de las províncias e defend la causa regionalista. Emai escriga en magèr part en francés, la revista consacra mantuns articles als autors occitans.

Mise en ligne : 14/10/2014