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/ Data : 2014

Sommaire

1. Un symbole sacré
2. Vocabulaire et expressions en occitan
3. Pour en savoir plus : bibliographie sélective

La coquille Saint-Jacques (pecten maximus de son nom savant, donné par le naturaliste Linné au XVIIIe siècle) est un coquillage de l'Atlantique Nord. En France, c'est sur les littoraux bretons, normands et du Nord-Pas-de-Calais que la production en est la plus importante. Associée au pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle, la coquille est également le symbole du Mont-Saint-Michel, comme en témoignent les nombreuses coquilles figurant sur les parures et vêtements des chevaliers de l'ordre de Saint-Michel dans les représentations du XVe siècle (voir ci-contre). La Méditerranée a aussi sa coquille : le pecten jacobaeus (qui doit justement son nom à saint Jacques), petite sœur de la véritable « grande coquille » . 

1) Un symbole sacré 

Dans l'Antiquité

Dès l'Antiquité, la coquille Saint-Jacques est un symbole de fécondité, qu'on retrouve notamment associé à la déesse Aphrodite (chez les Grecs) ou Vénus (chez les Romains). Aphrodite / Vénus est née de l'écume, selon Hésiode ; le motif de la coquille géante enfantant la déesse apparaît plus tardivement. On le trouve par exemple dans la célèbre fresque, datée du IIIe siècle, de la Maison de Vénus à la coquille à Pompéi (voir ci-dessous).

Copie de la "Vénus anadyomène" de Pompéi / Source : Wikimedia


Un symbole de piété chrétienne

Assez naturellement, la coquille est adoptée par les chrétiens comme symbole de résurrection. Elle constitue un motif d'ornementation très courant des édifices et du mobilier religieux, mais c'est avec l'extraordinaire développement du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle, à partir du XIe siècle, qu'elle devient un emblème religieux majeur de l'Occident chrétien. Pendue à leur cou ou cousue sur leurs vêtements et chapeaux, elle représente un signe distinctif permettant aux pèlerins de Saint-Jacques qui sillonnent la France et l’Espagne de se désaltérer, de se nourrir et de mendier durant leur périple. La coquille devient dès lors un symbole de grande piété. On la retrouve sur les blasons des cités et les armoiries des croisés.  C'est à cette période qu'elle devient « coquille Saint-Jacques ».

Les premières mentions de la coquille comme attribut du pèlerin de Saint-Jacques figurent dans le Codex calixtinus et suggèrent que la tradition remonterait au XIe siècle. L'auteur du sermon du « Veneranda dies » fait de la coquille en forme de mains ouvertes un symbole des bonnes œuvres. Il indique plusieurs noms donnés par les pélerins à ces coquillages que l'on trouve sur le littoral de Saint-Jacques-de-Compostelle : « veras » ou « vieiras », appellation locale encore en usage en galicien aujourd'hui ; « crusillas » en français ; « nidulas » pour les « Provençaux » (terme désignant tous les pèlerins de langue d'oc, pas seulement ceux issus de la Provence moderne). Nous n'avons pas trouvé d'autres occurrences du terme « nidulas » évoqué par l'auteur du sermon.  

2) Vocabulaire et expressions en occitan

Bien qu'absent de la littérature culinaire occitane (il semble normal que la coquille Saint-Jacques, mets de luxe caractéristique des régions de l'Atlantique Nord, ne figure pas dans les écrits gastronomiques anciens), le terme générique idoine serait « cauquilha de Sant Jaume (ou Jacme) ». Mais on relève également des termes spécifiques et historiques, en particulier « pelerina » (ou « pelegrina »), présent notamment dans le Trésor du Félibrige de Frédéric Mistral : « coquillage dont les pèlerins ornent leur pèlerine ». Une étude sur les coquilles Saint-Jacques parue en 1930 (E. PRIOL) suggère qu'on les appellerait dans la région de Port-Vendres des « patcharinas » (publiée dans : Revue des Travaux de l'Institut des Pêches Maritimes (0035-2276) (ISTPM), 1930-06 , Vol. 3 , N. 2 , P. 143-173). Ce terme, inconnu des autres sources lexicographiques, semble cependant erroné. Il est probable que l'auteur est transcrit phonétiquement "pagelina" qui désigne effectivement sur le littoral languedocien et provençal un petit coquillage dont la forme est proche de la coquille Saint-Jacques.

On trouve parfois dans les dictionnaires occitans le terme « arcèli » mais il s'agit d'un autre coquillage, de type palourde : le « lavignon » ou « lavagnon », très courant en Charente-Maritime.

À noter, cette expression relevée dans le Trésor du Félibrige : « A pelerin fau pas vèndre couquiho » (graphie originale de l'auteur, en graphie classique « A pelegrin fau pas vendre cauquilha »).

Coquilles Saint-Jacques dans d'autres langues romanes (source WORMS) :

vieira galicien, petxina de pelegrí, peregrina (catalan), conchiglia di San Giacomo, conchiglia dei pellerini, cappasanta, capa santa (italien)

Qualques cauquilhatges corrents en Occitània mediterranèana : 

- Clausissa o clauvissa : les fameuses « clovisses », très courantes dans la cuisine du littoral provençal et languedocien, spécialité du bassin de Thau (Sète), qui se cuisinent en persillade.

- Los muscles : les moules

- Las tenilhas ou telinas : devenues « tellines » ou « ténilles » en français (en Languedoc, on emploie plutôt « ténilles », d'après le terme occitan original). Le plus petit des coquillages qui vit dans le sable. Il se cuisine traditionnellement en persillade.

- Las ustras : les huîtres 

3) Pour en savoir plus  : bibliographie sélective 

Le vocabulaire occitan des poissons et coquillages

- Un lexique occitan très complet des termes de pêches, des poissons et des coquillages de la région marseillaise (occitan provençal, graphie phonétisante)

L. PILA, Pei e Pesco daou gou de Marsiho ; Marsiho : Louis Pally ; Nice : J. de Fays, 1911. (Consultable sur le site du Ciel d'oc)

- Le Trésor du Félibrige :  contient également de nombreux termes liés à la pêche, aux poissons et aux coquillages

Quelques livres de recettes en occitan 

BERTINO (Andrée) e VALLA (Fredo), 18 menú d'Occitània dediats a 18 grandas fremas de l'estòria occitana, Roccabruna : Chambra d'òc, 2006. (occitan/italien/français/anglais)

-  MONTAGNE (Prosper), Le festin occitan, Villelongue d'Aude : Atelier du Gué, 1980. (contient des textes et du vocabulaire en occitan)

- MONTAGNE (Prosper), Gastronomie méridionale : littérature, art culinaire et recettes,Villelongue-d'Aude : Atelier du Gué, 1999. (contient des textes et du vocabulaire en occitan)

 - REBOUL (Jean-Baptiste), La cuisinière provençale, Marseille, Tacussel, 1985 (contient du vocabulaire et un lexique des termes de cuisine en provençal)

  

 Languedoc

- BRAS (Mireille), Afogassets, o l'art de beure pas tot sol, Carcassona : Institut d'Estudis Occitans Aude, 1996. - DUCONQUERE (Marie-Paule), La cosina occitana del país d'Agde, Picapol : Escòla Occitana d'Estiu, 1987. (occitan/français)  - GUILHEM (Henriette), La cosina a vista de nas, Valence d'Albigeois : Vent Terral, 2000.  - MOULY (Charles), La cuisine de Catinou, Portet-sur-Garonne : Loubatières, 2000. 

- Secrets de cuisine : à la recherche des spécialités culinaires traditionnelles, Gruissan : MJC, 2012. - Còcas e cocons : pâtisseries occitanes : Quercy-Rouergue-Albigeois, Cordas : Association Cordae-La Talvera, 1998. (occitan/français)

 - Liquors e confiments : Liqueurs et confitures occitanes : Quercy-Rouergue-Albigeois, Cordas : Association Cordae-La Talvera, [2000]. (occitan/français)- Sopas e menudalhas : recettes occitanes de soupes et légumes : Quercy, Rouergue, Albigeois, Cordes : Association Cordae-La Talvera, [200?]. (occitan/français) - Carns e salvatgina : recettes occitanes de viandes et de gibier : Quercy, Rouergue, Albigeois, Cordes : Association Cordae-La Talvera, [2003?]. (occitan/français) 

Limousin

- ROSSI-LAGORCE (Régine), Bouligou et farcidure : le cahier d'une gourmande en Limousin, Lamazière-Basse : Maï͏ade, 2004. (occitan/français) - ROSSI-LAGORCE (Régine), Brejauda e clafotis : le nouveau cahier d'une gourmande en Limousin, Lamazière-Basse : Maï͏ade, 2004. (occitan/français) 

Périgord

- VERGE-ALLARD (Gisela), Cosinar dens la cheminea, Puylaurens : IEO ; Ribérac : Novelum ed., 2007.

Gascogne

 - PALAY (Simin), Autour de la table béarnaise : traditions, coutumes, terminologie, proverbes et dictons, Pau : Princi negue : Institut béarnais et gascon, 2004. (contient des textes et du vocabulaire en gascon) 

Vallées occitanes d'Italie

- BERTINO (Andrée) e VALLA (Fredo), Recetari occitan : 50 recetas de las valadas occitanas, Venasca : Ousitanio vivo, 1997. (occitan/italien/français)

Provence

- CHANOT-BULLIER (Calistino), Vieii receto de cousino prouvençalo, Marseille : Tacussel, 1976 (occitan/français) - NAZET (Marion), Misé Lipeto : le calendrier gourmand de la cuisine provençale d'hier et d'aujourd'hui , Marseille : J. Laffitte, 2005 (2 vol.) (français/occitan) 


Mise en ligne : 11/03/2014
Tipe : Practica festiva

Aquesta fèsta se debana cada cinc ans a Sampeyre al còr de las Valadas occitanas d'Itàlia. Lo nom de « Baio » vendriá de l'occitan « abadiá » e remandariá als « abats de joinesa », joves qu'avián per foncion d'organizar las fèstas de la comunautat.

 

 

1/ La practica a l'ora d'ara

Aquesta fèsta carnavalesca se debana cada cinc ans dins la Val Varaita, dins la província de Cuneo, al còr de la Valadas occitanas d'Itàlia. La mai famosa es la de Sampeyre. Lo nom de la fèsta de la Baio vendriá de l'occitan abadiá e remandariá a las tradicions dels abats de joinesa, joves qu'avián tradicionalament per foncion d'organizar las fèstas de la comunautat.

Un ensemble de rites se debana pendent tres jorns al mes de febrièr : los dos dimenges abans lo carnaval e lo Dijòus gras.

Photogr. : Bernard Delort

La Baio es un grand cortègi d'òmes costumats, d'unes en « Maures », d'autres travestits en femnas, d'autres coifats de mitras espectacularas.

Los personatges istorics que compausan lo cortègi son los seguents : l'Abà, il Tesoriere, lo Cavalìe (cavalieri), lo Tambourn majour, l'Arlequin, los Sarazine, la Segnourine (signorine), lo Tambourin (tamburini), lo Sapeur, lo Grec (greci), l'Escarlinìe, l'Espous (sposi), los Segnouri (signori), lo Sounadour (suonatori), lo Uzuart, lo Granatìe, lo Morou (i neri) e lo Turc, lo Viéi e la Viéio (il vecchio e la vecchia), e lo Cantinìe (cantiniere).

Los « Sonadors » son l'element central de la fèsta, que fan dançar tota la jornada e tota la nuèch aprèp que de « sapeurs » aguèsson copat a la pigassa una barrièra de fusta simbolica.

Photogr. : Bernard Delort

Las jornadas començan a l'apèl dels « Tambourins » e contunhan amb de desfilats dins los diferents cantons. La Baio es particularament espectaculara per la qualitat e la diversitat dels costumes que son eiretats de diferentas epòcas de l'istòria de la valada. Se reconeis en particular la garda armada jols traches dels « Ussari », en costume de ussars de l'epòca napoleoniana. Coma tot carnaval en Occitània, lo procès representa lo punt d'òrgue del Dijòus gras.

Aquí, lo còp de teatre de las fèstas de la Baio es immancablament la fugida del tresaurièr amb la caissa plena d'argent. Lo public assistís a sa captura, son procès, sa condemna a mòrt e enfin sa gràcia.

Photogr. : Bernard Delort

2/ Aprendissatge e transmission

Aqueste carnaval permet a totes los estatjants de la valada d'èsser actors de la fèsta. En efècte, emai lo cortègi siaguèsse reservat als òmes que son los sols a se poder mascar jols traches dels personatges ligats a la tradicion istorica locala, la populacion tota participa a l'organizacion e a la preparacion notadament dels costumes.

3/ Istoric

Aqueste carnaval commemòra la victòria dels estatjants de las valadas contra las invasions sarrasinas en Provença e dins los Alps a la fin del sègle X, mai o mens en 975-980. Aquesta ipotèsi es pasmens remesa en question. D'elements de las diferentas epòcas marcantas de l'istòria de la valada son estadas incorporadas coma per exemple los ussars de l'epòca napoleoniana.

Photogr. : Bernard Delort

4/ Salvagarda

Aquesta practica que se renovèla pas qu'un còp cada cinc ans es pas l'objècte d'una proteccion particulara d'un punt de vista patrimonial. Sos rituals son fòrça codificats e pauc de plaça es daissada a l'improvisacion tant d'un punt de vista dels costumes coma dels ròtles dels personatges o del debanament de la fèsta. Aqueste carnaval es pasmens mes en valor per la region del Piemont.

5/ Actors de la practica

Totes los estatjants d'aquesta valada son actors de la Baio de Sampeyre.

Mise en ligne : 13/02/2014
Tipe : Article biografic / Data : 2011

Nicolas Saboly est sans conteste le rédacteur de noëls - cantiques en langue vulgaire célébrant la Nativité - le plus connu aujourd'hui. Réputé au XVIIe siècle pour la saveur de ses textes, il apparaît aujourd'hui comme le principal acteur de la tradition provençale autour de Noël. 

La tradition des chants de noël 

Le genre des noëls, apparu au XIe siècle, rencontra à l'époque un grand succès. Les noëls étaient alors les seuls chants en langue vulgaire autorisés dans les églises, compréhensibles par le plus grand nombre. Pouvant s'inspirer de sujets d'actualité ou des coutumes locales, ils sortent du champ liturgique pour s'imposer en tant que véritables airs populaires. 

Chaque grande ville, chaque région avait dans le courant du XVe et du XVIe siècle son noëlliste attitré qui, chaque année, aux alentours du 25 décembre, publiait ses cantiques. Parmi ces noëllistes, figuraient des membres du corps ecclésiatistique, des organistes mais aussi quelques clercs, souvent compositeurs d'airs populaires. 

Nicolas Saboly, sa vie 

Nicolas Saboly, est pour sa part un noëlliste provençal. Il naît dans le Comtat Venaissin, à Monteux, le 30 janvier 1614 dans une famille de consuls. 

Issu d'une famille d'éleveurs, il grandit au milieu des bergers et des troupeaux de moutons. 

Destiné à l'état ecclésiastique, il entre très tôt au collège de Carpentras chez les jésuites avant d'être nommé à 19 ans recteur de la chapellenie de Sainte-Marie Madeleine, fondée au maître-autel de la cathédrale Saint-Siffrein à Carpentras. 

En 1635 il est appelé au sous-diaconat, diaconat et prêtrise avant d'être nommé maître de chapelle et organiste de la cathédrale Saint-Siffrein de Carpentras. 

La publication des noëls 

C'est à cette date que Nicolas Saboly semble avoir commencé à composer ses noëls, dans un premier temps pour ses intimes, puis publiés plus tardivement.  

Il ne nous reste aujourd'hui aucune trace des manuscrits de Nicolas Saboly mais on sait que ses noëls ont été publiés de son vivant entre 1669 et 1674, chaque année sous la forme de petits fascicules. En tout, un peu plus d'une cinquantaine de noëls lui sont attribués, tous écrits en langue occitane. 

Nicolas Saboly aurait composé très peu de musiques pour accompagner ses noëls. Il était alors de tradition d'écrire les paroles des chants sur des airs populaires empruntés à d'autres compositeurs ou à des airs d'église. Nicolas Saboly a souvent repris des airs à la mode pour accompagner ses compositions. En témoigne son cantique « La Bona Novela » dont la trame musicale s'appuie sur une gavotte de Praetorius devenue ensuite l'air d'une bourrée à deux temps en Berry : « En passant la rivière ». 

Ainsi, seules une dizaine de mélodies auraient été composées par l'auteur pour accompagner ses chants. 

Le contenu des noëls 

Par le biais de ses noëls, Nicolas Saboly déplace la scène de la Nativité en Provence, en lui confiant tous les attributs de la coutume comtadine. 

La plupart de ses cantiques font apparaître des bergers, venant des coteaux du Comtat Venaissin. Ce sont ses propres contemporains qu'il met ainsi en scène reprenant dans ses noëls leur parler, leurs moeurs, leurs habitudes mais aussi leurs légendes et des aspects de leur religion populaire. 

Dans ses poésies d'inspiration populaire, apparaissent régulièrement des éléments d'actualité. Ses sentiments politiques ont même pu apparaître dans certains noëls, notamment son attachement aux "Pévoulins", gens du petit peuple meneurs d'une révolte en Avignon en 1653 contre les "Pessugaux", soutiens de l'administration pontificale. Un des premiers noëls qui lui est attribué, « Nouvé de l'an 1660 après le mariage de Louis XIV », outre son titre, évoque également dans son contenu le mariage du roi et la conclusion du traité des Pyrénées, marquant la fin de la guerre de Trente Ans. Dans l' «Estrange Deluge » publié en 1674, il fait allusion à la terrible inondation d'Avignon survenue la même année. Enfin, dans « La miejo nue sounavo » publiée en 1672, il fait référence à la Guerre de Hollande commencée la même année. 

Enfin, on ne peut pas ignorer l'aspect éminement satirique des textes de Nicolas Saboly, ce dernier dotant souvent ses écrits de traits moqueurs et critiques contres les prêtres, les gens du monde, les nobles et magistrats, les riches et les pauvres. Ainsi un de ses noëls les plus célèbres, « I a proun de gens » (connu aussi sous le titre « La cambo ma fa mal ») aurait été rédigé pour se moquer d'un curé boiteux dans l'entourage proche de l'organiste de Carpentras. 

Le dernier recueil de noëls de Nicolas Saboly sera publié en 1674 mais tous ses cantiques se sont largement répandus dans la culture populaire avant d'être transmis jusqu'à nous aux côtés des noëls de Natalis Cordat (1610-1663) ou encore ceux de N.D. Des Doms.

Pour aller plus loin...

Voir les partitions des noëls de Saboly sur Occitanica.

Voir sur Lo Trobador, toutes les éditions des noëls de Saboly.

Voir sur Lo Trobador tous les ouvrages sur la vie et l'œuvre de Saboly.

Mise en ligne : 13/12/2011
Tipe : Fons documentari

Histoire du fonds

1/ Les Archives de la parole

  Les projets de « panthéons sonores » de personnalités célèbres voient le jour dès la fin du XIXe siècle alors que se développent les techniques d'enregistrements. En 1899, une première institution chargée de constituer des fonds d'archives sonores est créée avec les Phonogrammarchiv de l’Académie autrichienne des sciences (Österreichische Akademie der Wissenschaften) 
En savoir + : voir les fonds occitans du Phonogrammarchiv de Vienne référencés dans le Répertoire du patrimoine culturel occitan 

En France, Alfred Ponge projette vers 1904 la création d'un musée phonographique et réalise ses premiers enregistrements, parmi lesquels celui de Frédéric Mistral, alors lauréat du prix Nobel, récitant quelque vers de son chef-d’œuvre en provençal Mirèio. L'enregistrement de Frédéric Mistral, comme l'ensemble des cylindres d'enregistrement de Ponge, ont malheureusement disparu. Voir l'article consacré à ce sujet dans Occitanica 

Il faut attendre 1911 pour qu'une institution dédiée à la création et la sauvegarde d'archives sonores soit créée en France, à la Sorbonne. Ce sont les "Archives de la parole", dirigées par le grammairien et historien de la langue française Ferdinand Brunot dans le cadre du projet d'Institut de phonétique de l'Université de Paris. Il bénéficie du soutien de l'industriel Émile Pathé qui dote les Archives de la parole d'un corpus d'enregistrements et surtout de matériels nécessaires à la réalisation d'enregistrements sur disque plat.

À l'instar du Phonogrammarchiv de Vienne, que Ferdinand Brunot a visité en 1910, les Archives de la parole vont produire leur propre documentation par des campagnes d'enregistrements sonores en studio et sur le terrain. Trois-cents enregistrements sont réalisés entre 1911 et 1914, répartis entre les différentes sections de l'institution :

I – Interprètes : enregistrements de type normatifs pour l'apprentissage de la diction et de la prononciation correcte du français ;

O – Orateurs : enregistrements de grands orateurs contemporains et voix célèbres ;

L – Langues : enregistrements des langues étrangères et méthodes de langues ;

M – Maladies : enregistrements liées aux pathologies de l'expression et de l'audition ;

D – Dialectes : enregistrement des dialectes du monde, en particulier les langues et dialectes de France

2/ La section D : Enregistrements dialectaux des Archives de la Parole

Ferdinand Brunot, ancien élève du philologue Gaston Paris, puis collaborateur du chartiste médiéviste Léon Clédat, s'intéresse tout particulièrement à la dialectologie, discipline en vogue à la fin du XIXe siècle et qui a donné lieu à la publication du monumental Atlas linguistique de la France de Jules Gilliéron et Edmond Edmont.

Cet atlas a été dirigé par J. Gilliéron à partir d'enquêtes par questionnaire menées sur le terrain par E. Edmont entre 1897 et 1901, couvrant 639 localités du domaine gallo-roman. Prenant l'enquête écrite pour modèle, Ferdinand Brunot envisage un ambitieux chantier d'enquêtes sonores sur douze ans prévoyant 15'000 disques d’enregistrements couvrant 2'500 localités à visiter. De ce projet inabouti « d'Atlas linguistique phonographique de la France », seules trois missions sont menées en 1912-1913 par les Archives de la Parole : juin-juillet 1912 dans les Ardennes franco-belges ; juin 1913 dans le Berry ; août 1913 en Limousin.

Ferdinand Brunot et le dialectologue Charles Bruneau, qui l'accompagne pour la première mission dans les Ardennes, abandonnent rapidement le questionnaire dialectologique classique (traduction de mots ou de phrases) pour « laisser parler » les locuteurs.

Si les trois enquêtes dialectologiques menées par Ferdinand Brunot et conservées dans le fonds des Archives de la parole constituent un corpus d'enregistrements sonores rares et précieux de locuteurs de langues de France à la veille de la Guerre de 1914-1918, elles reflètent cependant les représentations de F. Brunot sur les « patois » objets de son enquête. Ferdinand Brunot, par ailleurs grand admirateur de l'abbé Grégoire qui posa les fondements idéologiques de la nécessaire uniformisation linguistique par « l'anéantissement des patois », s'inscrit aussi dans l'héritage savant des philologues parisiens Gaston Paris et Paul Meyer, qui perçoivent les langues et dialectes parlés dans les régions françaises comme des objets d'étude pour l'histoire de la langue française, traces moribondes d'un état linguistique archaïque. La connaissance sociolinguistique de la France est alors perçue de façon atomisée par l'enquête dialectologique qui survalorise les différenciations locales au détriment de toute perception unitaire des langues et composantes dialectales. De plus, la plupart des travaux dialectologiques n'auront aucun recours aux importants corpus écrits, particulièrement importants pour l’occitan, rejetant la réalité linguistique non-francophone dans la seule oralité populaire, souvent paysanne. Comme son ancien maître Gaston Paris, F. Brunot n'envisage les langues de France que comme des « vieillards qui se meurent » et il s'agit d'en conserver le souvenir face à une mort programmée et imminente, forcément incompatible au progrès. Cette représentation deviendra même littéraire en 1913 pour la seconde mission dans le Berry : désormais l'étude dialectologique a laissé la place à la reconstitution sonore de l'univers fictionnel de Georges Sand.

Pour autant, les enquêtes dialectales de Ferdinand Brunot témoignent paradoxalement d’une France aux langues bien vivantes : « Oscillant entre dialectologie et représentation lettrée, parfois folklorisante, du monde paysan, ces enquêtes n'en constituent pas moins un témoignage sonore exceptionnel car unique sur la société rurale française avant le grand bouleversement de la guerre de 1914-1918. »

Il faut attendre 1939 pour voir se réaliser de nouvelles missions phonographiques institutionnelles, essentiellement axées sur du « folklore musical » ou ethnomusicologie.
Citons la campagne de Roger Dévigne et de la Phonothèque nationale dans l'arrière-pays niçois en 1939 [faire lien vers fiche de fonds dédiée] et la même année la mission en Basse-Bretagne du Musée national des arts et traditions populaires. Le projet d’Atlas phonographique de la France imaginé par F. Brunot ne sera véritablement réalisé qu’à partir des années 1950 dans le cadre de la réalisation des atlas linguistiques régionaux [en savoir + : consulter l’article Corpus “Les enquêtes linguistiques sur l’occitan en France de 1790 à nos jours]

 

Modalités d'entrée :

Aujourd’hui conservées par le Département de l’audiovisuel de la Bibliothèque nationale de France (successeur de la Phonothèque nationale, elle-même héritière des collections des Archives de la Parole et du musée de la Parole et du Geste).

En 1920, le phonéticien Jean Poirot prend la suite de Ferdinand Brunot à la tête des Archives de la Parole. Hubert Pernot lui succède après son décès en 1924. C’est sous la direction de ce dernier que les Archives de la Parole deviennent le « musée de la Parole et du Geste » en 1928.

Accroissement :

Fonds clos.

Description du fonds

Le fonds de l'Enquête phonographique en Limousin est constitué de 72 enregistrements sonores sur 48 disques plats Pathé Saphir de 30 cm de diamètre réalisé par Ferdinand Brunot entre le 22 juillet et le 30 août 1913 en Corrèze dans le cadre des activités des Archives de la Parole (Université de Paris) et d’un projet inabouti d'Atlas linguistique phonographique de la France. Chaque disque est accompagné d'une fiche d'enquête qui documente sur l'identité du locuteur.
Itinéraire de l’Enquête phonographique en Limousin

Fonds complémentaires :

En dehors des enregistrements de l’Enquête phonographique en Limousin, F. Brunot a également produit plusieurs collectage en occitan lors des enregistrements en studio à la Sorbonne : BnF. Département de l’audiovisuel. Sous-fonds : Archives de la Parole. Enregistrements à la Sorbonne :

  • AP-125 ; AP-637
Chansons populaires du Limousin interprétées par Léon Branchet, folkloriste et musicologue.
Disque AP-125 : La calha : bourrée
Disque AP 637 : Margarita
  • AP-102 ; AP-197 ; AP-198 ; AP-199
Disque AP-102 face A : Le loup garrou : récit en parler de Cellefrouin (Limousin) / Abbé Pierre-Jean Rousselot (linguiste)
Disque AP-197 : Conversation (dialecte limousin) / Auguste Paloty et Amable Crouzy, 12 mars 1913
Disque AP-198 : Questionnaire (dialecte limousin) / Auguste Paloty, 12 mars 1913
Disque AP-199 : Questionnaire (dialecte limousin) / Amable Crouzy, 12 mars 1913
  • AP-200
Disque AP-200 : Chansons et poésies populaires en patois d'Auvergne, interprétées par Eugène Lintilhac.
  • AP-203
Conte rouergat (Aveyron), dit par Charles de Pomairols (poète).

L’ensemble des enregistrements en occitan des Archives de la parole, numérisés par la BnF et publiées dans Gallica sont accessibles depuis Occitanica : voir le corpus “Enregistrements sonores en occitan de la collection des Archives de la parole (1911-1914)

 

 

Dates extrêmes : 

1913

Langues représentées dans le fonds :

occitan

Importance matérielle :

48 disques + fiches d’enquêtes

Supports représentés :

Disques (90 t, saphir) 

Pour le consulter :

Identifiant du fonds :

AP 

Instruments de recherche disponibles :

> Répertoire national des bibliothèques et fonds documentaires (RNBFD)
Description générale du fonds des Archives de la parole.
http://ccfr.bnf.fr/portailccfr/jsp/index_view_direct_anonymous.jsp?record=rnbcd_fonds:FONDS:730

> BnF - Archives et manuscrits : inventaire complet du sous-fonds [Enquête phonographique en Limousin] http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ead.html?id=FRBNFEAD000078617

> BnF - Catalogue général : notices des documents constituant l’[Enquête phonographique en Limousin]
http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb413012180/PUBLIC

 

Conditions d'utilisation

Conditions de consultation :

Disques originaux, archives papier et photographiques non communicables (sauf autorisation du Service des documents sonores du Département de l'Audiovisuel).
Originaux numérisés consultables librement en ligne (Gallica)

Conditions de reproduction :

Reproduction (partielle ou intégrale) soumise à autorisation écrite (Département de l'Audiovisuel, Service des documents sonores).
www.bnf.fr

 

Mise en ligne : 05/08/2014
Appartient à :
Corpus des enquêtes linguistiques sur l'occitan en France de 1790 à nos jours = Corpus : Répertoire des fonds de collectages sonores et audiovisuels en occitan

Tipe : Practica festiva / Data : 2015
Si les « marchés de Noël » évoquent plutôt les traditions d’Alsace et des pays germaniques, l’Occitanie n’est cependant pas en reste avec de nombreuses fièiras (foires) qui avaient lieu au temps de Noël.
Partout en Occitanie, les rites familiaux qui accompagnent la célébration de Noël nécessitaient un approvisionnement en produits parfois très particuliers suscitant marchés et foires plus ou moins importants. Il s’agissait en particulier de se procurer les ingrédients et mets pour le repas de la veille de Noël, le gròs sopar (gros souper) en Provence, repas en réalité « maigre » et la merluça (morue) était répandue dans tous les pays d’Oc. En Provence, c’est surtout pour les fameux treize desserts que l’on va s’approvisionner à la foire, dont les nogats (nougats) vendus par les nogatièras (marchandes de nougats). Bref, comme le note Arnold Van Gennep : « en Provence, le gros souper était une affaire importante ».  
Il fallait aussi se procurer les objets et instruments des rites domestiques, complémentaires du rite religieux de la messe de minuit : des chandelles - les « candelas calendalas » (chandelles de Noël) évoquées par Mistral dans le Tresor dóu Felibrige - les santons de la Nativitat (la crèche) et bien sûr les étrennes que l’on offre aux enfants.
Si la Provence a ses marchés de Noël emblématiques qui existent pour certains depuis le XIXe siècle et qui sont très actifs aujourd’hui autour des foires aux santons et des ingrédients nécessaires aux treize desserts, l’ouest occitan a quant à lui ses « foires aux gras », qui se tiennent traditionnellement autour de la  fête de la Saint Martin (11 novembre), la période d’avant Noël étant aussi celle de la tualha du cochon ou des volailles grasses.

Quelques foires de Noël anciennes

La fièra dei santons de Marseille :
La plus ancienne et célèbre foire aux santons est celle de Marseille qui se tenait le premier dimanche de l’Avent. La première s’est tenue en 1803 sur les Allées de Meilhan, puis devant le succès remporté par cette exposition, elle a été déplacée en 1808 sur le cours Belsunce.
Aux étals des marchands de santons se mêlaient des baraques de confiseurs, des étalages de plantes, papiers de couleur et toutes sortes d’accessoires servant à la confection de la crèche familiale.
L’écrivain provençal Joseph Desanat (1796-1873) a donné une longue description de cette foire des santons de Marseille dans son journal Lou Bouil-Abaïsso (n° 47, 17 décembre 1841 : « Marsio. Leis crèchos et leis santouns doou cous » : Marseille. Les crèches et les santons du Cours).

Foire des santons à Marseille d'après un croquis de Ch. Parot, Gravure, La Presse illustrée, 25 décembre 1869« Lou pople marsies de touto counditien
Aimo renouvella seis vieios traditien ;
(...)
Soou que dessus lou Cous dins de barraquo estrecho
Troubara de santoun et de fres roumanieon
Verduro, papié blu, pooussiero d’or, agneou.
Saou que su de gradin à pleno canestrello
Li vendoun de souleou, de ciel eme d’estello
La Viergi, san Joousé, l’establé, l’ai, lou buou,
De mitroun, de paysano eme sies paniés d’uou. »

« Le peuple marseillais de toutes conditions
Aime à renouveler ses vieilles traditions ;
(...)
Il sait que sur le Cours dans des baraques étroites
Il trouvera des santons et du romarin frais
Verdure, papier bleu, poussière d’or, agneaux.
Il sait que sur des gradins à pleines corbeilles
Il se vend des soleils, des ciels avec étoiles
La Vierge, saint Joseph, l’étable, l’âne, le bœuf,
Des mitrons, des paysannes avec leurs paniers d’œufs. »
Actualités de la Foire aux santons de Marseille :
Riez (Alpes-de-Haute-Provence), de la « foire froide » au « marché calendal » :
Ce marché de noël existe encore de nos jours, c’est le « marché calendal » de Riez. La foire de Riez, dite « foire froide » est déjà signalée par Arnold van Gennep dans son Manuel de folklore français ou encore Marcel Provence en 1936 : « Jadis, avant Noël, on allait à Riez, à la foire du 21 décembre, la foire froide, acheter les figues, les dattes, les nougats, les produits nécessaires aux treize desserts de la Noël. » (« le Folklore de Moustiers » dans : Annales des Basses-Alpes : bulletin de la Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes, t. XXVI, 171, 1936. Article consultable en ligne sur Gallica :
« Lo bon diluns » d’Alais (Alès, Gard) :
Grand marché qui avait lieu le lundi avant Noël (cité par F. Mistral, Tresor dóu Félibrige)

« La fièira de las femnas gròssas » de Verfeil (Tarn-et-Garonne)
Verfeil avait sa foire de Noël, que certains appelaient « fièira de las femnas gròssas » : « parce qu'il y avait peu de monde et les grosses femmes pouvaient facilement circuler. »
source : CORDAE-La Talvera : Enquête : Mémoires de Castanet / Informateur Ardourel, Berthe ; Enquêteur Bedel, Christian-Pierre ; Enquêteur Loddo, Daniel.
Mise en ligne : 15/12/2015
Tipe : Practica festiva / Data : 2016
Votre question : Je cherche des informations sur le « rapatanàs », sorte de créature effrayante dont j’entendais parler dans mon enfance, dans la région d’Albi.

Notre réponse :
Parmi tous les êtres fantastiques qui peuplent l’imaginaire populaire en pays occitans, on trouve un grand nombre de créatures maléfiques dont les parents usent pour faire peur aux enfants et leur signifier dangers et interdits. Ces « croque-mitaines » présents dans les imaginaires du monde entier, prennent des formes, des aspects et des appellations différentes selon les langues, les cultures et les régions.

Image d’Épinal (Le véritable Croquemitaine, Maison Pellerin, 1856 ; détail). En ligne sur gallica.bnf.fr, Collection Bibliothèque nationale de France. « Monsieur Croquemitaine emporte deux petits vauriens dans sa prison »

Dans l’espace occitan :

Parmi les êtres maléfiques les plus connus on trouve lo babau, la babarauda, la babaronha, la babòta, la baragonha, lo barban, la bofatina, la cata-ferrada, la faramauca, la garramauda, la granhauda, la marrochina, la mecosa, lo palhassa, la paparaunha, la patatualha, lo pelomàs, lo pelharòt ou encore la romeca.

Dans le Tarn :

Les nombreuses enquêtes menées par le CORDAE-La Talvera sous la direction de Daniel Loddo font du Tarn une région particulièrement bien documentée sur les imaginaires populaires et les éléments du patrimoine culturel immatériel. Sont attestées notamment la cachavièlha, la garramacha, la bèstia ramacha, la pantaramacha, lo badaluc, la catamiauna, la tataraunha, la cata ramagèla.
Dans le registre des peurs enfantines on retrouve aussi fréquemment des personnages de fées, fadarèlas ou fachilièiras, et les créatures sauvages, la salvatja, la salimonda ou la saurimonda.

Nous n’avons pas trouvé dans la documentation le personnage du « rapatanàs » mais on peut penser qu’il s’agit d’une variante du fameux rapaton, petit diable ou « diable de 2e classe » (Charles Mouly, voir bibliographie ci-dessous). En occitan, le suffixe -às, très courant, est employé comme augmentatif. Le rapatonàs (se prononce « rapatounas ») désigne donc une sorte de gros diable.

Le « rapaton » est l’emblème du festival des « Rapatonadas » (IEO 15). Affiche de l’édition 2015


Le rapaton quant à lui, plus espiègle que véritablement maléfique, a donné son nom au festival des contes et de l’oralité du Cantal, les « Rapatonadas », organisé chaque année par l’Institut d’Etudes occitanes du Cantal.

Pour en savoir plus, quelques conseils de lecture :

- LODDO, Daniel, PELEN, Jean-Noël, Êtres fantastiques des régions de France : actes du colloque de Gaillac, 5, 6, 7 décembre 1997, L'Harmattan, 2001.

- Les croquemitaines : faire peur et éduquer, Centre alpin et rhodanien d'ethnologie, 1998.

- Êtres fantastiques dans les Alpes : recueil d'études et de documents en mémoire de Charles Joisten (1936-1981), Centre alpin et rhodanien d'ethnologie, 1992.

- PINIES, Jean-Pierre, Croyances populaires des pays d'Oc, Rivages, 1984.

Enquêtes ethnographiques du CORDAE-La Talvera :

- LODDO, Daniel, Gents del país gresinhòl : canton de Castelnau-de-Montmiral (Tarn), CORDAE/La Talvera, 2010.

- LODDO, Daniel, Legendas d'Occitània : Albigeois, Montagne Noire, Quercy, Rouergue, CORDAE-La Talvera, 2005.

- LODDO, Daniel, Gents del Segalar : cantons de Carmaux, Monestiès, Pampelonne, Valdériès, Valence : Tarn, C.O.R.D.A.E./La Talvera, 2002.

Consulter le catalogue du centre de documentation du CORDAE-La Talvera : Site CORDAE/La Talvera


Contes avec le personnage de Rapaton :

- MOULY, Charles, « La légende du pont Valentré de Cahors en Quercy », dans : Mon sabot de verre : Contes et légendes des Pays d’Oc, éditions du Raffut, 2008.

- PERBOSC, Antonin, « Polichinelle et Rapatou », dans Contes de Gascogne, éditions Erasme, 1954.
Mise en ligne : 26/01/2016
Tipe : Practica festiva / Data : 2016-04-22
Vòstra question : Desiri obténer d'estatisticas sus la produccion editoriala en lenga occitana.

Nòstra responsa :
A la diferéncia d’una produccion nacionala que se pòt evaluar a partir d’estatisticas oficialas qu’espleitan de donadas reglamentàrias (depaus legal, declaracions obligatòrias, ISBN, etc.) amassadas dins de fichièrs oficials e contrarotlats, la produccion d’expression occitana, que se definís pas per un país o una region administrativa unica de produccion mas per la lenga de publicacion, a pas de fichièr d’informacion especific : es comptabilizada al dintre de las produccions nacionalas dels diferents paises, e regionalas dels diferentas regions, ont editors e productors publican de produccions en lenga occitana.

Cossí evaluam la produccion d’expression occitana ?
Lo CIRDÒC, dins lo quadre de sas missions de bibliotèca publica de referéncia e pòl associat de la Bibliotèca nacionala de França, aquerís la produccion d’expression occitana tota (libres, CD, DVD, particions, revistas, etc.) que pareis en França mas tanben dins los autres paises. Las basas de donadas d’informacion documentària del CIRDÒC permetan d'aver doncas una evaluacion de la produccion editoriala occitana contemporanèa. Se l'exaustivitat es malaisida d'aténher, de comparasons son estadas fachas amb diferentas basas de donadas documentàrias, e apareis que raras son las produccions d’expression occitana actualas que son pas dins las colleccions del CIRDÒC. Aquestas chifras que seguisson constituïsson pas una estatistica oficiala, donan pasmens un imatge global de l’estat de la produccion occitana actuala.

Periòde pres en compte per l’establiment de las donadas :
Las donadas aicí dejós son estadas produsidas sus de mejanas annalas sus un periòde de 15 annadas que va de 2000 cap a 2014 (punt 1.)
Pels títols de jornals, revistas e publicacions periodicas, las donadas concernisson las annadas 2002 e 2015.

1. Nombre de produches d’expression occitana editats en mejana cada annada :

(totes supòrts : libres, K7 o CD, VHS o DVD, particions, CD-Rom e docs multimèdias, etc. a l’excepcion dels jornals e revistas)
233 produccions d’expression occitana son referenciadas en mejana cada annada dins las basas del CIRDÒC. Sul periòde de 2000 cap a 2014, se tròba pas d’evolucion màger, las donadas son relativament establas contràriament al nombre de publicacions periodicas (de veire punt 2.)

Reparticion de las produccions per tipe (mejana annala 2000-2014) :

- Libres : 166 ;
- Supòrts sonòrs : 58 (CD en majoritat) ;
- Supòrts vidèos : 8 (DVD en majoritat).

Reparticions de las publicacions per genre :

(Totes supòrts confonduts)
- Òbras de literatura e de ficcion : 51 % ;
- Ensages, òbras scientificas e documentàrias : 30 % ;
- Òbras musicalas : 19 %.

Reparticion de las òbras de literatura e de ficcion per genre :

- Romans e novèlas : 35 % ;
- Poesia : 30 % ;
- Contes e faulas : 25 % ;
- Teatre : 6 % ;
- Umor : 3 % ;
- Autres (bendas dessenhadas e filmes de ficcion) : 1 % .

Reparticion dels ensages e documentaris per domenis :

- Lenga e linguistica : 34 % ;
- Estudis e istòria literaris : 32 % ;
- Sciéncias umanas e socialas, istòria, ensages politics, etc. : 18 % ;
- Autres domenis (sciéncias, tecnicas, arts, lésers) : 16 %.

Reparticion de la òbras musicalas e sonòras per genre :

- Musicas actualas : 41 % ;
- Musicas tradicionalas e regionalas : 41 % ;
- Musicas ancianas e sabentas : 11 % ;
Autres genres (tèxtes legits, collectatges e memòria sonòra, etc. : 7 %.

2. Nombre de jornals, revistas e publicacions periodicas d’expression occitana (comparatiu 2002-2015) :

En 2002, lo CIRDÒC aviá identificat 89 títols vius de publicacions periodicas d’expression occitana (revistas, jornals, almanacs, bulletin d’informacion, etc). N’i auriá pas pus que 50 en 2015, çò qu’indica una baissa importanta de las parucions periodicas imprimidas dins lo corrent del decenni, explicabla per una part pel movement general de diminucion dels periodics imprimits al profièch de sites e publicacions numericas.
Mise en ligne : 22/04/2016
Tipe : Trobador / Data : 2016-04-26

Votre question : Quelle est la signification du mot « Paratge » ?

Notre réponse :

Le terme d'ancien occitan « paratge » est relativement fréquent dans la poésie des troubadours où il revêt tour à tour le sens premier de « noblesse de sang » et le sens plus original de « noblesse de cœur » ou « de mérite ». Il est surtout connu par son emploi dans la Canso de la Crozada (ou « Chanson de la Croisade contre les Albigeois », XIIIe siècle), dont il représente la valeur centrale et qui continue de fasciner de nombreux auteurs contemporains pour son sens « patriotique ». La redécouverte du texte de la Canso au XIXe siècle – dans le contexte de l'éveil des nationalités en Europe et des premiers mouvements renaissantistes occitans – et surtout dans la seconde moitié du XXe siècle, a rendu le terme paratge très courant dans les discours occitanistes et chez les écrivains et artistes d'expression occitane.

Fol. 231 du manuscrit de la<i> Canso de la crosada</i>. Ce manuscrit contient un nombre très important d'occurences du mot « Paratge ». Bibliothèque nationale de France, manuscrit Français 25425

Le terme est réputé « intraduisible »1. Il donne lieu à des interprétations qui en ont fait évoluer le sens2. Paratge n'aurait donc pas d'équivalent dans d'autres langues : soit parce que le concept incarne les valeurs spécifiques à la civilisation occitane du Moyen Âge (définition idéologique), soit parce qu'il s'agit d'une invention littéraire liée à une œuvre en particulier (définition historique).

Si le terme échappe à une définition claire – ou du moins unique – c'est qu'il connaît une évolution dans son emploi. En partant des sources littéraires, le terme occitan est, à l'origine, assez proche du français « parage »3 avec lequel il partage l'étymologie latine par- (= pair, égal). Mais son emploi littéraire par les troubadours occitans fait évoluer le paratge occitan de façon originale : de qualité de naissance, le terme évolue dans sa signification pour désigner une vertu morale, celle de « noblesse d'âme » pourrait-on dire.
Enfin, une œuvre particulière – tardive sur le plan de la littérature courtoise occitane et à bien des égards exceptionnelle dans l'histoire de la littérature occitane du Moyen Âge –, la Canso de la Crozada (deuxième partie du texte, dite de l'Anonyme ou du Continuateur) utilise le terme paratge à une fréquence extraordinaire dans le poème. S'il désigne la qualité morale essentiellement attachée au jeune comte de Toulouse, paratge est également utilisé comme allégorie de la ville et de ses habitants, voire en valeur universelle. De façon surprenante, le poème du XIIIe siècle revêt une connotation patriotique pour ses lecteurs du XIXe et XXe siècle. Dans la Canso, le comte de Toulouse, son allié le roi d'Aragon, la chevalerie languedocienne en général, puis la population tout entière semblent se battre pour paratge érigé en valeur suprême et partagée.
Plus qu'un concept moral qu'il serait difficile de définir tant son emploi varie dans le poème, le terme devient davantage une forme « d'étendard ». La redécouverte et les interprétations patriotiques, voire identitaires, du poème de la Canso eurent une grande influence sur l'ensemble des mouvements de renaissance culturelle ou de revendication occitans (Félibrige, occitanisme d'après-guerre ou contemporain). Il est aujourd'hui courant dans le discours des promoteurs de la langue occitane au même titre que convivencia ou larguesa qui connaissent toutefois des origines et des significations distinctes mais font écho aux thèmes de vivre-ensemble, de laïcité, de tolérance.

1/ Définitions et interprétations de « paratge »

1-1/ Définitions historiques

  • François-Just-Marie RAYNOUARD, Lexique roman : ou dictionnaire de la langue des troubadours..., à Paris, chez Silvestre, tome quatrième, 1842 :
    « PARATGE, s. m., parage, extraction, rang, qualité. »

  • Paul FABRE, Petit dictionnaire de la littérature occitane du Moyen-Age : auteurs, œuvres, lexique, Montpellier, Centre d'études occitanes, 2006, Lo Gat Ros :
    « En ancien occitan, ce mot signifie 'noblesse, haute naissance' ; il désigne aussi l'ensemble des nobles. Dans la langue des troubadours, il a pris également le sens de 'noblesse de cœur' ».

  • Charles ROSTAING, « Le vocabulaire courtois dans la deuxième partie de la « Chanson de la Croisade des Albigeois », dans Mélanges de linguistique, de philologie et de littérature offerts à Monsieur Albert Henry, Strasbourg, 1970 :
    « Le sens de paratge est donc très clair : de l'idée de 'famille noble' on est passé à celle de 'noblesse', d'abord la noblesse de la naissance, puis celle de l'esprit ou de l'âme : c'est dans cette dernière acception que le mot est pris dans la Chanson. »

  • Linda PATERSON, Le Monde des troubadours : la société médiévale occitane de 1100 à 1300, Montpellier, Les presses du Languedoc, 1999 :
    « Paratge constitue évidemment l'éthique dominante du poème, et il y a fort peu d'exemple d'ailleurs que le concept de chevalerie transcende son aspect purement fonctionnel et militaire ; au contraire, ici la chevalerie semble prendre une valeur éthique. La meilleure définition de Paratge est peut-être ici le droit à son propre héritage : un droit qui n'est pas seulement celui d'un lignage noble, mais aussi de toute une société. L'éthique consiste à lutter pour ses droits propres et ceux de ses alliés, une différence notable avec l'éthique du vasselage dans les sources françaises de Flori. »

  • Robert LAFONT, La geste de Roland, tome 2 : Espaces, textes, pouvoirs, Paris, l'Harmattan, 1991 :
    « Étymologiquement paratge est formé sur par 'égal'. Il marque l'entente d'hommes qui se reconnaissent égaux entre eux. Le terme est d'origine aristocratique : il est apparu entre personnes 'de haut parage'. Il désigne la noblesse de sang et par suite d'âme. Mais il n'est pas généralement une qualité morale spécifique qui envahit la société, l'organise, lui donne un sens. Ce qu'il devient dans la seconde partie de la Chanson de la Croisade. »

  • Robert LAFONT, Prémices de l'Europe, Arles, Sulliver, 2007, Coll. Archéologie de la modernité :
    « C'est donc une valeur d'abord aristocratique, mais si elle signifie une égalité de rang en une classe, c'est dans la mesure où l'âme mérite la naissance. On reconnaît là l'idéal de la chevalerie dans sa pureté conquise, accessible à tout homme qui consacre sa vie à le servir. »

  • Miquèla STENTA, Larguesa : un art du don dans l'Occitanie médiévale, Montpellier, CRDP de l'Académie de Montpellier, 2011.
    « Paratge, c'est la noblesse de rang et d'esprit qui, dans ce cas, n'exclut pas la reconnaissance par le mérite, comme pairs, d'hommes d'origine humble. »

  • Miquèla STENTA, Les valeurs de la société de Cortesia : en pays d'Oc aux XIIe et XIIIe siècles, Meuzac, lo Chamin de Sent-Jaume, 2011. (à propos du concept de paratge dans le poème de la Canso)
    « Si paratge est cette noblesse de cœur, il est aussi un sentiment patriotique-national. (…) On se bat pour le défendre ou le rétablir ; il représente toute une civilisation. Il faut sauver paratge comme une patrie. »

  • Eliza MIRUNA GHIL, L’Âge de Parage : essai sur le poétique et le politique en Occitanie au XIIIe siècle, New York-Bern-Frankfurt am Main-Paris, Peter Lang, 1989.
    « Le terme de 'paratge' appartient à l'origine au vocabulaire du droit vassalique et nomme l'institution féodale qui règle l'héritage et le morcellement des fiefs. Il s'emploie, par exemple, pour préciser les obligations du fils aîné dans la famille noble à l'égard de son seigneur et de ses frères cadets. Dans la poésie courtoise le terme prend des connotations plus générales de valeur personnelle – par exemple, lorsqu'il est employé pour décrire la dame aimée dans la canso d'amour, qui est alors 'de gran paratge', 'd'aut paratge' ou lorsqu'il est employé par référence au sujet lyrique, dans le cas d'une trobairitz ('mos paratges', dit la comtesse de Dia). Il peut s'appliquer aussi, dans le sirventes, aux membres de la société courtoise qui partagent les valeurs morales chères aux troubadours et qui reçoivent l'appellation de 'om de paratge'.  Cette qualité n'est pourtant pas considérée comme essentielle, car c'est la noblesse de cœur (surtout amoureux) qui fait la valeur de l'individu et non pas celle de naissance. La fin'amor promeut ainsi, aux yeux d'une société différenciée hiérarchiquement, la possibilité morale d'une 'méritocratie'. »

1-2/ Définitions idéologiques

Qu'elles soient réellement fantasmées par les auteurs ou pensées dans l'idée légitime de bâtir une culture occitane contemporaine à partir de son héritage littéraire, les définitions que nous appelons par commodité « idéologiques » - sans jugement de valeur - affirment l'existence du concept de « paratge » au sein d'une partie de la société contemporaine, le terme fonctionnant comme un lieu de mémoire. Le terme est à ce titre fréquent dans la création artistique (littéraire, musicale, etc.). Parmi cette production idéologique, on peut signaler le texte célèbre de la philosophe Simone Weil : « L'agonie d'une civilisation vue à travers un poème épique » publiée en 19434.

  • Émile NOVIS (pseudonyme de Simone WEIL), « L'agonie d'une civilisation », dans Le Génie d'oc et l'homme méditerranéen : études et poèmes, les Cahiers du Sud, 1943 :
    « Le poète de Toulouse [l'auteur anonyme de la deuxième partie de la Canso] sent très vivement la valeur spirituelle de la civilisation attaquée ; il l'évoque continuellement ; mais il semble impuissant à l'exprimer, et emploie toujours les mêmes mots, Prix et Parage, parfois Parage et Merci. Ces mots, sans équivalents aujourd'hui, désignent des valeurs chevaleresques. Et pourtant, c'est une cité, c'est Toulouse qui vit dans le poème, et elle y palpite tout entière, sans aucune distinction de classes. Le comte ne fait rien sans consulter toute la cité, 'li cavalier el borgez e la cuminaltatz', et il ne lui donne pas d'ordres, il lui demande son appui ; cet appui, tous l'accordent, artisans, marchands, chevaliers, avec le même dévouement joyeux et complet. C'est un membre du Capitole qui harangue devant Muret l'armée opposée aux croisés ; et ce que ces artisans, ces marchands, ces citoyens d'une ville – on ne saurait leur appliquer le terme de bourgeois – voulaient sauver au prix de leur vie, c'était Joie et parage, c'était une civilisation chevaleresque. »

  • Fernand Niel, Albigeois et cathares, Paris, Presses universitaires de France, 1955, Que sais-je ?
    « Paratge (signifie) honneur, droiture, égalité, négation du droit du plus fort, respect de la personne humaine pour soi et pour les autres. Le paratge s'applique dans tous les domaines, politique, religieux, sentimental. Il ne s'adresse pas seulement à une nation ou à une catégorie sociale, mais à tous les hommes, quelles que soient leur condition et leurs idées. »

  • Paul OURLIAC, « Réalité ou imaginaire : la féodalité toulousaine », dans Religion, société et politique : mélanges en l'honneur de Jacques Ethel, Paris, Presses universitaires de France, 1983 :
    « L'unité du Languedoc existe par sa langue mais plus encore dans cette communauté d'idéal qu'exprime le « Paratge » : un idéal qui est fait de loyauté, d'équité, de fidélité, de respect du droit, tout ce qui oppose le Midi aux chevaliers croisés. »

1-3/ Sur l'importance de paratge dans la Canso de la Crozada

  • Yves DOSSAT, « La croisade vue par les chroniqueurs », dans Paix de Dieu et Guerre sainte en Languedoc au XIIIe siècle, Toulouse, Privat, Cahiers de Fanjeaux, n° 4, 1969.
    « L'auteur de la seconde partie de la Chanson est un adversaire résolu de la croisade et pour tout dire un partisan. Bien qu'il ne l'exprime pas ouvertement, il n'est certainement pas loin d'admettre que les croisés sont des suppôts de Satan. Pour traduire sa pensée, le continuateur introduit dans la Chanson des allégories qui représentent les qualités et les vertus des uns, les vices et les tares des autres.
    D'un côté se trouvent Paratge, la noblesse d'âme, le sentiment de l'honneur, les vertus d'un cœur généreux, inséparable de Pretz, le mérite personnel, qu'accompagnent le bon droit, Dreitz, la justice de la cause, Dreitura, la loyauté, Lialtatz. De l'autre l'orgueil, Orgolhs, l'esprit de démesure, Desmesura, la fourberie, Engans, la mauvaise foi, Falhimens. »

  • Philippe MARTEL, Les cathares et l'histoire : le drame cathare devant ses historiens : 1820-1992, Toulouse, Privat, 2002, coll. Catharisme.
    « En face [de l'Historia albigensis de Pierre des Vaux-de-Cenay], il y a la Chanson de la croisade, tout aussi engagée, surtout dans sa seconde partie, rédigée en occitan vers 1228 et qui est en fait un appel aux sujets du comte de Toulouse, au moment du dernier grand choc avec les croisés de Louis VIII. Ici encore, il serait vain d'attendre de notre auteur trop de nuances : les croisés sont des imposteurs et des usurpateurs, à l'ambition démesurée. Les seigneurs occitans, et notamment le jeune comte Raimond VII, représentent les valeurs courtoises – l'intraduisible Paratge par exemple – valeurs proposées à toute une population en guide d'idéologie « nationale » : l'état des liens féodo-vassaliques en pays d'oc ne permettant pas au poète-popagandiste de jouer uniquement de cette corde ('Nous suivons le comte parce qu'il est notre seigneur'), il faut compléter : 'Nous le suivons parce qu'il respecte les usages et valeurs du pays, et que ceux d'en face ne les suivent pas.' »

2/ Occurrences et emplois du terme

La Concordance de l'Occitan médiéval5 permet d'effectuer des recherches lexicales dans l'ensemble du corpus des textes littéraires en ancien occitan (corpus des Troubadours, corpus des textes narratifs en vers). La COM relève plus de 200 occurrences du terme paratge dans le corpus littéraire en ancien occitan (par comparaison « prètz » a plus de 2'300 occurrences sur le même corpus, larguesa ou dreitura, une centaine). À noter que le terme paratge apparaît 48 fois dans la seule Canso de la Crozada.

Assez fréquent chez le troubadours sans représenter pour autant une valeur centrale, l'expression « de (bon) paratge » désigne la qualité de naissance de la dame noble du poème au même titre que « de bon aire » ou « de bon linhatge ». Il s'applique de même pour qualifier la noblesse d'un chevalier, et par extension, la famille noble, la noblesse. Il prend également chez certains troubadours le sens de noblesse de cœur et de mérite. Il est surtout le concept essentiel de la Canso de la Crozada ou il peut désigner le comte de Toulouse et ses alliés, être une allégorie de la ville de Toulouse, résumer l'ensemble des valeurs morales positives à défendre et « à restaurer » face aux croisés.

Comtesse de Dia
Valer mi deu mos prètz e mos paratges
E ma beutatz, e plus mos fis coratges
« Mon mérite, ma haute naissance, ma beauté et plus encore mon cœur fidèle doivent me faire valoir. »

Girard de Roussillon
N'a baron chevaler de nul parage
N'i aie perdut home de son lignage
« Il n'y a pas de noble chevalier d'aucune famille qui n'ait perdu [dans la bataille] homme de sa parenté »

Guiraut de Bornelh 
Mot era dous e plazens
lo temps gay cant fon eslitz
paraties, et establitz ;
que.ls drechuriers conoissens
lials, francx, de ric coraties
plazens, larcx, de bona fe
vertadiers, de gran merce
establi hom de paratie
per cui fo servir trobatz
cortz e domneis e donars
amors et totz benestars
d'onor e gran drechura
« Il était doux et plaisant le temps joyeux où la noblesse fut choisie et créée ; car paratge fut conféré à ceux qui étaient justes et sages, loyaux, francs, au cœur noble, plaisants, généreux, de bonne foi, sincères, compatissants. C'est grâce à de tels hommes qu'on été inventés le service courtois, le domnei, la largesse, l'amour et toutes les coutumes agréables, selon l'honneur et le droit. »

Dans l'Ensenhamen d'Arnaut de Mareuil
Li borzes eissamens
An pretz diversamens ;
Li un son de paratge
E fan faitz d'agradatge
« Les bourgeois, de même, ont du prix diversement, les uns sont de grande famille, et agissent de manière agréable. »

La Vida de Peire Cardenal
Peire Cardinal si fo de Veillac, de la siutat del Puei Nostra Domna ; e fo d'onradas gens de paratge, e fo filz de cavallier e de domna...
« Pierre Cardenal était du Velay, de la cité du Puy-Notre-Dame ; il était d'une honorable famille de la noblesse, fils d'un chevalier et d'une dame... »

Canso de la Crozada : discours par lequel le troubadour Gui de Cavalhon accueille le jeune comte de Toulouse sur le chemin d'Avignon (laisse 154, vv.6-17)
Mons Guis de Cavalhon desobr'un caval ros
A dig al comte jove : « Òimais es la sasos
Que a grands òbs Paratges que siatz mals e bos, Car lo coms de Montfòrt que destrui los baros
E la Glèisa de Roma e la predicacios
Fa estar tot Paratge aunit e vergonhós,
Qu'enaissí es Paratges tornats de sus en jos
Que si per vos no.s lèva per tostemps es rescos.
E si Prèsts e Paratges no.s restaura per vos,
Doncs es lo mòrts Paratges e tots lo mons en vos,
E pòs de tot Paratge ètz vera sospeiços,
O tots Paratges mòria o vos que siats pros ! »
« Messire Gui de Cavalhon, monté sur un cheval roux, / a dit au comte jeune : « Voici le moment / où Paratge a besoin que vous soyez belliqueux et brave, / car le comte de Montfort qui détruit les barons / et l'Eglise de Rome et ses prédicateurs / couvrent Paratge de honte et d'ignominie / au point que Paratge est tellement tombé à la renverse / que s'il ne se redresse pas grâce à vous, il disparaîtra pour toujours. / Et si vous ne restaurez pas Mérite et Paratge / alors, par votre faute, sont morts Paratge et tout l'univers ; / et puisque de tout Paratge vous êtes la véritable espérance, / il faut que tout Paratge meure ou que vous soyez vaillant »

 

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Notes : 

1. Philippe MARTEL, Les cathares et l'histoire : le drame cathare devant ses historiens : 1820­-1992, Toulouse, Privat, 2002, coll. Catharisme.

2. Sur l'évolution de l'interprétation de la Canso de la Crozada au XIXe et au XXe siècle, voir Philippe MARTEL, op. cit. : « Pour Mary­-Lafon et Peyrat, les valeurs de la civilisation occitane médiévale existaient d'abord par leur caractère démocratique et progressiste : elles annonçaient celles qui triomphent en France après la Révolution. Chez nos auteurs du XXe, ce caractère démocratique est second. Joi et Paratge définissent une éthique abstraite, pas un comportement social. Et surtout, ces valeurs sont immanentes, ancrées presque biologiquement dans l'homme d'oc, et échappent donc à l'histoire. »

3. « Qualité, extraction, haute naissance. » (TLFI) ; la parage est également un concept de droit féodal réglant les partages entre aînés et puînés.

4. « La civilisation qui constitue le sujet du poème n'a pas laissé d'autres traces que ce poème même, quelques chants de troubadours, de rares textes concernant les cathares, et quelques merveilleuses églises. Le reste a disparu ; nous pouvons seulement tenter de deviner ce que fut cette civilisation que les armes ont tuées, dont les armes ont détruit les œuvres. Avec si peu de données, on ne peut espérer qu'en retrouver l'esprit ; c'est pourquoi, si le poème en donne un tableau embelli, il n'en est pas par là un moins bon guide ; car c'est l'esprit même d'une civilisation qui s'exprime dans les tableaux qu'en donnent ses poètes. (...) Chaque civilisation, comme chaque homme, a la totalité des notions morales à sa disposition, et choisit. (...) Si l'intolérance l'emporta, c'est seulement parce que les épées de ceux qui avaient choisi l'intolérance furent victorieuses (...) L’Europe n'a plus jamais retrouvé au même degré la liberté spirituelle perdue par l'effet de cette guerre. »

5. Peter T. RICKETTS (éd.), Concordance de l'Occitan médiéval : Les troubadours. Les textes narratifs en vers [CD ROM], Brepols.



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Mise en ligne : 26/04/2016
Tipe : Ressorsa ensenhament / Data : 2018
Entre BD de talha XXL, jòc vidèo e murder party, Qui a matat Francés Canat ? es una enquèsta interactiva imaginada per l’Atelier In8.


Dins aquesta version integralament en occitan coprodusida pel CIRDÒC, cabussatz dins l’univèrs del polar mercés a la realitat aumentada. Lo dispositiu, basat sus la reconeissença d'imatge, es compausat de 7 panèls autoportants amb que lo jogaire interagís mercés a una aplicacion. Pòt èsser manlevat al CIRDÒC - Institut occitan de cultura o aquesit alprèp de l'editor In8.

Qui a matat Francés Canat ? propausa atal una mesa en practica ludica de la compreneson orala de l'occitan dins sas variantas divèrsas (gascon, lengadocian, lemosin e provençal son representats).

Per anar al delà del jòc, la Maleta met a vòstra disposicion de ressorsas complementàrias :

1. Lo fascicul Autopsia del polar

Un livret de 40 pages en occitan pour tout savoir sur le roman policier



2. Qui a matat Francés Canat ? Lo verbal

  • Transcripcion integrala (fichièr pdf)
  • Dialògs per telecargar (fichièrs son)



Crèdits

 
Qui a matat Francés Canat ? es una coproduccion CIRDÒC/Atelier In8 sus un concèpte original de l'Atelier In8  (Qui a refroidi Lemaure ?).
Adaptacion : Danís Chapduèlh / Institut occitan d'Aquitània sus Qui a matat Francés Canat ; Yan Lespoux & Cecila Chapduèlh sus Autopsia del polar.
Comedians votz : Danís Chapduèlh, Carolina Dufau, Ives Durand.
Mise en ligne : 05/02/2018
Tipe : Comuna / Data : 2017

En 2012, le retrait de la présidente Cristina Kirchner pour raisons médicales, conduisait le vice-président Amado Boudou aux plus hautes fonctions de l'État argentin. Comme son patronyme le laisse supposer, l'homonyme du célèbre auteur occitan Jean Boudou possède bien des racines aveyronnaises. Il est l’un des descendants des colons de Pigüé, ville fondée par des migrants aveyronnais en 1884. 

L’identité pigüense, aujourd'hui argentine mais encore fortement matinée de culture aveyronnaise (expressions et toponymie occitane, gastronomie, culture, etc.) nous rappelle que l’Occitanie fut autant terre d’immigration que d’émigration au cours de son histoire. De ces migrations d’occitanes demeure une diaspora qui conserve une part de son occitanité, ici en Argentine ou là en Calabre. 

L'Eldorado argentin

Au XIXe siècle, les problèmes que connaît la viticulture aveyronnaise conduit de nombreux habitants à rechercher des cieux plus cléments en France, en Europe ou à l'étranger. L'Argentine et ses grands espaces constituent une terre d'élection pour les migrants, dont l'installation est d'ailleurs favorisée par le tout jeune État.

Ancien militaire français ayant participé à des campagnes en Argentine, l'aveyronnais Clément Cabanettes fait partie des pionniers de la colonisation. Fondateur de la première compagnie téléphonique du pays, ce natif de Lassouts fait l'achat de terrains au lieu-dit Pigüe, en plein cœur de la pampa argentine. Des terres qui aux alentours de 1880, sont encore à l'état sauvage, et qu'il lui faut dès lors valoriser.

Faisant la traversée jusqu'à son pays natal, il convainc sur place plusieurs dizaines de familles de quitter un quotidien particulièrement difficile pour tenter l'aventure de l'Eldorado argentin. Après trois mois de voyage, une quarantaine de familles aveyronnaises s'installent ainsi le 4 décembre 1884 à Pigüé.

La jeune colonie prend place dans une zone semi-désertique, ancienne terre des Indiens mapuches à l'origine de son nom. C'est donc dans un espace vierge de l'influence espagnole que les premiers colons aveyronnais fondent leur cité nouvelle. Les débuts s’avèrent particulièrement difficiles. Les colons découvrent des conditions climatiques et de culture très différentes de celles qu'ils connaissaient en Aveyron. Mais ces obstacles ne freinent pas l'arrivée continue de nouveaux migrants attirés par les promesses du Nouveau Monde, et la population croît de façon exponentielle. La situation des habitants de Pigüé va par ailleurs s'améliorer dès les débuts du XXe siècle.


Pigüe l'occitane ?

Les premières décennies de Pigüé sont marquées par une forte endogamie au sein de la communauté aveyronnaise. Celle-ci favorise d'autant la transmission de la culture et de la langue occitanes, encore confortée par le flux constant de nouveaux migrants aveyronnais jusqu'au début du XXe siècle. Les veillées, cérémonies et réunions de famille sont autant d'occasion de se remémorer le pays quitté, à travers récits et chansons en occitan, au rythme de la bourrée. La présence d'une paroisse et d'une institutrice françaises dès les premiers temps de la fondation puis, la création d'associations viennent conforter la permanence de cette langue et, dans une moindre mesure, celle de l'occitan.

La langue d'oc est en effet la première victime de l'assimilation progressive à la société argentine des colons aveyronnais, tout particulièrement celle des seconde et troisième générations. Une acculturation favorisée par de nombreux facteurs : politique assimilatrice de l'État argentin sous la présidence Sarniento, proximité linguistique, mais également, ici comme ailleurs, rejet plus ou moins conscient des jeunes générations d'un « patois domestique »  jugé incompatible avec la progression sociale dont bénéficient peu à peu la plupart des Pigüenses.

Cartes de l'Aveyron et de Pigüé sur un mur de la ville. Photographie de Jiròni B. CC-BY-SAAvant même la rupture provoquée par la première guerre mondiale entre colons de Pigüe et leurs familles demeurées en France – la réussite affichée par les cousins argentins mais surtout la démobilisation lors du conflit sont alors sources d'amertume - l'occitan va progressivement être abandonné par les Rouergats au profit d'abord du français puis du castillan. Ainsi, si la langue perdure quelques années encore dans la sphère publique, apparaissant çà et là dans la presse locale qui publie ponctuellement mais de plus en plus rarement des textes en occitan (cf. El Independentie du 13 octobre 1901, « Fraire Bourtoumiéu de Louiset »), elle est progressivement reléguée aux grands temps de la vie familiale et fêtes traditionnelles, sans disparaître complètement.

Dans les années 1970, une équipe de chercheurs toulousains se rend à Pigüé pour se pencher sur l'histoire et l'évolution de cette ancienne enclave aveyronnaise en Argentine. L'ancienne colonie est depuis devenue une ville et compte alors près de 12 000 habitants, dont 30 à 40% attestent des origines aveyronnaises. Surtout, près de 90 ans après sa fondation, une grande part de la population de Pigüé parle encore l'occitan (12% - une tranche uniquement composée d'individus de plus de soixante ans) et beaucoup la comprennent (70%).(cf. Les Aveyronnais dans la pampa, fondation, développement et vie de la colonie aveyronnaise de Pigüé de 1884 à 1992, Éditions Privat, Toulouse, 1977, p.265).

Pigüe et la France

Pigüé n'est plus aujourd'hui à proprement parler une enclave occitane ou même française. Les liens entre la France et ses « cousins » d'Amérique, demeurent malgré tout étroits, en dépit de la parenthèse de l'entre-deux-guerres. En 1984, un groupe d'Aveyronnais se rend ainsi à Pigüé pour célébrer les cent ans de sa création par ces colons originaires de leur département, et dont le rôle est aujourd'hui encore inscrit dans la pierre, sur les plaques de rue comme celle de la « C. de Rodez ».

Si les exemples de migrants de pays d'oc installés en Argentine sont légions, Béarnais et Mazamétains notamment, Pigüé demeure un exemple rare d'une colonie occitane organisée au cœur de la pampa.

Mise en ligne : 09/02/2017
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