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Sujet : Animaux -- Folklore -- Languedoc (France)
Portail : Enciclopèdia
Tipe : Practica festiva
LO BUòU
« Moi, je suis l’un des animaux totémiques les plus impressionnants : loin du Coucaïrous débonnaire, des Poulains joueurs ou du Chameau placide, je fais presque peur avec mon énorme tête surmontée d’une immense paire de cornes, ma gueule qui s’ouvre largement, et mes puissantes mâchoires qui reprennent le rythme du tambour en claquant bruyamment : clac / clac / clac-clac-clac (1, 2, 1-2-3). Mon origine serait liée au culte de Mithra (Orient ancien), qui avait dompté et sacrifié un taureau, du sang duquel étaient nées toutes les créatures vivantes. Je symbolise donc aussi la renaissance après la mort. »
LEGENDE
En 59 de notre ère, une famille pauvre venue des environs de Béziers vint s’installer sur les bords de l’Etang de Thau. Elle se mit à défricher la plaine, à l’endroit appelé « Los Murgos », vivant là de son travail et de la pêche, très abondante à cette époque. Une solide paire de boeufs l’aidait dans sa tâche.
Grâce à un travail acharné, la famille connut bientôt l’aisance, puis la richesse... Lorsque les deux boeufs furent morts, on conserva la peau du plus beau, qui fut étalée sur un support en bois, en souvenir de cette bête courageuse. Et cette dépouille fut promenée chaque année pour les grandes occasions... Lorsque la peau primitive fut usée, on construisit un mannequin colossal, bien plus grand qu’un vrai boeuf, recouvert d’une toile brune. On lui tailla une tête de bois avec des cornes. Ce boeuf est, depuis, de toutes les fêtes et de toutes les manifestations...
Dans l’animal totem, 8 à 10 hommes peuvent se loger pour le mouvoir. L’un d’eux est chargé uniquement d’actionner la tête et les mâchoires de la bête au moyen d’une gaule.
À l’extérieur, le meneur (ou cornac), armé d’un long aiguillon, commande l’animal et décide des figures à exécuter. Le Boeuf parade uniquement dans la ville pour les deux corsos fleuris et pour la fête votive, qui a lieu le 19 août, et où il est toujours en tête du cortège. Il ouvre officiellement cette fête qui va durer trois jours, durant lesquels il anime par sa présence toutes les animations et défilés à travers la ville.
La course du Boeuf dans les rues de Mèze est imprévisible : à tout moment, il peut courir et même foncer sur ceux qui se mettent en travers de son passage ! Avec ses larges cornes, il éloigne les plus hardis qui veulent s’opposer à lui. Il est aussi capable de ruades, de trémoussements, de pas de danse, scandés par la musique qui l’accompagne...
Cet animal fort apprécié de la population rend aussi visite aux balcons des maisons, où lui sont jetées des pièces de monnaie qu’il récupère dans sa gueule ouverte...
Le dernier soir de la fête a lieu « la mort du Boeuf », qui doit mourir pour mieux renaître... Le sacrifice a lieu sur l’Esplanade. L’animal effectue d’abord sa course au milieu des badauds, monte dans le kiosque pour danser, s’amuse à faire éclater dans sa gueule des ballons gonflés...
Puis le meneur exécute quelques passes de corrida à l’aide d’une muleta fictive, et soudain, il transperce la tête du Boeuf avec une épée postiche... le Boeuf tremble, vacille, d’un côté, de l’autre... et tombe raide mort, dans une marre de sang répandu pour l’occasion, sous les « bravos » de la foule...
Avant sa mise à mort, le Boeuf initie les enfants à la « mort symbolique » : il les avale par sa gueule béante, et les fait passer dans son ventre... d’où ils ressortiront quelques instants plus tard, pour renaître plus forts et plus sains...
Cet héritage de l’initiation au culte de Mithra (où le sang du boeuf répandu sur l’initié le faisait naître une seconde fois) n’est plus qu’un jeu : il faut voir les enfants se bousculer pour être les premiers avalés ! Ils plongent tête la première dans la gueule du Boeuf et sont récupérés à l’intérieur de la structure par les porteurs...
Mise en ligne : 14/06/2017