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Auteur : CIRDÒC-Mediatèca occitana
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Auteur : Kollectif du Pois Chiche Masqué
Auteur : Mistral, Frédéric (1830-1914)
Dialecte : Auvergnat
Sous-Menu : Iconotèca
Tipe : Practica festiva

Le terme occitan « Martror » est d’usage très courant dans les textes médiévaux dans lesquels il désigne l’actuelle Toussaint catholique (1er novembre), qui fut longtemps la « fête des martyrs », étymologie du terme martror en occitan.
En Occitanie comme ailleurs, cette « fête des morts » coïncide avec le mois « le plus noir » de l’année, le début de l’hiver astronomique (de début novembre jusqu’au solstice d’hiver au 21-22 décembre), qui marquait le début de l’année dans le calendrier celtique. Période où le monde de la nuit et des ténèbres est le plus proche de celui des vivants, elle correspond à un moment propice aux échanges symboliques entre les deux mondes.
Mais cette célébration des morts coïncide aussi avec la saison d’un certain renouveau, celui des labours et semences (« de la Sant Miquèl a Martror ») ou encore celui de la plantation des arbres fruitiers (autour de la Sainte-Catherine, le 25 novembre).
L'Église catholique sacralisa cette période de rites immémoriaux d’échanges symboliques entre vivants et morts à partir du IXe siècle en instituant la fête de tous les saints le 1er novembre, puis un « jour des morts », distincts, le lendemain.
Les enquêtes menées au cours du XXe siècle sur les rites, croyances, traditions rituelles en pays d’Oc ont permis de documenter de nombreuses pratiques vivantes - jusqu’aux années 1980 dans les Pyrénées par exemple - de rites de communication entre vivants et disparus (offrande de nourriture notamment). En Rouergue, dans le canton de Saint-Geniez-d’Olt demeure une tradition de vente aux enchères pour les âmes, où l’on retrouve l’offrande de nourriture mais encadrée par le rite religieux (la vente servant à financer les messes pour les morts tout au long de l’année).
L’arrivée de la tradition américaine de la fête d’Halloween au milieu des années 1990, ressentie par certaines communautés comme exogène et commerciale, semble provoquer localement un intérêt renouvelé pour les rituels autour de la Toussaint, dont le plus important est celui du Martror annuel de Pézenas, spectacle rituel qui clôt le cycle des « Temporadas » (Théâtre des Origines, puis Collectif Temporadas).

1. Pratiques et rites actuels : 

1.1 Aveyron : La « Pola un » ou Vente pour les âmes (canton de Saint-Geniez-d’Olt) :

Cette pratique vivante - mais qui s’est réduite au cours du XXe siècle à quelques communes - a fait l’objet d’une enquête en 1990 (Enquête Al Canton : Saint-Geniez-d’Olt, voir « Sources et documentation » ci-dessous). Cette vente aux enchères est organisée par des associations paroissiales dans plusieurs localités de l  Rémy Ladet, habitant de Saine-Eulalie, « commissaire-priseur » amateur animant la vente de la « Pola un » à Sainte-Eulalie-d’Olt en 1990. Source : Al Canton : Sent-Ginièis / C.-P. Bedel, CG12 : Mission départementale de la Culture, 1993. ’Aveyron, notamment Castelnau de Mandailles (dans les trois villages composant la commune : Castelnau, Mandailles et Cambon) ou encore Sainte-Eulalie-d’Olt où elle porte le nom de « Pola un » (poule un). Le nom de « Pola un » utilisé à Sainte-Eulalie est donné à la vente car elle commence traditionnellement par la mise aux enchères d’une poule.
La vente se déroule selon des modalités à peu près identiques dans toutes les communes. Il s’agit d’une vente d’offrandes, essentiellement alimentaires, de chaque famille (volaille, fouasse, etc.) et dont les bénéfices serviront à dire des messes tout au long de l’année pour les morts de la paroisse. « Jadis, cette cérémonie existait dans de nombreuses paroisses rouergates et donc il ne s’agirait en réalité ici que d’une survivance localisée d’un rituel à l’origine plus étendu. »

1.2 « Martror, fèsta dels mòrts », rituel festif (Pézenas : Théâtre des Origines, Collectif Temporadas)

Un rituel festif autour de « Martror » a été créé à Pézenas par le Théâtre des Origines puis organisé à partir de 2015 par l’association Collectif Temporadas. Il tend à essaimer dans d’autres communes du Languedoc. Autour du Théâtre des Origines puis du Collectif, des artistes et « praticiens » locaux du patrimoine culturel immatériel (re)créent un rituel festif en puisant dans les traditions locales et universelles liées à la fête des morts dans une démarche de fête déambulatoire collective. Cet événement, à la frontière de la création théâtrale et du rituel collectif, s’inscrit dans les « Temporadas », cycle de fêtes saisonnières organisées par le Collectif Temporadas qui a pour objet « l’organisation des fêtes saisonnières de Pézenas par la mise en commun des savoirs, des pratiques, des recherches et des imaginaires liés à la notion de Patrimoine Culturel Immatériel ». Martror est le rituel le plus récent des Temporadas de Pézenas, longtemps ancré sur le cycle de Carnaval et de la Saint-Jean / solstice d'été. Affiche de Martror en 2008 à Pézenas
Les différents moments des Temporadas peuvent rassembler plus d’un millier de participants dans des déambulations, scénographies participatives et rituels accomplis par les participants eux-mêmes. Le moment-fort de Martror consiste à adresser un message écrit à un disparu et qui est envoyé par l’ensemble des participants dans le ciel et la nuit. Un « chœur » de pleureuses accompagne ce geste particulièrement chargé d’émotion pour les participants-acteurs du rituel (Enquête Anne-­Sophie Haeringer, 2013 : voir « Sources et documentation » ci-dessous).  

En 2015, deux fêtes-rituels de Martror sont organisées en Languedoc :
- Pézenas : 7 novembre (organisé par l’association Collectif Temporadas qui a pour objet “l’organisation des fêtes saisonnières” de Pézenas par la mise en commun des savoirs, des pratiques, des recherches et des imaginaires liés à la notion de Patrimoine Culturel Immatériel.”)
- Puisserguier : 7 novembre, dans le cadre de la Fête de la soupe, Spectacle MARTROR "la Fèsta dels Mòrts" déambulation théâtralisée avec le théâtre des Origines (Après leur spectacle sur Bacchus à la Fête de l'Acabaire 2014, le Théâtre des Origines revient à Puisserguier pour une nouvelle déambulation théâtralisée. Martror est un spectacle rituel mis en rue, musique, chants, danse et théâtre où le marasme de la vie quotidienne laisse place à la joie et l'ivresse de renouer le partage avec ses morts ! )

2. Jalons historiques :

2.1. Martror, l’ancien « nouvel an » occitan ?

Les chartes et actes et les textes littéraires en ancien occitan révèlent à quel point Martror représentait pour les hommes du Moyen Âge en Languedoc une borne calendaire importante, marquant le début de l’année :

- Un engagement de Roger II comte de Foix envers la vicomtesse Ermengarde et son fils Bernard-Aton du 22 avril 1095 indique que Roger II ne peut racheter ses domaines à son retour de la Croisade que « de martror en martror » (c’est-à-dire d’une fête de Toussaint à une autre).

- Guilhem de Tudèla, dans la Canso de la Crozada (au vers 5622) utilise la même expression « del un Martror al autre » (d’une Toussaint à l’autre, c’est-à-dire, dans la durée d’une année).

- Le troubadour Guillaume de Berguedan dans une Canso, fait également référence à Martor :
Luec del marit volgr’ieu un ser,
E‘l ser que dures de pascor
Entro la festa de Martror
(je voudrais la place du mari un soir, et que le soir durât du printemps jusqu’à la fête de la Toussaint).

Moment de l’échéance des rentes, du loyer des maisons ou encore du louage des domestiques, Martror constitue un repère calendaire pluriséculaire, marquant la fin d’un cycle et le commencement d’un autre. C’est aussi le moment des labours et des semences et la période où l’on prenait les exploitations en fermage, comme en attestent certaines expressions populaires :
« De Sant Miquèu a Martror i a un mes laborador » (De Saint-Michel à Martror, il y a un mois pour faire les labours)
Le terme « Martronada » désigne en occitan toute la période autour de ce marqueur calendaire qu’est Martror.

3.2. Novembre, le « mois noir » du calendrier, période des échanges entre le monde des vivants et celui des morts :


Appelé Miz Du, le « mois noir » en breton, novembre est un moment charnière de l’année, où les jours raccourcissent avant l’entrée dans l’hiver. C’est la période des fêtes de Samain dans la tradition irlandaise, fête la plus importante du calendrier celtique selon les moines irlandais qui la décrivent dans leurs écrits dès le VIIIe siècle comme une nuit de festivité grandiose et fantastique au cours de laquelle les ancêtres morts pouvaient se mêler aux vivants. Occasion de rencontre entre les mondes des morts et des vivants, où les ténèbres gagnent sur le soleil, le début du mois de novembre constitue un moment « hors du temps », comme l’indique Philippe Walter dans son article La Toussaint, Samain et Halloween : « La nuit du 1er au 2 novembre marquait, pour les anciens Celtes, le début d’une nouvelle année. Ils pensaient que cette nuit-là, les portes de l’autre monde étaient ouvertes. Ainsi, les vivants pouvaient impunément pénétrer dans l’au-delà, tandis que les revenants et les fées envahissaient pour un temps le monde des humains. Cet échange entre les deux mondes, cette circulation des âmes, marque les nombreuses légendes de la Toussaint. »

Comme pour de nombreuses fêtes chrétiennes, l'Église fit le choix d'intégrer les rites hérités des anciennes croyances et religions. La fête de tous les saints est instituée le 1er novembre dans la chrétienté latine entre le VIIIe siècle et le IXe siècle : en 737 le pape Grégoire III institue une fête de « tous les saints » qui ne pouvaient être fêtés dans l’année, mais c’est seulement en 837 que Louis le Pieux ordonne que cette fête de tous les saints soit célébrée le 1er novembre dans l’Empire carolingien (Gaule, Germanie). Ce n’est enfin qu’à la fin du Xe siècle que la « fête des morts » commence à être célébrée, le 2 novembre : « Pour le christianisme, les deux fêtes des saints et des morts sont bien distinctes mais, dans l’esprit populaire, la Toussaint et la Fête des Morts se confondent. Elles ne font que recouvrir les restes de la vieille fête celtique des revenants ou des fées. » (P. Walter)

3.3. Pratiques et rituels de Martror en Occitanie :


- Dans les Pyrénées :
Isaure Gratacos qui a mené des enquêtes ethnologiques dans les Pyrénées, consacre un chapitre à la fête des morts dans son Calendrier Pyrénéen ; « Jusqu’en 1940, à l’église, dès le début de la messe de la Toussaint, chaque « maison » allumait son plec, édifié avec la fine chandelle de cire que l’on avait fait bénir à la Chandeleur et le laissait brûler pendant toute la cérémonie. En cette descente vers l’ombre de l’hiver et du domaine des morts, la flamme symbolique qui est à la fois le soleil et la vie, compense et exorcise ses contraires. »
Lors de ses enquêtes, Isaure Gratacos relève des rites d’offrandes qui peuvent être assimilés à l’action de nourrir et réchauffer des morts telle la pratique du « souquet », une bûche placée dans la cheminée et qui brûlera toute la nuit, tradition répandue sur tout le territoire Pyrénéen au moment de Martror.
Si assez peu de témoignages évoquent des offrandes alimentaires (19 sur 387 informateurs mais 58 récits au second degré), l'un des témoins de l'enquête dit que jusqu’en 1982 elle déposait sur deux assiettes posées devant le foyer « des noix, des châtaignes et même du fromage .» Contrainte d’arrêter « à cause des souris », elle continuait de mettre un « souquet » dans la cheminée afin qu’il brûle toute la nuit : « Les morts qui, pour une nuit, reviennent dans la Maison, apportent avec eux les forces vitales des profondeurs de la Terre-Mère et permettent ainsi à la vie de surface de continuer… Le retour des morts, dans la nuit du premier au deux novembre, est donc vécu comme un épisode de la vie, qu’elle soit celle des ancêtres ou celle des vivants. Si ceux-ci laissent sur la table le pain, la pomme ou le fromage, et s’ils font brûler la bûche c’est pour remercier les ancêtres à qui ils doivent la vie. Mais c’est aussi pour les aider et “réchauffer leur âme”. » (Isaure Gratacos)

Comme pour les autres fêtes religieuses marquées par des manifestations cérémonielles, il est interdit de travailler, Isaure Gratacos mentionne un autre interdit spécifique aux femmes relevé grâce ses enquêtes : faire la lessive et surtout de l’étendre.

Ressources et documentation :

Enquêtes :

- Vente pour les âmes en Rouergue :

Christian-Pierre BEDEL (dir.), Al canton : Sent Ginièis, Conseil général de l’Aveyron : Mission départementale de la Culture, 1993.

Certains matériaux de l’enquête, réalisés par Daniel Loddo, son consultable au CORDAE-La Talvera (Cordes-sur-Ciel) : 

Enregistrement sur « Las enchèras » (Castelnau-de-Mandailles, 1993) : voir la référence sur le catalogue du CORDAE.

E
nregistrement sur « la Pola un » (document écoutable en ligne) : voir la référence et écouter l'enregistrement sur le catalogue du CORDAE. 

[Enquête Lucien Mazars] dans : Enquêtes folkloriques en Rouergue : 1900-1954, Mémoires de la Société des Lettres Sciences et Arts de l'Aveyron. - ; T. 17, 1958.

- Pratiques d’offrandes alimentaires dans les Pyrénées :

Isaure Gratacos, Calendrier pyrénéen : rites, coutumes et croyances dans la tradition orale en Comminges et Couserans, Toulouse, Privat, 1995.

- Martror, la fèsta dels mòrts, rituel festif à Pézenas :

[Enquête Anne-Sophie Haeringer sur le Théâtre des origines à Pézenas à l’occasion de Martror 2013 et 2014] dans : Jean-Louis Tornatore (dir.), Anne-­Sophie Haeringer, La construction d’une ethnoscène : Théâtre et patrimoine culturel immatériel dans le monde occitan, Rapport de recherche : Centre Georges-Chevrier UMR 7366 CNRS Université  de Bourgogne, CIRDÒC, 2015.

 

Claude ALRANQ, Martror : la fête des morts (conférence donnée à Pézenas à l’occasion de Martror 2014). En ligne sur Occitanica :

Consulter la version texte.

Consulter la version audio.


Autres ressources en ligne :

Voir toutes les ressources sur « Martror » disponibles sur Occitanica.

Mise en ligne : 06/11/2015
Tipe : Trobador

Né en 1071, Guillaume IX de Poitiers hérite à l'âge de quinze ans d'un vaste domaine. Les possessions familiales comptent de nombreux titres dont les importants duché d'Aquitaine et comté de Poitiers. Seigneur puissant, Guillaume IX de Poitiers mène durant son existence un grand nombre de luttes pour affermir et accroître ses possessions, luttes aux résultats toutefois inégaux. Ayant épousé en secondes noces Mathilde, fille et héritière du comte Guilhem IV de Toulouse, il lance notamment de nombreuses incursions sur les terres des Saint-Gilles, conduisant à leur occupation temporaire. A sa mort cependant, la plupart de ses conquêtes méridionales étaient depuis quelques années déjà, perdues.

 

Important seigneur aux charges et occupations multiples inhérentes à son rang, Guillaume IX de Poitiers fut également troubadour, composant dans la langue d'oc poèmes, satires et ballades. Il se vit d'ailleurs attribué le surnom du Troubadour, et demeure aujourd'hui encore le premier poète du tròbar identifié.

 

A l'instar d'une grande partie de ces poètes et poétesses du Haut Moyen âge, une Vida(court texte biographique expliquant les raisons pour laquelle les poèmes ont été écrits), bien que brève et postérieure de cent-cinquante années aux faits qu'elle relate, propose divers éléments biographiques sur le comte, nous dressant le portrait d'un homme complexe. Guillaume IX de Poitiers figure d'ailleurs parmi les rares troubadours sur lesquels nous possédons tant de détails biographiques. Son rang de comte semble avoir donné lieu à une plus ample documentation, tant de ses contemporains que des générations qui suivirent, celle-ci demeurant cependant davantage focalisée sur l'étude du seigneur bien plus que sur celle du troubadour.

 

Le premier des troubadours ?

 

Guillaume IX de Poitiers est-il le premier des troubadours, inventeur de l'art du tròbar ? La qualité de ses productions, l'affirmation déjà marquée des codes troubadouresques que l'on y trouve, témoignent d'une grande maîtrise de l'écriture qui pour certains historiens, semble davantage s'inscrire dans une continuité que dans une invention pure. Toutefois, la proximité du Val de Loire, alors marqué par un renouveau de la poésie d'amour en latin, l'influence limousine, foyer de création musicale par la présence des abbayes de Saint-Léonard et Saint-Martial, ainsi que la présence durant son enfance, de chanteurs arabes à la cour de son père, ont pu être autant de sources et de modèles pour le duc-troubadour. Guillaume IX n'en demeure pas moins l'exemple le plus ancien connu à ce jour de poésie lyrique en occitan s'inscrivant dans le courant troubadouresque.

 

Onze pièces de la main de Guillaume IX de Poitiers sont parvenues jusqu'à nous. Il est fort probable que bien d'autres, aujourd'hui disparues, aient été rédigées par celui-ci. Elles constituent une importante source de renseignements, tant pour les linguistes, du fait de leur ancienneté et des influences du poitevin, que pour les historiens de la littérature. S'y retrouvent ainsi les situations et lieux communs propres au genre sur les relations femme aimée/amant. La langue employée par Guillaume IX de Poitiers dans ces pièces, est celle qu’emploieront les troubadours successifs, y compris gascons, une langue commune, sorte de koinè troubadouresque, ne laissant transparaître que quelques influences dialectales.

 

L'art du tròbar en Aquitaine

 

L'art du tròbar, initié en Aquitaine par Guillaume de Poitiers, fut promis à un bel avenir dans ces contrées. Par la suite, Cercamon, probablement originaire de Gascogne, Marcabrun, son disciple, présent à la Cour de Guillaume X de Poitiers, Jaufré Rudel prince de Blaye ou Guiraut de Calanson, perpétuèrent l'art du tròbar sur les territoires qui composent l'Aquitaine actuelle .

 

A l'instar de Guillaume IX de Poitiers, seigneur qui marqua la mémoire de ses contemporains par son incursion dans le domaine des lettres et des arts, d'autres seigneurs et non des moindres prirent en leur temps la plume. Richard Cœur de Lion (1157-1199), duc d'Aquitaine puis roi d'Angleterre, fils d'Aliénor d'Aquitaine et par elle, descendant de Guillaume le Troubadour, composa ainsi en occitan des pièces de poésie. Deux cents ans plus tard, Gaston Fébus (1331-1391), vicomte de Béarn, prenait à son tour la plume pour rédiger des poèmes. S'il est difficile de certifier sa paternité concernant le Se canta (l'un des hymnes pan-occitan actuel), une autre de ses Cansos (chansons) fut récompensée de son temps par le Consistori del Gay Saber, aujourd'hui Académie des Jeux Floraux de Toulouse.  

Mise en ligne : 11/05/2015
Tipe : Trobador / Data : 2017

En 1912, a l'escasença d'eleccions legislativas extraordinàrias dins la circonscripcion de Limós, l'aviator Jules Védrines inspira una cançon en occitan encara coneguda e cantada a l'ora d'ara.

Contèxt istoric e resumit dels faits

A l'escasença d'eleccions extraordinàrias al pòste de deputat de la circonscripcion de Limós, aprèp l'eleccion d'Étienne Dujardin-Beaumetz coma senator d'Aude, l'aviator Jules Védrines foguèt al centre d'un escandal politic que se'n parla encara a l'ora d'ara.
Colleccion particulara

En efècte, Charles Toussaint Védrines dit Jules Védrines, nascut lo 29 de decembre de 1881 a Saint-Denis dins lo departament de la Seine, arribèt lo 10 de març de 1912 a Quilhan per una fèsta de l'aviacion organizada dins aquesta vila sus convit del conse Paulin Nicoleau. A aquesta escasença, e aprèp aver rescontrat Ernest Ferroul dins son burèu narbonés, decidiguèt de se presentar a las eleccions legislativas que se devián debanar lo 17 de mars de 1912 dins la circonscripcion de Limós (per pròva la letra de depaus de candidatura validada, datada de l'11 de mars de la meteissa annada).

Es a aqueste moment que comencèt dins Nauta-Valada d'Aude una corsa electorala en avion. Jules Védrines se presentèt contra Jean Bonnail, ja elegit dempuèi bèl brieu a diferents pòstes (conse e conselhièr general), quatre autres candidats se declarèron tanben mas qu'obtenguèron pas gaire de voses fin finala (Jean Vidal, Antoine Garrouste, Jacques Faure e Didier Cousturier).
En una setmana Védrines percorriguèt doncas la circonscripcion tota amb l'ajuda de son avion e distribuïguèt quitament sa profession de fe en la getant per dessús bòrd, dels aires. Dins cada vila o vilatge ont se pausava s'organizèron d'acamps que lo public li espèrava nombrós per escotar sos discorses, l'arribada de son avion era en se un eveniment. Aquela setmana de campanha electorala foguèt doncas enferonida, los articles de premsa nombroses e fòrça divisats, en foncion del jornal que i pareguèron, las afichas, los cants e los documents prefectorals testimònian de la vivacitat dels escambis e de la fervor que capitèt de soslevar Jules Védrines mentre que Jean Bonnail era largament pressentit per èsser elegit.
La batalha s'anonciava doncas sarrada. Mas al ser del 17 de mars de 1912 foguèt plan Jean Bonnail, candidat del partit radical socialista e polin d'Étienne Dujardin-Beaumetz que foguèt elegit amb 7691 voses contra 7002 per Védrines. Lo nombre de voses obtengut per cada candidat es encara uèi de prene amb precaucions puèi que chifras diferentas apareisson suls documents oficials que se pòdon consultar.
En seguida de l'anóncia de las resultas una part de la populacion se soslevèt e s'enseguiguèron nuèits de desbordaments e d'agitacions.
Aquelas resultas foguèron confirmadas qualques meses aprèp per la Cambra dels deputats.

Musica

La cançon dita «Cançon de Védrines» foguèt escrita sus l'aire de la Valse Brune (musica de Georges Krier - particion disponibla sul site www.partitionsdechansons.com). Coma un molon d'autras cançons de l'epòca las paraulas èran pausadas sus de musicas conegudas per la màger part de la populacion (aires d'operetas, danças, imne nacional etc.)

Paraulas

Colleccion particulara

Mantuna sorga atèstan de l'escritura de las paraulas d'aquesta cançon al moment dels faits en mars de 1912. En efècte, un article del Télégramme datat del 21 de mars de 1912 e un article de l'Éclair del 22 de mars de 1912, balhan los dos primièrs coblets e los dos primièrs repics de la cançon.

Si la cançon dita « Cançon de Védrines » sus l'aire de la Valse Brune es la mai coneguda, n'existisson d'autras sul meteis tèma e escritas a la meteissa epòca. Dins los articles de premsa de l'epòca n'i a una, publicada dins lo Télégramme del 17 de mars de 1912, qu'apareis pas dins lo cançonièr prestat pel M. Vives e qu'èra estada compausada sus l'aire del Se canta.

Lo cançonièr prestat pel M. Vives conten trenta-una cançons de las que cinc son en occitan (compresa la que lo tèxte n'es balhat çai-jos). Lo cançonièr qu'avèm poscut recuperar e numerizar a cò de M. Vives, eiretièr d'un cafetièr de Limós, per el, es pas datat mas es compausat pas que de cançons a l'onor de Jules Védrines. Dins la version balhada dins aquel i a un tresen coblet e un tresen repic.

Vaqui sa transcripcion e sa traduccion :

  Occitan : grafia de l'autor Occitan : grafia classica Francés
Titol Bédrino (aire de la Balso bruno) Védrines (aire de la Valse Brune) Védrines (air de la Valse Brune)
Coblet 1 Et qu’es aco que s’entends dins las brumos
Qu’es aquel bruch ?... Es un aousel sans plumo
Qué fa teuf-teuf… Qué rounflo… Qué fumo
Mounto descend et biro coumo bol.
Le cap lebat, nostré poplé frissouno
Serco d’aysels qué pot estre a quel fat
Mé coumo ben de debets Carcassouno
Cant à plein gargalhol
E qu’es aquò que s’entend dins las brumas
Qu’es aquel bruch?... Es un aucèl sens pluma
Que fa tuf-tuf... Que ronfla... Que fuma
Monta descend e vira coma vòl.
Le cap levat, nòstre pòble frissona
Cèrca dels uèlhs que pòt èsser aquel fat
Mas coma ven de devers Carcassona
Canta a plen gargalhòl
Qu’est ce qu’on entend dans les brumes
Quel est ce bruit ? C’est un oiseau sans plume
Qui fait tuf-tuf… Qui ronfle… Qui fume
Monte, descend et tourne comme il veut.
La tête levée notre peuple frissonne
Cherche des yeux qui peut être ce fou
Mais comme il vient de vers Carcassonne
Il chante à pleins poumons
Repic 1 Ah ?... ço qué brounzino
Y lé courachous Bedrino
Qu’arribo sur sa machino
Coumou passérat,
Pareil à l’esclaïré
Aqui es a soun affaïre !
Quilhat amoun naut din l’aïré
Filo coumou rat.
Ah?... çò (Aquò) que bronzina
Es le coratjós Védrines
Qu'arriba sus sa maquina
Coma un passerat,
Parièr a l'esclaire
Aquí es a son afaire !
Quilhat amont naut dins l'aire
Fila coma un rat
Ce qui bourdonne
C’est le courageux Védrines
Qui arrive sur sa machine
Comme un moineau
Pareil à l’éclair
Là il est à son affaire
Perché là-haut dans les airs
Il file comme un rat.
Coblet 2 Dins le cel bleu et lis coumouo glaco
Aïtats amis aquel punt dins l’espaco
Que paüc à paüc groussis et se desplaço
Qu’aïgidomen escalado tant naut
Es un utis faït de boues et de télos
Per le mena cal pas estre nigaut
Cresé qu’un joun crebara las estelos
Nostre soulel tant naut !
Dins le cèl blau e lis coma una glaça
Gaitats amics aquel punt dins l'espaci
Que pauc a pauc grossís e se desplaça
Qu'aisidament escalada tant naut
Es un utís fait de boès e de telas
Per le menar cal pas èsser nigaud
Cresi qu'un jorn crebarà las estèlas
Nòstre solelh tant naut !
Dans le ciel bleu et lisse comme la glace
Regardez amis ce point dans l’espace
Qui peu à peu grossit et se déplace
Qui habilement escalade si haut
C’est un outil fait de bois et de toile
Pour le conduire il ne faut pas être sot
Je crois qu’un jour il crèvera les étoiles
Notre soleil si haut !
Repic 2 Le balent Bedrino
A chabal sur sa machino
Dins l’ether pur qué brounzino
Filo coumou rat.
Pareil à l’esclairé
Aqui est as soun affairé
Es quilhat se ten en l’airé
Coumou passerat
Le valent Védrines
A caval sus sa maquina
Dins l'etèr pur que bronzina
Fila coma un rat
Parièr a l'esclaire
Aquí es a son afaire
Es quilhat se ten en l'aire
Coma un passerat
Le vaillant Védrines
A cheval sur sa machine
Dans l’éther pur qui bourdonne
File comme un rat.
Pareil à l’éclair
Là il est à son affaire
Il est perché, il se tient en l’air
Comme un moineau.
Coblet 3 Si les anciens que soun morts à la guerro
Ou dins le leit se lebaboun de terro
Elis can pas jamai saput ço quéro
Que de boula sariou al desespouer.
Lai mas sul cap d’aban pareil miraclé
Estabousit un frissoun dins lé quer
Samagaîrou en criden y lé diablé
Que descend dé l’infer.
Si les ancians que son mòrts a la guèrra
O dins lor lèit se levavan de tèrra
Eles qu'an pas jamai sauput çò qu'èra
Que de volar serián al desesper
Las mans sul cap davant parièr miracle
Estabosits un frisson dins le cuèr
S'amagarián en cridant es le diable
Que descend de l'infèrn.
Si les anciens qui sont morts à la guerre
Ou dans leurs lits se levaient de terre
Eux qui n’ont jamais su ce que c’était
De voler seraient au désespoir.
Les mains sur la tête devant pareil miracle
Stupéfaits, un frisson sur la peau
Se cacheraient en criant c’est le diable
Qui descend de l’enfer.
Repic 3 Ah ?... ço que brounzino
Y le moutur de Bédrino
Qu’a chabal sur sa machino
Filo coumou rat
Pareil à l’esclaire
Aqui es a soun affaïré
Semblo que nado dins l’aïré
Coumou passerat.
Ah?... çò (Aquò) que bronzina
Es le motor de Védrines
Qu'a caval sus sa maquina
Fila coma un rat
Parièr a l'esclaire
Aquí es a son afaire
Sembla que nada dins l'aire
Coma un passerat.
Ce qui bourdonne
C’est le moteur de Védrines
Qui à cheval sur sa machine
File comme un rat.
Pareil à l’éclair
Là il est à son affaire
On dirait qu’il nage dans les airs
Comme un moineau.

Entresenhas al subjècte de la creacion de la cançon

Segon un article paregut dins lo Télégramme del 27 de mars de 1912, las paraulas d'aquesta cançon serián estadas escritas per Gabriel Buche, felibre narbonés, mantun còp recompensat per sos poèmas als Jòcs Florals de Tolosa e de Besièrs. Era tanben lo president de la Cigalo Narbouneso.
Pasmens, d'un autre costat, segon çò que nos diguèt M. Louis Vives, deteneire del cançonièr manuscrit que conten la version balhada çai-sus, pareis impossible qu'aquesta cançon aguèsse poscuda èsser escrita per una persona que seriá pas de Limós.
Lo mistèri demòra doncas sus l'identitat de l'autor d'aquestas paraulas. Pel moment cap pròva formala es pas estada descubèrta que confirmariá l'una o l'autra de las ipotèsis.

A l'ora d'ara

Un pauc mai de cent ans aprèp, lo remembre d'aqueles eveniments demòra fòrça viu. Es pas rare qu'una sortida del carnaval de Limós se'n inspire per exemple. Foguèt estat tanben lo subjècte de l'espectacle presentat pel festenal limosenc Cuivrée spéciale de 2012 per d'enfants de las escòlas de la comunautat de las comunas. D'articles pareguèron dins la premsa locala a l'escasença del centenari de la venguda de Védrines dins Aude. Un memòri de recèrca de màster 2 sus aqueste subjècte foguèt tanben sostengut en 2014 : "L'afaire Védrines" e autres.
Mise en ligne : 20/12/2016
Tipe : Trobador
Lo Ramelet moundi, « lo ramelet tolosenc », es l’òbra de Pèire Godolin, poeta occitan que coneguèt un succès popular extraordinari als sègles XVII e XVIII.

Las debutas d’un poèta popular


Es a Tolosa, en 1580, que nais Pèire Godolin d’un paire cirurgian. Fa d’estudis de drech e ven avocat, un mestièr que farà pas jamai. Se fa conéisser pel primièr còp al concors de poesia dels Jòcs florals, en 1609, quand lo recompensan per una de sas poesias en francés. Mas tre 1610, Godolin causís d’escriure en occitan e publica  A l’hurouso memorio d’Henric le Gran, a l’escasença de l’assassinat d’Enric IV per Ravalhac. Es en 1617 que pareis lo Ramelet moundi (Ramelet mondin*), un recuèlh de poesia qu’a plan de succès : en 1647, aquel libre es editat pel tresen còp ! E mai publican un diccionari occitan-francés per que lo monde que coneisson pas plan l’occitan pòscan comprene las òbras del poèta.

* « Mondin » o « ramondin »  vòl dire « tolosenc ». Tolosa es la vila dels comtes Ramond.

La lenga nòbla de la carrièra


Coma l’indica son títol, lo Ramelet moundi se vòl un ramelet de flors (poeticas) tolosencas en lenga de Tolosa magnificada en « lenga dels comtes Ramon », los comtes de Tolosa de l’Edat Mejana, d’aquí l’invencion del terme « moundi ». En descasença dempuèi lo sègle XVI, la lenga occitana viu alara l’aspra concurréncia de la lenga francesa, lenga del rei. Actor d’una vertadièra renaissença de las letras occitanas, Godolin anoblís d’aquel biais la lenga de las carrièras de Tolosa sens crénher l’efièch borlesc que se pòt retrobar dins sos subjèctes d’inspiracion, del repertòri carnavalesc a las cançons a beure, e que contribuïguèron a l’extraordinària succès popular de son òbra.

Après sa mòrt, son òbra contunharà d’èsser publicada pendent los sègles XVII e XVIII entièrs e daissarà una produccion estampada abondosa que participarà a la renaissença de las letras occitanas.
Mise en ligne : 21/09/2015
Tipe : Collòqui / Data : 2017-04-27

Lo Conselh departamental de Nauta-Garona e lo CIRDÒC-Mediatèca Ocitana se son associats per propausar una jornada d'estudi sus l'Escòla deras Pireneas, l'escòla felibrenca de Comenge e de Coseran, que lo fons es conservat als Archius departamentals de Nauta-Garona, a l’antena de Comenge.

Aquela jornada se debanèt lo 27 d'abril de 2017 a Sant-Gaudens e acampèt mantun cercaire qu'aviá estudiat l'Escòla deras Pireneas, portant cadun un agach diferent sus las activitats e los impactes d'aquela escòla.

Fondada en 1904 per Bernard Sarrieu, son principal animator pendent sas trentas primièras annadas d'existéncia, s'es donat coma objectius la renaissença de la literatura gascona, la defensa e la coneissença de las costumas e dels usatges locals, la promocion de la lenga, e mai largament la participacion activa e collectiva al movement de renaissença occitana per lo biais del Felibritge.

Las diferentas intervencions an mostrat las accions linguisticas, literàrias e culturalas de l'Escolo, las relacions qu'entreteniá amb las escòlas felibrencas vesinas, son influéncia long de son istòria e son eiretatge actual.

La jornada s'es acabada sus la presentacion de l'exposicion « L’Escòla deras Pireneas ou la renaissance d’oc dans les quatre vallées (Ariège, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Gers, Val d'Aran) », producha per l'associacion Nati Vati Toti Comengesi, la Mantenença de Gasconha-Naut Lengadòc e lo CIRDÒC.

Mise en ligne : 31/07/2017
Tipe : Ressorsa ensenhament / Data : 2015
Dins la continuitat del trabalh d'analisi menat per la primièra sesilha, aquesta seconda sesilha   convida los escolans a descobrir diverses eslogans occitans, per fin de soscar als particularismes d'aquel mòde d'expression. Cada grop constituit concebrà un projècte d'aficha que comprendrà un eslogan en occitan.

>>Tornar a l'introduccion
Mise en ligne : 31/08/2015
Tipe : Ressorsa ensenhament / Data : 2015-01-27

Votre question : Pourquoi chante-t-on «  fume la pipe sans tabac  » dans la chanson Carnaval es arribat 

Notre réponse : La chanson Carnaval es arribat, constitue dans la tradition occitane relative à cette fête, une chanson incontournable, interprétée tout aussi bien au commencement des festivités que dans l'épilogue de celles-ci alors que le bonhomme Carnaval est porté au bûcher.

 

Voici les premières paroles de cette farandole, telle que transmise dans l'ouvrage Lo resson de la pèira de Jean-Michel Lhubac, Josiane Ubaud et Marie-José Fages-Lhubac (Saint-Jouin-de-Milly : Modal, 2006), dans lesquelles apparaît la formule "Fume la pipe sans tabac".

 

Cançon 29 "La Pipa ou Carnaval es arribat ou Los Acabaires".

"Carnaval es arribat, / Carnaval est arrivé,

Fuma la pipa, fuma la pipa, / Fume la pipe, fume la pipe,

Carnaval es arribat, / Carnaval est arrivé,

Fuma la pipa sens tabac. / Fume la pipe sans tabac.

 

Repic / Refrain

I anarem totes, i anarem totes, / On y ira tous, on y ira tous,

I menarem nòstres enfants, / on y amènera nos enfants,

E la jornada serà pagada / Et la journée sera payée

Coma se trabalhaviam. (bis) / Comme si l'on avait travaillé."

 

  Le même ouvrage nous renseigne par ailleurs sur l'origine de cette expression qui peut sembler contradictoire : "Fumer la pipe sans tabac". Il faut en fait aller chercher l'une des significations de la "pipe", terme qui en français comme en occitan désigne également une grande futaille, ("Grande futaille, de capacité variable selon les régions" Trésor informatisé de la langue française), c'est-à-dire un récipient sphérique destiné à contenir divers liquides, mais de préférence des liquides alcoolisés, vins ou eaux-de-vie le plus souvent.

 

  Le Trésor du Félibrige, le dictionnaire somme réalisé au XIXe siècle par Frédéric Mistral donne également les différents sens de la pipa : " Pipo : (rom. Pipa, tube, pipeau, cat. Esp. Port. it. Pipa), s.m. Pipe, calumet, v.brulo-taba, cachimbau, galifo, tubanto; feuillette, grande futaille contenant 6 hectolitres en Béarn, v. Bouto, pipan [...]".

 

"La pipe sans tabac" nous renvoie donc à la futaille et avec elle, à la question de la boisson. Lo resson de la pèira explique ainsi que "Fumer la pipe sans tabac, c'est donc boire" (ibid. p103).

 

L'ouvrage Carnaval en Béarn. Coutumes et chansons de J.-B. Laborde, (disponible sur Occitanica ici) propose d'ailleurs en page 9, une des nombreuses variantes de Carnaval es arribat (on trouve d'une région à l'autre et selon les époques, des nuances plus ou moins fortes de cette chanson traditionnelle). Dans cette dernière, dont le premier couplet est repris ci-dessous, la question de l'alcool est présentée de façon plus explicite.


Ne saber mai : 
- Sur le carnaval en ligne : Aquí
- Lo resson de la pèira. 

« Carnaval est arrivé / carnaval es arribat

Carnaval est arrivé / Carnaval qu'es arribat,

Verse à boire, verse à boire, / Botelha, botelha.

Carnaval est arrivé, / Carnaval qu'es arribat,

Verse à boire, jeune homme / Botelha, gojat."

 

Les différentes chansons accompagnant Carnaval, est tel est le cas de Carnaval es arribat, possèdent en effet souvent un important paratexte, et multiplient les allusions plus ou moins explicites, notamment relatives à l'alcool mais aussi sexuelles. Effectivement, avant de devenir un moment de fête ouvert à tous et tout particulièrement aux plus jeunes, Carnaval fut durant des siècle un temps à part de l'année. Une période de licence et de remise en cause de l'ordre établi avant que ne commence la dure période des restrictions du Carême, très éloignée dans ces manifestations du monde de l'enfance.

Mise en ligne : 27/01/2015
Tipe : Ressorsa ensenhament / Data : 2014-12-17

Votre question : Où parle-t-on occitan en Rhône-Alpes ?
Notre réponse :
L’actuelle région administrative de Rhône-Alpes est traversée par une frontière linguistique historique qui en fait une zone de contact entre deux grands domaines géolinguistiques, le francoprovençal au nord et l’occitan au sud. Le tracé d’une frontière linguistique donne lieu à de nombreux travaux et controverses de spécialistes et s’apparente rarement à une frontière linéaire étanche mais plutôt à une zone d’échanges et d’influences réciproques qui a pu évoluer dans le temps.

La géographie linguistique de la France s’est affinée à partir des années 1950 avec la collection des Atlas linguistiques régionaux initiée par le linguiste Albert Dauzat et éditée par le Centre national de la recherche scientifique. L’espace occitanophone de la région Rhône-Alpes est étudiée dans deux Atlas régionaux, celui du Massif Central et celui de la Provence (voir bibliographie ci-dessous).

La consultation de ces deux atlas linguistiques permet de déterminer la frontière nord de l’espace linguistique occitan provençal, déterminée par « par l’isophone de la palatisation de -A » et correspondant à la totalité du département de la Drôme moins la vallée de la Valloire à l’extrême nord du département, une frange au sud du département de l‘Isère (communes de Villard-de-Lans, Gresse-en-Vercors, Cordéac, Valbonnais et Venosc). L’Atlas linguistique du Massif Central décrit quant à lui l’espace occitanophone rhône-alpin oriental, plus proche linguistiquement de l’occitan tel qu’il est parlé en Vivarais : le département de l’Ardèche et une frange étroite au sud et à l'extrême ouest du département de la Loire (région de Saint-Bonnet-le-Château et plateau de Noirétable).

La carte ci-dessus représente schématiquement l’espace occitanophone de Rhône-Alpes à partir des données disponibles (fond de carte : source IGN 2012).

En savoir + sur l’occitan en Rhône-Alpes :

- La région Rhône-Alpes consacre une page de son portail à la politique linguistique. Vous y trouverez des informations générales sur l’occitan et le francoprovençal en Rhône-Alpes et les documents de politiques linguistiques régionales pour la promotion et le développement des langues régionales. Voir la rubrique sur le portail de la région Rhône-Alpes.

- L’étude FORA - Francoprovençal et occitan en Rhône-Alpes, commandée par la région Rhône-Alpes, pilotée par l’Institut Pierre Gardette de l’Université catholique de Lyon (responsables de l’étude : MM. Michel BERT et James COSTA ; conseiller scientifique : M. Jean-Baptiste Martin) en coopération avec l’Institut national de recherche pédagogique (INRP), les laboratoires de recherche Interactions, corpus, apprentissages, représentations (ICAR) et Dynamique du langage (DDL), du Centre de dialectologie de Grenoble et de nombreuses associations, résulte d’une commande de la Région Rhône-Alpes. Publiée en 2009 et consultable en ligne, l’étude FORA dresse un état des lieux du francoprovençal et de l’occitan en Rhône-Alpes et formule des préconisations pour leur préservation et leur développement. Consulter l'étude en ligne sur le site du laboratoire ICAR (CNRS-Université Lyon-II).

- L’association Espace Pandora a produit une exposition sur l’occitan et le francoprovençal en Rhône-Alpes, disponible au prêt. En savoir + sur le site de espacepandora.org.

Bibliographie

ESCOFFIER (Simone), La rencontre de la langue d'oïl, de la langue d'oc et du francoprovençal entre Loire et Allier, Macon, Protat, coll. “Publications de l'institut de linguistique romane de Lyon”, 1958.

BOUVIER (Jean-Claude), Les parlers provençaux de la Drôme. Etude de géographie phonétique, Paris, Klincksieck, 1976.

BOUVIER (Jean-Claude) et MARTEL (Claude), Atlas linguistique et ethnographique de la Provence, Paris, CNRS, 1975-1986, 3 vol.

NAUTON (Pierre), Atlas linguistique et ethnographique du Massif Central, Paris, CNRS, 1957-1963, 4 vol.

TUAILLON (Gaston), "La limite nord du provençal à l’est du Rhône", Revue de linguistique romane, n° 28, 1964, p.127-142.

“Le Vivarais linguistique”, dans Vivarais-Ardèche, Paris, Editions Bonneton, 1991.

"La limite entre l'occitan et le francoprovençal dans le Pilat", Etudes foréziennes, n° 10, 1979, p. 75-88.

Mise en ligne : 17/12/2014
Tipe : Fons documentari

Histoire du fonds

Antonin Perbosc est une figure importante des mouvements occitans de la première moitié du XXe siècle : écrivain d'expression occitane, ethnographe, instituteur puis bibliothécaire de la Ville de Montauban, il a entrepris la réforme graphique aux côtés de Prosper Estieu.

Ses archives et sa documentation sont réparties entre plusieurs lieux de conservation : fonds Antonin Perbosc de la Bibliothèque de Montauban  ; sous-fonds Antonin Perbosc (fonds Collège d'Occitanie – CIRDÒC); fonds Antonin Perbosc (Bibliothèque de Toulouse – BEP). Ce dernier est cependant le plus important, rassemblant les manuscrits et une grande partie des archives de Perbosc.    

Le fonds a été donné à la Bibliothèque de Toulouse entre 1962 et 1980 par sa petite-fille Suzanne Cézerac-Perbosc.

Modalités d’entrée :

Le fonds Perbosc de la Bibliothèque de Toulouse a été constitué en trois phases (achats et dons de Suzanne Cézerac-Perbosc, petite-fille d'Antonin Perbosc).

> Acquisitions et dons 1962-1965 : ms. 1383 à 1510 (description dans : Catalogue général des Bibliothèques publiques de France, Tome 58, supplément Toulouse. Paris, B.N., 1971. pp. 316-330.)

> Acquisitions et dons entre 1965 et 1980 : ms. 1697 à 1736 (description dans : Cahier d’inventaire des achats de la Bibliothèque municipale de Toulouse et dans la base PALME).

> Acquisition 1982 ou 1983 : ms. 2527 à 2614 inventaire établi par Élisabeth Coulouma, conservateur à la bibliothèque municipale au moment de l’achat, et Josiane Bru, ingénieur au Centre d’Anthropologie de Toulouse, lors de l’entrée de ces documents dans le fonds de manuscrits de la Bibliothèque (descriptions dans : cahier d’inventaire des achats de la Bibliothèque municipale de Toulouse).

Voir aussi la base PALME (Répertoire national des manuscrits littéraires français du XXe siècle. BM de Toulouse)

Accroissement :

 

Description du fonds

Contient de nombreux manuscrits des œuvres de Perbosc, des correspondances et papiers personnels. Les 60 cartons de dossiers documentaires réunis par Antonin Perbosc contenant des coupures de presse, notes et documents divers classés thématiquement (ancienne cote Bibliothèque de Toulouse : Lm B 2281) ont été transférés à la Bibliothèque municipale de Montauban (fonds Perbosc)

Dates extrêmes :

 

Langues représentées dans le fonds :

Occitan

Français

Importance matérielle :

256 documents ou liasses

Supports représentés :

Manuscrits

Pour le consulter

Identifiant du fonds :

 

Instruments de recherche disponibles :

Catalogue général des Bibliothèques publiques de France, Tome 58, supplément Toulouse. Paris, B.N., 1971. pp. 316-330 [ms. 1383 à 1510 uniquement] ; informatisé dans CCFR – CGM

CCFR - PALME : Répertoire national des manuscrits littéraires français du XXe siècle. BM de Toulouse 

Josiane BRU, Antonin Perbosc (1861-1944), dans ArchivEthno France : http://www.garae.fr/spip.php?article297

François PIC, « Bibliographie de l’œuvre imprimée d'Antonin Perbosc ». Publié dans : Antonin Perbosc (1861-1944)...

Conditions d'utilisation

Conditions de consultation :

 

Conditions de reproduction :

 

Mise en ligne : 04/08/2014
Tipe : Ressorsa ensenhament / Data : 2016
Aquela seleccion documentària s'adreça als ensenhaires e a totes los professionals del sector educatiu e cultural que desiran beneficiar d'otisses e de documentacion pel tractament de l'istòria e de la geografia en ligam amb la lenga e la cultura occitanas.
Mise en ligne : 10/02/2016
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