À vous qui ne voyez sa majesté carnaval que comme un aimable roi du divertissement d'un jour - un certain mardi gras - au mieux, en une vision sociologique singulièrement réductrice et finalement rassurante, comme maître du grand défouloir et de l'inversion aidant à la digestion de toutes les couleuvres avalées au long de l'an, ce livre n'a pas fini d'ouvrir de grandes et belles perspectives, tant il envahit le calendrier, débordant bien même des jours sombres et froids.
Et si l'auteur parle de religion carnavalesque, ce n'est pas par pure provocation, c'est à bon droit, ces pratiques pagano-chamaniques se passassent-elles de livre sacré, de dogme, de clergé institué en Église... et d'Inquisition, n'en ayant pas moins une parole, plus ancienne que l'écriture, une vision du monde voire de l'autre monde, une spiritualité, une symbolique, des rituels, de curieux prêtres à l'autorité éphémère, des dieux fussent-ils oubliés.
Nos recherches pour l’édition des poésies de Paul Froment nous ont fait découvrir du même auteur, une douzaine de contes et récits en prose et une variante en vers de chanson populaire, publiés dans le petit journal de Villeneuve Lou Calel, entre les années 1893 et 1895. Nous avons recueilli ces pages ignorées et nous les offrons en toute confiance au public qui a si favorablement accueilli les Poésies complètes. Ces morceaux, d’inspiration diverse, de valeur inégale, écrits parfois un peu vite, échappent toujours à la banalité, et, s’ils n’ajoutent rien à la gloire du poète, ils n’en révéleront pas moins à plus d’un le conteur alerte qu’était ce petit paysan de dix-huit ans. A ce titre, ils méritaient d’être sauvés de l’oubli (extrait de l’Avertissement, édition originale de 1934).
Paul Froment (1875-1898) né à Floressas (Lot), valet de ferme : « pichon païsan », poète et prosateur en langue occitane. Il se noie, à 23 ans, dans le Rhône, alors qu’il fait son service militaire à Lyon, dans des conditions jamais clairement élucidées (« l’humble et charmant poète laboureur, tombé, comme un fils de roi, sous le poignard de quelque assassin stupide » déplorera Frédéric Mistral). Auteur de deux recueils, à l’époque très remarqués, A trabès régos, rimos d’un pitiou paysan, et Flous de Primo, rimos d’un pitchou paisan.
Depuis 1972, son nom illustre un prix de littérature en langue d’oc : Prèmi Pau Froment.
Les contes en occitan sont présentés en graphie occitane classique et dans l’orthographe d’origine de l’auteur.