Un gros quart de siècle plus tard, en 1960, 28 recueils (n° 28, Robert Allan, Li cants de la tibla) avaient été publiés sous cette enseigne, auxquels il convient d’ajouter les 5, plus volumineux, de la série « Òbras » de la même collection (œuvres de Pons, Nelli, Saurat, Lafont).
« Messatges » ne constituait pas, au XXe siècle, la première tentative en ce sens. D’autres avaient vu le jour auparavant, dans le cadre, par exemple, des éditions Occitania, dirigées entre Toulouse et Paris par Eugène-Humbert Guitard (textes de Perbosc, Grenier…). La revue Marsyas, créée par Sully-André Peyre en 1921, avait également, sous son nom, entrepris de promouvoir des poètes prometteurs, au premier rang desquels figurait le Provençal Jòrgi Reboul. Cependant, « Messatges », publiée par la revue OC, d’abord sous les auspices de la Societat d’Estudis Occitans, puis de l’Institut d’Estudis Occitans, a profondément marqué dans la durée le devenir de la poésie d’oc. Outre les recueils, la lecture des revues qui en ont rendu compte, comme celle des correspondances aujourd’hui accessibles ou encore à repérer, permettent de jeter un regard renouvelé sur une marqueterie poétique d’une réelle richesse.
P. Gardy
Les poèmes de Fernand Barrué n’ont connu qu’une édition confidentielle bien que l’œuvre fut signalée dans la revue Òc et dans une anthologie de la poésie occitane. Cette écriture, peu connue, renvoie le lecteur de la poésie d’oc à des îlots en perdition dont il serait en quelque sorte le secouriste ou le témoin d’un naufrage. Que reste-t-il des nefs englouties ? Que sait-on de la cargaison d’oranges ? Parfois, la découverte de manuscrits, d’archives orales et/ou écrites, permet de renflouer le navire. Tel sera peut-être le cas des textes de Fernand Barrué dont la découverte des manuscrits et de quelques souvenirs rend à nouveau possible la navigation d’un îlot qui reviendrait dans le giron de l’archipel. Le lecteur est ainsi confronté aux éléments — parfois déchaînés, parfois apaisés et sécurisants, aux flots qui portent l’écriture. Qu’il s’agisse de norme linguistique et de langue, de conservation, d’interpellation de l’œuvre, d’édition ou de variantes (et donc de traduction), les manuscrits de Fernand Barrué nous permettent d’ouvrir un atelier et de poser un questionnement fondamental sur l’écriture occitane navigant entre lumière, ombre, pénombre et obscurité.