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CIRDÒC (Béziers, Hérault), fonds Jouveau
CIRDÒC-Mediatèca occitana

Histoire du fonds

René Jouveau (1906-1997) est le dernier félibre du nom, avec son épouse Marie-Thérèse Jouveau née Gautier, après son père Marius Jouveau qui fut comme lui Capoulié du Félibrige et Elzéar (ou Auzias) Jouveau son grand père. Le fonds René Jouveau est celui d’une bibliothèque constituée par quatre générations de félibres d'une même famille au cours de 100 années d'existence.

René Jouveau (1906-1997) professeur de lettres et de langues, fondateur du GEP Groupement d’Etudes Provençales, directeur de la revue Fe, membre de plusieurs académies, est l'auteur de romans, d’essais historiques (Histoire du Félibrige), de poésies et de pièces de théâtre. Il collabore à de nombreuses revues dont l’Armana prouvençau dont il sera le directeur de 1961 à 1992 et l’Armana di bon prouvencau de 1993 à 1997. Majoral du Félibrige en 1943, il deviendra Capoulié de 1971 à 1982.

Marie-Thérèse Jouveau née Gautier (1921-2005), épouse de René Jouveau, assistante sociale, accompagne la carrière littéraire de son mari en tant qu’administratrice des revues qu’il dirige. Vice-présidente des amis d’Alphonse Daudet à qui elle consacre une biographie, elle devient Majoral du félibrige en 1987.

Marius Jouveau (1878-1949), père de René Jouveau est professeur d’italien, fondateur de la revue Fe, créateur du mensuel En terro d’Arle (1907-1912), directeur de la revue Lou Felibrige (1919-1945), fondateur de l’Escolo mistralenco d’Arles et directeur de l’Armana prouvencau. Auteur de romans, essais, poèmes, pièces de théâtre et collaborateur à de nombreux journaux et revues, il est Majoral du félibrige en 1913, puis en devient le capoulié de 1922 à 1941.

Elzéar Jouveau = Auzias Jouveau (1847-1917), père de Marius Jouveau, facteur de profession, est musicien et chansonnier, collaborateur à l’Armana prouvençau et au Brusc. Il devient Majoral du Félibrige en 1897.

Modalités d'entrée :

Donné au CIRDOC en 2006, par M. Etienne Chapal, neveu de René Jouveau.

Accroissement :

Fonds clos

Fonds complémentaire :

Médiathèque municipale d'Arles, fonds Jouveau

Description du fonds

Le fonds René Jouveau se compose de revues, monographies et d’un fonds d’archives se rapportant principalement aux activités de René Jouveau à la fois félibre, éditeur de revues et historien.
Il contient outre ses dossiers de travail, émissions radio et une partie de sa correspondance, certains des travaux qui lui ont été adressés en vue d’être publiés dans les revues qu’il dirigeait, mais aussi les dossiers concernant les manifestations ou rencontres qu’il a organisé (Consistoire du Félibrige, Congrès de Langue et de littérature d’oc, Pen club de langue d’oc, Unioun prouvençalo…). Le fonds des manuscrits contient aussi une partie des correspondances de Marie-Thérèse, Marius et Elzéar Jouveau.

Dates extrêmes :

1879 - 2005

Langues représentées dans le fonds :

Occitan (tous dialecte), français, catalan

Importance matérielle :

6 mètres linéaires

Supports représentés :

Manuscrits/Tapuscrits
Monographies imprimées
Périodiques (presse, revues)
Documents iconographiques

Pour le consulter

Identifiant du fonds :

JOU

Instruments de recherche disponibles :

Inventaire manuscrit sur place

Conditions d'utilisation

Conditions de consultation :

Consultation sur place, en salle recherche

Conditions de reproduction :

Toute reproduction en vue d'une édition ou production audiovisuelle de la documentation contemporaine soumise au droit d'auteur ne peut se faire sans l'accord des ayants droit. La reproduction de documents à des fins de recherche, sans publication des documents, est acceptée sous réserve des impératifs de conservation des documents.

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CIRDÒC (Béziers, Hérault), Fonds Pierre Azéma
CIRDÒC-Mediatèca occitana

Histoire du fonds

Pierre Azéma (1891-1967) est né à Montpellier le 3 janvier 1891. Après ses études, il est employé à Montpellier dans les bureaux de la Compagnie des Mines de Graissessac (Hérault). En dehors de son travail, il fréquente le monde intellectuel et politique local et fait ses débuts dans le journalisme. En 1908, il tient une chronique dans l’Avenir de Tunis avant de collaborer au Républicain du Midi en 1910.

Introduit par le poète François Dezeuze dit « L’Escoutaire » (1871-1949) à l’Escolo dau Parage (regroupement des félibres montpelliérains), il prend part aux manifestations félibréennes et fonde en 1912 le groupe théâtral La Lauseta. Mobilisé en 1915, il est grièvement blessé par un éclat d’obus et retourne à Montpellier où il anime le journal de guerre occitan Lou Gal de 1916 à 1920. Il fonde alors la première association des mutilés de guerre et milite dans les associations d’anciens combattants.
Il est conseiller municipal de Montpellier en 1919, puis en 1935.
Syndic de la Maintenance de Languedoc en 1928, il est élu majoral du Félibrige en 1929, puis président de l’Institut d’Études Occitanes de 1957 à 1959. Codirecteur du journal Lou Gal, puis de la revue Calendau de 1933 à 1945, il collabore à de nombreuses publications périodiques, en particulier Le Sud dans lequel il tient la « Chronique d’oc » de 1930 à 1933. Il publia des chroniques, poèmes, essais, pièces de théâtre et anima les émissions radiophoniques de Radio Montpellier de 1927 à 1956. Il décède à Montpellier le 20 janvier 1967.

Modalités d'entrée :

Don des héritiers en 1975

Accroissement :

Fonds clos

Fonds complémentaire :

CIRDÒC, Béziers, fonds Xavier Azéma

Description du fonds

Le fonds reflète principalement les activités de Pierre Azéma au sein du Félibrige. Il contient la correspondance qu’il entretient avec les personnalités félibres de la première moitié du XXe siècle : Léon Teissier, Louis Stelhé, Clardeluno (Jeanne Barthès), Jean Vinas, Joseph Loubet, André-Jacques Boussac, Frédéric Mistral neveu, Marcelle Drutel, Marius Jouveau, Georges Reboul, Sully-André Peyre. Le fonds contient également les chroniques qu’il publie dans le journal montpelliérain L'Éclair (1923-1935), ainsi que plusieurs de ses travaux. Il est également composé d’un ensemble de dossiers documentaires concernant les félibrées de 1913 à 1965, l’enseignement, l’action régionaliste et la Catalogne.

Dates extrêmes :

1910-1967

Langues représentées dans le fonds :

Occitan (tous dialecte)

Français

Catalan

Importance matérielle :

2,40 mètres linéaires

Supports représentés :

Manuscrits/Tapuscrits

Monographies Imprimées

Périodiques (presse et revues)

Documents iconographiques

Pour le consulter

Identifiant du fonds :

AZP

Instruments de recherche disponibles :

Inventaire manuscrit sur place

Conditions d'utilisation

Conditions de consultation :

Consultation sur place, en salle de recherche

Conditions de reproduction :

Toute reproduction en vue d'une édition ou production audiovisuelle de la documentation contemporaine soumise au droit d'auteur ne peut se faire sans l'accord des ayants droit. La reproduction de documents à des fins de recherche, sans publication des documents, est acceptée sous réserve des impératifs de conservation des documents.

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CIRDÒC (Béziers, Hérault), Bibliothèque et Archives du Collège d'Occitanie
CIRDÒC-Mediatèca occitana

Histoire du fonds

L’initiative de la création du Collège d’Occitanie revient à un groupe de félibres du Lauragais de l’Escòla Occitana regroupés au sein du Grilhs del Lauragués. À partir de 1924, ils décident, comme l'indique Louis Mavit dans Un cinquantenaire (1927-1977) Le Collège d’Occitanie, de « réveiller l’âme occitane dans leur terroir, en organisant des fêtes et des manifestations » en l’honneur du troubadour Arnaut Vidal en 1925 et du poète chaurien Auguste Fourès en 1927. Conscient de la limite de leur action, ils décidèrent de créer une association pour l’enseignement de l’occitan, sa grammaire, son orthographe, son vocabulaire et sa littérature. Le Collège d'Occitanie (Collègi d'Occitània en occitan) est créé en 1927 par le chanoine Joseph Salvat (1889-1972) et le poète Prosper Estieu (1860-1939).

Pendant plus de quarante ans, Prosper Estieu et Joseph Salvat donnent des leçons hebdomadaires de langue et de civilisation occitanes. À la mort de l’abbé Salvat en 1972, son action est prolongée par Ernest Nègre (spécialiste de la toponymie) jusqu'en 1989, puis par Georges Passerat et à partir de 2010 par Philippe Carbonne.

Le Collège d’Occitanie est le premier organisme militant qui dispensera des cours de langue et de culture occitanes, sur place et par correspondance à plusieurs milliers d'escolans. Il publie, à partir de 1929, un bulletin destiné aux écoliers extérieurs intitulé La Rampelada del Colètge d’Occitania contenant les cours de grammaire de l’abbé Salvat et le matériel pédagogique. Son extension ne cessera de croître pour passer de 15 élèves en 1927 à 430 en 1941.

Reconnue d'utilité publique en 1969, l’association a pour activité principale l’enseignement de l’occitan par correspondance comprenant trois sections languedociennes et une section catalane. Elle constituera une bibliothèque de travail qui peu à peu va s’enrichir des donations de ses fondateurs et animateurs successifs jusqu’en janvier 2013, date à laquelle la bibliothèque du Collège d'Occitanie est déposée au CIRDÒC.

Modalités d'entrée :

 Fonds déposé en 2013

Accroissement :

Fonds clos

Description du fonds

Le fonds du Collège d’Occitanie comprend la bibliothèque et les archives produites par l’activité de l’association et de ses animateurs.
La bibliothèque a été constituée par les donations effectuées par Prosper Estieu, Joseph Salvat et Ernest Nègre, il comprend :

- un fonds de livres de plus de 20 000 volumes, consacré à la littérature occitane et son histoire, la linguistique et l’histoire régionale du XIXe au XXe siècle. Il contient également quelques éditions toulousaines anciennes.

- un fonds de périodiques contenant de nombreuses publications de la renaissance occitane du dernier tiers du XIXe siècle et du XXe siècle (journaux, revues et almanachs : L’Aïoli, Lé Gril, Mont-Ségur, l’Armana prouvencau…) et de nombreuses revues linguistiques sur les autres langues romanes.

- un fonds de dossiers documentaires constitués par l’abbé Salvat autour de thèmes sur l’occitan (Histoire des provinces, jeux floraux, mouvement félibréen, folklore…) et réunissant divers types de supports.

- un fonds de manuscrits contenant les correspondances de la plupart des auteurs occitans de la première moitié du XXe siècle : Antonin Perbosc, Joseph Salvat, Auguste Fourès, Joseph Anglade, Philadelphe de Gerde, Louisa Paulin, Achille Mir, Ismaël Girard, Ernest Vieu, Armand Praviel, Valère Bernard…

Dates extrêmes :

1638-2013

Langues représentées dans le fonds :

Occitan (tous dialecte)

Français

Catalan

Frioulan

Basque

Corse

Importance matérielle :

45 mètres linéaires (Archives)

20 000 volumes (Bibliothèque)

Supports représentés :

Manuscrits/Tapuscrits

Monographies Imprimées

Périodiques (presse et revues)

Pour le consulter

Identifiant du fonds :

COC (archives), CO (imprimés), DCO (dossiers documentaires)

Instruments de recherche disponibles :

Bibliothèque :

Catalogue des collections imprimées du CIRDÒC

Archives et manuscrits :

Inventaire (en cours) des archives du Collège d'Occitanie sur Calames

Conditions d'utilisation

Conditions de consultation :

Consultation sur place, en salle de recherche

Conditions de reproduction :

Toute reproduction en vue d'une édition ou production audiovisuelle de la documentation contemporaine soumise au droit d'auteur ne peut se faire sans l'accord des ayants droit. La reproduction de documents à des fins de recherche, sans publication des documents, est acceptée sous réserve des impératifs de conservation des documents.

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Enregistrements sonores en occitan de la collection des Archives de la parole (1911-1914) / par Ferdinand Brunot
Brunot, Ferdinand (1860-1938)
Créées en 1911 par le grammairien et historien de la langue française Ferdinand Brunot, les Archives de la parole furent la première institution en France à collecter et sauvegarder la documentation sonore. Poursuivant un projet d'Atlas phonographique de la France, Ferdinand Brunot mène des enquêtes dialectologiques de terrain. Seules trois missions sont finalement menées en 1912-1913, dont une en Limousin centrée sur la dialectologie occitane (août 1913)

Le fonds de l'enquête phonographique en Limousin est constitué de 72 enregistrements sonores réalisés par Ferdinand Brunot entre le 22 juillet et le 30 août 1913 en Corrèze. Il représente un des plus anciens et des plus précieux témoignage de l'oralité occitane vivante à la veille de la guerre de 1914-1918. Ferdinand Brunot a notamment enregistré plusieurs personnalités du Félibrige limousin, comme Eusèbe Bombal ou Marguerite Genès. 
Parallèlement à l'enquête de terrain en Limousin, Ferdinand Brunot a produit plusieurs enregistrements en occitan dans le cadre des enregistrements de personnalités en studio à la Sorbonne. 

Le fonds des Archives de la parole, aujourd'hui conservé à la Bibliothèque nationale de France (Département de l'audiovisuel) a été intégralement numérisé par la BnF et rendu disponible dans Gallica (gallica.bnf.fr). Les ressources listées ci-dessous représentent l'ensemble des enregistrements en occitan du fonds des Archives de la parole (72 enregistrements provenant de l'Enquête phonographique en Limousin et 8 provenant des enregistrements en studio à la Sorbonne).

En savoir + sur l'histoire des Archives de la parole et les collections conservées à la BnF : 


Consulter la fiche de fonds : Bibliothèque nationale de France. Département de l'audiovisuel, Sous-fonds : [Archives de la parole]. [Enquête phonographique en Limousin]
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BnF, Sous-fonds "Archives de la parole : Enquête phonographique en Limousin"
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)

Histoire du fonds

1/ Les Archives de la parole

  Les projets de « panthéons sonores » de personnalités célèbres voient le jour dès la fin du XIXe siècle alors que se développent les techniques d'enregistrements. En 1899, une première institution chargée de constituer des fonds d'archives sonores est créée avec les Phonogrammarchiv de l’Académie autrichienne des sciences (Österreichische Akademie der Wissenschaften) 
En savoir + : voir les fonds occitans du Phonogrammarchiv de Vienne référencés dans le Répertoire du patrimoine culturel occitan 

En France, Alfred Ponge projette vers 1904 la création d'un musée phonographique et réalise ses premiers enregistrements, parmi lesquels celui de Frédéric Mistral, alors lauréat du prix Nobel, récitant quelque vers de son chef-d’œuvre en provençal Mirèio. L'enregistrement de Frédéric Mistral, comme l'ensemble des cylindres d'enregistrement de Ponge, ont malheureusement disparu. Voir l'article consacré à ce sujet dans Occitanica 

Il faut attendre 1911 pour qu'une institution dédiée à la création et la sauvegarde d'archives sonores soit créée en France, à la Sorbonne. Ce sont les "Archives de la parole", dirigées par le grammairien et historien de la langue française Ferdinand Brunot dans le cadre du projet d'Institut de phonétique de l'Université de Paris. Il bénéficie du soutien de l'industriel Émile Pathé qui dote les Archives de la parole d'un corpus d'enregistrements et surtout de matériels nécessaires à la réalisation d'enregistrements sur disque plat.

À l'instar du Phonogrammarchiv de Vienne, que Ferdinand Brunot a visité en 1910, les Archives de la parole vont produire leur propre documentation par des campagnes d'enregistrements sonores en studio et sur le terrain. Trois-cents enregistrements sont réalisés entre 1911 et 1914, répartis entre les différentes sections de l'institution :

I – Interprètes : enregistrements de type normatifs pour l'apprentissage de la diction et de la prononciation correcte du français ;

O – Orateurs : enregistrements de grands orateurs contemporains et voix célèbres ;

L – Langues : enregistrements des langues étrangères et méthodes de langues ;

M – Maladies : enregistrements liées aux pathologies de l'expression et de l'audition ;

D – Dialectes : enregistrement des dialectes du monde, en particulier les langues et dialectes de France

2/ La section D : Enregistrements dialectaux des Archives de la Parole

Ferdinand Brunot, ancien élève du philologue Gaston Paris, puis collaborateur du chartiste médiéviste Léon Clédat, s'intéresse tout particulièrement à la dialectologie, discipline en vogue à la fin du XIXe siècle et qui a donné lieu à la publication du monumental Atlas linguistique de la France de Jules Gilliéron et Edmond Edmont.

Cet atlas a été dirigé par J. Gilliéron à partir d'enquêtes par questionnaire menées sur le terrain par E. Edmont entre 1897 et 1901, couvrant 639 localités du domaine gallo-roman. Prenant l'enquête écrite pour modèle, Ferdinand Brunot envisage un ambitieux chantier d'enquêtes sonores sur douze ans prévoyant 15'000 disques d’enregistrements couvrant 2'500 localités à visiter. De ce projet inabouti « d'Atlas linguistique phonographique de la France », seules trois missions sont menées en 1912-1913 par les Archives de la Parole : juin-juillet 1912 dans les Ardennes franco-belges ; juin 1913 dans le Berry ; août 1913 en Limousin.

Ferdinand Brunot et le dialectologue Charles Bruneau, qui l'accompagne pour la première mission dans les Ardennes, abandonnent rapidement le questionnaire dialectologique classique (traduction de mots ou de phrases) pour « laisser parler » les locuteurs.

Si les trois enquêtes dialectologiques menées par Ferdinand Brunot et conservées dans le fonds des Archives de la parole constituent un corpus d'enregistrements sonores rares et précieux de locuteurs de langues de France à la veille de la Guerre de 1914-1918, elles reflètent cependant les représentations de F. Brunot sur les « patois » objets de son enquête. Ferdinand Brunot, par ailleurs grand admirateur de l'abbé Grégoire qui posa les fondements idéologiques de la nécessaire uniformisation linguistique par « l'anéantissement des patois », s'inscrit aussi dans l'héritage savant des philologues parisiens Gaston Paris et Paul Meyer, qui perçoivent les langues et dialectes parlés dans les régions françaises comme des objets d'étude pour l'histoire de la langue française, traces moribondes d'un état linguistique archaïque. La connaissance sociolinguistique de la France est alors perçue de façon atomisée par l'enquête dialectologique qui survalorise les différenciations locales au détriment de toute perception unitaire des langues et composantes dialectales. De plus, la plupart des travaux dialectologiques n'auront aucun recours aux importants corpus écrits, particulièrement importants pour l’occitan, rejetant la réalité linguistique non-francophone dans la seule oralité populaire, souvent paysanne. Comme son ancien maître Gaston Paris, F. Brunot n'envisage les langues de France que comme des « vieillards qui se meurent » et il s'agit d'en conserver le souvenir face à une mort programmée et imminente, forcément incompatible au progrès. Cette représentation deviendra même littéraire en 1913 pour la seconde mission dans le Berry : désormais l'étude dialectologique a laissé la place à la reconstitution sonore de l'univers fictionnel de Georges Sand.

Pour autant, les enquêtes dialectales de Ferdinand Brunot témoignent paradoxalement d’une France aux langues bien vivantes : « Oscillant entre dialectologie et représentation lettrée, parfois folklorisante, du monde paysan, ces enquêtes n'en constituent pas moins un témoignage sonore exceptionnel car unique sur la société rurale française avant le grand bouleversement de la guerre de 1914-1918. »

Il faut attendre 1939 pour voir se réaliser de nouvelles missions phonographiques institutionnelles, essentiellement axées sur du « folklore musical » ou ethnomusicologie.
Citons la campagne de Roger Dévigne et de la Phonothèque nationale dans l'arrière-pays niçois en 1939 [faire lien vers fiche de fonds dédiée] et la même année la mission en Basse-Bretagne du Musée national des arts et traditions populaires. Le projet d’Atlas phonographique de la France imaginé par F. Brunot ne sera véritablement réalisé qu’à partir des années 1950 dans le cadre de la réalisation des atlas linguistiques régionaux [en savoir + : consulter l’article Corpus “Les enquêtes linguistiques sur l’occitan en France de 1790 à nos jours]

 

Modalités d'entrée :

Aujourd’hui conservées par le Département de l’audiovisuel de la Bibliothèque nationale de France (successeur de la Phonothèque nationale, elle-même héritière des collections des Archives de la Parole et du musée de la Parole et du Geste).

En 1920, le phonéticien Jean Poirot prend la suite de Ferdinand Brunot à la tête des Archives de la Parole. Hubert Pernot lui succède après son décès en 1924. C’est sous la direction de ce dernier que les Archives de la Parole deviennent le « musée de la Parole et du Geste » en 1928.

Accroissement :

Fonds clos.

Description du fonds

Le fonds de l'Enquête phonographique en Limousin est constitué de 72 enregistrements sonores sur 48 disques plats Pathé Saphir de 30 cm de diamètre réalisé par Ferdinand Brunot entre le 22 juillet et le 30 août 1913 en Corrèze dans le cadre des activités des Archives de la Parole (Université de Paris) et d’un projet inabouti d'Atlas linguistique phonographique de la France. Chaque disque est accompagné d'une fiche d'enquête qui documente sur l'identité du locuteur.
Itinéraire de l’Enquête phonographique en Limousin

Fonds complémentaires :

En dehors des enregistrements de l’Enquête phonographique en Limousin, F. Brunot a également produit plusieurs collectage en occitan lors des enregistrements en studio à la Sorbonne : BnF. Département de l’audiovisuel. Sous-fonds : Archives de la Parole. Enregistrements à la Sorbonne :

  • AP-125 ; AP-637
Chansons populaires du Limousin interprétées par Léon Branchet, folkloriste et musicologue.
Disque AP-125 : La calha : bourrée
Disque AP 637 : Margarita
  • AP-102 ; AP-197 ; AP-198 ; AP-199
Disque AP-102 face A : Le loup garrou : récit en parler de Cellefrouin (Limousin) / Abbé Pierre-Jean Rousselot (linguiste)
Disque AP-197 : Conversation (dialecte limousin) / Auguste Paloty et Amable Crouzy, 12 mars 1913
Disque AP-198 : Questionnaire (dialecte limousin) / Auguste Paloty, 12 mars 1913
Disque AP-199 : Questionnaire (dialecte limousin) / Amable Crouzy, 12 mars 1913
  • AP-200
Disque AP-200 : Chansons et poésies populaires en patois d'Auvergne, interprétées par Eugène Lintilhac.
  • AP-203
Conte rouergat (Aveyron), dit par Charles de Pomairols (poète).

L’ensemble des enregistrements en occitan des Archives de la parole, numérisés par la BnF et publiées dans Gallica sont accessibles depuis Occitanica : voir le corpus “Enregistrements sonores en occitan de la collection des Archives de la parole (1911-1914)

 

 

Dates extrêmes : 

1913

Langues représentées dans le fonds :

occitan

Importance matérielle :

48 disques + fiches d’enquêtes

Supports représentés :

Disques (90 t, saphir) 

Pour le consulter :

Identifiant du fonds :

AP 

Instruments de recherche disponibles :

> Répertoire national des bibliothèques et fonds documentaires (RNBFD)
Description générale du fonds des Archives de la parole.
http://ccfr.bnf.fr/portailccfr/jsp/index_view_direct_anonymous.jsp?record=rnbcd_fonds:FONDS:730

> BnF - Archives et manuscrits : inventaire complet du sous-fonds [Enquête phonographique en Limousin] http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ead.html?id=FRBNFEAD000078617

> BnF - Catalogue général : notices des documents constituant l’[Enquête phonographique en Limousin]
http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb413012180/PUBLIC

 

Conditions d'utilisation

Conditions de consultation :

Disques originaux, archives papier et photographiques non communicables (sauf autorisation du Service des documents sonores du Département de l'Audiovisuel).
Originaux numérisés consultables librement en ligne (Gallica)

Conditions de reproduction :

Reproduction (partielle ou intégrale) soumise à autorisation écrite (Département de l'Audiovisuel, Service des documents sonores).
www.bnf.fr

 

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Margareta Genès, Mestresso en Gai-Sabé
Cette carte postale fait partie de la collection "A cadun sa part" destinée à promouvoir les écrivains d'expression occitane de l'entre-deux-guerres. Les portraits stylisés des personnalités de la renaissance occitane sont accompagnés de courts textes.

Marguerite Genès, actrice importante du développement du mouvement félibréen en Limousin dès la fin du XIXe siècle, était par ailleurs professeur de français. Elle choisit naturellement de consacrer le texte de sa carte à la question du double héritage linguistique et de l'enseignement de l'occitan à l'école. 
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Dictionnaire de langue limousine de Dom Léonard Duclou
Duclou, Léonard (1703-1782)
Religieux de la congrégation de Saint-Maur, Léonard Duclou (Limoges, 1703 ; Solignac, 1782) a séjourné à l'abbaye de Meymac et au prieuré de Saint-Angel en Haute-Corrèze. Sans doute est-ce ce qui l'a poussé à recueillir dans ce Dictionnaire de la langue limousine les mots en usage à la fin du XVIIIe siècle et à les orthographier de manière à en faire connaître la prononciation. Passionné d'étymologie comme les érudits de son temps, il a tenté de trouver aux mots un lien avec le latin, le grec, voire l'allemand, le celte ou le breton.
Ce manuscrit existe en deux exemplaires. L'un, daté de 1774, est dans une collection particulière. Celui de la Bfm (Ms 136) composé de 181 feuillets porte la date de 1779. Il s'arrête à la lettre « v » mais comporte quelques ajouts manuscrits sur feuilles volantes. Le dictionnaire proprement dit occupe les 160 premiers feuillets auxquels s'ajoutent deux suppléments : les « termes en usage dans les villes d'Ussel, Maimac, Égletons, Saint-Angel et lieux circonvoisins » (30 p.) et les vieux mots limousins extraits de manuscrits des XIVe et XVe siècles (3 p.). À la fin du texte, se trouve le jugement du censeur royal – absent du manuscrit de 1774 – disant que ce travail, « fruit du zèle patriotique le plus louable et des connoissances utiles d'un savant bénédictin, a été composé dans la vue d'accélérer les progrès de la langue françoise, et de la rendre familière dans la province du Limousin ». L'exemplaire de la Bfm est accompagné d'un prospectus manuscrit, d'une autre main, présentant le Dictionnaire : l'auteur y déclare notamment avoir eu pour objet « d'être utile aux étrangers qui par leurs emplois […] sont obligés d'avoir relation avec des personnes qui ignorent presque absolument le françois ». Ce prospectus reprend en partie la préface de l'auteur qui précède le Dictionnaire. 

Le prospectus joint à l'exemplaire de la Bfm est une version manuscrite de celui paru dans le Calendrier ecclésiastique et civil du Limousin pour 1777 qui nous apprend qu'une souscription court du 11 juin 1776 au 1er mars 1777. Les souscripteurs, qui doivent s'adresser à l'abbé Vitrac, professeur au Collège, bénéficieront du tarif préférentiel de 5 livres pour un format prévu grand 8° ; pour les autres, il reviendra à 7 livres 10 sols. Cette annonce, qui occupe 12 pages, donne en plus un avant goût de l'ouvrage en livrant quelques-uns des premiers articles du dictionnaire. Un extrait de ce prospectus est paru dans la Feuille hebdomadaire de la généralité de Limoges du 11 juin 1776 où il est indiqué que « on ne le livrera à l'impression que lorsqu'on aura un certain nombre de souscripteurs ». Sans doute n'ont-ils pas été assez nombreux car l'ouvrage n'a pas été imprimé. Resté manuscrit, il a cependant été utilisé par Maurice Robert qui, lors de la publication en 1968 du Dictionnaire de la langue limousine de Léon Dhéralde (1815-1891), y ajouta une partie du travail de Duclou.

Sur la page de garde du manuscrit, une note de l'imprimeur Roméo Chapoulaud (1800-1890), datée d'avril 1825 donne les noms des anciens possesseurs et indique comment il lui est parvenu : il en a hérité de son oncle maternel Léonard Juge de Saint-Martin, un des frères de l'agronome Jacques-Joseph Juge de Saint-Martin et époux de Françoise Chapoulaud, sœur de son père l'imprimeur François (II) Chapoulaud. Jointe au manuscrit, sur une feuille, Roméo Chapoulaud explique comment il a failli ne pas le récupérer après l'avoir prêté pour servir à l'édition des poésies occitanes de l'abbé François Richard (1733-1814) sortie des presses Chapoulaud en 1824.

Pour consulter le manuscrit sur le site de la Bibliothèque numérique du Limousin : http://www.bn-limousin.fr/feuilleteuse/109/index.html
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Lo Boeci occitan

Le fragment de poème en occitan imité du traité De Consolatione Philosophae de Boèce (480?-524) est considéré comme « le plus ancien monument littéraire de la langue d'oc » (Paul Meyer). Cette œuvre morale est attribuée à un clerc limousin. Il a sans douté été composé et copié à l'abbaye de Saint-Martial de Limoges dans le premier tiers du XIe siècle.
Le manuscrit qui comprend les 258 vers liminaires du poème (le dernier est tronqué au deuxième mot) est conservé dans un recueil de manuscrits religieux provenant de l'abbaye de Saint-Benoit-sur-Loire (abbaye de Fleury). Il est aujourd'hui conservé au sein du fonds ancien de la Bibliothèque d'Orléans (ms. 444, pp. 269-275).

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Lou Tresor dóu Felibrige : le dictionnaire de référence de la création littéraire occitane
CIRDOC - Institut occitan de cultura

Résumé

Lou Tresor dóu Felibrige est un dictionnaire provençal-français, au caractère presque encyclopédique. Il aura fallu une trentaine d’années à Frédéric Mistral (1830-1914) pour rassembler toute la matière de ce dictionnaire monumental, recueillie auprès d’écrivains et locuteurs de tous dialectes occitans ou bien puisée directement dans les sources écrites. C’est un ouvrage qui s’est imposé comme référence dès sa parution et jusque aujourd’hui.
Frédéric Mistral est l’un des fondateurs du Félibrige, association investie dans la défense de la langue occitane. Il souhaite par là encourager la création poétique comme élément moteur de la renaissance d’oc (il est l'auteur de Mirèio notamment, paru en 1859, et lauréat du prix Nobel de littérature en 1904), c’est pourquoi il destine son dictionnaire d’abord aux félibres (membres du Félibrige), d’où le titre de l’ouvrage. Pour autant, tous ceux qui s’intéressent à la langue et à la culture occitanes, félibres ou non, reconnaissent dès sa parution la qualité et l’utilité du Tresor.


Autres version du titre :

Le trésor du félibrige (traduction française du titre)

Présentation du contenu

Frédéric Mistral rédige à la suite de son titre une liste des points précis qui constituent le contenu de son ouvrage. Le lecteur est ainsi averti de ce qu’il pourra trouver lors de ses recherches :
« 1° Tous les mots usités dans le Midi de la France, avec leur signification française, les acceptions au propre et au figuré, les augmentatifs et diminutifs, et un grand nombre d’exemples et de citations d’auteurs ;
2° Les variétés dialectables [sic] et archaiques [sic] à côté de chaque mot, avec les similaires des diverses langues romanes ;
3° Les radicaux, les formes bas-latines et les étymologies ;
4° La synonymie de tous les mots dans leurs divers sens ;
5° Le tableau comparatif des verbes auxiliaires dans les principaux dialectes ;
6° Les paradigmes de beaucoup de verbes réguliers, la conjugaison des verbes irréguliers et les emplois grammaticaux de chaque vocable ;
7° Les expressions techniques de l’agriculture, de la marine et de tous les arts et métiers ;
8° Les termes populaires de l’histoire naturelle, avec leur traduction scientifique ;
9° La nomenclature géographique des villes, villages, quartiers, rivières et montagnes du Midi, avec les diverses formes anciennes et modernes ;
10° Les dénominations et sobriquets particuliers aux habitants de chaque localité ;
11° Les noms propres historiques et les noms de famille méridionaux ;
12° La collection complète des proverbes, dictons, énigmes, idiotismes, locutions et formules populaires ;
13° Des explications sur les coutumes, usages, mœurs, institutions, traditions et croyances des provinces méridionales ;
14° Des notions biographiques, bibliographiques et historiques sur la plupart des célébrités, des livres ou des faits appartenant au Midi.»

Note d’étude

Cet ouvrage s’inscrit parfaitement dans le vaste projet de renaissance linguistique occitane initiée au cours du XIXème siècle, notamment par Frédéric Mistral lui-même.

Ce dernier développe très jeune un sentiment d’attachement à la langue et à la culture d’oc, qui se mue rapidement en passion et le mène à la tête du mouvement de renaissance occitane. Mistral aurait eu d’abord l’intention de faire un supplément au dictionnaire d’Honnorat pour son propre usage sur un cahier qu’il fait ajouter sur son exemplaire acquis en 1853. Ce projet remonterait probablement à 1848, ou guère plus tard, et le résultat aura finalement constitué une sorte d’ébauche du Tresor dóu Felibrige. Mais c’est la création du Félibrige en 1854 qui donnera tout son sens à cette entreprise, menée avec une détermination inébranlable. Le Félibrige étant une association de poètes occitans dont l’objectif est de redonner à la langue occitane ses lettres de noblesse, il convient de fournir aux félibres un instrument pour appuyer une création littéraire riche et de qualité, capable de motiver et de pérenniser l’usage de la langue. C’est pourquoi Mistral se lance dans un travail extrêmement ambitieux d’inventaire des termes occitans, accompagnés le plus souvent possible de citations d’auteurs occitans de tous dialectes depuis les troubadours en passant par les poètes baroques et jusqu’aux poètes contemporains. Mistral entend par là mettre en relief à la fois l’unité de la langue et sa grande diversité mais aussi faire de son Tresor le témoin et le révélateur de sa vitalité à travers les âges.

Pour alimenter son dictionnaire, Mistral s’appuie à la fois sur des témoignages de personnes et sur des documents écrits. Il sollicite d’une part ses nombreux correspondants, pour la plupart écrivains, éditeurs, linguistes romanistes, mais aussi plus simplement des amis, connaissances ou personnes rencontrées à l’occasion, et qui ont pour la plupart une pratique de la langue naturelle et quotidienne. Il a par ailleurs à sa disposition une infinité d’œuvres littéraires et de dictionnaires, lexiques, glossaires dans lesquels il a largement puisé. D’ailleurs, la trentaine d’années passée entre l’apparition des félibres et la parution des deux tomes du Tresor a fait de ces poètes à la fois la source et la finalité de l’ouvrage. Parmi les ouvrages de lexicologie utilisés par Mistral, le dictionnaire d’Honnorat1 peut être considéré comme la source principale, traitée cependant avec une certaine liberté par Mistral : on constate quelques variations entre les deux, des différences de citations, des variations de sens, quelques omissions ou enrichissements. Pour le reste il n’a pas hésité à exploiter quantités d’autres travaux lexicographiques, anciens ou contemporains, publiés ou à l’état de manuscrits, parfois en cours d’élaboration, ceci afin d’assurer la fiabilité de son inventaire, particulièrement pour les parlers qui n’étaient pas le sien. À l’article « diciounari », on trouve une trentaine de titres dont on se doute qu’il les a utilisés, mais d’autres sources nous sont peut-être encore inconnues.

L’étude des manuscrits de travail de Mistral serait intéressante pour comprendre la progression des travaux jusqu’à la forme définitive du dictionnaire. Il existe trois manuscrits, qui seraient en quelque sorte trois étapes de l’élaboration du dictionnaire : le premier est très sommaire, il ne comporte que les termes et leur traduction, puis s’étoffe au fur et à mesure de l’avancée des travaux de Mistral ; le second fait apparaître toute la matière du Tresor mais à l’état de brouillon, avec des annotations marginales ; le troisième est une version au propre du deuxième, peut-être à l’attention de l’imprimeur, avec encore quelques annotations. Mais ces trois manuscrits sont déjà des compilations de notes probablement éparses, sur feuilles volantes dont on n’a apparemment plus de traces.2

La première édition du dictionnaire paraît chez Remondet-Aubin, à Aix-en-Provence, en plusieurs temps et de nombreuses années après l’initiation du projet d’élaboration. Le premier des 60 fascicules est publié en 1879 et le dernier en 1886. Entre temps, le premier tome (A-F) paraît en 1882 et le second en 1886. Mistral a suivi de très près toutes les étapes de la fabrication (mise en page, impression) puis la diffusion (prospectus de présentation, réception des souscriptions et expédition des fascicules, entente avec les libraires-diffuseurs).3 Elle contient un sonnet de Mistral en guise de préface : « Au Miejour », ainsi qu’un supplément et quelques additions.

S’il est possible que Mistral ait lui-même envisagé une réédition de son ouvrage, elle n’a pas vu le jour, du moins de son vivant. La première réédition est l’édition « du Centenaire », sous-entendu de la naissance de Mistral, parue chez Delagrave, en 1932 à Paris. La réimpression de l’ouvrage est accompagnée d’une documentation iconographique et d’une préface de Mme Marie Frédéric Mistral. On trouve à la suite des additions de Mistral une strophe de F. Vidal, « Sus lou Tresor dóu Felibrige », daté de 1886 ainsi qu’un extrait du « discours du Président de la République R. Poincaré, venu, le 14 octobre 1913, saluer à Maillane l’”Homère” de Provence ».
Une réimpression du dictionnaire paraît en Allemagne, chez Biblio-Verlag, à Osnabrück en 1966.
En 1968, une troisième édition paraît chez Ramoun Berenguié à Aix-en-Provence. Pierre Rollet y fait figurer un avant-propos et deux articles placés à la fin du second volume, l’un sur le Tresor dóu Felibrige et l’autre sur le mot « Oucitan ». Il ajoute aussi des « notes manuscrites de Mistral relevées sur son exemplaire du Tresor dóu Felibrige conservé au Museon Mistral » ainsi qu’un « supplément établi d’après les notes de Jules Ronjat ».
À l’occasion du centenaire de la publication du Tresor, une exposition a lieu, suivie d’une nouvelle édition parue chez Édisud, à Aix-en-Provence en 1979, préfacée par Jean-Claude Bouvier (linguiste). Cette préface, ou introduction, contient plusieurs chapitres très documentés autour de l’élaboration du Tresor du Felibrige, ainsi qu’une bibliographie et des photos et reproductions.
La même année, une réimpression de l’édition de 1968 paraît chez C.P.M. Marcel Petit à Raphèle-lès-Arles.
Enfin, Prince Negue (Pau) propose en 2003 une réimpression en 4 tomes, sur laquelle ne figure pas la liste des éléments contenus dans le dictionnaire, insérée par Mistral à la suite de son titre.


Postérité de l’oeuvre

Le Tresor dóu Felibrige a été très positivement accueilli lors de sa parution, il a rencontré beaucoup de succès et reste encore à l’heure actuelle un ouvrage de référence dans le milieu occitan. Cela n’empêche pas quelques reproches : notamment le privilège que Mistral semble accorder à son propre parler, le provençal rhodanien, (probablement beaucoup pour des raisons pratiques d’accès à la langue mais peut-être aussi pour des raisons affectives) en plus du choix de la graphie félibréenne qui n’était pas unanimement acceptée, y compris dans le Félibrige, pour des raisons d’adaptation aux autres dialectes. D’un point de vue lexicographique, si la rencontre (et l’amitié) avec le chartiste Paul Meyer est sans doute pour quelque chose dans l’amélioration de son projet à partir des années 60 et si les talents de linguiste de Mistral ne sont déjà plus à prouver, cela ne fait pas pour autant de lui un expert : la visée de Mistral était d’ordre plutôt littéraire que véritablement scientifique et cela se ressent. Ainsi, le mérite de Mistral pour le travail qu’il a accompli n’est pas remis en cause mais sa rigueur est tout de même critiquée : les formes les plus fiables qu’il propose seraient celles concernant la langue rhodanienne, et les autres dialectes seraient parfois trop manipulés ou mal interprétés. Toutes les formes lexicales proposées ne seraient pas absolument authentiques. Autrement dit le Tresor ne devrait peut-être pas être utilisé comme référence unique par les linguistes : Mistral a été quelques fois soupçonné de se laisser aller à une forme de normalisation et d’esthétisation de la langue pour son utilisation poétique. Enfin la matière ethnographique conséquente contenue dans le Tresor n’est ni exhaustive ni spécialisée mais cela n’est pas vu comme un défaut : c’est une vision globale de la culture occitane car « l’étude d’une langue ne peut être séparée du contexte culturel dans lequel elle s’inscrit »4.

Ressources bibliographiques

Éditions :

Remondet-Aubin, Aix-en-Provence ; Roumanille, Avignon ; Champion, Paris : 1878-1886.

Delagrave, Paris : 1932, sous la direction de Victor Tuby.

Biblio-Verlag, Osnabrück : 1966.

Ramoun Berenguié, Aix-en-Provence : 1968. Préface de Pierre Rollet

Edisud, Aix-en-Provence : 1979. Préface de Jean-Claude Bouvier.

C.P.M. Marcel Petit, Raphèle-lès-Arles : 1979

Prince Negue, Pau : 2003, 4 tomes.

Études :

Jean Boutière. “De la genèse du Trésor de F. Mistral” in Actes et Mémoires du 1er Congrès International de Langue et Littérature du Midi de la France, 1957, p. 319

Jean-Claude Bouvier, Suzanne Estève et Jean-Maurice Rouquette. Mistral et la langue d’oc, Centenaire du Tresor dóu Felibrige. Catalogue de l’exposition organisée en 1979 par la Bibliothèque de Méjanes, l’Université de Provence et le Museon Arlaten

Marcelle d’Herde-Heiliger. Frédéric Mistral et les écrivains occitans dans le Tresor dóu felibrige. S.F.A.I.E.O., Pau, 1998, préface de G. Kremnitz

Hans-Erich Keller. “La valeur du Tresor dóu Felibrige pour les études lexicologiques occitanes” in Revue de linguistique romane, Nos 89-90, 1959, pp. 131-143

Charles Rostaing. “Le dictionnaire d’Honnorat source du Tresor dóu Felibrige” in Revue de Linguistique Romane, 1974, 38, p. 459

Ressources numériques

Le Tresor dóu Felibrige numérisé sur le site de Lo congrès : http://tdf.locongres.org/

Le Tresor dóu Felibrige numérisé par la Bnf : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k74854

Le Tresor dóu Felibrige numérisé par archive.org : https://archive.org/details/loutrsordufelibr01mist

 

1. S.-J. Honnorat. Dictionnaire provençal-français : ou dictionnaire de la langue d'oc ancienne et moderne. Suivi d'un Vocabulaire français-provençal (...). Repos, Digne, 1846-48

2. Jean Boutière. “De la genèse du Trésor de F. Mistral” in Actes et Mémoires du 1er Congrès International de Langue et Littérature du Midi de la France, 1957, p. 319

3. Pour ces précisions, voir Jean-Claude Bouvier, Suzanne Estève et Jean-Maurice Rouquette. Mistral et la langue d’oc. Centenaire du Tresor dóu Felibrige, catalogue de l’exposition organisée en 1979 par la Bibliothèque de Méjanes, l’Université de Provence et le Museon Arlaten

4. Citation de Jean-Claude Bouvier, tirée de Mistral et la langue d’oc. Centenaire du Tresor dóu Felibrige.

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Félicie Brouillet, conteuse du Périgord
CIRDÒC - Mediatèca occitana
Félicie Brouillet, née en 1907, à Augignac (Dordogne), à quelques kilomètres de Nontron fut des années 1930 jusqu'à sa disparition en 1982 une vedette de la radio régionale.

Toujours bien présente dans la mémoire collective, L'Oreilho-­dé-­Lèbré comme elle se faisait appeler, n'a eu de cesse toute sa vie durant de collecter et transmettre la langue, les traditions et histoires de son terroir.

Toute son enfance, elle se nourrit des croyances et histoires populaires qu'elle entendait raconter dans la maison familiale.

Dès les années 1930 elle participe aux opérations de recherche et de collectage menés dans la région nontronnaise par le prêtre Georges Rocal qui l'amène à mener un travail personnel sur la langue et les éléments culturels de son environnement.

Elle commence ainsi à rédiger quelques articles en occitan dans les revues locales avant de publier en 1937 Légendes, contes et récits de la veillée en Périgord, ouvrage aussitôt épuisé, qui ne fit l'objet d'une réédition qu'en 1990.

S'ensuit  un travail de collectage incessant et la constitution de son personnage de l'Oreilho­-dé­Lèbré, vieille nontronnaise contant ses histoires et commentant l'actualité, qui rencontre rapidement un grand succès auprès du public.

Les histoires de Félicie Brouillet ont été enregistrées et ont donné lieu à l'édition de plusieurs disques, vous pourrez aujourd'hui les trouver à l'achat d'occasion ou encore au prêt dans quelques rares bibliothèques ; il ne nous a pour le moment été possible d'en localiser qu'à la BnF (Félicie Brouillet dite l'ORELHO DÉ-LÈBRÉ et Félicie Brouillet avec ses amis du groupe folklorique RIEGUTAIN) et à la bibliothèque de Périgueux (Ses bonnes histoires du Périgord).

Robert Dagnas, avec son émission Chez Nous, diffusée dans les années 1970 sur les ondes de Radio Limoges a également très régulièrement fait intervenir Félicie Brouillet. Les archives de ces émissions de radio ont été déposées par Françoise Etay à l'IEO Limousin. Numérisées, elles sont disponible à l'écoute sur La Biaça, le site internet de la mémoire occitane en limousin.

Vous pourrez trouver les émissions Chez Nous dans lesquelles intervient Félicie Brouillet mais également des collectages réalisés auprès de la conteuse par Robert Dagnas en suivant ces liens :

Emissions radiophoniques Chez Nous avec la participation de la conteuse


 Collectages / Enregistrements intégralement conscacrés à Félicie Brouillet


Le numéro 4 de l'année 2012 du périodique Lo Bornat dau Perigord a  été consacré à Félicie Brouillet en 2012, à l'occasion de la félibrée de Piégut-Pluviers. Vous pourrez y trouver quelques informations complémentaires sur la conteuse.

 

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