Explorer les documents (7 total)

vignette_AL-PROV-1869.jpg
Almanach de Provence. - 1869
Gueidon, Alexandre (1819-1876). Directeur de publication
Chaque volume contient le calendrier, des articles d'histoire locale, des biographies, des poésies françaises et provençales. 
vignette_AL-PROV-1868.jpg
Almanach de Provence. - 1868
Gueidon, Alexandre (1819-1876). Directeur de publication
Chaque volume contient le calendrier, des articles d'histoire locale, des biographies, des poésies françaises et provençales. 
vignette_AL-PROV-1867.jpg
Almanach de Provence. - 1867
Gueidon, Alexandre (1819-1876). Directeur de publication
Chaque volume contient le calendrier, des articles d'histoire locale, des biographies, des poésies françaises et provençales. 
picto_poete_ouvrier - Copie.jpg
Les « poètes-ouvriers »
Bertrand, Aurélien
Eyraud, Noémie

Introduction

« Poètes-ouvriers » est une appellation donnée à une génération d’auteurs et de poètes actifs durant le XIXe siècle. Employée dans les textes d’analyses littéraires occitanes depuis le début du XXe, elle revêt cependant des significations parfois différentes selon son contexte d’utilisation et ne fait, encore aujourd’hui, pas consensus.
D’abord parce que le concept « d’ouvrier » est en pleine évolution au XIXe siècle. La signification du mot telle qu’employée depuis le XVIIIe de « celui ou celle qui travaille à la main » se transforme en celle de travailleur de la grande industrie qui, au cours du XIXe siècle, est en plein développement.
Ensuite parce que le terme « ouvrier » peut avoir indistinctement trait à des patrons aisés du secteur manufacturier, à des propriétaires terriens ou des ouvriers de la plus simple condition.
Enfin, parce que la question du thème traité par le « poète-ouvrier » dans ses écrits se pose à plusieurs titres : un auteur travaillant dans le secteur de l’industrie peut-il être considéré comme « poète-ouvrier » s’il écrit un texte purement comique et sans aucune forme de réflexion sur son contexte social ? Et à l’inverse, un prêtre publiant un texte à propos de sa condition sociale et de celle de ses fidèles peut-il être considéré comme un « poète-ouvrier » ? De même, pour un haut-fonctionnaire rédigeant un texte à propos de la misère sociale dont il peut être témoin.

 

Ces différentes problématiques inhérentes au concept même de « poète-ouvrier », ainsi que l’émergence au début du XXe siècle de la littérature prolétarienne, autre genre littéraire proche mais distinct, ont mené les chercheurs contemporains à faire évoluer la notion vers celle de « voix d’en bas » embrassant ainsi un corpus littéraire plus large mais plus clair et dont l’illustration la plus récente est la publication en 2009 de l’ouvrage collectif Mémoires de pauvres, qui interroge individuellement la situation sociale de neuf auteurs occitans pouvant être rattachés à l'appellation « poète-ouvrier ».

Histoire de la notion

Alphonse de Lamartine par François Gérard  

Le premier spécialiste ayant employé la notion de poète-ouvrier pour la littérature occitane est le félibre, écrivain et professeur de langue et de littérature provençale, Émile Ripert, dans sa thèse La Renaissance provençale : 1800-1860. Il y consacre la seconde partie de son second chapitre « Les poètes-ouvriers en Provence ». S’il n’y définit pas la notion de « poètes-ouvriers », ne faisant qu’une présentation des auteurs qu’il intègre au mouvement, il effectue, dans le chapitre précédent, une analogie entre « poésie-ouvrière » et « poésie-populaire » et sous-entend que ces notions sont plus générationnelles qu’esthétiques ou littéraires. Les « poètes-ouvriers » y sont ainsi présentés comme les héritiers des « protecteurs de la poésie populaire » : comme les influents George Sand et Alphonse de Lamartine, tous deux poètes, actifs contributeurs de la vie intellectuelle et littéraire française du XIXe siècle et promoteurs de la mouvance d’émancipation populaire par la littérature. L'appellation est donc employée pour une génération de poètes actifs durant la période romantique et n’a pas été pensée pour être interprétée au pied de la lettre quant à l’activité professionnelle des auteurs auxquels elle fait référence. Elle reflète davantage le paternalisme de la bourgeoisie littéraire française vis-à-vis d’une génération d’auteurs nouvelle ainsi que sa vision presque idéalisée de sa situation professionnelle. 
L'appellation « poète-ouvrier » disparaît avec la période romantique en ayant eu une influence bien plus importante pour la littérature française que la littérature occitane. Elle s’est ainsi surtout employée durant une période comprise entre la Monarchie de Juillet et le début du Second Empire soit entre 1830 et 1852.
Par la suite, plusieurs spécialistes de la littérature vont tenter de définir cette notion ou plutôt de redéfinir le concept même de « poète-ouvrier », trop sujet à interprétation. La proposition retenue aujourd’hui par les spécialistes du domaine occitan est celle proposée par Edmond Thomas dans son livre Voix d’en bas : la poésie ouvrière du XIXe siècle, édité chez François Maspero en 1979, dans la troisième note de la page 22 :

Il n'y a pas d'ouvrier dans le sens où on l'entendra à partir des années 1840. Le sens actuel de "travailleur de la grande industrie" ne pouvait naître qu'avec celle-ci. Le mot est donc encore pris dans le sens où l'employaient Rousseau et les hommes du XVIIIe siècle : "celui ou celle qui travaille à la main à quelque ouvrage que ce soit. Tout artisan qui travaille de quelque métier que ce soit" (Trévoux 1771). Je l'utilise dans ses acceptions successives, mais il est évident que la première poésie ouvrière, également antérieure aux grandes concentrations urbaines, ne pouvait être écrite que par des artisans. D'autre part, l'ambiguïté de certaines désignations de métiers peut faire courir le risque d'assimiler des patrons aisés ou propriétaires terriens bien pourvus à des ouvriers : imprimeur, cultivateur, vigneron, horloger-bijoutier, graveur par exemple.

La spécificité occitane

Le poète agenais Jasmin (1798-1864)

Au delà des difficultés intrinsèques de définition de la notion de « poète-ouvrier », l’histoire littéraire occitane connaît des difficultés spécifiques pour adapter ce concept à ses propres auteurs. 
La principale difficulté est directement liée à la situation économique de l’Occitanie (au sens de territoire géographique s'étendant de Bordeaux à Nice en remontant jusqu’à Clermont-Ferrand) qui connaît au XIXe siècle un développement industriel bien moins important que dans le Nord de la France limitant de par ce fait l’existence même de poètes-ouvriers potentiels. Cette difficulté est également accentuée par l’éloignement géographique des cercles littéraires parisiens qui impulsent les modes, protègent et parrainent des auteurs en devenir mais bien souvent résidant plus près de la capitale. Seuls quelques rares auteurs comme Jasmin parviendront à faire tomber la barrière linguistique qui séparent alors les poètes occitans de la reconaissance nationale.

Conclusion

Le XIXe siècle marque un tournant pour la littérature occitane. Celle-ci connaît un regain de vitalité extrêmement important d’abord impulsé par les romanistes, précurseurs d’un grand mouvement d’étude de la poésie des troubadours. Les poètes-ouvriers, épiphénomènes d’un élan plus vaste de renouveau littéraire leur emboîtent le pas bientôt suivis par le Félibrige, dont le chef de file, Frédéric Mistral, sera couronné par le Prix Nobel de littérature en 1904.
Les poètes ouvriers s’inscrivent ainsi dans le second temps de l’histoire littéraire occitane du XIXe siècle. S’ils sont pour certains parvenus à rencontrer un succès populaire parfois localement important leurs situations professionnelles très diverses couplée à une appellation vague pouvant être sujette à interprétation a mené le concept à évoluer aujourd’hui vers une acception plus large du sujet aussi bien sur le concept de poète que sur celui d'ouvrier.

Proposition de liste de « poètes-ouvriers »

La liste ci-dessous est proposée à titre provisoire et reste ouverte à toutes suggestions et redéfinitions du corpus auquel elle fait référence. 


Identité de l'auteur Origine géographique Profession(s) Lien vers les œuvres disponibles sur Occitanica Lien vers la biographie de l'auteur
         
Abric, Louis Lunel, (Hérault) Boulanger Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Allavène, Adolphe Aix-en-Provence, ; Marseille, (Bouches-du-Rhône) Doreur-Miroitier Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Arnaud, Joseph Vaucluse Cordonnier

Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana

 
Astier, Jean-Baptiste Marseille, (Bouches-du-Rhône) Cristallier Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Aubry, François Avignon, (Vaucluse) ; Nîmes, (Gard) Serrurier    
Bellot, Pierre Marseille, (Bouches-du-Rhône) Marchand et fabricant de drap

Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana

 
Bénazet, Olympe-Louis Toulouse, (Haute-Garonne) Nombreux métiers dont chanteur des rues Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Benoît, Robert Périgueux, (Dordogne) Coiffeur Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Blanc, François Marseille, (Bouches-du-Rhône) Cordonnier    
Boillat, Justin Nîmes, (Gard) Commis chez un marchand de vin puis greffe au tribunal de commerce Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Boissier, Auguste Die, (Drôme) Artisan-tanneur Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Bonnet, Pierre Beaucaire, (Gard) Cafetier

Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana

 
Borghero, Louis Marseille (Bouches-du-Rhône) Tonnelier Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Brousse, Guillaume Fonbarrade (Lot-et-Garonne) Laboureur    
Caillat, Jean-Baptiste Bouches-du-Rhône Serrurier Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Carvin, Jean-Baptiste Marseille (Bouches-du-Rhône) Musicien Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Cassan, Denis Avignon, (Vaucluse) Prote Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Castela, Jean Tarn-et-Garonne Meunier Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Cazaux, Jacques Montréjeau, (Haute-Garonne) Tailleur Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Cazes, Antoine Millau, (Aveyron) Fumiste Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Chauvier, Philippe Bargemon, (Var) Forgeron, ouvrier cloutier

Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana

 
Cluzel, Pierre Sauzet, (Drôme) Tailleur Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Coumbettos, dit Couquel Castelnaudary, (Aude) Tourneur

Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana

 
Courbin, Jean Portets, (Gironde) Forgeron, serrurier Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Daniel, Claude Nîmes, (Gard) Ouvrier typographe    
Delbès, Antoine Agen, (Lot-et-Garonne) Tailleur

Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana

 
Desanat, Joseph Tarascon (Bouches-du-Rhône) Divers métiers dont : taillandier, forgeron puis charcutier

Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana

 
Favier, François Avignon, (Vaucluse) Marbrier

Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana

 
Fédières, Adrien Montpellier, (Hérault) Maître-maçon Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Galséran, Félix Marseille, (Bouches-du-Rhône) Tonnelier Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Gélu, Victor Marseille, (Bouches-du-Rhône) Nombreux métiers dont  cheminot Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Granier, André-Louis Marseille, (Bouches-du-Rhône) Forgeron    
Grenier, Arnaud Lot   Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Grivel, Roch Crest, (Drôme) Tisserand Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Gruvel, Josselin Haute-Garonne Ouvrier corroyeur

Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana

 
Guisol, François Brignoles, (Var) Tanneur

Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana

 
Honnoré, Louis Marseille, (Bouches-du-Rhône) Ouvrier typographe Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Jasmin Agen, (Lot-en-Garonne) Coiffeur Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana Biographie de l'auteur
Julié, Louis Millau, (Aveyron) Ouvirer gantier

Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana

 
Lacombe, Joseph Caussade, (Tarn-et-Garonne) Menuisier Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Lacroix, Mathieu Gard Maçon Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Laugier, Fidèle Marseille, (Bouches-du-Rhône) ; Var Cordonnier Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Maillet, Alphonse Vaucluse Tailleur Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Mazabraud, Joseph Haute-Vienne Tailleur Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Mengaud, Lucien Toulouse, (Haute-Garonne) Peintre, bijoutier Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Palay, Jean Pyrénées-Atlantiques Tailleur Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Payan, Toussaint Marseille, (Bouches-du-Rhône) Ouvirer tonnelier Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Pélabon, Louis Toulon, (Var) Voilier Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Petit, Jean Creuse Maçon et tailleur de pierre Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Peyrottes, Jean-Antoine Clermont-l'Hérault, (Hérault) Potier Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana Biographie de l'auteur
Poncy, Charles Toulon, (Var) Maçon Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana Biographie de l'auteur
Mestre Prunac ; Liberat, Jacques Sète, (Hérault) Boulanger Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Reboul, Jean Nîmes, (Gard) Boulanger Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Revel, Pierre Marie Aude Prêtre Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Richier, Amable   Maréchal-ferrant Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Rieu, Charles Bouches-du-Rhône Maçon Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Rigal, Jean Agen, (Lot-en-Garonne) Tailleur Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Roch, Hippolyte Montpellier, (Hérault) Ferblantier Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Tavan, Alphonse Bouches-du-Rhône Cultivateur puis employé des chemins de fer Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Verdié, Jean-Antoine Bordeaux, (Gironde) Boulanger, grenadier, vannier, marchand de journaux Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana Biographie de l'auteur
Vestrepain, Louis Toulouse, (Haute-Garonne) Cordonnier-bottier Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana Biographie de l'auteur
Veyre, Jean-Baptiste Cantal Sabotier Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Vidal, Jean-Paul Issel, (Aude) Potier Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Younet, Jean Montauban, (Tarn-et-Garonne)   Voir les œuvres de et sur l'auteur disponibles sur Occitana  
Eyraud, Noémie (CIRDÒC)

Maçon et protégé de George Sand, il s’est fait une place dans la génération des poètes-ouvriers d’expression française. Sa langue toulonnaise s’exprime principalement dans l’Armana Prouvençau. Il est élu Majoral du Félibrige en 1881.

Identité

Formes référentielles

Poncy, Charles (forme référentielle française)

Autres formes connues

< Louis-Charles Poncy (forme complète d'état-civil)
< Carle Poncy (forme occitanisée)
< Charle Poncy (forme occitanisée)
< Cascavèu (pseudonyme)
< De Profundis (pseudonyme)

Éléments biographiques 

Charles Poncy est né le 4 avril 1821 à Toulon. Il est le second fils de Nicolas-Joseph Poncy, maçon toulonnais originaire de Marseille, et de Françoise Gazan, de Toulon.
Il commence son apprentissage de maçon dès l’âge de neuf ans, dans le « chantier » qu’il forme avec son père et son frère aîné. Il suit une courte scolarité qui lui donne le goût de la lecture. Il fait le reste de sa formation littéraire et savante française en autodidacte dans Le Magasin pittoresque, journal mensuel et bon marché, sorte d’encyclopédie populaire très répandue.

Portrait de Charles Poncy, extrait de l'ouvrage <i>Les Ouvriers-poétes</i>, p. 80

Ce serait un médecin, venu soigner son père, qui aurait découvert les talents de Charles Poncy et l'aurait introduit en 1840 à l’Académie des Sciences et Belles-Lettres de Toulon où sont lus en séance publique ses premiers poèmes.
Le jeune poète-maçon jouit rapidement d’une certaine popularité à Toulon puis à Paris. Dès 1841 la Revue Indépendante publie ses poèmes, par l’entremise de François Arago. Co-fondatrice de la revue, George Sand fait, sous le pseudonyme de Gustave Bonnin, un commentaire élogieux sur la poésie de Poncy, dans le numéro du 1er novembre 1841.
Sous l'influence de ses protecteurs, Poncy oriente ses lectures vers des poètes tels que Hugo ou Lamartine et en profite pour améliorer sa maîtrise du français, sa langue maternelle étant l'occitan. Mais c’est Ortolan, jurisconsulte et professeur de Droit à la faculté de Paris, toulonnais et saint-simonien, qui s’enthousiasme le plus pour Poncy : il ouvre une souscription pour publier en recueil les poèmes du jeune Poncy, souscription rapidement couverte. En mars 1842 paraît le premier recueil, Marines (Paris : éditions Lavigne).

Mais Marines a confirmé l’intérêt que lui portait George Sand, qui commence à lui écrire en avril 1842. C’est le début d’une longue amitié qui ne cesse qu’à la mort de George Sand, en 1876. L’importante correspondance entre George Sand et Charles Poncy est la source majeure pour connaître la personnalité de Poncy. On y voit une George Sand maternelle et qui dirige l’éducation d’un jeune poète, dans le sens de la cause qu’elle défend, en faveur de l’émancipation et de l’instruction des classes populaires. Le soutien de George Sand fait naître des ambitions de consécration chez le poète. Il s’obstine à vouloir être publié à Paris malgré les coûts que cela représente, sans pour autant vouloir quitter sa ville ni, dans un premier temps, son métier de maçon. Il suit avec une relative docilité les orientations littéraires et morales qu’elle lui conseille de prendre.
D'autres recueils suivront Marines, mais leur succès reste relatif. Seules quelques revues consacrent des articles aux poèmes de Poncy, notamment des revues intéressées par l'émancipation populaire comme la Revue indépendante et la Ruche populaire, journal local dirigé par le chansonnier Vinçard à tendance socialiste. Sa petite notoriété lui permet tout de même, lors d'un passage à Paris en 1845, d’être reçu dans les salons et de rencontrer quelques-uns des grands écrivains du temps.

Il vit de son métier de maçon jusqu'en 1848, année pendant laquelle il se présente à l’Assemblée Constituante. Une lettre de George Sand, datée du 9 mars 1848 l’invite à se présenter comme député républicain, pour laisser aux ouvriers le soin de « dire leurs besoins, leurs inspirations » dans le cadre de la République. Cependant, s’il est sensible aux questions sociales, qui apparaissent dans sa poésie, et s’il assimile en partie l’idéologie de sa protectrice, il ne semble pas absolument investi dans l’action politique et ne sera d’ailleurs pas élu. Poncy ne sera jamais vraiment le poète prolétaire tant espéré par George Sand et s'il parle de sa condition d'ouvrier, il reste plutôt un poète régional qui dit Toulon et la Méditerranée.
Après avoir étudié le droit et la géométrie, il finit par s’affranchir de sa condition d’ouvrier, contre les avis de ses protecteurs. À partir de 1849, il occupe plusieurs postes dans différentes administrations. En 1850 il devient vice-président de la Société des Sciences et Belles-Lettres de Toulon, et en 1860 il reçoit la Légion d’Honneur.
Il ne cesse pas de publier pour autant, mais sa verve semble s’amenuiser.

Il meurt le 30 janvier 1891 à Toulon, sans avoir laissé le souvenir d’un poète de grand talent : on lui prête des défauts souvent reprochés aux poètes qui ont eu une éducation littéraire autodidacte et assez laborieuse. Le fait de vouloir trop imiter les grands maîtres de la littérature au détriment de sa propre sensibilité poétique lui a fait produire des œuvres jugées un peu « forcées » et lourdes, inférieures en qualité au modèle suivi, et dépourvues de l’originalité, de « l’authenticité » qu’on attendait de lui en tant que prolétaire.
Pour autant sa ville ne l’oublie pas complètement et ne le traite pas si sévèrement que l’intelligentsia parisienne : une plaque a été posée sur sa maison et la rue porte son nom depuis 1911.

Engagement dans la renaissance d’oc

Resté toute sa vie très attaché à sa ville, il commence à produire quelques poèmes en occitan provençal, sa langue maternelle, après les événements de 1848. Ceux-ci paraissent dans l’Armana Prouvençau à partir de 1860 et dans quelques autres revues locales. Ses poèmes seront publiés plus tard dans La Pignato, à Toulon. Il participe au mouvement félibréen et entretient des relations avec les figures du mouvement en Provence, Mistral, Aubanel mais surtout Roumanille. Il est élu majoral du Félibrige (Cigalo di Mauro) en 1881.

Il reste cependant une personnalité assez mineure de la littérature d’expression occitane.
Quasiment absent des ouvrages d’histoire littéraire occitane, il est éventuellement mentionné (C. Camproux, Histoire de la littérature occitane, 1953, rééd. 1971, p. 148 e J. Rouquette, La Littérature d'oc, Que sais-je? 1963, p. 83) aux côtés des poètes-ouvriers occitans tels que Jasmin, Reboul, Peyrottes, etc. É. Ripert lui consacre une sous-partie dans la Renaissance provençale et un paragraphe dans Le Félibrige, et J. Fourié le compte dans les entrées de son dictionnaire. Mistral le cite dans une note de Mirèio (chant VI, note II), aux côtés d’autres écrivains d’expression française originaires du Midi. Mais, localement, son prestige d'auteur français reconnu à Paris lui a valu l'hommage, en provençal, d'écrivains de Toulon : outre son frère Alexandre, Louis Pélabon ou Etienne Garcin.

Quelques hommages lui sont rendus au moment du centenaire de sa mort dans des revues telles que Lou felibrige, Prouvenço d’aro et, à Toulon, La Targo et le Bulletin des Amis du Vieux Toulon. Son frère, Alexandre Poncy (1823-1870), maçon lui aussi, est l’auteur d’un recueil de Pouesios prouvençalos (Toulon : impr. F. Monge, 1845).

Bibliographie de l'auteur

Occitan
Voir les publications de Charles Poncy référencées dans 
Le Trobador, catalogue international de la documentation occitane

Français
- Marines. Paris : éditions Lavigne, 1842 [préface de M. Ortolan]
- Le Chantier : poésies nouvelles. Paris : Perrotin, 1844 [préface de George Sand]
- Toulon, faible revue d’une ville forte. Toulon : Monge, 1845
- Poésies de Charles Poncy, ouvrier maçon de Toulon : Marines - Le Chantier. Paris : Société de l’industrie fraternelle, 1846 [nouvelle édition entièrement refondue par l’auteur]
- La chanson de chaque métier. Paris : Cormon, 1850 ; rééd. Portraits de 76 métiers, sur des airs populaires.
- Fragments du Bouquet de marguerites. Toulon, 1851.
- Un coin des Alpes à Moustiers. Toulon : Aurel, 1855
- Marguerite, ou le Frère et la Sœur. comédie en 1 acte, en vers, imitée de Goethe, Toulon : Impr. de E. Aurel, 1858
- Le gabier de Tamaris. Toulon : Milhière, 1862
- Œuvres complètes. Paris, Hachette, 1867-1873, 9 vol. I. Marines, 1867 ; II. Le Chantier, 1868 ; III. Bouquet de Marguerites, 1868 ; IV. La Chanson de chaque Métier, 1868 ; V. Regains, 1868  ; VI.-IX. Contes et Nouvelles, 1869-1873 (contient quelques poésies en occitan)
- La Loire. Toulon : Milhière, 1869.
- Toast à George Sand. Toulon : Milhière, 1876
- Reliquaire. Toulon : Massonne, 1879.
- Toulon après le choléra de 1884. Toulon : Impr. de A. Isnard, 1884
- Choses d’antan et d’aujourd’hui : Tamaris et les Sablettes avant et depuis Michel-Pacha. Toulon : Impr. de A. Isnard, 1889

Correspondances

- 12 lettres de George Sand à Charles Poncy : voir la transcription des lettres en ligne sur le site http://sand.nightangel.fr consacré à George Sand : aller sur le site.
- Correspondance de Charles Poncy à George Sand, Paris, Bibliothèque historique de la ville de Paris, fonds George Sand, G 3112-G 3142
voir la notice dans le Catalogue Collectif de France
- Correspondance de Solange Clésinger-Sand et de Charles Poncy. 1863-1891 BnF  Cote NAF 14661-14662
voir la notice dans le Catalogue Collectif de France


100.jpg
L'Aiòli. - Annado 03, n°100 (Outobre 1893)
Mistral, Frédéric (1860-1914)
Centième numéro de l'Aiòli
aioli.jpg
L'Aiòli. - Annado 02, n°059 (Avoust 1892)
Mistral, Frédéric (1830-1914)
Cinquante-neuvième numéro de l'Aiòli.