La question linguistique demeure curieusement absente de l’historiographie de la Première Guerre mondiale en France. Parmi les soldats bretons, basques, « ch’tis » - le terme est d’ailleurs sorti des tranchées - provençaux, languedociens, auvergnats ou encore gascons pour l’espace occitanophone, une grande majorité a témoigné de son expérience de la guerre dans des carnets, lettres, mémoires et souvenirs, en français. Partant de ce constat, les historiens ont semble-t-il définitivement clos le dossier des langues dans la guerre.
L’histoire de la Grande Guerre en France a pourtant considérablement évolué ces quarante dernières années, grâce à une plus grande considération pour les documents produits par les combattants eux-mêmes. On aurait pu penser que ce retour à la « masse », aux sources directes des combattants et des populations de l’arrière, à la question sociale, voire territoriale, aurait permis de mettre à jour les nombreuses questions linguistiques que le conflit met en lumière pour comprendre la France de 1914, comme celle, bouleversée, de l’après-1918. Force est de constater que ça n’a pas encore été le cas malgré un certain nombre de chantiers (enfin) ouverts, en majorité pour les soldats bretons ou, en ce qui concerne la question « occitane », avec l’analyse de l’affaire du 15e corps. Les traces et les documents sont néanmoins bien présents. De l’occitan, on en trouve finalement partout : sur les affiches, en légende des cartes postales et des caricatures de propagande, dans les journaux de tranchées, dans la presse nationale de l’époque aussi, et même sur les monuments aux morts et d’autres lieux de mémoire de guerre.
Les traces et les documents sont pourtant bien là : mots, expressions voire passages entiers dans les carnets et correspondances de soldats, articles et journaux de guerre entièrement rédigés en occitan, en breton, en basque. De l’occitan, on en trouve finalement partout : sur les affiches, en légende de cartes postales et de caricatures de propagande, dans les journaux de tranchées, dans la presse y compris nationale de l’époque, et jusque sur les monuments aux morts et autres lieux de mémoire de la guerre.