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Collectage : chanson Adieu paure Carnaval

Carnaval est un événement à part dans le calendrier occitan. À rebours des conceptions évolutionnistes, il marque, par son éternel retour, l’empreinte cyclique des éléments. Ici la fin de l’hiver, l’arrivée du printemps. Mais au-delà : un lien au cosmos, où la naissance et la mort se confondent éternellement dans le même geste, le même mouvement, le même hommage. Les traditions ? Il les agite, il les réinvente, il s’y plie puis il les tord dans tous les sens. Bref, il est en vie. Tellement qu’il porte en lui-même sa propre autodérision, sa propre antithèse, absorbée par une puissance évocatrice intrinsèquement humaine.

Simulacre archaïque d’un monde renversé, le carnaval convoque les symboles et les figures constitutives de la société dans laquelle il prend forme. Une sorte de fête à l’envers, en somme, comme l’a très justement formulé l’ethnologue narbonnais Daniel Fabre. Les codes sociaux, les rôles, tout y est inversé : pouvoir, rang, religion, sexe… Dans les carnavals, l’impensé et l’interdit refont donc surface, en grand et sur le devant, dans ce vrombissement qui fait trembler les citadelles.

La chanson populaire Adieu Paure Carnaval se chante généralement en fin de jugement du Caramentran, au moment de sa crémation.

Voici les paroles des enregistrements présentés ici, effectués lors de collectages dans le département de l'Aude.
Ce collectage est issu du projet Lo Bramàs. Mémoire chantée des pays audois.

Nous constatons peu de variantes pour cette chanson. La plus complète a été donnée par un élève de la Calandreta de Bize Minervois lors de la session à Roubia.

Roubia

Adieu paure paure paure adieu paure Carnaval
Tu te’n vas e ieu demòri per manjar la sopa a l’òli
Adieu paure paure paure adieu paure Carnaval
Tu te’n vas e ieu demòri per manjar la sopa a l’alh
La joinessa fa la fèsta per saludar Carnaval
La Maria fa de còcas a la farina de l’ostal
Lo buòu dança, l’ase canta, lo moton ditz sa leiçon
La galina canta lo Credo e lo gat ditz lo Pater
Adieu paure paure paure adieu paure Carnaval
Tu te’n vas e ieu demòri per manjar la sopa a l’òli
Adieu paure paure paure adieu paure Carnaval
Tu te’n vas e ieu demòri per manjar la sopa a l’alh

Les variantes : Peyriac de Mer

Adieu paure adieu paure adieu paure Carnaval
Carnaval es un bonòme qu’a manjat la sopa a l’òli

Port-la-Nouvelle

Adieu paure adieu paure adieu paure Carnaval
Tu te’n vas e ieu demòri  ieu demòri e tu t’en vas
Per manjar la sopa a l’òli per manjar la sopa a l’alh

Sallèles-d'Aude

Cette version serait celle chantée à Narbonne :

Carnaval es un jan fotre que nos fa manjar d’argent
L’envoiarem faire fotre juscas l'an novo que ven
Adieu paure paure paure adieu paure Carnaval
Tu te’n vas e ieu demòri per manjar la sopa a l’alh
As manjat tròp de salsissa e de cambajon salat
[...]

Saint-Nazaire

Carnaval es un paure òme qu’a manjat la sopa a l’alh
Qu’a manjat tròp de salcissa e de cambajon salat

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Une journée au carnaval de Limoux - Tè Vé Òc
Gros, Lise. Metteur en scène ou réalisateur

Émission du 08 avril 2020

Une journée au carnaval de Limoux

Le carnaval de Limoux est le plus long au monde : il se déroule tous le samedis et dimanches sur trois mois, de janvier à mars. Fecas et Godilhs vous y enchantent.
Nous vous faisons découvrir une journée, du matin jusque dans l'après-midi, après le déjeuner, deux temps de sortie de la « banda » (fanfare) et de ses musiciens. Le carnaval n'est pas un spectacle mais une fête qui se partage avec les gens venus regarder et participer. Et si vous voulez voir la sortie à la nuit avec les torches, il vous faudra aller à Limoux !

Un reportage de Lise Gros

[résumé : Tè Vé Òc]

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Vidéoguide : La Blanquette, cru mythique (langue et sous-titres en occitan)

L'histoire voudrait que la Blanquette, vin mousseux produit dans la région de Limoux, soit née un jour dans les caves de l'abbaye Saint-Hilaire, située à quelques kilomètres de cette commune.

L'apparition de la blanquette est dès lors placée sous le signe du hasard, puisque c'est fortuitement qu'en 1531, un moine de l'abbaye aurait découvert qu'au cœur d'une des bouteilles de la production locale, le vin blanc "prenait mousse". Naissait ainsi, le premier brut du monde.
L'histoire est belle, mais elle semble n'être pas plus qu'une légende...

Version occitane sous-titrée en occitan

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Carnaval : Fecas et Godilhs (langue et sous-titres en occitan)

Au cœur de l'hiver, carnaval constitue une parenthèse, annonçant la fin des difficultés et l'entrée dans le printemps. Héritier de la fête des fous médiévale, ses réjouissances sont traditionnellement un temps de pause durant lequel rôles et statuts s'inversent, la parole se libère, les masques deviennent porteurs d'un message critique vis-à-vis de la société et des pouvoirs en place.

Durant près de dix semaines, les rues du village audois de Limoux s'animent. Autour du roi de la fête, sa majesté Carnaval, évoluent des figures contraires spécifiques à la cité de la haute vallée de l'Aude : Fecas et Godilhs.

Ce vidéoguide d'animation a été réalisé en 2014 dans le cadre du projet e-Anem, financé par le FEDER en Languedoc-Roussillon.

Version occitane sous-titrée en occitan

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Vidéoguide : Le Poulain de Pézenas (langue et sous-titres en occitan)

Animal "totémique" de Pézenas, le Poulain figure depuis 2005 au classement du patrimoine oral et immatériel de l'humanité de l'UNESCO.  Cet équidé de toile et de bois accompagne les Piscénois dans toutes leurs festivités.

Ce vidéoguide d'animation a été réalisé en 2014 dans le cadre du projet e-Anem, financé par le FEDER en Languedoc-Roussillon.

Version occitane sous-titrée en occitan

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Les Folies du sieur Le Sage de Montpellier (Isaac Despuech)
Despuech, Isaac (1583-1642)

Résumé 

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Vous trouverez ici la version numérisée de l'exemplaire du Fonds Patrimoine de la Médiathèque Emile Zola de Montpellier, Cote C222

Description physique

Dédicace de l'auteur à Monsieur Valat, gouverneur du chasteau de Montferan ; Texte en occitan

Reliure veau XIXe siècle signée Lardière. 

Ex-libris : cachet du fonds Cavalier.

Autres éditions 

Il existerait 252 exemplaires numérotés


Les Folies du sieur Le Sage de Montpellier, A Amsterdam. Suivant la copie de Montpellier : chez Daniel Pain, 1700, 196 p ; in-8, Béziers : CIRDOC - Institut occitan de cultura, Cote CR-A 8081

Les Folies du sieur Le Sage de Montpellier, A Amsterdam. Suivant la copie de Montpellier : chez Daniel Pain, 1700, 196 p ; in-8, Lunel : Musée Médard, Cote LUG 13-2

La Baio de Sampeyre : carnaval dans les vallées occitanes d'Italie
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)

Cette fête a lieu tous les cinq ans à Sampeyre au cœur des Vallées occitanes d'Italie. Le nom de « Baio » viendrait du mot occitan « abadiá » et renverrait aux « abbés de jeunesse », jeunes gens qui avaient pour fonction d'organiser les fêtes de la communauté.

 

 

1/ La pratique aujourd’hui

Cette fête carnavalesque a lieu tous les cinq ans dans la Val Varaita, dans la province de Cuneo, au cœur des Valadas occitanas d'Italie. La plus célèbre est celle de Sampeyre. Le nom de la fête de la Baio viendrait du mot occitan « abadiá » et renverrait aux traditions des « abbés de jeunesse », ces jeunes gens qui avaient traditionnellement pour fonction d'organiser les fêtes de la communauté.

Un ensemble de rites se déroule sur trois jours au mois de février : les deux dimanches avant le carnaval et le Jeudi gras.

Photogr. : Bernard Delort

La Baio est un grand cortège d'hommes costumés, certains en « Maures », d'autres travestis en femmes, d'autres coiffés de mitres spectaculaires.

Les personnages historiques composant le cortège sont les suivants : l'Abà, il Tesoriere, le Cavalìe (cavalieri), le Tambourn majour, l'Arlequin, les Sarazine, la Segnourine (signorine), le Tambourin (tamburini), le Sapeur, le Grec (greci), l'Escarlinìe, l'Espous (sposi), les Segnouri (signori), le Sounadour (suonatori), le Uzuart, le Granatìe, le Morou (i neri) et le Turc, le Viéi et la Viéio (il vecchio e la vecchia), et le Cantinìe (cantiniere).

Les « Sonadors » sont l'élément central de la fête, faisant danser toute la journée et toute la nuit après que des sapeurs ont brisé à la hache une barrière de bois symbolique.

Photogr. : Bernard Delort

Les journées commencent à l'appel des « Tambourins » et continuent avec des défilés dans les différents cantons. La Baio est particulièrement spectaculaire par la qualité et la diversité des costumes, qui sont hérités de différentes époques de l'histoire de la vallée. On reconnaît en particulier la garde armée sous les traits des « Ussari », en costume de hussards de l'époque napoléonienne. Comme tout carnaval en Occitanie, le procès représente le point d'orgue du Jeudi gras.

Ici, le coup de théâtre des fêtes de la Baio est immuablement la fuite du trésorier avec la caisse remplie d'argent. Le public assiste à sa capture, son procès, sa condamnation à mort et enfin sa grâce.

Photogr. : Bernard Delort

2/ Apprentissage et transmission

Ce carnaval permet à tous les habitants de la vallée d'être des acteurs de la fête. En effet, bien que le cortège soit réservé aux hommes qui sont les seuls à pouvoir se déguiser sous les traits des personnages liés à la tradition historique locale, la population entière participe à l'organisation et à la préparation notamment des costumes.

3/ Historique

Ce carnaval commémore la victoire des habitants des vallées contre les invasions sarrasines en Provence et dans les Alpes à la fin du Xe siècle, aux alentours de 975-980. Cette hypothèse est néanmoins remise en question. Des éléments des différentes époques marquantes de l'histoire de la vallée ont été incorporés comme par exemple les hussards de l'époque napoléonienne.

Photogr. : Bernard Delort

4/ Sauvegarde

Cette pratique qui ne se renouvelle qu'une fois tous les cinq ans ne fait pas l'objet d'une protection particulière d'un point de vue patrimonial. Ses rituels sont très codifiés et très peu de place est laissée à l'improvisation autant d'un point de vue des costumes que des rôles des personnages ou du déroulement de la fête. Ce carnaval est toutefois mis en valeur par la région du Piémont.

5/ Acteurs de la pratique

Tous les habitants de cette vallée son acteurs de la Baio de Sampeyre.

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La Ratapinhata
Assas-Silveri, David
Ce court film didactique revient sur les origines de la Ratapinhata, figure emblématique de Nice depuis 1875. Comme les fêtes carnavalesques dont elle est issue, elle est une représentation de l'inversion, de la transgression, mais aussi d'une résistance, celle de la culture et de la langue nissarde.

Documentaire réalisé par David Assas-Silveri et produit par Cultura Viva Televisioun, avec le commentaire de Patrice Arnaudo.
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Godolin porté en triomphe le Mardi gras
Perrin, Olivier Stanislas ( 1761-1832). Dessinateur.
Cette gravure constitue la planche lithographiée n°16 de l'édition des Oeuvres de Godolin parue à Toulouse en 1843. Elle représente le poète toulousain porté en triomphe par le peuple de Toulouse.
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Le bon soir des moundis : injures et invectives dans le divertissement populaire occitan toulousain du XVIIIe
Escarpit, David

Le Bon soir des moundis est un texte de poésie burlesque en occitan, assez énigmatique, construit en vers irrégulier comme un inventaire des insultes et vœux de malheur. Il est daté du milieu du XVIIIe siècle, imprimé en feuillet et connu par un seul exemplaire conservé à la Bibliothèque universitaire de l’Arsenal (Toulouse-1).
Ce type de document à diffusion populaire est assez rare dans les collections publiques. Il appartient cependant à un corpus foisonnant de textes burlesques et carnavalesques qui composent une grande part de la littérature occitane de l’époque moderne (XVIe-fin XVIIIe siècle) dont Toulouse est un des principaux foyers autour du très célèbre poète Godolin (1580-1649).
Peu connu, décrit par le savant Jean-Baptiste Noulet dans son Essai sur l’histoire littéraire des patois du midi de la France au XVIIIe siècle (Paris : J. Techener, 1859, p.172) come contenant un « tissu d’ordures et d’injures dégoûtantes, en usage, ce semble, parmi le bas peuple, à la fin du XVIIIe siècle » on le percevra aujourd’hui au contraire comme un témoignage précieux de la langue populaire des Toulousains, de leurs divertissements et de leur humour dans une culture collective fortement imprégnée de carnavalesque.
Le feuillet contient au dos un autre texte en français intitulé « Pour les femmes » (et non “Contre” comme le prétend Noulet) qui est un argumentaire de défense des femmes, arguant leur nature égale voire supérieure à l’homme.

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Description du document

Le bon soir des moundis. Tust, Tust, quié-là ? [Toulouse] : [s.n.], [17..]

Ce feuillet contenant deux textes imprimés au recto et au verso est connu par un seul exemplaire relié avec d’autres brochures en occitan dans un recueil provenant de la collection de l’érudit et bibliophile occitaniste Frix Taillade (1819-1901) dont la bibliothèque a été acquise en 1906 par la bibliothèque de l’université de Toulouse. Il est aujourd’hui conservé dans le fonds ancien de l’université de Toulouse. (Bibliothèque universitaire de l’Arsenal - SCD Toulouse-1 ; cote : Resp 35341-3/26)
Ce document occitan toulousain est imprimé sur un feuillet recto-verso de format moyen (390 × 185 mm) pouvant s’apparenter à de la production populaire de colportage qui proposait à la vente ambulante des ouvrages imprimés à faible prix. Cette pratique a grandement œuvré à la bonne diffusion de nombreuses œuvres entre le Moyen ge et le XXe siècle. Les œuvres de Pèire Godolin, Jasmin, Mesté Verdié et certains almanachs félibréens ont notamment été assez largement diffusés grâce au colportage.
Sans date ni nom d’auteur ou d’imprimeur, il a été daté postérieur aux années 1720-1730 du fait de la mention du « pape de Hollande ». Il est possible de voir dans ce terme une allusion au schisme provoqué aux Provinces-Unies (actuels Pays-Bas) par le prélat catholique Dominique-Marie Varlet (1678-1742), évêque in partibus de Babylon, excommunié en 1725 pour avoir administré des sacrements aux Provinces-Unies alors qu’il était relevé de ses fonctions, et en opposition aux ordres du pape. Refusant de se soumettre au Saint-Siège, Varlet fonde alors une église catholique schismatique à Utrecht, qui sera plus tard connue sous le nom d’Église vieille-catholique ou Union d’Utrecht.

Contenu

Le recto contient « Le bon soir des moundis » (le bonsoir des Toulousains), suivi du sous-titre « Tust, Tust, quié-là ? » (toc, toc qui est là ?). Le verso contient un autre texte, en français celui-là, intitulé « Pour les femmes ».

Le bon soir des moundis se compose de deux parties. La première est une liste d’injures populaires en occitan. Plusieurs d’entre elles ne manquent pas de verve, certaines relève presque de l’absurde : Capèl de ressegaire, que le mèstre non val gaire (Chapeau de scieur, dont le maître ne vaut pas grand-chose), Visatge de pautrada, fisionomia mancada (Visage d’étron, physionomie manquée), Frut d’espital, enfant de còr de Marselha (Fruit d’hôpital, enfant de chœur de Marseille), Visatge de cuèr bolhit, visatge de trenta-sièis faiçons (Visage de cuir bouilli, visage de trente-six façons)...

La seconde est intitulée « Passen as souhaits » (passons aux souhaits) et énumère des souhaits absurdes et burlesques. Là encore, les souhaits en question ne souffrent pas de la comparaison avec les insultes qui les précèdent, au niveau de la richesse imaginative, loufoque et fantaisiste : Te soèti las perpelhas coma una bòta de rafes (Je te souhaite les paupières comme une botte de radis), Te soèti las dents e la machoara rengadas coma las nòtas de musica (Je te souhaite les dents et la mâchoire rangées comme les notes de musique). Nous nous rapprochons parfois quasiment de l’ambiance d’un tableau de Jérôme Bosch : Te soèti que tas costèlas serviscan de cabana al diable per se metre a l’abric del solelh (Je te souhaite que tes côtes servent de cabane au diable pour se mettre à l’abri du soleil), Te soèti que quand te mocas, te mocas la cervèla (Je te souhaite que quand tu te mouches, tu te mouches la cervelle), Te soèti que Lucifèr te trigosse per de vinhas podadas de frèsc, juscas que siás en brotons (Je te souhaite que Lucifer te trimballe à travers des vignes taillées de frais jusqu’à ce que tu sois en boutons). Le cauchemar n’est pas loin derrière le bouffon, et l’œuvre s’enrichit d’une dimension presque inquiétante de par la fantaisie absurde et débridée de l’imagination dont elle fait preuve. Même le décor familier de Toulouse devient fantasmagorique : Te soèti que le dòma dels Carmes e des Recolets te serviscan de pendents d’aurelhas (Je te souhaite que le dôme des Carmes et des Récollets te servent de boucles d’oreilles), Te soèti quatre caissals coma le Pilièr d’Orleans (Je te souhaite quatre molaires comme le Pilier d’Orléans).

Au terme de trente-six souhaits se trouve une Respounso (réponse), qui se limite, en une dizaine de lignes, à d’autres insultes ainsi qu’à une série de bon soir dans le même esprit. Le tout se clôture par la sentence amix eron, amix sion (ils étaient amis, qu’ils soient amis).
Nous n’en savons pas plus sur l’identité des deux interlocuteurs ni sur leur querelle.

Le texte français imprimé au verso du feuillet porte le titre Sur les femmes, sans davantage de précisions. S’il serait quelque-peu exagéré et anachronique de le qualifier de féministe, c’est néanmoins un texte qui plaide - en apparence - l’égalité entre hommes et femmes, voire même la supériorité de celles-ci sur la gent masculine : “De plus l’origine et le nom de la femme, selon l’Écriture sainte, est plus noble que celui de l’homme”. Le moins que l’on puisse dire est qu’il est en rupture totale de ton et d’atmosphère avec la partie occitane du recto. Faut-il y voir un éloge carnavalesque ? L’inversion des valeurs étant une des bases de Carnaval, il est possible que le plaidoyer en faveur de la prise de pouvoir des femmes dans la société relève en réalité du même esprit subversif et provocateur que la partie occitane.Il s’agirait alors de ce qu’on appelle en rhétorique une antiphrase.

Un petit trésor de littérature burlesque occitane de l’époque moderne

Si ce type de documents est rare aujourd’hui dans les collections publiques, cela ne veut pas dire qu’ils n’étaient pas nombreux dans la production imprimée de diffusion populaire, en particulier à Toulouse, qui fut depuis la fin du XVIe siècle un foyer de littérature burlesque, satirique et populaire d’expression occitane.
Il est malheureusement difficile de reconstituer le rôle et la « vie » que pouvait avoir un tel texte dans le Toulouse du XVIIIe siècle. Son format, son support et son contenu invitent à penser qu’il ne s’agit pas d’écrits pour êtres lus mais sans doute dits ou joués. S’agit-il d’un texte carnavalesque ? On sait l’importance du carnaval dans l’ancienne Toulouse, connu par de nombreux écrits, depuis Godolin au XVIIe siècle. Plusieurs passages semblent directement inspirés du grand poète populaire toulousain Godolin, des noms sont tirés de ses œuvres, comme Ramonet l’Asclaire (Raymond le fendeur de bûches) à moins qu’il ne s’agisse de folklore toulousain qu’avait exploité Godolin dans ses œuvres. Nous savons que Godolin a repris plusieurs personnages de l’imaginaire local, comme Tòcasòm.
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Plusieurs lieux emblématiques de Toulouse sont cités dans le Bon soir des moundis, comme le couvent des Carmes, celui des Recollets et celui des Cordeliers, ou encore l’église de la Dalbade, le quartier Arnaud-Bernard (la Naubernat), le « pont » et ses « lunes », comprendre le Pont-Neuf (les « lunes » étant sans doute les six dégueuloirs dont il est percé), ou encore le Pilier d’Orléans, célèbre pilier de la cathédrale Saint-Étienne au pied duquel est enterré Pierre-Paul de Riquet.
Certaines de ces insultes seront reprises par le farceur bordelais Meste Verdié (1779-1820) dans sa farce Cadichoune e Mayan (1819) indiquant une certaine diffusion de ce texte, par voie écrite ou orale.

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