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Fiche d'inventaire du Poulain de Montblanc
Gaspa, Marie
Fiche d'inventaire réalisée dans le cadre de l'inventaire des géants, animaux fantastiques et dragons processionnels de France, coordonné par le Centre français du patrimoine culturel immatériel - Maison des Cultures du Monde autour du carnaval de Montblanc et son animal totémique : le Poulain.
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Fiche d'inventaire du Tribus Lupis de Cournonterral
Wasniowska, Anna
Fiche d'inventaire réalisée dans le cadre de l'inventaire des géants, animaux fantastiques et dragons processionnels de France, coordonné par le Centre français du patrimoine culturel immatériel - Maison des Cultures du Monde autour de la fête de la Saint Jean d'été et son animal totémique le Tribus Lupis de Cournonterral.
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Fiche d'inventaire du Poulain de Pézenas
Alranq, Perrine
Fiche d'inventaire réalisée dans le cadre de l'inventaire des géants, animaux fantastiques et dragons processionnels de France, coordonné par le Centre français du patrimoine culturel immatériel - Maison des Cultures du Monde autour du Carnaval de Pézenas se déroulant tous les ans au mois de février et de la sortie de son animal totémique, le Poulain de Pézenas, le jour de Mardi gras.
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Fiche d'inventaire de la Tarasque de Tarascon
Gaspa, Marie

Fiche d'inventaire réalisée dans le cadre de l'inventaire des géants, animaux fantastiques et dragons processionnels de France, coordonné par le Centre français du patrimoine culturel immatériel - Maison des Cultures du Monde autour des fêtes de la Tarasque et de son animal totémique : La Tarasque de Tarascon.

Le dernier week-end de juin à Tarascon se déroulent les fêtes de la Tarasque.
Le public venu de Tarascon et des villages environnants est nombreux à l'occasion de ces quatre journées de fêtes. Tous sont venus assister à une série de défilés où de nombreux groupes de Tarascon ou d’ailleurs sont conviés.
Au milieu de la fête trône la Tarasque. Elle court, chahute et bouscule les passants. La Course de la Tarasque, animal totémique de Tarascon,  fait trembler de peur petits et grands.

Les fêtes de la Tarasque célèbrent à la fois Ste Marthe et la Tarasque qu’elle terrassa, mais aussi, plus récemment, Alphonse Daudet et son héros Tartarin de Tarascon. Ce sont aussi l’occasion pour les traditions de la culture camarguaise de s’exprimer.
En effet les manades de Tarascon et des alentours y donnent à voir courses camarguaises dans les Arènes de la ville, abrivados et encierros aux pieds du château de Tarascon, sur les berges du Rhône.

Enfin, chaque année depuis les années 2000, lors des fêtes de la Tarasque, une thématique est donnée, à laquelle s'intègre l'animal et ses chevaliers. Ainsi, en 2014, les fêtes de la Tarasque célébrèrent la Libération de 1944.

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Le Poulain de Montblanc
CIRDÒC-Mediatèca occitana
Le Carnaval de Montblanc et son animal-totem « Le Poulain » nommé parfois et depuis peu de temps « Lo Testut » (prononcé Lou Tèstut).
Le Carnaval de Montblanc est un rendez-vous que les Montblanais ne veulent pas rater. Leur Poulain y amène sa folie au milieu des « enfarinades » et des chants.

Le Carnaval de Montblanc, se déroule sur deux jours entre la fin du mois de Mars et le début du mois d’avril.
Le Poulain danse au Carnaval en fonction des générations qui le font vivre, des périodes de l'histoire. Il est amené à vivre et disparaître régulièrement : des années où le Carnaval se déroulait sans lui et des années sans Carnaval non plus. Mais le Carnaval ressurgit toujours et viens chasser l’hiver des Montblanais avec en tête des « carnavaliers » : le Poulain. Bête sauvage à dompter, qui n’en fait qu’à se tête ce qui lui a donné le sobriquet de « Testut ». Il est parfois accompagné d'une réplique miniature : Le poulain des enfants.
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L'Âne de Bessan
CIRDÒC-Mediatèca occitana
Dans le village de Bessan se déroule, depuis fort longtemps, un rituel curieux autour de l’Âne.
A l’approche de la Saint Laurent (10 août), la population, venue nombreuse, est au rendez-vous pour quelques jours de fête. L’Ase, l’animal emblématique de la ville, dansera de longues heures. De l’église à la rue, de placettes en maison de retraite, des élus de la ville à la communauté, l’âne parade en faisant raisonner les cœurs de ceux qui le font vivre.

La fête de la Saint Laurent est la fête locale de Bessan. Chaque année, elle se déroule sur cinq jours, week-end inclus. Les sorties de l’Âne constituent les moments forts, d’où le deuxième nom donné à la fête: « La fête de l’âne ». L’animal est au centre des festivités et ce n'est d’ailleurs qu’à l’occasion de la Saint Laurent que la population peut profiter de sa présence. Outres quelques évolutions, le public assiste a un programme qui a un cadre identique selon le jour.
Ainsi les Bessanais et les touristes voient la première danse de l’âne à 17h précise, le samedi proche du jour de la Saint Laurent. La journée de dimanche est bien remplie mais les moments phares sont ceux : de la bénédiction et de la messe en présence de l’âne et bien évidemment la remise des bouquets où la jeunesse met à l’honneur la municipalité. Le lundi et mardi, les journées un peu moins protocolaires, réuniront la population autours de l’âne à travers de différentes animations. Le dernier jour de la fête l’animal aura le droit de se reposer mais c’est alors le petit âne qui sera de la partie pour finaliser l’événement.
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Le Bœuf de Mèze
CIRDÒC-Mediatèca occitana
LO BUòU
« Moi, je suis l’un des animaux totémiques les plus impressionnants : loin du Coucaïrous débonnaire, des Poulains joueurs ou du Chameau placide, je fais presque peur avec mon énorme tête surmontée d’une immense paire de cornes, ma gueule qui s’ouvre largement, et mes puissantes mâchoires qui reprennent le rythme du tambour en claquant bruyamment : clac / clac / clac-clac-clac (1, 2, 1-2-3). Mon origine serait liée au culte de Mithra (Orient ancien), qui avait dompté et sacrifié un taureau, du sang duquel étaient nées toutes les créatures vivantes. Je symbolise donc aussi la renaissance après la mort. »
LEGENDE
En 59 de notre ère, une famille pauvre venue des environs de Béziers vint s’installer sur les bords de l’Etang de Thau. Elle se mit à défricher la plaine, à l’endroit appelé « Los Murgos », vivant là de son travail et de la pêche, très abondante à cette époque. Une solide paire de boeufs l’aidait dans sa tâche.
Grâce à un travail acharné, la famille connut bientôt l’aisance, puis la richesse... Lorsque les deux boeufs furent morts, on conserva la peau du plus beau, qui fut étalée sur un support en bois, en souvenir de cette bête courageuse. Et cette dépouille fut promenée chaque année pour les grandes occasions... Lorsque la peau primitive fut usée, on construisit un mannequin colossal, bien plus grand qu’un vrai boeuf, recouvert d’une toile brune. On lui tailla une tête de bois avec des cornes. Ce boeuf est, depuis, de toutes les fêtes et de toutes les manifestations...
Dans l’animal totem, 8 à 10 hommes peuvent se loger pour le mouvoir. L’un d’eux est chargé uniquement d’actionner la tête et les mâchoires de la bête au moyen d’une gaule.
À l’extérieur, le meneur (ou cornac), armé d’un long aiguillon, commande l’animal et décide des figures à exécuter. Le Boeuf parade uniquement dans la ville pour les deux corsos fleuris et pour la fête votive, qui a lieu le 19 août, et où il est toujours en tête du cortège. Il ouvre officiellement cette fête qui va durer trois jours, durant lesquels il anime par sa présence toutes les animations et défilés à travers la ville.
La course du Boeuf dans les rues de Mèze est imprévisible : à tout moment, il peut courir et même foncer sur ceux qui se mettent en travers de son passage ! Avec ses larges cornes, il éloigne les plus hardis qui veulent s’opposer à lui. Il est aussi capable de ruades, de trémoussements, de pas de danse, scandés par la musique qui l’accompagne...
Cet animal fort apprécié de la population rend aussi visite aux balcons des maisons, où lui sont jetées des pièces de monnaie qu’il récupère dans sa gueule ouverte...
Le dernier soir de la fête a lieu « la mort du Boeuf », qui doit mourir pour mieux renaître... Le sacrifice a lieu sur l’Esplanade. L’animal effectue d’abord sa course au milieu des badauds, monte dans le kiosque pour danser, s’amuse à faire éclater dans sa gueule des ballons gonflés...
Puis le meneur exécute quelques passes de corrida à l’aide d’une muleta fictive, et soudain, il transperce la tête du Boeuf avec une épée postiche... le Boeuf tremble, vacille, d’un côté, de l’autre... et tombe raide mort, dans une marre de sang répandu pour l’occasion, sous les « bravos » de la foule...
Avant sa mise à mort, le Boeuf initie les enfants à la « mort symbolique » : il les avale par sa gueule béante, et les fait passer dans son ventre... d’où ils ressortiront quelques instants plus tard, pour renaître plus forts et plus sains...
Cet héritage de l’initiation au culte de Mithra (où le sang du boeuf répandu sur l’initié le faisait naître une seconde fois) n’est plus qu’un jeu : il faut voir les enfants se bousculer pour être les premiers avalés ! Ils plongent tête la première dans la gueule du Boeuf et sont récupérés à l’intérieur de la structure par les porteurs...
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L'âne de Gignac
CIRDÒC-Mediatèca occitana
L’ASE MARTIN
« Sur la fontaine de Gignac, Molière a (parait-il !) écrit : « Avide observateur, qui voulez tout savoir, Des ânes de Gignac, c’est ici l’abreuvoir ». L’homme de théâtre me ramène ici à ma simple situation d’animal... alors qu’à Gignac, l’Âne, je suis tout un symbole, comme le prouve la « Fête de l’Âne », établie le jour de l’ascension, pour me payer une dette de reconnaissance qui m’est bien due, en raison du service que j’ai rendu à la population du village... En fait, moi, l’Âne de Gignac, je suis un peu l’Oie du Capitole... »

LEGENDE
Vers le milieu du VIII ème siècle, à l’époque des invasions sarrasines, la ville de Gignac faillit être envahie par les guerriers maures. La nuit de l’Ascension de l’an 719, alors que ceux-ci s’apprêtaient à donner l’assaut, les habitants furent tirés de leur sommeil par les cris discordants d’un âne qui se mit à braire avec une puissance dont on ne l’aurait pas cru capable. La résistance fut aussitôt organisée du haut des remparts et la ville fut sauvée... Dès lors, l’âne devint l’animal totémique de Gignac. Et chaque année, cet événement est célébré le jour de l’Ascension, autour de l’Âne Martin...

Quand l’âne sort il est entouré de nombreux « mignons ». L’un d’eux tient d’une main la queue de l’âne, qui est en fait un pan de la robe, et décrit de l’autre main une foule de mouvements, en cadence avec la musique. Un autre mignon fait avancer l’âne en lui présentant un tambourin rempli d’avoine, et orné de rubans et de fleurs, tout ceci en exécutant des pas de danse en marche arrière... pendant que l’Âne essaie de lui attraper le tambourin en tendant la tête et en faisant claquer ses mâchoires !

En même temps que la fête de l’Âne a lieu, à Gignac, un spectacle de combat appelé « Sénibelet ». Ce spectacle, dont l’origine du nom est incertaine, commémore la résistance héroïque des habitants de Gignac face aux envahisseurs sarrasins : un homme représentant un sarrasin, porte un lourd casque de métal sur sa tête, elle même protégée sous le casque par plusieurs bonnets de coton. Il a pour arme un long bâton de bois d’alisier, représentant une épée, dont il se sert pour attaquer ses adversaires. Ceuxci, représentant les Gignacois, ont pour armes des racines de trentanel, arbuste provenant des garrigues environnantes, avec lesquelles ils frappent le sarrasin, cherchant à le renverser par la tête. Ils portent sur leur dos un coussin en paille pour se protéger des coups violents donnés par le sarrasin.
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Fêtes et rituels des feux de la Saint-Jean
CIRDOC-Institut occitan de cultura

Si la Saint Jean se fête le 24 juin, ses rituels sont liés à la période du solstice d’été (21-22 juin) qui représente dans l’hémisphère nord la nuit la plus courte et le jour le plus long de l’année marquant le début de l’été.
« Les deux Saint-Jean partagent l'an, un jour bien court, l'autre bien long. »

1/ La pratique aujourd’hui

La Saint Jean est aujourd’hui fêtée dans de nombreuses régions en France et à l’étranger. On trouve ainsi des célébrations de cette fête dans le Poitou, le long de la Loire, dans l’Oise, la Bresse, la Creuse ou encore en Bretagne, à Metz, en Gironde et en Charentes mais aussi en Catalogne et en Occitanie.
Les types de croyances et de pratiques liées à cette fête varient en fonction du lieu mais la période, le feu et l’eau restent des éléments de base communs à tous. Dans certains endroits la coutume était de chanter autour du feu (Bretagne), de balancer son enfant au-dessus du feu pour lui assurer une croissance rapide (Charentes), de tourner autour du feu pour s’éviter les maux de reins (Bresse) ou trouver mari ou femme (Creuse), etc.
En Catalogne et aux Îles Baléares il est de tradition que les enfants préparent le feu de la Saint Jean pendant un mois avant la date en amassant des objets en bois et les entassant sur la place du village ou en les disséminant dans différents endroits pour ne pas que les agents de police ou les pompiers les leurs enlèvent et empêchent le feu d’être allumé pour des raisons de sécurité. Il faut donc braver l’interdit avec la complicité des adultes pour pouvoir allumer ce feu. À certains endroits ce sont les jeunes filles qui sont chargées d’allumer le feu. Ensuite la fête peut commencer avec chants, danses, coca et cava. Il est aussi de tradition de faire péter des pétards à cette occasion.
La flamme du Canigou est une autre des traditions de la Saint Jean en Catalogne créée en 1955 par Francesc Pujades. Elle se perpétue encore aujourd’hui et est devenue une expression du sentiment populaire.
En Occitanie, il existe aussi une tradition de la Saint Jean qui peut s’appeler Sant Jan, Sant Joan, Fèstas Janencas, joanencas… Les caractéristiques de ces fêtes sont l’eau, la cueillette d’herbes aux vertus prétendument magiques à cette date (l’achillée millefeuille, l’armoise, la joubarbe, le lierre terrestre, la marguerite sauvage, le millepertuis et la sauge) et enfin le feu et le bûcher qui peut prendre différentes formes architecturales. C’est autour de ce bûcher que se déroule la fête (chants, danses, sauts au-dessus du feu etc.).

2/ Apprentissage et transmission

Organisés dans l’objectif de transmettre les gestes et les traditions liés aux feux de la Saint-Jean, certains événements ont depuis peu été intégrés dans le programme Total Festum, permettant de leur apporter plus de visibilité. C’est notamment le cas d’un événement organisé à Villefranche-de-Conflent où les enfants et les adhérents des associations locales sont pleinement invités à participer aux festivités avec des activités adaptées à chacun des publics.
Les associations prennent en charge l’organisation de la descente de la flamme, proposant ainsi un événement intergénérationnel permettant à chacun de prendre part à la fête et d’intégrer et transmettre ces rituels.

3/ Historique

La Saint Jean d’été est une tradition ancestrale célébrée par de nombreuses civilisations qui trouve son origine dans la pratique du culte au soleil.
Elle pourrait venir de cultes celtes et germaniques mais on trouve des traces de ces célébrations dans d’autres régions du monde comme la Syrie, la Phénicie ou encore la Russie.
L’église catholique a ensuite christianisé ces fêtes païennes en remplaçant les anciens dieux païens par des saints et en interdisant certains rituels comme les baignades nocturnes et les pratiques magiques.

4/ Sauvegarde

Les fêtes de la Saint Jean ont connu de nombreuses apparitions et disparitions mais depuis 2006 l’appel à projets Total Festum lancé par le Conseil Régional Languedoc-Roussillon et aujourd’hui poursuivi par la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée a créé les conditions pour une forte redynamisation des rituels liés au solstice d’été.
D’un autre côté, ont été inscrites en 2015 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO les fêtes du feu du solstice d'été dans les Pyrénées (France, Andorre, Espagne).
Ces fêtes bénéficient ainsi de mesures de sauvegarde fortes, et d’un contexte politique et social encourageant leur résurgence.

5/ Acteurs de la pratique

À l’heure actuelle le Théâtre des Origines, compagnie créée en 2004, a mis sur pied un projet intitulé “Temporadas” au sein duquel sont restaurés les rituels festifs saisonniers comme la Saint Jean.
Ces spectacles itinérants permettent aux partenaires locaux et au publics de se réapproprier les codes liés à cette tradition et de donner ou redonner du sens à ces célébrations.
D’autre part, le comité international Flamme du Canigou oeuvre pour la transmission et la valorisation de la tradition du feu de la Saint Jean en Catalogne et au-delà.

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La fête de la Saint-Jean de Cournonterral et son animal totémique le Tribus-Lupis
CIRDÒC-Mediatèca occitana Anna Wasniowska avec la collaboration de Perrine Alranq et Rachel Martin (CIRDOC-Mediatèca Occitana).

Le Tribus-Lupis. Photo. Anna Wasniowska

L'animal-jupon, bête de toile, ou encore animal-totem du village de Cournonterral est un Loup à trois têtes : le Tribus-Lupis.

Au mois de juin, à l’occasion de la Saint-Jean d’été, une créature étrange sort de sa tanière dans le village de Cournonterral ; c’est le Tribus-Lupis. Le Loup arpente alors les rues « pour rappeler à l’ordre tous ceux qui bafouent les droits durement acquis par les cornalencs 1 qu’il veille et protège ». 2

En effet, dans ce village où la tradition populaire est très présente grâce, entre autres, au Carnaval des Pailhasses3, un groupe d’amis « carnavaleux » s’est constitué, avec la forte envie de construire un animal-totem.
« Cela faisait des années qu’ils en avaient envie. C’est un village festif ici, mais il faillait avoir la pulsion... Comment expliquer ? Il fallait une personne qui lance. Alors je l’ai fait, j’ai dit on y va : cochon qui s’en dédit, on y va ! » raconte Nadège Guilhaumon, présidente de l’association « Le Chevalet de Cournonterral et ses Hautbois ».
C'est ainsi qu'en 2010 à Cournonterral naît le Loup à trois têtes nommé « Tribus-Lupis ».

1/ La pratique aujourd'hui

Personnes et structures associées :

Afin de réaliser cette fiche explicative, Anna Wasniowska a mené l'enquête à Cournonterral en juin 2014 auprès des personnes et structures suivantes :

Municipalité de Cournonterral :

Mairie de Cournonterral
12 Avenue Armand Daney
34660 Cournonterral
Tél. 04 67 85 00 11
www.ville-cournonterral.fr/

Structures ressources / Associations :

- Association « Le Chevalet de Cournonterral et ses Hautbois »
https://fr-fr.facebook.com/Chevalet-de-Cournonterral-217881264912827/ 
- Le GRAC : Groupe de Recherche des Archives de Cournonterral.
http://www.cournongrac.org/accueil.html
- Association « Cournon Terra d’OC »
- Confrérie des Pastaïres et Tastaïres du Pays d’Oc
http://www.confreriesdulanguedocroussillon.com/pastairestastair/index.html
- Confrérie Saint Photin de Varages

Personnes rencontrées :

- Nadège Guilhaumon : présidente et co-fondatrice de l’association « Chevalet de Cournonterral  et ses Hautbois », porteuse du projet.
- Eric Livolsy : musicien hautboïste, compositeur de musique pour le Tribus-Lupis, membre de l’association « Chevalet de Cournonterral et ses Hautbois ».
- Jacques Teilhard : membre du comité de recherche du GRAC (Groupe de recherche des Archives de Cournonterral) et trésorier de l’association « Cournon Terra d’Oc ».
- Georges Guilhaumon : constructeur du Tribus-Lupis.
- Laurent Régis : meneur du Tribus-Lupis.
- Alexandre Vanruymbeke : boulanger ; un des quatre boulangers participant à l’élaboration du pain « Tribus-Lupis ».



Déroulement :


Au mois de juin, à l’occasion de la Saint-Jean d’été, Tribus-Lupis sort de sa tanière. Cet animal de toile, guidé par son meneur et porté par huit hommes, animera les rues de la ville pendant de longues heures. Au son des fifres, hautbois et tambours, le Loup à trois têtes dansera le jour de sa fête.

« Il y aura toujours une sortie du Loup au mois de juin, au solstice d’été. Parce qu’on associe au loup, l’eau, le feu, la flamme de Canigou, Cournonterral est une ville relais pour la flamme de Canigou, ces trois éléments. Et en plus de ça, il y a chez nous cette histoire du four, du feu, du pain. Le seul événement où le Loup a vraiment sa place c’est au mois de juin. » Nadège Guilhaumon, présidente et co-fondatrice de l’association « Chevalet de Cournonterral et ses Hautbois ».

Nous nous sommes donc penchés sur le déroulement et l'organisation de la fête de la Saint-Jean à Cournonterral.

La fête de la Saint-Jean
Juin 2014 :

La fête de la Saint-Jean, qui à cournonterral célèbre le Tribus-Lupis, se déroule dans l’enceinte de la vieille ville : entre le four du village, la place du village, les remparts et l’esplanade.

La cuisson du Pain "Tribus-Lupis" dans le four banal :

La cuisson du pain Tribus Lupis. Photo. Anna Wasniowska

Le 14 juin 2014, la journée commence vers 9 heures du matin par la mise en route du four banal3.
Le boulanger Alexandre Vanruymbeke, accompagné par Jacques Teilhard, lui-même fils de boulanger, commence la fabrication du pain « Tribus-Lupis ».
L’élaboration de la recette a commencé quelques mois avant la sortie du Loup. En effet, Pierre Pic (grand maître de la Confrérie des Pastaïres et Tastaïres du Pays d'Oc), Didier Peitebi, Alexandre Vanruymbeke et Jacques Teilhard ont mis en place un cahier des charges pour cette recette qui fait écho à l’origine du totem local (Cf. Chapitre 3/Histoire de la pratique). 
Jacques Teilhard nous livre le secret : « Le pain "Tribus-Lupis" se compose de trois boules, aux trois goûts différents. La première boule correspond à l’entrée : elle est au thym ; la deuxième au plat de résistance : elle est à l’olive noire ; et la troisième est servie au moment du dessert : elle est aux figues. A partir de maintenant, la fabrication du pain va avoir lieu à chaque fois au mois de juin, à l’occasion de la sortie du Loup ; mais aussi à chaque fois que les gens feront la demande pour une occasion importante.

La cuisson du pain "Tribus Lupis". Photo. Anna Wasniowska"

La cuisson du pain Tribus Lupis. Photo. Anna Wasniowska

La danse du Chivalet :

Plus tard, les visiteurs, invités par la musique, assisteront à la danse d’ouverture5 du « Chivalet » (qui ressuscite en 2011 après presque 30 ans d'absence).
« Autour du cheval, quatre personnages dansent : un à l’avant, qui est le donneur d’avoine ; un second à droite, chargé du chasse-mouche qui excite l’animal ; le danseur de gauche porte l’étrille et la brosse ; enfin, le quatrième, à l’arrière, représente le maréchal ferrant, équipé de tenailles et d'un marteau. »4
La danse du Chivalet a une particularité cette année-là à Cournonterral : elle est dansée par cinq jeunes filles.

Danse du Chivalet – 14/06/2014. photo. Anna Wasniowsk

D’autres animations rythment la fin de la matinée : la danse des treilles, des expositions, des stands d’artisans locaux, etc. Puis, pour clôturer cette matinée, un apéritif convivial sera servi au public qui pourra goûter le pain « Tribus-Lupis ».

La sortie du Tribus-Lupis :

Pendant ce temps, l’animal totémique attend sa sortie imminente. Logé au domicile de la présidente de l’association « Le Chevalet de Cournonterral et ses Hautbois », le « Tribus-Lupis » voit arriver une joyeuse troupe qui va, pendant quelques heures, s’apprêter pour l’événement. Les tâches sont nombreuses et diverses : il s’agit de l’habillage des musiciens, des porteurs et du meneur, de préparer le héros de la journée et de répéter une dernière fois quelques morceaux de musique pour être fin prêts.

Aux alentours de 16 heures, le Loup à trois têtes sort de sa tanière ; il a rendez-vous avec la population sur l’esplanade. Mais déjà, sur son chemin, nombreux sont ceux qui se joignent à lui pour l’accompagner et être au premier rang.
Sur l’esplanade Cournonterralaise, en plus des villageois et visiteurs venus assister à l'événement, l'animal-totem est attendu par d’autres acteurs de la fête. La « Confrérie Saint Photin de Varages », la « Confrérie des Pastaïres et Tastaïres du Pays d’Oc », ainsi que trois personnes déguisées, représentant des personnages historiques importants : Erméniars la sœur de Guillaume Bernard des Trois Loups, le seigneur Pierre de Cournonterral, et le sénéchal de Beaucaire l’accueillent lors de son arrivée. (Cf. Chapitre 3/ Histoire de la pratique).
La première danse commence et, avec elle, se fait ressentir une certaine excitation mêlée de fierté : Le Tribus-Lupis est de sortie ! Si cet animal de toile a une importance pour la communauté c’est parce qu’il porte en lui la revendication du peuple, de celui qui subit l'abus et l'injustice. En effet, selon sa légende, il défend les droits, l'égalité et la justice pour tous les villageois de Cournonterral.

Dessin de Richard Escobossa

Malgré son jeune âge, l’équipe autour de l’animal totémique de Cournonterral a su mettre en place quelques éléments qui reviennent lors de chaque sortie. Après la danse de bienvenue, le Tribus-Lupis entame une longue déambulation à travers la ville, ponctuée par des haltes en plusieurs lieux pour des actions bien définies :

La reconstitution historique de l’arrêté du roi Philippe le Bel :

Arrivé sur la place Pierre Viala, devant les Halles, le Tribus-Lupis assiste à la reconstitution de l’événement historique qui a donné lieu à sa naissance. Sous les yeux des spectateurs se rejouent les faits, datant de 1299. La Confrérie Saint Photin de Varages, représentant les soldats-mandataires du roi, accompagne la lecture par des salves6 de tromblons. Le sénéchal de Beaucaire déroule un parchemin pour annoncer aux villageois l’ordonnance du roi Philippe le Bel, exigeant la réparation des méfaits causés par le seigneur Pierre de Cournon. Le dénommé Pierre de Cournon « voulant s’enrichir et affamer les habitants, fit restreindre l’accès au four banal et commanda la destruction du foyer communal afin que les gens lui payent une taxe pour faire cuire leur pain »7. Puis Erméniars, la sœur de Guillaume Bernard des Trois Loups, suit la lecture.

La restitution de la clef du four banal :

Après la lecture de l’édit royal, vient le moment de la restitution symbolique de la clef du four banal. La mise en valeur du four ainsi que l’importance du pain « Tribus-Lupis » sont appuyées par la présence de la Confrérie des Pastaïres et Tastaïres du Pays d’Oc, qui fait partie intégrante de l’événement. Ce groupe, représentant le corps des boulangers, dirigé par le « Grand Maître » Pierre Pic, préside ce moment important. La confrérie accompagne le Tribus-Lupis au pied de la tour sarrasine, où se trouve le four banal ; alors l’animal-totem rentre dans la petite cour et la clef du four lui est restituée. C’est aussi le moment de la dégustation officielle du pain et l'occasion de boire le vin local.

L'enfermement des enfants sous la carcasse du Tripus-Lupis :

Le public est composé de nombreuses personnes de tout âge lors de la sortie du loup à trois têtes ; mais ceux qui apprécient tout particulièrement cette journée ce sont bien les enfants, car la bête leur réserve une surprise ! Lors d'un certain arrêt dans le parcours, le meneur appelle les plus jeunes à entrer sous le ventre du loup...
« On a fait une ouverture devant, dans le loup. Les enfants rentrent dedans, mais ils ne sortent pas par le derrière du loup ; il les cague pas, il les régurgite. » nous explique Nadège Guilhaumon. En effet, d’autres animaux (comme le Bœuf de Mèze ou le Pélican de Puisserguier) avalent les enfants lors de leur défilé, mais la sortie se fait toujours par le derrière de la bête. Cournonterral a souhaité ajouter à cette tradition sa petite touche personnelle.



Organisation :


Les porteurs de l'événement :

L’événement est porté par l’association « Le Chevalet de Cournonterral et ses Hautbois », qui répond chaque année à l’appel à projet lancé par le Conseil Régional Languedoc-Roussillon, dans le cadre du Total Festum. Le projet « Total Festum » a pour but d'encourager la promotion des cultures occitanes et catalanes, autour de la tradition des feux de la Saint-Jean. Cournonterral, en répondant à cet appel, a choisi de mettre au centre du projet son animal emblématique et, par là même, de bénéficier d’un financement extérieur.

Participation de la municipalité :

La mairie de Cournonterral attribue une subvention à l’année à l'association « Le Chevalet de Cournonterral et ses Hautbois » pour l’ensemble de ses activités et les élus sont présents à l’apéritif officiel de la fête de la Saint-Jean, lors de la restitution de la clef du four banal. Enfin, la commune prête, pour l'occasion, le lieu où le four banal a été reconstruit.

Participation de la communauté :

Les spectateurs sont au rendez-vous le jour de la sortie du Loup. Le public accompagne le Tribus-Lupis tout en profitant des animations proposées. L’animal semble rentrer petit à petit dans l'esprit et les habitudes des cournonterralais et, ainsi, trouver une place dans le paysage du patrimoine local.
L’association « Le Chevalet de Cournonterral et ses Hautbois » est très soucieuse de la valorisation de l’animal emblématique de la ville ; elle participe avec intérêt à toute action ayant pour but la mise en valeur ou la promotion du Loup à trois têtes.

Les musiciens :

Au conservatoire de Cournonterral ont lieu les cours d’instruments traditionnels. Les musiciens se rencontrent toutes les deux semaines pour jouer ensemble et préparer ainsi la sortie de leur animal-totem.

Les moyens humains :

Le Tribus-Lupis est un animal porté par huit hommes et guidé par son meneur, dont on dit qu'il est "les yeux du loup". Le meneur, qu’on appelle aussi "La Fillasse", c’est Laurent Régis. « On a essayé de choisir quelqu’un qui est apprécié, que les gens apprécient, et il fait partie des gens qui avaient envie de créer un animal totémique » nous explique Jacques Teilhard.
La bête se fait accompagner par trois figures de l’histoire locale : Erméniars, la sœur de Guillaume Bernard des Trois Loups ; Pierre de Cournon, le seigneur du bourg, et le sénéchal de Beaucaire. La confrérie de Saint Photin de Varages ainsi que celle des Pastaïres et Tastaïres du Pays d’Oc font également partie du cortège. Mais les accompagnateurs officiels les plus nombreux sont les musiciens : ils sont environ une vingtaine de personnes. Tous portent un tabard8 et un pantalon, ce qui accentue l'unité du groupe, bien que chaque costume soit personnalisé.

Le meneur et l'équipe des porteurs du Tribus Lupis. Photo. Anna Wasniowska




Personnages historiques : Pierre de Cournon et sénéchal de Beaucaire. Photo. Anna Wasniowska



Matériaux et accessoires :


Le Tribus-Lupis :

Le Tribus-Lupis est un animal presque entièrement noir, si ce n'est les armoiries de Cournonterral qui figurent de chaque côté de son corps et une bande bleue qui en fait le tour, en bas.
Le blason de Cournonterral

Sa carcasse est une armature en fer recouverte d’un tissu noir synthétique ressemblant à de la fourrure. Elle mesure 3m90 de longueur, 1m70 de largeur et 2m de hauteur. C’est une copie exacte de la structure de l’animal voisin, le Poulain de Pézenas. Le Tribus-Lupis a été conçu pour être plus haut devant, comme s’il était prêt à bondir.

L'ensemble des trois têtes de la bête mesure 1m20 de largeur, 70cm de hauteur et 80 cm de profondeur. Le constructeur des têtes du Loup, Georges Guilhaumon, raconte : « Les têtes ont été faites en polystyrène. Ensuite, la sculpture a été collée sur une plaque de bois et le tout a été recouvert de bandelettes de fibres de verre et de résine. Après, comme le relief avait disparu, on l’a recréé avec la pâte de papier mâché, comme par exemple pour les arcades ou les naseaux, en mettant à la fin du vernis ».

Les têtes sont montées sur un cardan de 2CV, qui leur permet d’être mobiles. Une personne, parmi les porteurs, est chargée de faire bouger les têtes. Les crocs en buis, les yeux en terre émaillée, les dents et la langue en pâte Fimo, confèrent à la bête une physionomie réaliste.

Les trois têtes du Tribus Lupis. Photo. Anna Wasniowska


Danses et musiques :


La danse :

Dans la danse, comme dans la musique du Loup, il y a deux temps. Pendant la marche, le meneur, muni d’un tambourin, fait se balancer le Loup. Il incite aussi le public à participer. La danse est effectuée sur différentes places à des moments stratégiques ou, tout simplement, parce que l’équipe sent que c'est le bon moment. Quelques coups de tambours suffisent pour que toute l’équipe se mette en branle (voir le lien vidéo?). Au moment de la farandole aussi, les porteurs accompagnent la rythmique en faisant sauter l’animal.


La musique :

A la demande du groupe constitué autour du Tripus-Lupis, Eric Livolsy a pris en charge l’écriture de la partition de la musique du Tribus-Lupis. Faute de temps, seul le prélude fut écrit à temps pour la première sortie du Loup ; mais le morceau fut écrit en entier par la suite. La première partie est une marche lente. L’auteur, Eric Livolsy, explique : « L’inspiration pour l’écriture de ce morceau, je l’ai trouvée dans la légende elle-même. Et dans la deuxième partie, plus festive, vu que je n’ai pas eu le temps de finir, j’ai pris "La poulaillère"9. Le prélude n'étant pas facile […], "la poulaillère" a permis aux musiciens d’intégrer plus rapidement le morceau entier. Aujourd’hui, le morceau est en place, même s’il n’est pas facile. La marche est jouée par les hautbois, et "la poulaillère" par les fifres, ce qui permet aux musiciens de se reposer entre les deux parties ».


2/ Transmission de la pratique

Intérêt patrimonial et mesures de sauvegarde :

Sauvegarder, réactualiser, valoriser, créer :

La sortie officielle du Tripus-Lupis, au mois de juin, est organisée dans le cadre de l'appel à projet Total Festum, et est ainsi soutenue par la Région Languedoc-Roussillon.
Outre sa sortie officielle, le Loup à trois têtes est régulièrement sollicité pour divers rassemblements d'animaux emblématiques ou autres manifestations, à commencer dans sa ville natale. Lors du Carnaval local, le Tripus-Lupis pointe généralement le bout de son nez pour faire partie du défilé des chars. Les autres villes font aussi appel à lui pour de multiples occasions, comme la Foire Languedocienne de Loupian, le Festival Occitània à Toulouse, etc. Aujourd’hui, le Loup de Cournonterral est un animal très prisé.

Le Tribus-Lupis est mis en valeur dans des articles de presse, ou sur le site de la ville de Cournonterral : www.ville-cournonterral.fr/ ; mais il a aussi son propre site Internet : http://cournontotem.canalblog.com/.

Depuis 2006, le Conseil Régional Languedoc-Roussillon « encourage la promotion des cultures occitanes et catalanes » dans le cadre de l'appel à projets Total Festum, qui se réalise tous les ans au mois de Juin. Cet appel à projets, ouvert à tous, prend en compte depuis 2013 la question de la valorisation du Patrimoine Culturel Immatériel, en ajoutant un article valorisant les projets autour du Patrimoine vivant : « La Région attire [...] l'attention des porteurs de projets sur l'intérêt à développer des actions autour du Patrimoine Culturel Immatériel tel que le définit l'UNESCO [...] ». Cet appel à projets a permis la création du Tribus-Lupis ainsi que d'autre animaux totémiques, et d'aider aux financements de rencontres d'animaux totémiques.

Apprentissages et transmissions :


Transmissions autour de l'animal totémique :

L’association « Le Chevalet de Cournonterral et ses Hautbois » prend en charge la transmission d'un meneur à l'autre, ainsi que des porteurs. Le groupe de porteurs, réuni autour du meneur Laurent Régis, se constitue à l’improviste en amont de la manifestation. C’est un groupe d’amis qui prend plaisir à porter le Loup, restant engagé par ailleurs dans les nombreux tournois sportifs ayant lieu au mois de juin. De fait, l’association souhaite à l’avenir constituer un collectif de porteurs attitrés.

Les musiciens, eux, se préparent tout au long de l’année. Les cours de musique se déroulent au conservatoire et sont ouverts à tous. Tous les quinze jours a lieu une répétition entre les différents groupes d’instruments lors de laquelle se joue (entre autres) la musique du Tribus-Lupis.

Dans les écoles du village, chaque année, l’association « Le Chevalet de Cournonterral et ses Hautbois » intervient en proposant des ateliers de sensibilisation autour du Tribus-Lupis. « Cette année, nous avons travaillé avec les enfants en leur faisant faire leur totem, où ils ont accroché des messages de revendications. Le totem s’est fait lors des ateliers menés en amont dans les écoles primaires » témoigne la présidente de l'association.


Transmission de la légende :

La transmission de la légende du Tribus-Lupis, outre les supports « multimédias », se fait lors de la sortie de l’animal pour la Saint-Jean. En effet, lors de la fête, une des haltes dans le parcours lui est entièrement consacrée (Cf. chapitre 1/ La pratique aujourd'hui). A Cournonterral, la légende du tribus-Lupis est donc placée au centre du rituel qui l'honore ; son défilé se réfère sans cesse aux faits historiques à l'origine de cette légende.

3/ Histoire de la pratique

Le Tribus-Lupis a rejoint le bestiaire fantastique languedocien assez récemment. L’équipe porteuse, fêtant le Carnaval des pailhasses en 2010, a eu l'envie d’enrichir davantage les traditions locales. Un comité, ou plutôt une bande d’amis, animée par la verve populaire, a commencé un long cycle de rendez-vous de réflexions, puis d'actions. La première action du groupe fut de faire revivre la danse du Chevalet de Cournonterral. Par la suite est venue la naissance de l’animal emblématique du village, le Tribus-Lupis.

Sa collaboration avec Lo GRAC (Groupe de Recherches des Archives de Cournonterral) a amené le groupe sur la piste de Guillaume Bernard des Trois Loups. Ce bourgeois jouera un rôle important dans l’histoire de Cournon. En 1299, les Syndics11 de Cournon sont nés et Guillaume Bernard en fait partie.
A cette même époque, de nombreuses querelles divisant la population et les seigneurs, un nouveau conflit éclate : « l’affaire du four banal ». Les porteurs du projet ont choisi cet événement historique pour bâtir la légende du Loup à trois têtes, qui représente l'âme contestataire et revendicatrice des cornalencs ainsi que leur force face à l’injustice et l’abus.


Légende du Tribus-Lupis :

Nadège Guilhaumon et Richard Escobossa ont co-écrit la légende du Tribus-Lupis. En voici quelques extraits :

« Sous le règne de Philippe Le Bel, les loups hantaient nos campagnes, leurs voix se faisaient entendre dans nos bois et garrigues […].
A cette époque vivait un personnage qui a marqué les mémoires : Guillaume-Bernard de Trois-Loups. Son tempérament de justicier l’a amené à monter une expédition punitive contre Rascousses à qui les seigneurs de Cournon avaient donné le droit de paissance sur les terres communales et, en cette période de pénurie, il ne faisait pas bon d’empiéter sur les voisins. Guillaume-Bernard des Trois-Loups n’était pas seul, deux autres personnes l’accompagnaient. Une harpie, rombière acariâtre, meneuse de troupe et forte en gueule qui n’hésitait pas à jouer des mains au besoin, une querelleuse du nom d’Erméniars, et Hugues Cristine, défenseur des libertés et des droits acquis.
Dans ces temps de conflits, la Bête […], resurgit d’outre-tombe pour montrer le chemin de la résistance aux gens. Tous unis contre l’adversité et les charges abusives de leurs seigneurs […].
Pierre, seigneur du bourg, voulant s’enrichir et affamer les habitants, fit restreindre l’accès au four banal et commanda la destruction du foyer communal afin que les gens lui payent une taxe pour faire cuire leur pain. La tâche lui fut aisée grâce aux dissensions et à la division de la population. Pourtant, dans le village, sommeillait Tribus-Lupis. Non seulement guerrier effrayant, mais aussi fédérateur de la populace. Le même animal qui avait plié les genoux du seigneur Raymond Vassadel, quelques temps auparavant. Sorti de son antre, de l’endroit même où sont enterrés les combattants d’une lutte avec des voisins belliqueux, Sainte-Cécile-des-Trois-Loups, l’animal de par sa présence et sa force donna aux Cornalencs la volonté de résister et obligea Pierre de Cournon à libérer l’accès au four et à reconstruire le foyer qu’il avait fait détruire […].
Il est dit qu’à chaque période trouble les loups arpenteront les rues du village pour rappeler à tous ceux qui menacent les droits durement acquis par les Cournonterralais qu’ils seront toujours là à veiller.
 »

On trouve aussi, sur le site Internet "Cournon TOREM Tribus-Lupis", cette légende:
« Au XIIIè siècle les Cornalencs sont affamés par les périodes de disettes et les contraintes infligées par leur seigneur, l’esprit de révolte plane et gronde, mais la désunion règne dans le village. Le seigneur, afin de renflouer sa cassette, détruit le four communal, contraignant les villageois à payer pour l’utilisation du four banal. Ce qu’ignore le seigneur c’est qu’une bête sommeille dans son antre, infernale, terrifiante, au poil hirsute, aux dents aiguisées, à la gueule sanglante et fumante, une espèce de loup à trois têtes : TRIBVS LVPIS. Elle descend de nos garrigues, de l’église Ste-Cécile ; elle incarne l’âme Cornalenque depuis la nuit des temps. Antan, elle aurait fait fuir les cornacs d’Hannibal. Investis de cet esprit contestataire, trois bourgeois, Guillaume-Bernard des Trois-Loups, sa soeur Erméniars et leur ami Hugues Cristine, fomentent un mouvement de révolte ; le seigneur assis sur ses acquis va être surpris. De nuit, la Bête s’approche du bourg en arrivant par le Baou, franchit la porte du Couchant ouverte par les trois reboussiés. TRIBVS LVPIS passe devant le four détruit, se dirige vers le château ou dort sereinement le seigneur. Des hurlements venus d’outre tombe le réveille, lui glace le sang ; affolé il passe sa tête par la lucarne et là une foule, torches et armes en mains, scande la révolte. En tête, la bête se dresse sur ses pattes arrières, l’une de ses têtes est à hauteur de lucarne, la gueule ouverte, rageuse. Le seigneur terrifié se barricade dans l’enceinte du château. Le siège dure toute la nuit ; c’est au petit jour qu’il rend les armes et les soldats livrent le despote affameur aux insurgés. Il franchit, fier et hautain, le seuil de son domaine ; mais face à l’adversaire, à la vue des trois gueules, résigné, il s’allonge sur le sol face contre terre et demande grâce. Il lui est ordonné de se lever, lecture lui est faite de l’édit du roi Philippe le Bel lui intimant de reconstruire le four rapidement, conseil lui est donné d’entendre à jamais chaque revendication de celui qui subit l’abus ou l’injustice. Cette histoire est finie, mais la Bête sommeille dans son antre et ressortira durant des siècles et encore de nos jours pour défendre le droit, l’égalité et la justice pour tous. TRIBVS LVPIS, animal légendaire ou réelle âme de notre collectivité ? Peu importe, quoiqu’il en soit, le loup arpentera les rues pour rappeler à tous ceux qui bafouent les droits durement acquis par les Cornalencs qu’il veille et les protège. »12


Le four communal de Cournonterral. Photo. Rachel Martin

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