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Le Comité occitan d'études et d'action (COEA)
Caucat, Domenge
Assié, Benjamin
Le Comité occitan d’étude et d’action (COEA) est un organisme militant créé en 1962 à Narbonne par un collectif de personnalités déjà impliquées dans le mouvement occitan, notamment au sein de l’Institut d’Estudis Occitans, « des écrivains et des militants de l’action dite culturelle, essentiellement linguistique, abordant les problèmes économiques et sociaux. » comme ils se définissent eux-mêmes, dans le Bulletin d’information du COEA (janvier 1970).
Dans les faits il est initié par Robert Lafont engagé depuis le début des années 1950 comme Secrétaire général de l’IEO pour la refondation d’une stratégie, d’une pensée et d’une action occitanes sur l’analyse des réalités économiques et sociales. Il est pendant une décennie le le principal animateur et le Secrétaire général du COEA, qui compte également parmi ses membres Yves Rouquette, Guy Martin, Gaston Bazalgues, Jean Larzac, Claude Marti, Michel Grosclaude, Bernard Lesfargues, Michèle Stenta, entre autres (source : Bulletin d’information du COEA).

Origines

En 1950, Robert Lafont devient Secrétaire général du tout nouvel Institut d’Estudis Occitans, fondé à Toulouse en 1945. Il présente un rapport de rupture avec l’action et l’objectif traditionnel - culturel, savant et linguistique - des organisations occitanes. Tout au long des années 1950 il ne cessa d'argumenter en faveur d’une refondation d’une stratégie occitaniste qu’il souhaite fondée sur une analyse solide des réalités économiques et sociales et proposer ainsi un projet politique pour l’avenir de l’Occitanie.
La position de Lafont convainc une nouvelle génération militante mais fait débat et entraîne un temps de crise avec les tenants d’une position « culturelle » autour de Bernard Manciet et surtout Félix Castan. La crise au sein de l’IEO est soldée en 1964 par l’exclusion de Manciet, Castan et Ismaël Girard.
Entretemps, le mouvement des mineurs de Decazeville avait fait émerger dans l’opinion occitane et dans les médias, une prise de conscience du malaise occitan autour de la notion de « colonialisme intérieur ». Robert Lafont avait analysé en 1954 dans son essai Mistral ou l’illusion (Paris : Plon) le rendez-vous manqué entre le mouvement félibréen et la révolte des viticulteurs languedociens de 1907 qui aurait pu déboucher, selon lui, à une adhésion massive de la société au mouvement de renaissance occitane du moment où il ne se cantonnait plus à l'action littéraire et linguistique, et ainsi déboucher sur un projet politique pour l’Occitanie. C’est donc pour ne pas rater un nouveau rendez-vous avec le mouvement social que le COEA est créé dès 1962, sans attendre la transformation au sein de l’IEO.

L’organisation

Quelques mois après sa création, le Bulletin d’information du COEA (n° 2, 15 mars 1963) fait un premier bilan de la nouvelle organisation : il annonce une cinquantaine de personnes adhérentes, la tenue d’une première assemblée générale en mai 1962 et l’adoption de statuts ouvrant la voie à une existence légale. L’organisme se veut « d’un type entièrement nouveau » et doté d’une doctrine qui « doit être entièrement neuve ». L’établissement de cette doctrine doit se faire dans le cadre de séances de travail et de débats par correspondance mais déjà le premier bulletin, « à un grand nombre d’élus du Pays d’Oc », contient une synthèse sur le concept de colonialisme intérieur à la fois comme grille d’analyse mais également comme vecteur de propositions politiques concrètes.
Sur le plan de l’organisation militante, le COEA affiche l’ambition de créer à partir du Comité central un maillage de « comités occitan d’action » au niveau régional, local, et dans les entreprises. Les fonctions entre le comité central et les comités divers sont définies ainsi : « le comité central analyse la situation, donne des directives et les comités divers sont les organes de l’intervention. » L’ambition est de mettre sur pied une organisation militante et ne pas devenir une organisation « académique », c’est-à-dire purement intellectuelle. Il s’agit également pour le COEA de créer un réel mouvement d’opinion autour de ses analyses et propositions et de favoriser « une prise de conscience occitane ».
Dans les faits, le développement d’une organisation militante massive ne s’est pas réalisé même s’il est fait état au fil des Bulletins d’un Comité auvergnat d’étude et d’action ou d’un COEA Paris.
En 1964 Robert Lafont, Yves Rouquette et d’autres membres actifs du COEA fondent la revue Viure. Si elle n’est pas un organe direct du COEA, elle est un lieu de diffusion et de débat sur les idées portées par l’organisation.
Le COEA publiera quelques livres : Principes d'une action régionale progressiste (Nîmes : COEA, 1966, réed. 1969), Le petit livre de l'Occitanie (Saint-Pons : 4 Vertats, 1971 ; réed. Paris : Maspero, 1972). Mais c’est avec les essais politiques de Robert Lafont autour du problème région et du colonialisme intérieur, publiés à grand tirage chez de grands éditeurs parisiens, que les analyses et propositions du COEA seront véritablement connues et diffusées auprès de l’opinion : La Révolution régionaliste (Paris : Gallimard, 1967), Sur la France (Paris : Gallimard, 1968), Décoloniser en France. Les Régions face à l’Europe (Paris, Gallimard, 1971), Clefs pour l’Occitanie (Paris : Seghers, 1971), Lettre ouverte aux Français d’un Occitan (Paris : Albin Michel, 1973), La Revendication occitane (Paris : Flammarion, 1974) ou encore Autonomie, de la Région à l’autogestion (Paris, Gallimard, 1976).

Le rôle politique

En juin 1964, le contact avec la vie politique est établi : le COEA participe avec des délégués à la Convention des Institutions Républicaines, nouveau parti politique créé par François Mitterrand, qui aboutira sept ans plus tard au fameux congrès d’unification des socialistes d’Épinay-sur-Seine (juin 1971). Le COEA reconnaît s’être constitué en club politique - mais refuse explicitement de devenir un « parti politique » traditionnel - afin d’entrer en contact avec d’autres clubs politiques (comme le Front régionaliste corse).
S’il fait partie des clubs fondateurs de la Convention des Institutions Républicaines qu’il fait adhérer à la problématique de l’autonomie régionale, le COEA prend ses distances avec l’organisation de François Mitterrand dans sa dynamique d’union avec la SFIO et la famille radicale. Non seulement la SFIO et les radicaux n’ont pas exprimé de position favorable aux problématiques régionalistes, mais de nombreux membres du COEA sont adhérents ou sympathisants des deux autres forces de la gauche des années 1960 : le parti communiste et le PSU. En 1967 la séparation avec la Convention des Institutions Républicaines est actée. Dans les faits le PSU de Michel Rocard apparaît de plus en plus comme l’organisation politique la plus proche des problématiques politiques du COEA (dénonciation d’une situation de colonialisme intérieur, défense de l’autonomie régionale, de l’autogestion, etc.) On peut sans doute mettre au compte du COEA le fameux rapport « Décoloniser la province » présenté en 1966 par Michel Rocard lors des Rencontres socialistes de Grenoble.
Le Comité occitan d’étude et d’action disparaît à l’orée des années 1970 et débouche sur la candidature de Robert Lafont, candidat des « minorités nationales » à l’élection présidentielle de 1974. Le COEA rendait possible une telle candidature, non seulement en permettant de mûrir une analyse et des propositions capables de tenir une telle candidature, mais également en établissement les liens entre organisations politiques régionalistes et en diffusant les idées du colonialisme intérieur en dehors des cercles militants. La candidature ayant été invalidée par le Conseil constitutionnel, les comités de soutien vont se transformer en mouvement autonome Volèm viure al país qui sera l’organisation des années 1970.
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Résistances et conscience de l’histoire dans « La Festa » de Robert Lafont / Claire Torreilles
Torreilles, Claire

La Festa (1983-1996) de Robert Lafont est un roman-fleuve de l’envergure du Jean-Christophe (1904-1912) de Romain Rolland et il se déploie comme lui en une fresque historique européenne que l’on pourrait qualifier, en citant Claudel, de « déclaration de conscience ».

C’est le roman d’une génération, celle qui a vingt ans pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Placé dans la filiation non déguisée du héros du premier roman de Robert Lafont, Vida de Joan Larsinhac (1951), le personnage central des deux premiers tomes, Joan Ventenac, connaît le destin tourmenté d’un écrivain engagé dans les luttes de son siècle.
Résistant, il l’est, dans les faits, en plusieurs lieux, à différents moments de sa vie : maquisard en Cévennes, combattant à Budapest, soutien clandestin du FLN à Paris. Il l’est en permanence dans la conscience intime des enjeux et du sens de l’histoire qu’il est en train de vivre et de celle qu’il revit en pensée et en écriture, en particulier l’histoire de Jean Cavalier et des camisards cévenols.

Cette conscience occitane malheureuse mais lucide empêche Ventenac de céder, quelles que soient les circonstances, au triomphalisme des libérations ou à ce qu’il ressent comme l’expression de « la bonne conscience de la France ». Elle est le fondement de son anticolonialisme et de son opposition à toutes les formes de la raison d’État.

Dans la construction du roman, l’épisode de la résistance des paysans du Larzac au projet d’extension du camp militaire occupe une place symbolique. Les premières manifestations de soutien organisées dans l’été 1973 rassemblent en un lieu d’espoir et d’utopies croisées des personnages séparés par la vie et déchirés par leur « haute conscience de l’histoire ».

L’écriture romanesque virtuose de Robert Lafont noue les fils du récit de résistance et de son commentaire, de l’oubli de soi et du narcissisme analytique, de l’exigence de liberté et du désir de bonheur dans ce roman chevaleresque des temps modernes qu’il nomme lui-même un Don Quichotte occitanien.

Cet article a fait l'objet d'une communication au colloque de Corte :  Resistenza è machja literaria, 16-17 octobre 2013.
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Diglossie (concept sociolinguistique)
La diglossie est un concept sociolinguistique qui décrit la situation où, au sein d’un même état, deux langues ou dialectes d’une même langue coexistent, l’un étant considéré comme supérieur à l’autre ou du moins plus légitime. Dans un état comme la France, chaque langue et dialecte autre que le français est individuellement en situation de diglossie par rapport à ce dernier.
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Danielle Julien
Danielle Julien est née en 1944 à Tarascon, dans une famille où se parlait le provençal. Institutrice, directrice d’école, conseillère pédagogique, elle enseigne également l’occitan à l’université de Nîmes. Critique littéraire, elle consacre sa thèse de doctorat à La Festa de Robert Lafont. Elle est organisatrice de l’Université d’été de la MARPOC à Nîmes.
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Le mouvement des mineurs de Decazeville : los carbonièrs de La Sala
Caucat, Domenge
Fin de 1959, lo governament dirigit per Michel Debré decidís de plegar los jaces carbonièrs d’Avairon e un an aprèp arriban a la Sala las primièiras letras de licenciament. Es la condamnacion a mòrt de tot un país. Sulpic, lo 19 de decembre de 1961, los 2200 minaires (d’unes retenon la chifra de 1500) de la conca roergassa fan la grèva sul mont sostenguts per tota la populacion. Los minaires passan la nuèch de Nadal al fons del potz, e, debuta de genièr, lo movement s’alarga per tocar Tarn, Gard e Erau e 17 departaments amb la grèva generala dins Avairon. S’atropèla la fola bèla suls pavats de la Sala, 50 000 personas e lo 5 de febrièr, 20 minaires fan pendent 10 jorns la grèva de la fam fins a çò que se tenga una taula redonda refusada fins ara per los poders publics e los Charbonnages de France e que siá fachas cap als grevistas qualques concessions.

La desmobilizacion se fa, amarganta, sus de promessas menudas que non seràn tengudas, lo problèma essent pas resolgut. Mas las idèas de decentralizacion tiran camin. Es per Ives Roqueta « lo començament de quicòm » que los occitanistas « prenent d’auçada a rapòrt a la situacion locala donan al malastre collectiu lo nom de colonialisme interior ». En abril 1962 es la creaccion del COEA, Comitat Occitan d’Estudis e d’Accion, que pausa clarament coma politicas las exigéncias culturalas tot fasent lo ligam amb las reivendicacions socialas e economicas. Caldrà comptar d’ara enlà sus de convergéncias de las luchas entre occitanistas e vinhairons, sul Larzac o un pauc mai tard per sosténer tornarmai los minaires, a Ladrecht.

Se la preséncia de carbon dins lo bacin de la Sala èra coneguda dempuèi l’Antiquitat e los romans , se son expleitacion se metèt en òbra tre lo sègle XV es mercé la descobèrta de minièira de fèrre dins lo ròdol que dintra dins son plen al sègle XIX tresmudant una societat rurala en bacin industrial. En 1829, lo duc Decazes eiretièr de las carbonièiras dona en tota modestia son nom a una vila que « coma lo chin sus son colar pòrta encara lo nom de son mèstre » nos ditz Gerard de Sède. E d’aquel temps, l’economia del país tot ven dependenta de sas minas.

Una primièira falhida de la companhiá siderurgica en 1865 e un equilibri dels mai fragils dobrís un periòd de dobtas per menar en 1886 a un conflicte dur : « las grandas grèvas d’un còp èra » evocadas per Joan Bodon dins sos Carbonièrs de La Sala. Lo sosdirector de las minas, l’engenhaire Watrin, mandatat per faire baissar los costs e los salaris –tocava un percentatge sul demesiment de las pagas- es defenestrat. La tropa ocupa vila e poses, la grèva pren d’ample per devisir França tota, l’assemblada nacionala se n’empara –d’unes i veiràn puèi las fondamentas dau socialisme francés. La grèva s’acaba al mes de junh amb qualques avançadas sus los salaris.

La prosperitat economica e la creissença reprenon pasmens a partir de 1885. D’autras grèvas seguiràn, nacionalas aquelas d’aquí, dins las annadas 1947-1948 amb a cada còp un ralentiment de l‘activitat.

Mas en 1959, decision es presa per los Charbonnages de France e lo ministèri de l’Industria de barrar definitivament l’extraccion del carbon sus lo bacin. Per d’unes l’expleitacion deficitària es deguda a la marrida qualitat dels carbons, a la concuréncia del petròli e del gas, del nucleari que naseja, per d’autres son la marrida gestion, los dividendes tròp bèlses pels accionaris, l’enclavament del territòri o lo mercat comun que ne son l’encausa. Coma qué ne vire, tre la mesa en òbra del plan de licenciament, fin de 1961, es la grèva que s’enseguís. Los minaires son sostenguts per tot un departament. Aqueles que davalan dins las galariás tornaràn pas montar, lo tocasenh tinda rampelant per carrièiras tota una fola que crida a l’injustícia facha al minaires. L’unitat sindicala se fa, los sostens venon d’en pertot, la Glèisa –evesque a son cap- que ten una influéncia importanta dins lo departament es als costats dels « morre-negres » tant coma deputats o elegits –lo cònsol de Sala davala amb son municipi dins lo potz central-, las botigas demòran barradas, de collèctas s’organizan… Lo Nadal dels minaires, passat al fons, fa fòrça per popularizar lo movement, lo ressopet del jorn de l’an multiplica las solidaritats.

Desmission d’unes elegits, manifestacion de las femnas dels minaires a Rodés, grèva de l’Estat Civil, creacion de comitats d’accion, pas res i fa. Lo ministre de l’industria Jeaneney refusa de recebre las delegacions montadas a París a son encontre. Lo conflicte s’enduresís cap a una grèva generala, se parla d’una federacion dels departaments paures e daissats de caire de la region, l’analisi dels problèmas socials e economics cambia d’escala. Son 17 departaments que son ara concernits. Lo Midi Libre titola : « Le Midi choisira-t’il l’auto-détermination ? »

Debuta de febrièr, 20 minaires començan una grèva de la fam, d’unes deuràn èsser espitalisats al cap d’una setmana. La direccion dels carbonatges, lo director del cabinet ministerial e l’intersindicala dobrisson enfin una taula redonda que fa proposicions cap a la reconvertida, al manten de l’emplec sul bacin, a la creacion d’una Caissa per finançar lo regim minièr pels retirats. Lo Comitat intersindical apèla a la represa del trabalh lo 20 de febrièr. Los grevistas de la fam e nombre de minaires se sentisson traïts. 180 milions de francs ancians de dons son estats reculhits. Lo desastre economic e demografic redobtat seguirà.

La grèva de la Sala crea pasmens un precedent dins las luchas a venir. La mobilizacion grandarassa, l’unitat, lo pacifisme, la fiertat d’un país e la denóncia d’un jos-desvolopament, la presa de consciéncia d’un « drech de viure e de trabalhar al país », per repréner l’eslogan conegut, que pòt suscitar solidaritats e simpatias, èsser partejat e viscut per delà las frontièiras per d’autres pòbles, la decentralizacion necita o las estructuras de metre en òbra per defugir los desequilibris regionals son d’ensenhaments que ne son portaires aqueles eveniments.

La lenga d’òc, emai los actors la tenguèsson, es pas primièira, luènh se’n manca, al dintre del conflicte. Una pancarta e un eslogan que puèi farà flòri : « Visca la Solidaritat, Nos daissarem pas tòrcer » (Bibo la soulidaritat, Nous daïssarem pas torssé) e qualques tèxtes en occitan de Pradèl, Garcia, Molin, etc… que pareguèron dins la premsa. Viure donarà un pauc mai tard « La Fam » de Pradèl o « la Fin de la Sala » de Bodon. Es fin finala lo poèma de Joan Bodon, dins una cançon de Mans de Breish, qu’acabarà de popularizar aquela grèva carrejada tanben per lo teatre de la Carrièira a travèrs Mòrt e resureccion de Monsur Occitania o Tabò. Pasmens, aquela lucha es l’eveniment fondator qu’ancora l’occitanisme dins una realitat politica e socio-economica que i aviá fins a aquel moment escapat. A travèrs primièr lo Comitat Occitan d’Estudis e d’Accion, lo COEA, puèi al dintre del quiti IEO aprèp 1968, o dins de movements politics coma Lucha Occitana o Volèm Viure al País, tant coma dins sas universitats d’estius.
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Françoise Dague

Originaire du Limousin, Françoise Dague est la fille de la costumière Cécile Leygue-Marie. Elle est la fondatrice, en 1962, des Ballets occitans de Toulouse, puis en 1971 le Conservatoire occitan (actuel COMDT) aux côtés d’Hubert Poirée. Diplômée des Beaux-Arts, Françoise Dague va s’attacher, sur la base des collections de sa mère, à recréer les costumes traditionnels des régions d’Occitanie.

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Pierre Pessemesse, figure atypique de l'occitanisme provençal
Bertrand, Aurélien
Escarpit, David (1980-....)


Pierre Pessemesse (1931-2018), est un auteur provençal de langue occitane, aussi bien engagé de côté de l’Institut d’études occitanes (I.E.O) que de celui du Félibrige.

Issu d’une famille vauclusienne qui pratique l’occitan au quotidien, il ne découvre les mouvements associatifs occitans qu’au début des années 50, faisant ainsi le lien entre son « patois » et la langue d’auteurs prestigieux comme Frédéric Mistral. Peu de temps après, il découvre la revue littéraire Oc tenue par la nouvelle génération des occitanistes liée à l’IEO et menée par Robert Lafont. C’est cette génération qui sait attiser la curiosité et l'intérêt de Pierre Pessemesse, aussi bien engagé dans la création littéraire que la pensée théorique, politique et militante. Ainsi, à l'exception de son premier recueil Li graio negro (Les corneilles noires), qu’il co-écrit avec Serge Bec, une grande partie de son œuvre est rédigée dans la graphie de l’IEO et éditée par l’Institut.
Passionné par les langues, licencié d’allemand, son engagement militant est marqué par une défense permanente de la langue d’oc, aussi bien à titre personnel qu’à celui de maire de sa commune des Buoux (Vaucluse) qu’il dirigera pendant 28 ans. C’est à ce titre qu’il parraine en 1974, la candidature régionaliste de Robert Lafont à l’élection présidentielle française. Il est également un des membres historiques du PEN club de langue d’oc, section occitane du PEN club international, association d'écrivains internationale qui a pour but de « rassembler des écrivains de tous pays attachés aux valeurs de paix, de tolérance et de liberté sans lesquelles la création devient impossible ». Il est également entre 2002 et 2018, le président de la section occitane du Comitat d'afrairement occitano-catalan (Comité de jumelage occitano-catalan ; CAOC), association qui a pour but de développer les relations entre les cultures occitanes et catalanes. C’est à partir de la seconde moitié des années 2000 qu’il amorce un retour au sein du félibrige, couronné en 2012 par le titre de « Mèstre en Gai Saber ». C’est durant cette époque qu’il se rapproche du PNO (Parti de la nation occitane), publie régulièrement dans Lo Lugarn, la revue du parti, sans toutefois jamais adhérer à celui-ci. Il sera enfin un acteur de l’activité de l’Association Internationale d’Études Occitanes (AIEO) jusqu’à sa mort.

Personnalité marquante et iconoclaste, auteur d’une œuvre littéraire originale, très au fait des considérations littéraires de son temps, aussi bien françaises qu’occitanes, Pierre Pessemesse est l’un des écrivains provençaux de langue occitane les plus importants et les plus atypiques de la génération d’après-guerre. Il compte d’ailleurs parmi les premiers prosateurs de sa génération.
Ses prises de positions tranchées et son travail souvent provocateur ont parfois pu lui valoir certaines inimitiés tant du côté des penseurs que des militants de tous bords, politiques comme culturels, félibres comme occitanistes.
Reste son œuvre littéraire, d’une qualité indéniable, totalement inscrite dans le renouveau et le questionnement de son temps. À ce titre on peut relever le roman Nhòcas e bachòcas (1957), qui conte le quotidien d’un jeune homme au sortir de la Seconde guerre mondiale avec en trame de fond la fracture vécue par les jeunes occitans dans une société rurale traditionnelle partiellement occitanophone et une société moderne, plurilingüe et cosmopolite. Enfin, son triptyque De fuòc amb de cendre (1973, 1976, 1978) qui conte le parcours de deux jeunes occitans engagés dans les forces SS par idéalisme, demeure une pierre angulaire de la littérature occitane de la seconde moitié du XXe siècle par toutes les thématiques et problématiques qu’il soulève.

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La Domna (Dame) : concept chez les troubadours et postérité dans poésie contemporaine
Pour les troubadours, la Dame est la figure mystique de la femme aimée. Il s’agit en général d’une femme de la très haute noblesse, à laquelle le troubadour fait une cour poétique, selon les règles de la Fin’Amor.
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Ballets occitans de Toulouse
Escarpit, David (1980-....)

Les Ballets occitans de Toulouse sont une compagnie de spectacle vivant créée en 1962 par Françoise Dague. La compagnie a joué un rôle majeur pour le renouveau culturel occitan, en particulier en matière de musiques et danses dites traditionnelles ou populaires et fut à l’origine de la création du Conservatoire occitan de Toulouse. [imatge id=21632] 

Françoise Dague

[imatge id=21633] Originaire du Limousin, Françoise Dague est immergée dans la culture populaire et la langue occitane par l’action de sa mère, Cécile Leygue-Marie (1905-1988), ingénieure-agronome, folkloriste réputée, passionnée de costume traditionnel qui, au contact du monde rural par son métier, va constituer une collection de premier plan aujourd’hui exposée au Musée des Jacobins à Auch.  [imatge id=21635]
La création des Ballets occitans dès le début des années 1960 participe d'une volonté de mettre en valeur la culture occitane au travers d'une troupe de musiciens-danseurs-chanteurs professionnels. Diplômée des Beaux-Arts, connaisseuse experte du costume traditionnel des pays occitans, chanteuse, danseuse, elle est aussi une grande costumière.

La compagnie des Ballets occitans de Toulouse

La troupe fait figure d'ambassadrice et de vitrine d'une culture occitane décomplexée, fière de ses héritages et spécificités culturelles - musique, danse, costume, langue, etc. - qu’elle rend ainsi « digne » du spectacle professionnel. Les ballets jouent en Occitanie et dans le monde entier : tournées en Grèce (1963), Allemagne (1964), Turquie (1965), Suisse (1966), Israël (1967), Hollande (1968), etc. La compagnie enregistre plusieurs disques, dont les deux premiers, en 1967 et 1969, sortent chez Philips. [imatge id=21634]
Le modèle de référence est celui des Ballets russes d'Igor Moïsseïev, c'est-à-dire une compagnie artistique de spectacle contemporain dont l’esthétique est enrichie de la culture folklorique authentique dépouillée de tous oripeaux susceptibles de la caricaturer.
Cette création s’inscrit dans un premier moment du revivalisme culturel avec la création de compagnies qui proposent des prestations scéniques mettant en valeur les danses et les costumes traditionnels : le Ballet national de danses françaises créé en 1961 par Jacques Douai et Thérèse Palau ou encore les Ballets populaires poitevins.

Véritablement pionnière, créée une décennie avant le grand mouvement de renouveau folk, le projet évolue au fil du temps : aux musiciens de type académique, interprétant les œuvres sur des instruments d'orchestre symphonique, se substitue une recherche organologique afin de retrouver et de réutiliser des instruments traditionnels occitans tels que le graile (hautbois du bas-Languedoc), la bodega (cornemuse de la Montagne noire), la boha (cornemuse gasconne), etc. Le chant, la diction sont travaillés, ainsi que les pas de danse afin de se rapprocher d'un rendu aussi proche que possible de la réalité traditionnelle.
En recherche permanente d’authenticité et d’originalité esthétique, la compagnie des Ballets occitans et Françoise Dague sont à l’origine d’importants fonds de collectes ethnographiques et ethnomusicologiques. Elle est à l’origine de la création à Toulouse, en 1971, du Conservatoire occitan chargé dès son origine de conserver et valoriser les fonds d’enquêtes orales, de transmettre les pratiques musicales et dansées mais aussi des cours de langue occitane par des ateliers publics et très vite de conserver les savoir-faire instrumentaux et de fournir aux musiciens de plus en plus nombreux des instruments avec des ateliers de facture instrumentale.

Les ballets occitans accueillent toute une nouvelle jeune génération qui sera ainsi sensibilisée et formée, parmi laquelle débute de nombreuses personnalités du renouveau culturel occitan contemporain : Jean-Pierre Lafitte, Claude Sicre, Rosina de Pèira, Pierre Corbefin, Xavier Vidal, etc.

Les Ballets occitans ont disparu à la fin des années 1980. Les archives de la compagnie (enregistrements et captations de spectacle, photographies, dossiers documentaires, etc.) sont conservés an Conservatoire occitan des musiques et danses traditionnelles (COMDT).

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André Benedetto

Né à Marseille, André Benedetto (1934-2009) est un auteur de théâtre, metteur en scène et comédien.
Il crée en 1961 la Nouvelle Compagnie d’Avignon avec le comédien et metteur en scène avignonnais Bertrand Hurault. En 1963, la compagnie s’installe dans une salle jouxtant le cloître des Carmes, qui devient le Théâtre des Carmes, devenue un lieu-référence du théâtre contemporain. C’est ici qu’André Benedetto « invente » le Festival Off en 1966-1967.

L’année 1973 marque l’arrivée d’André Benedetto et de la Nouvelle Compagnie/Théâtre des Carmes d’Avignon dans le mouvement culturel occitan. Depuis le début des années 1960, André Benedetto aborde dans ses pièces les grands thèmes d’actualité et de la société (Le Pilote d’Hiroshima, 1963, Les voyous, 1965, et surtout Napalm en 1967, première pièce française sur le Vietnam). Benedetto et sa compagnie mènent une critique féroce de la politique de décentralisation théâtrale, dont le festival d’Avignon est le symbole. Ils initient le festival Off et publient un manifeste contre la politique culturelle institutionnelle.
Toujours à la recherche de nouveaux thèmes et formes de création, il se tourne en 1973 vers l’Occitanie. Il initie une réflexion sur le théâtre populaire comme théâtre enraciné dans un territoire, un environnement social et culturel.

Du 10 au 24 juillet 1973, en plein XXVIIe Festival d’Avignon, il met à disposition le théâtre des Carmes pour des « Rescontres occitans ». Cette année-là deux pièces de la Nouvelle Compagnie sont programmées officiellement au Festival d’Avignon, La Madone des ordures et Pourquoi et comment on a fait un assassin de Gaston D. qui revient sur l’affaire Dominici.
André Benedetto met le théâtre des Carmes à la disposition du Teatre de la Carrièra qui joue La Guerre du vin, monte une librairie éphémère spécialisée dans la littérature et les problèmes occitans, distribue dans la rue un journal militant, Esclarmonda et organise le soir du 14 juillet un « bal des ethnies » en opposition au bal « national » de la ville. 
Écrivains, acteurs, artistes, metteurs en scène, intellectuels et militants occitans se rassemblent autour de ces Rescontres occitans d’Avignon, qui marquent un moment de convergence des acteurs culturels occitans qui se structureront en 1977 autour de deux collectifs, l’Action Jeune Théâtre (AJT) et l’Accion Culturala Occitana (ACO).

[imatge id=166]André Benedetto entame dès 1974 une collaboration avec Félix Castan, figure idéologique du mouvement occitan de l’Après-Guerre, penseur de la régionalisation de la culture. La collaboration Castan-Benedetto produit notamment Le Siège de Montauban en 1974 dans  le cadre du festival d’Occitanie, pièce historique montée avec les habitants de la ville.
Il est membre de la Linha Imaginòt, le collectif occitan et littéraire créé autour de Félix-Marcel Castan, dont il est proche, ainsi que de Bernard Lubat et de l’écrivain Bernard Manciet. Réfléchissant sur la décentralisation culturelle, André Benedetto travaille avec Serge Pey, avec qui il organise à Toulouse les premières Nuits de la Poésie. Il compose et jour en 1999 la pièce occitane  San Jorgi Roc.

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