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Lou Mayrau medouquin
CIRDOC - Institut occitan de cultura

Lou Mayrau medouquin, texte médocain anonyme pour l’enrôlement dans les armées de Louis XIV

Le document intitulé Vers composés par M..., sur le départ de François Baudouin et ses compagnons médoquins allant à l'Armée, souvent désigné Lou Mayrau medouquin, est une brochure anonyme, sans date ni mention d’imprimeur, connue par un seul exemplaire découvert tardivement dans les collections de la Bibliothèque municipale de Nantes.
Si le texte pourrait être contemporain des faits historiques qu’il décrit, c’est à dire du dernier tiers du XVIIe siècle, sa diffusion sous la forme d’un texte imprimé est dans doute postérieure de près d’un siècle. Au-delà de la rareté de l’ouvrage - on n’en connaît qu’un seul exemplaire - son sujet - la guerre de Hollande - et sa provenance - la région bordelaise - le rendent exceptionnel dans le corpus de l’écrit occitan de l’époque moderne (XVIe-XVIIIe siècle).
Le texte est couramment intitulé par son premier vers, Lou Mayrau medouquin (Le vacher médoquin), qui désigne le personnage principal, un certain François Baudouin, laboureur propriétaire dans les environs de Lesparre dans la partie landaise du Médoc (actuelle Gironde). Lassé de sa vie de paysan, Baudouin raconte, dans ce récit en vers à la première personne, comment il répond favorablement à la sollicitation d'un officier recruteur, M. de Rouchon, venu lui proposer de s'engager dans les armées royales. Après avoir mis ses affaires en ordre auprès du notaire de Lesparre, Baudouin se lance dans le recrutement d’une troupe de compagnons prêts à le suivre à la guerre. Il se met à leur tête, avec entrain mais non sans une certaine gravité, le spectre de la mort au combat planant en permanence. Le texte s'arrête au moment où ils se mettent en route pour les Pays-Bas et Maastricht qu’il s’agit de reprendre à l’ennemi.

Une œuvre unique dans le corpus de l’écrit littéraire occitan

C’est Pierre-Louis Berthaud qui découvre en 1938 ce texte par sa seconde édition (Lesparre : Barbouteau, 1851 ; tout aussi rare que l’édition originale). L’édition originale restant introuvable, Lou Mayrau Medouquin fut même parfois considéré comme une supercherie littéraire du XIXe siècle. Il faut attendre les années 1980 pour que François Pic localise enfin l’édition originale du texte dans les collections de la Bibliothèque de Nantes. Si François Pic confirme les conclusions de Pierre-Louis Berthaud sur l'authenticité du texte - et non une fabrication du XIXe siècle - l’étude de l’édition originale, en particulier ses caractères matériels et iconographiques, semble orienter vers une impression bordelaise de la seconde moitié du XVIIIe siècle. François Pic a identifié les motifs utilisés par l’imprimeur ainsi que la gravure placée en frontispice. Ses recherches ont démontré qu’il s’agissait de motifs en usage chez de nombreux imprimeurs de Bordeaux et de Toulouse au XVIIIe siècle. Alain Viaut, spécialiste de l’occitan gascon, a publié une édition critique du texte en 1990 dans la revue Garona. Selon lui, les marqueurs chronologiques nombreux et précis qui émaillent le texte semblent indiquer qu’il s’agit bien d’un texte composé et diffusé au moment de la guerre de Hollande, même s’il ne fut imprimé que bien plus tard.

Le caractère exceptionnel de ce texte vient également de sa provenance. La région bordelaise n’a pas connu l’abondance de  production imprimée occitane que connaissent d’autres foyers, de la Renaissance à la Révolution. Pour le Médoc, il s’agit du seul texte littéraire occitan connu pour la période.

Un texte de propagande dans le contexte de la guerre de Hollande ?

Lou Mayrau medouquin a tout l’air d’un texte de propagande pour l’enrôlement des paysans médocains dans l’armée de Louis XIV, alors en guerre contre une bonne partie de l’Europe. Le texte fait en effet de nombreuses références directes à la guerre de Hollande qui, de 1672 à 1678, opposa le royaume de France et son allié anglais à l’Espagne, au Saint-Empire romain germanique et aux Provinces-Unies (actuels Pays-Bas).

Baudoin parle d’aller à la guerre contre l’Amperure d’Allemagne (l’empereur d’Allemagne), lou Flamand (le Flamand), qui a mis sourdats en campagne (des soldats en campagne) pour tourna (faire revenir) dans Mestriq (Maastricht) le prince d’Orange. Une fois dans la place, ledit prince d’Orange se verra encauga (emprisonner) dans la ville. Toutes ces indications pourraient faire référence à un épisode précis de la guerre de Hollande : le siège de Maastricht par les armées du prince d’Orange et des Pays-Bas espagnols pour reprendre la cité aux Français en 1676. L’action se passerait donc en 1676, et non en 1672 comme l'indique une mention sur la page de titre .

Guerre coûteuse, la guerre de Hollande fit l’objet d’une intense propagande hostile au royaume de France à travers l’Europe. En outre, des tentatives de séditions contre Louis XIV, encouragées par les Habsbourg dans le royaume de France, se firent jour, particulièrement en Normandie et dans les provinces méridionales (Guyenne, Languedoc, Provence, Dauphiné). Dans ce contexte politique et militaire compliqué pour le roi de France, la création et la diffusion de textes de propagande en langue du peuple comme Lou Mayrau medouquin semble tout à fait plausible même si le plus grand mystère demeure sur l’auteur et ses motivations réelles. Il est à signaler qu’en 1672, la seigneurie de Lesparre appartenait à la grande famille gasconne de Gramont dont un membre, Antoine IV (1641-1720), s’est illustré justement comme général pendant la guerre de Hollande. En d’autres termes, il n’est pas impossible que le texte émane directement de l’entourage de cette puissante famille gasconne, une des plus puissantes du royaume et d’Europe. Le Mayrau medouquin vu sous cet angle, peut faire penser à une levée d’ost seigneurial (le droit du seigneur de lever des troupes) de la maison Gramont sur ses terres médoquines. Mais rien ne permet toutefois d’étayer cette hypothèse.

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Le vacher médoquin
Le document intitulé Vers composés par M..., sur le départ de François Baudouin et ses compagnons médoquins allant à l'Armée, souvent désigné Lou Mayrau medouquin, est une brochure anonyme, sans date ni mention d’imprimeur, connue par un seul exemplaire découvert tardivement dans les collections de la Bibliothèque municipale de Nantes.

 Il s'agit d'une œuvre à part dans le corpus écrit occitan. Par son sujet, l’enrôlement de soldats dans l’armée de Louis XIV, ainsi que par sa provenance, la région bordelaise, qui a donné peu d’imprimés occitans antérieurs au XIXe siècle.
Le document garde en outre une importante part de mystère. Ne lui connaissant ni auteur, ni éditeur, ni lieu d'impression, il pose davantage de questions qu'il ne fournit d'informations. D'après les conclusions des chercheurs qui s'y sont penchés, le texte semble être contemporain des faits historiques qu’il décrit, c’est-à-dire du dernier tiers du XVIIe siècle. En revanche sa diffusion sous forme de texte imprimé est dans doute postérieure de près d’un siècle.

Lou Mayrau medouquin raconte l'histoire d'un paysan du Médoc (dans l'actuel département de la Gironde), François Baudouin qui, suite à la visite d'un officier recruteur, s'engage dans les armées de Louis XIV comme soldat pour aller prendre part au siège de Maastricht, aux Pays-Bas. Baudouin se fait à son tour recruteur, convaincant plusieurs de ses camarades de le suivre, de telle sorte que c'est à la tête d'un petit groupe de futurs soldats qu'il se met en route vers les Pays-Bas.


Document accessible sur le site de la Bibliothèque municipale de Nantes

Lien vers la notice du document sur le site de la Bibliothèque municipale de Nantes

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Manifeste « Mon país escorjat » (Mon pays écorché)
Lafont, Robert (1923-2009)
Maffre-Baugé, Emmanuel (1921-2007)
Chabrol, Jean-Pierre (1925-2001)
Le manifeste Mon païs escorjat est paru en 1979, dans le numéro 2 de la revue occitaniste Aici e ara. Il est publié à nouveau quatre ans plus tard comme supplément du numéro 4 de la même revue, sous la forme d’une affiche bilingue (français-occitan).
Le manifeste est signé de trois noms : Robert Lafont, Jean-Pierre Chabrol et Emmanuel Maffre-Baugé, ainsi que « 10 000 autres signataires ».
Emmanuel Maffre-Baugé (1921-2007) est une figure du syndicalisme viticole héraultais, député européen de 1979 à 1989, par ailleurs petit-fils du félibre Achille Maffre de Baugé, de Marseillan. Sympathisant communiste, Maffre-Baugé s’illustre dans la défense des revendications des vignerons languedociens dans les années 1970, notamment dans leur lutte contre l’entrée dans l’Union européenne de l’Espagne, de la Grèce et du Portugal, concurrents directs des viticulteurs et fruiticulteurs occitans.
Le manifeste porte également les noms du cinéaste Jean-Pierre Chabrol (1925-2001), originaire des Cévennes gardoises, également figure du Parti communiste, et de l’universitaire, écrivain et poète Robert Lafont (1923-2009), figure de la décentralisation et de la reconnaissance politique et culturelle de la langue et de la culture occitanes.
Dans l’ouvrage de Jean-Claude Bouvier et Jean-Noël Pelen Récits d’Occitanie est publiée la réponse donnée par Robert Lafont à l'article d'un autre universitaire montpelliérain, Jean-Marie Guillon. Robert Lafont y affirme être le premier auteur de Mon païs escorjat, qu’il aurait écrit à Heidelberg avant de le soumettre à Maffre-Baugé et Jean-Pierre Chabrol, le syndicaliste héraultais lui disant « On va le faire signer ».
Le texte a pour thème principal le refus par ses auteurs de l’intégration de l’Espagne, du Portugal et de la Grèce dans le Marché commun, pour des raisons économiques. Selon eux, cette triple incorporation entraînerait une concurrence déloyale avec les agriculteurs des pays d’oc, dans les domaines viticoles, de la production de fruits et légumes (fraises, pêches, abricots, tomates) ainsi que de l’élevage ovin. Maffre-Baugé y voit, ainsi qu’il le développe dans l’interview qu’il accorde à Jean-Pierre Laval pour Aicí e ara, une stratégie des “grands lobbies”, comprendre des entreprises de la grande distribution qui, associés à l’état centraliste, vont saigner l’économie des régions occitanes. Au discours économiste vis à vis du Marché commun vient donc s’adjoindre un discours régionaliste aux relents séparatistes : ce serait l’économie de l’Occitanie, pensée en tant que territoire propre,  que la France, poursuivant une logique de destruction, et les “multinationales”, envisageraient de détruire.
D’un autre côté, dans un propos d’ouverture culturelle, les signataires précisent - tout comme Maffre-Baugé dans son article - que ce rejet est purement économique et qu’ils ne seraient en aucun cas opposés à une Europe “des peuples”, une construction européenne basée sur le rapprochement des cultures, et notamment des « pays frères », mais que tel n’est pas le projet réel de cet élargissement du Marché commun. Le propos occitaniste transparaît avec la mention explicite d’une Occitanie en pleine renaissance culturelle, terre de combats sociaux et émancipateurs, convoquant les Cathares, les Camisards et enfin les Maquisards de la Deuxième guerre mondiale.
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Les 20 ans des Trad'Hivernales de Sommières - Tè Vé Òc
Gravier, Michel. Metteur en scène ou réalisateur

Émission du 6 février 2019

Chaque année, Tè Vé Òc a pris l'habitude de vous proposer un reportage tourné aux Trad'Hivernales, une institution culturelle qui anime Sommières tous les mois de janvier, et avec laquelle nous sommes partenaires. Pas d'exception, cette année nous avons à nouveau couvert le festival, qui a fêté sa vingtième édition ! Une rencontre anniversaire qui a rassemblé de nombreux artistes et autant d'animations. Dans notre émission, vous verrez les temps forts des Trad'Hivernales, avec entre autres Claude Marti, le plateau radio, les concerts nomades avec Laurent Cavalié, et surtout la soirée anniversaire, "Le Bal des 20 ans".  Avec une myriade de musiciens invités sur scène aux côtés de Coriandre et Garric.

Un reportage de Michel Gravier.

[résumé de Tè Vé Òc

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Nimes l'occitana vista per d'escrivans, Tè Vé Òc (réal.)
Association Tè Vé Òc
Centre Interrégional de Développement de l'Occitan

De Frédéric Mistral à Robert Lafont, d'Antoine Bigot à la nouvelle génération d'auteurs occitans (Mathieu Poitavin, Sarà Laurens...), ce film est une invitation à parcourir les rues et les quartiers de Nîmes, pour redécouvrir la ville à travers les mots des auteurs qu'elle a vu naître ou s'épanouir. 
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Portrait d'un vigneron conteur - Tè Vé Òc
Cros, Amy. Metteur en scène ou réalisateur

Émission du 17 janvier 2018

Nous vous emmenons dans le Vaucluse, à la rencontre de Jean-Loup Guigue. Homme de la terre qui tient son domaine viticole à Violès, face aux Dentelles de Montmirail, il a aussi une passion pour le conte. Voilà quelques années qu'il a intégré l'équipe du Théâtre Rural d'Animation Culturelle (TRAC), pour travailler ses créations. C'est dans la vigne, pendant qu'il effectue les actions les plus répétitives, qu'il imagine ses histoires. Il les compose dans sa tête mais ne les écrit pas. Ses contes sont emprunts de la culture de la vigne, avec des inspirations traditionnelles qui se changent en créations originales qu'il présente à l'équipe du TRAC, puis au public. Jean-Loup Guigue nous raconte ainsi ses histoires à l'occasion d'une soirée littéraire à la librairie Elan Sud, puis son métier de vigneron, chez lui.

Un portrait d'Amy Cros.

[résumé de Tè Vé Òc]

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Rencontre avec L'Aucèu libre (maison d'édition) - Tè Vé Òc
Cros, Amy. Metteur en scène ou réalisateur

Émission du 9 janvier 2019

Ancien médecin-chercheur, Paul Martin est rentré au pays avec la volonté de créer sa propre maison d'édition. Il a commencé l'aventure en publiant des ouvrages déjà connus, et a publié son premier texte inédit en 2009. Ses collections contiennent beaucoup d'écrits en langue d'oc, accompagnés de leur traduction. Avec sa femme Marie-Hélène, ils font vivre à deux une véritable entreprise. À l'occasion de la Journée du livre à Laudun-L'Ardoise en automne 2018, nous avons rencontré Paul Martin et deux auteures éditées chez Aucèu Libre, Danièla Julien et Estèle Ceccarini. Plongez dans le monde de l'édition et ses enjeux à travers cette maison spécialisée dans les écrits d'ici (qu'ils soient en occitan ou en français), et qui vient de fêter ses 15 ans d'existence en 2018.

Un reportage d'Amy Cros.

[résumé de Tè Vé Òc]

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Escrituras femininas de l'après 68 / Marie-Jeanne Verny
Verny, Marie-Jeanne
Après avoir fait le constat de la faiblesse du nombre de femmes dans l'expression littéraire et artistique occitane avant le milieu des années 1960, Marie-Jeanne Verny, enseignante-chercheuse à l'Université Paul-Valéry Montpellier-III, spécialiste de littérature occitane contemporaine, analyse la place et la création des femmes dans le théâtre, la chanson et la poésie en occitan après 1968.

L'article est issu d'une communication faite en 2013 lors de la 37e Université Occitane d’Été de Nîmes sur le thème « Femnas d'aicí d'ailà ».
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Retorn sus l'Estivada 2018 - Tè Vé Òc
Gravier, Michel. Metteur en scène ou réalisateur

Émission du 2 janvier 2019

Bien que 2018 soit passé, nous vous proposons un retour à l'été passé, pour mieux nous réchauffer en cette période hivernale. À Rodez a eu lieu la 24ème édition de l'Estivada, une manifestation bien connue comme festival interrégional des cultures occitanes. Concerts, théâtre, poésie, conférences-lectures, apéritifs littéraires, cinéma et balètis ont rythmé l'Estivada qui s'est déroulée sur trois jours. Dans cette émission, vous verrez des extraits du festival, entre autres avec Francis Cabrel qui s'est essayé à l'occitan à l'occasion d'un concert. C'est Jean Bonnefon qui a traduit les textes de Francis Cabrel en occitan, pour une soirée où participaient aussi des écoliers de Calandreta, de classes bilingues et du Conservatoire.

Un reportage de Michel Gravier.

[résumé : Tè Vé Òc]

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Lei Fadariás d'Anhana 2018 / Tè Vé Òc

Émission du 27 décembre 2018

À Aniane, à une trentaine de kilomètres de Montpellier, les Fééries de Noël d'Aniane proposent six semaines de manifestations magiques, comme la crèche grandeur nature la plus importante de France, le marché, des spectacles divers, et surtout de quoi rêver en famille avec des temps forts. Les Fééries sont le résultat d'une oeuvre collaborative pour redynamiser ce village et en faire une place forte des événements de Noël. Notre reporter Marc est allé filmer la préparation du festival, avec l'installation de la crèche géante. De quoi voir toute l'importance de l'organisation d'un tel programme. Les Fééries en sont déjà à leur neuvième édition et le nombre de visiteurs qui viennent chaque année montre à quel point elles ont relevé le défi. Avec pour devise la magie, dans une invitation à l'imaginaire.
Un reportage de Marc Carteyrade.

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