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Chansonnier Méry de Vic

Copie d'un des plus célèbres recueils de « chansons » de troubadours (Chansonnier I : BnF, fr. 854) réalisée dans la seconde moitié du XVIIe siècle pour Méry de Vic Sarred, président au Parlement de Toulouse en 1597. Le texte illustré de gravures découpées ou de dessins rehaussés en couleur contient les Tensos (chants) et Vidas (vies) des troubadours.

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Las obros mescladissos d'un Baroun de Caravetos de Jacques Roudil
Roudil, Jacques (1612-1684)

Introduction de Claire Torreilles :

On doit à Marcel Barral la première édition critique des Obros mescladissos d'un Baroun de Caravetos, œuvres poétiques de Roudil (1982 et 19831) restées jusque là en grande partie inédites, à l’exception de la pièce Lou Testament dau Sage qui fut imprimée en 16502 avec les œuvres du poète Isaac Despuech dit Le Sage de Montpellier dont l’avocat Jacques Roudil (1612-1684) avait été l’éditeur et l’ami.

L’édition de Marcel Barral est fondée sur un manuscrit de la Société archéologique de Montpellier conservé dans le fonds Lunaret3. Marcel Barral connaissait l’existence d’un ou de plusieurs autres manuscrits de Roudil copiés aux XVIIIe et XIXe siècles. Le manuscrit du CIRDOC, acquis auprès d’un libraire parisien par François Pic pour le compte du CIDO4, est l’un de ceux-ci. Précisément il correspond à la description faite par Léon Gaudin en 1870: « C’est un petit in-8° de 377 pages, couvert en parchemin, et dans lequel les pièces françaises, latines et patoises sont mêlées» qui lui semble être « le manuscrit autographe de l’auteur, ou tout au moins une mise au net faite en vue de l’impression 5 ».

Ce manuscrit est plus récent que celui de la Société archéologique, plus complet aussi. Il comprend quatre vingt dix pages de plus (f° 287 à f° 377), ce qui représente un ensemble de trente neuf pièces inédites en latin, français et occitan, dans l’ordre chronologique de leur écriture, sans doute les derniers poèmes écrits par Roudil entre avril 1675 et juin 16836 où l’on trouve, comme dans le reste de l’œuvre, un regard aiguisé sur la société méridionale, entre le monde rural de Pignan et celui de Montpellier, une attention souriante aux événements du royaume et à la vie de famille, à soi-même et à la compagne aimée qui est la « Rozindo » des premiers sonnets, avec peut-être une gravité et une intériorité nouvelles dans les considérations sur l’âge et le temps qui passe. Il faut ajouter une pièce inédite extérieure reliée avec l’ouvrage et placée avant le titre7, et les dix précieuses pages d’une « Taulo de las peços contengudos dins aquest libre » qui terminent ce manuscrit en ouvrant d’intéressantes perspectives sur les réelles intentions éditoriales de Jacques Roudil8.

Introduction de Claire Torreilles, mai 2014

1 Jacques Roudil, poète montpelliérain du XVIIe siècle, Œuvres poétique languedociennes et françaises, publiées pour la première fois sur un manuscrit retrouvé avec introduction, notes et glossaire, par Marcel Barral, Montpellier, Publications de l’Entente bibliophile, 1982, 226 p. et Suite des œuvres poétiques languedociennes et françaises, Montpellier, Publications de l’Entente bibliophile, 1983, 238 p.

2Las fouliés dau Sage de Mounpelié revistos e augmentados de diversos piessos de l’autur embé soun Testament obro tan desirado, in 8°, sans lieu ni nom d’imprimeur, 1650. Édition numérisée disponible sur le site de la Médiathèque Émile Zola.

3 Barral (1982). « Liste des pièces contenues dans le manuscrit des Œuvres poétiques de Jacques Roudil qui appartient à la Société archéologique de Montpellier », p. 201-208.

4 Il l’a catalogué sous la cote Ms 296 dans le catalogue des manuscrits.

5Revue des langues romanes, 1870, p. 249 et sq. Gaudin publie quelques pièces de Roudil d’après la version (très arrangée) de F.-R. Martin dans Les loisirs d’un Languedocien en 1827. Le manuscrit qu’il décrit rapidement n’est pas en sa possession. Il appartient, dit-il, à M. S… qui est en fait le bibliophile Sauvadet dont on retrouve l’ex-libris en tête du volume mis en ligne ci-dessous.

6 La dernière date portée [f° 365] est en effet : 6 juin 1683.

7 « Dialoguo dins l’autre mounde entre Tap et Gl », (Tapemoy et Glaudet), 222 vers, 3 fo. daté de 1680.

8 Les intentions fantaisistes sont celles qu’indiquent les premières pages (identiques) des deux manuscrits connus : Las obros mescladissos d'un Baroun de Caravetos. Imprimados à Cantogril per Janas Buscaliensis, 1677.

 

Complément d'information à l'introduction de Claire Torreilles:

D'après Marcel Barral, il existe trois copies manuscrites de ces Obros mescladissos d'un Baroun de Caravetos

On y trouve de nombreux sonnets, stances, épîtres, satires, etc. classés suivant un ordre chronologique plus ou moins respecté. Jacques Roudil (1612-1684) y mélange les genres, les thèmes mais également les langues : l'auteur emploie aussi bien le français que l'occitan  ou le latin.


L'inscription humoristique "Imprimados à Cantogril per Janas Buscaliensis" et la présence d'un prologue laissent penser que ce manuscrit pourrait avoir été rédigé dans le but de l'éditer.


Parmi les pièces réunies dans ce manuscrit, Lou Testament dau Sage a fait l'objet d'une publication du vivant de l'auteur dans Les folies du Sage (1650).

Une partie des poèmes a été publiée par la suite dans le tome 1 de la Revue des Langues Romanes en 1870.


Les pièces de ces "Oeuvres mêlées d'un baron de Caravètes", s'ancrent dans l'Histoire et la langue parlée de la ville de Montpellier.

Jacques Roudil prend ainsi souvent pour prétexte un événement particulier survenu dans sa ville de Montpellier, qu'il soit officiel ou qu'il s'agisse d'un fait divers, pour écrire ses poèmes.


Pour en savoir plus :


ROUDIL (Jacques), notes et glossaire par BARRAL (Marcel), Oeuvres poétiques languedociennes et françaises, Montpellier, Éd. de l'Entente bibliophile, 1982-1983.


- ALLIER (Max). "Jacques Roudil, oeuvres poétiques languedociennes et françaises per Marcel Barral", Oc, N° 15, setembre 1982, pp. 71-75.

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Poésies diverses de Demoiselle Suzon de Terson
Terson, Suzon de (1657-1685)

Ce manuscrit contenant les œuvres de Suzon de Terson rassemblées par ordre chronologique d’écriture date de la fin du XVIIe siècle. Il est composé de cahiers de papier de 26x18cm. Il est l’œuvre d’un certain Pons, qui le signe à la fin du texte p. 115, ainsi que p. 47. Il s’agit probablement de Louis Pons, greffier, qui est consul de Puylaurens en 1682, et est alors récemment converti au catholicisme. La reliure est récente (v. 1945).

L’histoire récente du manuscrit présente des liens intéressants avec l’écriture de l’histoire littéraire occitane au XXe siècle. Le manuscrit est d’abord acheté au libraire Masson de Montauban par Antonin Perbosc en 1920. Perbosc en commence l’étude, mais ne la poursuit pas, et transmet le manuscrit à René Nelli à une date indéterminée, mais avant sa mort. C’est Nelli qui le fait relier vers 1945. Nelli en entreprend lui aussi l’étude, fait à propos de Suzon de Terson une conférence, mais ne publie rien. Il transmet ensuite le manuscrit à Pierre-Louis Berthaud, qui publie quelques articles à son propos et en envisage l’édition. À sa mort, le manuscrit passe à Christian Anatole, qui l’édite en 1968. Le manuscrit est entré dans les collections du CIDO en 1979 dans le fonds Anatole, qui fait maintenant partie des fonds du CIRDOC.

Suzanne de Terson est née en 1657 à Puylaurens (Tarn) dans une famille de marchands aisés qui se sont hissés au rang de la petite noblesse, première des 9 enfants d’Antoine de Terson et de Marie Delcruzel. Sa famille est protestante (nombre d’entre eux émigreront à Amsterdam en 1685, d’autres sont encore persécutés au XVIIIe siècle), et elle épouse en 1677 le pasteur Élie Rivals, dont elle aura un enfant qui mourra en bas âge. Elle meurt à 28 ans en 1684 ou 1685. Son père et son oncle sont en correspondance avec l’Académie de Castres, elle-même en lien avec les milieux littéraires précieux de Paris. De sa vie, on ne sait rien que la date de son mariage avec le nouveau pasteur de Puylaurens, qui avait soutenu sa thèse de théologie à l’Académie protestante de Puylaurens.

Le manuscrit est intéressant à plus d’un chef. Il s’agit d’un exemple d’écriture provinciale liée aux modes littéraires parisiennes, mais aussi un rare témoignage d’une écriture féminine en occitan au XVIIe siècle (un autre exemple étant un petit poème d’Antoinette Salvan de Saliès, d’Albi). Le manuscrit contient 81 pièces de vers, dont 14 en occitan, présentées par ordre chronologique, écrites entre 1671 et 1684. La plupart sont placés dans un monde de bergers arcadiens, pleins de Tityre, de Tircis et de Daphnis.

Christian Anatole rapproche ses pièces en occitan du folklore populaire et de la chanson. Ils sont d’ailleurs titrés contes ou chansons. Ils sont pour lui moins marqués par la littérature parisienne que ses textes en français, notamment par l’usage de vers de sept syllabes, fréquents dans les textes traditionnels :

XLV CHANSON

Tu non n’aimas  gaire,
Tant de mal me’n sap.
Cap que tu non me pòt plaire,
E tu m’aimas mens que cap.

No’n trobaràs gaire
De còr coma l’meu.
Benlèu coma es tròp amaire,
Aquo fa vergonha al teu.

 

Le texte occitan écrit par des femmes est, jusque récemment, une exception. Trobairitz ou précieuses sont rares, et le plus souvent confinées au domaine du manuscrit. En soit preuve leur absence totale dans une anthologie aussi réputée que celle de Nelli. Les femmes, quoi qu’on en dise, sont dans cette littérature bien plus souvent un horizon absent qu’une présence active.

En savoir plus sur le manuscrit :

Anatole, Christian (1968). Poësies diversses de Demoizelle Suzon de Terson 1657-1685. Nimes : Lo Libre Occitan, collection Fabri de Peiresc 1.

Berthaud, Pierre-Louis (1954a). Suzon de Terson. Le Cadet de Gascogne.

Berthaud, Pierre-Louis (1954b). Suzon de Terson. "Bulletin de la Société d’Histoire du Protestantisme Français". Septembre 1954, p. 120-125.

Berthaud, Pierre-Louis (1956). Suzon de Terson. "Revue du Tarn". p. 113-138.

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Nicolas Saboly (1614-1675) et ses noëls
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)

Nicolas Saboly est sans conteste le rédacteur de noëls - cantiques en langue vulgaire célébrant la Nativité - le plus connu aujourd'hui. Réputé au XVIIe siècle pour la saveur de ses textes, il apparaît aujourd'hui comme le principal acteur de la tradition provençale autour de Noël. 

La tradition des chants de noël 

Le genre des noëls, apparu au XIe siècle, rencontra à l'époque un grand succès. Les noëls étaient alors les seuls chants en langue vulgaire autorisés dans les églises, compréhensibles par le plus grand nombre. Pouvant s'inspirer de sujets d'actualité ou des coutumes locales, ils sortent du champ liturgique pour s'imposer en tant que véritables airs populaires. 

Chaque grande ville, chaque région avait dans le courant du XVe et du XVIe siècle son noëlliste attitré qui, chaque année, aux alentours du 25 décembre, publiait ses cantiques. Parmi ces noëllistes, figuraient des membres du corps ecclésiatistique, des organistes mais aussi quelques clercs, souvent compositeurs d'airs populaires. 

Nicolas Saboly, sa vie 

Nicolas Saboly, est pour sa part un noëlliste provençal. Il naît dans le Comtat Venaissin, à Monteux, le 30 janvier 1614 dans une famille de consuls. 

Issu d'une famille d'éleveurs, il grandit au milieu des bergers et des troupeaux de moutons. 

Destiné à l'état ecclésiastique, il entre très tôt au collège de Carpentras chez les jésuites avant d'être nommé à 19 ans recteur de la chapellenie de Sainte-Marie Madeleine, fondée au maître-autel de la cathédrale Saint-Siffrein à Carpentras. 

En 1635 il est appelé au sous-diaconat, diaconat et prêtrise avant d'être nommé maître de chapelle et organiste de la cathédrale Saint-Siffrein de Carpentras. 

La publication des noëls 

C'est à cette date que Nicolas Saboly semble avoir commencé à composer ses noëls, dans un premier temps pour ses intimes, puis publiés plus tardivement.  

Il ne nous reste aujourd'hui aucune trace des manuscrits de Nicolas Saboly mais on sait que ses noëls ont été publiés de son vivant entre 1669 et 1674, chaque année sous la forme de petits fascicules. En tout, un peu plus d'une cinquantaine de noëls lui sont attribués, tous écrits en langue occitane. 

Nicolas Saboly aurait composé très peu de musiques pour accompagner ses noëls. Il était alors de tradition d'écrire les paroles des chants sur des airs populaires empruntés à d'autres compositeurs ou à des airs d'église. Nicolas Saboly a souvent repris des airs à la mode pour accompagner ses compositions. En témoigne son cantique « La Bona Novela » dont la trame musicale s'appuie sur une gavotte de Praetorius devenue ensuite l'air d'une bourrée à deux temps en Berry : « En passant la rivière ». 

Ainsi, seules une dizaine de mélodies auraient été composées par l'auteur pour accompagner ses chants. 

Le contenu des noëls 

Par le biais de ses noëls, Nicolas Saboly déplace la scène de la Nativité en Provence, en lui confiant tous les attributs de la coutume comtadine. 

La plupart de ses cantiques font apparaître des bergers, venant des coteaux du Comtat Venaissin. Ce sont ses propres contemporains qu'il met ainsi en scène reprenant dans ses noëls leur parler, leurs moeurs, leurs habitudes mais aussi leurs légendes et des aspects de leur religion populaire. 

Dans ses poésies d'inspiration populaire, apparaissent régulièrement des éléments d'actualité. Ses sentiments politiques ont même pu apparaître dans certains noëls, notamment son attachement aux "Pévoulins", gens du petit peuple meneurs d'une révolte en Avignon en 1653 contre les "Pessugaux", soutiens de l'administration pontificale. Un des premiers noëls qui lui est attribué, « Nouvé de l'an 1660 après le mariage de Louis XIV », outre son titre, évoque également dans son contenu le mariage du roi et la conclusion du traité des Pyrénées, marquant la fin de la guerre de Trente Ans. Dans l' «Estrange Deluge » publié en 1674, il fait allusion à la terrible inondation d'Avignon survenue la même année. Enfin, dans « La miejo nue sounavo » publiée en 1672, il fait référence à la Guerre de Hollande commencée la même année. 

Enfin, on ne peut pas ignorer l'aspect éminement satirique des textes de Nicolas Saboly, ce dernier dotant souvent ses écrits de traits moqueurs et critiques contres les prêtres, les gens du monde, les nobles et magistrats, les riches et les pauvres. Ainsi un de ses noëls les plus célèbres, « I a proun de gens » (connu aussi sous le titre « La cambo ma fa mal ») aurait été rédigé pour se moquer d'un curé boiteux dans l'entourage proche de l'organiste de Carpentras. 

Le dernier recueil de noëls de Nicolas Saboly sera publié en 1674 mais tous ses cantiques se sont largement répandus dans la culture populaire avant d'être transmis jusqu'à nous aux côtés des noëls de Natalis Cordat (1610-1663) ou encore ceux de N.D. Des Doms.

Pour aller plus loin...

Voir les partitions des noëls de Saboly sur Occitanica.

Voir sur Lo Trobador, toutes les éditions des noëls de Saboly.

Voir sur Lo Trobador tous les ouvrages sur la vie et l'œuvre de Saboly.

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Historio de las caritats de Bezies

Pièce de théâtre d'un auteur anonyme présentée dans l'ouvrage Seconde partie du triomphe de Beziers au jour de l'Ascension contenant la Colere ou furieuse indignation de Pepesuc & le discours funebre de son ambassadeur sur la discontinuation des ancienes coustumes ou sont adjoustées les plus rares pieces qui ont esté representées au susdit jour jusques à present imprimé par Jean Martel en 1644.

Le jour de l'Ascension, fête des Caritats à Béziers, donnait lieu à de nombreuses réjouissances dont faisait partie la représentation de pièces de théâtres écrites par des auteurs locaux, la pièce présentée dans ce document a été rédigée et jouée pour cette occasion.

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Patrimòni occitan : la civilisation en héritage (film documentaire)
Leclerc, Mathias. Metteur en scène ou réalisateur
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault). Auteur
Altaïr-Prod. Metteur en scène ou réalisateur
Ce film de 26 minutes réalisé à l'occasion du Xe Congrès de l'Association internationale d'études occitanes (Béziers, juin 2011) propose un parcours au sein de la civilisation occitane du Moyen Âge : littérature, pensée, sciences, trois cents ans de « création en marche » dont l'héritage fonde le patrimoine occitan et une part de la culture européenne moderne.
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