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Dançarèla : bourrées 6 temps et 8 temps
Turlan, Henri. Présentateur
Cécillon, Bruno. Réalisateur
Emission radiophonique consacrée aux bourrées à 6 temps et 8 temps présentes en France.

Pour des questions de droits, les extraits musicaux diffusés dans cette émission ne peuvent être mis en ligne, ils ont donc été coupés de l'enregistrement.

Extraits musicaux diffusés dans l'émission :
- Étudiants de l'université Paul Valéry, Bourrée 3 temps (00:08:10 à 00:09:51).
- Jean-Marie Carlotti, Pachiqueli ven de nuech (00:16:08 à 00:19:22).
- Ai vist lo lop, Bourrée 6 temps (00:22:57 à 00:25:27).
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Dançarèla : bourrées 2 temps et 3 temps
Turlan, Henri. Présentateur
Cécillon, Bruno. Réalisateur
Emission radiophonique consacrée aux bourrées à 2 temps et 3 temps présentes en France.

Pour des questions de droits, les extraits musicaux diffusés dans cette émission ne peuvent être mis en ligne, ils ont donc été coupés de l'enregistrement.

Extraits musicaux diffusés dans l'émission :
- Perlinpin Fòlc, Bourrée 3 temps (00:06:41 à 00:08:26).
- Rambalh, Bourrée 2 temps du Berry (00:10:10 à 00:12:14).
- Rambalh, Bourrée des dindes (00:14:35 à 00:16:04).
- Per plan la dançar (00:24:13 à 00:27:16).
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Chants de la filature de Saint-Ambroix
Centre des Musiques Traditionnelles Rhône-Alpes. Producteur
Centre Languedoc-Roussillon des Musiques et Danses Traditionnelles. Producteur

Pasturel, Valérie. Enquêteur

Sabaton, Jeanne. Témoin
Entretien avec Jeanne Sabaton, ancienne fileuse à Saint-Ambroix qui livre des éléments sur le travail à la filature mais aussi sur les chants et divertissements qui l'accompagnaient.
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Lo viatge de Joana - Saison 1 / Épisode 5
Clément, Anne. Auteur, interprète
Benichou, Julien. Compositeur
Alranq, Perrine. Interprète
Huang, Edda. Interprète
Zinner, Lucas. Interprète
Benichou, Daphné. Interprète

Texte de l'épisode 5 : 

La porte-fenêtre de la terrasse était ouverte. Cela faisait un bon moment que nous étions assises toutes les deux : les mouches faisaient la ronde autour de la lampe et les moustiques la farandole. Mathilde ouvrit ses lèvres comme pour révéler le secret de sa vie et c'est un sourire qui s’épanouit sur son visage si beau. Je la regardais et j’attendais. Et la soirée semblait s'étirer sans but.

Au bout d'une heure je me suis levée pour prendre le journal et j’ai commencé à le lire – Le Midi Libre -, avec toute la poésie que nous connaissons bien – et alors j'ai entendu :

« Est-ce que je peux vous parler Jeanne ? »

« Bien sûr, rien ne me ferait plus plaisir. »

« Bon : je suis prête et je commence. Je suis née à Béziers il y a 19 ans. Je n'ai jamais vu mon père. Ma mère m'a dit un jour qu'elle l'avait foutu dehors parce que c'était un alcoolique et qu'il rentrait ivre chaque soir. Mais un autre jour, elle m'a dit que c'était lui qui l'avait abandonnée quand il avait appris qu'elle était enceinte. Je ne sais pas la vérité. Mais qu'elle qu'elle soit, ça ne change rien à ma vie : pas de papa ! Et je ne sais rien de lui, de sa vie et de sa famille. Ma mère était très jeune :18 ans. Elle n'avait pas d'argent et devait chercher du travail : j'ai été élevée par ma grand-mère, dans un coin de la ville, derrière la cathédrale. Ma mère trouva un travail à Marseille dans une boutique de vêtements. Le patron était un ami de mon grand-père, Monsieur Chauvet. Peut-être qu'il était amoureux de ma mère... Elle rentrait chaque mois. J'étais heureuse de pouvoir l'embrasser et j'aimais sentir ses mains sur ma peau. Je me rappelle qu'un soir je lui ai dit avant d'aller au lit : « si tu t'en vas demain matin, je ne veux pas le savoir, autrement je ne dormirai pas et je ne veux pas pleurer toute la nuit ! Demain je dois aller à l'école pour voir mes copines». J'aimais l'école et j'ai eu la chance d'avoir des instituteurs formidables. Pour les vacances ma mère m'emmenait, quand elle était avec nous, chaque jour à la mer avec la voiture de mon grand-père. J'aime beaucoup l'eau, la mer, et les mouettes. »

Mathilde commença à pleurer doucement. Je n'osai pas remuer. Le vent de la mer faisait danser le rideau de perles entre le salon et la cuisine. Le chat sauta sur mes genoux.

« Mathilde, tu veux une tisane de verveine du jardin ? » (sans faire attention, je l'avais tutoyée !) »

« Merci bien : je ne suis pas une amatrice de tisane. Un verre de lait plutôt ! »

Elle engloutit le lait sans respirer et puis :

« J'ai été très heureuse pendant des années. Et d'un coup tout a changé. Le malheur est arrivé. Mon grand père est mort quand j'avais 15 ans. Et un jour, il y a 2 ans, Monsieur Chauvet nous a appelé : ma mère n'était pas venue à la boutique depuis une semaine. Elle n'était pas à son studio non plus. La police fit des recherches poussées : rien. Nous sommes allées avec ma grand-mère chercher tout ce qu'elle avait laissé dans sa chambre. Nous avons payé le loyer. C'était l'année du bac. Tout s'était bien passé et j'avais décidé d'aller à l'université de Montpellier. Ma grand-mère, après tout ça, ne voulait pas rester toute seule à Béziers. Elle est allée dans une maison de retraite et elle est vite partie rejoindre son homme, l'an passé. Elle m'a laissé un peu d'argent mais pas beaucoup. Ce n'était pas possible pour moi de continuer l'université : je voulais apprendre la diététique et les études sont chères. »

« Comment es-tu arrivée chez moi ? »

« J'ai un ami dans votre village : nous avons vécu ensemble à Montpellier. Il s'appelle Jacques. Il m'a invité chez lui. Ses parents m'ont très bien accueillie. Mais je ne veux pas rester avec ce jeune : peut-être que dans quelques années nous nous retrouverons. On ne sait jamais. A l'heure d'aujourd'hui ma vie c’est moi qui doit me la choisir ! Après une nuit je suis partie : j'ai bu un café au Printemps et j'ai entendu un homme qui parlait de Jeanne Belcaire, qui était toute seule, qui n'avait pas de mari, pas d'enfants et qui avait un peu d'argent. Je ne savais pas où aller : j'ai réfléchi un moment et me suis dit : peut-être que cette dame a besoin de quelqu'un pour l'aider dans sa maison ? Et comme la vie ne m'a rien donné, mon chemin je dois le creuser toute seule, sans attendre qu'il me tombe du ciel. Et voilà, vous savez tout ! C'est sûr que j'ai un peu menti... »

C'était comme une histoire d'un autre siècle : un conte pour faire pleurer la grand-mère de ma grand-mère, le soir au coin de la cheminée. Mais de toute manière c'était la vie d'une fille d'aujourd'hui et cette fille, assise devant moi, me demandait l'hospitalité.

« Mathilde, tu peux rester chez moi, je suis d'accord. Demain sera un autre jour. J'ai décidé de voyager est-ce que tu veux venir avec moi rendre visite à un ami à Baltimore, USA ? »

Voir l'épisode 6

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Lo viatge de Joana - Saison 1 / Épisode 4
Clément, Anne. Auteur, interprète
Benichou, Julien. Compositeur
Alranq, Perrine. Interprète
Gaspa, Marie. Interprète
Hebrard, Alain. Interprète
Vidal, Jean. Interprète
Capron, Michel. Interprète
Huang, Edda. Interprète
Benichou, Daphné. Interprète
Zinner, Lucas. Interprète

Texte de l'épisode 4 : 

Et toute la nuit j'ai vu courir des cauchemars à califourchon sur des mules : mes aïeux, communistes du côté de mon père et huguenots des Cévennes du côté de ma mère, étaient furieux. Le matin, mes cheveux étaient dressés sur ma tête : il me fallait réfléchir : comment faire pour ne rien laisser après mon dernier souffle. Je ne pouvais pas digérer la chose entendue chez Maître Bardot : après moi, l'église catholique et romaine allait tout avaler, les papistes !

Puis, il y eut la cérémonie au funérarium : le choix de l'urne, rouge et jaune. Les amis de Vincent qui n'étaient évidemment pas des jeunes ont chanté le « se canta » et leurs petits enfants ont chanté avec eux : le monde changeait, peut-être que les troubadours revenaient, hourra !

Je pense que tout ceci aurait fait plaisir à l'oncle.

Au moment de partir, quand les discours furent terminés, la vieille Julia voulut chanter (certains disent que quand elle était jeune, elle était amoureuse de Vincent) cette chanson cévenole que j'aimais tant :

Quand un jour tu sentiras que l'âge réveille

De plus en plus en toi des souffrances diverses

Las de bêcher ce sol ingrat comme un désert

A l'appel du repos tu tendras l'oreille

Le temps aboutira ton corps devenu trop vieux

Et par dessus ta tombe

Et dominant la plaine

La pointe d'un cyprès

Laissera voir le ciel

Le temps aboutira

Ton corps devenu trop vieux

Alors on t'enterrera dans la terre en friches

Toute fleurie d'immortelles

à deux pas de ton mas

 

Où l'on entend si fort

Souffler la tramontane

Alors on t'enterrera dans la terre en friches

L'astre qui nous réchauffe et nous ensoleille

Sera ton compagnon

L'été comme l'hiver.....

Nous l'avons laissée terminer la chanson seule et nous sommes partis.

Nous sommes allés tous ensemble avec l'urne et j'ai fait ce que m'avait demandé Vincent : j'ai éparpillé les cendres dans le ruisseau de la Vire. Je ne sais pas si j'avais le droit ! Les gens étaient surpris mais disaient : C'est lui qui l'a voulu. Il est parti tranquille, sans souffrir : aller se coucher le soir, et sans se réveiller le matin, dormir pour l'éternité....Cocagne !

Puis nous sommes rentrés à la maison où Mathilde nous attendait avec l'apéritif. Elle avait une jolie robe grise. Tout le monde m'a demandé qui était cette fille si jolie : j'ai continué d'affirmer que c'était ma filleule, la fille d'une amie d'école, Lucienne. Mathilde ne disait rien, elle faisait simplement des sourires à tout le monde.

J'avais décidé que j'aurais une discussion avec elle dans la soirée.

-« Et que vas-tu faire maintenant que tu as de l'argent, Jeanne : la charité, la vie, l'artiste ? Tu as une jolie voix ! Il te faudrait essayer d'aller au conservatoire de Montpellier. On ne sait jamais.... Il n'y a pas d'âge pour chanter et surtout pour se faire plaisir. » •

Celui qui me disait tout ça était René - mon amoureux! - dont, pécaire, la femme, Rosette était morte l'an passé et qui c'était sûr aurait bien aimé trouver une compagne de son âge, surtout avec un peu d'argent. Souvenir! souvenir : peut-être qu'il me plaisait quand j'étais jeune mais aujourd'hui...

 

Le cousin Paul et Denise, sa femme, étaient très contents de l'accord que nous avions conclu chez le notaire :

- « Merci Jeanne pour le loyer si bas : avec les problèmes de la viticulture peut-être qu'il me faudra tout arracher et faire un potager. Denise ira vendre sur le marché. » • «

Sûr que ça me plaira plus que de travailler au supermarché ! ».

« On essayera le bio, aujourd'hui il n'y a que ça qui marche, et encore plus pour le vin... Et toi, que vas-tu faire de ton temps, des terres et de la maison de Vincent ? Il t'a laissé de l'argent ? «

"Oui ! Je ne peux rien te dire de plus aujourd'hui. Mais je te promets que si un jour je vends les terres, c’est toi qui seras le premier informé."

« Merci pour tout ! »

À 8 heures tout le monde était parti : le dernier à s'en aller était René. Il vint me faire une bise, il avait bu un coup et me dit sur le pas de la porte :

« Si un jour tu en as assez d'être seule, ça me ferait plaisir de vivre avec toi. Tu sais bien que je t'aime depuis toujours ! » «

 

Tais-toi grand imbécile ! Une fois ça suffit : c'est ce que j'ai toujours fait dans ma vie ! Adieu ! »

Je fermai la porte sur ce pauvre René. Nous avons fait le ménage et avons mangé un morceau.

« Et maintenant Mathilde, il est temps de parler. Si vous voulez rester avec moi, je dois savoir d'où vous venez et tout ce que vous avez fait dans votre vie. »

« Je ne sais pas si je peux : j'ai peur... » « Vous n'avez pas le choix, sinon demain il me faudra vous demander de partir. »

« Non ! Je veux rester ici. Je me sens si heureuse avec vous. C'est comme si j'étais avec une mère, vous comprenez... »

Voir l'épisode 5

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Lo viatge de Joana - Saison 1 / Épisode 3
Clément, Anne. Auteur, interprète
Benichou, Julien. Compositeur
Alranq, Perrine. Interprète
Jean Hebrard. Interprète
Gaspa, Marie. Interprète
Huang, Edda. Interprète
Benichou, Daphné. Interprète
Zinner, Lucas. Interprète

Texte de l'épisode 3 :

Qui pouvait bien appeler à cette heure ? 

Sur l’écran du téléphone, on pouvait lire : Funérarium. J'avais oublié !

 Mathilde était assise sur une chaise de l'autre côté du salon. Elle avait l’air complètement épuisée : bouche ouverte et yeux mi clos. Toujours jeune et belle mais il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond chez cette petite jeune fille : peut être avait-elle faim ? C'était l'heure du repas, midi et demi. 

Pour le moment, je devais répondre : 

- "Allo ! Mademoiselle Belcaire ?" 

- "Bonjour ! C'est bien elle !"

- "Vous n'oubliez pas que la cérémonie se tiendra demain à quinze heures. " 

- "Oui, je sais" 

- "Nous avons besoin de quelques renseignements pour tout organiser."

- "Je vous écoute" 

- "Combien de personnes avez-vous invitées – pour les chaises ? Est-ce que vous avez prévu un sermon avec un curé – pour savoir combien de temps ça durera. Vous n'avez pas encore choisi l'urne pour les cendres.... " (La femme ne s'arrêtait pas...)

 

- "Alors : 25 personnes, pas de curé, deux discours de 5 minutes. Pour l'urne, je la choisirai demain. Nous arriverons aux alentours de deux heures et demie. "(C'était tout, mais la femme continuait et Mathilde était en train de tourner de l'oeil : elle avait besoin de manger.) 

- "Bon madame, j'ai un millier de choses à faire : au revoir. Nous reparlerons de tout ça demain. Bonne après-midi ! " 

Et cric et crac, je reposai le téléphone. 

- "Eh bien ! C'est pas trop tôt!" 

Je me dirigeai vers la cuisine. 

- "Mathilde, vous avez faim ? " 

- "Oui, si vous avez un petit quelque chose à grignoter, ça me ferait plaisir. Je pense qu'il y a longtemps que je n'ai rien mangé."

Je préparai une casserole de pâtes/pesto avec un peu de parmesan. Puis nous avons mangé, ou plutôt, elle a englouti deux assiettes pleines sans prendre le temps de respirer. Je n'osais rien dire et, de toute manière, je ne savais pas ce que j'aurais pu dire : on a le droit d'avoir faim. 

- "Merci Mademoiselle Belcaire, c'était bon." 

- "Maintenant peut-être que ça vous ferait du bien d'aller vous reposer un peu avant d'aller chez le notaire ?" 

- "Est-ce que je pourrais appeler mon ami ? Je ne lui dirai pas où je suis mais j'aimerais savoir comment il va, le pauvre. Il n'est pas loin, ça ne coûtera pas cher !"

- "Si ça vous fait plaisir, prenez le téléphone dans votre chambre : mais j'ai un forfait de deux heures : vous serez bien gentille de faire vite."

- "Merci Mademoiselle"

Elle prît le téléphone, ferma la porte de sa chambre et commença à parler, tellement doucement que je ne pouvais rien entendre. Puis elle revint poser le téléphone sur l'étagère et me dit : 

- "Merci, vous êtes bien gentille".

Elle retourna dans sa chambre. J'étais sûre que ses yeux étaient humides : elle avait pleuré, pécaire, que pouvais-je faire ? Si elle ne voulait rien me dire, moi je ne pouvais rien lui demander. Une nuit et demain Mathilde devrait trouver un autre logis : je n'étais pas mère Thérésa ! J'ai travaillé un peu – tellement de papiers à remplir pour l'enterrement!

Puis j'ai enfilé un « jean », une « chemise » - il faisait trop chaud pour s'habiller comme une dame, et je suis allée frapper à la porte de la chambre :

- "Mathilde, il est l'heure de partir !" 

- "J'arrive !" Elle sortit de la chambre avec une belle robe rouge, des chaussures d'été, rouges également : elle était jolie et élégante. Le trajet fut court. Et quand je suis entrée chez le notaire, j'étais fière d'être avec une si belle fille. Le notaire vint m'ouvrir la porte :

- "Bonjour Maître, je vous présente ma filleule, Mathilde !"

 

(Ça m'était venu comme ça : il fallait bien que je dise quelque chose ! Mathilde esquissa un petit sourire et s'assit sur un fauteuil en osier de Vallabrègues ) 

- "Enchanté, si vous voulez bien attendre ici Mathilde ! Peut- être que ce sera un peu long mais vous avez de quoi lire et si vous avez soif, il y a une bouteille d'eau et un verre." 

- "J'ai tout mon temps, merci beaucoup. Je serai bien ici."Nous sommes entrés dans l'étude de Maître Bardot : Paul n'était pas encore arrivé. C'était un beau bureau : deux grandes fenêtres qui donnaient sur un grand jardin avec des palmiers, des cèdres du Liban, des marronniers et j'avais l'impression d'être, assise dans un grand fauteuil vert Napoleon III, dans un roman du Balzac de Rodez.

- "Je vous ai demandé de venir un peu plus tôt parce qu'il y a un petit problème. Bien sûr votre oncle vous a bien légué à peu près tout ce qu'il avait. Mais il y a une chose pas très claire : votre cousin Paul avait un fermage sur la vigne du Clapas, qui fait deux hectares. Et la volonté de votre oncle est que Paul continue de travailler cette vigne c'est à dire que vous ne pourrez pas la vendre et que vous devrez le garder comme fermier. Le loyer n'est pas très élevé."

- "Ne vous faîtes pas de mauvais sang : même s'il la lui avait donnée cette vigne, il n'y aurait pas eu de problème. Je suis seule et j'ai assez d'argent pour vivre et voyager".

- "Autre chose : comme vous n'avez pas d'enfants, quand vous partirez pour l'autre monde, le plus tard possible je vous le souhaite, tout ce que vous aurez gardé, argent, terres et maison iront à l'Eglise catholique."

- "Je n'ai rien à ajouter : la volonté d'un mort dans son testament doit être suivie."

-" Jeanne il faut que je vous dise : j'ai été surpris, je ne savais pas que vous aviez une filleule aussi jolie, ces yeux verts...." 

Heureusement la porte s'ouvrit et la secrétaire fit entrer le cousin Paul. Ouf !

Voir l'épisode 4

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Lo viatge de Joana - Saison 1 / Épisode 2
Clément, Anne. Auteur, interprète
Benichou, Julien. Compositeur
Alranq, Perrine. Interprète
Jean Hebrard. Interprète
Huang, Edda. Interprète
Benichou, Daphné. Interprète
Zinner, Lucas. Interprète
Texte de l'épisode 2 : 

J'ouvris la porte de la maison et devant moi, une fille, dans ses vingt ans peut-être, les cheveux noirs, les yeux verts, la peau brune, grande et mince, une valise à la main, qui me demande avec un beau sourire et une douce voix :

-« Madame Jeanne Belcaire ? »

-« Oui, c'est moi ! Que voulez-vous ? »

-« Vous vous souvenez de Marie Delbas, ma mère ? »

-« Peut-être, c'est possible... »

-« Vous étiez ensemble au collège dans les années... »

-« Et que fait votre mère aujourd'hui ? »

-« Pécaire, elle est morte, la pauvre, l'an passé et elle m'avait toujours dit : si un jour tu as des problèmes, va t'en voir mon amie Jeanne Belcaire, elle t'aidera."

-« Moi ? Comment pourrais-je vous aider : je n'ai pas de travail pour une fille comme vous, je suis seule et surtout, je pense que maintenant que je suis à la retraite je veux voyager. »

- "Peut-être que vous pourriez me loger ? En échange du gîte et du couvert j'entretiendrai l'intérieur mais aussi l'extérieur, je vois que vous avez un joli jardin."

- "Je peux le faire toute seule !"

- "Madame, soyez gentille, je n'ai pas d'endroit où aller !"

Il y eut un silence : ça me faisait peine de laisser cette fille dehors.... Peut-être que c'était vrai, que sa mère était au collège avec moi. Puis, sans réfléchir plus :

- "Entrez : vous dormirez ici cette nuit et demain  vous chercherez un endroit où aller !"

J'essayais de trouver sur le visage de cette jeune fille une ressemblance quelconque avec une femme que j'aurais pu connaître dans ma jeunesse : rien. Je lui montrai la salle d'eau, et l'emmenai dans la chambre d'amis.

- "Installez-vous ici et je vous appellerai pour le dîner. Maintenant, j'ai des choses à faire."

- "Pour l'enterrement de votre tonton Vincent ?"

- "Comment le savez-vous ?"

- "Tout le village en parle, ils disent que maintenant vous êtes riche !"

- "Rien n'est encore décidé ! Mais vous avez raison, l'enterrement est pour demain."

- "Je vous aiderai pour recevoir la famille"

J'ai fermé la porte et suis allée dans le salon où je me suis assise : tout ça ne semblait pas vrai ! Qui était cette fille ? Et cette Marie Delbas ? Aucun souvenir de cette fille au collège ni ailleurs. Peut-être que c'était son nom de femme mariée ? Les rêves s'en étaient allés, la réalité m'emplissait la tête et me faisait mal.

Le téléphone sonna : sur l'appareil s'affichait le nom de Maître Bardot, le notaire de l'oncle Vincent :

- "Mademoiselle Belcaire ?"

- "Bonjour Maître Bardot, comment allez-vous ?"

- "Mademoiselle, j'ai besoin de vous voir : il est temps de lire le testament de votre oncle."

- "Peut-on le faire aujourd'hui ?"

- "Tout de suite : votre oncle a demandé que le testament soit lu à la famille, c'est à dire vous et votre cousin Paul, avant l'enterrement !"

- "Ah bon ?"

- "Votre cousin Paul sera dans mon bureau à 4 heures : je vous y attendrai aussi."

- "Je viendrai, soyez sans crainte, Maître Bardot !"

Je posais le téléphone. Et maintenant, qu'allais-je faire de cette fille ? La laisser seule dans la maison avec les chats ? Non, je n'avais pas confiance : elle viendrait avec moi et m'attendrait dans la salle d'attente du notaire. Quelle histoire !

- "Mademoiselle Delbas !"

- "Mon nom est Mathilde, Mathilde Delbas."

- "Mathilde, c'est un joli nom. Mathilde vous viendrez avec moi chez le notaire ou si vous voulez je vous déposerai devant le supermarché et je reviendrai vous chercher après mon rendez-vous."

- "Je n'ai pas d'argent pour acheter quoi que ce soit au supermarché !"

- "Alors vous viendrez avec moi et m'attendrez dans la salle d'attente du notaire."

Je commençai à suer et trembler : qu'est-ce que j'avais fait d'ouvrir la porte et laissé entrer dans ma maison une fille que je n'avais jamais vu ? Peut-être que ce serait bien de lui demander ses papiers ? On peut être courageux mais sans être complètement naïf ! Ou peut-être que Mathilde était la fille que je n'avais pas pu avoir? Quand j'étais jeune, ce n'était pas possible d'être « fille-mère », la seule solution était de rester « vieille fille » comme disaient les bonshommes au Café du Printemps.

Allons ! Encore le téléphone...

Voir l'épisode 3

 

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Lo viatge de Joana - Saison 1 / Épisode 1
Clément, Anne. Auteur, interprète
Benichou, Julien. Compositeur
Gaspa, Marie. Interprète
Capron, Michel. Interprète
Hébrard, Jean. Interprète

Texte de l'épisode 1 : 

Je ne veux pas pleurer : aujourd'hui l'oncle Vincent s'en est allé. Ça toujours été un type un peu maladroit mais qui n'oubliait jamais le sourire et la convivialité avec ceux qu'il aimait : pour sûr, ce n'était pas un troubadour. Mais je vais vous le dire, des poètes, il n'y en a guère au village : Ah ! Si ! Le père Bertrand , au Café du Printemps, quand il a englouti trois ou quatre pastis, il se souvient du temps où sa grand-mère chantait et lui racontait des histoires : alors le ciel change de couleur et ses yeux s'emplissent de larmes qui coulent sur sa peau cuite au soleil, rouge de tous les coups bus entre kes souches de sa vigne.

Je me présente : je suis Jeanne Belcaire, la vieille fille du quartier, soixante ans, grande pour une femme du midi (1m67) ni maigre ni grosse, les yeux bleus trop gros pour être jolis, le menton pointu, les cheveux blonds pour cacher la blancheur de l'âge, la bouche grande et fine, la peau blanche et rouge. Certians disent que dans ma jeunesse j'étais une belle plante : mais personne ne me plaisait. Et quand je me promène dans les rues, ça me fait plaisir de revoir les vieux amours de ma jeunesse.

 

 

Il y a des jours où je vois encore s'éclairer la flamme de "l'amour de loin" dans leur : "Bonjour Jeanne, comment vas-tu ? Toujours raide et l'échine droite comme une jeunesse !". ce matin, la chanson a changé quand je rencontre dans la Rue Haute René - qui était si beaux et un de ceux que j'aimais tant dans mes vingt ans. Mais sans rien me dire il avait fait un enfant à la Rosette et avait été forcé de se marier avec elle. Aujourd'hui il est à la retraite : il était employé de Mairie.

- "Eh bien, ton oncle nous a laissé, il est parti boire un coup auprès du Bon Dieu. Hélàs, Vincent n'était pas un grand homme mais c'était un homme qui avait toujours travaillé et sué pour épargner. Qui sont les héritiers ? Il n'avait pas d'enfants et tu es sa plus proche parente. Tu vas devenir un parti intéressant : peut-être que tu trouveras enfin un mari. Ce ne sera pas trop tôt !

C'est vrai que l'oncle Vincent m'a laissé tout ce qu'il avait : c'est à dire une maison, ses vignes -20 hectares- et son compte en banque. Mais il faudra attendre un peu avant de savoir combien j'aurai d'argent. Je commence à rêver : dans mon souvenir, il y a un homme, Rémy que je n'ai jamais pu oublier : tous les mois de Janvier pour le jour de l'an il m'envoie une lettre de Baltimore dans le Maryland, aux États-Unis. Il était marié avec une américaine qui est morte aujourd'hui. Il était professeur de langue romane à l'université et comme dans ce pays ils travaillent tard, il doit toujours enseigner. Il est temps de vivre maintenant, temps de voyager : j'ai été empoyée de La Poste toute ma vie, je n'ai jamais eu d'enfants. La raison raisonnable et mes chats que je n'ai jamais voulu abandonner m'ont empêchée de vivre à fond. Je veux un lifting, des vêtements à la mode, il me faudra apprendre un peu d'anglais (je ne pense pas qu'il soit possible d'apprendre l'amerloque) et je partirai rejoindre l'amour de ma vie dans le pays d'Obama : l'aventure est à ma porte, ne me reste plus qu'à l'ouvrir pour la faire entrer : un, deux, trois... 

Je vais boire un petit verre de Tuilet que j'ai acheté à Estagel et que j'aime tant : il est doux, ce vin, quand il coule dans la gorge. Maintenant je suis dans le fauteuil que m'a laissé ma grand-mère, les pieds sur une chaise, je veux me noyer dans mes rêves. Et pour commencerbil me faut aller voir le notaire. mais mon petit doigt me crie comme un fou :

-"Jeanne, d'abord il te faut enterrer l'oncle Vincent, aller au crématorium et inviter le village à boire un coup."

-"Tu as raison : Champagne pour tout le monde sur la terrasse de l'oncle Vincent ! Non, chez moi !"-"Des fois tu ne sembles pas être une femme d'ici : ce n'est pas du champagne qu'ils veulent boire tous : du pastis pour les hommes et du Muscat de Rivesaltes pour les femmes !"

-"Tu as toujours raison ! On va cfaire comme tu as dit. Et alors au travail, le monde m'appartient ! Et Rémy : à toi pour la vie !".

Et le Tuilet coule dans mon estomac.

Je n'ai qu'à aller voir sur l'ordinateur où est Baltimore, la baie du Cheasepeake - ça doit être difficile de prononcer ce nom - : Mappy, non ! Je n'ai qu'à cliquer sur États-Unis... chercher Maryland... Mais voici qu'on sonne à la porte. Qui cela peut-il bien être : le notaire, les cousins, un amoureux ou peut-être un voleur ? ...

Voir l'épisode 2

 

 

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Feuilleton radiophonique : Lo viatge de Joana
Clément, Anne. Auteur, interprète
Benichou, Julien. Compositeur
Gaspa, Marie. Interprète
Capron, Michel. Interprète
Hébrard, Jean. Interprète
Alranq, Perrine. Interprète
Benichou, Daphné. Interprète
Hommeau, Jean-François. Interprète
Vidal, Alain. Interprète
Résumé du feuilleton:

Joana, vieille fille de 60 ans à la retraite dans un village du Languedoc. Son oncle Vincent vient de mourir et lui a tout laissé : l'argent, la maison, les vignes. Et voici qu'arrive Mathilde Delbàs, une fille qui cherche un toit et un travail. Joana ne veut pas la garder mais peu à peu, apprécie de ne plus être solitaire. De plus, Joana voudrait aller rendre visite à Rémi, un ami d'enfance qui est professeur à l'université de Baltimore aux USA. Elles s'embarquent toutes les deux dans un grand voyage, et quel voyage !

Présentation de la compagnie Gargamela : 

Depuis 1988, la Compagnie Gargamela-théâtre sillonne les routes à la recherche d'un théâtre populaire, un théâtre d'expression de peuple, qui va chercher ses racines dans le fond, et la forme dans la fête Carnavalesque comme dans la poésie des Troubadours. 

 

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Fêtes et divertissements à La-Salvetat-sur-Agout / Jacques Bouët
Bouët, Jacques
Enregistrement traité dans le cadre du programme Patrimoine Oral du Massif Central
Entretien avec Alain Cros et un anonyme qui racontent les coutumes et le déroulement des fêtes à La-Salvetat-sur-Agout. Ils évoquent notamment les festivités entourant le Conseil de Révision et le Carnaval. Ils interprètent également plusieurs airs et chants de fêtes.
sur 5