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Isabelle François joana.jpg
Lo viatge de Joana - Saison 2 / Épisode 6
Clément, Anne. Auteur, interprète
Benichou, Julien. Compositeur
Huang, Edda. Interprète
Benichou, Daphné. Interprète
Zinner, Lucas. Interprète
Capron, Michel. Interprète
Hébrard, Jean
Texte de l'épisode : 

Matin de Juin, matin de fête sur la plaine ! Le soleil rayonne. C’est mardi le jour du marché au village.
Je pourrais peut-être acheter des fleurs pour planter dans le jardin. Ça ferait plaisir à Rémy et à Mathilde .

J’y vais ! Je me souviens de ma grand-mère qui aimait tant les fleurs et tout ce qui poussait dans le jardin : les légumes, les arbres fruitiers. Elle faisait beaucoup de conserves pour l’hiver : des tomates, des haricots, de la ratatouille et aussi des confitures d’abricots, des fraises, des cerises… Et quand on venait le dimanche l’hiver on se régalait. Elle me disait : mon mari est mort mais quand je suis avec mes fleurs il me semble qu’il est encore avec moi : il aimait tellement le jardin !

Le marché n’a pas changé : le Bernard est toujours là, le poissonnier de Sète aussi, et la quincaillère de Béziers et tant d’autres. Mais il n’y a pas de monde pour acheter. Il me semble que les gens ne me voient pas ou qu’ils ne veulent pas me voir. Heureusement il y en a deux qui sont contents de m’embrasser : le Paul mon neveu et la Denise. Ils ont de jolies fleurs pour le jardin. Mais quand c’est le moment de payer, ils ne veulent pas un sou :

- Avec tout ce que tu as fait pour nous ! Il faut que tu saches qu’avec le bail si petit sur la vigne et les terres de l’Oncle Vincent nous pouvons vivre et ne plus crever de faim… Alors encore merci Tante Jeanne !

Ça me fait du bien d’entendre ces mots ! Les vendeurs d’huîtres de Bouzigues sont là aussi. J’aime tant les huîtres et je n’en ai pas mangé depuis dix mois. Ils ne les aiment pas trop de l’autre côté ! Une douzaine pour Madame !

Mais tout autour il n’y a que le silence. Tout d’un coup je me souviens : René s’est pendu hier donc aujourd’hui c’est un jour de deuil. Et c’est sûr qu’il y en a qui disent que c’est de la faute de la sorcière Jeanne !…

Je fais vite mes courses et je rentre à la maison. Onze heures du matin, temps d’aller chez Maître Bardot.
Je me promènerai une autre fois dans le village, je prends la voiture, je n’ai pas envie de rencontrer des gens. S’il y en a qui veulent me voir ils savent où je suis !
La voiture est gentille : elle démarre du premier coup. Mais il me faut retrouver le changement de vitesse ! Pas simple le premier jour !

Monsieur Bardot m’attend sur son devant de porte. Il n’a pas changé.

- Quel plaisir de vous revoir ! Comment ça s’est passé de l’autre côté ? Et votre filleule elle n’est pas revenue avec vous ?

- Elle sera là la semaine prochaine ! Merci encore pour toute l’aide pour la maison, les papiers… Sans vous je ne sais pas comment j’aurais fait, sûr que je n’aurais pas pu rester si longtemps loin du village.

- Et merci pour votre confiance ! Asseyons-nous ! Vous voulez boire quelque chose ?

- Un peu d’eau, merci !

Nous buvons un verre d’eau fraîche, l’apéritif qui me plaît le plus.

- Pour commencer combien est-ce que je vous dois pour le toit ?

- Voilà la note ! Mais vous avez le temps !

- Voilà un chèque. Et encore merci ! Ça me rassure pour l’avenir car peut-être je partirai encore !

- Maintenant il nous faut parler d’avenir tous deux aussi : qu’allez-vous faire de la maison et des vignes de l’Oncle Vincent ? Vous avez une idée ?

- Mais sachez que je ne veux pas vendre !

- Et pourquoi ? C’est un peu tard pour avoir des enfants à soixante ans.

- Mais pour adopter il n’y a pas d’âge !

- Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Vous voulez parler de votre filleule, qui je le sais maintenant n’est pas votre filleule.

- Pourquoi pas ? Je peux le faire, j’ai le droit. Evidemment ce ne sera pas pour demain. D’abord la petite est enceinte et après quand le petit sera là, on verra.

- Lui donner la maison, pourquoi pas ! Mais les vignes ! Est-ce que son homme est un paysan ?

- Mathilde n’a pas de métier, peut-être que ça lui plairait d’être vigneronne. On dit que le temps de la vigne est de retour surtout dans notre pays.

- Bon pourquoi pas : c’est votre histoire, je n’y peux rien. Ce ne sera pas simple pour elle de travailler avec les paysans d’ici : c’est une femme et elle n’est pas née dans le village ! Et en plus il y aura d’autres choses que je ne peux pas dire aujourd’hui.
Mais vous pourriez louer la terre pour quelques années. Je connais quelqu’un qui serait intéressé. Je peux vous le présenter quand vous voudrez. Il fait du bon vin, c’est pour cela qu’il a besoin de plus de terres.

- Pourquoi pas ? Je suis d’accord.

- Et maintenant j’ai quelque chose de terrible à vous dire. Quelque chose comme une calamité. Excusez-moi mais je dois le faire !

- Ce n’est pas possible d’en parler un autre jour ? Je suis fatiguée par le voyage et tout ce qui est arrivé ici…

- Justement c’est la suite…

- Comment ? Vous me faites peur !

- Avant de se pendre René Delrieu a fait un testament nouveau.

- Oh non !

- Le 20 Juin à six heures :

Moi René Delrieu sans enfant, je laisse ma maison, les vignes que j’ai sur la commune (10 hectares) et l’argent de la banque à Jeanne Belcaire pour me faire pardonner tout le mal que je lui ai fait dans notre jeunesse….

Je ne sais pas ce qui s’est passé mais je me réveille dans ma chambre avec la Doctoresse Chevin à côté de mon lit…..