L'Alba bilingue provenant de l’abbaye de Fleury (Saint-Benoît-sur-Loire) est un court poème religieux destiné au chant liturgique, composé dans la seconde moitié du Xe siècle, formé de trois strophes en latin et un refrain en langue romane dont la nature exacte est toujours discutée.
Il s'agit d'un chant liturgique, une « chanson d'aube » allégorique à signification religieuse qui décrit le phénomène astrologique du lever du jour et l'appel d'un « Éveilleur » aux paresseux ( « pigri » ), imprudents ( « incauti » ) et engourdis ( « torpentes » ). Le refrain roman de cette Alba consitue la réponse des « endormis » à cet appel.
La métaphore de l'aube pourrait renvoyer au thème eschatologique de la venue du Christ annonçant la fin des temps ou de la résurrection. L’identification de la langue du refrain - souvent considérée comme de l’ancien occitan dans une forme archaïque ou corrompue - fait l’objet d’importants débats de spécialistes depuis sa découverte en 1881 par le philologue allemand Johannes Schmidt (1843-1901). Si la langue et la signification du refrain continuent de faire débat, l’Alba de Fleury n’en constitue pas moins un rare témoignage du processus à l’œuvre dans l’Europe romane au tournant de l’An Mil et qui conduisit à l’émergence d’une littérature en langue vernaculaire, mouvement dans lequel l’occitan occupe une place particulière. En témoignent ses deux poésies religieuses de la première moitié du XIe siècle (le Boeci et la Canso de sancta Fides de Agen) et surtout, moins d’un siècle plus tard, les premières manifestations de la lyrique des troubadours, promise à un foisonnement créatif sans égal.
L’Alba bilingue est connue d’après une copie unique, notée sur le coin supérieur d’un feuillet au sein d’un recueil de poèmes de Fulgence et d’écrits juridique (IXe-Xe siècle). Chaque ligne de texte est pourvue d’une notation musicale en neumes placée au-dessus.
Consulter le feuillet 50v. du codex Reg. lat. 1462 de la Biblioteca apostolica vaticana sur http://digi.vatlib.it/view/MSS_Reg.lat.1462/0104
Cet article paru en deux livraisons dans la Revue des langues romanes (série 1, tome 1, 1870), Charles de Tourtoulon, membre de « l'École romaniste » de Montpellier - la Société pour l'étude des langues romanes née un an plus tôt - est la première étude et édition partielle du texte connu comme la version occitane de la Chirurgie d'Albucasis.
La Chirurgie d’Albucasis est une traduction en langue occitane du XIVe siècle d'un traité de chirurgie extrait de l'encyclopédie médicale Al-Tasrif du grand médecin cordouan Abu Al-Qasim (v. 940-v. 1013), dit « Albucasis » en Occident.
En comparant le manuscrit unique de la Chirurgie (auj. conservé à Montpellier, Bibliothèque Interuniversitaire de Médecine, H95) avec une version latine contemporaine (Montpellier, BIU, H89 ter), Charles de Tourtoulon évacue d’emblée l’hypothèse d’un passage direct de l’arabe à l’occitan et établit que la traduction occitane a été faite à partir d'une version en latin.
Le manuscrit n'est toutefois pas d’origine montpelliéraine, malgré l'importance des études médicales dans l'histoire de la ville. Il a été réalisé au XIVe siècle pour un grand prince pyrénéen, le comte Gaston III de Foix, le fameux « Gaston Fébus », comme en témoigne de nombreux marqueurs linguistiques pyrénéens dans la langue utilisée par le traducteur et les armes et devise de la maison de Foix-Béarn inscrites au premier feuillet du manuscrit.
L'article commence par une introduction historique et linguistique et se termine par l'édition des premiers feuillets du manuscrit de l'Albucasis occitan. Deux éditions complètes du texte de la Chirurgie furent depuis publiées, en 1985 (La Chirurgie d'Albucasis : ou Albucasim : texte occitan du XIVe siècle : Jean Grimaud et Robert Lafont dir., Montpellier : Centre d'études occitanes) et en 1992 (La Chirurgia : versione occitanica della prima metà del Trecento : Mahmoud Salem Elsheikh ed. scientifique, Firenze : Ed. Zeta)
- 1re partie, RLR, S1-T1, 1870, p. 3-17 (lire l'article en ligne sur Gallica).
- 2e partie, RLR, S1-T1, 1870, p. 301-307 (lire l'article en ligne sur Gallica).
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Le philologue François Raynouard (1861-1936) découvre en 1834 le roman de Flamenca, chef-d'œuvre de la littérature occitane du XIIIe siècle. La copie unique de ce roman lui a été signalée par le préfet de l'Aude Gabriel Delessert au sein des collections de la Bibliothèque de Carcassonne. Raynouard fait connaître Flamenca au monde savant dès 1835 en publiant dans cette « notice » ses premiers commentaires sur l'œuvre accompagnés d'extraits du texte original et de leur traduction française.
Il faudra attendre l'édition de Paul Meyer (Paris : A. Franck, Béziers : J. Delpech ; 1865) pour que soit publiée l'intégralité du texte de Flamenca.
En savoir + : Répertoire du patrimoine culturel occitan : Flamenca
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1356 d'après le texte.
Version courte en prose. - Edition : J. Anglade, "Las Leys d'amors" : manuscrit de l'Académie des Jeux Floraux, Toulouse-Paris, 1919-1920. - Dépôt de l’Académie des Jeux Floraux (coté 500 006), décembre 2004.
Numérisation effectuée à partir d'un document original : Ms. 2883. Version courte en prose. Lettre historiée ou ornée manquante à la numérisation pour le folio 89 et le folio 105.
Sobregaya companhia dels VII trobadors de Tolosa
Académie des Jeux Floraux (Toulouse)
Le fragment de poème en occitan imité du traité De Consolatione Philosophae de Boèce (480?-524) est considéré comme « le plus ancien monument littéraire de la langue d'oc » (Paul Meyer). Cette œuvre morale est attribuée à un clerc limousin. Il a sans douté été composé et copié à l'abbaye de Saint-Martial de Limoges dans le premier tiers du XIe siècle.
Le manuscrit qui comprend les 258 vers liminaires du poème (le dernier est tronqué au deuxième mot) est conservé dans un recueil de manuscrits religieux provenant de l'abbaye de Saint-Benoit-sur-Loire (abbaye de Fleury). Il est aujourd'hui conservé au sein du fonds ancien de la Bibliothèque d'Orléans (ms. 444, pp. 269-275).