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Le Poulain de Pézenas
Centre inter-régional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)

C'est conjointement aux géants du Nord, que le Poulain de Pézenas fut classé à l'UNESCO en 2005. Toutefois, force est de constater la fréquence et l'abondance de ces animaux totémiques dans le Midi de la France en général et dans le Bas-Languedoc en particulier.

1/ Le Poulain, cheval de bois et de toile

Le Poulain de Pézenas, cheval de bois et de toile

La structure du poulain de Pézenas est similaire à bien d'autres exemples de chevaux de bois. Elle était à l'origine faite de bois, probablement de châtaignier, couverte d'une vaste toile bleue portant des emblèmes dont la nature changea au gré des évolutions politiques.
 
La toile bleue du Poulain affiche ainsi en alternance les couleurs de la royauté, de la République ou les abeilles impériales. Le Poulain rassemblant derrière lui la communauté piscénoise (les piscénois sont les habitants de Pézenas), suscitant tout à la fois peur et attraction sur la population, fut d'ailleurs victime de sa fonction symbolique lors de la Révolution française. Alors assimilé à la royauté (sa légende le rattache en effet à ce régime) le poulain fut ainsi brûlé en 1789.
 
La structure elle-même a également évolué avec le temps. À compter de 1989, l'aluminium plus léger, remplace la lourde armature de bois. Le poulain prend alors le chemin de l'Inde aux côtés d'autres figures totémiques dont la Tarasque de Tarascon, afin de représenter les traditions françaises à Bombay et New Delhi dans le cadre de l'année de la France en Inde.
 

Une figure emblématique

Le Poulain figure depuis 2005 au classement du patrimoine oral et immatériel de l'humanité de l'UNESCO, dans le cadre d'une reconnaissance commune à la France et à la Belgique, de leurs géants et figures totémiques.
 
Chivalets, chivaus-frus, chaval dragon, treva-chaval... sont en effet autant de manifestations de bois et de toile qui accompagnent les manifestations et rituels de leur cité, rassemblant autour d'eux la communauté, et constituant à ce titre un élèment du patrimoine culturel immatériel.
 
Liés à une légende ou à un fait d'histoire locale, l'attachement des habitants à ces animaux de toile remonte parfois loin dans le temps, et survit au temps qui passe. Ces bêtes de toile sont ainsi peu à peu devenues emblématiques d'une ville. Ils demeurent le symbole des liens étroits et souvent complexes que l'homme entretient avec l'esprit des Lieux et sa propre Nature. Sans être uniquement cantonné aux fêtes carnavalesques, ces animaux-jupons s'intègrent fréquemment dans ces festivités.
 
Dans la longue liste d'animaux totémiques de l'Hérault, le Poulain de Pézenas connaît comme Lo Camel de Besièrs ou le Drac de Beaucaire, une place particulière. "Los Polins" connaissent en pays piscénois un réel succès. A l'aîné de la cité royale, s'ajoutèrent progressivement ceux d'Adissan, d'Alignan-du-Vent, Florensac, Montblanc, Saint-Thibéry, Vias... Celui de Pézenas, possède toutefois une place à part. Il constitue a priori l'une des formes les plus anciennes connues dans la région, dont la légende, le ferait remonter aux temps épiques de la Croisade des Albigeois.

2/ Les origines mythiques du Poulain

Le poulain de Pézenas aurait pour mythe originel, la venue en 1226 du roi de France Louis VIII à l'occasion de la Croisade contre les Albigeois La jument préférée du monarque serait alors tombée malade. Confiée à des consuls de la ville, loin de décéder d'une quelconque maladie, la jument met finalement bas. Découvrant le jeune poulain à son retour à Pézenas, le roi demande la construction d'un équivalent de bois, afin de commémorer l'événement. Ce modèle de toile et de bois accompagnent depuis les fêtes de la cité, fêtes religieuses et fêtes calendaires, tel le Carnaval.
 
La légende connaît une seconde étape "royale" en 1622, lors du passage du roi Louis XIII. Le maréchal de Bassompierre devant traverser la Peyne sur son cheval, et croisant une paysanne en difficulté, la fait monter en selle avec lui, tous deux franchissant ensemble la rivière. L'anecdote conduisit à la construction de deux mannequins de bois, Estieinon et Estieineta, toujours visibles sur le dos de l'animal.
 
C'est également à cette date et en dépit d'une légende qui le voudrait plus ancien, que le Polin est pour la première fois mentionné dans les archives de la ville faisant de lui l'un des plus anciens animaux de toile du département (si ce n'est le plus vieux). Quant à sa légende elle-même, elle fut rapportée une première fois en 1702 par Le Mercure Galant et par la suite enrichie par le chroniqueur piscénois Pierre Poncet. Celle de Bassompierre aurait été forgée tardivement, aux alentours du XIXe siècle, par Albert-Paul Alliès sur la base de la venue dans la ville du monarque Louis XIII tandis que d'autres commentateurs, tel Claude Achard, voient en ce couple un rappel de Grandgousier et Gargamelle, les parents de Gargantua qui selon la légende, firent également un passage par la cité piscénoise.
 
La mention de ce couple rappelle quoi qu'il advienne la proximité entre l'animal totémique et la fête de Carnaval, à l'occasion de laquelle le Poulain parade dans les rues, au son des hautbois et du fifre, et invite la population à danser.

3/ Carnaval de Pézenas, quand le Poulain s'en va danser...

Le charivari de la Sant Blasi

Saint Blaise, ou Sant Blasi de son nom occitan, protecteur des cardeurs (artisans textile) devint également saint patron de la ville, qui fut dès le Moyen Âge un important centre drapier. Son culte est célébré à Pézenas au moins depuis 1299, suite à la mobilisation des corporations drapières de la ville. Fête patronale la Sant Blasi ouvre également à Pézenas les festivités de Carnaval, durant lesquelles apparaît guidé par lo menaire (le guide en occitan), le Poulain emblématique.

La danse du poulain

La sortie du Poulain à Pézenas correspond à un rituel bien précis mêlant danse et musique.Au son des hautbois et des tambourins, instruments traditionnels en Languedoc, lo menaire vêtu de rouge et de blanc effectue sa danse frénétique, lançant le charivari survolté de l'animal.

Dissimulés sous la lourde toile bleue, les neufs porteurs animent le squelette de bois, lui faisant parcourir les rues à la rencontre de la population. Ruades et pirouettes attisent la curiorité, mais aussi l'affolement de la population. Ces mouvements saccadés alternent avec les claquements de la mâchoire articulée, la nhaca, qui s'ouvre ponctuellement pour avaler l'obole des passants.
Le cheminement du poulain le mène successivement, et selon un parcours immuable, dans le centre ancien de la ville : Cours Jean-Jaurès, place de la République, rue Anatole-France, boulevard Sarrazin, route de Béziers, place du Quatorze-Juillet, rue François-Oustrin, place Gambetta, rue Alfred-Sabatier, rue Emile-Zola.

La danse des treilles

Parallèlement au Poulain, figure au patrimoine culturel immatériel de la ville la danse des treilles. Celle-ci est menée par le cap de joven ("chef de la jeunesse"). Traditionnellement, les jeunes, filles et garçons, se regroupent et tiennent deux par deux un arceau de bois orné de pampres et de feuillages : la trelha (la treille). La danse s'articule en une dizaine de figures et un final. Si la musique est commune pour l'ensemble des villes et villages du département qui pratiquent cette danse, il arrive que les paroles de la chanson diffèrent. Tel est le cas à Pézenas. Le meneur y porte le nom de Ortola, et voici la chanson entonnée pour inciter les couples à passer sous les treilles :
"E Ortola, passo se bos passa – E passo jhoust les treios. E Ortola – passo se bos passa – E passo de dela;" (version donnée par A.-P. AllièsUne ville d'états : Pézenas aux XVIe et XVIIe siècles, Molière à Pézenas Montpellier, Éd. des Arceaux, 1951).
 
Les treilles semblent avoir été dansées pour la première fois à Pézenas en 1564, à l'occasion du séjour du roi Charles IX dans la ville. Elles furent par la suite associées à la fête des Caritats, qui perdura dans la ville jusqu'à la fin du XIXe siècle.
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Le Chameau de Béziers
Lo CIRDÒC - Mediatèca occitana

Le Camel (ou chameau), est l'animal totémique de la ville de Béziers. Il défile dans les rues de la ville à deux occasions : pour les fêtes de la Saint-Aphrodise le 28 avril et les fêtes des Caritats se tenant le jour de l'Ascension. 

1/ La pratique aujourd’hui

Pour perpétuer le souvenir du chameau, et les actes de charité qui entourent cette légende, un chameau en bois fut construit et défile dans les rues de Béziers tous les ans à la même date pour les célébrations de la Saint-Aphrodise. Le chameau, énorme machine de bois se meut grâce à quatre personnes abritées dans ses flancs. Il est recouvert de grandes tentures et de toiles peintes sur lesquelles figurent plusieurs inscriptions : « Ex antiquitate renascor » et « Sem Fosso ». La première expression en latin signifie « je renais de l'Antiquité » et fait référence au caractère séculaire de cette manifestation. L'inscription « Sen Fosso » est, elle, une expression en occitan languedocien signifiant « nous sommes nombreux », intégrant une notion de cohésion par la force du nombre. Cette machine détient également de grandes machoires en fer, les « Gnico-Gnaco » qui claquent tout le long du défilé. Le Camel est guidé à travers la ville par le Papari, son gardien, suivi de toutes les corporations de métiers de la ville. L'arrêt est obligatoire devant la maison du potier, où une offrande, la cibado, est remise au Camel. La parade fait également un arrêt devant la statue de Pépézuc, autre personnage légendaire de Béziers, rue Française. Le défilé est composé du chameau mené par le Papari, son gardien, suivis de personnes déguisées en « sauvages » dont la tête est couverte de branches vertes de sureau et surmontées d'un pain. Participent également au Passa-Carrièra les membres des différentes confréries et corporations de métiers mais aussi des danseurs qui s'arrêtent à de nombreuses reprises au cours du défilé pour interpréter des danses traditionnelles. Il est de coutume de danser la danse des treilles et la danse des pâtres au cours du défilé.

Le Camel de Béziers est aussi de sortie lors des fêtes de Caritats, le jour de l'Ascension, où des petits pains, les coques, étaient distribués à travers la ville aux plus pauvres. Cette fête était aussi un moment de liesse où toute la population locale défilait dans les rues en distribuant bonbons et douceurs. Aujourd'hui, un concours vient récompenser l'artisan qui a fait la meilleure coque. A l'issue du concours, des parts sont distribuées à la population.

2/ Historique

Origines

La légende raconte que Saint-Aphrodise, premier évêque de Béziers serait arrivé d'Egypte avec son chameau pour évangéliser la Gaule. Il aurait été condamné à mort par le gouverneur romain en raison de sa trop grande activité. Décapité rue Saint-Jacques, il ramassa sa tête et retourna dans la grotte dans laquelle il vivait, aujourd'hui église Saint-Aphrodise. Sur son chemin, des habitants jetèrent des escargots à son passage mais le saint se contentait de les effleurer, sans les écraser. On raconte également que des tailleurs de pierre traitèrent de fou Aphrodise et furent immédiatement transformés en pierre. On pouvait voir leurs visages pétrifiés sur la façade de l'ancienne Abbaye du Saint-Esprit, rue des Têtes.  Après la mort d'Aphrodise, une famille de potiers de Béziers recueillit son chameau et lui fournit le gîte et le couvert. Lorsque Aphrodise fut reconnu comme saint, la municipalité de Béziers décida de prendre à sa charge l'entretien du chameau. Un fief destiné à l'entretien du chameau fut créé. A la mort du chameau, le fief fut affecté à la charité publique et servait à financer la fabrication de petits pains donnés aux pauvres après avoir été bénis par l'évêque de Béziers.  

Histoire et légendes autour de la pratique au fil du temps

Si le Camel de Béziers est bien inscrit dans les coutumes locales et semble avoir des origines ancestrales, il fut détruit et interdit à de nombreuses reprises.

L'effigie du chameau fut brulée durant les guerres de religion puis rapidement reconstruite. En 1793, avec la Révolution Française, elle fut également détruite en place publique avec tous les titres féodaux et son fief fut supprimé. En 1848, le camel fraîchement construit fut de nouveau démoli et tout aussi rapidement reconstruit par la population locale, très attachée à son animal totémique. 

La tête du Camel qui défile aujourd'hui dans les rues de Béziers semble dater du XVII° siècle et la structure de son corps est, elle, beaucoup plus récente mais inspirée des anciennes représentations de l'effigie du Camel. Traditionnellement doté d'une seule bosse, l'armature du Camel se vit en rajouter une deuxième lors de sa réfection dans les années 1970. Face au mécontentement des Biterrois, la seconde bosse fut retirée afin de rendre à l'animal son apparence légendaire.

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Gignac : Fête de l'Âne 2010 - Mathias Leclerc
Leclerc, Mathias
Film réalisé en 2010.

L'animal totémique de Gignac (Hérault) est l'âne. Selon la légende, la nuit de l'Ascension de l'An 719, les Sarrasins qui étaient sur le point d'envahir le village ont été repérés grâce au braiment inhabituel d'un âne. Les Gignacois ont ainsi pu s'organiser et contrer avec succès l'attaque. Depuis, cet événement est célébré chaque année à l'Ascension avec l'animal totémique en vedette. Le même jour que la sortie de l'âne Martin a lieu un spectacle commémoratif de combat (symbolisant la lutte contre les Sarrasins) appelé "Sénibelet".
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L'Hérault dans les années 1950 : Nissan en fête
Cans, Michel
Film noir et blanc muet réalisé par Michel Cans à Nissan dans les années 1950. Fait partie de la collection de vidéos "Les villages de l'Hérault dans les années 1950".

Conservation des films de Michel Cans au CIRDÒC :

Le CIRDÒC conserve à Béziers l'ensemble des films tournés par Michel Cans dans une soixantaine de villages de l'Hérault dans les années 1950. Les bobines 16 mm d'origine ont été transférées d'abord sur VHS et ont été ensuite numérisées entre 2010 et 2011.

 

L’ensemble du fonds et des droits qui y sont attachés ont été cédés par le réalisateur au CIDO entre 1989 et 1991. Le CIDO en a ensuite fait don au CIRDOC en 2000.

Contenu des films de Michel Cans conservés au CIRDÒC :

Occitanica va vous permettre progressivement d'accéder à l'ensemble de ce fonds audiovisuel en ligne. Ces documents illustrant la vie des villages de l'ouest héraultais ont acquis avec les années un intérêt patrimonial, mais aussi sentimental pour les habitants de l'Hérault. Ces archives brutes sont des films non montés et muets, tournés la plupart du temps en noir et blanc.

On peut y voir par exemple la Fête-Dieu à Cesseras, le carnaval à Laurens ou Boujan, la danse des treilles à Montblanc, la fête à Nissan, des Agathoises portant la coiffe, etc.

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Carte postale ancienne représentant l'âne de Gignac.
[ca 1920], date approximative
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