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11ème festival Rescontre 2022 - 10 ans de Tè Vé Òc
Gros, Lise. Metteur en scène ou réalisateur

Émission du 13 juillet 2022

En 2022, TèVéÒc organisait son onzième festival Rescontre à la médiathèque de Marguerittes (30) et fêtait ses 10 ans. Le public a beaucoup apprécié le programme : clips, extraits de films venus des quatre coins de l'Occitanie.

Un moment fort avec l'aide de la commune de Marguerittes et du personnel de la médiathèque. Nous avons eu le plaisir d'accueillir une équipe du Sud-Ouest, dont le président de l'OPLO. Voici quelques morceaux choisis de ce festival.

Un reportage de Tè Vé Òc.

[résumé : Tè Vé Òc]

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Aici e ara (Ici et maintenant) : La représentation de l'Occitanie par ses cinéastes / Mathilde Boé
Boé, Mathilde
Mémoire de master 1 Art du Spectacle option Cinéma (Université Paul-Valéry Montpellier-III) sous la direction de Monique Carcaud-Macaire.

Ce mémoire interroge la présence de l'Occitanie dans les films. Qu'est-ce qui dans les films revendique, par la représentation, l'identité régionale? Comment l'Occitanie habite-t-elle le cinéma? C'est le mot, habiter, qui va avoir une grande place dans ce cinéma. Habiter sera utilisé dans le sens de hanter, parce que ce mot va occuper de manière obsédante l'esprit, l'imagination des cinéastes. Mais habiter c'est aussi ce qui sera l'acte principal des cinéastes, habiter l'endroit qu'ils désirent et y travailler. L'Occitanie va se trouver en filigrane, ou avec force, imbriquée dans ce cinéma. Les créateurs, partant ou non d'une démarche militante, donneront la voix à cette Occitanie soumise depuis huit siècles à la France, gardant en tête que le cinéma doit être la langue première. Comment peut-on alors identifier cet ensemble des pays de langue d'oc à travers un cinéma? Qu'est ce qui, en eux, témoigne et donc affirme la culture occitane?
Ce mémoire se compose de trois parties. Dans la première, il établit un historique de ce cinéma, en s'appuyant sur la revue Téciméoc. Cette revue est l'élément principal qui mettra en lien les créateurs d'expressions cinématographiques en Occitanie.  La seconde partie s'articule en trois ensembles regroupés par thèmes : la sociologie de l'occitan (l'habitant), les identités culturelles, enfin  l'émergence de la revendication. La troisième partie redéfinit le cinéma occitan, ses particularités, la démarche dans laquelle il s'inscrit, et les limites auxquelles il est confronté. La méthode adoptée pour aboutir à ce travail a été une typologie des films « occitans », élaborée dans le domaine sociologique. Ce mémoire met en relation un corpus de trente-six films, réalisés de 1963 à 2010, ils dessinent une représentation de l'Occitanie.
 
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L'occitan au cinéma : Histoire d'Adrien de Jean-Pierre Denis
CIRDOC - Institut occitan de cultura
Histoire d'Adrien est un film couleur français de 95 minutes réalisé par Jean-Pierre Denis, en langues occitane (majoritaire, sous-titrée en français) et française, sorti en salles en 1981 sur le circuit Gaumont, et récompensé par la Caméra d'or à Cannes en 1980. La musique du générique a été composée et interprétée par Joan Pau Verdier.
[consulter la fiche film du catalogue collectif des bibliothèques et archives de cinéma Ciné-Ressources]

Consécration

23 mai 1980,  gala de clôture du 33e festival de Cannes : saluant « un film remarquable et qui [le] touche beaucoup », René Clément remet à Jean-Pierre Denis la Caméra d'Or – récompensant le meilleur premier film – pour Histoire d'Adrien, un long-métrage « tourné en langue d'oc, en occitan ».
À l'issue de la cérémonie, la journaliste France Roche, visiblement perplexe, s'interroge : « C'est très difficile de savoir si le film de Denis aura beaucoup de public, parce que c'est le premier film français parlé en patois. »

"La langue comme évidence" (Michel Chadeuil)


« Sens la lenga, queu film seria pas la meitat de çò que es. E Denis zo sap ben que vòu pas auvir parlar d'una version francèsa. En francès, Histoire d'Adrien seria estat "regionalista" o "provinciau". En occitan, es universau. » Michel Chadeuil (1) 
[Sans la langue, ce film ne serait pas la moitié de ce qu'il est. Et Denis le sait bien : il ne veut pas entendre parler d'une version française. En français, Histoire d'Adrien aurait été "régionaliste" ou "provincial". En occitan, il est universel.]

Autofinancé, tourné en 8mm en Dordogne, sur une période de deux ans, par un autodidacte, Histoire d'Adrien met en scène des acteurs bénévoles et amateurs. Locuteurs natifs de cet occitan périgourdin qui constitue la langue principale du film, ils improvisent la plupart des dialogues et ont rouvert la garde-robe de leurs grands-parents pour les besoins du tournage.
Le long-métrage dépeint la vie d'un jeune paysan né sans père au début du XXe siècle. Le quotidien de la ferme, le départ des hommes au front, l'exode rural, la grève des cheminots de 1920 sont autant d'éléments contextuels qui ancrent la fiction dans une vraisemblance historique fondamentale pour Jean-Pierre Denis – sans constituer l'essence de l'œuvre. Le propos demeure l'histoire, individuelle, de son personnage. L'histoire d'Adrien. Il en va de même pour l'utilisation de la langue occitane : 

« Le choix de la langue d'oc a été dicté par un souci de cohérence et d'authenticité, simplement parce qu'il ne pouvait en être autrement ; il va de soi qu'en 1905, dans les champs, les villages, les paysans s'exprimaient dans leur langue. » J.-P. Denis (2)

La comparaison s'impose avec l'adaptation par Chabrol du roman breton Le Cheval d'orgueil, sortie la même année, mais intégralement tournée en français. 

Postérité

Grâce au soutien du cinéaste René Allio, Histoire d'Adrien pourra être distribué en salles sur le circuit national. Ce premier long-métrage en occitan à diffusion grand public restera une exception dans le paysage audiovisuel français : le seul projet comparable, L'Orsalhèr (J. Fléchet, 1982), ne bénéficiera pas de la même distribution. De La Palombière à Ici-Bas en passant par Champ d'honneur, l'occitan restera prégnant dans l'œuvre de Jean-Pierre Denis. Il ne subsiste toutefois d'Histoire d'Adrien, – création occitane contemporaine sacrée à Cannes, chef-d'œuvre rendu à l'état de mythe –, que de rares copies en circulation, en piteux état ; le film n'a connu qu'une édition VHS (3) depuis longtemps épuisée.

Notes

(1) « Un grand film occitan : ‘Histoire d’Adrien’ » publié dans le n°9 de la revue Oc.

(2) Propos recueillis par Bernard Tremege et publiés dans Tecimeoc n°9.

(3) Jean-Pierre DENIS (réal.), Histoire d’Adrien, 95 min., couleur,  VHS-SECAM, Gaillon : Film à film, collection “Caméra d’or” dirigée par Jean-François Davy, 1990