Explorer les documents (71 total)

vignette174.jpg
Bogre de Carnaval, une pièce du Teatre de la Carrièra

Créée et interprétée par le Teatre de la Carrièra, la pièce Bogre de Carnaval raconte une histoire de vie et de mort, une histoire de la vie quotidienne, celle d'Antoni Testanboi et de Marion, l'histoire de leurs amours, de leur mariage, la naissance et l'éducation de leur enfant, leur mal-mariage, la maladie de l'Antoni et la mort finale de leur couple...

Pour réaliser cette pièce, les membres du Teatre de la Carrièra se sont interrogés sur la tradition carnavalesque comme contribution à la lutte menée par le mouvement occitan dans les années 1970 pour monter un spectacle s'inspirant des forces libératrices et subversives qui traversent Carnaval.


Pour cela, des enquêtes ont été réalisées en Languedoc et en Provence ont permis de recueillir les chants présentés lors du spectacle. Ces chants ont été réinterprétés afin de restituer avec les moyens d'un spectacle l'esprit carnavalesque et de le livrer au spectateur avec toute sa saveur, ses potentialités de contestation et de liberté. Un disque vinyle, édité par le label Ventadorn, est sorti en 1978 : les titres qui y figurent sont reportés ci-dessous, en bas de page. [imatge id=174]

Les membres du Teatre de la Carrièra :
Alranq, Claude 
Clément, Anne
Coulomb, Christian
Pelletier, Manuel
Roquefeuil, Jean-Louis
Tuech, Maurice
Verdié, Patrick
Bonafé, Marie-Hélène


À propos de la création de la pièce :
 
« Dans le début des années 70, j'avais découvert Les travaux et les jours de Dario Fo et c'était une révélation d'entendre ces chants populaires chantés par des grandes chanteuses comme Giovana Marini (avec qui nous avons travaillé plus tard sur Yerma) et Catarina Bueno. Puis quand je suis  venue jouer au Teatre de la Carrièra, mon premier rôle  était celui d'un homme, le Cinglou le nervi du patron des mines dans Tabò. Et après cette expérience j'ai joué beaucoup de rôles d'hommes avec beaucoup de plaisir : c'était déjà le carnaval. Avec Marie Hélène Bonafé nous avions  réalisé toutes les deux une soirée « d'animation » cévenole avec La disputa au liech de Jean Castanha où je jouais le vieux mari et des chants. Cette soirée autour des chansons a créé une envie d'aller plus loin dans cette voie.
Par ailleurs nous découvrions les carnavals : Limoux, Pézenas surtout et cette cérémonie inconnue pour moi protestante des Cévennes. Avec Claude nous avons fait des stages de formation sur le jeu carnavalesque, nous avons aussi suivi un stage « commedia dell'arte » avec Jacques Lecoq à Paris.
Toute ces découvertes nous ont donné envie de faire un spectacle sur le carnaval. Dans mon enfance à Saint Hippolyte on chantait et jouait la chanson La noce à Aimée, nous sommes donc partis d'une noce avec improvisations, le monde à l'envers hommes en femmes, femmes en hommes. Pour le travail    du chant Catarina Bueno est venue nous aider et Claude Alranq  soutenait le travail. Mais c'était avant tout une création collective : 4 comédiens et 3 musiciens.
Le travail sur les personnages carnavalesques qu'ils soient comédiens ou musiciens était très riche : tout en étant comiques ils devaient aussi par moment inspirer la pitié – le pauvre cocu par exemple. La participation avec le public   était très importante : au milieu du spectacle nous allions inviter les gens à danser dans la salle. Le spectacle s'est beaucoup joué dans des salles communales.
La mise en scène était très simple comme dans le théâtre de tréteaux, l'acteur était le roi mais sans jamais prendre le devant de la scène: c'était une équipe énergique et qui allait de l'avant. Toute cette énergie c'était tout le travail théâtral que fait l'équipe du Teatre de la Carrièra depuis des années et les pistes de jeu proposé par Claude Alranq avec le corps et la voix habités par les personnages populaires de l'Occitanie.
Un des plus grands souvenirs est la tournée en Bretagne, jouer dehors en plein hiver...En 2001 j'ai fait une tournée de contes en Bretagne et il y avait des anciens de 1978 qui m'ont dit : pour nous Bogre de Carnaval a été très important: après on a commencé à ajouter des couplets à nos chansons, une chanson c'est une histoire. J'ai pensé aux cantastorie italiens. »

Anne Clément



1024px-Caroux_3.jpg
Carnaval, Cérémonies et chants de l'enfance / Jacques Bouët
Bouët, Jacques

Enregistrement traité dans le cadre du programme Patrimoine Oral du Massif Central.
Entretien avec plusieurs chanteuses qui récitent ou chantent tour à tour plusieurs chansons de leur enfance, aussi bien en occitan qu'en français.

 

v_dona_gargamella.JPG
Proucès de Dona Gargamella / pèr Estièine Delmas
Delmas, Etienne (1870-1910)
Gros, Charles (1841-1911)
En 1897, Montpellier brûlait Gargantua Ier à l'occasion des festivités de Carnaval. L'année suivante, le carnaval de la capitale héraultaise mettait à l'honneur son épouse, Dona Gargamella, dont le procès, venait conclure la fête.
vignette_441.jpg
Jutjomen de Capcarrat / Louis Vestrepain
Vestrepain, Louis (1809-1865)

Louis Vestrepain (1809-1865), cordonnier et poète-ouvrier toulousain, donne ici un jugement de carnaval, sous le nom de Jutjoment de Capcarrat. Cette fête, ses manifestations et rituels étaient l'une des principales sources d'inspiration de ses écrits. Le jugement est suivi de la chanson La Coucudo et Capcarrat.

Vignette_fouet_petit.jpg
Fouet de carnabal attribué à Louis Vestrepain
Vestrepain, Louis (1809-1865)

Le fouet de carnabal est une succession de satires, moquant selon l'esprit de carnaval, un certain nombre de comportements condamnés par son auteur, Louis Vestrepain, qui n'a toutefois pas aposé son nom sur ce recueil.

Louis Vestrepain (1809-1865), cordonnier, fait partie de la génération dite des « poètes-ouvriers » occitans. Il participe aux côtés de Lucien Mengaud (1805-1877), musicien, peintre, bijoutier puis secrétaire de mairie, au renouveau de la culture occitane toulousaine, sa ville natale. 

Ses premiers écrits paraissent dès 1836, et rencontrent immédiatement un certain succès. En 1860, il réunit dans un même recueil, Las espigas de la lenga mondina, une sélection de ses précédentes publications. Le succès rencontré, conduira par la suite à de fréquentes ré-éditions de cette œuvre.

S'inspirant des auteurs phares de son époque, dont Jasmin qui semble son modèle principal, Louis Vestrepain s'essaye tant à la poésie lyrique, qu'au genre folklorique. Souvent satiriques, ses poèmes mêlent occitan et français, et sont autant de portraits en rime de la vie quotidienne de Toulouse au XIXe siècle, dévoilant les mœurs et coutumes de son époque.

Vignette_Carn.JPG
Coutumes et chansons du Carnaval en Béarn / J.-B.Laborde
Laborde, Jean-Baptiste (1878-1963)

Réunis en 1914 en un seul ouvrage paru sous le titre de Carnaval en Béarn : coutumes et chansons (Pau, E.Marrimpouey), ces textes furent présentés une première fois dans la revue Reclams de Biarn e Gascougne (n°2-4, février-avril 1914).

L'auteur, Jean-Baptiste Laborde (1878-1963), prêtre et historien béarnais, y fait état des coutumes et chansons relevées en Béarn lors des commémorations de carnaval passées et de son temps. 

cans_villeneuve.jpg
L'Hérault dans les années 1950 : Villeneuve-lès-Béziers / Michel Cans
Cans, Michel
Film noir et blanc muet réalisé par Michel Cans à Villeneuve-lès-Béziers dans les années 1950, lors d'un défilé masqué. Fait partie de la collection "Les villages de l'Hérault dans les années 1950".

Conservation des films de Michel Cans au CIRDÒC :

Le CIRDÒC conserve à Béziers l'ensemble des films tournés par Michel Cans dans une soixantaine de villages de l'Hérault dans les années 1950. Les bobines 16 mm d'origine ont été transférées d'abord sur VHS et ont été ensuite numérisées entre 2010 et 2011.

 

L’ensemble du fonds et des droits qui y sont attachés ont été cédés par le réalisateur au CIDO entre 1989 et 1991. Le CIDO en a ensuite fait don au CIRDOC en 2000.

Contenu des films de Michel Cans conservés au CIRDÒC :

Occitanica va vous permettre progressivement d'accéder à l'ensemble de ce fonds audiovisuel en ligne. Ces documents illustrant la vie des villages de l'ouest héraultais ont acquis avec les années un intérêt patrimonial, mais aussi sentimental pour les habitants de l'Hérault. Ces archives brutes sont des films non montés et muets, tournés la plupart du temps en noir et blanc.

 

On peut y voir par exemple la Fête-Dieu à Cesseras, le carnaval à Laurens ou Boujan, la danse des treilles à Montblanc, la fête à Nissan, des Agathoises portant la coiffe, etc.

carnav-22.jpg
Corso ou cavalcade du Carnaval de Béziers (vers 1900)
Cette série de 21 photographies de la cavalcade ou « corso » carnavalesque à Béziers provient d’une collection privée acquise par le CIRDOC en 2011. On ne connaît pas la date exacte, ni le contexte, ni l’auteur de ce reportage photographique, que l’on peut dater de la toute fin du XIXe siècle ou du début du XXe siècle. Il est cependant probable qu’il s’agisse du grand « corso » organisé par le Comité des fêtes de Béziers « sous le patronage des autorités civiles et militaires » en février 1900 tel qu’on le trouve décrit dans la presse régionale de l’époque.

Du carnaval fête populaire au carnaval-spectacle officiel : transformations de la fête biterroise dans les années 1880-1900

Ce reportage photographique constitue un document sur la transformation des pratiques festives carnavalesques dans les villes occitanes au cours du dernier tiers du XIXe siècle, Béziers adoptant, comme Montpellier, Aix-en-Provence, Marseille, et de nombreuses autres villes dans la période, le modèle du carnaval-spectacle, fruit d’une organisation et d’un encadrement officiels, tel qu’il se constitue à Nice à partir de 1873 et qui reste le modèle du genre.

Béziers avait ses rituels carnavalesques plus ou moins immémoriaux qui reprenaient, dans un cycle calendaire autour du Mardi gras et du mercredi des Cendres, tous les grands canons des carnavals populaires languedociens : spontanéité et dimension polémique de la fête organisée autour de rituels, travestissements et masques, inversion des sexes, des rôles, des pouvoirs, non-séparation des participants entre spectateurs et acteurs, usage de la langue populaire, etc.
La presse locale fait état du déclin des pratiques de carnaval, fête populaire de rue, dans la société biterroise comme dans les autres villes de la région au cours du derniers tiers du XIXe siècle. Le 22 février 1887, le Messager du Midi rend compte ainsi du carnaval à Béziers : « Cette année, le carnaval est à Béziers moins brillant que jamais. Peu d’animation sur nos promenades et dans nos rues, c’est à peine si on voit ça et là quelques petites masques. En revanche, il y a eu dans notre ville de brillantes soirées particulières, et une grande animation dans les bals masqués » et, plus loin, en parlant du dimanche gras, autrefois jour-fort du carnaval biterrois : « Sur les allées Paul-Riquet, vers huit heures, profitant d’une soirée clémente, quelques masques ont essayé de rallumer la gaieté biterroise ; mais l’allumette n’a pas pris. Le carnaval est mort. On a bien d’autres soucis en tête. »
Le même chroniqueur fait état par ailleurs de mesures de police prises dans la région contre les traditions de « jets de haricots, d’oranges ou autres projectiles », notamment le mercredi des Cendres où il condamne un « usage que nous ne qualifions pas, qui consiste à jeter sur les passants des matières plus ou moins propres. »
Cette chronique résume à sa façon les deux forces qui conduisent les pratiques festives carnavalesques au déclin dans ce dernier tiers du XIXe siècle : une évolution vers une société de loisirs bourgeois (seuls les grands bals privés et publics subsistent comme marqueur de la fête et attirent la faveur de la presse locale) et une prise en main du temps et des pratiques carnavalesques par les autorités publiques (ici par des mesures de police mais également par le contrôle de l’organisation même des festivités via les comités des fêtes).

Le reportage du carnaval de Béziers vers 1900 tel qu’on peut l’appréhender sur ces photos tranche ainsi radicalement avec les pratiques carnavalesques comme fête populaire ritualisée et polémique. On aperçoit sur les photos la nette séparation entre un public devenu spectateur passif d’un spectacle ordonné célébrant désormais le progrès technique, industriel et commercial (chars de la bicyclette, du progrès agricole, de l’épicerie, de l’éolienne), l’armée (cinq chars ou groupes militaires dans le corso). Même la musique est désormais organisée autour des sociétés de musique qui défilent avec leur bannière.
C'est dans les zones rurales que les pratiques carnavalesques populaires vont se maintenir et se réactualiser à partir des années 1970, retrouvant leur force créative et leur sens politique par le développement de mouvements contestataires retrouvant tout l’intérêt d’un temps de liberté, d’inversion des rôles et des pouvoirs, souvent indissociable d’une volonté de redignification de la langue et des pratiques culturelles populaires.
À Béziers, un siècle après la mort du carnaval populaire, c’est autour du mouvement occitan et des écoles associatives Calandretas que renaît au tout début des années 1980 un carnaval désormais dit « occitan » qui cherche à réactualiser les rôles et fonctions du carnaval originel, dont le temps-fort est le jugement - en occitan et par la jeunesse - du roi Carnaval, conçu comme une mise en procès de l’histoire et de l’actualité pour solliciter un avenir meilleur.

Détail des photographies :

Sur les 21 photographies de la série (selon la numérotation, il semblerait qu’un cliché ait disparu), 20 sont prises depuis l’étage d’un immeuble de l’actuel boulevard Frédéric-Mistral. Une seule photographie, non numérotée, est prise depuis un autre emplacement, au bas de la « Passejada », c’est-à-dire les allées Paul-Riquet.

Identifiant des documents originaux : CIRDOC - Iconotèca : IC-PA/2-1.34_Bez

Liste des photographies :
1 - char de la bicyclette
2 - « char de l’épicerie »
3 - charrette fleurie
4 - Sa Majesté Carnaval
5 - char fleuri
6 - manquante
7 - scène militaire
8 - cavalcade militaire
9 - “char de l’industrie agricole”
10 - “char des mirlitons”
11 - société musicale
12 - société musicale : la Chorale biterroise
13 - scène militaire
14 - char fleuri
15 - société musicale : fanfare et « le poulpe de Boujan »
16 - scène militaire
17 - éolienne « Charité »
18 - char
19 - société musicale
20 - scène militaire « Honneur et Patrie »
21 - Bacchus
sans numéro - société musicale
buffatiere_vias_a6394f88fd_1d4a8d0319.jpg
Buffatièira, la danse des soufflets
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)

Le carnaval constituait autrefois un événement très populaire, notamment dans les villages de l'Hérault. Les divertissement organisés lors de ces réjouissances étaient variés, proposant défilés de chars, fanfares, concours et diverses danses.

Parmi celles-ci, figure le branle des Soufflets (Bofets de la plaine de l'Hérault), parfois aussi connu sous le nom de buffatière (Montagne Noire), ou Bufali (Carcassès). Elle est le plus souvent dansée le Mercredi des Cendres, jour de la dissolution des corps selon l'Evangile, ce qui explique la présence de farine, cendres, ou confettis dans de nombreuses interprétations de la Danse des soufflets. (cf. La fête en Languedoc de Daniel Fabre et Charles Camberoque. Privat, 1977).

Les danseurs, vêtus de chemises et de bonnets de nuit féminins, sont armés de soufflets de cuisine, tandis qu'en tête de cortège, le meneur de la danse, parfois juché sur un âne, porte la plupart du temps un soufflet de forgeron, plus imposant.

Débutant par des farandoles le long des rues, le branle des Soufflets se pratique généralement sur une place, au son du tambourin et du hautbois. Le corps plié en deux, les participants soufflent de leur instrument le bas du dos de leur prédécesseur. Ils se redressent alors et placent leur soufflet de leur main droite, à hauteur de visage, avant se placer l'un à la suite de l'autre de façon à former un rang. Ils entament alors la chanson des soufflets. (cf. Les danses Populaires, les Farandoles, les Rondes, les Jeux Chorégraphiques et les Ballets du Languedoc Méditerranéen de Jean Baumel. Toulouse, 1958).

Nous vous proposons ici les paroles et les pas rapportées par Jean BAUMEL dans son ouvrage (op.cit. P.98-106.) D'une région à l'autre et selon les versions, ce modèle est susceptible d'évoluer. Nous reproduisons ici le texte tel qu'il a été proposé par l'auteur ainsi que sa traduction en français. Vous trouverez également ci-après en gras, une version proposant une orthographe corrigée du texte original.

« E, Jan dansaba san culota/ E, Janetoun san coutilloun »

« Et Jean dansait sans culotte/ et Jeannette sans cotillon (jupon) ».

E Joan dançava sens culòta/ E Joaneton sens cotilhon.

 

Se penchant alternativement de droite à gauche, et de gauche à droite, ils interprètent alors le refrain :

«  E bufa ie au cuou/ Que n'a bien besoun »

«  Et soufflez-lui au derrière/ Il en a bien besoin ».

E bufa li al cuol/ Que n'a ben de besonh.

 

La danse est ensuite complétée par des pas français en avant et en arrière ou des pas de polka selon les versions, sur le refrain suivant :

« Jamaï, gagnan bimboya/ Tant que faren autan./A toutas aquellas fillas/ Ie cau un galan/ Lou pe, lou pe, lou pe. (bis)

« Jamais, ils ne feront fortune/ S'ils continuent à agir ainsi./ A toutes ces filles/ Il leur faut un galant/ Le pied, le pied, le pied. »(les danseurs tapent du pied).

Jamai ganhan « bimboya »/ Tant que faràn aital/ A totas aquelas filhas/ Los cal un galant/ lo pè, lo pè, lo pè. (bis).

« La man, la man, la man ».

« La main, la main, la main ».

La man, la man, la man.

 

Les danseurs élèvent le soufflet de bas en haut :

« A toutas aquellas fillas/ Ie cau un galan ».

«  A toutes ces filles/ Il leur faut un galant. »

A totas aquelas filhas/ Los cal un galant.

 

Les participants font ensuite une ronde avant de se remettre en ligne :

« Toujours me parloun de mas caousses/ Jamaï me las petassoun ».

« Toujours ils me parlent de mes chausses/ Mais jamais, ils ne me les réparent. »

Totjorn me parlan de mas cauças/ Jamai me las pedaçan.

 

Les jeunes hommes terminent leur danse face à face, le corps penché :

«  E bufa ie au cuou/ Que n'a bien besoun »

«  Et soufflez-lui au derrière/ Il en a bien besoin ».

E bufa li al cuol/ Que n'a ben de besonh.

 

Avant de quitter la place, le dos penché, remuant les genoux de l'intérieur vers l'extérieur, en jouant du soufflet.

 

François Dezeuze, dans son ouvrage Saveurs et Gaïtés du Terroir Montpelliérain (Montpellier, 1935, p235.) précise que la danse reprenait parfois après le repas, faisant intervenir pour moitié des porteurs de bougies allumées, pour l'autre des danseurs munis de soufflets, cherchant durant le branle à éteindre ces flammes.

Notons qu'il existe en fait de nombreuses variantes de cette danse, n'ayant le plus souvent en commun que le seul costume (blanc) et l'intérêt pour le séant des partenaires. Ainsi à Portiragnes, les soufflets étaient préalablement remplis de farine, tandis qu'à Bessan, la danse était réalisée par des enfants. (Baumel, op.cit.). Toutes visent également à purifier les des corps avant l'entrée dans la période du Carême.  

sant_blasi.jpg
Fête de la Sant Blasi à Pézenas / Mathias Leclerc
Leclerc, Mathias
Ce film de 8 minutes a été réalisé par Mathias Leclerc (Gignac : Altaïr Prod) lors du Charivari de la Sant Blasi mené par le Théâtre des Origines le 4 février 2011 dans la vieille ville de Pézenas.

Les Temporadas de Pézenas

La ville de Pézenas est devenue un des hauts-lieux du patrimoine culturel immatériel d'Occitanie avec l'inscription par l'UNESCO de son « animal totémique », Lo Polin (Le Poulain), sur la « Liste représentative du patrimoine culturel immatériel » au titre des « Géants et dragons processionnels de Belgique et de France », mais aussi avec ses Temporadas qui réactualisent les fêtes calendaires (la Sant Blasi et le Carnaval au printemps, la Sant Joan d'estiu au solstice, Martror ou la fête des morts à l'approche de l'hiver). Menés jusqu'en 2014 par le Théâtre des Origines, ces moments forts de culture immatérielle, placées sous le double signe des traditions immémorielles et des rituels festifs contemporains, sont aujourd'hui menés par le Collectif Temporadas de Pézenas.

La Sant Blasi à Pézenas ritualise le renouveau du printemps et ouvre la période carnavalesque : « Le peuple part réveiller les sauvages car il est temps de fêter le renouveau de la nature… mais dans quels soubassements de la Terre se trouvent-ils ? Eux seuls peuvent invoquer saint Blaise, saint des animaux et du souffle qui, monté à vira-cuol (à l’envers) sur son âne, tentera de récupérer les clés pour ouvrir les portes de la ville au Carnaval. Ces clés, ce sont les Capitouls qui les détiennent, les dirigeants des quartiers qui ne souhaitent pas voir le Carnaval descendre dans la rue. C’est quand le peuple aura repris possession de la Cité que la Carnavaline pourra l’envahir et faire alors jaillir ce souffle qui fait dresser le poil, le rire et la dérision aux habitants à l’approche du Carnaval ! » (argumentaire de la Sant Blasi de Pézenas, Collectif Temporada, 2015).

Présentation de la compagnie

Le collectif qui va constituer le Théâtre des Origines naît en 2003, sur les bancs de la licence professionnelle « Acteurs Sud » et regroupe des comédiens, à la fois chercheurs et scénographes proposant des spectacles de rue transdisciplinaires et interactifs. Le collectif puise dans le patrimoine culturel immatériel local la matière d’une création nouvelle faisant résonner lieu/ histoire/ traditions et habitants dans une entreprise tant artistique, que culturelle et sociale.
sur 8