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1907 e Leon Còrdas per Magalí Jarque-Còrdas / Tè Vé Òc

Émission du 21 mars 2019

L
e manuscrit inédit de Léon Cordes, auteur occitan décédé en 1987, fut mis en lumière par sa fille Magali, au moment où l'artiste Christian Salès voulait éditer un ouvrage sur 1907. Nous avons profité d'une conférence-projection par Magali Jarque-Cordes à la Maison de la Garrigue à Marguerittes, pour une interview approfondie. Cette rencontre a permis de présenter l'historique de la crise des viticulteurs qui vit le jour à quelques kilmètres de là où naquit Léon Cordes. La rencontre fut aussi une opportunité pour parler du livre
1907, la route des gueux, un roman écrit en français, pour lequel était initialement prévu un film.
Un reportage d'Amy Cros.

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Chant : La Cochilís
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)

Votre question :


Je recherche une chanson que j'ai entendu lorsque j'étais enfant à Colombiers. Voici le premier couplet et les paroles : 

Un jorn la Marineta 
Me disiá d'un air coquin 
Mon enfant de qu'es aquò la cochilís 

Repic: 

La cochilís es una bèstia 
Una canilha, un parpalhòl 
Chuca rasim, chuca protinha 
Chuca tot 
Mas jamai chuca la marrana 
Que nos escana 


Auriez-vous plus d'informations sur cette chanson et pourriez-vous me faire parvenir les paroles ?

Notre réponse :

Nous avons trouvé trace de cette chanson dans un collectage sonore réalisé dans la région de Lodève par Pierre Bec et Eliane Gauzit en 1964. Dans cette enquête aujourd'hui conservée par le COMDT (Voir la notice du collectage sonore sur le catalogue du COMDT), le témoin, Étienne Barral interprète cette chanson qu'il a appris à Béziers alors qu'il était jeune garçon de café. 

Elle a également été collectée dans la commune de Lunas (34) par les mêmes enquêteurs, auprès de Jacques Blaye (Voir la notice du collectage sonore sur le catalogue du COMDT).

La cochylis est une chenille qui se nourrit des feuilles et fruits de la vigne. Elle se développe plus particulièrement dans les régions méditerranéennes.

Nous avons tenté d'identifier le ou les auteurs de cette chanson, mais n'avons trouvé aucune occurence pour le moment.


Suite à cette enquête, une transcription de cette chanson a été publiée dans l'ouvrage Lodeva, ciutat occitana, Lodève, cité occitane : patrimoine occitan en Lodévois, contributions groupées et harmonisées par Eliane GauzitToulouse : Presses universitaires du Midi, impr. 2015.

Voici les paroles de la chanson :

L'autre jorn, la gròssa Marièta L'autre jour la grosse Mariette
M'espia ambe sos uèlhs coquins ; Me regarde avec ses yeux coquins
Me demandèt la voes doceta :

Elle me demanda d'une voix doucette :

« de qu'es aquò la cochilís ? ».

« Qu'est-ce que la cochylis ? ».

« La cochilís, li responguèri,

« La cochylis, lui répondis-je,

Es una bèstia, un parpalhòl, Est une bête, un papillon

Doas alas jaunas, doas alas brunas,

Deux ailes jaunes, deux ailes brunes

Las patas blancas e lo cuòl gris.

Les pattes blanches et le cul gris

Es una garça que s'espandís

C'est une pie qui s'étale

Dins nòstra vinha, chuca-rasim,

Sur notre vigne, suce-raisin

Chuca-brostinha, chuca sulfata,

Suce-grapillon, suce-sulfate

Chuca-sabor e chuca-tot.

Suce-saveur et suce-tout.

Mas jamai chuca la marrana

Mais jamais elle ne suce la maladie (marasme / poisse)

Que nos escana ».

Qui nous étouffe ».
   
La cochilís, mai d'un l'aganta

La cochylis, plus d'un l'attrape,

Tot en tetant un plen sadol Tout en tétant jusqu'à plus soif
Aquel bon vin que nos encanta

Ce bon vin qui nous enchante

Siague muscat o picapol.

Qu'il soit muscat ou picpoul.

Ieu, avant ièr tròp ne tetèri, Moi, avant-hier, j'en tétai trop,
Tanben prenguèri la cochilís. Aussi je pris la cochylis.
Lo lum dançava, lo nas brilhava,

La lumière dansait, le nez brillait,

La pèl susava, lo cuòl pesava,

La peau suait, le cul pesait,

Los uèlhs iglauçavan, lo cap virava.

Les yeux lançaient des éclairs, la tête tournait.
Se m'aviatz vist, trampoligèri,

Si vous m'aviez vu, je trébuchais,

M'espandiguèri, fasiái paissièira

Je m'affalais, je ruisselais

Dins lo rajòl, mes aquò rai

Dans la raie, mais peu importe,
Es pas un crime, siái pas lo sol,

Ce n'est pas un crime, je ne suis pas seul,

Sem una banda

Nous sommes une bande

Que teta lo jus de la trelha

Qui tête le jus de la treille

Dins la botelha

Dans la bouteille

   

La cochilís es la canilha

La cochylis est la chenille

Del malur que sus nautres plòu.

Du malheur qui pleut sur nous.

Es la decha que nos espía

C'est la dèche qui nous regarde

Quand tanben ela a pas lo sòu.

Quand avec elle tu n'as pas le sou. 

La cochilís nos envaís,

La cochylis nous envahit,

Nos espotís, nos adalís.

Nous écrase, nous anéantit, 

Jamai fugís dins la borseta.

Jamais elle ne fuit dans la boursette. 

L'avem sovent un còp per jorn.

Nous l'avons souvent une fois par jour.

Sem argentats coma una pala.

Nous sommes argentés comme une pelle.

Los deputats l'an pas jamai, 

Les députés ne l'ont jamais ;

Los electors l'an a molon.  

Les électeurs l'ont à foison.

Se ieu aicí vene far l'ase

Si moi ici je viens faire l'âne,

Ieu siái forçat, mas un vièt d'ase

J'y suis forcé ; mais une verge d'âne

S'aviái d'aiçò(t), m'auriatz pro vist.

Si j'avais ça, vous m'auriez assez vu.

E ieu tanben, aime la vida

Car moi aussi j'aime la vie

La bidòrsaire e lo bon vin

La «bistronquette» et le bon vin,

Los escursions, las distraccions

Les excursions, les distractions

E los teatres e las femnetas

Et les théâtres et les petites femmes

E tot çò z-autres ; de tot aquò

Et toutes les autres choses ; de tout cela

Me'n cal brossar, adiussiatz totes,

Je dois m'en brosser, au revoir à tous

Ie tornarai e cantarai

J'y reviendrai et je chanterai

Tant que la garça de canilha

Tant que la garce de chenille  

Tendrà l'estrilha.

Tiendra l'étrille.

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Sandra Juan, CIRDÒC
La Guilde 2 Bessan vous convie à trois jours de festivités autour du patrimoine viticole languedocien les 16, 17 et 18 septembre prochains à l'occasion des Journées Européennes du Patrimoine. 

Samedi et Dimanche, Salle des Fêtes :
Exposition de vieilles photos sur le thème : la vigne, la viticulture, les vendanges, les vieux outils utilisés pour le travail de la vigne et l’élaboration du vin.

Vendredi 16 septembre, Salle des Fêtes :
visite de l’exposition par les élèves des écoles de Bessan.

Samedi 17 septembre, Salle des Fêtes
- Toute la journée : Ouverture de l’exposition au public : de 10h à 13h  et de 14h à 19h.

- 10h : Visite du vieux Bessan, sur réservation, commentée par A. FERNANDEZ. Rendez- vous Place de la Fontaine. Réservations au 06 58 82 06 06.

- 18h : Salle des Fêtes, dégustation de vin avec œnologue.


Dimanche 18 septembre :
- Toute la journée : Ouverture de l'exposition au public, salle des fêtes : 10h – 13h 14h – 19h

- 10h, visite du vieux Bessan, pour les nouveaux bessanais, visite commentée par A. FERNANDEZ. Rendez-vous Place de la Fontaine.

- 15h : Salle des Fêtes, salle du haut, conférence sur les anciennes vendanges.

 

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Café de Marcelin Albert
CIRDÒC-Mediatèca occitana

 

Autres appellations : 

Local du Comité de défense viticole d'Argeliers. 


Localisation :

Allée Marcelin-Albert / Avenue des 87, 
11020 Argeliers, 
Languedoc-Roussillon, 
France. 


Historique du monument :

Demeure du couple Albert à partir de 1873, l'édifice abrita également le débit de café des époux. Également propriétaire de parcelles viticoles, investi dans la défense de ce secteur alors en crise, Marcelin Albert accueille dans son commerce dès 1903 de fréquentes réunions de viticulteurs. Le 11 mars 1907, c'est ainsi aux portes de l'établissement, sur la promenade du village d'Argeliers, que se réunissent les 87 personnalités répondant à l'appel de Marcelin Albert afin d'entamer une marche vers Narbonne pour rencontre la commission d'enquête parlementaire déléguée à la question viticole. Celle-ci sillonne le pays à la rencontre des propriétaires de domaine en réponse à une grogne croissante de ce secteur.
 

Aux lendemains de cet événement clé de la Révolte des vignerons de 1907, les participants installent dans la dépendance du café de Marcelin Albert, le Comité de défense viticole, organe qui leur permettra de poursuivre l'action entamée au cours de la journée du 11 mars. «  C'est chez moi, dans une salle du rez-de-chaussée modestement meublée de quelques chaises, d'une grande table, d'un buffet pour les archives, que fut installé le bureau de défense viticole. C'est le berceau où naquit le formidable mouvement d'opinion que l'on sait » (Mémoires de Marcelin Albert, édition de 1911. P.14). Le lieu devient un point de ralliement pour les acteurs du mouvement. De nombreuses cartes postales et photographies de l'époque présentent d'ailleurs Marcelin Albert devant son café, voire sur l'avant-toit de celui-ci, haranguant la foule. C'est là également, que furent rédigés du 21 avril au 15 septembre 1907, les numéros de leur bulletin hebdomadaire, Le Tocsin.

Aujourd'hui fermé, le site est ponctuellement rouvert par l'association Café Marcelin Albert, qui depuis le 16 juillet 2014, propose conférences et événements autour de l'histoire de son illustre propriétaire et de la culture languedocienne.

 

Datation du monument :

Inconnue

Personnes et organisations associées à l'histoire du monument :

Albert, Marcelin (1851-1921)

1907 (Révolte des vignerons) 

La Révolte des vignerons de 1907
Endetté par la crise du phylloxéra, champignon microscopique attaquant les ceps de vigne, et ses effets (surproduction et vins trafiqués), le secteur viticole en France est en grave difficulté au début du XXe siècle. Cette situation touche tout particulièrement le Midi où près de 50% des terres agricoles sont consacrées à la vigne, et dont la production est principalement dédiée à des vins de consommation courante, secteur particulièrement atteint par la mévente. Le mécontentement croît donc chez les viticulteurs du Languedoc et du Roussillon, atteignant son acmé au cours de l'année 1907. S'amorce dès lors un mouvement de révolte dans cette population, qui va trouver dans le Comité de défense viticole d'Argeliers, et en Marcelin Albert, des portes-paroles à leurs revendications.

Marcelin Albert, l'apôtre des gueux

Né le 19 mars 1851 dans le vieil Argeliers, Marcelin Albert cafetier de son état mais également propriétaire de vignes, se distingue dès le 11 mars 1907 par ses talents d'orateur et son charisme, façonnés par une instruction de qualité pour son époque, six mois passés au Conservatoire de Paris, et un engagement politique local précoce. Il devient rapidement la figure emblématique du mouvement, étant d'ailleurs le principal artisan de sa propre légende. Il est élu président du Comité de défense viticole au lendemain de la marche du 11 mars vers Narbonne. Toutefois, trois mois seulement après son élection, son image souffre d'un profond discrédit. Échappant au mouvement d'arrestation de ses condisciples du Comité d'Argeliers du 19 juin, Marcelin Albert se rend à Paris à la rencontre de Clémenceau, espérant par cette action, donner un élan nouveau et une réponse à la grogne viticole. L'entrevue est un échec pour l'apôtre des Gueux qui en sort déconsidéré. Incarcéré à Montpellier, il est relâché dès le 4 août, mais n'occupera plus désormais la place centrale qui était la sienne dans le mouvement. Il reprend alors son activité à Argeliers. Il décède dans son village natal le 12 décembre 1921.

 

 

Caractéristiques et matériaux de construction :

Une plaque commémorative, placée sur le mur de la bâtisse, rappelle le caractère historique du lieux "Ici en 1907 fut constitué le Comité de Défense Viticole d'Argeliers dont Marcelin Albert fut le promoteur". Placée sur la promenade d'Argeliers, il s'agit d'une demeure d'un étage et qui présente une dépendance. L'endroit est présenté par Augustin Castéran, en préface des « Mémoires de Marcelin Albert » (Éditions Christian Salès, 2011) : « Nous atteignons les premières maisons du village. -Voyez, là au bout de la « Promenade », c'est ma demeure, nous dit Marcelin. [...] Les deux grandes salles du rez-de-chaussée sont encombrées d'affiches, de brochures, de numéros du Tocsin, la Gazette officielle du comité d'initiative dont le siège est attenant à l'immeuble.

Sur la façade extérieure se détache encore cette inscription : « Défense viticole. Comité d'Initiative. Bureau » ».(op.cit.p.VIII). À l'époque, cette mention était peinte sur le mur du rez-de-chaussé, comme en témoignent les photos et cartes postales de l'époque. Depuis effacée, elle est rappelée aujourd'hui par une plaque commémorative placée sur ce même mur.

Une dernière plaque, sur la façade du café lui-même cette fois, fut apposée en 2007, à l'occasion des commémorations du centenaire de la révolte des vignerons du Midi. Le café de Marcelin Albert, demeure en effet un lieu de mémoire pour la commune. C'est depuis sa terrasse qu'aux alentours du 15 août chaque année, s'organise l'Enquant des Vins de Marcelin, événement promotionnel des vins de la région placé sous la protection du meneur de 1907.

 

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Las Vendemias
Soulet, Joseph (1851-1919)
Vaudricour, Joseph
Partition pour Chant et Piano d'après un sonnet de l'auteur sétois Joseph Soulet (1851-1919), publié dans l'Armanac Cetori en 1894.