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Narioo, Gilabert (1928-2024)
CIRDOC - Institut Occitan de Cultura

Gilabert (Gilbert) Narioo (1928-2024), figure majeure de l’étude et de la transmission de l’occitan de Béarn et Gascogne, nous a quittés le 6 avril dernier à l’âge de 95 ans.

Né à Balansun (Béarn, Pyrénées-Atlantiques) dans une famille paysanne, son activité professionnelle dans l’industrie de l’aluminium le conduit dans divers pays d’Europe et d’Afrique, sa sensibilité linguistique se développant d’autant.

Membre de l’association Per Noste section Béarn-Gascogne de l’Institut d’Études Occitanes fondée par Roger Lapassade en 1960, il en devient à son tour le président durant 25 ans. Avec ses amis Michel Grosclaude, Robert Darrigrand, Daniel et Gérard  Lavignotte, il est ainsi l’un des principaux contributeurs de la revue País Gascons, tout particulièrement l’auteur de centaines de points de langue dans la chronique “Parlar plan” compilée en 2017 dans un ouvrage éponyme. Transmetteur infatigable, tour à tour auteur, correcteur et conseil linguistique mobilisé pour toutes les aventures emblématiques, éditoriales et radiophoniques, de Gascogne : Chronique Vent de castanha de La République des Pyrénées, Radio País, La Setmana, Papagai, Gilabert Narioo enseigne également durant plus de vingt ans le gascon et le languedocien pour les cours par correspondance du Collègi d’Occitania de Toulouse. Cette activité pédagogique trouve une transcription dans la plupart des ouvrages didactiques des années 1980 aux années 2000. Il publie ainsi avec son ami Michel Grosclaude le Répertoire des conjugaisons occitanes de Gascogne, collabore aux méthodes d’apprentissage de Michel Grosclaude puis de Patric Guilhemjouan, aux différents lexiques et dictionnaires tels Lo Civadòt.
Puis, soixante-dix ans après le Dictionnaire de Palay, il est un pilier de la publication du Diccionari Francés-Occitan de Per Noste comptant aujourd’hui de 50.000 entrées.

La figure de Gilabert Narioo est encore indissociable des premiers pas de la Nouvelle chanson occitane de Gascogne, le mentor linguistique du jeune trio Los de Nadau fondé en 1973 et l’auteur de leurs premières chansons, un compagnonnage qui se poursuivra tout au long de leur carrière.
Auteur polygraphe, son œuvre est également littéraire : pièces de théâtre (S’aví savut, Lo crit do còr, L’Alemanda…) poèmes (La Mar de Corintia…).

Découvrir l'intervention de Gilbert Nariòo à l'émission Escrivans ici.

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Gonzalès, Eric (1964-2023)
CIRDOC - Institut occitan de cultura

Éric Gonzalès est décédé le 26 mai 2023.

Né en 1964 à Pau, ce “fils de Gélos” dans l’Agglomération paloise, issu d’un milieu occitanophe, aura consacré sa vie à la création littéraire et à l’étude de la langue occitane de Gascogne.

Il entre en littérature dans les années 1980 avec diverses nouvelles parues dans la revue Reclams de l’Escòla Gaston Febus dont il devient, en 1996, le rédacteur en chef, et dans País Gascons de l’association Per Noste.

Son premier roman L’òrra istoèra d’un hilh de Gelòs (éd. IEO-PerNoste, 1996 ; éd. Reclams, 2021) marque la littérature occitane de Gascogne par son originalité et sa modernité. Il est couronné par le grand prix de littérature occitane Joan Bodon en 1997. Ce roman sera suivi entre autres par Isabèu de la valea (éd. Reclams, 2000), Entermiei lordèras (éd. Per Noste, 2007), Arantxa (éd. Reclams, 2014), et des traductions dont L’hygiène de l’assassin d’Amélie Nothomb (éd. Per Noste, 2009).

Eric Gonzalès a étudié et enseigné l'histoire. Professeur certifié d’occitan-langue d’oc il enseigne cette langue dans divers établissements. Il s’attache également à la connaissance de la langue occitane depuis son adolescence “remplissant cahiers sur cahiers de mots et expressions idiomatiques” (S. Javaloyès) qu’il recueille patiemment. Il avait ouvert le chantier d’un dictionnaire et d’une grammaire référentiels de l’occitan gascon et travaillait toutes ces dernières années comme expert linguistique et traducteur, notamment auteur du wiki de grammaire publié par Le Congrès Permanent de la Langue Occitane.

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Amont, Marcel (1929-2023)
CIRDOC- Institut occitan de cultura

Biographie synthétique de Marcel Amont, pour sa contribution à la chanson occitane


Cet hommage n'évoque pas tant la vedette internationale de music-hall que l’amoureux du gascon, pionnier pour l'expression artistique de l'occitan.


Né Marcel Miramon à Bordeaux en 1929 de parents issus de la Vallée d'Aspe, Marcel Amont rencontre le succès à Paris comme chanteur de cabaret. Ami et collaborateur des grands noms de la chanson française (Edith Piaf, Charles Aznavour, Georges Brassens) mais aussi de la nouvelle génération (Maxime Le Forestier, Alain Souchon, Aldebert), il n'a jamais cessé de donner des concerts et s'est produit sur scène jusqu'à ses 90 ans. 


Il participe aussi à des émissions télévisées, joue au cinéma et écrit des livres, en particulier sur son identité gasconne et ses souvenirs.

Les Chansons de la vallée d'Aspe, du Béarn et des Pyrénées, produit en 1963 chez Polydor, est un disque précurseur, précédant la fondation du Festival de Siros et le développement des grandes collectes revivalistes de la chanson traditionnelle occitane.

Marcel Amont redécouvre le béarnais à la mort de sa mère, "tout d'un coup" en 1976. Dès lors, il publie des disques ainsi que des livres qui témoignent de son attachement à ses origines. 


Discographie sélective: 


Chansons de la vallée d’Aspe, du Béarn et des Pyrénées, 1963 

Marcel Amont canta en biarnès, 1979

Marcel Amont conta en biarnès, 1981

Camarade vigneron, Un rayon de soleil, 1980

La Hestà!, 1981

Marcel Amont canta los poètas gascons, 1983, réédition Radio Païs 1997


Bibliographie sélective : 


Les plus belles chansons de Gascogne, éd. Sud Ouest, 2006

Comment peut-on être gascon! , éd. Atlantica, 2001

Préface de l’Anthologie de la chanson béarnaise d’André Hourcade, éd. Monhélios, 2006



En 1982, France 3 lui consacre une émission, “Marcel Amont chante en béarnais”, dans laquelle il évoque aussi les difficultés économiques des vallées et les évolutions du monde rural.


Rendant hommage aux poètes tels Jacob de Gassion (XVIe s.), Xavier Navarrot ou Simin Palay dans son disque Marcel Amont canta los poètas gascons, il s'intéresse aussi au répertoire populaire traditionnel comme en témoigne le recueil des Plus belles chansons de Gascogne. Son œuvre et son engagement en faveur de l’occitan du Béarn lui ont valu de recevoir le prix Cap e Tot de l’Institut Occitan en 2005 et d’être reçu membre d’honneur à l’Académie de Béarn (lire ici son discours d’intronisation). 


Il défendait les langues régionales dès qu'il en avait l'occasion, jusqu'à faire chanter le public en béarnais lors des tournées "Âge tendre et tête de bois". Marcel Amont est décédé le 8 mars 2023.

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Louis Dufréchou : un prisonnier béarnais en Allemagne
CIRDOC - Institut occitan de cultura

Le fonds "La voix retrouvée des Poilus"

Le fonds "La voix retrouvée des Poilus" est aujourd’hui conservé au Lautarchiv de l’Université Humboldt de Berlin et a reçu le statut de Mémoire du monde par l’Unesco.    
Ce programme d’enquêtes mené par la Königlich Preussische Phonographische Kommission (Commission phonographique royale prussienne), créé en 1915 et tenu secret durant tout le conflit, visait à l’enregistrement de la diversité linguistique et culturelle des soldats des armées alliées (250 langues et cultures).    
Parmi les 200 documents enregistrés auprès des prisonniers de l’Armée française l’on recense environ 70 occitans : auvergnats, gascons de Béarn, de Bigorre et du Médoc ; languedociens, limousins, nissarts et provençaux.

Louis-Auguste Dufréchou


Louis-Auguste Dufréchou est né le 25 novembre 1889 à Pau (64) de Jean Dufréchou, charpentier de métier, et Anne Touret, mère au foyer.

Après l’obtention de son brevet d’instruction primaire, il s'oriente vers le métier de peintre publicitaire.

Il rejoint le corps militaire à l’âge de 21 ans le 5 octobre 1910 en tant que soldat de 2ème classe et est enregistré sur la liste du canton de Pau. Le 30 septembre 1911, il est intégré au sein des soldats sapeurs, c’est à dire un régiment de militaires chargés de construire les souterrains au front, permettant de renverser les édifices ou les tranchées ennemies.

Le 2 août 1914, il répond à l’avis de mobilisation générale et le jour suivant il est confié aux armes au sein du 18ème régiment d’infanterie.

Le 21 septembre 1914, le 18ème régiment d’infanterie reçoit l’ordre de se rendre sur le Chemin des Dames au nord d’Oulches (02) pour s’opposer à l’avancée des Allemands dans cette zone du front. Après avoir repoussé avec succès cinq contre-attaques allemandes, le régiment doit battre en retraite. C’est au cours de cette manœuvre que Louis-Auguste Dufréchou disparaît et est emprisonné par les Allemands au camp de Niederzwehren dans le district de Kassel en Allemagne.
C’est durant son emprisonnement que la Commission phonographique royale prussienne enregistre son interprétation de trois chants en béarnais : Beròja flor (“Belle fleur”), Beròi chantur ("Beau Chanteur") et surtout le célèbre Bèth Cèu de Pau ("Beau Ciel de Pau").
Louis-Auguste Dufréchou, au premier rang, 2e en partant de la droite.
Ce n’est qu’au sortir de la Première Guerre mondiale, le 2 janvier 1919, qu’il est enfin rapatrié en France.

Après la guerre, il se retire à Pau et se marie avec Marie Eulalie Labartette le 19 novembre 1920. Il est administrativement dispensé de toutes obligations militaires le 15 octobre 1938.

Louis-Auguste Dufréchou décède au domicile familial à Pau, en 1940, à l’âge de 51 ans.
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Jardin deys musos provensalos / Claude Brueys
Brueys, Claude (1570-1650)

On ne sait pas grand chose de l’Aixois Claude Brueys, sinon qu’il est l’auteur de plusieurs comédies et de nombreux poèmes de circonstances, qui furent rassemblés en deux volumes, en 1628. 

Editions 

Aix-en-Provence, Musée-Bibliothèque Paul Arbaud, cote R51

Avignon, Bibliothèque Ceccano, Fonds Ancien, 8° 25229 (1) et 8° 25229 (2) 

Toulouse, Bibliothèque d'Étude et du Patrimoine, Num. Res. D XVII 296 
En ligne sur Gallica 

  • édition de 1665 

Lou Jardin deys Musos provençalos. Ou recueil de plusieurs pessos en vers provençaus, recuillidos deys obros deys plus doctes poëtos d'aquest pays.[Marseille] : [C. Garcin], 1665, 386 p. : fig. gr. s. b ; in-12°, Toulouse, Bibliothèque d’étude et du patrimoine, Res. D XVII 297 

voir la notice Occitanica et la numérisation en ligne

  • édition de 1843 

voir la notice Occitanica

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La perlo dey Musos et coumedies provensalos / Gaspard Zerbin
Zerbin, Gaspar (1580-1640)

Les différentes éditions :

Paris, Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES-YE-3262
En ligne sur Gallica

Toulouse, Bibliothèque d'Étude et du Patrimoine, Num. Res. D XVII 654 
En ligne sur Gallica 

Aix-en-Provence, Bibliothèque Méjanes, Fonds Patrimoine in 8 09735

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les "sources cathares"
CIRDOC-Mediatèca occitana

La quasi-absence de sources directes sur la dissidence dite cathare est certainement à l’origine d’une partie des élucubrations développées depuis le XIXe siècle. 

En outre, les sources les plus nombreuses sont celles des adversaires : ce sont les documents de l’Inquisition (les dépositions enregistrées par les juges, dont quelques recueils entiers sont conservés, et les manuels de l’inquisiteur, comme celui, fameux, de Bernard Gui) et les traités antihérétiques, comme celui composé par Durand de Losque vers 1220. 

On dispose néanmoins de deux “rituels” cathares, l’un en langue d’oc (rituel de Lyon) l’autre en latin (rituel de Florence), et de deux “traités” dualistes, dont le Livre des deux principes, écrit au XIIIe siècle.
Ce dernier est en fait un résumé d’un traité du Bergamasque, Jean de Lugio, où l’auteur expose la doctrine dualiste à l’usage des “ignorants”.
Enfin, les historiens utilisent désormais des sources de nature radicalement différente (lettres de prêts, actes de vente, documents communaux, etc.), ce qui a permis d’affiner la sociologie des hérétiques. 

Les manuscrits cathares 

Seulement 5 manuscrits sont parvenus jusqu’à nous : 

Trois en italien :

  • le scolastique Livre des deux principes de Jean Lugio, vers 1240
  • le rituel latin copié à sa suite 
  • le rituel occitan alpin conservé à Dublin  : voir la fiche oeuvre 

Deux d’origine languedocienne :

  • Traité anonyme en latin, v. 1220
  • Nouveau testament et Rituel cathare en occitan (BM Lyon, PA 36) : voir la fiche oeuvre 

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La Louve du Pennautier dite Na Loba

La Louve du Pennautier dite Na Loba 

La malédiction qui s’attache depuis toujours au loup vient de la peur ancestrale qu’il inspire aux hommes. 

Mais elle vient aussi de la dame de Pennautier, surnommée en occitan "Na Loba", la louve, et dont le célèbre troubadour Peire Vidal fut si amoureux qu'il s'habilla de peaux de loups pour pouvoir l'approcher !

Peire Vidal était un troubadour natif de Toulouse, de haute et bonne réputation dans les cours de fine amour qu'il fréquentait assidûment. A force de conter et de chanter les galantes extravagances des seigneurs et des damoiseaux il se mit, lui aussi, à commettre certaines folies dignes d'être rapportées. La gente dame qui avait percé son coeur était loin d'être n'importe qui, il s'agissait de la Louve de Pennautier dite Na Loba.

Loba était de haut lignage, également célèbre pour les fêtes qu'elle donnait et la mélancolie paradoxale qu'elle affichait. Peire Vidal follement énamouré se déguisa en loup, se couvrit de peaux de cette bête et ainsi paré tenta de se rapprocher incognito du chateau de Puivert dans lequel se trouvait Loba et ou personne ne l'attendait.

Bien entendu, on l'aperçut et il se fit donner la chasse par les paysans et les soldats de Jourdain de Cabaret, mari de la Dame et pourtant connu pour sa tolérance. Le troubadour finit cette chasse sérieusement blessé et bastonné. Il ne se tira de l'affaire qu'en amadouant par son verbe ceux qui le frappaient. On dit, qu'il fut soigné avec tendresse par Loba dans le château.

Cet épisode se déroula quelque temps avant que la belle ne devint la maitresse du Comte de Foix et ne lui donna un fils issu de lui ou du troubadour qu'elle s'empressa d'appeller Loup.

Le pauvre Peire ne se serait porbablement pas lancé dans cette aventure, s'il avait pu prévoir que sa dame allait contribuer à la chute de la civilisation occitane et des seigneurs qui la protégeaient.

En effet, lors du siège de Carcassonne en août 1209, alors que le jeune vicomte Trencavel se défendait contre les Croisés, c'est elle qui suggéra une sortie pour aller négocier avec Simon de Montfort, lequel en profita pour capturer Trencavel et le jeter dans un cachot de la ville ainsi conquise.

La Louve de Pennautier ne pardonnait en effet pas à Trencavel l'humiliation qui lui avait inconsciemment infligée lors d'une fête où toute la noblesse languedocienne était réunie, et où elle s'était vantée de séduire le jeune vicomte alors jouvenceau. Celui-ci n'avait pas cédé à ses charmes...

 

source de cet article : http://mescladis.free.fr/louve-pennautier.htm

 

Bibliographies et Ressources 

Ressources bibliographiques

  • Trencavel et la louve de Pennautier : un épisode de la croisade contre les Albigeois / Jean Girou ; préf. par le Duc de Castries, Paris : La Colombe, cop. 1956, 166 p.,
    CIRDOC-Mediatèca occitana, CAB 3033
  • Emission Les belles légendes occitanes / André-Jacques Boussac, 1958-1960, 3 volumes de 41, 48 et 45 feuillets, Retranscriptions dactylographiées d'une émission radio. On y trouve les légendes suivantes : Les Prudon, Le Pont du Diable, La Reine blanche, La Louve de Pennautier, Les Vierges fleuries, Jeanne D'Aymé, De l'homme qui avala le Drac, Autour de la Saint-Jean, La Ronde des Sorciers, Le Roi des Jeunes
    CIRDOC-Mediatèca occitana, Fonds A-J Boussac, Ms 696 
  • La loba : ò la frucha di tres aubas : peça de tres actes = La louve : ou le fruit des trois aubes : pièce en trois actes / Robert Lafont, Avignon : Aubanel, 1959, 1 vol. (175 f.)
    CIRDOC-Mediatèca occitana, CAB 488 
    15% seulement de l’ouvrage est numérisé dans Gallica

Ressources numériques

Centres d’Etudes Cathares de Carcassonne 

Article sur Trencavel et la Louve de Pennautier de M. Jean Girou

Ressources sonores 

Enregistrement d’Yves Rouquette en train de raconter cette histoire avec l’ensemble de musique médiévale Clemencic Consort 

Sample de ce morceau par Massilia Sound System 

Gérard Zuchetto - Tard mi veiran mei amic en Tolzan 

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Le Ramelet moundi de Pierre Goudouli
CIRDÒC - Mediatèca occitana

Biographie 

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Pierre Goudouli (1580-1649) est un auteur occitan toulousain qui compte parmi les plus influents de l’histoire de la littérature occitane. Il est parvenu à s’imposer comme un écrivain occitan en bâtissant une véritable carrière et un projet littéraire souvent couronné de réussite. Il est soutenu par les plus grands personnages de l’époque comme Adrien de Monluc ou Henri II de Montmorency.

Dès 1610, Godolin choisit d’écrire en occitan et publie A l’hurouso memorio d’Henric le Gran, à l’occasion de l’assassinat d’Henri IV par Ravaillac. La publication de ces stances est un véritable coup d’éclat. L’occitan apparaît comme une langue de très haute noblesse, capable d’aborder les sujets les plus hauts et les plus graves. 

Toute son oeuvre fut couronné d’un succès populaire.  Il écrit autant des fictions amoureuses, chansons à boire et à rire, boniments en prose récités au Carnaval toulousain, noëls empreints de sérénité ou méditations sur la mort et l’inanité du monde. 

Mais il est surtout connu pour le Ramelet Moundi

Le Ramelet Moundi : Une entreprise littéraire et linguistique de référence pour des siècles 

Un goût pour le langage : affirmation de la dignité linguistique 

Comme Odde de Triors dans ses Joyeuses recherches de la langue toulousaine, il s’intéresse aux dénivellements linguistiques. 

Il fait cohabiter la parole populaire, la langue très locale, teintée d’idiomatismes pittoresques et une langue qui tend à se rapprocher du français, un “francitan”. 

Il souligne cette distance à l’intérieur même de l’occitan dans les deux épigrammes du “Plat d’epigramas” de la première Floreta : l’une intitulée “Tot Francès entendrà aqueste quatren triat de mots franceses que son tanben mondins”, montre comment le français fait pression, “par le haut” sur l’occitan ; l’autre épigramme intitulé “Aci caldrà le diccionari”, insiste au contraire sur l’écart existant entre les deux langues au point d’avoir recours à un dictionnaire. 

Son livre a longtemps servi de référence, de syntaxe et de dictionnaire à ceux qui désiraient poursuivre son entreprise. 

Un succès d’édition

Le Ramelet Moundi que l’on peut traduire par “Le Bouquet toulousain” a été publié par livraisons successives - que l’auteur, filant la métaphore du titre, appela “floretas”- entre 1610 et 1648. Il connut en son temps comme au long des siècles, un succès d’impression dont la littérature d’oc ne connaît pas d’autre exemple. 

De son vivant, l’ouvrage est publié cinq fois puis après sa mort il continue à l’être, ce qui est un fait très rare. 

Plusieurs écrivains empruntent à Godolin leurs thèmes et leur langue. Cette “école toulousaine”, encore mal connue aujourd’hui, produit une littérature abondante, souvent publiée dans les "Triomphes", ces opuscules qui réunissent, chaque année, les compositions des lauréats du concours poétique des Jeux Floraux toulousains. 

Postérité de l’oeuvre

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La langue et l’oeuvre de Godolin sont devenues ce qu’on peut appeler la “forme littéraire” de l’occitan, un langage autonome, à la disposition de tous ceux qui voulaient faire intervenir l’occitan dans leurs oeuvres. 

Ainsi, son oeuvre eut des répercussions chez Molière dans Monsieur de Pourceaugnac, dans l’opéra-ballet de Jean-Joseph Cassanea de Mondonville, Daphnis et Alcimadure et dans Le Troubadour d’Antoine Fabre d’Olivet.

Ressources numériques 

  • Les différentes éditions du Ramelet Moundi conservées à la Bibliothèque de Toulouse :
  • Obros de Pierre Goudelin augmentados d'uno noubélo floureto. [Avec : Le Dicciounari moundi de Jean Doujat]

Les différentes éditions conservées à la Bibliothèque municipale de Toulouse :

Texte numérisé d'après l'exemplaire de 1774 Res 35331 de la Bibliothèque de l'Arsenal (SCD de Toulouse 1)

Texte numérisé d'après l'exemplaire de 1811 de la Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, YE-12533

Goudelin, Pierre, LAS OBROS DE PIÉRRE GOUDELIN : AUGMENTADOS DE FORÇO PESSOS É LE DICCIOUNARI SUR LA LENGO MOUNDINO, Amsterdam, Daniel Pain, 1700, Musée Médard de Lunel, cote G013

Deux exemplaires conservés au CIRDÒC - Mediatèca occitana :

Las Obros de Pierre Goudelin, augmentados noubelomen de forço péssos, ambé le Dictiounari sur la lengo moundino ; Ount és més per ajustié sa bido, Remarquos de l'antiquitat de la lengo de Toulouso, le Trinfle moundi, soun Oumbro, d'amb'un Manadet de bérses de Gautié é d'autres pouétos de Toulouso. A Toulouso : chez J.-A. Caunes..., 1811, CIRDÒC - Mediatèca occitana, cote CR XIX-127 et CR XIX-303

  • Lithographies :

GODOLIN, Pierre. Oeuvres complettes de Pierre Godolin. Dir. J.M. Cayla et Cléobule Paul. Toulouse : Delboy, 1843. CXIX-604-XLVII p

Pey de Garros : initiateur de la renaissance littéraire gasconne

Un magistrat et un poète provincial 

Originaire de Lectoure, en Armagnac, Pey de Garros commence sa carrière d’écrivain à Toulouse, où il poursuit des études de droit : il y fréquente les poètes et mainteneurs du Collège de rhétorique (il devient Académie des jeux floraux dans les dernières années du XVIIe siècle), qui lui décernent, en 1557, la Violette pour un Chant royal de la Trinité en français, recopié dans le Registre rouge, avec un Sonnet de Dame Isaure. 

Notable de sa ville natale,  il est lieutenant principal au sénéchal d’Armagnac à Lectoure. Puis il s’installe à Pau après la Saint-Barthélemy : il exerce alors les fonctions d’avocat général à la Cour souveraine de Béarn entre 1572 et 1576.

En 1561, Pey de Garros est appelé “lieutenant particulier” de la reine de Navarre Jeanne d’Albret et en 1565, dans le privilège accordé pour l’impression des Psaumes, il est qualifié de “conseiller de la reine de Navarre”.

Un protestant résolu et militant 

Il est possible que Pey de Garros fut déjà militant protestant à Toulouse vers 1548. A cette époque, en effet, la majorité des étudiants de Toulouse étaient acquis à la Réforme. 

Pendant les années 1561 à 1565 Lectoure fut troublé plusieurs fois par les querelles religieuses. Il est alors plusieurs fois délégué des protestants de Lectoure auprès de Jeanne d’Albret.

Pey de Garros fut à la fois un paisible magistrat vivant à une époque troublée et un poète provincial sans grande gloire, mais non tout à fait ignoré, puisqu’il connut les honneurs académiques et la faveur d’une reine.

Bibliographie de l’oeuvre imprimée de Pey Garros 

Pey de Garros a composé quatre ouvrages : 

- D’une part, deux pièces dédicatoires en latin imprimées séparément dans deux ouvrages de droit publiés à Toulouse en 1554 et 1555

- D’autre part, deux volumes intégralement écrits en occitan (sauf les adresses “au Lecteur” rédigées en français), et imprimés à Toulouse en 1565 et 1567. 

En 1565 il publie à Toulouse chez Jacques Colomès les Psaumes de David viratz en rhythme gascon et deux ans plus tard toujours chez le même éditeur les Poésies gasconnes dédiées à Henri de Navarre. 

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