"Contes d'un Doman Acabat" vous emmènera dans l'imaginaire d'histoires ou de destins héroïques. Un monde où les mots, le chant et la musique se rencontrent aujourd'hui pour inventer un demain meilleur.
Eric Roulet raconte en gascon et en français d'incroyables récits qui sont peut-être les vôtres ou celui d'un autre... La musique électroacoustique de Jean-Michel Rivet, "chercheur de bruits, bricoleur de sons, bidouilleur d'échos", enveloppe les contes dans une atmosphère fantastique où chacun peut se laisser emporter par le rêve.
Durée : 75 min
Gratuit
Depuis 2000, le Festival Occitània représente un temps fort de la création et diffusion occitane afin de promouvoir cette culture et langue auprès de tous. Avec plus de 80 événements dans 18 communes, absolument ouverts et accessibles à tous les publics, il proposera de nombreux événements gratuits et l’intégralité des spectacles bilingues ou surtitrés. Résolument pluridisciplinaire, le Festival navigue sans frontières entre les genres, les styles et les époques : des musiques actuelles au théâtre en passant par le cinéma ou de nombreux événements de rue (défilés, animations, etc.). Dans une vision où la culture occitane ne se renferme pas mais s’ouvre au monde, le Festival Occitània invitera également de nombreuses autres cultures !
Temps forts
Claude Sicre : chanson / improvisation
Mauresca Fracas Dub : reggae dub
Caliu : Slam
Castahna e Vinovèl : bal
Alidé Sans : musiques actuelles
Les Bombes 2 bal : danse
Florent Mercadier : one man show
La Rampe Tio : théâtre
Monica Burg : conte
Henriquinha Maria : fado
Mercat d’Occitània : marché place du Capitole
Passa-Carrièras : défilé totémique
Site internet du festival : http://www.festivaloccitania.com/
Localisation : Toulouse et sa région
Du 8 septembre au 25 octobre
Infos / Réservation au : 05 61 11 24 87
S’il est connu, c’est surtout pour la mystique qu’on lui attache : tour à tour chant cathare, complainte du peuple occitan face à la barbarie de la Croisade contre les Albigeois, chant de la paysannerie médiévale attachée à sa terre…
De nombreuses interprétations de ce chant existent mais les véritables études sont assez rares par rapport au grand nombre de versions du Boièr.
Eliane Gauzit et Marie-Claire Viguier ont toutes deux étudié l’ensemble des versions connues de ce chant et ont tenté de remonter à ses origines.
Le Boièr est-il vraiment le chant cathare que l’on décrit ?
La première fixation à l’écrit qui nous soit parvenue remonte à 1749 dans un manuscrit en francoprovençal (mentionné par Philibert Le Duc (1815-1884) dans Chansons et lettres patoises bressanes, bugeysiennes et dombistes…). Nous savons aussi par des témoignages que cette chanson était présente durant la Révolution Française : Auguste Fourès (1848-1891), atteste en effet que le chant était entonné au sein des sociétés républicaines du Lauragais comme appel patriotique. Il était interprété par les membres de la garde nationale mobile de l’Aude comme chant de ralliement lors de la guerre de 1870 puis en 1907 en signe de deuil à Béziers lors de la Révolte des Vignerons.
C’est à partir du XIXe siècle que l’on a d’autres attestations de ce chant dans les recueils des folkloristes français. Lo Boièr figure dans presque tous les recueils publiés à cette époque-là, attestant de sa présence sur tout le territoire français, avec un plus grand nombre d’occurrences dans les territoires occitans.
En tout, Patrice Coirault (1875-1959) - qui a élaboré un catalogue de toutes les chansons traditionnelles recueillies par les folkloristes et des sources écrites anciennes - recense des versions de ce chant réparties dans 51 recueils de chants différents.
Les folkloristes classent Lo Boièr dans les chants de travail, y voyant un appel aux bœufs, ou encore dans les chants satiriques, dépeignant la femme mal mariée au bouvier croulant sous son dur labeur.
La plupart des folkloristes ont recueilli une forme classique de ce chant, bâtie sur le modèle de l’homme qui rentre chez lui et trouve sa femme malade ou saoule, un motif littéraire qui peut rappeler une autre chanson-type : Marguerite elle est malade (ou La femme malade).
Le thème de l’enterrement à la cave qui est présent dans les deux chansons-types est un thème récurrent dans les airs bachiques, que l’on retrouve notamment dans Les Chevaliers de la Table Ronde.
La plupart des enregistrements sonores recueillis au cours du XXe siècle, nous laissent eux entendre des interprétations du Boièr avec un rythme accentué, apparenté à un chant de marche, plutôt joyeux et loin de la complainte ou du chant mystique cathare.
Pourtant, aujourd’hui, l’interprétation la plus répandue de ce chant est celle de la complainte cathare, le schéma narratif du Boièr correspondant au rituel cathare. On peut effectivement voir dans les paroles le récit d’un rituel cathare : la paysanne meurt en Endura, demande du vin pour sa tombe, pour recevoir le consolament d’un bonshommes itinérant.
C’est Napoléon Peyrat (1809-1881) qui fait le premier cette interprétation mystique dans son Histoire des Albigeois1. Ce discours est ensuite repris par Louis-Xavier de Ricard (1843-1911) et Auguste Fourès (1848-1891), qui continuent à forger la mystique cathare du chant et à en faire un symbole identitaire occitan.
Avant Napoléon Peyrat, le chant semble vu comme un simple chant de labour, qui aurait évolué avec l’intégration de couplets de chants bachiques ou de mal mariée mais aucune référence claire ni interprétation à une quelconque mystique cathare. Il semble que Napoléon Peyrat, en l’interprétant comme un tableau des malheurs de la paysannerie occitane durant la Croisade contre les Albigeois ait contribué à faire encore évoluer Lo Boièr et son retentissement dans la mémoire collective, transformant ce chant traditionnel en objet de perpétuation du mythe cathare.
Outre sa signification, et son interprétation mystique, la chanson du Boièr a déclenché de très nombreuses polémiques à propos de son refrain, et plus particulièrement la suite de voyelles A.E.I.O.U. qu’il contient. Or, cette suite de voyelles ne figure pas dans toutes les versions collectées au XIXe siècle, elles ont par contre été systématiquement intégrées dans les recueils de chants et versions écrites au XXe siècle, notamment dans les recueils de chants pour les scolaires et appris tel quel par toute une génération d’écoliers.
Cet emploi d’une suite de voyelles dans une chanson traditionnelle n’est pas une exception, on la retrouve dans de nombreux chants énumératifs sur tout le pourtour méditerranéen.
Pour autant, les théories sur la signification de ces voyelles abondent : message codé utilisé par les cathares pour avertir d’un danger, monogramme de la devise des Rois d’Aragon ou encore des Habsbourg (Austria Est Imperare Orbi Universum)... Depuis l’Antiquité on attribue à ces voyelles une portée mystique importante qui n’a cessé d’évoluer au cours des siècles et n’a pas manqué de nourrir les interprétations de cette chanson.
Certaines versions collectées contiennent en lieu et place d’ “A.E.I.O.U.” un simple appel au bœuf. Pour Marie-Claire Viguier, cette suite de voyelles peut également faire référence au briolage, technique de vocalise propre aux bouviers.
Aucun document ne nous permet de savoir depuis quand ces voyelles figurent dans le refrain de la chanson, si elles existent depuis les origines lointaines du Boièr ou si elles ont été rajoutées par la suite.
Ainsi, Lo Boièr, revendiqué aujourd’hui comme un chant de célébration de l’identité occitane appartient indéniablement au répertoire traditionnel des territoires occitans, transmis oralement depuis des générations et fixé à l’écrit dès le XVIIIe siècle. Chant de labour, chant patriotique, chant cathare, il semble avoir traversé les siècles, évoluant dans l’inconscient collectif selon les époques, événements, mouvements de pensées et inspiration, chargé de nombreuses transformations, emprunts et adaptations, permettant de multiples interprétations.
1) Peyrat Napoléon, Histoire des Albigeois : les Albigeois et l’Inquisition, T. III, Paris : Bibliothèque Internationale, 1870.
Consultable en ligne sur le site de la Bayerische Staatsbibliothek de Munich : http://reader.digitale-sammlungen.de/en/fs1/object/display/bsb11006148_00392.html?contextType=scan&zoom=0.5
[Consulté le 03/08/2017]
Encore une fois tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles comme disait le grand Voltaire que peuchère je n’ai jamais lu son oeuvre.
Peut-être un jour quand je serai retraitée, c’est ce qu’ils disent tous : le jour où...
Quelqu’un frappe à la porte, Maître Bardot :
- Bonjour Jeanne. René n’avait pas de famille et comme vous êtes l’héritière de son bien tout le monde pense que c’est à vous de prendre en charge l’enterrement. Je sais que ce n’est pas simple : il était catholique et cette religion n’aime pas trop les suicidés !
- Je ne pense pas que René était tellement religieux! Je vais aller voir le curé de la paroisse. Il y a certainement dans la tombe de sa femme Rosette une place pour lui.
- Et non ! C’est à la mairie que vous devez aller.
- Je ferai tout ce qu’il faut pour qu’il ait un bon voyage de l’autre côté. Nous n’irons pas au funérarium comme pour l’Oncle Vincent. Et le verre de l’amitié se fera dans son jardin.
- Votre jardin maintenant !
- Par pour longtemps vous pouvez me croire !
- À bientôt Jeanne !
Je n’ai qu’une envie : aller au lit et me réveiller après l’enterrement ! Sûr que je n’ai pas pu le faire pour moi mais je vais le faire pour vous ! Et maintenant que tout est fini comme dans la chanson je peux vous l’assurer : tout s’est bien passé et René et sa femme « requiescant in pace » dans le cimetière communal.
Aujourd’hui c’est samedi et Mathilde arrive lundi 24 Juin à Fréjorgues. Pour le moment elle restera avec moi à la maison jusqu’à l’accouchement. Je n’ai rien dit à personne dans le village. Ce sera la surprise pour tout le monde, surtout le ventre. Heureusement que son homme n’est pas venu avec elle. Mais un jour il faudra bien et alors ce sera le scandale au village.
Bon et demain comment allons-nous nous retrouver ? Pour moi la rancune s’il y en a eu n’existe plus. Tant de choses ont changé dans ma vie depuis le mois d’octobre ! Peut-être que je suis une autre femme : plus jeune ou peut-être plus vieille...
Ce matin je suis allée à Béziers et j’ai acheté des rideaux pour la chambre de Mathilde : avec des fleurs jaunes et rouges et des oiseaux verts et bleus, le printemps et l’été sont entrés ensembles plein de joie dans la maison pour la Saint Jean ! Avec la machine ça a été vite fait : Hôtel 4 étoiles ! Et maintenant j’essaie de me souvenir ce qu'elle aimait le plus manger : la friture de poissons à la catalane, les côtelettes d’agneau, les haricots, la salade verte, le fromage de chèvre... Ça suffit pour commencer : il y aura tout dans le frigo. Cuire sera vite fait.
Maintenant c’est dimanche. Angèle la voisine amoureuse de René est venue me voir pour s’excuser de ce qu’elle m’avait dit.
- Ô Madame Jeanne je sais bien que vous ne l’avez pas tué et de toutes façons je me souviens de ce qu’il vous a fait dans votre jeunesse quand il a fait un enfant à la Rosette. C’est de sa faute si vous êtes restée vieille fille ! Mais vous comprenez maintenant qu’il n’est plus là je suis toute seule ! Ça me fait pleurer. Je lui ai apporté son dîner tous les jours depuis la mort de Rosette. Chaque fois je lui demandais ce qui lui plairait. Je connais les hommes, je suis restée quarante ans avec mon Edmond. Évidemment vous ne pouvez pas savoir parce que vous avez été seule toute votre vie. Ce n’est pas simple pour un homme d’être veuf et c’est pour ça que les femmes vivent plus longtemps que les hommes. Maintenant ma vie est une friche : plus de René pour discuter du village et des gens !
Je l’ai prise dans mes bras cette petite femme bravette avec son chignon cendré et je l’ai embrassée.
- Vous pouvez venir me voir quand vous voulez, ça me fera plaisir Angèle !
- Eh bé vous êtes bien brave ! Je n’aurais jamais cru qu’un jour ce serait possible de discuter avec vous comme avec une amie ! Je n’oublierai pas de venir Jeanne, avec plaisir !
Demain je dois être à dix heures du matin à Fréjorgues. Le bonheur s’infiltre partout dans mes veines. L’histoire recommence au début : demain nous serons toutes les deux sur la terrasse comme l’année dernière à la même date. Le retour de l’enfant prodigue !
Au lit Madame que demain tout va changer !
Maintenant je suis assise devant la sortie « arrivée » de l’aéroport. Évidemment comme tous ceux qui vivent à la campagne, les paysans, je suis arrivée une heure avant l’heure. Il faut bouger un peu Jeanne, aller boire un café et lire un journal.
Ça me plaît de regarder les voyageurs qui s’en vont on ne sait pas où, peut-être de l’autre côté de la terre. J’ai commencé à lire un article sur les vignes du Languedoc et ils disent que le vin est de mieux en mieux et qu’il y a beaucoup d’américains qui achètent des vignobles dans le pays.
- Jeanne ! Je suis là ! Viens m’aider, les valises sont lourdes !
- Mathilde ! Ma fille ! Si jolie !
Je la prends dans mes bras mais avec le ventre c’est pas simple. Nous nous embrassons sans arrêt tout en criant comme deux enfants :
- Est-ce que je peux t’appeler « maman » ?
- Pourquoi pas ? Ça me ferait plus tôt plaisir à mon âge ! Oh ! Tu as changé la couleur de tes cheveux et tu n’as pas grossi. Sans le ventre tu dois être maigre !
- Et tu as changé de look aussi : tu es plus comme une dame de la ville. Plus de cheveux gris, des jeans de jeune fille, une chemise pleine de couleurs. Mais je t’ai reconnue Madame Jeanne !
- Et moi aussi Mademoiselle Mathilde ! Tu es toujours belle ! Rentrons à la maison !
Nous sommes dans la voiture. Mathilde est tellement heureuse de voir le paysage. Ça a été la même chose pour moi quand je suis revenue il y a deux semaines. Tout semble petit ici mais avec un grand choix de couleurs et on peut voir la campagne et surtout les vignes de chaque côté de la route. Dans l’autre pays il n’y a que des autoroutes avec des arbres gigantesques et gris de chaque côté qui cachent le paysage. Mathilde est heureuse des couleurs de sa chambre et elle n’arrête pas de dire : cool ! so cool !
J’ai préparé le dîner sur la terrasse : la friture de poissons avec l’aïoli. Quand Mathilde revient elle s’est changée : une chemise longue, légère et claire que je n’avais jamais vue.
- Où as-tu trouvé cette robe ?
- C’est Fred qui me l’a achetée quand il est allé voir sa mère pour Noël à Montego Bay.
- C’est où ?
- Une ville de son pays la Jamaïque.
- Tu as une photo de Fred ?
- Non. Mais je pense que je ne veux plus le voir. À chacun sa route !
- Je croyais que c’était le père de ton enfant ?
- L’un n’empêche pas l’autre ! Mais si je suis revenue ici c’est que l’histoire était finie ! Cette vie ne me plaisait plus. Sûr que c’est un bel homme, intelligent et tout et tout. Mais le monde de la musique quand on n’est pas musicien ce n’est pas pour moi. Dans la vie je ne veux pas être derrière et je veux décider quel chemin suivre.
- Et ton enfant n’aura pas de père !
- Il aura la couleur de sa peau et quand il sera grand s’il veut il pourra aller rendre visite à son père à New York ou à Montego Bay. Et peut-être que je trouverai un autre père pour lui, qui sait ? Et Rémy ?
- Il sera ici la semaine prochaine. Il est retraité et si tout se passe bien nous allons vivre ensemble ici et ailleurs...
- Est-ce que j’aurais la chance de rester ici quand vous serez ailleurs ?
- Pour le moment c’est la fête de la Saint Jean et une fête que je n’ai jamais vue : le Total Festum. Tu vas aller te reposer et on ira danser.
Le Conseil départemental de la Haute-Garonne et le CIRDÒC-Mediatèca Occitana se sont associés pour proposer une journée d'études sur l'Escòla deras Pireneas, l'école félibréenne du Comminges et du Couserans, dont le fonds est conservé aux Archives départementales de la Haute-Garonne, à l’antenne du Comminges.
Cette journée a eu lieu le 27 avril 2017 à Saint-Gaudens et a réuni plusieurs chercheurs ayant étudié l'Escòla deras Pireneas, apportant chacun un regard différent sur les activités et impacts de cette école.
Fondée en 1904 par Bernard Sarrieu, son principal animateur pendant ses trentes premières années d'existence, elle s'est donné pour objectifs la renaissance de la littérature gasconne, la défense et la connaissance des coutumes et usages locaux, la promotion de la langue, et plus largement la participation active et collective au mouvement de renaissance occitane par le biais du Félibrige.
Les différentes interventions se sont attachées à montrer les actions linguistiques, littéraires et culturelles de l'Escolo, les relations qu'elle entretenait avec les écoles félibréennes voisines, son influence tout au long de son histoire et son héritage actuel.
La journée s'est clôturée avec la présentation de l'exposition « L’Escòla deras Pireneas ou la renaissance d’oc dans les quatre vallées (Ariège, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Gers, Val d'Aran) », produite par l'association Nati Vati Toti Comengesi, la Maintenance de Gascogne-Haut Languedoc et le CIRDÒC.