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Conférence d'Aymeric Kurzawinski sur le patrimoine civil médiéval de Figeac
Kurzawinski, Aymeric

Texte de la visite conférence Patrimoine civil médiéval et cité marchande par Aymeric Kurzawinski, guide conférencier, donnée le 3 octobre 2021 dans la ville de Figeac à l'occasion du 14e colloque Histoire et Cultures en Languedoc.

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14e Rencontre du Patrimoine Historique : "Les seigneurs languedociens en Quercy"
Chapot-Blanquet, Maguy
Bernard, Pierre-Joan (19..-....)

Depuis 2008, l'association "Histoire et cultures en Languedoc" organise chaque année les Rencontres Internationales du Patrimoine Historique.

Avec le soutien de la Région Occitanie Pyrénées Méditerranée, du CIRDOC - Institut occitan de cultura, de la Société Archéologique de Montpellier, du Centre des monuments nationaux, de la ville de Clermont l'Hérault, de la ville de Figeac et de la ville de Prudhomat.

Découvrir l'association Histoire et cultures en Languedoc.

Les seigneurs languedociens en Quercy

Des châteaux et des hommes

Du Bas-Languedoc au Quercy, deux châteaux, celui de Clermont-Lodève et celui de Castelnau-Bretenoux, se dressent sur leur promontoire au carrefour des voies de communication. Pour Clermont, c’est le passage obligé des axes séculaires nord/sud et est/ouest.
Pour Castelnau-Bretenoux, sis sur un piton abrupt, c’est une « marche » entre le comté de Toulouse et le duché d’Aquitaine. Ces deux forteresses sont les témoins de pierre qui nous livrent la saga de leurs seigneurs qui, du XII° siècle au XVII° y ont inscrit leur propre histoire et en même temps celle du royaume. Au Moyen-Age, on les retrouve, peu ou prou, dans la croisade contre les Albigeois et la guerre de Cent ans. A la Renaissance, les guerres de Religion ne les épargnent pas, notamment pour Castelnau- Bretenoux.

Le château de Clermont-Lodève, endormi dans ses ruines, serait illisible en dépit des études antérieures d’historiens locaux tels Gaston Combarnous et, plus récemment, Philippe Huppé. En 2009, des fouilles archéologiques sont diligentées par la commune. Mais il faudra attendre 2019 pour qu’un récit tripartite archéologue, architecte et archiviste (cf. Patrimoine Sud 10/2019) nous livre son histoire. Un premier écueil : comment le dater, les pierres sont muettes. Il faudra avoir recours aux écrits. La ville de Clermont est mentionnée dans le cartulaire de Gellone en 1140 et, un peu plus tard, le terme de castrum. Le château sera mentionné en 1160-1161 dans une série de chartes figurant dans le cartulaire des Guilhem de Montpellier. En fait, cette mention signifie une tentative de main mise sur une cité jugée concurrente, qui échouera. Mais voilà, en 1182, Marie Navarre, soeur de Guilhem VIII et fille de Guilhem VII, épouse Aymeric II de Clermont. Cette alliance assure à Clermont l’indépendance du côté Montpelliérain.

Outre les liens de fratrie, Marie Navarre est la tante de Marie de Montpellier, héritière de la seigneurie et épouse de Pierre II, roi d’Aragon. Leur fils sera Jacques I° le Conquérant qui naitra à Montpellier. On assiste alors à une montée en puissance de Clermont. Cependant, de 1209 à 1229, la croisade contre les Albigeois décime le Languedoc. De cette guerre, les Clermont sortent affaiblis, comme d’autres. Le contexte est incertain. Bérenger IV accède au pouvoir en 1249 et, contrairement à son grand-père Aymeric II, il s’accommode autant que faire se peut de l’administration royale. Bérenger Guilhem IV est bâtisseur : il reconfigure totalement le château, entreprend un vaste chantier de fortifications urbaines. Tout cela coûte cher, les créanciers se pressent aux portes du château mais peu importe, la reconfiguration castrale est lancée. Tour à tour, le château de Clermont présente une architecture militaire datable de la seconde moitié du XIII° siècle. Notons que le château tourne le dos à la ville dans sa partie ostentatoire et mieux défendue, orienté vers le nord, là où se trouve la garnison royale en retrait de la vallée de l’Hérault. D’étape en étape, les transformations marquent une identité aristocratique par son ancrage dans le château ancestral. A l’apogée du XIIIe siècle va succéder une période de repli et c’est avec Tristan (1423-1441) que le château retrouvera son lustre.

Qui est Tristan ? Du nom de Barthélémy Guilhem est un cadet. En tant que tel, chevaleresque et intrépide, il s’attache à la personne de Jacques de Bourbon qu’il accompagne en Italie à la conquête du royaume de Naples. En remerciements de ses exploits, il reçoit la main de Catherine des Ursins des Baux et deviendra par son mariage seigneur de Copertino. Il reviendra à Clermont pour succéder à son frère défunt. Gloire et faste marqueront le château. Le lignage des Guilhem de Clermont s’éteint-il avec le flamboyant Tristan ? Pas sûr… et pour le savoir, il faudrait écouter la tour Tristan ou la tour Bourguine ...

Le château de Castelnau Bretenoux dans le Lot est une des forteresses médiévales les plus majestueuses de France. Ses barons étaient parmi les plus puissants du midi de la France. Ils se targuaient du titre de « seconds barons chrétiens du royaume ». Mais qui sait que son histoire est intimement liée à celle de Clermont l’Hérault ?

Sur les traces… des seigneurs languedociens en Quercy

Le territoire du Quercy fut au coeur des affrontements de la Guerre de Cent ans, occupé par les armées anglaises et pillé par les compagnies. C’est dans ce contexte troublé des XIVe-XVe siècles que plusieurs grandes familles nobles languedociennes se sont alliées à l’aristocratie locale fidèle au roi de France, y ont fait souche et y ont écrit un nouveau chapitre de leur histoire. Parmi elles, les Caylus, seigneurs d’Olargues, héritent en 1395 de la baronnie de Castelnau et prennent possession de l’invincible forteresse. Alliés par trois fois à des filles des Guilhem de Clermont-Lodève, les Caylus se fondent successivement dans les Castelnau et les Clermont pour ne former plus qu’un seul lignage. A partir de 1530, une même bannière flotte sur les châteaux de Clermont-Lodève et de Castelnau-Bretenoux. C’est ainsi que les Guilhem de Castelnau-Clermont devinrent une des familles les plus puissantes du royaume. Pour preuve, en 1541, le mariage princier de Gui de Castelnau-Clermont avec Louise de Bretagne-Avaugour, descendante des rois de France, cousine de la reine Anne de Bretagne et de la reine de Navarre Jeanne d’Albret. Louise de Bretagne est une figure les plus marquantes de l’histoire de Castelnau. Appelée Mme de Clermont, elle fut l’agent de Catherine de Médicis à la cour de Philippe II d’Espagne entre 1559 et 1561, et châtelaine de Castelnau jusqu’à sa mort vers 1608, elle fut la gardienne de ce bastion catholique durant les guerres de Religion. La lignée s’éteint en 1715, et marque l’abandon du château de Castelnau.

Sur les traces… des marchands cahorsins en Languedoc

Plus au sud, la cité de Figeac possède elle-aussi un patrimoine médiéval exceptionnel. Bâtie autour d’une ancienne abbaye bénédictine, elle abrite une riche architecture civile des XIIe-XIVe siècles, protégée aujourd’hui par un secteur sauvegardé. Elle témoigne de la prospérité des villes commerçantes du Quercy au Moyen-Age. Comment imaginer que cette belle endormie était une des places les plus actives du Royaume et que les marchands de Figeac avaient pignon sur rue à Montpellier ?

Entre le milieu du XIIe siècle et le milieu du XIVe siècle, les marchands cahorsins ont joué un rôle économique et financier majeur dans toute l’Europe, équivalent aux commerçants italiens, au point que Cahorsin était à l’époque synonyme d’usurier. Leur fortune s’illustre dans l’accession à la papauté de Jacques Duèze en 1316, le pape d’Avignon Jean XXII. Ce nom ne désigne pas seulement les marchands de Cahors, mais tout un groupe de banquiers et négociants originaires des villes du Quercy, et en premier lieu de Figeac. Ils s’établissent à Paris, en Flandres, en Angleterre, et tout particulièrement en Languedoc à Montpellier. Pensons au célèbre Raimond de Cahors, consul de Montpellier et banquier de Simon de Montfort durant la Croisade contre les Albigeois. Parmi les familles originaires de Figeac, les Conques de Montpellier sont les plus fameux. Arrivés à Montpellier à la fin du XIIe siècle, ils investissent dans le commerce maritime international, la frappe de monnaie et la colonisation de l’île de Majorque. Les panneaux en bois peints provenant de l’ancien hôtel de Conques sont visibles au Musée Languedocien et comptent parmi les plus belles pièces de la Société Archéologique de Montpellier.

Maguy Chapot-Blanquet, Docteur en sciences humaines

Pierre-Joan Bernard, Resp. Bibliothèque et publications, Archives Municipales de Montpellier

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Manuscrit cathare : le rituel occitan alpin conservé à Dublin

Manuscrit cathare rédigé en provençal au XIVe siècle et découvert en 1920 parmi une collection de textes vaudois par Mario Esposito ; il contient une présentation de "l'Église du Christ" et une glose sur le "Pater".

Vous trouverez le manuscrit numérisé ici

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Anglés e occitan, una analisi de Xavièr Bach
Bach, Xavièr

Ven de l’occitan lo mot « caddie » ? Quines son de vertat los manlèus de la lenga anglesa a la lenga occitana, e invèrsament ?

Per respondre a aquelas questions que se pausan sovent, lo linguïsta Xavièr Bach torna dins aquel article suls escambis operats long dels sègles entre las doas lengas.

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Videoguida : Fenolhedés : de Corbeil als Pirineus (lenga e sostítols en occitan)

L'istòria del Fenolhedés es estrechament ligada a la de las Corbièras, massís que l’engloba e que foguèt, tre l’Antiquitat, una sorsa d’interés politic e estrategic. Massís ancian, mens naut que Pirenèus, las Corbièras demòran pasmens una zòna de traversada malaisida, e constituisson atal un espaci d’importança dins tota estrategia de defensa. Tèrra de las Corbièras e de Lengadòc, Fenolhedés agacha çaquelà del costat de la plana de Rosselhon.

Aquesta videoguida d'animacion foguèt realizada en 2014 dins l'encastre del projècte e-Anem, finançat pel FEDER en Lengadòc-Rosselhon.

Version occitana sostitolada en occitan.

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Per jòia recomençar
Stenta, Michèle (1945-....)
Cronica radiofonica sus las valors belas e principis que caracterizan la societat occitana medievala. Animada per Miquèla Stenta e registrada per Ràdio Lenga d'Òc (Montpelhièr).
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Première séance des Jeux Floraux par Jean-Paul Laurens
Laurens, Jean-Paul (1838-1921)
Instauration des Jeux floraux à Toulouse le 3 mai 1324, peinture de Jean-Paul Laurens, Capitole de Toulouse (photo CIRDOC)

La première séance des jeux floraux
est une fresque picturale de Jean-Paul Laurens : cette œuvre fut commandée par la municipalité de Toulouse en 1900 et  fut mise en place au Capitole en décembre 1913.
Sur cette fresque, Arnaud Vidal, au centre sur une estrade, déclame le poème qui lui  a permis de remporter le prix lors de ces premiers Jeux Floraux. Près des remparts, la foule de dames et gentilshommes témoignent du succès de cette première édition datée du 3 mai 1324.
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Iconografía de las trobairitz más allá de su tiempo : la ruptura de un canon / Antonia Víñez Sánchez, Juan Sáez Durán
Víñez Sánchez, Antonia
Sáez Durán, Juan
Antonia Víñez Sánchez e Juan Sáez Durán (Universitat de Cadis) analisan la recepcion de las trobairitz a l'epòca modèrna a travèrs las representacions de tres d'entre elas – la Comtessa de Dia, Na Castelloza e Azalais de Porcairagas – dins un manuscrit conservat al CIRDÒC (còpia de cançonièr : Cançonièr Méry de Vic, dich « de Besièrs », ms. 13).
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Contràriament a las representacions medievalas de las trobairitz talas coma las podèm veire dins los cançonièrs del sègle XIII, lo manuscrit de l'epòca modèrna romp amb la tradicion de representacion de poètas importants en presentant un imatge inacostumat d'aquestas tres femnas trobadors.

L'article en espanhòl fa una sintèsi sus la recepcion de las trobairitz a l'epòca modèrna e prepausa una analisi iconografica dels tres dessenhs contenguts dins lo manuscrit del CIRDÒC.

Consultar l'article :

L'article es estat publicat dins : ARRIAGA FLÓREZ, Mercedes (dir.). Escritoras en torno al canon. Sevilla : Benilde edicions, 2017. 
Es consultable en linha sul site Dialnet, portal de ressorsas universitàrias de l'Universitat de La Rioja.
Consultar sus Dialnet.
 


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Ordinacions y bans del Comtat d'Empurias / Andreu Balaguer y Merino
Balaguer y Merino, Andreu
Edicion de las Ordinations y bans del Comtat d'Empurias, recaptador de tèxtes de la ciutat d'Empúries, pròche Geròna, per l'istorian e publicista catalan Andreu Balaguer i Merino (1848-1883). Foguèt presentada au segond concors biennal de la Revista de las lengas romanicas en 1878, apuèi publicada l'annada d'aprèp dins la revista, tanplan coma jos la fòrma d'un tirat a despart (Montpelhièr, Imprimerie centrale du Midi/Paris, Maisonneuve). Paginas manuscritas amb envelòpa emai espròva estampada mai corregida, de mantunas dimensions, religadas dins un volume amb de paginas verges.
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Actes du colloque Les comtes de Toulouse (XIe-XIIIe siècle) - 9e rencontre internationale du patrimoine historique
Histoire et cultures en Languedoc
Les 9èmes rencontres internationales du Patrimoine Historique ont été organisées du 16 au 18 octobre 2015 à Nébian. Depuis 2008, l'association "Histoire et cultures en Languedoc" organise chaque année les Rencontres Internationales du Patrimoine Historique, avec le soutien de la Région Languedoc-Roussillon, du CIRDÒC-Mediatèca occitana, de la Société Archéologique et du Musée Languedocien de Montpellier, et du Pays Cœur d'Hérault.

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Présentation des 9e rencontres

À l'heure du rapprochement des régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, le comité d'organisation de la 9e Rencontre Internationale du Patrimoine historique a choisi d'aborder cette année, les origines de ces deux régions par l'histoire des comtes de Toulouse.
Durant ces trois journées, nous verrons avec les intervenants comment ces comtes ont permis le développement des arts et la naissance d'un sentiment d'appartenance à un territoire qui deviendra ce nouveau Languedoc.
Sentiment qui persiste aujourd'hui et qui persistera demain.

Jean-Louis Lacroix
Président de l'association Histoire et Cultures en Languedoc

Le mécénat des comtes de Toulouse

Si on peut s’interroger sur la présence d’un état toulousain au XII° siècle, on ne peut nier l’existence d’une entité territoriale dont la culture est le fondement. Le mécénat des Comtes de Toulouse appuie une politique de rayonnement et de prestige dont les troubadours sont au centre du dispositif.

Les musiciens poètes rimeront 200 ans la vie intellectuelle avec « saber » et « coneissença ». Les Comtes de Toulouse attirent à leur cour les plus grands : Marcabru, Jaufré Rudel, etc.

Ce phénomène crée une rivalité politique entre Toulouse et les grandes maisons voisines : Duc d’Aquitaine, roi d’Angleterre, comtes de Barcelone, rois d’Aragon, car, tous, veulent rivaliser en excellence. C’est un enjeu culturel mais, avant tout, politique. Peu à peu, Toulouse apparait comme un véritable centre culturel face aux autres villes comtales. C’est la capitale languedocienne de la culture.

Cette société culturelle qui gravite autour du prince forme un ensemble hétérogène socialement et géographiquement. On y voit princes et comtes participer aux débats poétiques mais aussi les troubadours se mêler aux débats politiques. C’est ainsi qu’avec la guerre lancée contre les albigeois naitra « la chanson de la croisade ». Cette « canso » ne sera pas seulement une geste répondant à un processus littéraire de composition mais bien une chanson de partisans, dira Benjamin Assié, où, pour la première fois, se soudera une entité territoriale qu’on retrouvera dans la croix occitane.

On passera du symbole féodal au symbole fort d’un territoire.
Le trobar n’est pas le seul fer de lance du mécénat des Raimondins. Le XII° siècle est une époque prospère qui bénéficie d’un enrichissement lié au va et vient en Orient et aux échanges avec le monde ibérique.

C’est la période des grands chantiers où les ateliers d’Arles, de Moissac, de Toulouse tournent à plein régime. De passage à Toulouse, le voyageur Emile Mâle, cité par Alem Sure Garcia dans son livre « clochers et minarets » écrira : « De loin, l’église ressemblait à une forteresse. J’y entrais et je sentis que j’entrais dans une autre France. C’était une nef unique, sans pilier, sans bas-côté, une grande salle voutée sur croisées d’ogive…. C’était l’art du midi que je rencontrais en venant du nord. Un autre génie s’y manifestait. »

Cette nef raimondine que le voyageur admirait dans la cathédrale Saint-Etienne sera le prototype de l’art gothique occitan. Sa clé de voute porte la croix occitane aux 12 perles, symbole du pouvoir des Comtes.

Le Grand Languedoc, Mythe ou Réalité ?

De la Garonne au Rhône, telle était l’ambition de Raimond IV et de ses successeurs, pour asseoir la dynastie Raimondine. Ce large horizon ne cache pas la fragilité d’un ensemble qui manque d’unité politique.

Depuis le XI° siècle, la Grande Guerre Méridionale (1080-1194) a mis en évidence la faiblesse du pouvoir comtal. Des vicomtes ont progressivement constitué des territoires indépendants et n’hésitent pas à faire allégeance au comte de Barcelone, au roi d’Aragon ou au duc d’Aquitaine. Le départ de Raimond IV pour la croisade accentue ce phénomène de dislocation des principautés vassales. Il faudra attendre l’arrivée de Raimond V au pouvoir pour repositionner le Grand Languedoc dans l’escarcelle Raimondine.

Cependant, on assiste à une mutation du droit féodal. Les seigneurs prennent de plus en plus de distance envers les liens de féodo-vassalité. Face aux deux volontés hégémoniques que portent Toulouse et Barcelone, leur choix politique sera opportuniste au service de leurs ambitions.

Pour les Raimondins, il importe donc de neutraliser ce jeu de « bascule ». Leur politique s’appuie sur l’activité diplomatique, les alliances matrimoniales et, en dernier ressort, la guerre. Les comtes de Toulouse poursuivent deux objectifs : étendre leur domination en reprenant dans leur giron les vicomtés rebelles tout en poursuivant leur extension territoriale et affirmer la volonté d’une politique méditerranéenne qui se heurtera à Barcelone.

Au cours de ce long conflit, une césure marque la politique non alignée des Trencavel, mais aussi des Guilhem de Montpellier qui, par leur réseau d’alliances, leur parentèle et leur rapport bienveillant avec les Papes, seront un handicap certain à l’édification du grand comté voulu par les Raimondins.
On peut s’interroger sur la gouvernance d’un territoire écartelé, en conflit constant, avec une cour en perpétuel mouvement dans le long cortège d’une capitale à l’autre, de Saint Gilles à Toulouse. Pour pallier ce handicap et consolider leur autorité, les dynastes développent et mettent en place des structures administratives, sénéchaussées en Toulousain et Agenais par exemple. Puis, au sein des possessions, bailes et viguiers assurent l’ordre. Les chancelleries sont dotées de personnels compétents.
L’époque est prospère, les villes se développent et, face à cette émergence, les comtes appuient la mise en place de consulats, donnant aux villes une certaine autonomie dans la gestion de leurs affaires. La présence Raimondine est alors avérée sur les deux grands axes économiques du Rhône et de la Garonne, mais, présence et domination constituent-elles un état ? L’identité territoriale sera plus tardive.

Il faudra attendre la création des Etats du Languedoc par Charles VII pour que de l’entité territoriale émerge une identité propre à ce vaste territoire. Ce fut le rêve non abouti des Raimondins.

Maguy Chapot-Blanquet
Docteur en Sciences Humaines

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