Tardiu, Joan-Pèire
« Las mans liuras / Les mains vides offrent une nouvelle ouverture à l’horizon de la parole, une invitation à l’explorer dans son étendue nécessaire à l’envers. Répondre de ses lectures et relectures, demande un temps pour une réponse inévitablement subjective, dérivant parfois sur des détails, disant la respiration et le frémissement. Quelques fragments, éclats et bribes, le regardent, démons familiers surgissant du tableau, reflets vifs, traces intimes, mordant à la main et au dos de l’oeil. Les mains vides laissent place, aire, airial et chemins à toute lecture et interprétation. La rencontre trouve lieu, nulle fermeture ne la contraint, elle va son rythme mesuré. D’un instant à l’autre, nulle précipitation n’entrave le souffle long, ni le souffle coupé. Les haltes et les pauses marquent le battement du silence, du temps pour le rêve, pour le soupir. Impossible de saisir le sable de la lumière et du vent. À le serrer, il coule, il s’échappe. Tout au plus est-il imaginable d’en retenir la douceur, d’en absorber, d’en distiller le souvenir déjà perdu. Le dépouillement, la sobriété martèlent une approche sans relâche, sans concession, du réel. Ce qui fait trou entre les mots, entre les langues, attache à l’écriture l’insaisissable reste. » Isabelle Rebreyend.