Entrevista amb Pèire Brun a l'occasion de la difusion del documentari Fecas e Godilhs consacrat als rites de carnaval dins la nauta valada de l'Aude (Carnaval de Limós e comunas a l'entorn), lo 15/11/2012 al CIRDOC. Entrevista realizada per Bruno Cecillon de Radio Lenga d'Òc.
Le pilou (pilo en occitan) est un sport né dans les années 1940 à Nice. Ce jeu est toujours pratiqué en territoire occitan et plus particulièrement dans la région niçoise.
Le pilou est un jeu d'adresse et d'endurance. Il consiste à lancer en l'air un volant, constitué à l'origine d'une pièce de monnaie trouée dans laquelle on a fait passer un bout de papier, puis de le rattraper et jongler avec différentes parties du corps à l'exception des mains, des épaules et des bras.
Ce jeu semble s'être inspiré de jeux beaucoup plus anciens et exotiques. Il ressemble en effet énormément au jeu du Tlachtli pratiqué autour de l'an 900 au Mexique. Il s'apparente également à des jeux de volants asiatiques comme le sloupi chinois ou encore le foot-bag américain.
Le pilou, lui, semble être né dans les rues du vieux Nice aux alentours de 1942. Son nom proviendrait de l'expression pile ou...face car les pièces de monnaie de 25 centimes, en zinc et percées au milieu, tout juste retirées de la circulation furent les premières et seules utilisées durant de nombreuses années.
Certains attribuent d'ailleurs la création de ce jeu à la soudaine démonétisation de ces pièces qui aurait poussé les enfants à récupérer ces pièces de monnaie privées de toute valeur et à leur trouver une utilité. La pratique du pilou s'est vite démocratisée dans les rues de Nice pour gagner toute la région avoisinante mais il apparaît que le jeu n'est pas trop sorti de ses frontières pour irriguer tout le territoire occitan.
La vogue de ce jeu est pourtant telle dans les années 1950 que même Hitchcock, lors du tournage de « La main au collet » (1955) dans les rues de Nice, insère une scène où l'on voit un conducteur se divertir en jouant au pilou.
La pratique du pilou s'est un peu émoussée à partir des années 1960 mais un renouveau a vu le jour au milieu des années 1980 avec l'organisation d'un premier championnat mondial organisé le 14/07/1987 à Coaraze. Ce championnat se déroule désormais tous les ans et a contribué à la popularité du pilou à tel point que des terrains ont pu être créés, notamment au sein de l'université de Nice où le jeu est encore pratiqué par les étudiants. En atteste l'interdiction de le pratiquer sur les pelouses fixée par le règlement intérieur de l'université.
A l'origine, le pilo était constitué d'une pièce de monnaie de 25 centimes dans laquelle on faisait passer un bout de papier, soit du papier de boulanger ou encore les papiers d'emballage des oranges. Tous deux avaient l'avantage d'être suffisamment solides et fins pour résister à de nombreuses passes sans alourdir le volant.
Aujourd'hui, on utilise toujours les pièces de 25 centimes que l'on arrive à trouver encore aisément et à prix modique chez les collectionneurs de monnaie. Elle peut être remplacée par un morceau de métal de poids et taille équivalents. Le morceau de papier a, lui, de plus en plus tendance à être remplacé par des morceaux de plastique découpés dans les poches de supermarchés, que l'on brûle légèrement au niveau de la pièce de métal pour l'y faire adhérer.
Le pilou peut se jouer seul ou à plusieurs joueurs. Plusieurs règles et jeux sont en vigueur aujourd'hui.
Le Solitaire
Ce jeu consiste à faire autant de jongles que possible avec le pilou sans le faire tomber en utilisant les pieds, genoux, la poitrine ou la tête.
La Passe
Ce jeu se joue à deux joueurs ou plus. Son but est de se passer le pilou sans que celui-ci tombe à terre. Les joueurs ont la possibilité de jongler avec le volant au passage. Pilou-but Deux équipes se passent le pilou avant de tenter de l'envoyer dans un but de handball protégé par un gardien (qui a le droit d'utiliser ses mains). Les contacts directs entre joueurs sont proscrits.
Tennis-pilou
Ce jeu se joue à deux équipes sur un terrain composé de deux espaces de 4m sur 4 séparés par un filet d'1 mètre de haut environ. Le but de ce jeu est de faire tomber le pilou dans le camp adverse. Les joueurs d'une même équipe peuvent se faire autant de passes qu'ils le souhaitent à condition que le pilou ne tombe pas dans leur propre camp, dans ce cas le point revient à l'équipe adverse. La partie se joue en 21 points.
Le pilou « véritable »
Ce jeu se pratique sur un terrain séparé par une ligne de 2 à 3 m. avec, de chaque côté, tracé à environ deux pas, deux cercles d'un mètre de diamètre environ. Les joueurs, disposés de chaque côté de la ligne, doivent tenter d'envoyer le pilou dans le cercle de leur adversaire. Après chaque but marqué, les joueurs changent de camp. La partie se joue en 10 points. Le premier joueur envoie le pilou à son adversaire. Ce dernier peut jongler et se déplacer avec le pilou autant qu'il le souhaite mais ne peut pénétrer dans le camp adverse. Il peut tirer quand il le souhaite pour tenter de mettre le pilou dans le cercle de son adversaire. L'autre joueur défend son camp et peut récupérer le pilou et tirer à son tour. Dès que le pilou touche terre, il doit être servi sur son adversaire. Toute faute commise donne lieu à un tir de pénalité : le joueur en faute doit se placer derrière son cercle à défendre pendant que son adversaire se place au niveau de la ligne médiane et lance le pilou qu'il aura par avance placé en équilibre sur son pied.
Sites Internet sur la pratique du Pilou : http://sitedepilou.free.fr/ et http://www.avantipilo.com/
Vidéo sur la pratique du Pilou : http://www.youtube.com/watch?v=MDmnBulDN4Q&feature=player_embedd&noredirect=1
André Giordan, Et vive le pilou ! - E viva lo pilo, Nice : Serre Editeur, cop. 2003. Cote CIRDOC : 790.1 GIOR
Le jeu de la Balle au Tambourin est un sport de balle collectif, impliquant deux équipes de cinq joueurs.
Ce sport est fondé sur l'échange de balles d'un côté et de l'autre d'un terrain de 80 mètres de longueur sur 20 mètres de largeur, séparé par une ligne médiane tracée au sol, la « Basse ».
Les joueurs sont équipés de tambourins, cercles de bois tendus à l'origine de peau de chèvre, aujourd'hui de tissu synthétique. Le battoir, composé d'un tambourin de plus petit diamètre et d'un manche en bois d'alisier ou de micocoulier, sert lui, à mettre la balle en jeu. Les balles de tambourin sont, elles des balles de caoutchouc d'un diamètre réglementaire de 61 mm.
La balle, « bonne », engagée grâce au battoir, a volé et au premier bond, doit obligatoirement être envoyée dans le camp adverse.
L’histoire de ce sport est directement liée à celle des Jeux de Paume existant depuis l'Antiquité et plus tardivement, du jeu de longue Paume, en vogue dans le Sud de la France au XVI° siècle.
Un jeu aux règles similaires existe encore actuellement en Italie : le Tamburello.
On trouve des traces d’un jeu de paume aux règles similaires dans la Grèce antique : la phaeninda. Adopté par les Romains, le jeu de paume a ensuite pénétré le territoire gaulois. Il devient très populaire au Moyen-Age, particulièrement chez les élites. En 1245, Pierre de Colimen, archevêque de Rouen, est d'ailleurs obligé d'interdire la pratique du jeu de paume aux prêtres de sa province, qui adoptaient une tenue souvent débraillée sur les terrains de jeu. C'est vers le XV° siècle que le tambourin aurait été introduit comme battoir. Le jeu de paume subsiste dans les villes et villages jusqu'à la Révolution Française où il est petit à petit abandonné par les élites.
Bien que nous ayons vu que le Jeu de Paume, ancêtre direct du Jeu du Tambourin, a des origines et des versions multiples, allant des territoires italiens jusqu'à l'évêché de Rouen, le jeu du Tambourin a indéniablement une origine languedocienne. En effet, pratiqué dans sa forme actuelle depuis les années 1860, le Jeu du Tambornet est l'héritier de racines occitanes, notamment visible par sa terminologie.
C'est en effet, encore aujourd'hui tout un vocabulaire occitan qui est utilisé pour désigner les différentes phases du jeu, instruments et parties de terrain.
Alandar : faire voler la balle très haut.
Aquet : moitié du terrain qui fait face à la batterie.
Aquetar : reprendre la balle venue du battoir.
Arescle : cercle de lamelles concentriques en bois de mûrier qui constitue l'armature sur laquelle est tendue et clouée la peau parcheminée.
Aterrar : faire courir la balle sur le sol.
Bassa : ligne médiane des cinquante mètres ; se dit aussi d'une balle qui, à la mise en jeu par le batteur ne franchit pas cette ligne.
Bateure : battoir; batteur.
Ceuclar : se dit d'une balle qui dévie dans sa course en décrivant une courbe sur un plan horizontal
Clavels : clous: les clous de fer, fines pointes ; les clous de cuivre à tête large et arrondie servant à fixer les lanières de cuir de couleur.
Clausa : se dit d'une balle qui franchit la ligne de fond adverse; se dit aussi de cette ligne.
Corda : ligne des joueurs d'avant. Ils sont trois.
Cordiers : joueurs d'avant. Celui du milieu porte le nom de tiers.
Crosar : jouer en diagonale.
Dalhar : littéralement « faucher » se dit du joueur qui, par un geste de faucheur, envoie la balle en faute du côté opposé à la main qui joue.
Desclavetat : se dit du tambourin dont la peau cesse d'être tendue par le relâchement des clous ou déchirure des bords de la peau.
Detibat : détendu, se dit d'une peau insuffisamment tendue ou détendue par l'humidité de l'atmosphère
Fanabregon : micocoulier ou alisier sont les arbustes qui fournissent les manches légèrement flexibles des battoirs.
Freta : nom de la muraille qui fermait un des grands côtés du terrain et dont l'action sur les balles était admise à une certaine époque.
Jaça : emplacement marquant l'arrêt d'une balle après son premier bond ; ou son point de sortie du jeu, quand elle ne peut plus être rejouée.
Joc : jeu, nom du terrain; du jeu dans son ensemble. C'est aussi le cri du batteur lorsque, après les balles d'essai auxquelles il a droit, il annonce que la balle qu'il va lancer comptera pour la partie.
Marca : bâton de couleur servant à indiquer l'emplacement d'une jaça.
Marcaire : marqueur, celui qui jalonne les jaçes ou chasses
Pauma : balle
Pelh : désigne ici la peau de chèvre parcheminée
Riban : lanières de cuir rouge, vertes ou bleues servant à cacher les bords de la peau et ornementer le tambourin.
Tambornet : désigne à la fois l'instrument de jeu et le sport qu'il désigne
Max Rouquette, écrivain occitan et membre fondateur de l'Institut d'Etudes Occitanes est l'artisan du renouveau du Jeu du tambourin en Languedoc. Pratiquant ce sport depuis son plus jeune âge et contrarié de voir d'autres sports gagner du terrain en territoire occitan au détriment des sports traditionnels avec en premier plan le tambornet, il décida de tout mettre en oeuvre pour assurer la renaissance et la popularisation du Jeu du Tambourin.
En novembre 1922, une première fédération de jeu de tambourin avait été créée par des personnalités de la bourgeoisie montpelliéraine, proches du félibrige. A sa création, cette fédération comportait d'ailleurs comme membres André Pagès, Hyppolite Arnaud et Adrien Fédières tous trois félibres. Ils ont d'ailleurs rédigé des chants et poèmes consacrés à ce sport. Mais cette première fédération ne résiste pas à la véritable crise et désaffection qui secoue la pratique du Jeu du Tambourin dans les années 1930.
C'est en 1938 qu'à l''initiative de Max Rouquette, la Fédération Française du Jeu de Tambourin naîtra et se chargera de mener une véritable propagande pour valoriser la pratique de ce sport traditionnel occitan. Ces actions de valorisation passeront par la publication d'articles dans la presse locale, l'organisation de grands concours, l'établissement de règlements, le rapprochement avec les ligues de Tamburello italiennes et enfin, la reconnaissance du tambornet comme sport par les autorités centrales françaises.
De nos jours, ce sport se pratique toujours, surtout dans un espace allant de l’Hérault aux Bouches-du-Rhône, il fait d’ailleurs l’objet d’un championnat de France et même d’Europe. La Fédération française de jeu de balle au tambourin est encore active à ce jour (http://www.ffsport-tambourin.fr/index.php). Depuis 1983, le Tambornet est également intégré au Collège National Olympique et Sportif Français.
Site de la Fédération Française de Jeu de Balle au Tambourin : http://ffsport-tambourin.fr/
Max Rouquette, Le jeu de la balle au Tambourin, Toulouse : Institut d'études occitanes, Paris : Librairie Maisonneuve, 1948.
Max Rouquette, Le Livre du Tambourin : un grand sport international en plein essor, Montpellier : CRDP, 1986.
Robert Souchon, Max Rouquette et le Tambourin, IN Les Cahiers Max Rouquette, n°2, mai 2008.
Christian Guiraud, Espaces sportifs et usages sociaux : étude comparative de l'implantation du rugby et du jeu de balle au tambourin dans le département de l'Hérault, Paris : Institut National du Sport et de l'Education Physique, 1985.
Charles Camberoque, Le jeu de la Balle au Tambourin, photographies de Ch. Camberoque, préface de Max Rouquette, Gignac : Bibliothèque 42, 1998.
Composé au moment de la croisade en Languedoc ou croisade contre les hérétiques albigeois (1208-1229), le poème de la Canso représente le seul récit des événements relatés du point de vue languedocien et dans la langue vernaculaire.
Redécouvert au XVIIIe siècle puis par les premiers romanistes du début du XIXe siècle, ce texte joua un rôle important dans l'avènement de la renaissance d'oc ou l'éveil d'une conscience "occitane", à l'instar de Frédéric Mistral qui le considérait comme "la Bible de notre nationalité".
L'oeuvre telle que nous la connaissons par le manuscrit fr. 25425 de la BNF, les deux fragments et la version en prose, ne comporte aucun élément de titre, en raison sans doute de l'absence de véritable incipit (L'incipit "Aiso es la cansos de la crozada contr els ereges d'Albeges" est une invention de l'édition Fauriel de 1837) ni d'explicit.
Sa dénomination a connu de nombreuses variations :
- La guerre des albigeois, en vers provençaux (1783, Guillaume de Bure)
- Histoire de la croisade contre les hérétiques albigeois (1837, Claude Fauriel)
- Chronique des albigeois (1838, François-Just-Marie Raynouard)
- Aiso es la cansos de la crozada contr els Eretges d'Albeges (1841, Du Mège, Histoire générale de Languedoc, Tome IV, d'après l'incipit inventé de l'édition Fauriel)
- Poème de la croisade contre les Albigeois (1861, G. Guibal)
- Chanson de la croisade albigeoise (1931, Eugène Martin-Chabot)
- Cançon de la crosada (Titre en occitan moderne normalisé : 1963, Robert Lafont ; 1972, Charles Camproux)
- Canso de la Crozada (Titre en ancien occitan, forme internationale retenue par l'IFLA pour l'indexation bibliographique, 2004).
Le manuscrit fr. 25425 de la Bibliothèque nationale de France est le seul témoin intégral conservé du poème, ou chanson, de la Croisade. On connait également deux fragments dont l'un est aujourd'hui perdu et trois copies d'une version en prose réalisée au XVe siècle sur un manuscrit différent du fr 25425.
Description : manuscrit sur parchemin de 169 feuillets reliés.
Dimensions : 245 x 180 mm
Reliure : reliure maroquin bleu, tranches peintes. Il contient 13 dessins à la plume, considérés comme des esquisses à des enluminures inachevées. Ces dessins ont très souvent été reproduits car ils représentent une des rares représentations iconographiques à peu près contemporaines de la croisade.
À la page 70, le manuscrit contient une signature d'atelier ou de copiste : "Pons escriba""- vers 1336, "Jorda Capella" (prêtre ou chapelain du nom de Jordan ?), d'après une note manuscrite à la fin du manuscrit : "Jorda Capella deu sus aquest romans XV. tornes d'argentz bos quel prestem a VI. de fevrier M.CCC.XXXVI."
La manuscrit avait donc été engagé par un certain Jordan pour la somme de XV gros tournois.
Cette somme était "relativement élevée" selon Paul Meyer, bien qu'il ait traduit "tornes d'argentz" par "livres tournois", ce qui représenterait une valeur considérable ; en 1931, Eugène Martin-Chabot a rectifié la traduction par "quinze gros tournois", somme déjà significative.
- XVIIe siècle : Collection du cardinal Mazarin [donnée incertaine : référence manquante]
- Début du XVIIIe siècle : Collection de Pierre-Paul Bombarde de Beaulieu (1698-1783), conseiller au Grand Conseil de Louis XV, d'après Jean-Baptiste de La Curne de Sainte-Palaye qui cite plusieurs passages du manuscrit de la Canso ("Manuscrit de M. de Bombarde") dans ses Mémoires sur l'ancienne chevalerie (1759).
La copie que La Curne de Sainte-Palaye avait fait réaliser du manuscrit de la Canso, annotée et corrigée de sa main, est aujourd'hui conservée à la Bibliothèque de l'Arsenal (Ms. 3321) et suivi d'une "Table générale des noms de lieux de ce même manuscrit" et d'une "Table générale des noms propres du même manuscrit".
- Deuxième moitié du XVIIIe siècle : Collection du duc de la Vallière, d'après le catalogue dressé par Guillaume de Bure en 1783.
Guillaume de Bure, Catalogue des livres de la Bibliothèque de feu M. le duc de La Vallière, Première partie..., tome second, 1783 ; n° 2708 (p. 168-170) : « Manuscrit infiniment précieux, rare et curieux. Il est du XIVe siècle, écrit en lettres de forme, à longues lignes, et il contient 120 feuillets, dont 13 sont ornés de figures dessinées au simple trait. » (p. 168)
- Après 1783 : Bibliothèque du roi puis nationale (N° 190 du fonds La Vallière, puis Ms. français 25425, cote actuelle)
Le philologue romaniste F.-J.-M. Raynouard possédait un fragment d'une autre copie de La Canso "d'une écriture assez moderne" [Lexique roman, t. I, p. 226], perdu depuis son décès.
Ce fragment, publié par Raynouard, contenait d'importantes variantes, notamment des indications biographiques sur Guillaume de Tudèle, auteur de la première partie du poème, et ses liens avec le comte Baudoin, frère du comte de Toulouse Raimon VI.
Ce fragment a également été présenté et utilisé par Raynouard dans son Lexique roman. Il est tiré d'une histoire manuscrite du Quercy, Les Esbats sur le pays de Quercy de Guyon de Maleville, sieur de Casals (ou Cazals), qui écrivait vers 1600.
Il s'agit de 38 vers rapportés par Guyon de Maleville ayant essentiellement trait à la condamnation prononcée au concile d'Arles. Ces vers présentent des variantes par rapport au manuscrit fr. 25425 de la BNF.
Document original : "Seconde partie des esbats de Maleville sur le pays de Quercy audit pays", 321 f.. BM de Grenoble, ms. n° 1158.
Copie : La Bibliothèque municipale de Cahors possède une copie des Esbats sur le pays de Quercy de Guyon de Maleville, réalisée en 1806 (BM Cahors, Ms n° 1)
Edition : Esbats de Guyon de Maleville sur le pays de Quercy..., Publication de la Société des études littéraires, scientifiques et artistiques du Lot, Cahors, F. Delpérier, 1900 (588 p.)
Le poème a été mis en prose au XVe siècle à partir d'un manuscrit différent du fr 25425.
Cette version en prose est connue par trois copies du XVIe siècle : BNF, français 4975 / Bibliothèque de Carpentras, Collection Peiresc / Bibliothèque municipale de Toulouse, ms 608.
"Cette sorte de traduction, écrite d'un style lourd et pédantesque, et qu'on a pu, non sans vraisemblance, regarder comme l'oeuvre de quelque jurisconsulte inconnu, est loin d'être la représentation fidèle de l'original.
L'auteur ne visait évidemment en aucune manière à faire oeuvre de traducteur exact et consciencieux : son but n'était autre, selon toute vraisemblance, que de rédiger à peu de frais un livre d'histoire pour ses contemporains. (...)
Cette version en prose paraît avoir joui d'un certain succès. Elle est devenue, en l'absence du poème qui n'était guère connu avant la publication de Fauriel, l'une des principales sources de l'histoire de la croisade albigeoise.
Chassanion, Mar-Antoine Dominici, le président Catel, Pierre de Marca, Vaissète, pour ne parler que des anciens, en ont fait usage." (Paul Meyer, La chanson de la croisade..., t. I, Introduction).
La Canso de la Crozada est un poème épique qui relate la croisade contre « les Albigeois » ou « hérétiques cathares » qui a eu pour conséquence le rattachement du comté de Toulouse au domaine du roi de France.
La Canso commence sur l'appel du pape Innocent III (1208). Le récit se termine, onze ans plus tard, par le siège raté de Toulouse par le fils du roi de France Philippe-Auguste, futur roi Louis VIII, « victoire toulousaine que le poète ne savait pas éphémère » (Henri Gougaud, 1984).
La croisade se termine en réalité le jeudi saint 12 avril 1229 à Paris, où le comte de Toulouse Raimon VII se soumet à l'Église et consent à terme au rattachement du Languedoc à la France.
Cette longue chanson épique, contemporaine des événements, a été composée en occitan et en vers alexandrins, par deux auteurs successifs.
Le premier, Guilhem de Tudèle, clerc navarrais établi à Montauban puis à Bruniquel, est partisan du camp des croisés. Son récit en 131 laisses (2772 vers) s'arrête à la veille de la bataille de Muret (1213), événement décisif.
Un continuateur anonyme, au style et aux intentions très différents reprend le récit où Tudèle l'avait laissé. En 83 laisses (6810 vers suivants), il relate la suite des événements jusqu'au siège de Toulouse, éphémère victoire du camp toulousain.
Le nombre de vers attribué à chacun des auteurs a donné lieu à débat. Jusqu'à Fauriel, les observateurs du manuscrits n'ont pas distingué les deux parties de l'oeuvre et l'attribuent à un seul auteur. Il faut attendre la thèse de Georges Guibal et l'étude de Paul Meyer pour dinstinguer clairement deux parties à la langue, au style et aux partis pris très différents. Enfin, en 1931, Eugène Martin-Chabot établit une version de référence du texte occitan et rectifie les parties attribuées à chaque auteur. Il regroupe les laisses en chapitres et forge des titres pour chacun d'eux, facilitant le repérage dans l'oeuvre.
Le texte du continuateur anonyme est souvent considéré de meilleure qualité linguistique et littéraire. Surtout, le texte de l'Anonyme est la seule source contemporaine de la croisade partisane du camp toulousain au point d'être reçu à l'époque contemporaine comme un texte de "résistance", ou "patriotique" avant l'heure.
- Claude FAURIEL, Histoire de la Croisade contre les hérétiques albigeois, écrite en vers provençaux par un poète contemporain, traduite et publiée par M. C. Fauriel, Paris, Imprimerie royale, 1837. Consulter en ligne [1].
- Paul MEYER, La chanson de la Croisade contre les albigeois, commencée par Guillaume de Tudèle et continuée par un poète anonyme, éditée et traduite pour la Société de l'Histoire de France, par Paul Meyer, Paris, Renouard, Henri Loones, 1875-1879, 2 tomes. Consulter en ligne [2]
- Eugène Martin-Chabot, La chanson de la croisade albigeoise, éditée et traduite du provençal, par Eugène Martin-Chabot, Paris, Champion, 1931.
- GOUGAUD, Henri, La Chanson de la Croisade albigeoise, traduction nouvelle par Henri Gougaud, BERG International, 1984
- Grandes pages de "La Canso" : 1208-1219 / Guilhem de Tudèle et l'Anonyme ; texte original occitan établi par Eugène Martin-Chabot ; trad. française, annotation et prés. Anne Brenon ; trad. anglaise Janet Shirley ; trad. musicale Christian Salès, Paratge suite symphonique ; photos Jean-Louis Gasc, Argeliers : éditions Christian Salès, 2012.
C'est la seconde partie de l'oeuvre, celle composée par le continuateur anonyme, qui fait depuis le XIXe siècle le succès de la Canso. Véritable "partisan" du camp toulousain, il introduit dans son texte des valeurs morales qui donnent à l'affrontement entre les croisés et le camp toulousains (partisans du comte de Toulouse) l'image très littéraire d'un combat de résistance du Bien contre le Mal :
"D'un côté se trouvent Paratge, la noblesse d'âme, le sentiment de l'honneur, les vertus d'un cœur généreux, inséparable de Pretz, le mérite personnel, qu'accompagnent le bon droit, Dreitz, la justice de la cause, Dreitura, la loyauté, Lialtatz. De l'autre, l'orgueil, Orgolhs, l'esprit de démesure, Desmesura, la fourberie, Engans, la mauvaise foi, Falhimens. Les premiers symboles s'appliquent naturellement à Raimond VI et à son fils, le jeune comte, les autres à Simon de Montfort et à ses partisans. C'est aussi le combat de la Croix et du Lion. Le poème est écrit à la gloire de Toulouse et de la maison comtale. Son héros est le futur Raimond VII, « le vaillant jeune comte dirige les combats », en lui « réside toute valeur », il « relève Paratge et abat les orgueilleux », il « redonne éclat et splendeur à ceux qui ont été ou sont spoliés. » (Dossat, Cahiers de Fanjeaux, 1969) Redécouvert au XIXe siècle dans un contexte d'éveil.
"Si nous étions réduits, pour étudier la croisade, aux sources latines, actes et chroniques, nous serions bien mal informés. Beaucoup de faits, principalement de ceux qui se produisirent du côté des méridionaux, nous resteraient cachés. Des nombreux alliés du comte de Toulouse, nous connaîtrions à peine quelques-uns, et par-dessus tout nous ne saurions rien du sentiment avec lequel les populations méridionales, Toulouse notamment, se mirent à la résistance, lorsqu'il devint clair que la croisade ne tenait à rien de moins qu'à remplacer les familles seigneuriales du Midi par quelques ambitieux venus de France. Sur tout cela Pierre de Vaux-Cernai ne sait à peu près rien et Guillaume de Puylaurens n'offre que quelques notions accidentelles et fragmentaires. La principale source d'information est le poème de la croisade." Paul Meyer, Introduction
Voir Guibal 1861
« La Chanson de la croisade est pour nous, gens d'Occitanie, l'histoire de nos malheurs ; elle est notre épopée ; chaque ligne de ce poème semble écrite avec le sang de nos aïeux. » Joseph Salvat, recension de "Eugène Martin-Chabot. - La Chanson de la croisade albigeoise, éditée et traduite du porvençal. Tome I : la Chanson de Guillaume de Tudèle..." dans "Bulletin critique", Revue d'histoire de l'Eglise de France, vol. 19, n° 83, 1933
A la différences des Chroniques de la croisade, projet historiographique, la Canso est une oeuvre de littérature, surtout pour sa deuxième partie composée par l'Anonyme, comme le souligne Paul Meyer qui n'en défend pas moins son intérêt historique, à propos de la relation que fait l'auteur du concile de Latran, très différente des Actes officiels du concile :
"Fauriel a eu tort de comparer les actes du concile avec le récit toulousain. Les actes du concile sont des décisions, non pas un procès-verbal des séances. (...) Il n'est pas possible de souhaiter une confirmation plus décisive du rôle que le poète assigne au pape, rôle où, je le répète, tout est un peu grossi et mis en accord avec la conception générale de l'œuvre, qui appartient à l'histoire populaire et ne peut tenir compte des nuances délicates. En somme, tout ce que nous pouvons contrôler, dans le récit du poème, paraît avoir toute l'exactitude qu'on peut attendre d'un écrit composé à une époque où ne régnaient pas les habitudes scientifiques de notre temps. Quand on a fait la part de la forme poétique employée par l'auteur, étant bien assuré que le comte de Foix ni surtout le pape n'ont parlé en vers provençaux, on se trouve en présence d'un document historique aussi valable que n'importe quelle chronique d'événements contemporains."
Plus récemment, l'écrivain et conteur Henri Gougaud réalisait une nouvelle traduction française du texte afin d'en rendre la qualité littéraire : « La Canso est un grand reportage chanté, une sorte de journal parlé feuilletonesque et passionné qu'il faut imaginer proféré par quelque bougre accoutumé des estrades, attentif à informer, bien sûr, l'assemblée devant lui bouche bée, mais aussi à l'émouvoir, à la tenir en haleine, à l'attendrir et à l'effrayer, à lui faire, si j'ose dire, l'amour en mots et l'amener à jouissance sous peine de se voir abandonné au prochain détour de couplet. La Canso, au fond, ne diffère que par sa dimension des « complaintes à faits divers » que l'on goualait, au siècle dernier, sur le pavé des cours. » (Gougaud, 1984)
- The Song of the Cathar Wars. A History of the Albigensian Crusade by William of Tudela and an anonymous successor, éd. SHIRLEY J., Aldershot, 1996.
- BAGLEY C.-P., “Paratge in the Anonymous Chanson de la Croisade albigeoise”, French Studies, 21, 1967, p. 195-204.
- BOTTIN-FOURCHOTTE C., “L’Ambiguïté du discours chez Guilhem de Tudela”, Annales de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Nice, 29, 1977, p. 99-110.
- CÉNAC MONCAUT J., Lettre à M. Paul Meyer sur l’auteur de la Chanson de la Croisade albigeoise en particulier et sur certains procédés de critique en général, Paris, 1869.
- COLBY-HALL A.M., “William of Orange in the Canso de la Crosada”, dans Magister Regis. Studies in Honor of Robert Earl Kaske, éd. GROOS A. et alii, New York, 1986, p. 139-146.
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Consultez le manuscrit fr. 25425 de la Bibliothèque nationale de France de La Canso de la Crozada
Consultez la réédition électronique du texte d'introduction de Paul Meyer à la Canso de la Crozada
Jules Mathieu est un chansonnier originaire de Gagnières (Gard). Célèbre localement, il est devenu un personnage emblématique, dont les chansons et histoires se sont racontées et transmises dans les familles. Il était encore présent il y a quelques années dans la mémoire des habitants de la région, comme en témoignent certains enregistrements des Enquêtes en Pays de Cèze réalisées en 1995 et 1997 par Valérie Pasturel.
Né le 10 mars 1863 à Gagnières, Jules Mathieu écrit de sa plume : « Je suis né dans une modeste maison de campagne qui sert d'abri et de refuge, depuis son origine, aux voyageurs pauvres. Je suis le huitième enfant d'une famille nombreuse, simple et sans éclat, où je fus élevé chrétiennement. » Après avoir peu fréquenté les bancs de l'école, Jules Mathieu devient berger puis agriculteur. En 1897, il décide de se lancer dans le négoce des vins et ouvre un commerce de gros qu'il nomme... « Le Gros ».
Pendant ces années, il prend des cours de musique et fréquente assidûment la Philarmonique de Gagnières où il joue de l'alto. Depuis son enfance, il aime rédiger de courts textes ou chansons. La politique, les événements marquants de l'année, les fêtes des villages, de la région mais aussi les aléas du quotidien sont pour lui une source d'inspiration inépuisable.
Afin de s'assurer une source de revenus complémentaires, Jules Mathieu finit par publier ses chansons - rédigées aussi bien en occitan qu'en français - et par les vendre. Il parcourt ainsi les fêtes et foires des Cévennes, seul ou accompagné d'un musicien, afin d'entonner ses airs et d'en vendre des feuillets. On sait également qu’il commercialisait sa production dans toutes les Cévennes et même au-delà grâce à des chanteurs ambulants.
Passionné par l'actualité et la marche des événements, aussi bien localement que dans le monde, notre chansonnier se lance dans la politique. Il se présente en tout à 37 élections, locales, sénatoriales et même présidentielles. Il sera élu à plusieurs reprises au conseil municipal de son village d'origine, Gagnières.
« Je me suis occupé sérieusement de la Politique. J'ai affronté trente-sept fois, officiellement, la lutte des élections, depuis les élections locales jusqu'à l'Élection Présidentielle avec Poincaré, Deschanel, Millerand, Doumergue, Doumer et Lebrun. Malgré mes bons programmes moraux, libéraux, économiques, toutes mes réunions publiques et contradictoires (je me suis toujours défendu seul, sans l'appui de personne), j'ai subi trente-trois échecs. Aussi, je crois détenir le record des Vestes Électorales du monde entier. »
Pour autant, loin de considérer la politique comme un simple loisir, il prend son engagement au sérieux. Il organisera ou participera à de nombreuses réunion politiques à chacune de ses candidatures et n'hésitera pas se déplacer dans toute la France pour faire campagne, toujours accompagné de ses feuillets de chansons d'actualités, vendues à l'unité. Cet engagement sera une de ses plus grandes sources d'inspiration et l'occasion pour lui de publier de nombreuses chansons, aussi bien sur des sujets politiques qu'à propos de ses adversaires ou des résultats aux élections.
Jules Mathieu obtient une voix aux élections sénatoriales du 7 janvier 1912 auxquelles, député suppléant, il n’était pas lui-même appelé à voter. Il fait aussitôt imprimer des Remerciements au vaillant Électeur qui a bien voulu m'honorer de sa confiance au scrutin de ballottage, chanson immédiatement vendue sur la place publique et comprenant ces vers : « Le geste est beau et vous fait grand honneur... Il en faudrait beaucoup des électeurs comme vous... »
Durant plusieurs années, Jules Mathieu conciliera ses activités politiques, de négoce et de chansonnier sans en privilégier aucune, s'inspirant de chacune de ses expériences pour alimenter les autres.
1923 sera l'année de sa « Grande Plaisanterie », au cours de laquelle il réussit à se faire rendre les honneurs réservés aux chefs d'État. Il réussit en effet à se faire passer pour le président Millerand lors d'une cérémonie officielle à Gagnières. Profitant du retard du convoi présidentiel, notre chansonnier entre dans la ville avec son costume des grandes occasions dans un modèle de voiture semblable à celui utilisé par le président Millerand, décoré pour faire bonne mesure de drapeaux tricolores. La voiture et Jules Mathieu arrivent à Gagnières avant le convoi présidentiel et reçoivent les honneurs de la foule amassée pour acclamer l'arrivée du président Millerand. Découvrant rapidement la supercherie, les forces de l'ordre arrêtent Jules Mathieu qui, furieux d'avoir manqué une bonne occasion de vendre ses chansons, sera relâché le soir même après le départ du véritable président.
Jusqu'à sa mort, le 14 novembre 1937, Jules Mathieu rédigera une pléthore de chants, dont certains sont encore connus et chantés dans la région.
Ecouter des extraits des enquêtes en Pays de Cèze évoquant Jules Mathieu :
Quelques chansons de Jules Mathieu :
A propos de sa candidature aux élections législatives d'avril 1928 :
« Un jour que la méro Lagasso
Venié de faire soun mercat,
Troublé al mitan de la plaço
Un pichot paquet bien plegat.
Ero uno poulido vesto.
Boudiou, diables de quaou sara ?
En la veguent lo bel Ernesto
Se mes de suito a cridar :
Es la vesto, es la vesto
Daou cansounié renouma.
Es la vesto, es la vesto
Bien propo por la carga.
Es pas coumo la d'Ernesto
Touto pleno de caca.
Lou Jaousetou tout bas murmuro :
Aquelo vesto, on sap pas
Pourriè ben estre a la mesuro
Daou Tourrès, daou Fernand Vallat.
Ginesto dis ; es la daou Julo,
Siei be sur de pas me troumpar,
Dimenche aou souèr veirés su gulo
Quand couneitra lou resultat ! »
A propos de sa défaite aux élections législatives de 1914 :
« Valetto al parlament – Vivo la Soucialo !
Mé...lou Mathiou lou guetto.
As pas rien dit, mestre Valetto
Despiéi qu'as passat députat
Auriès-ti la lengo mudetto
A la tribuno as pas mountat
Vitamen mes-ti a l'oubratge
Contento un paou tous electurs
Travaillo e fagues pas tapatge
Condus-te en vrai amatur.
Defen la classo oubrieiro
Toutis lous electurs
Couriès pas per carrieiro
Penso as travaillurs
Agis ou fais ta mallo
Faudriè pas nous rasar
D'Alès a Peiramalo
Pourriès pas pus passar. »
En 1914, à propos de l'« impôt sur les célibataires » :
« Paourés celibataris
De que vous an fach
Nostre parlamentaris.
Se soun ben rebiffa,
Vous an vota uno taxo
Qu'es pas de vostre goust.
Fagués pas la grimasso,
>Aro, marida-vous.
Sur l'ai dès tra la la la
Vous faou vitamen Marida,
Dévénés vité amouroux,
Marida vous.
A propos des « Décrets-lois » de 1935 :
« Laval l'Aouvergnassou
M'envoia una centura,
N'ai fach una chancon
Vai pas à ma mésuro.
Es à cran, ia dès traou
Mé sarro trop, ou senté,
Mé geino, me fait maou,
Mé coustipo moun ven... trè.
Ceint... tu... ro,
Ceint... tu... ro !!!
La centura a Décrets
Me vait pas e m'ennuia
Sens estré trop discret
Grujo moun porto-fuilha
Ia talament dé traou
La sarré, aco mé piquo,
Mêmo m'i rèn malaou
Mé donno la couli...quo.
(au refrain)
La Dernière chanson rédigée en 1933 (qui ne fut pas la dernière) :
« Je suis vieux je prends ma retraite,
J'ai besoin de me reposer. Je ne fais plus de chansonnettes,
Je ne veux plus en composer.
J'en ai créé des multitudes
Sur des airs de toutes façons, Fatigué, j'en perds l'habitude,
Et j'ai bien payé ma rançon.»
«Le chansonnier Jules Mathieu à Paris, distribuant ses oeuvres sous son grand parapluie, rédigée à l'occasion de sa visite à l'Exposition internationale des Arts et Techniques de 1937 :
« Me voici à la capitale,
Dans l'enclos de l'Exposition,
Très belle, internationale.
J'y distribue mes chansons.
Sous mon pa pa pa
Sous mon pa pa ra
Sous mon pa pa ra
Mon parapluie
Sous mon pa pa pa
Sous mon pa pa ra
Sous mon pa pa ra
Sous mon parapluie. »