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L'opéra de Frontignan de Nicolas Fizes
Fizes, Nicolas (1648-1718)

L'Opéra de Frontignan est une oeuvre anonyme, attribuée à Nicolas Fizes (1648-1718), éditée pour la première fois en 1679 par Etienne et Paul Marret.

Cette pièce est considérée comme le premier opéra rédigé en occitan. Il aurait en effet été composé en 1678, juste après les célébrations de la paix de Nimègue et la représentation du premier opéra joué à Montpellier.

L'Opéra de Frontignan est ainsi une comédie lyrique à grand spectacle dont la musique est un arrangement des airs populaires d'alors. L'intrigue est quant à elle assez simple et classique, elle met en scène les amours de Nicolas et Françon contrariées par les désirs d'un veuf, encouragé par la mère de la jeune fille.

Nicolas Fizes a délibérément rédigé son opéra dans le parler de Frontignan et a joint à son oeuvre un petit lexique faisant la correspondance entre quelques termes issus du parler frontignanais et montpelliérain.

On ne connaît aujourd'hui cet opéra que grâce à quelques manuscrits. Aucun ouvrage de l'édition originale de 1679 n'a pu être conservé. Léon Gaudin fait part dans son ouvrage sur cet opéra de l'existence d'un imprimé, un in 8° de 64 pages composé en italiques et sorti des imprimeries de Daniel Pech. Toujours d'après Léon Gaudin, la bibliothèque de Montpellier aurait conservé une copie informe de cet imprimé, disparue aujourd'hui. A la bibliothèque de Toulouse est également conservé un manuscrit transcrit pour Jacques de Bardy, conseiller au Parlement de Toulouse et proche de Nicolas Fizes. Plus tardif, un manuscrit du XIX° siècle, de la main de Léon Gaudin est également conservé à la Bibliothèque de Montpellier.

Le manuscrit présenté ici a été acquis par le CIRDOC en 2005, provenant d'une bibliothèque montpellieraine. La mention manuscrite Tandon au dos de la page de garde pourrait laisser penser qu'il s'agit de la bibliothèque d'André Auguste Tandon (1759-1824), grand-père du botaniste Moquin-Tandon et auteur de fables en vers patois.

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Mistral, Frédéric (1830-1914)

Il est question de La Cansoun dis Àvi dans une lettre de Pierre Devoluy adressée à Frédéric Mistral datant du 29 mars 1906. L'expéditeur y fait part de ses impressions enthousiastes sur la chanson que Mistral vient de lui envoyer. Devoluy demande à Mistral s'il possède un air pour la chanter et pour qu'il la publie dès le prochain numéro du journal Prouvènço ! (Cf. Correspondance Frédéric Mistral - Pierre Devoluy : 1895-1913 / publ. et annotée par Charles Rostaing, 1984, p.687-688).

Pierre Devoluy est à l'époque rédacteur en chef du mensuel Prouvènço ! Auriflour de la causo felibrenco. La Cansoun dis Àvi sera effectivement publiée dans le n°16 du 7 avril 1906, signée par Frédéric Mistral, à Maillane le 27 mars 1906. La chanson y est précédée d'une petite introduction indiquant : « Èr : mescladis de E ièu quand la veirai

 Ié dirai...

e de Eisabèu

Ti boutèu

Soun plen de sarriho... »

Ce numéro de Prouvènço ! est conservé à la médiathèque du CIRDÒC (cote magasin AF).

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Ouvière, G. (photogr.)

C'est le 17 mai 1903 que Frédéric Mistral institue la première "Festo Vierginenco" à Arles. Il s'agit d'un rassemblement annuel où les jeunes filles d'Arles d'environ 15 ans et leur costume sont mis à l'honneur.

Le costume provençal est à l'époque en voie de disparition, la mode parisienne a pris le dessus et est alors synonyme d'élégance. Pour inciter les provençales à se distinguer, à réveiller leur « âme provençale », Mistral a l'idée de créer une grande fête populaire où le costume traditionnel serait montré triomphant, acclamé par la foule.

La première cérémonie décore 28 jeunes filles devant Mistral, le prince Roland Bonaparte et sa fille. (Le costume en Provence / J. Charles-Roux, 1909)

En 1904, elles viennent plus nombreuses des alentours d'Arles. Au théâtre antique, elles sont 370 à prendre le costume et à promettre de ne plus le laisser. Jules Charles-Roux parle d'une grande affluence du public venant de toute la Provence pour les acclamer.

Elles défilent en cortège (à cheval pour les Camarguaises), accompagnées de la cantate de Frédéric Mistral créée pour l'occasion. Chaque jeune fille reçoit alors des mains de Frédéric Mistral une broche en argent ornée d'un buste d'Arlésienne et un diplôme dessiné par Léo Lelée. La dernière « Fèsto Vierginenco » présidée par Mistral se déroule le 15 juin 1913. Depuis, cette fête existe toujours mais se déroule aux Saintes-Maries-de-la-Mer, le dernier dimanche de juillet.


Pour en savoir plus : 

- "Fêtes Vierginencos" de 1904 dans lFigaro du 2 avril 1904 

- J. Charles-Roux, Le costume en Provence avec un sonnet de Frédéric Mistral (Paris, 1909).

- Gérard Baudin, Frédéric Mistral : illustre et méconnu, (Paris, 2010).

- René Jouveau, Histoire du Félibrige. 2, 1876-1914, (Aix-en-Provence, 1970).

- Claude Karkel, Sur les pas de Frédéric Mistral : escapades provençales, (2009).

- Gérard Baudin, Moussu Frederi, ou Clichés d'un poète, (Marseille, 1987).

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Touriste on te vole ton argent comme on nous vole notre pays : une affiche de Lutte occitane
Lutte occitane (Toulouse)

À partir des années 1960, dans le cadre d’un État français très dirigiste dans l’économie du pays, il est décidé de pallier la dépendance des territoires du Gard, de l'Hérault, de l'Aude et des Pyrénées-Orientales à l’agriculture en développant le tourisme, que l’État voit alors beaucoup partir vers l’Espagne. Afin de capter ce flux et de développer le territoire, il est décidé en 1963 par le général de Gaulle et le gouvernement de Georges Pompidou d’engager un plan d'aménagement touristique du littoral du Languedoc-Roussillon. La mission est confiée à la DATAR (Délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale) qui supervise la création des stations balnéaires de Port-Camargue, la Grande-Motte, Le Cap d'Agde et son village naturiste, Gruissan, Port-Leucate, Port-Barcarès et Saint-Cyprien. La mission sera alors surnommée « Mission Racine » du nom de Pierre Racine, co-fondateur de l’école nationale d’administration et proche du pouvoir, qui dirige ladite mission.

Critiquant la bétonisation du littoral, la destruction du paysage, le bouleversement économique et social, ainsi que la venue massive de touristes sur le territoire (qui n’a, outre les lieux développés à cet effet, que peu d’infrastructures pour recevoir autant de monde aussi rapidement), la population locale développe dès les années 1970 un certain rejet de ce tourisme de masse.

La dénonciation de cette politique devient alors, pour les mouvements occitans - notamment les mouvements de gauche anticapitaliste comme Lutte occitane - un des grands mots d'ordre à partir de cette décennie, que l'on retrouve sur l'ensemble du territoire occitan, de l'Atlantique à la Méditerranée.

 
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Obros et Rimos de Bellaud de la Bellaudière : premier livre imprimé à Marseille
Bellaud de la Bellaudière, Louis (1533?-1588)
Louis Bellaud de la Bellaudière (1543 ?-1588), poète provençal du XVIe siècle, est considéré comme le maître de l’art du sonnet en occitan et du style pétrarquiste, conciliant dans son œuvre poétique lyrisme, humour et fantaisie. Il amorce la renaissance des lettres d’oc en Provence. 
On ne connaît de Bellaud que trois recueils poétiques : les Obros et Rimos, le Don-Don infernal et Lous Passa-tens. Seul le Don-Don infernal  a été publié de son vivant, une brochure imprimée à Aix en 1584, en 1588 puis en 1602.
Le recueil Obros et rimos provenssalos de Loys de la Bellaudiero, gentilhomme prouvenssau, souvent abrégé en Obros et Rimos, a été imprimé à Marseille le 20 octobre 1595, sept ans après la mort du poète, grâce à son oncle, Pierre Paul, dans le contexte particulier de la République de Casaulx. S’il reprend le titre du premier recueil, il constitue en réalité l’édition complète des œuvres poétiques de Bellaud.  

L’exemplaire des Obros et Rimos numérisé ici provient des collections du CIRDOC - Institut occitan de cultura (CR-A 8138).  

Contexte historique : le premier livre marseillais  

C'est Pierre Paul, son oncle d’alliance, qualifié parfois d’écuyer de Marseille, qui rassembla ses œuvres éparses, les publia et les fit ainsi connaître. Il en profita pour publier au sein du volume également un de ses recueils la Barbouillado.
Des circonstances historiques particulières sont à l’origine de la  publication de ce recueil : de 1591 à 1596, Charles de Casaulx installe une éphémère « République de Marseille ». Le nouveau pouvoir fait installer l’imprimerie à Marseille. Pierre Mascaron, premier imprimeur marseillais, sort de ses presses les Obros et Rimos de Bellaud de la Bellaudière qui constituent le premier livre sorti des presses marseillaises. 
L’ouvrage est également célèbre, au moins à l’échelle locale, parce qu’il a vu le jour sous le patronage d’un personnage « rebelle », peu avant la chute de celui-ci et de son régime : les Obros et Rimos sont dédiées à Charles de Casaulx et son viguier Louis d’Aix, qui ont octroyé la permission. 
L'exécution de l'ouvrage, au point de vue typographique, peut paraître désordonnée. Cette apparente fantaisie en termes de ponctuation, de graphie est elle-due à Pierre Mascaron, à Pierre Paul ou à Bellaud lui-même ? Il est difficile de l'affirmer. Le provençal écrit de Bellaud est, tout comme l'ensemble des écrits de l'époque dite « baroque », bien loin de la graphie établie au Moyen-Âge (perdue depuis la fin de l'usage administratif de la langue d'oc). Un lecteur moderne peut paraître désorienté devant l'invasion de lettres parasites ou décoratives, les notations différentes d'un même mot... C'est aussi le cas, dans une moindre mesure, pour les auteurs français de l'époque. De plus, le provençal de Bellaud est en pleine évolution, il garde des traits archaïques tels que les pronoms « lous » et « las » mais, parfois, utilise le « leys » moderne, par exemple. 

Contenu du volume

Reliure vélin de l’époque (fin XVIe-début XVIIe siècle)
vues 3 à 7 : Sur les pages de garde supérieures notes manuscrites : « Ex libris Guihelmy Massiliensis », un possesseur contemporain de l’impression, suivi d’un tercet en vers latins et de deux quatrains en français. 
vue 14 : En regard de la page de titre, une feuille brochée au verso de laquelle figure, dans un encadrement de fleurons, l’avertissement aux lecteurs.
vue 15 : Sur la page de titre, les armoiries de la ville de Marseille sont gravées sur bois, sans indication de couleur, dans un rameau de laurier. 
vue 16 : La page suivante contient le portrait de Bellaud dans un ovale, représenté en buste couronné de laurier et autour duquel on lit une citation en latin suivi d’une dédicace en occitan signée Pierre Paul qui fait l’éloge du poète : « ...Si cent mille ans dure le monde, / ses poèmes ne dépériront pas… »
vues 17 à 42 : Éloge de Louis de Bellaud, Epître liminaire par Pierre Paul et dédicace à Charles Casaulx et Louis d’Aix, Préface de César de Nostredame. 
Les quatre parties chronologiques de l’œuvre ont chacune une page de titre et sont précédées de pièces liminaires en prose ou en vers destinées à glorifier l'auteur, l'éditeur, ou les protecteurs.
vues 15 à 166 : Les Obros, ou premier livre de la prison est un recueil de 164 sonnets entrecoupés de pièces diverses (odes, chansons, quatrains et huitains…). Composé lors de son emprisonnement à Moulins, il se présente comme les éphémérides d’un détenu. 
vues 167 à 194 : Avec le Don-Don infernal, nous changeons de genre poétique, mais non d’atmosphère : misères et calamitez d’une prison. C’est une déclamation, non plus en sonnets, mais en sixains sur les abominations du régime pénitentiaire, et contre les pratiques judiciaires. 
vue 195 à 324 : Le troisième recueil Lous Passa-tens a été constitué par Pierre Paul sans ordre particulier. On quitte alors la poésie carcérale pour entrer dans divers pièces avec toujours une prépondérance du sonnet. 
vues 325 à 334 : Dans les dernières pages, on trouve la table des différents poèmes et à nouveau le portrait de Bellaud. 
vues 335 à 402 :  Barbouillado et fantaisies journalières de Pierre Paul. Il y a sur cette page de titre l'armoierie de l'imprimeur, Pierre Mascaron, avec l'inscription : « superbia, humilitati, sucumbit ».
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vues 403 à 405 : Sur la page de garde inférieure, quatrain manuscrit en occitan : « Las obros de La Belaudiero / son courounados de laurie : / Aquelley di pau de Figuiero / per estre un uray gasto mestie. » suivi d’un monogramme composé des lettres majuscules M, A et O. 
Sur les feuillets de garde inférieurs, on trouve deux essais maladroits de copie du fameux monogramme du bibliophile Nicolas-Claude Fabri de Peiresc.
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