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Lo Bramàs : un trabalh de collectatge de la memòria cantada d'Aude e dels territòris limitròfs
CIRDOC-Institut occitan de cultura

Mémoire chantée de l'Aude : un projet du collectif Lo Bramàs

La génèse
Artiste du Minervois, Laurent Cavalié attache une importance toute particulière à la chanson : elle jalonne de part et d’autre son parcours créatif.
La chanson en tant qu’élément esthétique, certes, en tant que vecteur sensitif, émotionnel. Mais d’abord, en premier lieu, la chanson en tant que transmetteur. En tant que messager, témoin privilégié du contexte dans lequel elle prend forme. Bref, la chanson en tant que fait social.

C’est donc tout naturellement qu’il entreprend d’interroger la mémoire chantée de l’Aude et, plus largement, du Languedoc, son terrain de prédilection. Ainsi est né le projet Lo Bramàs (« le grand cri », en occitan), à partir de collectages réalisés aux quatre coins du département. Devenu collectif de chanteuses et chanteurs occitanophones, Lo Bramàs entreprend très vite de se réapproprier toutes ces bribes de chansons recueillies à droite à gauche auprès des habitants des villages, pour les faire vivre et, par là même, les restituer lors de veillées en forme de laboratoires.
L’idée principale étant de faire remonter à la surface la mémoire pour permettre à la transmission orale d’opérer à nouveau.
Le fait n’est pas anodin : il y a là, dans ce savoir enfoui, ce dialogue amputé, l’articulation d’un rayonnement culturel laissé pour mort. De quoi dévoiler, tour à tour, l’histoire d’un pays, et permettre à l’individu d'interagir en profondeur avec son environnement direct. L’antithèse d’une société atomisée, en somme.
Dans ce travail de renouveau, en mêlant héritage et construction, l’artiste, Laurent Cavalié, se place au cœur même des grands enjeux qui traversent notre époque.
L’identité y est envisagée non pas comme un simple héritage ou une donnée fixe à laquelle il faudrait se conformer, mais comme le fruit de processus relationnels. In fine : la clé de voûte d’une société plurielle. 

Ce sont ainsi des centaines de chansons qui ont été collectées. Quelques-unes sont complètes, d’autres doivent être reconstituées. Ces collectages sonores sont aussi accompagnés d’une documentation écrite qui permet, quelquefois, de combler les trous de mémoire des interprètes enregistrés ou de donner plus d’indications sur la musique ou sur les paroles. Parfois, les versions d’un même morceau se croisent, se complètent, d’un village à l’autre.

La restitution de ce projet est aujourd'hui accessible au sein d’Occitanica.

Le collectage

Lo Bramàs, qu'es aquò ?
En France, cela fait deux siècles que passionnés, curieux et scientifiques collectent la mémoire des femmes et des hommes des zones rurales ou urbaines, d’ici ou d’ailleurs.
Avec les changements radicaux survenus depuis la révolution industrielle et, surtout, depuis 1945 sont apparues de nouvelles disciplines liées à l’étude des sociétés humaines, désormais confrontées au choix de la survie de leur langue et de leur culture.
Avec elles la notion de « collectage », opérations d’urgence pour récolter et sauver les derniers témoignages liés à un savoir, une chanson, une photo, un geste, un instrument, un conte populaire ou une simple anecdote. En somme : tout ce qui touche à la vie des individus, y compris ce qui peut paraître insignifiant de prime abord.
Si l’écrit domine aujourd’hui, il n’y a pas si longtemps, l’oralité était le médium principal en matière de transmission. Une oralité fragilisée voire rendue muette par une société atomisée, où le dialogue intergénérationnel est de moins en moins évident, où la solitude fait trop souvent place au grand silence.

Lo Bramàs, où c'est ?
> Les principaux lieux de collecte du projet Lo Bramàs se situent dans l'Aude mais quelques localités limitrophes de l'Hérault se sont montrées elles aussi riches en enseignement et informations. Les voilà par ordre alphabétique :

Aude :
Alzonne, Arquettes-en-Val, Cabrespine, Camplong-d'Aude, Capendu, Carcassonne, Duilhac-sous-Peyrepertuse, Ferrals-les-Corbières, Fontcouverte, Gruissan, Labastide-en-Val, Laure-Minervois, Lespanissière, Limoux, Maisons, Marcorignan, Montlaur, Montséret, Pépieux, Peyriac-de-Mer, Peyriac-Minervois, Port-la-Nouvelle, Portel-des-Corbieres, Roubia, Rouffiac-des-Corbières, Saint-Nazaire-d'Aude, Sallèles-d'Aude, Salsigne, Serviès-en-Val, Trausse, Villardonnel, Villanière

Hérault :
Agel, Beaufort, Cesseras, Felines-Minervois, La Caunette, La Liviniere, Olonzac, Siran

Organisés en groupe, les entretiens de ce collectage ont permis l'émulation des participants et de souvenirs en anecdotes, c'est une masse considérable de chansons qui ont ainsi été amassées : un volume hétéroclite cependant. En effet, la collecte présente des chansons populaires de langues très variées, minorisées ou non. Ainsi, les chansons de langue française (une grande majorité), allemandes ou anglaises côtoient  l'occitan bien sûr mais aussi le catalan ou bien l'alsacien. 

Le travail de réinterprétation

Dans un objectif de transmission du répertoire ainsi recueilli, Laurent Cavalié et l’association Lo Bramàs réunissent un collectif de chanteurs et chanteuses occitanophones et leur confient à chacun un certain nombre de dossiers d’enregistrements de manière à ce que ceux-ci s’approprient et réinterprètent le répertoire qui leur a été confié. L'enregistrement de ce travail de transmission et de réappropriation ainsi que la réalisation de vidéos autour de ce travail constituent la dernière étape du projet. C’est ainsi un trésor de transmission d’une immense richesse qui se trouve ouvert à l’écoute, l’adaptation, la (re)composition, l’invention, l’imagination, la recherche et la réappropriation.


REGARDER / ECOUTER / (RE)DECOUVRIR

 > Vous trouverez ci-dessous une sélection régulièrement mise à jour de quelques-unes des chansons collectées, et qui ont fait l'objet de réinterpréations filmées lors de veillées par l'association de production audiovisuelle KOVisuel.

 > Vous trouverez ensuite, à partir de chacune des pages hébergeant les vidéos, un lien permettant de consulter le document audio séquencé tiré des soirées de collectage originelles organisées aux quatre coins de l'Aude, ainsi que les paroles des chansons dans leurs différentes versions.

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Actes du colloque "La révolution du livre : XVe-XVIe siècle"
Chapot-Blanquet, Maguy
Depuis 2008, l'association "Histoire et cultures en Languedoc" organise chaque année les Rencontres Internationales du Patrimoine Historique.

Avec le soutien de la Région Occitanie Pyrénées Méditerranée, du CIRDOC - Institut occitan de cultura, de la Société Archéologique de Montpellier  et de la ville de Salon-de-Provence.

Découvrir l'association Histoire et cultures en Languedoc.

La révolution du livre : XVe-XVIe siècle

La Renaissance, cette période de l'entre-deux, Moyen-Âge et Temps Modernes, peut prendre pour repère la chute de l'Empire Byzantin (1453) ou la découverte de l'Amérique (1496) et le règne des Valois et la fin des guerres de  Religion avec la promulgation   de l'Édit de Nantes (1589) par Henri IV. Il ne s'agit pas là de borner la Renaissance comme on borne une route mais d'en  saisir le socle.
Dans ce déroulé historiographique nombreux furent les conflits, les guerres mais aussi les avancées notables en science, astronomie avec Copernic puis Galilée, astrologie avec Nostradamus, en arts avec Leonard de Vinci par exemple, et les Belles Lettres avec, en France, le mouvement de la Pléiade. Mais nous retiendrons ici l'essor du courant hurnaniste.
Ce  courant  est  lié  à  deux  facteurs,  intellectuel  et technique, amenés notamment par le XVe siècle. Georges Bischoff l'appellera « le siècle de Gutenberg ». Grâce à l'imprimerie, le livre sort des sphères du pouvoir (État, Église). Ce mouvement n'émane pas que de la capitale : en région on imprime et on diffuse. Le marché du livre est florissant à Toulouse, en Languedoc, et l'Occitanie tout entière connaîtra aussi sa Renaissance littéraire. Le livre opère comme un média. Cette révolution est comparable à celle d'internet de nos jours.
Le livre est le diffuseur d'une nouvelle philosophie qui place l'humain et les valeurs humaines au centre de la pensée. Mais quel fut le creuset de ce que l'on appellera plus tard « l'humanisme » ?
Après la chute de Constantinople, de nombreux hommes de lettres et de science byzantins se réfugient en occident, notamment en Italie. Les lettrés et artistes italiens tirèrent profit du savoir accumulé en Orient. L'hégémonie territoriale et politique du Saint Empire, avec Charles Quint facilite de facto les échanges des  Flandres à l'Italie. Ce moment de l'histoire accélère la Renaissance culturelle    de l'Occident    et prépare  l'explosion de la civilisation européenne du XVIe siècle.

Parmi les humanistes célèbres, on peut citer Érasme de Rotterdam,  l'italien Pic de la Mirandole, l'anglais Thomas More.  En France, Michel de Montaigne affirme dans les « Essais », parus à Bordeaux en 1580, les droits à la conscience individuelle et formule les principes humanistes : justice, liberté, respect de l'homme, droit au bonheur.
La pensée de Montaigne est à mettre en relation, entre autre, avec la révolution copernicienne (1540) qui place le soleil au centre de l'univers et non plus la Terre. Cette vérité scientifique emmène à penser autrement le rapport entre Dieu et l'homme. Ce rapport n'est plus vertical, l'homme est spatialisé dans un environnement. C'est ce que traduira la peinture de la Renaissance avec l'étude de la perspective.

Cette rupture profonde avec le Moyen Âge, le pape Eugène IV l'aurait anticipé quand il convoque à Bâle, le 23 juillet 1431, un concile sans précédent qui durera 17 ans. Ce concile se veut un Grenelle de l'Église, dirions-nous aujourd'hui. On sait qu'il compte 3500 intervenants et regroupe les têtes pensantes d'alors. Ce concile sera l'incubateur des réformes à venir aussi bien dans l'Église que dans la société.
Mais la machine se grippe, le pape est déposé en 1439 lors d'une session que préside Louis Aleman, archevêque d'Arles. On nomme un antipape, Felix IV, qui n'est autre qu'Amédée de Savoie. Très vite Rome reprend la main et Louis Aleman avec ses 70 chevaliers repartira vers son château de l'Empéri à Salon-de-Provence. Les idées développées à Bâle ont acquis une force inédite et forment un corpus synthétiseur amplifié et diffusé par le livre.
L'échec du concile de Bâle conduira aux « Protesta » prêchées par Luther en l'église de Spier le 19 avril 1529 et aux guerres de Religion en France et en Europe où les royaumes connaîtront  une grande turbulence.
Le courant humaniste de la Renaissance deviendra l'humanisme au siècle des Lumières et sera une philosophie politique annonciatrice de la Révolution de 1789.
Mais alors, qu'en est-il aux XXe et  XXIe siècles ?

Maguy Chapot-Blanquet, docteur en sciences humaines
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Actes du colloque "Promenade entre Languedoc et Provence au XVe siècle"
Chapot-Blanquet, Maguy
Depuis 2008, l'association "Histoire et cultures en Languedoc" organise chaque année les Rencontres Internationales du Patrimoine Historique.

Avec le soutien de la Région Occitanie Pyrénées Méditerranée, du CIRDOC - Institut occitan de cultura, de la Société Archéologique de Montpellier  et de la commune de Tarascon.

Découvrir l'association Histoire et cultures en Languedoc.

La Provence, une terre convoitée

Comment Louis XI, dès le delphinat, tisse une véritable toile d’araignée pour servir sa politique européenne et aboutir à l’annexion de ce comté souverain. La munificence, qui permet de s’affirmer symboliquement, sera un enjeu majeur du pouvoir sur le terrain provençal et René d’Anjou y aura recours aussi, dans la mesure de ses moyens. L’un est stratège, l’autre touche à tout. Les deux se prévaudront des ressorts de leur temps, notamment la vie spirituelle et le poids ecclésiastique. L’un s’attachera à des actions concrètes, l’autre au rayonnement d’une vie de cour à l’angevine qui instillera un certain attrait chez les Provençaux déjà enclins à la culture et au divertissement qu’on appellerait aujourd’hui “ patrimoine immatériel ”, telles les tarasquinades initiées par René. On s’interrogerra alors : quels bénéfices pour les Provençaux du XVe siècle ces deux grands princes ont-ils apportés ? Et pourquoi, dans la mémoire populaire, l’Angevin est-il resté le “ bon roi René ”? C’est sur cette thématique avec ces deux personnages atypiques et indissociables, que nous proposons une promenade entre Languedoc et Provence.

A Béziers

Au cours d’une conférence et d’un moment musical, on découvrira les différentes facettes du personnage complexe que fut René d’Anjou, auquel nous ajouterons un titre à ses nombreuses titulatures (duc d’Anjou, comte de Provence, roi de Jérusalem, roi
de Sicile, voire roi d’Aragon) : celui de prince des arts en Provence.
Le roi René est curieux de tout. Il porte de l’intérêt à tous les arts
et apporte sa contribution aux lettres françaises avec ses trois ouvrages : le Livre des Tournois, celui du Coeur d’Amour Epris et le Mortifiement de Vaine Plaisance. Ces oeuvres attestent cette relation qui lui était chère entre l’écrit et le dessin, rapport qu’illustrera si bien Barthélemy Van Eyck. René a une conception de la munificence bien partagée par ses homologues du XVe siècle, en particulier en Italie : un prince doit être cultivé, généreux et le faire savoir.
Comme l’écrit Françoise Robin, “ un prince comme René fait vivre
une bonne centaine d’artistes, ce qui est loin d’être négligable. ” Car la fête angevine donne à voir et à être vu. La musique est de toutes les festivités et l’Angevin entretient des instrumentalistes de toutes sortes : harpistes, luthiers, flûtistes, et pour l’extérieur, joueurs de trompettes, de cymbales, de tambourins. Il faut noter que l’entourage des princes donne aux notables le goût des grandes oeuvres, menant la Provence au faîte de son rayonnement culturel.

A Tarascon

Yannick Frizet, docteur en histoire de l’art médiéval de l’Université d’Aix-Marseille, nous entraînera dans le jeu du chat et de la souris auquel se sont livrés le roi René et Louis XI. La Provence est une terre convoitée, non seulement par le roi de France, mais surveillée par le duc de Savoie puisqu’elle est terre d’Empire, par la maison de Milan, par les Catalans qui ont gardé certainement rancoeur de l’alliance matrimoniale qui les a dépossédés de la Provence. La maison de Barcelone y présidait depuis 1113 en dépit de la grande guerre méridionale (1080-1194). Plus d’actualité, les Aragonais sont en guerre contre le roi René à Naples.
Ainsi, au-delà des territoires, il y a la Méditerranée. Marseille est un enjeu majeur pour le commerce. L’oncle et le neveu l’ont bien compris, chacun à sa manière. Louis XI, calculateur, stratège dans ses alliances et leurs ruptures a pour objectif de jouer dans la cour des grands et veut rattacher à la couronne toute la bordure méditerranéenne, du Roussillon à la Provence. L’enjeu est de taille car les Aragonais dominent la Méditerranée occidentale avec les Baléares, la Sardaigne, Naples et la Sicile.
René d’Anjou a pour objectif de développer le port de Marseille pour rivaliser avec Gênes et les ports français méditerranéens. Ce port est la pierre angulaire du développement de la Provence. Il doit faire face aux dangers déjà cités mais aussi aux Barbaresques d’Afrique du Nord. Dans cet espace aux multiples enjeux qu’est la Méditerranée occidentale en ce XVe siècle, René est un prince encore chevaleresque, attaché à la valeur de la parole donnée, contrairement à Louis XI. Il est reconnu par ses pairs comme tel mais cette qualité ne va pas toujours avec la politique et René le prodigue manque de moyens. Il convient également de s’interroger sur le sort des Provençaux dans cette mouvance. Yannick Frizet apportera un éclairage inédit sur la vie du littoral provençal à la seconde partie du XVe siècle, tant sur le plan économique avec la réactivation du commece en Méditerranée, que sur le plan sécuritaire face à la piraterie dont furent victimes villes et villages. Il montrera également comment les pouvoirs urbains, avec leurs moyens propres, ont su gérer ce fléau de façon plus efficace que les rois-comtes de Provence et leurs hauts dignitaires.

Au château

Après la salle des festins et la visite de l’église Sainte-Marthe, Aldo Bastié, conservateur du Château de Tarascon, construit de 1400 à 1435, nous fera découvrir son histoire. Cette forteresse possède une double fonction militaire et résidentielle. Elle symbolise la puissance des ducs d’Anjou, princes de sang. Elle fut construite par Louis II et Louis III pour maintenir leur autorité sur le couloir méridional du fleuve, proche d’Arles d’Avignon et de Marseille. Elle est une base de leurs ambitions en Méditerranée. Les aménagements de confort ainsi que les jardins sont l’oeuvre de René (1409-1480), grand amateur d’art et du bien vivre. A la mort de Charles du Maine, frère et successeur de René, le château devient propriété du roi de France, Louis XI. Le château de Tarascon est un chef d’oeuvre du Patrimoine Européen. Il est classé aux Monuments Historiques Français depuis 1840.

Maguy Chapot-Blanquet, Vice-présidente Histoire et cultures en Languedoc
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Campagne « L’occitan langue nationale » (1977)
En 1977 l'Institut d'études occitanes, organisme reconnu d'utilité publique, entreprend une campagne pour l'obtention d'un statut de « langue nationale » pour l'occitan. Cette campagne par voie d'affiches,  d'interventions publiques de militants et d'articles de presse est pour l'essentiel une sollicitation d'adhésions sous la forme de signatures d'individus et de collectivités. Plus de 200 000 signatures seront recueillies. L'argument de la campagne est défini par une Lettre ouverte sur l'occitan langue natioanle.
 
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« Volèm l’occitan a la television » : Campanha per l'occitan a la television (1980-1982)
À l’orée des années 1980, la revendication pour la présence de l’occitan à la télévision devient l’un des grands enjeux de mobilisation du mouvement occitan. Dans un contexte où la télévision est encore un monopole d’État, cette mobilisation s’inscrit dans la vague des revendications occitanes engagées depuis de nombreuses années dans un rapport de force avec un État centralisateur accusé de maintenir les cadres d’un véritable « colonialisme intérieur » et refusant aux régions et aux « minorités nationales » qui les peuplent d’obtenir des moyens de reconnaissance et d’expression.
La campagne pour l’occitan à la télévision, sous le slogan « Volèm l’occitan a la television », initiée par l’Institut d’estudis occitans (IEO) apparaît comme l’une des plus importantes mobilisations de la période par son organisation, son large soutien, et aussi, à la faveur de l’arrivée au pouvoir de la gauche en 1981, parce qu’elle a débouché sur une concrétisation avec la création des premiers programmes en occitan sur les antennes publiques régionales. 

Télévision et cinéma : une problématique nouvelle pour l’occitan dans les années 1970

Massivement implantée dans le monde rural au cours des années 1960-1970, la télévision devient à l’orée des années 1980 un nouvel espace stratégique à occuper pour les acteurs engagés dans le « renouveau occitan » afin de rendre visible l’Occitanie, sa langue, sa culture et ses problématiques spécifiques. Déjà en 1966, la diffusion par l’ORTF du téléfilm de Stellio Lorenzi sur Les Cathares (dans la série La caméra explore le temps) avait constitué un des déclencheurs, unanimement ressentis et reconnus dans les témoignages de l’époque, d’une prise de conscience occitane assez massive au sein de la population des pays d’Oc. 
En 1977 le réalisateur provençal Jean Fléchet crée Téciméoc (Télévision, Cinéma Méridional et Occitan) afin de développer les conditions d’une production télévisuelle et cinématographique en occitan. La revue Téciméoc sera d’ailleurs un organe important de réflexion et d’échange pour le développement d’une production télévisuelle et cinématographique occitane. 
L’enjeu d’une grande mobilisation occitaniste pour l’occitan à la télévision semble avoir été mis en exergue par l’initiative d’un député socialiste du Lot-et-Garonne, Christian Laurissergues, à l’origine de la création en 1978 d’un intergroupe parlementaire sur les problèmes occitans (dont la constitution fut refusée par le bureau de l’Assemblée). Il adresse à plusieurs organisations occitanes en octobre 1979 un courrier au sujet du développement de l’occitan à la télévision. La question avait été traitée avec bienveillance par la Commission chargée d’apprécier la qualité des émissions de radiodiffusion et de télévision dans son rapport 1978-1979 : « Les régions ne se trompent pas sur l’importance et la valeur de telles actions. C’est pourquoi elles demandent que les langues régionales qui font partie du patrimoine culturel français aient leur place non seulement sur les antennes mais aussi sur les écrans de FR3… » Christian Laurissergues indique qu’il a obtenu un entretien avec le directeur général de FR3 mais que sans mobilisation, rien n’avancera. 
C’est sans doute en réponse à ce courrier que l’Institut d’estudis occitans, qui vient de mener une grande campagne d’opinion autour du thème « occitan langue nationale », se saisit de la question audiovisuelle. 

La campagne « Volèm l’occitan a la television » 

Pour les mouvements revendicatifs occitans, c’est alors le temps des grandes campagnes d’opinion, souvent initiées et animées par un Institut d’estudis occitans à son apogée grâce aux nouvelles recrues militantes issues du renouveau occitan des années 1970, l’activisme de son secrétaire général Yves Rouquette et l’ambition de son secteur « Espandiment » (Développement). La campagne de mobilisation pour « l’occitan langue nationale » avait réunie en 1977 plus de 200’000 signatures. 
Sans doute l’approche de la campagne des élections présidentielles de 1981, au cours de laquelle la question de la réforme de l’audiovisuel public figurait parmi les grands thèmes du changement attendu, a-t-elle joué dans la mobilisation pour l’occitan à la télévision. Le candidat François Mitterrand fut d’ailleurs le premier destinataire - et soutien en retour - de la campagne.  Le 14 mars 1981, il prononce à Lorient un discours qui fait date, dans lequel il déclare que « le temps est venu d’un statut des langues et cultures de France qui leur reconnaisse une existence réelle. Le temps est venu de leur ouvrir grandes les portes de l’école, de la radio et de la télévision permettant leur diffusion, de leur accorder toute la place qu’elles méritent dans la vie publique. »
La campagne « Volèm l’occitan à la television » montre quant à elle la professionnalisation du mouvement occitan depuis le début de la décennie 1970. Elle est désormais conçue comme une campagne d’opinion à grande échelle, organisée et coordonnée par l’IEO qui profite alors d’un réseau de sections qui irrigue l’ensemble de l’espace occitan et au-delà, des réseaux parmi les élus locaux, les parlementaires, les syndicats. La sérigraphie artisanale a laissé la place à l’offset et l’on produit badges, briquets, autocollants par milliers. Un « responsable national de la campagne », le responsable du secteur Espandiment de l’IEO, est désigné. Des comités d’organisations se réunissent et des circulaires paraissent en amont des manifestations. On organise des cars depuis toute l’Occitanie, et aussi depuis Paris ou Lyon, pour alimenter les manifestations. 

Les manifestations de Toulouse et Marseille 

La première manifestation a lieu à Toulouse en novembre 1980. 
La plus importante est toutefois celle du 14 mars 1981, à un mois de l’élection présidentielle. Elle est coordonnée par l’IEO mais réunit déjà un collectif d’organisations, en particulier le mouvement politique Volèm Viure Al País (VVAP) et Action culturelle occitane (ACO). Résultat : 1’500 personnes occupent les locaux de l’antenne régionale de FR3 et sont délogées par les CRS. Dès la manifestation de Toulouse il est prévu de mettre la pression sur les différentes antennes régionales d’Occitanie. La section IEO du Cantal, très active, s’occupe de Clermont-Ferrand par une campagne de courriers adressés au directeur d’antenne et de recueil de soutiens des maires et conseils municipaux. Une autre manifestation unitaire et panoccitane est prévue à Marseille. 
Après l’élection présidentielle de mai 1981, la réforme de l’audiovisuel public fait partie de la feuille de route de la nouvelle majorité et les premières créations télévisuelles occitanes font leur apparition sur FR3 Toulouse. La loi sur la communication audiovisuelle fait entrer pour la première fois les langues de France dans les missions et les responsabilités de l’audiovisuel public. 
Dans les faits, l’entrée est toutefois assez symbolique, loin des enjeux d’une politique linguistique réelle. En octobre 1981 est créé le magazine Viure al País, tout premier programme en occitan à la télévision. Un magazine hebdomadaire de 15 minutes est créé en basque, à peu près autant pour le breton avec « Breiz O Veva » (26 min. hebdomadaire) et « An Tool Lagad (15 minutes hebdomadaires). Dans les régions concernées, les émissions dans les langues de leurs territoires ne dépasseront pas les 1 à 2% du volume des programmes. 
Une nouvelle manifestation est organisée en mai 1982 et rassemble davantage de manifestants, venus de toute l’Occitanie, avec 5’000 personnes à Marseille. Manifester à Marseille revêt un enjeu de taille à ce moment-là : son maire, Gaston Defferre, est alors ministre en charge de la décentralisation. La manifestation est désormais organisée par le « Collectif occitan pour l’audiovisuel » créé quelques mois auparavant et qui regroupe l’IEO, VVAP mais aussi des professionnels de l’audiovisuel avec Téciméoc. Au sein du collectif apparaissent des personnalités nouvelles qui marqueront l’histoire de l’audiovisuel occitan des décennies 1980-1990 comme le journaliste Jean-Pierre Laval ou le réalisateur Francis Fourcou. 
Le Collectif avait tenu une conférence de presse sur la question de l’occitan à la télévision au Parlement européen de Strasbourg en avril 1982, marquant là-aussi le déplacement de la question de l’État à l’Europe en construction, et qui sera l’une des évolutions du mouvement au cours de la période suivante. 

Sources : 

Dossier « Campanha per l’occitan a la television » - Archives de l’IEO-Cantal (IEO15_DOS-002)
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10 mai 1980 : la Marche sur Montpellier
Nombreuses sont les sources - articles, photographies, enregistrements - qui documentent ce que fut la marche conjointe du Parti Communiste Français et du mouvement occitan sur Montpellier, et l'ampleur qu'elle prit tant dans le monde occitan que dans l'imaginaire collectif de la région. Du manifeste «Mon país escorjat » aux photos de Jean-Louis Estève, ce dossier apporte un éclairage sur cet événement qui a fait date.
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Les Cantiques spirituels en occitan : XVII-XIXe siècles
Escarpit, David (1980-....)
Les cantiques spirituels sont des textes religieux qui ne font pas partie du rituel catholique romain. Ils sont d'ailleurs généralement en langue vernaculaire, et non pas en latin, et sont pensés pour être chantés. Il s'agit de poèmes ayant pour sujet la doctrine catholique, l'histoire sainte et le comportement d'un parfait chrétien. Ils sont caractéristiques de l'époque de la Contre-Réforme ou Réforme catholique. La Contre-Réforme est un ensemble de mesures prises au sein de l'Église catholique suite aux conclusions du concile de Trente (1545-1563). Ces réformes visent à contrer le développement de la Réforme protestante, en modifiant le rituel catholique, en introduisant de façon importante la musique dans les célébrations religieuses, et développant les écrits en langue vernaculaire, préférablement au latin, afin de toucher plus efficacement les populations. Le diocèse de Toulouse en particulier se montre actif dans cette reconquête catholique vers le milieu du XVIIe siècle.

Une édition importante en pays d’Oc

Plusieurs recueils de cantiques spirituels en occitan ont été imprimés en pays d'Oc, principalement entre le XVIIe et le début du XIXe siècle, de Bordeaux à la Provence en passant par le Rouergue. La plupart sont entièrement ou partiellement rédigés en occitan. On peut constater vers la fin du règne de Louis XIII et au début de celui de Louis XIV un essor des recueils de cantiques spirituels en langue d'oc. Cet essor est à relier avec celui des noëls en langue vernaculaire, déjà ancien, à cela près que les cantiques spirituels n'ont pas forcément pour propos la Nativité (qui est toutefois présente, ne serait-ce que dans l'Angélus), mais tout ce qui concerne la morale religieuse, les prières et l'histoire sainte.
Jean Eygun dans Au risque de Babel, synthèse sur le texte religieux en langue occitane de cette période, date cet essor des alentours de l’année 1673, malgré la présence d'oeuvres imprimées antérieurement, dans les années 1630, 1640 et 1650, relatives à des missions catholiques principalement dans la zone pyrénéenne, où elles furent particulièrement nombreuses. À l'instar des noëls, la Provence figure en bonne place de la production de cantiques spirituels en occitan, ainsi que la région toulousaine.

Occitanie, terre à convertir : les éditions de cantiques spirituels en domaine occitan du XVIIe au XIXe siècle

Parmi les nombreuses impressions de cantiques spirituels en occitan (plus ou moins mêlé avec le français) du XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, nous pouvons citer :

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Les coulisses de la Caravane occitane : archives filmées de Jean-Louis Escafit
Escafit, Jean-Louis

Contenu bientôt disponible

La Caravane occitane est une initiative d’un nouveau mouvement, né en 2003 sur le Larzac, sous le mot d’ordre « Gardarèm la Tèrra ! », se rattachant explicitement aux mouvements altermondialistes qui se multiplient dans le monde entier après l’énorme écho médiatique des manifestations contre le Sommet de l’OMC à Seattle en 1999. Quelques mois après la création du mouvement Gardarèm la Tèrra est lancée l’idée d’une Caravane occitane, collectif mobile qui parcourrait l’Occitanie pour aller à la rencontre des habitants au travers de rencontres, débats, concerts, etc.

Jean-Louis Escafit, militant de Gardarèm la Tèrra, a filmé camescope au poing les coulisses des deux éditions de la Caravane Occitane (2004 et 2005). Partis avec un bus de location, les membres de la première édition avaient rallié Montpellier à Nice, en passant par Béziers, Carcassonne, Toulouse, Bordeaux, Lau, Limoges, Aurillac et Gap. La seconde édition mènera les participants jusqu'aux territoires occitans d'Espagne (Val d'Aran) et d'Italie (vallées occitanes du Piémont).
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Jutjaments del carnaval de Limós
CIRDÒC-Mediatèca occitana
Cada an, aprèp gaireben tres meses de festivitats cada fin de setmanas, lo carnaval de Limós s'acaba amb coma apogèu la nuèch de la Blanqueta. Aquel dimenge a mièjanuèch carnaval, que demorèt totas aquelas setmanas sus la plaça de la Republica, es jutjat.

Aquel jutjament s'acaba totjorn per la meteissa senténcia : es condemnat a perir per las flambas.

 

Tèxtes de jutjaments del carnaval de Limós

 

De las annadas 1970 fins a las annadas 2010 la revista trimestrala La Beluga de Limós publiquèt cada an lo jutjament del carnaval de Limós de l'annada en cors.
Avèm doncas aquí un accès dirècte a un còrpus de tèxtes umoristics, satirics e politics.
En efièch, aqueles jutjaments permeton de reglar en plaça publica totes los problèmas de la societat limosenca de l'annada passada. Qualques còps es complicat de comprene e d'explicar las allusions, los noms de vilatges o de personas, per de que fan referéncia a de luòcs, de personatges o d'eveniments locals. Mas aqueles jutjaments permeton tanben de faire un recapitulatiu dels eveniments internacionals e nacionals màgers de l'annada. Carnaval es invariablament acusat de totes los mals, quin qu'en siá lo nivèl, local, nacional o internacional, jutjat colpable e executat.
Fòra de çò qu'es contat dins aquestes tèxtes e l'importància que representan dins lo debanament del carnaval, l'interès d'aqueste còrpus es tanben dins la lenga emplegada. En efièch, foguèron totes escriches en occitan e tradusits en francés. Ne'n donam pas aquí que lor version occitana. Mas a mesura que las annadas passan es interessant de remarcar que los autors, anonims, mesclèron de mai en mai los francés a l'occitan. Aital dins los tèxtes de las darrièras annadas de publicacion se tròba de mai en mai de francés dins lo tèxte en occitan.

 

Veire totes los jutjaments del carnaval de Limós disponibles sus Occitanica :

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Actes du colloque "Les Femmes de Pouvoir (Ve-XVe siècle)"
Depuis 2008, l'association "Histoire et cultures en Languedoc" organise chaque année les Rencontres Internationales du Patrimoine Historique.

Avec le soutien de la Région Occitanie, du CIRDOC-Mediatèca occitana, de la Société Archéologique de Montpellier,  du Pays Cœur d' Hérault, de la commune de Nébian et de la forteresse de Salses.

Découvrir l'association Histoire et cultures en Languedoc.

Les Femmes de Pouvoir (Ve-XVe siècle).

À l’occasion du 10e anniversaire des Rencontres Internationales du Patrimoine Historique, le comité d’organisation vous propose d’aller à la rencontre de femmes d’exception, actrices de notre Histoire du Ve au XVe siècle.
Les temps forts de cette période, nous vous les ferons revivre à travers les parcours inédits de ces femmes qui ont exercé le pouvoir en tant que régentes ou reines.
Au cours de ces trois journées exceptionnelles que nous vous proposons, vous revivrez une fresque historique façonnée par ces femmes qui ont assuré avec le pouvoir, l’évolution politique et culturelle de leur temps.
Nous avons voulu faire une place particulière à Aliénor d’Aquitaine, petite fille et héritière de Guillaume IX, duc d’Aquitaine, dit “le troubadour”. Elle règne en sa cour de Poitiers et bien au-delà, sur les poètes de la “fin Amor”.

Jean-Louis Lacroix, Président Histoire et Cultures
en Languedoc
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