L’Action Jeune Théâtre (AJT) Languedoc-Provence est une association créée en 1977 comme un collectif des jeunes compagnies qui ont émergé dans le sillon de mai 1968, particulièrement en zone occitane autour du Teatre de la Carrièra et de Claude Alranq, de la Nouvelle Compagnie d’Avignon-Théâtre des Carmes et d’André Benedetto, du Centre Dramatique Occitan de Toulon et d’André Neyton. La section régionale « Languedoc-Roussillon-Provence-Alpes » de l’AJT constitua en réalité la part active et la plus marquante du mouvement. [imatge id=169]
Par « jeune théâtre », il faut entendre le théâtre indépendant qui se développe dans le sillage de Mai 68, en rupture avec le théâtre académique soutenu par les institutions, ouvert sur de nouvelles formes, notamment par l’intervention dans l’espace public, et prenant pour sujet les réalités sociales, économiques et culturelles des populations auxquelles il souhaite s’adresser.
Ce mouvement connaît une dynamique particulière dans l’espace occitan où convergent deux mouvements, celui d’une évolution théâtrale générale vers un théâtre populaire et social, explorant des formes loin du théâtre conventionnel (rue, cirque, danse, musique, etc.) et celui d’un mouvement de revendication sociale, politique et culturelle autour du mouvement « Volèm viure al país », à son apogée au milieu des années 1970 en Occitanie.
Le théâtre populaire, social et occitan naît avec le Teatre de la Carrièra autour du metteur en scène et acteur Claude Alranq dès 1969-1970 et une pièce « fondatrice » pour la rencontre entre le mouvement du jeune théâtre régional, le mouvement occitan et les mouvements sociaux languedociens, Mort et Résurrection de M. Occitania. Cette pièce, farce tragique jouée sur les places des villages languedociens devant des milliers de spectateurs, fait le procès du « mal méridional » en pleine crise de la viticulture. Elle est emblématique d’une prise de conscience et d’une revendication massive contre le « colonialisme intérieur » et pour le droit à « vivre et travailler au pays » pour reprendre deux mots d’ordre qui dominent l’Occitanie des années 1970. [imatge id=111]
À Avignon, André Benedetto et la Nouvelle Compagnie d’Avignon (Théâtre des Carmes) entament une réflexion sur les conditions d’un théâtre populaire qui doit être un théâtre « enraciné » dans son territoire, son environnement social et culturel. En Provence, André Neyton avait entamé dès 1966 une collaboration avec Robert Lafont pour créer un théâtre bilingue militant qui s’adresse au public provençal, entreprise qui le conduit à fonder dès 1970 une compagnie, le Centre Dramatique Occitan, à Toulon.
En 1973, lors du Festival d’Avignon, une première convergence des acteurs culturels occitans a lieu avec les « Rescontres Occitans » initiés par André Benedetto qui met à disposition son théâtre des Carmes : écrivains, éditeurs, artistes, compagnies de théâtre, intellectuels et militants mettent le Festival d’Avignon à l’heure d’une Occitanie culturelle engagée dans un combat de « libération ». [imatge id=166][imatge id=167]
En 1977, la convergence des acteurs culturels s’organise autour de l'ACO (Accion culturala occitana) d’un côté, regroupant chanteurs, musiciens, plasticiens, poètes, cinéastes et acteurs, et de l’AJT (section Languedoc-Provence) pour les revendications spécifiques des compagnies de théâtre en français et en occitan qui ne se reconnaissaient pas entièrement dans le syndicalisme artistique national trop tourné sur les problématiques du théâtre institutionnel.
L’AJT Languedoc-Roussillon-Provence-Alpes regroupe 37 compagnies et organise le 17 novembre 1977 une « Grande marche du Théâtre Régional » à Montpellier autour des deux mots d’ordre, l’un social - « Vivre et travailler au pays » - et l’autre théâtral - « Les théâtres en Occitanie vivront ».
En 1978, l’AJT produit un rapport de réflexion Pour que se développe le théâtre en Languedoc-Roussillon-provence : la régionalisation culturelle et interpelle le Ministre de la Culture sur la situation des théâtres indépendants en région en demandant une réforme des moyens alloués au théâtre en France. En juillet 1978 lors du festival d’Avignon, l’AJT organise une journée d’action pour le jeune théâtre.
Le début des années 1980 voit le déclin et la disparition de l’AJT, confrontée à la crise générale du mouvement « Volèm viure al país » et à l’évolution de la politique culturelle nationale désormais davantage favorable aux formes théâtrales populaires et en région.
Pour le théâtre occitan, les compagnies continuent leur production, qui tend à évoluer dans ses formes scéniques, ses thèmes, et la place de la langue. Les années 1980 voient une forme de sécurisation des compagnies autour de structures ou de projets désormais subventionnés. C’est le cas du Centre Dramatique Occitan de Toulon d’André Neyton et de la Carriera qui se rapproche d’une jeune compagnie montpelliéraine, le théâtre de la Rampe. La Carriera et la Rampe vont proposer plusieurs projets structurants pour le développement du théâtre occitan (projet de Centre de création et d’expansion du théâtre occitan dès 1981, Estudios d’actors occitan en 1982, etc.) et qui aboutissent notamment à la création du La Rampe-TIO (Teatre interregional occitan) à Montpellier.
Bernard Lesfargues (1924-2018), Abel-Bernard Lesfargues à l’état civil, est né à Bergerac dans le quartier populaire où son père était marchand de bois et de charbon. S’il a passé une grande partie de sa vie à Paris puis à Lyon où il était professeur agrégé d’espagnol, il demeura attaché à la langue et à la culture de son Périgord natal où il revient à la fin de sa vie.
Élève en hypokhâgne-khâgne à Paris au sortir de la guerre, le sentiment d’exil le rapproche des cercles occitanistes présents dans la Capitale (les Amis de la Langue d’Oc où il fait la connaissance de personnalités importantes du mouvement occitan en pleine reconstruction : Pierre-Louis Berthaud, Jean Lesaffre, Jean Mouzat, Henri Espieux, Bernard Manciet), participe à l’aventure de l’Institut d’estudis occitans nouvellement créé à Toulouse et rencontre Robert Lafont qui s’affirme vite, en tant qu’écrivain autant que militant, comme une personnalité centrale de la jeune génération.
Après avoir obtenu l’agrégation d’espagnol il enseigne à Paris puis à Lyon où, dans le sillage de Mai 1968 il ouvre un cours d’occitan.
Dès 1946, il crée une éphémère mais importante revue poétique qui fait la part belle à la poésie et à la critique littéraire, Les Cahiers du Triton bleu, dans lesquels il publie des poèmes en occitan de la jeune génération et surtout une Anthologie de la jeune poésie occitane qu’il codirige avec Robert Lafont (Les Cahiers du Triton bleu, Paris : J. Chaffiotte, 1946). À la fin des années 1970, il anime avec son ami et complice Jean-Marie Auzias, Philippe Gardy, Jean-Paul Creissac ou encore Joël Meffre, la revue de création et de critique littéraires occitanes Jorn, dirigée par l’écrivaine Roseline Roche.
C’est à Lyon qu’il crée en 1975 la maison d’édition Fédérop qui le suivra ensuite en Périgord. Fédérop édite des écrivains du monde entier, et notamment ses compagnons de littérature occitane comme Max Rouquette, Bernard Manciet ou Philippe Gardy.
Il est également reconnu comme un traducteur pionnier en ayant traduit en français les plus grands écrivains castillans ou catalans du XXe siècle.
Comme écrivain occitan il publia plusieurs recueils poétiques à la suite de Cap de l’aiga (coll. « Messatge »,IEO, 1952).
Une partie de ses archives sont conservées à l’Universitat autonoma de Barcelona où une bibliothèque porte son nom.
Pèire Pessamessa (1931-2018), es un autor provençal de lenga occitana, engatjat tant del costat de l’Institut d’estudis occitanas (I.E.O) que de lo del Felibritge.
Eissit d’una familha vauclusenca que pratica l’occitan al quotidian, descobrís los movements associatius occitans sonque a la debuta de las anadas 50, fa alara lo ligam entre son « patés » e la lenga d’autors prestigioses coma Frederic Mistral. Pauc de temps aprèp, descobrís la revista literària Oc tenguda per la novèla generacion dels occitanistas ligada a l’IEO e menada per Robèrt Lafònt. Es aquela generacion que sauprà atisar la curiositat e l'interès de Pèire Pessamessa, engatjat tant dins la creacion literària coma dins la pensada teorica, politica e militanta. Aital, a l'excepcion de son primièr recuèlh Li graio negro (Lei gralhas negras), que coescriu amb Sèrgi Bèc, una granda partida de son òbra es redigida dins la grafia de l’IEO e editada per l’Institut.
Apassionat per las lengas, licenciat d’alemand, son engatjament militant es marcat per una defensa permanenta de la lenga d’òc, tant a títol personal qu’a aquel de cònse de sa comuna dels Buòus (Vauclusa) que dirigirà pendent 28 ans. Es a aquel títol que pairinarà en 1974, la candidatura regionalista de Robèrt Lafònt e l’eleccion presidenciala francesa. Es tanben un dels membres istorics del PEN club de lenga d’òc, seccion occitana del PEN club internacional, associacion d'escriveires internacionala qu'a per tòca de « recampar los escriveires de totes païses estacats a las valors de patz, de tolerància e de libertat sens las qualas la creacion deven impossibla ». Es tanben estat entre 2002 e 2018, lo president de la seccion occitana del Comitat d'afrairament occitanocatalan (CAOC), associacion qu'a per tòca de desvolopar las relacions entre las culturas occitanas e catalanas. Es a partir de la segonda mitat de las annadas 2000 qu’amòrça un retorn dins lo felibritge, coronat en 2012 per lo títol de « Mèstre en Gai Saber ». Es pendent aquel periòde que se rapròcha del PNO (Partit de la nacion occitana), publica mantunes tèxtes dins Lo Lugarn, la revista del partit sens pasmens jamai i aderir.
Serà enfin un actor de l’activitat de l'Associacion Internacionala d’Estudis Occitans (AIEO) fins a sa mòrt.
Personalitat marcanta e iconoclasta, autor d’una òbra literària originala, plan assabentat de las consideracions literàrias de son temps, tant francesas qu'occitanas, Pèire Pessamessa es un dels escriveires provençals de lenga occitana mai important e atipic de la generacion d’aprèp-guèrra. Compta demèst los primièrs prosators de sa generacion.
Sas presas de posicions trencadas e son trabalh sovent provocator an poscut de còps li valer, d'enemistats tant del costat dels pensaires que dels militants, quinas que sián lors tendéncias, politicas coma culturalas, felibres coma occitanistas.
Rèsta son òbra literària, d’una qualitat indenegabla, totalament inscrita dins le renovèlament e lo questionament de son temps. A aquel títol se pòt relevar lo roman Nhòcas e bachòcas (1957), que conta le quotidian d’un joine al sortir de la Segonda guèrra mondiala amb en trama de fons la fractura viscuda per los joines occitans dins una societat rurala tradicionala parcialament occitanofòna e una societat modèrna, plurilingüa e cosmopolita. Enfin, son triptic De fuòc amb de cendre (1973, 1976, 1978) que conta lo percors de dos joines occitans engatjats dins las fòrças SS per idealisme, demòra una pèira angulara de la literatura occitana de la segonda mitat del sègle XX per totas las tematicas e problematicas que joslèva.
Los Balets occitans de Tolosa son estats creats en 1962 per Francesa Dague.
Etnològa, cantadora e dançanièra originària de Lemosin, Francesa Dague es la filha de la folclorista Cecília Maria Dague, qu’a collectat fòrça informacions en Lemosin sus la musica emai la dança tradicionalas.
La creacion dels Balets occitans participa d’una volontat de metre en lum la cultura occitana al travèrs d’una tropa de musicaires-dançanièrs-cantaires professionaus se produsent a l’escala nacionala e internacionala.
La tropa fai figura d’ambassadora e de veirina d’una cultura occitana d’ara enlà descomplexada, afichant tanben amb fiertat sos vestits tradicionals (Francesa Dague, diplomada de las Bèlas-Arts, èra tanben costumièra). Lo modèle de referéncia es lo daus Balets russes d’Igor Moisseiev, es a dire una identitat basada sus la cultura folclorica autentica mas despolhada de totes auripèles dins lo cas de la caricaturar.
Pauc a pauc, lo projècte evoluís. Als musicians de tipe academic, interpretant las òbras sus d’intruments d’orquèstre sinfonic, se substituís plan lèu una recerca organologica per fin de tornar ‘trapar e utilizar d’instruments occitans tradicionals tanben coma log raire (auboès de Lengadòc-bas), la bodega (cornamusa de la Montanha negra), la boha (cornamusa gascona). Lo cant, la diccion, son trabalhats, emai los pas de dança per tal de se raprochar d’un rendut autanplan pròche que possible de la realitat tradicionala.
Mantunas personalitats importantas de la cultura occitana s’an illustrat als Balets occitans, demest losquaus la cantadora comengesa Rosina de Pèira (mai se filha Martina), lo dançaire Pèire Corbefin, emai los musicaires Alan Cadeilhan, Claudi Romero e Xavièr Vidal.
Los Balets occitans desapareguèron al cap de las annadas 80.
Né à Marseille, André Benedetto (1934-2009) est un auteur de théâtre, metteur en scène et comédien.
Il crée en 1961 la Nouvelle Compagnie d’Avignon avec le comédien et metteur en scène avignonnais Bertrand Hurault. En 1963, la compagnie s’installe dans une salle jouxtant le cloître des Carmes, qui devient le Théâtre des Carmes, devenue un lieu-référence du théâtre contemporain. C’est ici qu’André Benedetto « invente » le Festival Off en 1966-1967.
L’année 1973 marque l’arrivée d’André Benedetto et de la Nouvelle Compagnie/Théâtre des Carmes d’Avignon dans le mouvement culturel occitan. Depuis le début des années 1960, André Benedetto aborde dans ses pièces les grands thèmes d’actualité et de la société (Le Pilote d’Hiroshima, 1963, Les voyous, 1965, et surtout Napalm en 1967, première pièce française sur le Vietnam). Benedetto et sa compagnie mènent une critique féroce de la politique de décentralisation théâtrale, dont le festival d’Avignon est le symbole. Ils initient le festival Off et publient un manifeste contre la politique culturelle institutionnelle.
Toujours à la recherche de nouveaux thèmes et formes de création, il se tourne en 1973 vers l’Occitanie. Il initie une réflexion sur le théâtre populaire comme théâtre enraciné dans un territoire, un environnement social et culturel.
Du 10 au 24 juillet 1973, en plein XXVIIe Festival d’Avignon, il met à disposition le théâtre des Carmes pour des « Rescontres occitans ». Cette année-là deux pièces de la Nouvelle Compagnie sont programmées officiellement au Festival d’Avignon, La Madone des ordures et Pourquoi et comment on a fait un assassin de Gaston D. qui revient sur l’affaire Dominici.
André Benedetto met le théâtre des Carmes à la disposition du Teatre de la Carrièra qui joue La Guerre du vin, monte une librairie éphémère spécialisée dans la littérature et les problèmes occitans, distribue dans la rue un journal militant, Esclarmonda et organise le soir du 14 juillet un « bal des ethnies » en opposition au bal « national » de la ville.
Écrivains, acteurs, artistes, metteurs en scène, intellectuels et militants occitans se rassemblent autour de ces Rescontres occitans d’Avignon, qui marquent un moment de convergence des acteurs culturels occitans qui se structureront en 1977 autour de deux collectifs, l’Action Jeune Théâtre (AJT) et l’Accion Culturala Occitana (ACO).
[imatge id=166]André Benedetto entame dès 1974 une collaboration avec Félix Castan, figure idéologique du mouvement occitan de l’Après-Guerre, penseur de la régionalisation de la culture. La collaboration Castan-Benedetto produit notamment Le Siège de Montauban en 1974 dans le cadre du festival d’Occitanie, pièce historique montée avec les habitants de la ville.
Il est membre de la Linha Imaginòt, le collectif occitan et littéraire créé autour de Félix-Marcel Castan, dont il est proche, ainsi que de Bernard Lubat et de l’écrivain Bernard Manciet. Réfléchissant sur la décentralisation culturelle, André Benedetto travaille avec Serge Pey, avec qui il organise à Toulouse les premières Nuits de la Poésie. Il compose et jour en 1999 la pièce occitane San Jorgi Roc.
Bernard Manciet est un écrivain originaire des Landes, né à Sabres en 1923 et mort à Mont-de-Marsan en 2005.
Il débute sa scolarité à Sabres avant de partir à Talence et Bordeaux pour passer son baccalauréat. Il fait des études de lettres et de sciences politiques à Paris. Bernard Manciet est mobilisé quelques temps comme sous-officier dans la zone d'occupation française en Allemagne. Il revient à Paris et reprend ses études en sciences politiques. Il sert ensuite dans les services diplomatiques, d’abord en Allemagne puis, en 1953 en Amérique du Sud. Il revient dans les Landes en 1955, il se fixe à Trensacq où il fonde une famille et gère l'entreprise de sa belle-famille (les établissements Dayon et Manciet) dans le secteur de la scierie. En 1965, il quitte son travail à la scierie familiale pour se consacrer pleinement à l'écriture.
Il avait commencé à publier dès l’Après-Guerre, notamment dans Reclams, la revue littéraire de Béarn et Gascogne dirigée par Miquèu de Camelat. Son premier poème, « A le nèu », paraît à l’été 1945 (Reclams de Biarn e Gascougne, Annada 49, n° 07-09 - Garba-Seteme 1945) À partir des années 1960 il se réalise dans la poésie, le roman, l'essai ou encore les pièces de théâtre. Le fil conducteur de cette œuvre est l'occitan gascon « negue » (parler noir) des Landes, dont il se disait le « renard ».
En 1964 paraît le roman Lo gojat de noveme (Toulouse : Institut d'Estudis Occitans), considéré comme l’une des œuvres majeures de la littérature occitane du XXe siècle. Lo gojat de noveme est le nom que donne Bernard, le narrateur, à cet étranger qui vient chaque année au Barrail pour quelques jours puis reprend son chemin vers on ne sait quel destin. Une année, il ne réapparaît pas. Commence alors une longue attente d'une famille écrasée par la misère et l'isolement.
Il devient dans ces années-là une figure importante du mouvement intellectuel et littéraire occitan. Il participe pour un temps aux débats occitanistes au sein de l’Institut d’estudis occitans aux côtés d’autres grandes personnalités de sa génération. Membre puis secrétaire de l'Institut d'Estudis Occitans, il s’oppose au cours des années 1950, aux côtés de Félix Castan, à la voie nouvelle lancée autour de Robert Lafont qui souhaite un élargissement de la pensée et de l’action de l’IEO aux champs économiques, sociaux et politiques. Il cosigne avec Félix Castan « La Déclaration de Nérac » en 1956, véritable manifeste contre la nouvelle doctrine économiste et politique initiée par Lafont et qui tente de définir le cadre d'une nouvelle approche stratégique et esthétique culturelle. Il rompt avec l’IEO en 1964 : à l’Assemblée générale de Decazeville (6 septembre 1964) les opposants à la pensée et la stratégie économiste et politique (Ismaël Girard, Félix Castan et Bernard Manciet) sont exclus.
Bernard Manciet est actif pour la création et la diffusion de la création littéraire occitane. Il prend la direction de la grande revue de la modernité littéraire occitane OC (fondée en 1923).
Bernard Manciet n’a cessé de répéter que son modèle était la parole populaire et l’éloquence sacrée, et que le poème écrit n’était qu’une étape vers sa profération. À partir des années 1980 il devient lecteur public de ses propres poèmes. Il prend part à de nombreux évènements, comme le Festival occitan d'Eysines en 1987, où il rencontre le jazzman Bernard Lubat avec lequel il se produit à plusieurs reprises notamment dans le cadre du festival d’Uzeste.
Il est reconnu dès les années 1960 par le monde de la littérature occitane comme l'un des auteurs majeurs de la modernité. En 1972 René Nelli écrit qu'il est certainement l'un des grands poètes méconnus de l'Europe moderne (René Nelli, La poésie occitane des origines à nos jours, Paris : Seghers, 1972). La publication, en 1989 de son long poème en 16 chants L'Enterrament à Sabres (Garein : Ultrei͏̈a, 1989 ; 2e ed. : Paris : Gallimard, 2010) lui permet d'accéder à une reconnaissance nationale et internationale. Son dernier livre Casaus perduts (Pau : Reclams, 2005) est un recueil de contes où se mêlent douceur et ironie face au temps qui passe.