Cet article de Gustave Clément-Simon (1833-1937), extrait du Bulletin de la Société Scientifique, Historique et Archéologique de la Corrèze (Tome XV), est une description raisonnée de quelques manuscrits se rapportant au Limousin de par leur sujet ou l'origine de leurs auteurs. Il décrit tout particulièrement le manuscrit dit de Gallaup de Chasteuil (p.23 et suivantes), aussi appelé "Chansonnier de Béziers", conservé aujourd'hui à la médiathèque du CIRDÒC à Béziers (cote Ms 13).
Ce manuscrit occitan est une copie datant de la fin du XVIIe siècle - début XVIIIe siècle d'un chansonnier médiéval des troubadours, relié en parchemin aux armes de Gallaup de Chasteuil.
Pour en savoir plus sur le Chansonnier de Béziers :
Geneviève Brunel-Lobrichon, "Le chansonnier provençal conservé à Béziers", dans Actes du premier congrès international de l'Association internationale d'études occitanes / éd. par Peter T. Ricketts. - London : A.I.E.O, 1987, p. 139-147.
Cyril P. Hershon, "Le chansonnier de Béziers, édition semi-diplomatique" La France Latine, n.150, 2010, p.5-298 ; n.152, 2011, p.7-184.
Recueil de poésies écrites par le félibre de Bessan, Hippolyte Bousquet, entre 1875 et 1881.
Le manuscrit est composé de poèmes et fables en vers dont plusieurs traductions des œuvres de Florian, La Fontaine et Horace. Il est également complété par sept planches, plans et croquis aquarellés sur différents sites archéologiques proches de Bessan et Saint-Thibéry (Hérault).
La pièce La Grangea de las Fados de Bessan a été publiée sous le titre « La granja de las fados » dans la Revue des Langues Romanes en 1878 (RLR, xiv, 1878, p. 27-31).
Hercule Birat, né en 1796 dans la ville de Narbonne, fut une figure locale notable des débuts du XIXe siècle. Chansonnier satirique, poète français comme occitan, considéré par certains comme un précurseur des Félibres, il revendique de son vivant son style populaire et provincial (dans le sens de local), pour une oeuvre plurielle, reflétant près d'un demi-siècle de vie narbonnaise.
Les premières années
Hercule Birat naît à Narbonne le 30 juillet 1796, dans une famille de juristes toulousains, installés dans la région depuis la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Sa mère, Hostalot de son nom de jeune fille, est pour sa part une Narbonnaise de souche.
Hercule Birat poursuit tout d'abord des études de droit, dans la tradition familiale, à Toulouse et Paris, avant de devenir géomètre puis matelot sur un navire faisant cap vers la Martinique. A la mort de son père en 1820, il rentre en France, se marie l'année suivante et s'installe alors sur un domaine agricole dans la proximité de Homps.
Le poète
Ce n'est donc qu'à l'âge mûr que le Narbonnais entreprend de coucher sur le papier et par la voie des vers ses impressions sur la vie de ses concitoyens. En 1837 paraît sa première publication, La Fête de Notre-Dame-du-Cros.Il a alors passé la quarantaine. Son second ouvrage paraît neuf ans plus tard, en 1846. Intitulé Voeux à Notre-Dame-des-Auzils, il est, par sa thématique, proche du précédent texte de l’auteur.
L’installation de celui-ci à Narbonne deux ans plus tard, dans le contexte particulierdes débuts de la IIe République, influencera nettement sa production, qui adopte alors une tonalité plus satirique.
Le satiriste
Hercule Birat, qui loue à l'un des clubs républicains de la ville un local dans sa demeure, est en contact direct avec leurs idées, chaudement exprimées, souvent au détriment de son sommeil.
L'auteur puise dans cette situation la veine d'une production satirique visant ses hôtes républicains, mise en musique sur des airs populaires de l'époque. De cette période, nous gardons principalement l'écho de Birat lui-même, qui aurait déclaré avoir été "menacé d'avoir à porter sur ses épaules, à travers la ville, le buste de Marianne" (cf. MECLE, André, Hercule Birat, le Poète de Narbonne. In La Voix Domitienne, n°26-27 de 1997). Cet épisode aurait inspiré La Passion dal paure cansouniè narbounès.
Le rapport à la langue d'oc
Birat propose lui-même une poésie provinciale, locale. Il en vient progressivement à écrire autant en occitan qu’en français ;La Passion dal paure cansouniè narbounès est ainsi composée, comme plus tard d'autres de ses pièces, en dialecte narbonnais. Penché sur la prose de ses contemporains des Pays d'oc, il trouve en Jasmin, qu'il découvre à l'occasion d'une lecture de l'auteur à Narbonne, un modèle (cf. à ce sujet la préface de La Passiou dal pauré cansouniè narbounés).
La République installée, ses remuants hôtes l’ayant quitté, Birat explore de nouvelles voies d'expression. Il aborde alors le genre de l'épopée burlesque à travers deux textes en occitan :Dialogos entre la mountagno de Minerbo é lou Pic de Noro etLa Naissenço de Jacquès Premie. Birat voit en ces textes le sésame de son entrée à la Commission archéologique et littéraire de Narbonne. Par deux foix éconduit, Birat reprend les couleurs de la satire pour composer en janvier 1857 Les Lamentations du poète narbonnais, bientôt suivies d'une Supplique à Messieurs les membres de la Société archéologique. Effet direct de ses écrits ou heureux hasard, il intègre deux mois après la parution de ce second texte la Commission tant désirée, pour une courte durée toutefois.
Poésies narbonnaises
En 1861, les différents textes poétiques d'Hercule Birat sont réunis dans un même ouvrage, augmentés d'entretiens en prose entre l'auteur et un "artistarque", proposant un dialogue sur la qualité de son oeuvre. Les piques plus ou moins dissimulées en direction de ses confrères de la Commision font scandale et le conduisent à la démission.
Nonobstant son aspect polémique, cet ouvrage témoigne de la qualité de la plume de Birat, peintre de son époque, de sa région et son histoire. Le poète, féru d'histoire régionale, consulte par ailleurs les principaux écrits historiques réunis à son époque.
Ses textes nous renseignent sur la grande comme sur la petite Histoire, nous livrant de nombreux portraits croustillants de ses contemporains, ainsi qu'une perspective différente sur les événements marquant de la vie narbonnaise de l’époque.
Attaché à l'histoire et au patrimoine de sa région, Birat se distingue également par ses talents de conteur et de passeur de mémoire. Outre les nombreuses transcriptions de textes et légendes du cru, parfois agrémentéesde sa touche personnelle, il propose de nombreuses créations originales basées sur des textes primitifs, notamment dans le cycle de Saint-Paul dont fait partie le fameux La Gragnotto dé Sant-Paul daté de 1856, repris plus tard par Mistral dans son Mémoires et récits.
Bien que moins connu, son Sermon du père Bourras (tiré des Poésies narbonnaises, 5e et 6e entretien, second volume, certainement rédigé aux alentours de 1855) s'inscrit dans la longue lignée de textes reposant sur la tradition populaire qui donnèrent naissance au Curé de Cucugnan. Birat se serait appuyé sur ce bref dialogue: "Pam, pam, pam ! - Que tusto dé bas ? - Lou Pero Bourras – Cal demandats ? - Dé gens de Ginestas – Aïci y gna pas, anats pu bas – Dintrats, dintrats y'n manco pas !" Il semble que l'abbé Bourras, curé de Ginestas, acteur principal du sermon, ait effectivement existé. Originaire d'Espagne, il aurait en fait exercé son ministère non à Ginestas, mais du côté de Luc-sur-Orbieu ou de Marcorignan (À ce sujet, voir L'Inventeur du sermon du Curé de Cucugnan, conférence du Dr P. Albarel, Narbonne, 1927 et les écrits de Gaston Jourdanne).
Tristesse du curé face à l'indifférence des fidèles de sa paroisse, différentes étapes menant du Paradis à l'Enfer, et conclusion finale sont similaires dansLe Sermon du père Bourras et les versions successives du Curé de Cucugnan, faisant du texte de Birat le précurseur (il paraît en 1861 dans les Poésies narbonnaises) d'une pièce incontournable du patrimoine littéraire.
En dépit de ses apports à la littérature populaire et occitane, Henri Birat ne connut de son vivant qu'une aura principalement locale, recevant toutefois une certaine reconnaissance de ses pairs en 1866. Cette année-là, l'Académie des Jeux floraux remet au poète narbonnais un Jeton d'argent. En 1924, il était également honoré lors de la Sainte-Estelle. (cf. L'Inventeur du sermon du Curé de Cucugnan).
Henri Birat décède le 14 mai 1872 à Narbonne.
Pour en savoir plus:
Dr. P. ALBAREL, L'Inventeur du sermon du Curé de Cucugnan, conférence, Narbonne, 1927. (Cote CIRDOC : CBB 16)
BIRAT, Hercule, La Passiou dal paouré cansouniè narbounés : pot-pouirit démagogico-soucialisto, Narbonne, impr.de Caillard, 1850. (Cote CIRDOC: CBB 420-19).
BIRAT, Hercule, Poésies narbonnaises en français et en patois, suivies d'entretiens sur l'histoire, les traditions, les légendes, les moeurs, etc., du pays narbonnais, Narbonne : E. Caillard, 1860 (Cote CIRDOC: CAC 452-1).
BIRAT, Hercule, Une nouvelle étoile télescopique : satire dialoguée contre l'auteur des poésies narbonnaises, Narbonne : Caillard, 1867 (Cote: CBB 371-22).
MECLE, André, Hercule Birat, le poète de Narbonne, In La Voix Domitienne n°26-27 de 1997, p. 138-142 (Cote CIRDOC: O2).
PELISSIER DE LA PALME, . "La Vérité sur le Curé de Cucugnan" in La Cigalo Narbouneso, n°3, Mars-Avril 1914, p29-46. (Cote CIRDOC: KI3).
Plusieurs versions de l'histoire de l'abbé Martin, personnage central du Curé de Cucugnan, existent.
Le thème du Sermon du curé de Cucugnan trouve son origine dans un conte populaire des Corbières ( Aude).
Le narbonnais Hercule Birat est certainement le premier à s'en être inspiré pour écrire vers 1855-1860 Le Sermon du Père Bourras (publié en français en 1860).
En 1858-59, le juge Blanchot de Brenas publie une version de ce conte dans un article de la revue « La France littéraire Artistique et Scientifique ». Elle lui a été inspirée par un récit qu'il a entendu lors d'un voyage dans l'Aude. Dans son texte, il décide de situer son histoire à Cucugnan (Aude), nom de village choisi au hasard ensuite repris dans les versions de Joseph Roumanille, d'Alphonse Daudet et d’Achille Mir.
Le récit d'Achille Mir est une des versions littéraires se rapprochant le plus de la tradition orale du conte occitan d'origine. Il est paru pour la première fois en 1884 dans le Tome III de ses Œuvres complètes.
La version mise aujourd'hui en ligne sur Occitanica est celle rééditée en 1885 avec un texte légèrement remanié, complété par une traduction française à la fin du volume.
Pour en savoir plus sur le Curé de Cucugnan vous pouvez consulter la réponse à la question « Qui est l'Abbé Martin ? » (CIRDÒC - servici question-responsa )
Cant de Provença
Paraulas de la cançon (transcripcion deu tèxte deu document ) :
Repic :
Lei bofets son rots
Son rots ma minhona
Lei bofets son rots
Rots, repedaçats
Siàm una banda de brava joventura
Avem un grand fuòc que nos brutla
Se siàm imaginats per te lo far passar
De prener de bofets al cuol te far bofar
Vos cresètz pas que siguem d'amoraires
Non siàm renommats per bofaires
Cu se vòu far bofar, a que de s'avançar
Lo canon es plantat, lo jòc va començar
Avèm un instrument compausat de doas peças
Que quand es ben plaçat jamai blessa
Es un mocèu de pèu entre dos cascavèus
Quand avem ges d'argent, aquò nos ten contents
Se per asard, lo bofet vos pòt plaire
Podètz aprochar de tot caire
Podètz venir sovent vos donarem de vent
Plus doç que lo mistral que fai sarrar lo trauc
Margarita PRIOLÒ-GALHÒT / Marguerite PRIOLO-GAILLOT (1890-1955)
Marguerite Priolo (épouse Gaillot) devient Reine du Félibrige en 1913, après avoir été reine du Félibrige Limousin (1909-1912). Auteur de deux ouvrages de contes traditionnels (Legendas Lemouzinas, 1915 et Countes del Meirilher, 1916), elle fut l'une des disciples de Joseph Roux et l'élève d'une autre reine du Félibrige, la marseillaise Marguerite Genès (1868-1955), professeur de français à Brive, personnalité importante des débuts du félibrige en Limousin.
Reine du Félibrige
Native de Brive, c'est dans sa région natale que son nom apparaît pour la première fois dans les journaux de l'époque. Elle devient en 1909, à dix-neuf ans, reine du Félibrige limousin et le restera jusqu'en 1913. Elle est par ses parents, étroitement liée dès son enfance au mouvement, son père, le docteur Priolo étant un important mécène des auteurs d'oc. Sa mère, fut par ailleurs elle aussi reine du félibrige limousin durant une quinzaine d'années.
C'est à l'occasion de la Sainte-Estelle de 1913 à Aix-en-Provence qu'elle est désignée reine du Félibrige par Bruno Durand, lauréat des Jeux Floraux. René Jouveau rapporte cependant dans son Histoire du Félibrige (Nîmes, Bene, 1971, p.448), que le choix final revint à Mistral, au détriment de Mlle Magali Joannon, soeur de Marcel Provence, ayant eu les préférences de Bruno Durand.
Marguerite Priolo devient à cette date et pour sept années, le visage du Félibrige, et reçoit pour insigne un rameau d'olivier en argent. Elle participe à ce titre aux divers fêtes et commémorations du mouvement, fréquemment aux côtés du capoulié, et préside également la cour d'amour "spectacle hérité des troubadours, où se mêlent danses, chants et poésies." (cf.site internet du Félibrige).
Ces événements sont abondamment relayés dans la presse régionale et occitane de l'époque. La jeune reine y figure fréquemment coiffée du barbichet, coiffe traditionnelle limousine, qu'elle quitte toutefois durant le conflit armé de 14-18, pour une tenue d'infirmière, lorsqu'elle s'engage aux côtés de la Croix Rouge de Brive.
Conteuse limousine
Parmi les différentes commémorations auxquelles la reine du Félibrige est alors conviée, notons sa présente à Avignon, à l'occasion de la Sainte-Estelle de 1914. Elle dévoile alors ses qualités d'oratrice lors d'un échange avec le maire de la ville, M. Valayer, qui fut relaté dans la presse de l'époque (cf. La Farandole du 3 juin 1914, n°85 p.1-5).
Qualité qui lui valurent d'ailleurs d'être enregistrée dès 1913 au cours d'une collecte menée par le linguiste Ferdinand Brunot (1860-1938) de l'Université de la Sorbonne. Deux enregistrements de cette période sont actuellement en ligne sur Gallica. (premier enregistrement, cliquer ICI second enregistrement, cliquer ICI).
Ses ouvrages de contes, rédigés dans la langue du bas-Limousin et s'inpirant du patrimoine oral de sa région, Legendas Lemonzinas, sorti en 1915, et Countes del Meirilher (1916) lui vaudront les critiques positives de l'Almanach occitan de 1927 "deux volumes de prose, brillant résultat d'un fécond labeur intellectuel, comme parfait miroir d'un rare tempérament féminin" [...] dont les trop rares écrits continuent à souhait les pures traditions romanes" et sera salué en 1965 par le journal le Lemozi à l'occasion d'un article sur Marguerite Genès, dont elle fut l'élève "En effet dès sa parution, le livre Legendas Lemouzinas fut une révélation et opéra presque une révolution. Un style alerte, dru, flexible, épousant toutes les nuances de la pensée ou de la fantaisie venait de naître."(Lemouzi, numéro 15, 1965, p.281-282, Robert Joudoux).
En dépit de leur qualité reconnue, ces deux ouvrages ne furent pas par la suite ré-édité, mais leur auteur, décédée le 13 mars 1955 à Manzac-sur-Vern en Dordogne, membre du Félibrige limousin, participa localement à la diffusion et à la création en langue d'oc.
En savoir plus:
Ouvrages de Marguerite Priolo:
PRIOLO, Marguerite, Legendas Lemouzinas/ Légendes limousines, Brive, Impr. Roche, 1915.
PRIOLO, Marguerite, Countes del Meirilher/ Contes du Marguillier, Brive, Impr. Bessot et Guionie, 1916.
Quelques articles parus sur Marguerite Priolo
"La Santo Estello. Arrivée de la reine en Avignon." La Farandole, 3 juin 1914, n°85, p. 1-5. (COTE CIRDOC: M6).
"Echos: Countes del Meirilher." Le Mémorial d'Aix, 20 août 1916, n° 78.
"Marguerite Priolo-Gaillot (1890-1955)." Lemouzi, numéro 15, 1965, p281-282, Robert Joudoux. (COTE CIRDOC: AC-3-5)
"Marguerite Priolo-Gaillot, limousine". Almanach occitan de 1927.
Archives sonores disponibles sur Gallica.
Archives sonores, 26 août 1913, collecteur Ferdinand Brunot pour l'Université de la Sorbonne, informatrice, Marguerite Priolo. Lieu: Brive.
Premier enregistrement: cliquer ICI.
Second enregistrement: cliquer ICI.
Tèxte de l'episòdi 10 :
La nèit foguèt corteta e lo revelh amb lo desfasament orari mai que dificil. La paura Joana beguèt son tè sens saupre ont’èra : urosament vegèt de l’autre costat de la carrièra, dins lo jardin ont se passejavan los esquiròls, un drapèl plantat qu’èra pas un drapèl frances ni mai un drapèl occitan mas lo del país mai grand del mond occidental, the United States of America.
- "Bondieu aquò’s estranh, es qu’aicí plantan los drapèls dins los jardins perque fan de frucha ?"
- "Non, es un biais de dire de quin costat òm es : los republicans amb lo drapèl US an una pancarta ont se pòt legir « Support our troups» e, se gaitas dins l’autre jardin, avisas que son de democratas per de que an una pancarta ont es escrich : « War is not an answer », « Obama president ».
- "Com’aquò cadun sap çò que vòta son vesin ! Es mai simple, pas d’embolh !"
- "Joana, aurem lo temps de parlar dins la veitura, vai t’en te vestir. Despacha-te. Comenci a 11 oras : es una leiçon sus la trobairitz La comtessa de Dia."
Èra encara la calor de l’estiu, aviái mes una rauba jauna e roja. Partiguèrem e me virèri : Matilda aviá mes sa cara a la fenèstra, mas pensi pas que me vegèt.
Semblava d’èstre endacòm mai. Èra lo primièr còp que la daissava per una jornada. Li aviái daissat 100 dolars, se se voliá crompar quicòm, òm sap jamai !
Romieg èra urós; siblava lo « Se canta ».
- "Madama es vestida coma un drapèl occitan, per un cors de lenga romana es una bona idèia : fa folcloric. N’i a qu’an lo drapèl dins lo jardin e d’autres que se'n vestisson !"
- "Tu sès vestit coma un professor : a cadun son mestièr."
Romieg me prenguèt la man :
- "Me fa plaser d’èstre ambe tu !"
- "Ieu tanben mas soi inquieta d’aver laissada Matilda soleta !"
- "Matilda es majora, pòt viure sens una maire a son costat."
Èrem sus una autostrada, puèi virèrem vers UMBC es a dire : University of Maryland Baltimore County. Una universitat publica.
Ieu qu’aviái passat tota ma vida dins la pòsta de mon vilatge me sentissiái coma un enfant a costat d’aqueles buildings grandaràs amb d’estudiants que corrissián de pertot, de totas las colors e subretot que parlavan pas que l’anglés. Pas totes : ausiguèri parlar espanhòl tanben. Cada còp que Romieg rescontrèt quauqu’un que conneissiá me presentèt : « Joana Belcaire, una amiga d’enfança, venguda del miègjorn de França e que parla la lenga occitana qu’ensenhi dins mos corses. »
Compreniái pas tot mas ensajavi de faire aquela que… en fasent fòrça sorires e Hello !
Benlèu que dins gaire de temps gausariái dire : how are you ?
Èrem enfin arribats dins la classa ont los estudiants de Romieg nos esperavan.
- "Today we will leave la Contessa de Dia and speak occitan. Joana does not understand a word of English. She came especialy from her country to meet you and as you are all very polite you must talk with her."
Tot lo mond comencèt de rire. Èra trop difficil per eles de mestrejar la lenga occitana. Donc Romieg faguèt las reviradas de l’anglés en occitan e de l’occitan en anglés. Mas n’i aviá qu’ensajavan de me comprene e disián qu’èra mai simple que lo francés per de que èra pròche de l’espanhòl.
Las questions viravan a l’entorn de la lenga, del vin, dels buòus :
- "Do people still speak occitan in the sreet?"
- "Do you drink wine every day ?"
- "Do you like to see bullfights ?"
Puèi Romieg me demandèt de cantar una cançon : Causiguèri la canson de Clara d’Anduza « en greu esmai ». Benlèu qu’una canson de « Mossu T e lei Jovents » coma « Lo gabian » seriá estada mai bèla per aqueles joves, mas coneissiái pas las paraulas.
L’aprèp dinnar i aguèt encara un cors.
Me regalèri : Matilda èra luènh.
Èri tant urosa d’èstre ambe tot aqueles joves e Romieg semblava de se regalar tanben.
Tornant a l’ostal me diguèt :
- "Es lo primièr còp que fau aquò e es un plaser. Domatge que la retirada siá tan pròcha… auriam poscut faire tantas de causas ensems."
- "Quand t’arrestaràs ?"
- "L’an que ven, e sabi pas çò que vau faire…Anam al subremercat a costat de l’ostal : Giant."
- "Ieu vòli de peis, d’ensalada verda, de rocafòrt, e de glacet. Es ieu que regali uèi !"
- "Ma Dòna es coma volètz !"
Quand paguèri ambe la carta Visa la caissièra me demandèt :
- "Cash ?"
- "De que vòl dire ?"
- "Lo supermercat es com’una banca. Se vòs aquela Dòna te pòt donar d’argent."
- "No, thank you !"
- "Òsca ! Començas de parlar !"
Arribèrem a l’ostal, èra lo ser mas l’ostal èra completament escur, pas un lum.
- "De qué se passa, Matilda es pas dintrada ?"
- "Te fagues pas de marrit sang : es anada se passejar, s’aviá passat quicòm auriá sonat mon telefonet !"
Romieg dubriguèt la pòrta d’intrada, portèrem las crompas dins la cosina. Sus la taula i aviá una letra.
Comencèri de tremolar : la tèsta de Matilda a la fenèstra aqueste matin tant luèncha !
M’assetèri, ara èra temps de legir :
« Joana
Sabi que ploraràs aqueste ser, mas seràs pas soleta : Romieg serà a costat de tu. Mercé per tot. T’o ai pas volgut dire mas aviái rescontrat un amorós per l’internet, e m'es venguda quèrre de Filadelfia. Se tot se passa plan amb el te tornarai sonar e quand vendrem en França serà a ton ostal. Vòli èstre liura de causir ma vida e èstre independenta. I aviá tròp d’amor entre nos : tot l’amor qu’as pas agut dins ta vida sens marit e sens enfant, tot l’amor qu’ai pas jamai agut ambe ma familha. Me fasiá paur.
Adieu e benlèu a un jorn, sabi pas quora.
Ta filha que t’aima Matilda
PS : Mercé a Romieg per son espitalitat. »
Foguèt la fin d’un pantais. Tot virèt a l’entorn de ieu.
Plorèri e parlèrem tota la nèit ambe Romieg : quand òm es vièlh i a un avenidor possible ? quand òm es jove òm pòt èstre urós tot sol ?
E ara de que faire : demorar, tornar a l’ostal…o cambiar completament de vida ?
FIN
Tèxte de l'episòdi 7 :
E ara èrem dins l’avion. Dejós i aviá los camps, los vilatges e mai las vilas, e a l’entorn de la maquina d'Air Bus Industrie A319, las nívols blancas que s’estiravan coma de tablèus del Miquèl Àngel : èra lo primièr còp qu’èri dins lo cèl ! Mon còr fasiá tifa tafa ! Matilda semblava èstre ambe los àngels e, del fenestron, regardava la tèrra s’aluenhar. Quante plaser d’èstre amb’aquela pichòta, benlèu qu’èra pas qu’un sòmi ! Tot lo bonur de la vida m’èra tombat sus l’esquina e aviái res demandat : aviái l’amor d’una filha polideta e soleta e l’argent del tonton mòrt. Lo malastre dels autres fasiá mon bonur !
Dins l’avion i aviá un molon de retirats : èran totes ensems, en rengadas a l’intrada de la classa « economica ». Parlavan mai que fòrt e fasián de bruch : risián, cantavan « c’est un fameux trois mats fin comme un oiseau, hisse et ho Santiago » !
Èra un viatge organizat : l’auton en Florida, Miami Beach en riba de mar.
Nòstres sètis èran sus lo costat drech au mitan aprèp las alas. Dos sètis darrièr i aviá un coble : lo tipe grandaràs e magre com’un estocafich, 45 ans, los pels blonds tintats, la boca fina que semblava anar d’una aurelha a l’autra. La femna, granda tanben, los pels roge, grasseta e risolièra. Sus lo sèti de l’autre costat de l'alèa, èra assetat un òme de trenta ans mal vestit, los pels crassós, lo menton pelut, la boca amara. Parlavan totes tres amb un accent fòrça ponchut. Lors voses èran d’un autre mond : me semblava d’ausir un filme policièr. Dins ma tèsta virava la comptina de l’escòla de mon vilatge : « parisien, tête de chien, parigot, tête de veau » !
Las ostèssas nos portèron lo dinnar e per començar, l’aperitiu. Per festejar aquel grand jorn de partença beguèrem de champanhe. Puèi manjèrem, èra pas michant per « una classa economica ». Los parisencs, eles, s’arrestavan pas de sonar l’ostessa per demandar de oisquí. Aprèp lo cafè commencèri de dormir, un pichòt penequet seriá benvengut qu'èrem levadas dempuèi lo matin d’ora. Los retirats contunhavan de parlar e de rire.
Subte lo tipe crassós commencèt de cridar :
- "Eh les vieux fermez-là, moi je suis de Bécon les Bruyères et j’ai la haine. Tas de vieux clous !"
Un grand silenci tombèt e tot lo mond se virèt per veire qual cridava :
- "J'veux m'saoûler – à boire l’hôtesse ! - tournez-vous les vieux, j'veux pus voir vos faces de clowns sinon j'réponds pus de rien."
Lo grand blondàs commencèt de s’espetar de rire en cridant :
- "Va-z-y Bécon les Bruyères, fais leur voir qui tu es !"
L’autre se quilhèt e contunhèt :
- "Vous avez peur vieux bouts ? Nous on est jeune ! On fait l’amour et vous vous n’avez plus qu’à faire le mort ! A boire ! et plus vite que ça !"
- "Wisky à gogo sur l’Atlantique ! à nos femelles qui nous attendent à Philadelphie !"
Las gens (los vièlhs e los autres) s’escondèron dins los sètis. La paura ostèssa sabiá pas pus de qué faire, e quand la paura femna passèt dins l'alèa, lo tipe li bailèt un grand carpan sus lo cuól !
- "Olé ! l’Amérique est à nous !"
Quand quicòm com’aquò arriba en bas sus la tèrra, es pas agradiu mas enfin se pòt totjorn dire qu’òm pòt arrestar la maquina, dubrir la pòrta e sortir. Mas tot en aut dins lo cèl en dessús de la mar, de qué faire ?
Matilda me prenguèt la man :
- "Joana, son capbords e son bandats ! As pas paur ?"
Ara los dos tipes dansavan en cantant e en cridant :
- "R'gardez les vieux, nous on danse et on chante ! Eh ! La femme ! Viens avec nous !"
Mas la femna rossèla se volguèt pas levar per dançar.
- "A boire ! A boire !"
Mas las ostèssas venián pas pus. E d’un còp arribèt lo capitani de l’avion amb son vestit blau e daurat e son capèl. Èra pas solet : de l’autre costat i aviá un autre òme, un stewart.
- "Asseyez vous Messieurs. Nous ne sommes pas dans un dancing et nous vous prions de rester tranquilles."
- "Eh capitaine ! On a payé ! On fait c'qu’on veut non ?"
- "Si vous voulez repartir à Paris par le prochain avion, libre à vous…"
- "Eh ! Tu vas pas nous faire peur avec ton uniforme ?!"
- "Vous voulez être attachés à votre fauteuil pour la fin du voyage ?"
Lo capitani sortiguèt las manetas de sa pòcha e tot cambièt.
- "Capitaine, vous avez gagné, on s'tait !"
- "Les hôtesses ne vous donneront plus à boire et nous vous retrouverons à Philadelphie. Outrages à passagers…"
Tot d’un còp lo silenci foguèt rei amb lo bronzinament de l’avion. La paur de la polícia aviá fach son efièch. La vida tornèt dins « la classa economica », mas los retirats èran mens brusents. Los dos parisencs se calèron sens dire un mot de mai e comencèron de roncar, boca duberta : lo oisquí fasiá son trabalh ! I aviá encara 5 oras davant de se pausar. Matilda, cansada, dormiguèt coma un enfant. Ieu causiguèri d’agachar un filme : Harry Potter a l’escòla de las mascas, en francés. M’agradèt fòrça. Puèi demorèri los uòlhs dubèrts somiant : benlèu qu’èri capborda d’ensajar de tornar veire Romieg aprèp 35 ans ! Mas de tot biais èra una escasença de las bonas per viatjar ambe ma pichòta Matilda. Veirem ben, lo deluvi me fasiá pas paur.
L’avion comencèt sa davalada per l’aterriment : e los fromatges de cabra de ma sòrre qu’aviái amagats dins un tuperware, es que los trobarián dins la valisa a la doana ?
Tèxte de l'episòdi 6 :
L'endeman èra lo jorn de l’auton. Las vendémias èran acabadas. Anèri encò del notari. Li diguèri que voliái vendre las vinhas qu’èran pas afermadas quand tornariái. Se quaucun cercava …. Me diguèt :
« Ambe la crisi las solas tèrras que se vendan son aquelas ont se pòt bastir d’ostals per los retirats e los toristas. Mas òm sap pas jamai : un ric american per faire un vin especial… »
Per lo moment l’argent de l’oncle bastariá per faire la fèsta ambe Matilda : n’i aviá pron. Voliái pas lo dire a degun, mas sus lo papièr, degun l’ausirà pas : 500.000€ !
De tot biais me caliá escriure un mail a Romieg a Baltimore avant de cercar a crompar las bilhetas d’avion. Urosament Matilda – qu’èra fòrça urosa de partir ambe ieu - parlava l’Anglés e foguèt un’ajuda de las grandas : Romieg èra professor a UMBC-University of Maryland Baltimore County Campus. Son ostal èra dins Catonsville dins lo comtat pas dins la ciutat de Baltimore. Enfin trapèrem son numèro de telefòn.
Èri vergonhosa, mas lo me caliá sonar : i aviá pas d’autra causida per partir. L’aviái pas vist dempuèi 10 ans. Lo darrièr còp èra vengut per l’enterrament de sa maire (encara, aquò finira pas jamai ! mas aqueste còp èra dins lo cementari, l'enterrament, pas dins lo Vire los pes dins l’aiga ambe l’urna !) E l’ora per sonar? Cossí saupre quand travalhava ? ambe lo desfasament orari èra pas simple : sièis oras de mens.
- "Pensi que lo melhor es de lo sonar de matin : ai vist sus la mapa que l’universitat es pròcha de son ostal qu’es sus Hill View numerò 875."
- "Es dins lo campèstre ?"
- "Non mas deu èstre un ostal ambe un jardin coma ne pòdes veire a la TV."
- "Nos caldrà logar una veitura, autrament serem embarradas luènh de la ciutat ! Vòli veire de mond !"
- "Donc sonarem a doas oras aprèp dinnar : serà uèch oras del matin per el."
Abans de nos anar jaire avèm fach una virada sus los sits de « vols économiques ».
Per Baltimòre èra pas simple e fòrça long : Montpelhièr/Paris, puèi Paris/Filadelfia e, per acabar, Filadelfia/ Baltimòre. E mai se costava 1700 €, èra lo mens car.
Aviam la nèit per soscar.
Èra lo primier còp de ma vida dempuèi qu’aviái quitat l’ostal de la maire que podiái dire « bona nèit » a quaucun dins mon ostal e qu’aviái de projèctes de vida vidanta amb aquela persona. Benlèu que Matilda, polida coma èra, trapariá lèu lèu un òme e que me daissariá tombar coma un vièlh crostet : mas uèi èra la vida « d’ici et maintenant » comme ils disent les intellos, que m’apassionava.
L'endeman matin avèm parlat dels papièrs : los passapòrts. Avèm sonat la prefectura : per ieu tot anava plan. Matilda, ela, aviá un passapòrt biometric tot nòu : èri fòrça suspresa qu’aquela pichòta aguèsse aquò.
- "Lo jorn de ma majoritat ai volgut èstre liura de me laissar l’escasença de partir lo jorn onte seriá possible e de laissar aquel vièlh mond."
- "Mas sabes Matilda qu’es pas qu’un viatge de 3 meses qu’anam faire. Puèi tornarem."
- "Veirem ben : pensi que tot es possible a mon atge ! Ai tota la vida davant ieu e la vòli engolir."
Bon : aviái pas res a dire.
Doas oras arribèron :
- "Allo. Romieg. Es Joana. Joana Belcaire !"
- "Ah ! la Jeanne , ça fait plaisir d’ausir ta votz e subretot ton accent. E la lenga occitana, qu’aicí es pas simple de trapar quaucun per la parlar. Quel bon vent ?.."
- "Romieg : je voudrais venir te voir à Baltimore. Je suis retraitée et j’ai envie de voyager. Et j’aimerais beaucoup te revoir. Sès un amic per ieu dempuèi totjorn."
- "Joana me fariá plaser tanben. Mas ieu trabalhi e seràs soleta a l’ostal. Te languiràs tota la jornada e en mai parlas pas la lenga d’aquí."
- "Romieg : soi pas soleta !"
- "Coma ? As un òme ? Enfin ?! E ieu que cresiái..."
- "Non : ma filhòla es venguda viure ambe ieu !"
- "Quina filhòla ? La coneissi pas !"
- "Es la filha d’una amiga del collègi, Luciana. Sa maire es mòrta e ara es venguda viure ambe ieu."
- "E trabalha pas ?"
- "Voldriá aprene la dietetica. Commençarà l’an que ven."
- "Bon ! Strange ! Aquò me fa plaser. Vos espèri : pren las bilhetas e vos vendrai quèrre a l’aeropòrt BWI Baltimore. Espèri los oraris. Te fau un poton : a benlèu." - "Te fau un poton tanben e te sonarai lèu lèu !"
Matilda dansava sus la terrassa, tant urosa ! Puèi me venguèt faire un poton. E valsèrem totas doas en cantant « la mazurka sota lei pins ».
- "Cossí coneisses aquela canson ?"
- "Una regenta nos aprenguèt quauques mots d’occitan e de cansons tanben !"
Un ora aprèp aviam pres las bilhetas electronicas : lo primièr d’octòbre seriam a Cattonsville Maryland.
Oeuvres publiées conservées aux CIRDOC
Manuscrits de Jules Seuzaret conservés au CIRDOC
- le ms. 173 contenant :- le ms. 634(2) contenant
Manuscrits inédits
Ref. biographiques