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Patrimoine culturel immatériel et arts du spectacle vivant en pays d'Oc: vestiges ou chantiers ?"/ Alranq, Claude
Alranq, Claude

Auteur, metteur en scène, comédien, ancien directeur du département des Arts de l'Université de Nice, Claude Alranq intervint en 2009 dans le cadre du colloque international Latinité, Méditerranée et mondialisation culturelle, sur la thématique du PCI (Patrimoine Culturel Immatériel) et des arts du spectacle vivant en terre d'Oc.

Soulignant l'évolution d'une notion aujourd'hui reconnue et clairement définie par l'UNESCO, Claude Alranq s'interroge sur le devenir des arts du spectacles vivants en langue minoritaire, dans une société contemporaine confrontée à la mondialisation et à l'homogénéisation culturelle.

Une fois l'état des lieux et les spécificités des arts du spectacles vivants en pays d'Oc établis, Claude Alranq s'interroge sur les défis posés dans le contexte actuel à ce type de patrimoine culturel immatériel, et énonce une série de propositions susceptibles de contribuer au soutien de l'action des porteurs de projets dans ce domaine.

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Quan Gargantua / Teatre de la Carrièra
Teatre de la Carrièra

Chant gascon

 

 

Paroles et traduction de la chanson (transcription fidèle du texte de la pochette du disque édité ; peut contenir des erreurs) :

Quan Gargantua Quand Gargantua
Tornè de l'armada Revint de l'armée
Dithò en entrant Il dit en entrant
Qu'éra mort de hami Qu'il était mort de faim
   
   
Refrain Repic
   
Ah! b'éri jo malauda Ah! Que j'étais malade
Oc, mlauda éri jo ! Oui, malade j'étais !
   
   
S'a minjat un pòrc Il a mangé un porc
En ua gresilhada Le temps d'une averse de grésil
S'a minjat un buòu Il a mangé un boeuf
En ua poderada Le temps de le tailler
   
   
S'a minjat lo pan Il a mangé le pain
De dotze hornadas De douze fournées
Que s'a but lo vin Il a bu le vin
De quatorze annadas De quatorze années
   
   
Quan esto sadoth Quand il fut repus
Demanda ajada Il demande à s'étendre
Que l'an hèit un lheit On lui fit un lit
De sèt cars de palha De sept chars de paille
   
   
Quan esto cothat Quand il fut couché
Demmandè sa hemna Il demanda à sa femme
L'a volò tocar Il a voulu la toucher
S'es esbitcherrada Elle s'est mise à bêler
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Calant de Vilafranca / Teatre de la Carrièra
Teatre de la Carrièra

Chanson recueillie dans la région de Nice en dialecte Nissart.


Paroles de la chanson (transcription fidèle du texte de la pochette ; peut contenir des erreurs) 

Calant de Vilafranca Descendant de Villefranche
Per me crompar un capeu Pour m'acheter un chapeau
Me sìeu trompat de pòrta Je me suis trompé de porte
Dintreri au bordeu Je suis rentré au bordel
   
   
Repic Refrain
   
Tralala tralala Tralala tralala
Li gandaulas que se marìdon Les putes qui se marient
Tralala tralala Tralala tralala
Li gandaulas son marìdas Les putes sont mariées
   
Vai que l'amor ti passarà L'amour te passera bien
Fai larireta, fai larireta Chante, chante
Vai que l'amor ti passarà Fai larireta, fai larira
   
   
La femna dau bordeu La mère maquerelle
Diguèt "a que sies beu !" dit "Ah que tu es beau !"
M'a fach calar li bralhas Elle m'a fait descendre les pantalons
Per me chucar l'auceu Pour me sucer l'oiseau
   
   
I avia una gandaula Il y avait une pute
Amb de gros botelhs Avec de gros mollets
Lo cuiou coma una tìna Le cul comme une tine
L'i ai fotut lo pinseu J'y ai mis le pinceau
   
   
N'i aviá una pichina Il y avait une petite
Amb de belas tetinas Avec de gros seins
L'i ai pesugat li possas Je lui ai pincé les tétons
M'a pesugat l'auceu Elle m'a pincé l'oiseau
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Carnaval
CIRDÒC-Mediatèca occitana

Le carnaval est un ensemble festif de pratiques et de rites populaires célébrant le passage d’une saison à une autre et le renouveau de la nature. C’est aussi, et surtout, une période de contestations et de remise en question de l’ordre établi dans la société qui le pratique. Elle ouvre une parenthèse dans laquelle débordements, défoulements et transgressions sont tolérés par les autorités.

1/ La pratique aujourd’hui

Derrière le terme « carnaval » on trouve tout un ensemble de pratiques vivantes de par le monde. Ses formes évoluent d'une région à l'autre, mais également d'une époque à l'autre, en fonction des tensions internes et politiques qui en constituent le contexte. Si les traits généraux sont conservés, les principes de la fête sont souvent repris et adaptés aux réalités locales, passant alors au travers du prisme d'une culture et d'une langue.

Les carnavals occitans, présentent de nombreux traits communs aux carnavals du Nord de la France et du reste de l'Europe. Ils s’inscrivent dans le cycle des festivités populaires entre Noël et Carême en marquant symboliquement la fin de l’hiver. Leur date et leur durée fluctuent selon les époques et les régions (épiphanie, 2 février, 3 février, etc.). Elles précèdent généralement la période de Carême, dans un jeu d’opposition entre débordements et pénitences, gras et maigre, etc. Pendant carnaval, les inversions de toutes sortes (de sexes, de classes, voire même d’espèce), le port de masques et autres travestissements envahissent l’espace public. Cette pratique communautaire possède néanmoins des règles, des commémorations et des rites qui lui sont propres. Au sein du cortège on retrouve un grand nombre de personnages autour de la figure-clé de Carnaval, tels que les hommes sauvages et les jugements de cocus (assoadas, ou asinadas). Ils portent principalement et traditionnellement des noms occitans renvoyant fréquemment à leur fonction au sein du cortège. Carnaval lui-même est affublé de différents noms en fonction des lieux comme par exemple « Bourrache Ier roi des buveurs » (à Canet-d'Aude en 1955), « Sent Pançard » dans le sud de la Gascogne, ou encore « Caramentrant » en Provence.

Le temps de la fête se finit invariablement par le jugement du Roi Carnaval, tenu collectivement et encore souvent écrit et interprété en occitan, et son immolation. Ces jugements constituent un moment-clé des fêtes, et l'une des principales sources d'inquiétudes des autorités en place. En effet, ils servent de tribune pour la population, pouvant ainsi exprimer son mécontentement. Carnaval est accusé de tous les maux soufferts, de tous les malheurs traversés au cours de l'année écoulée. Fêté, adoré jusque-là par les participants, Carnaval devient dès lors le bouc-émissaire sur qui se déversent toutes les frustrations.

2/ Apprentissage et transmission

Le temps du carnaval, la fête, la licence, le défoulement dans l'espace public sont tolérés, y compris les masques et autres travestissements. Par ces attributs les Hommes explorent leur part animale. Hommes sauvages, paillasses, « pétassons », ours, sont autant de costumes fréquents dans les cortèges occitans. Les masques de carnaval y ajoutent l'anonymat et accentuent l'aspect grotesque. Temps de remise en cause et d'inversion, carnaval conserve encore ses origines païennes et sa fonction sociale au travers de ces diverses pratiques, celles-ci ayant toutefois quelque peu perdu leur dimension symbolique.

Chansons et danses en occitan viennent rythmer les festivités du carnaval : « Dimars gras qu'a nau porcàs », « Adieu paure carnaval », « Carnaval es arribat », « Joan petit », ou la danse des soufflets. Celles-ci présentent une certaine récurrence sur tout le territoire occitan au cours de la période de carnaval. Par exemple la chanson « Adieu paure Carnaval » accompagne le roi des festivités lors de son dernier voyage.
Les danses proposées sont fréquemment satiriques, parfois licencieuses, mettant fréquemment en scène des couples, et principalement des jeunes gens. Un grand nombre de danses se sont ainsi développées autour des festivités de carnaval, parfois spécifiques à une région, et s'appuyant sur des formes pré-existantes ou en créant de nouvelles.

Les jugements, fictifs, adaptés de fêtes en fêtes, rédigés traditionnellement en occitan en amont de leur interprétation, constituent une tribune pour la population, pouvant ainsi exprimer son mécontentement.
Pastorales, jugements, et cortèges sont intéressants d'un point de vue culturel et patrimonial pour différents aspects (évolution de la langue à diverses époques, mise en scène de personnages issus du folklore et de mythes locaux...) qui sont autant de témoignages des spécificités du carnaval en Occitanie.
Répétés d'année en année, les textes, tout particulièrement dans le cas des jugements, sont adaptés au contexte particulier, politique et économique, de l'année de leur rédaction.
Les textes de carnaval, notamment ceux des jugements, sont conservés, repris et adaptés d’une année sur l’autre selon le contexte politique et économique de l'année. Ils constituent donc de véritables sources de connaissance.

3/ Historique

Peu de certitudes existent quant aux origines réelles de carnaval. De par ses caractéristiques (célébration du passage d'une saison à l'autre, les inversions, les débordements tolérés par les autorités etc.) certains auteurs le comparent aux Saturnales romaines, fêtes se déroulant en décembre au cours desquelles les esclaves prenaient la place de leurs maîtres.
D'un autre côté, l'historienne Anne Lombard-Jourdan explore la piste gauloise du dieu Kernunnos, relevant notamment l'existence d'un mythe ancien mettant à l'honneur la figure symbolique du cerf, perdant ses bois au mois de février pour mieux les renouveler en un plus beau ramage.

Même l'étymologie du terme « carnaval » reste aujourd'hui encore source de questionnement.
On peut en trouver trace en France dès 1268, sous la forme de quarnivalle. Ce n'est qu'aux alentours du XVIsiècle, que cette expression, fruit de la tradition orale, prend la forme que nous lui connaissons actuellement.

Souvent citée, il semble que la piste latine faisant de carnaval le dérivé de carnelevare (mot latin formé de carne, « chair » et levare, « ôter », qui signifie littéralement entrer en carême) soit le fruit d'une construction postérieure au Xe siècle, date communément admise pour son apparition. En forgeant une étymologie en rapport avec le Carême, l'Église entérinait ainsi son intention de récupérer une cérémonie païenne, en la plaçant sous la dépendance du Carême.

Les débordements accompagnant les festivités de carnaval furent très tôt une source d'inquiétude pour les autorités, religieuses comme civiles, qui voyaient en celles-ci des risques potentiels pour leur autorité. Elles tentèrent d'y mettre un frein à défaut de pouvoir supprimer une fête si populaire, et furent progressivement rejointes par l'État qui vit dans les cortèges et jugements de Carnaval, un danger réel.

Au tournant de la Renaissance, ces derniers prennent effectivement un tour plus politique et les incidents se multiplient (Sarlat, 1574, Romans, 1580), entraînant la réaction des autorités. Ainsi au XVIsiècle de nombreux décrets sont édictés limitant les libertés autrefois accordées au cours de cette période.

Les XVIIe et XVIIIe siècles accentuent la part de révolte contenue dans le langage carnavalesque nourrissant en retour une méfiance toujours accrue des pouvoirs politiques. Il en sera ainsi au cours des siècles suivants, sans toutefois jamais mettre à bas complètement les festivités de carnaval.

Ainsi, en dépit des atteintes politiques, et malgré la parenthèse des conflits armés de 1914-1918 et de 1939-1945, carnaval retrouve au lendemain de la Seconde Guerre mondiale un second souffle, et constitue aujourd'hui encore un temps fort à la veille du printemps.

Les années 60-70 réconcilient la fête et la politique et aujourd'hui encore, le théâtre occitan contemporain puise une part de son inspiration dans les formes traditionnelles du carnaval.

4/ Sauvegarde

Le carnaval est une pratique bien vivante, en Occitanie comme dans le reste du monde, qui évolue selon les époques et les lieux de sa pratique. Réinventant constamment ses formes en s'appuyant sur un héritage qui lui est propre, et s'adaptant à la société dans laquelle il se développe, il est tel un miroir déformant de la société. Il demeure un temps à part, une parenthèse de défoulement et de fête à la sortie de l'hiver.
Aujourd’hui certains carnavals, notamment occitans, sont inscrits à l’Inventaire du Patrimoine culturel immatériel en France.

5/ Acteurs de la pratique

Si carnaval reste une fête populaire il est aujourd’hui souvent organisé et encadré par des associations locales comme les comités des fêtes par exemple ou encore les écoles.
En domaine occitan le mouvement des écoles Calandretas est aussi un acteur majeur des nouveaux carnavals occitans.
Enfin dans certaines villes, comme à Limoux, il existe une entité spécifique en charge de l’organisation du carnaval.

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La noce à Aimée / Teatre de la Carrièra
Teatre de la Carrièra

Paroles de la chanson (transcription fidèle du texte de la pochette ; peut contenir des erreurs) :


C'était en Janvier la noce à Aimée

Avec Désiré son jeun' fiancé


Au son du violon et de l'accordéon

Aimée Désiré se sont mariés


Mais la pauvre Aimée, la bouche de côté

Ne pouvait parler qu'en parlant du nez


Quant à Désiré le pauvre garçon

Il avait l'menton comme un potiron


La tata Emma avait mal au bras

Tonton Marius était pleinde puces


La demoiselle d'honneur avait mal au coeur

Et son cavalier avait mal aux pieds


Les petit' cousines en rob' de mousseline

Et les ptits cousins s'tenaient par la main


Et les vieux parents suivaient en boîtant

Et versaient des pleurs qui faisaient mal au coeur.



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Parpalhon mon bon amic / Teatre de la Carrièra
Teatre de la Carrièra

Chanson traditionnelle Provençale

 


Paroles (transcription fidèle du texte de la pochette ; peut contenir des erreurs) et traduction : 

E ieu tanben vòli me maridar amb la Marion qu'es tan polida. Mai as pas de lotjament, ai pas de cantaire, ai pas d'argent.

Alara, monsurs, dams, consi me cal faire ?


Et moi aussi je veux me marier avec Marion qui est si jolie. Mais je n'ai pas de logement, je n'ai pas de chanteur, je n'ai pas d'argent.

Alors messieurs-dames, comment dois-je faire ?

 

Parpalhon mon bon amic Papillon mon bon ami
Parpalhon marida ti ! Papillon marie-toi donc !
Dels ancians seguent l'usatge Des anciens suivant l'usage
Pens'a te metr'en menatge Pense à te mettre en ménage
Parpalhon mon bon amic Papillon mon bon ami
Parpalhon marida ti ! Papillon marie-toi donc !
   
   
Coma me maridarai Et comment me marier
Que ges de lotjament n'ai Je ne sais où me loger
Li responde la limaça Moi, lui répond la limace
Leu te cedarai ma plaça ! Je te céderai ma place papillon !
   
   
Coma me maridarai Et comment me marier
Que ges de lençòl ieu n'ai Puisque je n'ai pas de draps ?
Va, lui répond l'araignée,
Ieu te filarai l'escanha ! Je te filerai la toile !
Coma me maridarai Et comment me marier
Que de pan per aquò n'ai Puisque je n'ai pas de pain ?
En serva garde l'espiga La fourmi répond - je garde
Li responde la formiga Plus d'un épi en réserve !
   
   
Coma me maridarai Et comment me marier
Que de cantaire non ai Puisque je n'ai pas de chanteur
Li responde la cigala La cigale lui répond
De mon cuou farai timbala Mon cul fera timbale
   
   
Coma me maridarai Et comment me marier
Que d'argent per aquò n'ai Puisque je n'ai pas d'argent
Oui, lui répondit la vieille  
J'te don'erai de l'oseille  
   
   
Parpalhon, mon bon amic Papillon mon bon ami
Parpalhon marida ti ! Papillon marie-toi donc !
Dels ancians seguent l'usatge Des anciens suivant l'usage
Pens'a te metr'en menatge Pense à te mettre en ménage
Parpalhon, mon bon amic Papillon mon bon ami
Parpalhon marida ti ! Papillon marie-toi donc !
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Chanson officielle du Carnaval de Nice 1911 / Menica Rondelli ; H. Tarelli
Rondelly, Menica (1854-1935)

Tous les ans, pour l'organisation du carnaval de Nice, un grand concours était lancé pour la création d'une chanson appelée à devenir la chanson officielle du carnaval et chantée tout au long du défilé. Les partitions et les chansons sélectionnées étaient ainsi éditées puis vendues les semaines précédant et suivant le carnaval.
De toutes les propositions ce fut celle présentée ici, en dialecte Nissard, qui remporta le concours en 1911.

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Air du Guet - L' Antoni / Teatre de la Carrièra
Teatre de la Carrièra

Premier extrait musical de la pièce, L'Air du Guet fait partie de la tradition carnavalesque d'Aix-en-Provence.

L'Antoni, est, elle, une chanson présente en Languedoc et Provence.

 


Paroles de l'Antoni : (transcription fidèle du texte de la pochette ; peut contenir des erreurs)


Ma filha te vòls maridar

Ma fille, tu veux te marier
Avem ges d'argent per te donar Nous n'avons pas d'argent à te donner
Qu'es aquò d'argent ? Qu'est-ce que c'est l'argent ?
Qu'apelatz d'argent ? Qu'appelez-vous l'argent ?
Empruntaren nòstres parents Nous emprunterons à nos parents
   
REPIC REFRAIN
L'Antoni, lo vòli L'Antoine je le veux
Maridatz-me per aquest'an Mariez-moi cette année
Ièu podi plus esperar tan ! Je ne peux attendre plus !
   
   
Ma filha te vòls maridar Ma fille tu veux te marier
Avem ges de pan per te donar Nous n'avons pas de pain à te donner
Qu'es aquò de pan ? Qu'est-ce que le pain ?
Qu'apelatz de pan ? Qu'appelez-vous du pain ?
Los bolangièrs coion tot l'an Les boulangers cuisent toute l'année
   
   
Ma filha te vòls maridar Ma fille tu veux te marier
Avem ges d'abit per te donar Nous n'avons pas d'habits à te donner
Qu'es aquò d'abit ? Qu'est-ce que c'est des habits ?
Qu'apelatz d'abit ? Qu'appelez-vous des habits ?
Empruntarem nòstres amics Nous en emprunterons à nos amis
   
   
Ma filha te vòls maridar Ma fille tu veux te marier
Avem ges de crotz per te donar Nous n'avons pas de croix à te donner
Qu'es aquò de crotz ? Qu'est ce que c'est une croix ?
Qu'apelatz de crotz ? Qu'appelez-vous une croix ?
S'embrassarem ben totes dos On s'embrassera bien tous les deux
   
   
Ma filha te vòls maridar Ma fille tu veux te marier
Avem ges de lièch per te donar Nous n'avons pas de lit à te donner
Qu'es aquò de lièch? Qu'est ce qu'un lit ?
Qu'apelatz de lièch ? Qu'appelez-vous un lit ?
Cocharem long dels escaliers Nous coucherons le long des escaliers
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Bogre de Carnaval, une pièce du Teatre de la Carrièra

Créée et interprétée par le Teatre de la Carrièra, la pièce Bogre de Carnaval raconte une histoire de vie et de mort, une histoire de la vie quotidienne, celle d'Antoni Testanboi et de Marion, l'histoire de leurs amours, de leur mariage, la naissance et l'éducation de leur enfant, leur mal-mariage, la maladie de l'Antoni et la mort finale de leur couple...

Pour réaliser cette pièce, les membres du Teatre de la Carrièra se sont interrogés sur la tradition carnavalesque comme contribution à la lutte menée par le mouvement occitan dans les années 1970 pour monter un spectacle s'inspirant des forces libératrices et subversives qui traversent Carnaval.


Pour cela, des enquêtes ont été réalisées en Languedoc et en Provence ont permis de recueillir les chants présentés lors du spectacle. Ces chants ont été réinterprétés afin de restituer avec les moyens d'un spectacle l'esprit carnavalesque et de le livrer au spectateur avec toute sa saveur, ses potentialités de contestation et de liberté. Un disque vinyle, édité par le label Ventadorn, est sorti en 1978 : les titres qui y figurent sont reportés ci-dessous, en bas de page. [imatge id=174]

Les membres du Teatre de la Carrièra :
Alranq, Claude 
Clément, Anne
Coulomb, Christian
Pelletier, Manuel
Roquefeuil, Jean-Louis
Tuech, Maurice
Verdié, Patrick
Bonafé, Marie-Hélène


À propos de la création de la pièce :
 
« Dans le début des années 70, j'avais découvert Les travaux et les jours de Dario Fo et c'était une révélation d'entendre ces chants populaires chantés par des grandes chanteuses comme Giovana Marini (avec qui nous avons travaillé plus tard sur Yerma) et Catarina Bueno. Puis quand je suis  venue jouer au Teatre de la Carrièra, mon premier rôle  était celui d'un homme, le Cinglou le nervi du patron des mines dans Tabò. Et après cette expérience j'ai joué beaucoup de rôles d'hommes avec beaucoup de plaisir : c'était déjà le carnaval. Avec Marie Hélène Bonafé nous avions  réalisé toutes les deux une soirée « d'animation » cévenole avec La disputa au liech de Jean Castanha où je jouais le vieux mari et des chants. Cette soirée autour des chansons a créé une envie d'aller plus loin dans cette voie.
Par ailleurs nous découvrions les carnavals : Limoux, Pézenas surtout et cette cérémonie inconnue pour moi protestante des Cévennes. Avec Claude nous avons fait des stages de formation sur le jeu carnavalesque, nous avons aussi suivi un stage « commedia dell'arte » avec Jacques Lecoq à Paris.
Toute ces découvertes nous ont donné envie de faire un spectacle sur le carnaval. Dans mon enfance à Saint Hippolyte on chantait et jouait la chanson La noce à Aimée, nous sommes donc partis d'une noce avec improvisations, le monde à l'envers hommes en femmes, femmes en hommes. Pour le travail    du chant Catarina Bueno est venue nous aider et Claude Alranq  soutenait le travail. Mais c'était avant tout une création collective : 4 comédiens et 3 musiciens.
Le travail sur les personnages carnavalesques qu'ils soient comédiens ou musiciens était très riche : tout en étant comiques ils devaient aussi par moment inspirer la pitié – le pauvre cocu par exemple. La participation avec le public   était très importante : au milieu du spectacle nous allions inviter les gens à danser dans la salle. Le spectacle s'est beaucoup joué dans des salles communales.
La mise en scène était très simple comme dans le théâtre de tréteaux, l'acteur était le roi mais sans jamais prendre le devant de la scène: c'était une équipe énergique et qui allait de l'avant. Toute cette énergie c'était tout le travail théâtral que fait l'équipe du Teatre de la Carrièra depuis des années et les pistes de jeu proposé par Claude Alranq avec le corps et la voix habités par les personnages populaires de l'Occitanie.
Un des plus grands souvenirs est la tournée en Bretagne, jouer dehors en plein hiver...En 2001 j'ai fait une tournée de contes en Bretagne et il y avait des anciens de 1978 qui m'ont dit : pour nous Bogre de Carnaval a été très important: après on a commencé à ajouter des couplets à nos chansons, une chanson c'est une histoire. J'ai pensé aux cantastorie italiens. »

Anne Clément



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Carnaval, Cérémonies et chants de l'enfance / Jacques Bouët
Bouët, Jacques

Enregistrement traité dans le cadre du programme Patrimoine Oral du Massif Central.
Entretien avec plusieurs chanteuses qui récitent ou chantent tour à tour plusieurs chansons de leur enfance, aussi bien en occitan qu'en français.

 

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