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Les 13 desserts provençaux
Lo CIRDOC-Mediatèca occitana

Les treize desserts de Noël sont spécifiques à la Provence, bien qu'on les retrouve aujourd'hui dans les zones limitrophes à celle-ci. De nos jours fixés à treize, le nombre et les produits sélectionnés semblent avoir évolués dans le temps, avant que la tradition ne leur impose des contours définis.

 

 

 

Une tradition ancienne ?

 

Les premières mentions

Les treize desserts viennent clore sur une touche sucrée le « gros souper » provençal, principalement composé de plats maigres. Cette abondance de confiseries spécifiques dans les commémorations de Noël en Provence, s'inscrit dans la tradition méditerranéenne d'une sociabilité reposant sur le partage de douceurs. La tradition des desserts provençaux semble remonter à plusieurs siècles, sans qu'une datation exacte ne puisse être proposée. Une tradition ayant d'ailleurs évoluée au cours du temps pour se fixer aux alentours du XIXe siècle.

C'est en 1683 que paraît le premier ouvrage connu, mentionnant la pratique des desserts de Noëls provençaux. François Marchetti, prêtre de l'église de Marseille, évoque dans le onzième des dialogues qui composent son ouvrage Explication des usages et coutumes des Marseillais, de nombreux éléments encore présent dans les cérémonies entourant la nativité : les trois nappes, l'offrande de gâteaux, les treize pains... Seuls quelques fruits secs mentionnés dans sa présentation, évoquent la pratique des treize desserts.

Par la suite, Laurent Pierre Bérenger dans Les Soirées provençales ou Lettres sur la Provence, puis Aubin-Louis Millin en 1808 : Voyage dans les départements du Midi de la France, dresseront un inventaire plus détaillé des mets composant les desserts de Noël en Provence ; sans que jamais un chiffre spécifique ne leur soit cependant associé.

 

Le tournant du XIXe siècle

Au XIXe siècle, de nombreux auteurs et érudits, tout particulièrement les félibres et Frédéric Mistral, se penchent sur la question des cérémonies du Noël provençal traditionnel. Cette période de remembrança (mémoire) va contribuer à donner un second souffle à une tradition en perte de vitesse à cette époque. C'est également durant cette période que vont se fixer, voire se figer les contours de cette tradition. Elle se voit progressivement doter d'un nom, « calenos » (Villeneuve-Bargemont, La Statistique du département des Bouches-du-Rhône. 1821-1826), puis d'un nombre défini. Si en 1885, Edmond de Catelin (dit Stephen d'Arves) évoque « douze desserts obligatoires », ils sont au nombre de sept chez l'Américain Thomas A.Janvier quelques années plus tard.

C'est au milieu des années 1920, que le nombre treize s'impose définitivement, porté par la liste détaillée du Dr Joseph Fallen, publiée dans l'édition spéciale de décembre 1925 de La Pignato : « Voici une quantité de friandises, de gourmandises, les 13 desserts : il en faut 13 oui 13 ! Pas plus si vous voulez, mais pas un de moins : notre Seigneur et ses apôtres ! ». (cf. Brigitte Poli. Les 13 desserts provençaux.).

Cette liste proposant une grande variété de fruits secs (amandes, noix, pistaches...), fruits frais (melon, oranges, poires, pommes...), nougats, pompe et fougasse à l'huile... ouvre en fait dès l'origine la voix à de nombreuses adaptations, et réinterprétations, de sorte que sur les tables provençales contemporaines, chocolats et fondants côtoient oranges et amandes.

 

Le gros souper

Le 24 décembre au soir, avant la messe de minuit, les familles de Provence se réunissaient autour du « gros souper ». En amont du repas, tout un cérémonial, plus ou moins respecté et identique d'une région à l'autre, était mis en place.

 

Le cacha-fuòc


Point de départ des festivités, « Lo cacha-fuòc » (en languedocien). La bûche de Noël, déposée dans l'âtre, recevait de la part de l'aïeul, un verre de vin de la première bouteille débouchée ou une burette d'huile d'olive (dans la région d'Arles et du Comtat). L'ablution s'accompagnait alors d'une bénédiction, dont les paroles, pouvant variées d'une région à l'autre, suivaient la trame générale suivante:

" Té bénédisi tu, tisoun !Toutei lei gen de la meisounAdiou Eve, adiou AdamaQué Diou nous adugué un bouen an !"

 

Le gros souper

Le gros souper, principalement composé de plats maigres (morue en raïto ou en bouillabaisse, daube de poulpe, légumes de saison, escargots, anguille à la « matelote »...), au nombre de sept (en évocation des sept douleurs de la vierge), est servi sur une table soigneusement décorée et respectant un certains nombres de coutumes.

Trois nappes blanches, une grande, une moyenne puis une petite, sont successivement disposées sur la table de sorte à faire apparaître chaque niveau. Trois lumières ou trois chandeliers, ainsi que trois soucoupes contenant du blé semé pour la Sainte Barbe, et d'autres contenant des plantes et herbes récoltées sur les collines de Provence, viennent ensuite parer cette table.

Treize pains, douze petits (les apôtres) et un gros (le Christ) sont finalement placés sur la table, finalisant une décoration symbolique (les chiffres trois, sept, et treize) dans laquelle le gui ne trouve pas sa place (il est dans ces régions, supposé porté malheur).

 

Les treize desserts

D'une région à l'autre, les éléments composant les treize desserts peuvent différer. Certains cependant constituent des incontournables. En voici la liste et quelques explications sur leurs origines.

 

Les quatre mendiants (les fruits secs)

Les “pachichòis” provençaux constituent des mets abondants, traditionnellement intégrés aux habitudes alimentaires des méditerranéens. Quatre d'entre eux sont particulièrement appréciés lors des festivités de Noël, ce sont les quatre mendiants, en référence aux principaux ordres religieux auxquels ceux-ci renverraient.

  • la figue sèche (li figa seca) équivaudrait ainsi par sa robe grise, aux Franciscains. 
  • les raisins secs (li passarilha ou pansa): Augustins (robe rouge).
  • les amandes (lis amellas): selon les versions, elles renvoient soit aux Dominicains, soit aux Carmes. la noix (Augustins), noisette (Carmes). 
Les pruneaux, et plus récemment les abricots, ont progressivement rejoints les quatre mendiants sur les tables calendales.

 

Les fruits frais

Différents fruits frais, conservés depuis le mois de septembre dans les caves et greniers, progressivement rejoints par des fruits exotiques des anciennes colonies, viennent apporter une touche sucrée complémentaire :

  • le raisin: conservé jusqu'à noël dans les caves et les greniers. 
  • le melon d'eau, ou « verdau », peu à peu abandonné cependant. 
  • l'orange: ce fruit, qui n'est pas à l'origine un produit spécifique à la Provence, est toutefois attesté dès le XVIIIe siècle par Laurent Pierre Bérenger. Elle sera par la suite accompagnée de la mandarine corse ou espagnole. 
  • les kiwis, ananas, mangue... et d'une façon générale importance des fruits exotiques.

 

 

Les confiseries et pâtisseries

La pompe à l'huile (pompa à l'òli), connue également sous le nom de gibassier ou de fougasse, est un gâteau parfumé à la fleur d'oranger. Traditionnellement, elle est le plat porté par Pistachier (personnage typique de la crèche et de la pastorale provençale), et doit être rompue (et non coupée) sous peine d'être ruiné dans l'année à venir ; dans une symbolique de partage.

La pompe consommée actuellement semble différer des pompes traditionnelles, autrefois fabriquées avec de la farine de froment. Son nom demeure une énigme, évoquant pour certain la capacité de la farine à absorber l'huile versée lors de la préparation, ou parce que ce gâteau est souvent utilisé pour saucer le vin cuit en fin de repas.

Quasiment incontournable dans toute la Provence, ce plat est toutefois remplacé dans le Comtat et la Drôme par les « panaios » , tartes aux garnitures très variées.

 

Le nougat :

 

  •  Blanc: miel, sucre, blancs d’œufs et des amandes auxquelles on peut substituer des noisettes ou des pistaches. 
  •  Rouge: un nougat à la rose et aux pistaches.
  •  Noir: miel et amandes. (le nougat fabriqué maison).

 

Diverses légendes entourent le nougat, dont une fut relatée en 1935 dans le journal «La Pignato ». Selon celle-ci, le nougat de la liste des treize desserts, serait le rappel d'une offrande faite au jeune Jésus, par un Maure, présent dans la suite des Rois Mages.

À ces différents produits traditionnels de la Provence se sont greffés depuis différentes pâtisseries et friandises contemporaines.

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Lo viatge de Joana - Sason 1 / Episòdi 2
Clément, Anne. Auteur, interprète
Benichou, Julien. Compositeur
Alranq, Perrine. Interprète
Jean Hebrard. Interprète
Huang, Edda. Interprète
Benichou, Daphné. Interprète
Zinner, Lucas. Interprète
Texte de l'episodí 2 : 

Durbissi la pòrta de l’ostal e davant ieu una filha dins sos 20 ans benlèu, polideta, los peus negres, los uòlhs verds, la pèl bruna, granda e linja, una maleta dins la man que me demanda amb un bel sorire e una votz doça :

- "Madama Joana Belcaire?"

- "Òc es ieu ! De qué volètz ?"

- "Vos sovenètz de Maria Delbàs, ma maire ?"

- "Benlèu, possible…"

- "Èretz au collègi ensemble dins las annadas…"

- "E de qué fa vòstra maire ara ?"

- "Pecaire es mòrta la paura l’an passat e m’a totjorn dich : s’un jorn sès dins la maganha vai te'n veire mon amiga Joana Belcaire, t’ajudarà.

- "Ieu ? Coma vos podriái ajudar : ai ges de trabalh per une filha coma vos, soisoleta e subretot pensi que ara que soiretirada, vòli viatjar."

- "Benlèu que me poiriatz lotjar ? En escambi de la cambra e del manjar fariái lo dedins e tanben lo defòra, qu’avètz un polit jardin."

- "Madama siatz plan brava : ai pas d’endrech ont anar !"

I aguèt un silenci : aquela filhòta me fasiá pena de la daissar defòra…Benlèu que verai, sa maire èra al collègi amb ieu? Puèi sens soscar mai longtemps :

- "Dintratz : dormiretz aquí aquesta nèit e deman cercaretz un endrech ont anar."

 Ai ensajat de trapar sus la cara d’aquela jove una semblança amb una femna qu’auriái coneguda dins ma joinessa : res. Li ai mostrat la sala d’aiga, l’ai menada dins la cambra d’amics.

- "Pausatz vos aquí e vos sonarai per lo dinnar. Ara ai de causas de far."

- "Per l’enterrament de vòstre tonton Vincenç?"

- "Cossí o sabètz ?"

- "Tot lo vilatge ne parla e dison que ara siatz rica !"

- "Res es pas encara fach ! Mas avètz rason l’enterrament es per deman."

- "Vos ajudarai per reçaupre la familha…"

Ai tancat la pòrta e soi anada dins lo salon e me soi assetada : tot aquò semblava pas de bon ! Qual èra aquela filha ? E aquela Maria Delbàs ? Ges de sovenir d’aquela filha au collègi o endacòm mai. Benleù qu’èra son nom de femna maridada ? Los pantaisses se n’èran anats, la realitat m’emplenava la tèsta e me fasiá mau. 

Lo telefòn sonèt : sus la maquina s’afichèt lo nom de Mèstre Bardòt, lo notari de l’oncle Vincenç :

- "Madomaisèla Belcaire ?"

- "Bonjorn Mèstre Bardòt, cossí anatz ?"

- "Madomaisèla ai besonh de vos veire : es temps de legir lo testament de vòstre oncle."

- "Lo cal faire uèi ?"

- "Sulpic : l’oncle a demandat que lo testament siá legit a la familha, es a dire vos e vòstre cosin Paul abans l’enterrament !"

- "A bon !?"

- "Vòstre cosin Paul serà dins mon burèu a 4 oras : i vos espèri tanben."

- "Vendrai, ajatz pas paur, Mèstre Bardòt !"

Ai pausat lo telefòn. E ara de qu'anavi faire d’aquela filha ? La laissar soleta dins l’ostal ambe los cats ? Non, aviái pas fisança : vendriá ambe ieu e m’esperariá dins la sala d’espèra del notari. Quina istòria !

- "Madomaisèla Delbàs!"

- "Mon nom es Matilda, Matilda Delbàs."

- "Matilda es un polit nom. Matilda vendretz amb ieu encò del notari o se volètz vos pausarai davant lo supermercat e vos tornarai prene aprèp mon rendètz-vos.

- "Ai ges d’argent per crompar de causas al supermercat !"

- "Alara vendretz amb ieu e m’esperaretz dins la sala d’espèra del notari."

Començavi de susar e de tremolar : de qu’aviái fach de durbir la pòrta e daissar dintrar dins mon ostal una filha qu’aviái pas jamai vista ? Benlèu que seriá una bona causa de li demandar sos papièrs? Òm pòt èstre brava, mas sens èstre completament nècia ! O benlèu que Matilda èra la filha qu’aviái pas poscut aver. Quand èri jove èra pas possible d’èstre «filha maire » la sola causida èra de demorar vièlha filha coma dison los mascles al cafè de la Prima. 

Zo mai, lo telefòn…..

Veire l'episòdi 3

 

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Nicolas Saboly (1614-1675) et ses noëls
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)

Nicolas Saboly est sans conteste le rédacteur de noëls - cantiques en langue vulgaire célébrant la Nativité - le plus connu aujourd'hui. Réputé au XVIIe siècle pour la saveur de ses textes, il apparaît aujourd'hui comme le principal acteur de la tradition provençale autour de Noël. 

La tradition des chants de noël 

Le genre des noëls, apparu au XIe siècle, rencontra à l'époque un grand succès. Les noëls étaient alors les seuls chants en langue vulgaire autorisés dans les églises, compréhensibles par le plus grand nombre. Pouvant s'inspirer de sujets d'actualité ou des coutumes locales, ils sortent du champ liturgique pour s'imposer en tant que véritables airs populaires. 

Chaque grande ville, chaque région avait dans le courant du XVe et du XVIe siècle son noëlliste attitré qui, chaque année, aux alentours du 25 décembre, publiait ses cantiques. Parmi ces noëllistes, figuraient des membres du corps ecclésiatistique, des organistes mais aussi quelques clercs, souvent compositeurs d'airs populaires. 

Nicolas Saboly, sa vie 

Nicolas Saboly, est pour sa part un noëlliste provençal. Il naît dans le Comtat Venaissin, à Monteux, le 30 janvier 1614 dans une famille de consuls. 

Issu d'une famille d'éleveurs, il grandit au milieu des bergers et des troupeaux de moutons. 

Destiné à l'état ecclésiastique, il entre très tôt au collège de Carpentras chez les jésuites avant d'être nommé à 19 ans recteur de la chapellenie de Sainte-Marie Madeleine, fondée au maître-autel de la cathédrale Saint-Siffrein à Carpentras. 

En 1635 il est appelé au sous-diaconat, diaconat et prêtrise avant d'être nommé maître de chapelle et organiste de la cathédrale Saint-Siffrein de Carpentras. 

La publication des noëls 

C'est à cette date que Nicolas Saboly semble avoir commencé à composer ses noëls, dans un premier temps pour ses intimes, puis publiés plus tardivement.  

Il ne nous reste aujourd'hui aucune trace des manuscrits de Nicolas Saboly mais on sait que ses noëls ont été publiés de son vivant entre 1669 et 1674, chaque année sous la forme de petits fascicules. En tout, un peu plus d'une cinquantaine de noëls lui sont attribués, tous écrits en langue occitane. 

Nicolas Saboly aurait composé très peu de musiques pour accompagner ses noëls. Il était alors de tradition d'écrire les paroles des chants sur des airs populaires empruntés à d'autres compositeurs ou à des airs d'église. Nicolas Saboly a souvent repris des airs à la mode pour accompagner ses compositions. En témoigne son cantique « La Bona Novela » dont la trame musicale s'appuie sur une gavotte de Praetorius devenue ensuite l'air d'une bourrée à deux temps en Berry : « En passant la rivière ». 

Ainsi, seules une dizaine de mélodies auraient été composées par l'auteur pour accompagner ses chants. 

Le contenu des noëls 

Par le biais de ses noëls, Nicolas Saboly déplace la scène de la Nativité en Provence, en lui confiant tous les attributs de la coutume comtadine. 

La plupart de ses cantiques font apparaître des bergers, venant des coteaux du Comtat Venaissin. Ce sont ses propres contemporains qu'il met ainsi en scène reprenant dans ses noëls leur parler, leurs moeurs, leurs habitudes mais aussi leurs légendes et des aspects de leur religion populaire. 

Dans ses poésies d'inspiration populaire, apparaissent régulièrement des éléments d'actualité. Ses sentiments politiques ont même pu apparaître dans certains noëls, notamment son attachement aux "Pévoulins", gens du petit peuple meneurs d'une révolte en Avignon en 1653 contre les "Pessugaux", soutiens de l'administration pontificale. Un des premiers noëls qui lui est attribué, « Nouvé de l'an 1660 après le mariage de Louis XIV », outre son titre, évoque également dans son contenu le mariage du roi et la conclusion du traité des Pyrénées, marquant la fin de la guerre de Trente Ans. Dans l' «Estrange Deluge » publié en 1674, il fait allusion à la terrible inondation d'Avignon survenue la même année. Enfin, dans « La miejo nue sounavo » publiée en 1672, il fait référence à la Guerre de Hollande commencée la même année. 

Enfin, on ne peut pas ignorer l'aspect éminement satirique des textes de Nicolas Saboly, ce dernier dotant souvent ses écrits de traits moqueurs et critiques contres les prêtres, les gens du monde, les nobles et magistrats, les riches et les pauvres. Ainsi un de ses noëls les plus célèbres, « I a proun de gens » (connu aussi sous le titre « La cambo ma fa mal ») aurait été rédigé pour se moquer d'un curé boiteux dans l'entourage proche de l'organiste de Carpentras. 

Le dernier recueil de noëls de Nicolas Saboly sera publié en 1674 mais tous ses cantiques se sont largement répandus dans la culture populaire avant d'être transmis jusqu'à nous aux côtés des noëls de Natalis Cordat (1610-1663) ou encore ceux de N.D. Des Doms.

Pour aller plus loin...

Voir les partitions des noëls de Saboly sur Occitanica.

Voir sur Lo Trobador, toutes les éditions des noëls de Saboly.

Voir sur Lo Trobador tous les ouvrages sur la vie et l'œuvre de Saboly.

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Fêtes de Noël en Provence
Kersaint-Gilly, M.-J.
Ouvrage de M.-J.de Kersaint-Gilly présentant les différents temps des festivités de Noël. Cacha-fuòc, santon, gros souper, treize desserts provençaux... font ainsi l'objet d'une explication. L'ouvrage datant de 1901, est préfacé par Frédéric Mistral.
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Lo viatge de Joana - Sason 1 / Episòdi 3
Clément, Anne. Auteur, interprète
Benichou, Julien. Compositeur
Alranq, Perrine. Interprète
Jean Hebrard. Interprète
Gaspa, Marie. Interprète
Huang, Edda. Interprète
Benichou, Daphné. Interprète
Zinner, Lucas. Interprète

Qual sonava a n'aquesta ora ?

Sus la maquina òm podiá legir : Funerarium. Aviái doblidat !

Matilda èra assetada sus una cadièra de l'autre costat del salon. Semblava completament cansada : boca dubèrta e uòlhs barrats. Totjorn bèla e jove mas ia aviá quicòm que virava pas redond per aquela joineta : benlèu qu'aviá talent ? Èra l'ora del dinnar, miègjorn e mièja.

Per lo moment le caliá respondre :

-"Allò ! Madomaisèla Belcaire ?"

- "Bonjorn ! es èla !"

- "Avètz pas oblidat que la ceremonia es per deman a quinze oras."

- "Òc, sabi !"

- "Avèm besonh de quauques entresenhas per organizar."

- "Vos escoti !"

- "Quant de personas avètz convidadas - per las cadièras ? es qu'avètz previst un presic amb un curat - per saupre quant de temps durarà. avètz pas encara causit l'urna per los cendres ..." (la femna s'arrestava pas...)

- "Alara : 25 personas, ges de curat, doas charadissas de 5 minutas. Per l'urna la causirai deman. Arriarem a l'etorn de 2 oras e mièja" (N'aviai pron, mas la femna contunhava e la Matilda èra en trin de s'estavanir : aviá besonh de manjar). 

-"Bon dòna, ai un molon de causas de far : adieussiatz. Tornarem parlar de tot aquò deman. Bona vesprada !"

E cric e crac ai atudat lo telefòn.

-"E ben ! es pas trop lèu."

Soi anada dins la cosina.

-"Matilda avètz talent ?"

-" Òc, s'avètz quicòm arosegar me farià plaser. Pensi que i a longtemps qu'ai pas res manjat."

Ai preparat una cassairolada de pasta/pesto amb un pauc de parmiggianó. Avèm manjat o pus lèu èla a engolit doas sietadas rasièras sens prendre lo temps d'alenar. Gausavi res dire e, de tot biais, sabiái pas de qu'auriái poscut dire : òm a lo drech d'aver talent.

-"Mercé Madomaisèla Belcaire : èra bon."

-"Ara belèu que vos fariá de ben d'anar vos pausar un pauc abans d'anar encò del notari ?"

-"Es que me serià possible de sonar mon amic ? Li dirai pas onte soi, mas m'agardariá de saupre cossí va, lo paure. Es pas luenh, costarà pas car !"

-"S'aquò vos fa plaser, prenètz lo telefòn dins vòstra cambra : mas ai un prètz fach per doas oras : siaguetz plan brava de faire lèu."

-"Mercé Madomaisèla."

Prenguèt lo telefòn, barrèt la pòrta de sa cambra e comencèt de parlar talament sotavotz que posquèri pas res ausir. Puèi tornèt pausar lo telefòn sus l'estaudèla e me diguèt :

-"Mercé plan, siatz plan brava."

Tornèt dins sa cambra. N'èri segura sos uòlhs èran banhats : aviá plorat. pecaire de qué faire ? Se voliá pas res me dire ieu podiái res demandar. Una nèit e deman la Matilda deuriá trapar un autr'ostal : èri pas Maire Terèsa ! Ai trabalhat un pauc - talament de papièrs que me caliá emplenar per l'enterrament. 

Puèi a mes un "jin", un "camison" - que fasiá tròp caud per se vestir coma una dama, e soi anada picar a la pòrta de la cambra : 

-"Matilda, es ora de partir !"

-"Arribi."

Es sortida de la cambra amb una bèla rauba roja, de sabatas d'estiu rojas tanben : èra eleganta e polida. Lo viatge foguèt cortet. E quand soi dintrada encò del notari, èri fièra d'èstre amb una tan bèla filha. Lo notari me venguèt dubrir la pòrta :

-"Bonjorn Mèstre, vos presenti ma filhòla, Matilda !"

(M'èra vengut com'aquò : me caliá ben dire quicòm ! Matilda aguèt coma un pichòt sorire e s'assetèt sus un sèti de vim de Valabrègas)

-"Encantat. se volètz esperar aquí Matilda ! Benlèu que sarà un pauc longuet mas avètz de que legir e s'avètz ser, aquí una botelha d'aiga amb un veire."

-"Ai lo temps, mercé plan. Sarai ben aquí."

Sèm dintrats dins l'estudi de Mèstre Bardòt : lo Paul èra pas encara arribat. Èra un bèl burèu : doas grandas fenèstras que regardavan un grand jardin ambe de palmièrs, de cèdres del Liban, de marronièrs, e me semblava d'èstre, assetada atal dins un grand sèti verd Napoleon III, dins un roman del Balssas de Rodés.

-"Vos ai demandat de venir un pauc mai lèu per de que i a un pichòt problèma. Segur que vòstr'oncle vos a bailat mai o mens tot çò qu'avià. Mas i a una causa pas clara : es que vòstre cosin Paul aviá un fermatge sus la vinha del Clapàs que fa 2 ectars. E la volontat de vòstr'oncle es que  serà pas possible per vos de la vendre e lo vos caldrà gardar coma baile, lo cosin Paul. la renda es pas granda."

-"Vos fagatz pas de marrit sang : e mai se la li aviá donada aquela vinha, i auriá pas agut de problèma. Soi soleta e ai pron d'argent per viure e viatjar."

-"Una autra causa : coma avètz pas ges d'enfant quand partirez per l'autre mond, lo mai tard possible o vos sovète, tot ço qu'auretz gardat, argent, tèrras e ostal anarà a la Glèisa catolica."

-"Ai pas res a dire : la volontat d'un mòrt dins un testament deù èstre seguida."

-"Joana, me cal vos o dire : soi estat susprés, sabiái pas qu'aviatz une filhòla tant polida, aqueles uòlhs verds..." 

Urosament la pòrta se dubriguèt e la secretària feguèt intrar lo cosin Paul. Of !

Veire l'episòdi 4

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Pastorale de l'Œuvre de la rue Puget
Frère Achille
Bellour, F.

Pastorale provençale rédigée en 1893 par des membres des Œuvres de Saint-Joseph, rue Puget à Marseille.

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Lo viatge de Joana - Sason 1 / Episòdi 4
Clément, Anne. Auteur, interprète
Benichou, Julien. Compositeur
Alranq, Perrine. Interprète
Gaspa, Marie. Interprète
Hebrard, Alain. Interprète
Vidal, Jean. Interprète
Capron, Michel. Interprète
Huang, Edda. Interprète
Benichou, Daphné. Interprète
Zinner, Lucas. Interprète

Tèxte de l'episòdi 4 : 

E tota la nèit ai vist córrer de cachavièlhas d’escambarlon sus de muòlas : mos aujòls, comunistas del costat de mon paire e uganauds de las Cevènas del costat de la maire, èran furioses. Lo matin mos pels èran dreches sus ma tèsta : me caliá soscar d’a fons per res laissar aprèp mon darrièr buf. Podiái pas digerir la causa ausida encò de mèstre Bardòt : aprèp ieu la glèisa catolica e romana anava tot engolir, los papistas!

Puèi i aguèt la ceremonia al funerarium : la causida de l’urna, roja e jaune. Los amics de Vincenç qu’èran evidentament pas de joines an cantat lo « se canta » e lors felens tanben an cantat amb eles : lo mond cambiava, benlèu que los trobadors tornavan, òsca !

 Pensi que tot aquò auriá fach plaser a l’oncle. 

Al moment de partir quand las charadissas foguèron acabadas, la vielha Julia a volgut cantar (n’i a que dison que quand èra joina èra amorosa del Vincenç) aquela cançon cevenola que m’agrada tant :

 Quand un còp sentiràs que l’atge desrevelha 

De mai en mai en tu de patiments divers 

Las de fóire aquel sòl ingrat com’un desert 

A l’apèl dau repaus apararàs l’aurelha 

Lo temps abotirà ton còr vengut tròp vièlh 

E per dessús ton cròs 

E dominant la plana 

La poncha d’un ciprès 

Farà veire lo cèl

Lo temps abotirà 

Ton còr vengut trop vièlh 

Alòr t’enterraràn per amont dins l’ermàs 

Tot florit d’imortèlas a dos pas de ton mas 

Onte s’ausís pron fòrt 

Bufar la tramontana 

Alòr t’enterraràn per amont dins l’ermàs 

L’astre que nos rescaufa e que nos ensorelha 

Sarà ton companhon 

Tan l’estiu que l’ivèrn  

L’avèm laissada acabar la canson soleta e sèm partits. 

Sèm anats totes ensems amb l’urna e ai fach çò que m’aviá demandat lo Vincenç : ai esparpalhat los cendres dins lo riu de Vire. Sabi pas s’aviái lo drech !

Las gens èran susprès mas diguèron : Es el que l’a volgut. Es partit tranquil, sens sofrir… Anar se colcar lo ser, e sens se desrevelhar lo matin… Dormir per l’eternitat…..Caucanha !

 Puèi sèm tornat a l’ostal onte Matilda nos esperava ambe l’aperitiu. Aviá una polida rauba grisa. Tot lo mond m’a demandat quala èra aquela filha tan polida : ai contunhat d’afortir qu’èra ma filhòla, la filha d’una amiga d’escòla, Luciena. Matilda diguèt res, fasiá simplament de sorires a tota l’assemblada.

Aviái decidit qu’auriái una discutida amb ela dins la serada. 

- "E de qué vas faire ara qu’as d’argent Joana : la caritat, la vida, l’artista ? As una polida votz! Te caldriá ensajar d’anar al conservatòri de Montpelhièr. Òm sap pas jamai….I pas d’atge per cantar e subretot per se faire plaser. 

Lo que me disiá tot aquò èra lo Renat – mon amorós - que pecaire sa femna, la Roseta, èra mòrta l’an passat e que de segur li auriá plan agradat de trapar una companha de son atge, subretot amb un pauc de moneda. Sovenir ! Sovenir : benlèu que m’aviá agradat quand èri joina mas ara…

Lo cosin Paul e Danisa, sa femna, èran fòrça contents de la pacha qu’aviam facha encò del notari :

- "Mercé Joana per la renda tan pichòta : ambe los problèmas de la vinha benlèu que me caldrà tot derabar e faire un òrt. Danisa anarà vendre sus lo mercat." 

- "Segur que m’agradarà mai que de trabalhar al supermercat !" 

- "Ensajarem lo biò, ara i a pas qu’aquò que marcha, e mai per lo vin….E tu de qué vas faire de ton temps, de las tèrras e de l’ostal del Vincenç ? T’a daissat d’argent ? 

- "Òc ! Te pòdi pas res dire uèi. Mas te prometi que se un jorn vendi las tèrras es tu que seràs lo primièr avisat." 

- "Mercé per tot !"

A 8 oras tot lo mond èra partit : lo darrièr a se n’anar èra lo Renat. Me venguèt faire un poton de prèp, aviá begut un còp e me diguèt sus lo pas de la pòrta : 

- "S’un jorn n’as pron d’èstre soleta, me fariá plaser de viure ambe tu. O sabes ben que t’aimi dempuèi totjorn !" 

- "Taisa-te grand tablèu! Un còp e pas mai : es totjorn çò qu’ai fach dins ma vida ! Adieussiatz !"

Ai tancat la pòrta sus aquel paure Renat. Avèm fach lo recapte, avèm manjat un bocin. 

- "E ara Matilda, es temps de parlar. Se volètz demorar amb ieu devi saupre d’onte venètz e tot çò qu’avètz fach dins vòstra vida." 

- "Sabi pas se pòdi : ai paur…" 

- "Avètz pas d’autra causida, autrament deman me caldrà vos dire de partir." 

- "Non pas ! vòli demorar aicí. Me senti tant urosa ambe vos. Es coma s’èri amb una maire, comprenètz…"

Veire l'episòdi 5

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Jules Seuzaret bio-bibliographie
Lo CIRDOC-Mediatèca occitana

Jules Seuzaret (1874-1956) est un félibre ardéchois né à Juvinas qui fut fonctionnaire des Eaux et Forêts en Algérie dans les années 30 et membre du Félibrige. 

De bonne heure il s’est attaché à l’étude de son dialecte avec amour, en poète, en philologue. En 1933 les Archives départementales de l’Ardèche lui communiquent à Constantine le Compoix de 1673, de Juvinas, pour lui permettre de préparer un dictionnaire du dialecte local. En octobre 1950, au bout de vingt années d’un travail prodigieux auquel il a consacré tous les loisirs que lui laissait sa fonction, Jules Seuzaret a achevé son dictionnaire, véritable monument qui comprend trois parties, une introduction, une grammaire et un dictionnaire proprement dit. A elle seule l’introduction, étude historique et linguistique de tous les dialectes en général des dialectes vivarois et bas vivarois en particulier, pourrait faire la matière d’un ouvrage. 

Son dictionnaire comprend plus de 2000 pages dactylographiées et plus de 30 000 termes et locutions du dialecte bas-vivarois. Les définitions en sont données en français et sont appuyées de nombreux comparatifs, synonymes ou antonymes qui en précisent le sens. Elles sont presque toujours enrichies de quelque savoureux dictons ou proverbes locaux, de quelque couplet de chanson populaire ou d’une citation d’auteur occitan. Cet ouvrage doit être complété par une liste des félibres vivarois aussi l’auteur « serait heureux que les auteurs qui, peu ou prou, ont écrit, soit en prose soit en vers, dans l’un des dialectes vivarois se fassent connaître et lui indiquent leur nom, prénoms, domicile, profession, ou qualité, la date et leur le lieu de leur naissance, le nom de la commune dont ils emploient le dialecte, le titre de leurs ouvrages publiés, ou non, et lui adressent le plus grand nombre possible de spécimen de leur production ». Jules Seuzaret habite alors 12 rue du Docteur Calmette à Constantine (Algérie). Il ne semble pas que son ouvrage ait été édité car il ne se trouve dans aucune bibliothèque consultée.  

Oeuvres publiées conservées aux CIRDOC

  • Chants de Noël en patois dans le Vivarais / Jules Seuzaret.-- Largentière : Humbert et fils, 1950. 11 p. Revue du Vivarais ; n. 550, 1950 (3) [CBB 442-31] 
  • Rampelado i felibre despatria : sounet = Appel aux félibres expatriés : sonnet / J. Seuzaret. Constantine, Soc. amicale Languedoc et Provence, 1928. [2] p ; 20 cm Texte occitan, trad. française en regard Annuaire de la Société amicale Languedoc et Provence de Constantine. 1928 [CBC 381] 
  • Plan ! Rataplan ! Plan ! Plan ! : rampelado i miejournàu = Plan ! Rataplan ! Plan ! Plan ! : appel aux méridionaux / J. Seuzaret. Constantine : Soc. amicale Languedoc et Provence, 1928. [6] p ; 20 cm Texte occitan, trad. française en regard Annuaire de la Société amicale Languedoc et Provence de Constantine. 1928 [CBC 382]

Manuscrits de Jules Seuzaret conservés au CIRDOC

- le ms. 173 contenant :
  • Au sujet de la graphie des dialectes d'oc (1954)(dactyl.)
  • Discours de Jules Seuzaret à la Société Languedoc et Provence de Constantine (23 février 1836) 
  • Note sur l'origine de la Confrérie du Saint Esprit d'Aubenas (3 f.) 
  • Au sujet de l'empoi de A ou de O (1 f.) 
     Correspondances: 
  • de Frédéric Mistral neveu à Jules Seuzaret 27 novembre 1954 - avec traduction (2 f.) 
  • de Adelin Moulis à A.J. Boussac 4 août 1954 (2 f.) 
  • de Jules Seuzaret à l'abbé Jouve 31 juillet 1927 (1 f.) 
  • de Jules Seuzaret à l'abbé Jouve 20 aout 1932 - avec traduction (4 f.) 
  • de Jules Seuzaret à Marius Jouveau 19 avril 1941 - avec traduction (2 f.) 
  • de Jules Seuzaret à l'abbé Auguste Roche 21 novembre 1935 (1 f.) 
  • de Jules Seuzaret à A.J. Boussac 4 aout 1954 (3 f.) 

- le ms. 634(2) contenant 

  • Carte linguistique du Vivarais (1 f.) 
  • Los tempouro (poème)(2 f.) 
  • Co'i decida, vous pisorèi! (poème)(1 f.) 
  • Chonsou nouvialo (poème)(1 f.) 
  • Per chonta entre Ordechoua (poème)(1 f.) 
  • Proujout d'aveni(poème)(1 f.) 
  • Mo Muso (poème)(1 f.)

On connaît également de Jules Seuzaret
  • "Notes diverses sur la Confrérie du Saint Esprit dite des Sabatiers d'Aubenas (1308-1541)", Revue du Vivarais, 1936 (1-2) 
  • "Le Vivarais du point de vue linguistique et ethnographique", Revue du Vivarais, avr.-juin 1942 
  • "L'aérolite de Juvinas", Revue du Vivarais, 1950 (1)

 Manuscrits inédits 

  • La Jouonado ( Le Feu de la Saint Jean) récit en dialecte vivarois, traduction française en regard (1929).
  • Obro potoueso de l'abe Sevenie, extraits de l'Ormogna déi Feçouiriè de 1886-1888, transcrits selon la graphie mistralienne (1937) .
  • Vuelios causo des vivores, recueil de poesies et de récits en dialecte du Vivarais et de chants et monologues entre vivarois.
  • Chants de Noël en patois dans le Vivarais (1944) -Lettres patoises en Vivarois ou en Provençal.

Ref. biographiques 

  • L’Ardèche parisienne octobre 1950 coupure de presse Archives départementales de l’Ardèche Fonds Mazon 52J46 (20) 
  • François Pic, « Catalogue d'une cinquantaine de manuscrits de dictionnaires et glossaires occitans complément à la bibliographie des dictionnaires patois gallo-romans », Revue de Linguistique Romane, T. 63, 1999, p. 201-214. (notice XLVI erronée)

 

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Lo viatge de Joana - Sason 1 / Episòdi 5
Clément, Anne. Auteur, interprète
Benichou, Julien. Compositeur
Alranq, Perrine. Interprète
Huang, Edda. Interprète
Zinner, Lucas. Interprète
Benichou, Daphné. Interprète
Tèxte de l'episòdi 5 : 

La pòrta-fenèstra de la terrassa èra duberta. Fasiá un brave moment qu’èrem totas doas assetadas: las moscas rondinavan sus la lampa e los moissals fasián la farandola. Matilda dubriguèt sas pòtas coma per revelar lo secret de sa vida e es un sorire qu’espeliguèt sus sa cara tan polida. Ieu la badavi e esperavi. E la serada semblava s’estirar sens tòca.

Al cap d’un’ora me soi levada per prene lo jornal, ai començat de lo legir - lo Midi Libre -, ambe tota la poësia que conneissèm ben - e alara ai ausit :

- "Es que vos pòdi dire Joana ?"

- "De segur, me farà puslèu plaser."

- "Bon : Soi prèsta e comenci. Soi nascuda a Besièrs fa 19 ans. Ai pas jamai vist lo paire. La maire me diguèt un jorn qu’es ela que l’aviá fotut defòra de l’ostal per de qu’èra un ivronhàs e que dintrava cada ser bandat. Mas un autre jorn me diguèt qu’èra el que l’aviá abandonada quand aprenguèt qu’èra gròssa. Sabi pas quina es la vertat. Mas que que siague cambiarà pas res a ma vida : ges de papa ! E sabi res d'el, sa vida e sa familha. La maire èra fòrça joina : 18 ans. Aviá ges d’argent, e se deguèt cercar de trabalh : soi estada abalida per ma grand dins un caire de la vila, darrièr la catedrala. La maire trapèt un trabalh a Marselha dins una botiga de vestits. Lo patron èra un amic de mon grand, Sénher Chauvet. Belèu qu’èra amorós de ma maire… Ela tornava cada mes. Èri urosa de la potonejar e m’agradava de sentir sas mans sus ma pèl. Me soveni qu’un ser li ai dich abans d’anar au lièch : "se te'n vas deman de matin, o vòli pas saupre, autrament dormirai pas e vòli pas plorar tota la nèit ! Deman, me cal anar a l’escòla per veire mas amigas." M'agradava, l’escòla e aguèri l’astre d’aver de regentas formidablas. Per las vacanças ma maire me menava, quand èra ambe nos autres, cada jorn a la mar ambe la veitura de mon grand. M'agrada fòrça l’aiga, la mar e los gabians."

Matilda comencèt de plorar doçament. Gausavi pas bolegar. Lo vent de la mar faguèt dançar la cortina de pèrlas entre lo salon e la cosina. Lo cat sautèt sus mos genolhs.

- "Matilda, vòs una tisana de verbena dau jardin ?" ( sens faire mèfi, l’aviái tutejada !)

- "Mercè plan : soi pas tisanejaira. Un veire de lach puslèu !"

Engoliguèt lo lach sens alenar e puèi :

- Soi estada plan urosa d’annadas. E d’un còp tot a cambiat. Lo malastre es arribat. Mon grand se moriguèt quand èri dins mos 15 ans. E un jorn, fa 2 ans, lo Sénher Chauvet nos telefonèt : ma maire èra pas venguda a la botiga dempuèi una setmana. Èra pas a son estudi tanpauc. La polícia faguèt de (re)cèrcas prigondas : res. Anèrem ambe ma grand per prene tot çò qu’aviá laissat dins sa cambra. Paguèrem la renda. Èra l’annada del bachelierat. Tot s’èra plan passat e aviái decidit d’anar a l’universitat de Montpelhièr. Ma grand, aprèp tot aquò, voliá pas demorar tota sola a Besièrs. Anèt dins un ostal pels retirats e partiguèt lèu lèu rejónher son òme, l’an passat. Me daissèt un pauc d’argent mas pas gaire. Èra pas possible per ieu de contunhar a l’universitat : voliái aprene la dietetica e los estudis son cars.

- "Coma sès arribada a mon ostal ?"

- "Dins vòstre vilatge ai un amic : avèm viscut ensems a Montpelhièr. Jaume se ditz. M’a convidada a son ostal. Sos parents m’an fòrça ben aculhida. Mas vòli pas demorar amb aquel joine : benlèu dins quauques annadas nos tornarem trapar. Òm sap jamai. A l’ora d’ara ma vida, la me devi causir ieu ! Aprèp una nèit soi partida : ai begut un cafè a la Prima, e ai ausit un òme que parlava de Joana Belcaire qu’èra tota sola, qu’aviá ges de marit, ges d’enfants e qu’aviá un pauc de moneda. Sabiái pas ont anar : ai soscat un briu e me soi dich : benlèu qu’aquela dòna a besonh de quaucun per l’ajudar dins son ostal ? E coma la vida m’a res bailat, lo camin lo me devi cavar soleta, sens esperar que tombe del cèl. E vaquí, sabètz tot ! Segur ai un pauc mentit…"

Èra coma una istòria d’un autre sègle : un conte per faire plorar lo ser al canton de la chiminèia la grand de ma grand. Mas de tot biais èra la vida d’una filha d’uèi e aquela filha, assetada davant ieu, me demandava l’espitalitat.

- "Matilda, pòs demorar dins mon ostal, soi d’acòrdi. Deman es un autre jorn. Ai decidit de viatjar : es que vòs venir ambe ieu vesitar un amic a Baltimòre USA ?"

Veire l'episòdi 6

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L'Hérault dans les années 1950 : Saint-Pons-de-Thomières
Cans, Michel

Film negre e blanc mut realizat per Michel Cans en Sant Pons de Tomièiras pendent lo decenni 1950. Fa part de la colleccion "Los vilatges d'Erau dins annadas 1950".

Conservacion dels filmes de Michel Cans al CIRDÒC :  

Lo CIRDÒC consèrva a Besièrs l'ensem de los filmes tournats per Michel Cans dins un seissantenat de vilatges d'Erau dins las annadas 1950. Las bobinas 16 mm d'origina foguèron d'en primièr transferidas sus VHS e foguèron a la seguida numerizadas entre 2010 e 2011.

L'ensem del fons e los dreches que i son estacats foguèron concedits pel realizator al CIDO entre 1989 e 1991. Lo CIDO ne faguèt don a la seguida al CIRDÒC en 2000.

Contengut dels filmes de Michel Cans conservats al CIRDÒC :  

Occitanica vos va permetre progressivament d'accedir a l'ensem d'aquel fons audiovisual en linha. Aqueles documents qu'illustran la vida dels vilatges de l'oèst eraurés an aquesit amb las annadas un interès patrimonial mas tanben sentimental pels estatjants d'Erau. Aqueles archius bruts son de filmes pas montats e muts, virats per la màger part en negre e blanc.

I podèm veire per exemple la Fèsta-Dieu a Cesseràs, lo Carnaval de Laurenç o Bojan, la Dança de las trelhas de Montblanc, la Fèsta de Nissan, d'Agatencas que pòrtan la cofa, etc.

sus 1492