Alén Garabato, Carmen
Boyer, Henri
Depuis deux décennies, dans les régions du sud de la France, l’émergence de nouveaux usages de l’occitan dans les raisons sociales d’entreprises et les noms de produits et services commerciaux constitue un paradoxe : cette langue dominée, dont les usagers natifs sont en voie d’extinction, est mise en scène sous forme de lexies et d’énoncés dont la visibilité est inversement proportionnelle à la normalité, témoignant souvent d’une grande créativité. Nommer une cave « Opi d’aquí » [Opium d’ici], une bière « Trobairitz » [Femme troubadour], un vin rosé « Lo camin del còr » [Le chemin du cœur] ou des pâtes alimentaires « Camba de blat » [Jambe de blé] n’est pas anodin. Il s’agit de microactes glottopolitiques qui entrent en dissonance avec la substitution de l’occitan par le français. Ce phénomène n’est pas sans lien avec une évolution positive de la perception de l’occitan par la société : la multiplication de ces pratiques – concernant une langue en voie de disparition – est digne de mobiliser l’attention des sociolinguistes.